Pythagore et la franc maçonnerie

Transcription

Pythagore et la franc maçonnerie
A LA GLOIRE DU GRAND ARCHITECTE DE L’UNIVERS
SOUS LES AUSPICES DE LA GRANDE LOGE DE FRANCE
LOGE « SAINT JEAN DE PATHMOS »
Pythagore
« Quel apport cet homme a-t-il donné à la Franc Maçonnerie »
En préambule je vais vous demander, mes frères, de prendre en compte le fait que notre
vénérable m’a demandé de présenter cette planche beaucoup plus tôt que cela avait été prévu,
c’est donc un travail « brut de fonderie » que je vais vous présenter ce soir.
Ce travail reprend dans un premier temps des données issues de « la toute puissante toile »
car je suis né trop tard pour avoir connu Pythagore…
Puis j’aurai un regard « effleurant » sur un poème souvent étudié et donnant une idée des
enseignements du maître.
Ensuite je me pencherai sur l’apport de son enseignement envers la Franc Maçonnerie.
Partie 1 : Plantons le décor
Quoi de mieux que Wikipedia pour cela :
Pythagore (en grec ancien Πυθαγόρας / Pythagóras) serait né aux environs de 580 av. J.-C1. à
Samos, une île de la mer Égée au Sud-Est de la ville d'Athènes ; on établit sa mort vers 495
av. J.-C., à l'âge de 85 ans.
Le nom de Pythagore ou Pyth-agore (Pythagoras, en grec),
étymologiquement « celui qui a été annoncé par la Pythie »,
découle de l'annonce de sa naissance faite à son père lors
d'un voyage à Delphes.
Pythagore serait le premier penseur grec à s’être qualifié
lui-même de « philosophe ». Ce mot vient du mot grec
φιλόσοφος (philosophos) : « amoureux de la sagesse »2
Pythagore, détail de l'École d'Athènes de Raphaël, 1509
Les initiations3 :
Pythagore a été initié sept fois :
Première initiation.
À 18 ans il va s'instruire à Lesbos auprès de Phérécyde de Syros (le premier à enseigner que
l'homme a deux âmes, l'une d'origine terrestre, l'autre d'origine divine)
Deuxième initiation :
En « Syrie » ou « Phénicie ». Il rencontre les descendants du prophète et naturaliste Môkhos
de Sidon.
1
D’autres sources le font naître la première année de la 43 olympiade soit en 608 AV JC
Héraclide de Pont, disciple de Platon, et très habile homme lui-même, raconte ainsi l'histoire. Un jour, dit-il,
Léon, roi des Phliasiens, entendit Pythagore discourir sur certains points avec tant de savoir et d'éloquence, que
ce prince, saisi d'admiration, lui demanda quel était donc l'art dont il faisait profession. À quoi Pythagore
répondit, qu'il n'en savait aucun ; mais qu'il était philosophe. Et sur ce, le roi, surpris de la nouveauté de ce nom,
le pria de lui dire qui étaient donc les philosophes, et en quoi ils différaient des autres hommes. »
3
Je mentionne ces 7 initiations car le nombre est important si on tient compte de sa valeur ésotérique.
2
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Troisième initiation :
Les historiens soutiennent que Pythagore part en Égypte vers -547 pour plusieurs années. Il
apprend la langue à Memphis, il étudie la géométrie, l'astronomie des Égyptiens.
Quatrième initiation :
Il serait alors allé « chez les Chaldéens et les Mages »4.
Cinquième initiation :
Pythagore se rend en Crète :
Sixième initiation :
Il se rend à Thrace.
Septième initiation :
Il rencontre « Thémistocléa, la prêtresse de Delphes »4,5.
A son retour, il s’installe à Crotone et commence à enseigner.
Son influence sur Crotone s'étend de l'assemblée aux enfants en passant par les adolescents et
les femmes qui venaient tous l'écouter.
Pythagore meurt à Métaponte en -497
La communauté Pythagoricienne :
La communauté s'échelonne sur quatre degrés initiatiques et hiérarchiques. Les femmes et les
étrangers sont admis.
Premier degré : les postulants
Pythagore observe, chez ceux qui se présentent comme candidats, les traits du visage
(physiognomonie) et les gestes (kinésique), mais aussi les relations avec les parents, le rire,
les désirs, les fréquentations.
A ce stade, il est décidé si l’on peut entrer ou non.
Deuxième degré : les néophytes
Leur période de probation dure trois ans, pendant laquelle Pythagore examine la persévérance,
le désir d'apprendre.
A l’issue de ces trois années, le néophyte est refusé ou accepté.
S’il est accepté, il prononce le serment de silence.
Troisième degré : les acousmatiques (auditeurs)
Les acousmatiques - (άκουσµατικοί : « auditeurs ») reçoivent un enseignement de cinq ans,
donné sous forme de préceptes oraux (άκούσµατα), sans démonstration, destinés à être gardés
en mémoire ; par exemple : « Ne pas avoir sur les dieux des opinions ou des paroles hâtives. »
Ces cinq ans sont cinq ans de silence. Les auditeurs sont devant le rideau derrière lequel
Pythagore se dissimule. Ils mettent leurs biens en commun.
Postulants, néophytes et auditeurs forment le grade des « exotériques » (έξωτερικοί) ou
novices.
Quatrième et dernier degré : les mathématiciens
Les mathématiciens (µαθηµατικοί « savants ») ou « ésotériques »
« Ils devenaient des ésotériques (έσωτερικοί) », dans la mesure où ils accèdent à la
connaissance intérieure, cachée.
Ils sont admis à voir Pythagore derrière son rideau. Lui-même enseigne sous forme de
«symboles».
4
Cela se serait passé à Babylone, alors pourquoi ne pas penser que le voyage vers Babylone peut avoir une
relation de cause à effet avec la présence de Pythagore ?
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D'après Photius on voit une division des « ésotériques » :
• Les « vénérables » qui s’occupent de religion
• Les « politiques » qui s’intéressent aux lois, aux affaires humaines
• Les « contemplatifs » qui étudient arithmétique, musique, géométrie, astronomie.
De nombreuses règles, pour ne pas dire tabous, s'imposent à celui qui adopte « la vie
pythagoricienne » :
• règles diététiques : interdiction de manger du rouget, le cœur, le cerveau, la moelle, les
fèves, les œufs... bref tout ce qui symbolise la vie.
• rites religieux : sacrifices non sanglants et sans feu, « honorer les dieux », éviter bouchers
et chasseurs, culte « aux dieux farine, miel, fruits, fleurs et autres produits de la terre »5,
«purifications, ablutions et aspersions» et onctions lustrales...
• exercices spirituels : respect de soi-même, examen de conscience chaque soir, continence
sexuelle, « exercer sa mémoire », « chanter en s'accompagnant de la lyre », lire des livres
édifiants ensemble...
• exercices physiques: gymnastique, athlétisme, promenade à deux ou trois, danse...
• objets sacrés : « vêtements blancs » de lin (mais pas de laine, animale), signes de
reconnaissance (le pentagramme), symboles (la Tétraktys)...
Les pythagoriciens :
Pythagore n’ayant rien écrit, la pensée de Pythagore est « noyée » dans la pensée de ses
disciples6.
« Tout est nombre. » : le grand apport de Pythagore, c'est l'importance de la notion de nombre
et le développement d'une mathématique démonstrative (mais aussi religieuse).
Les choses sont des nombres, ou les choses consistent en nombres, ou les choses imitent les
nombres (qui seraient des principes), ou les choses ont des nombres…
Une première approche consiste à dire que les éléments du nombre sont le pair et l'impair :
• l’impair est fini : limité, structurant, comme une figure géométrique, lié au masculin
• le pair est infini : illimité, désordonné, comme l'air, lié au féminin
La Tétraktys :
5
Selon la légende, Pythagore se serait approché d'un bœuf, et lui aurait chuchoté à l'oreille plusieurs heures, afin
de le convaincre de ne plus manger de fèves. L'animal aurait suivi ses recommandations. On a pensé que les
fèves étaient rejetées à cause de leur rôle dans le tirage au sort des charges publiques (amenant des individus
incompétents au pouvoir), mais il est vraisemblable que cette interdiction soit en fait motivée par une maladie
pouvant être transmise par les fèves.
6
Un des disciples de Pythagore, Archytas, conçoit ce que sera le quadrivium : arithmétique, musique
(arithmétique sensible), géométrie, enfin astronomie (géométrie sensible).
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Les Pythagoriciens affirment que le nombre complet est 10.
Il est composé de la somme des quatre premiers nombres : 1+2+3+4=10 (nombre triangulaire
de côté 4)7 (la Tétraktys, ou tétrade, est la « somme des quatre premiers nombres)
Chaque nombre est un symbole. La justice est quatre, la vie (et le mariage) est cinq, la
perfection est dix, etc.
La Musique8 :
« Les pythagoriciens affirment que la musique est une combinaison harmonique des
contraires, une unification des multiples et un accord des opposés. » (Théon de Smyrne)
Pythagore a découvert les lois de l'harmonique. La gamme pythagoricienne est une gamme
musicale construite sur des intervalles de quintes justes, dont le rapport de fréquences vaut
3/2. Les fréquences pythagoriciennes de la note Do sont les suivantes : 1, 2, 4, 8, 16, 32, 64,
128, 256, 512, 1024, 2048...
Le théorème de Pythagore :
Les Pythagoriciens sont partis de l’idée, naturelle à tout homme non instruit, que toute
longueur est nécessairement commensurable à l’unité. Cette erreur est néanmoins fructueuse.
Si toute longueur est une fraction et à condition de bien choisir l'unité de la figure, il devient
possible de ne travailler que sur des figures dont les longueurs sont entières. Cette approche
permet les premières preuves partielles, du théorème de Pythagore, déjà connu par les
Égyptiens et les Mésopotamiens mais probablement jamais démontré, dans le bassin
méditerranéen.
Un triangle rectangle dont les côtés autres que l'hypoténuse sont de longueurs 3 et 4, possède
une hypoténuse de carré (en bleu sur la figure) égal à 25.
La démonstration se fait par le calcul des aires.
Astronomie :
Pythagore apporte une connaissance nouvelle : l'étoile du soir (celle qu'on voit en premier à la
tombée de la nuit) et l'étoile du matin sont une seule et même, c'est Vénus. Cette identité était
connue à Babylone depuis -685.
Pythagore fut le premier à appeler le ciel cosmos (ordre) et à dire que la Terre est ronde
Philolaos de Crotone (-470/-fin env. -400.) affirmerait, le premier, bien avant Copernic, la
mobilité de la Terre. Philolaos dit : « C'est le Feu qui occupe le milieu.
En revanche, la découverte de la rotation de la Terre sur elle-même revient à un autre
pythagoricien, Hicétas de Syracuse (400-335), pour qui « la Terre tourne et pivote sur son axe
à très grande vitesse ».
L’âme et la transmigration des âmes :
Pour Pythagore, le corps (sôma) est un tombeau (sêma), à la fois prison et «protection » de
l'âme.
L'âme est un nombre, en ce sens qu'elle est harmonie, bonne proportion, combinaison des
propriétés composant le corps.
7
la décade et cache les rapports harmoniques des intervalles de quarte (3:4), quinte (2:3) et octave (1:2)
Tout commence avec la découverte qu'il existe une relation entre la longueur d'une corde vibrante et la hauteur
du son émis. Soit quatre cordes tendues, la première vaut 1, la deuxième a une longueur représentant les 3/4 de la
première, la troisième les 2/3 et la dernière la 1/2. Quand on pince successivement ces cordes, on entend le Do,
puis la quarte du Do = le Fa, puis la quinte de Do = le Sol, enfin le Do à l'octave. Le son est mathématique.
8
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Pythagore pensait que l'âme est immortelle ; ensuite, qu'elle passe dans d'autres espèces
animales. À beaucoup de ceux qui l'abordaient il rappelait la vie antérieure que leur âme avait
jadis vécue avant d'être enchaînée à leur corps actuel. Et lui-même, par des preuves
irrécusables, démontrait qu'il réincarnait Euphorbe, fils de Panthoos.
L'intervalle entre incarnations serait 216 ans (6 au cube). Et l'explication vient de la nature de
l'âme : il y a transmigration de l'âme parce que, par nature, elle est immortelle et mouvante.
Pythagore ne fait pas intervenir la justice divine, une rétribution de l'âme, puisque n'importe
quelle âme peut entrer dans n'importe quel corps9.
La vie de la communauté pythagoricienne à travers les âges :
Un groupe de pythagoriciens existait dans la Rome impériale10 et un sénateur romain nommé
Nigidius Figulus le dirigea au environ de 50 av. J.C... Ce sénateur a affirmé, au retour d’un
voyage en Grèce, connaître la vitesse de rotation de la terre !
On trouve des traces d’un groupe de pythagoriciens à Byzance vers 565.
Au moyen âge on trouve un Italie un grand nombre de groupes constitués auxquels
appartiennent des artistes et des hommes de science comme Dante, Michel-Ange, Raphael.
Leur œuvre font référence à la tradition pythagoricienne et, peut être, nous laissent entrevoir
certains secrets pythagoriciens.
Les arabes aussi étaient au fait de la tradition pythagoricienne car dès le IX siècle des livres
comme les dialogues de Platon étaient disponibles dans cette langue.
On dit que, lors d’un premier séjour à la Mecque, le soufi Ibn’Arabî (1165-1241), qui étudia
la philosophie et le soufisme en Andalousie (et qui fut surnommé Ibn Aflâtûn, fils de Platon)
eut l’occasion de rencontrer une jeune fille ayant le double don d’une extraordinaire beauté
physique et de la sagesse intellectuelle. Cette jeune fille devint pour lui l’image de la sagesse
éternelle. *On retrouve cela dans les œuvres de Dante.
En Angleterre, Sir Thomas Bodley (mort en 1613) constitua la première « loge » de l’ordre
sous le nom de « taverne des muses ». On retrouve ainsi ces réunions sous le nom de « collège
des fumeurs de pipe ».
Vers 1780 on trouve des traces d’un groupe pythagoricien sous le nom de « l’académie des
sublimes Maître de l’anneau lumineux », ordre qui comprenait, comme à l’origine, quatre
degrés et un degré supplémentaire pour les initiateurs. La vie et les enseignements du maître
étaient les principaux sujets de l’enseignement.
Aux alentours de 1817, en France est né une structure où l’on comptait des personnes comme
J.M. Ragon et dont l’emblème était la plante rouge de tabac, la couleur rouge de la plante
étant connue comme le symbole de la sagesse.
Ces ateliers existent encore aujourd’hui.
Merci Wikipédia11…
Passons maintenant au cœur de mon travail
9
Un jour, passant près de quelqu'un qui maltraitait son chien, on raconte qu'il (Pythagore) fut pris de compassion
et qu'il adressa à l'individu ces paroles : '« Arrête et ne frappe plus, car c'est l'âme d'un homme qui était mon ami,
et je l'ai reconnu en entendant le son de sa voix ».
10
Le 23 Avril 1917 a été découvert le temple pythagoricien de la porte majeure à Rome.
11
La majeure partie de ce qui a été dit jusqu’à maintenant est extrait de la vie de Pythagore sur Internet.
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Partie 2 : Avançons dans les voies qui nous sont tracées
Mais passons à autre chose maintenant. Et avançons doucement vers le cœur du problème. Un
premier pas peut être réalisé en se penchant sur le seul texte qui résume tous les
enseignements de Pythagore.
Les vers dorés :
Fabre d’Olivet12 (en 1813) nous dit que les anciens avaient l’habitude de comparer à l’or tout
ce qui était jugé sans défaut et beau par excellence.
On peut ainsi dire que, dans les « vers dorés », la doctrine la plus pure est renfermée.
Bien que ce soit un dénommé Lysis qui en soit l’auteur, on en attribue la paternité à
Pythagore, Pourquoi ?
Tout simplement parce, dans ce texte, est exposée l’exacte doctrine proposée par Pythagore et
que chaque vers est issu d’un enseignement « sortant de la bouche du Maître».
Hiérocles affirme que ces vers ne sont pas le simple sentiment de son auteur mais la
« doctrine de tout le corps sacré des pythagoriciens » et que chacun devait se faire lire ces
vers au lever et au coucher (On trouve trace de cette pratique dans des passages de Cicéron,
Sénèque et d’autres écrivains).
Je ne me pencherai que sur les deux premiers vers :
Rends aux Dieux immortels le culte consacré
Garde ensuite ta foi
Ces deux vers me font penser à ce qui se passe dans notre vie de maçon :
• une vie à l’extérieur de la loge ou chacun de nous va s’intégrer dans le monde profane en
respectant ce qui se passe à l’extérieur. C’est l’esprit qui est en action
• Une vie à l’intérieur de la loge où nous entrons en communion avec notre idéal. C’est le
Cœur qui parle
Cette dualité ne peut fonctionner sans la présence de l’âme qui équilibre l’esprit et le cœur.
Nous retrouvons dans ces deux premiers vers les trois côtés du triangle présent au bout du
sautoir de notre Vénérable Maître et nous comprenons la relation qui existe entre eux et qui a
été démontré dans le théorème qui porte le nom du maître.
On peut comprendre que l’élévation simultanée de l’esprit et du cœur correspond à l’élévation
de l’âme (a2 +b2=c2).
Ainsi, les pythagoriciens adoraient, à travers les Dieux « officiels », l’être ineffable (que nous
appelons GADLU) et qui ne leur était pas permis de nommer (à rapprocher du nom
imprononçable et que l’on ne peut qu’épeler) et ce culte consacré par la loi les ramenaient, en
secret, à l’unité qui était l’objet de leur foi.
La purification :
Pythagore avait divisé sa doctrine en deux parties : la partie purgative et la partie unitive. Par
la première l’homme se purifiait de ses souillures, sortait des ténèbres de l’ignorance et
12
Fabre d’Olivet 1767 – 1825, écrivain et philologue
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parvenait à la vertu. Par la seconde, il employait sa vertu acquise pour s’unir à la Divinité.
C’est ainsi qu’il atteignait la perfection. C’est ce que les mages chaldéens résumaient par la
phrase « Nous consumons le fumier de la matière par le feu de l’Amour Divin »13
Fabre d’Olivet remarque que Moïse, instruit à la même école que Pythagore, n’a fait état que
de la partie purgative sans parler de la partie unitive car il pensait que son peuple n’était pas
prêt pour supporter la partie unitive et de l’immortalité (de l’âme) qui en était la conséquence.
On en arrive à la notion de l’origine du mal : l’homme ne sera libre que lorsque l’on connaitra
l’origine du mal…
C’est pour cette raison que Moïse a divulgué, en le cachant sous une allégorie encore
maintenant non déchiffrée, la relation intime entre la mort et l’immortalité.
Cette relation est toujours présente dans toutes les initiations par la scène de mort symbolique
(comme le cabinet de réflexion ou bien d’autres encore).
L’enseignement Pythagoricien :
Une première constatation est que, malgré toutes les avancées technologiques, le bonheur
n’est pas atteint14. On ne parle pas ici de l’avancée réalisée face aux maladies ou aux
catastrophes naturelles mais de rechercher de répondre à la simple question « quel est le sens
de notre vie ».
Nous pouvons remarquer que notre monde scientifique est fier de pouvoir répondre à la
question « comment ? » mais est incapable de se poser la question « pourquoi ? », ce à quoi je
poserai la simple question « En quoi est-ce important ? »
Nous arrivons ici à la notion de liberté humaine ; comment peut-on donner un sens à sa vie si
tout est écrit et qu’il nous suffit de nous laisser porter par les évènements. C’est dans ce
paradoxe qu’il va nous falloir cheminer.
Alors comment cheminer dans ces conditions ? Tout simplement en faisant fonctionner sa
raison, mais notre raison n’aura de valeur que si elle est précédée d’une libération intérieure
qui n’est pas liée à la force de la raison.
Les Pythagoriciens basent donc leur évolution sur l’harmonie entre le cheminement intérieur,
la raison et le savoir, mais le fondement de toute action reste la sagesse, l’intériorité et la
sérénité qui accompagnent un style de vie en accord avec les principes de l’école
pythagoricienne.
La réflexion scientifique ne peut venir qu’ensuite car on ne peut arriver à une connaissance
profonde sans le préalable du contrôle de l’affectivité, de la délivrance des jugements hâtifs,
et du développement des capacités de méditations.
On retrouve ce même courant au cours des siècles comme par exemple dans les écrits d’un
mystique juif qui enseignait la séquence suivante : « entendre, retenir, méditer, connaître,
agir » ou encore dans les travaux des alchimistes qui insistent sur les deux étapes du travail :
la méditation (ora) et le travail laborieux (labora). On peut voir dans une gravure d’un livre la
table de l’alchimiste remplie de symboles d’unification mais aussi une inscription indiquant la
nécessité d’un état de connaissance particulier (dormiens vigilans) qui est montrent une
similitude avec le travail des pythagoriciens.
En fait, depuis les débuts de l’enseignement pythagoricien, des hommes travaillent à garder
cette tradition menant à la libération intérieure ouvrant ainsi la possibilité de laisser travailler
13
14
Id in « les Vers Dorés commentés et expliqués » P 102
Le Dalai Lama dit : « le but ultime de la vie est le bonheur »
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son mental dans des conditions optimales car c’est la plénitude de l’être humain qui
représente la finalité ultime.
En écrivant ces lignes je commence à comprendre le chemin que suivait Pythagore. Il avait un
enseignement ésotérique à plusieurs niveaux : il enseignait à la foule et, ensuite, il procédait
par niveau en dispensant à ses élèves uniquement la matière que ceux-ci pouvait absorber
« sans se bruler les ailes ».
Il distillait son enseignement « goutte à goutte ». Cela n’est pas sans rappeler ce qui se passe
dans notre ordre.
Comment est-il possible de travailler dans l’esprit de l’enseignement de Pythagore ?
Il ne suffit pas d’appliquer les principes énoncés dans les vers dorés pour comprendre la
manière dont les philosophes pythagoriciens essayent de développer la dimension spirituelle
(comment être un médiateur entre les forces d’en haut et les forces d’en bas) et arriver à un
développement du « Moi » permettant d’atteindre l’état de conscience fondamental nécessaire
à la mise en marche de notre intellect.
De cette première constatation on peut dire que le développement intérieur doit précéder toute
autre préoccupation et que l’accumulation simple de savoirs « technologiques » amènera
l’homme à développer « les forces d’en bas », ce qui aura pour effet de le diriger vers l’enfer
de ses propres démons.
Nous retrouvons ce premier niveau dans le grade d’apprenti qui, confiné dans le silence de
son grade, est obligé de travaillé cette dimension.
Malheur à l’apprenti (sorcier) qui pense que c’est juste un mauvais moment à passer et qui
travaille sans relâche à acquérir du savoir qu’il pourra enfin montrer dès qu’il en aura la
possibilité.
C’est justement sur le banc des apprentis que se forge le silence intérieur qui, telle la tasse
vide remplie par le maître éclairant (et éclairé), pourra travailler la « materia prima » qui
servira de ciment permettant de poser sa pierre à l’édifice.
Malheur au compagnon qui pense qu’il doit maintenant travailler d’arrache-pied pour arriver
à appréhender les secrets qui l’entoure.
Malheur au maître qui oublie que, pour remplir à nouveau sa tasse intérieure de connaissances
nouvelles, il faut qu’il crée un vide en lui et que ce vide se fait dans le silence de l’apprenti.
Mais revenons à nos moutons….
Il ne faut pas croire que, tel le sage remplissant la tasse du disciple, l’enseignement
pythagoricien se faisait uniquement de manière descendante car, bien que le maître enseignait
derrière un voile et que l’expression « autos epha » (il l’a dit lui-même) montrait la
soumission à sa pensée, Pythagore aimait faire prendre la parole aux jeunes et se réjouissait
des développements que ceux-ci pouvaient apporter aux pensées fondamentales.
De la même manière il est bon de faire sortir nos apprentis de derrière le mur du silence et de
se réjouir des choses que leur méditation intérieure va leur permettre de découvrir.
Le questionnement est la base du travail. Mais ce questionnement ne peut se faire que lorsque
l’on possède les bases de la matière sur lequel porte le sujet. C’est pour cette raison que
l’enseignement pythagoricien était dispensé par degré.
On retrouve encore cette similitude dans les travaux de notre ordre et on y voit une
explication de ce cloisonnement en 33 degrés.
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Effectivement, rien ne peut se faire sans un travail personnel : on ne peut éclairer que ce qui
est prêt à être éclairé. On ne peut ouvrir une porte chez autrui que lorsque celui-ci n’a pas fait
activement un effort pour en faciliter l’ouverture.
C’est l’éternelle question que l’on se pose par rapport au passage de grade lorsque deux
courants s’opposent : l’un dit qu’il faut acquérir un grade avant qu’on ne lui concède et l’autre
dit qu’on doit d’abord le concéder et qu’ensuite la personne prendra la dimension du grade.
L’idée pythagoricienne met tout le monde d’accord en disant que lorsqu’on voit que
quelqu’un fait tous les efforts pour atteindre le niveau, celui-ci doit lui être concédé… C’est
bien ce qui se passe au sein de notre loge (enfin j’espère).
De quoi est constitué l’enseignement « intellectuel pythagoricien » ?
Il était basé sur des réflexions et sur l’observation de symboles fondamentaux, sur des
connaissances « traditionnelles ». C’est donc un ensemble d’échanges exotériques car cette
partie ne fait travailler que l’intellect.
Ce travail est complété par un travail ésotérique basé sur des rituels, des enseignements, un
travail intérieur personnel, des initiations qui amène l’initié vers un développement de sa
dimension spirituelle. Cette voie demande un engagement personnel intense sans jamais
laisser la personne se soumettre à quoi que ce soit mis à par lui-même.
Mais l’enseignement Pythagoricien c’est quoi ?
Les pythagoriciens pensent que l’univers a été organisé avec intelligence, qu’il est issu de
Principes dont la capacité de création er d’organisation est supérieure à ce que l’homme peut
espérer faire de lui-même.
Ces Principes sont les caractéristiques d’une force supérieure qu’ils caractérisent en disant
qu’elle est « Un Le Tout », ce qui n’est pas sans ressemblance avec un certain GADLU…
Dans cet univers, les forces s’harmonisent pour créer les choses. L’harmonie avec l’univers
est donc possible.
Dans cet univers, la nature humaine est triple :
• Corporelle : nous sommes « objet » créé par la nature et révélateurs des forces divines
• Spirituelle : nous sommes des être vivants bénéficiant de la nature des forces divines
• Animique : Nous sommes une interface entre le corps et l’esprit et nous pouvons
« résonner » avec l’univers et vivre à l’intérieur les divers niveaux des énergies créatrices.
Afin d’avancer sur ce chemin, Pythagore proposait un exercice quotidien : la psychostasie15
(où pesée de l’âme) qui permet de faire le bilan de la journée écoulée afin de « tourner la
page » et de faire le plan de la journée du lendemain. Accomplissement et réalisation ne
peuvent être atteints que lorsque le corps et l’esprit sont en harmonie.
Pythagore demandait à ceux qui voulaient le suivre de tout abandonner afin de « commencer
une nouvelle vie ». Aujourd’hui La Franc maçonnerie nous propose de « commencer une
nouvelle vie à l’intérieure de notre vie ». Nous ne sommes pas sur terre pour fuir mais pour
affronter nos limitations et pour accomplir la tâche qui nous incombe de telle façon que nous
puissions entrer en harmonie avec nous même (et avec l’Univers et son Grand Architecte).
Notre travail va nous permettre de rendre réalisable ce qui est possible, car c’est cette
réalisation qui va nous donner satisfaction intérieure et joie.
Il n’y a qu’une vérité mais nombreuses sont les voies possibles pour l’atteindre. Ainsi la
pensée rationnelle et l’inspiration doivent marcher main dans la main (la raison contrôlant
15
On retrouve cet enseignement dans les Vers dorés.
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l’inspiration et l’inspiration donnant l’impulsion à la raison) tout en ayant à l’esprit que le
travail sur soi ne peut être fait par personne d’autre que soi-même.
C’est le principe du travail de la pierre brute qui est proposé symboliquement à l’apprenti.
C’est pour cela que l’on nomme la maçonnerie « l’art royal » car il demande de la part de
l’initié de la vigilance et du travail16 afin d’évoluer.
C’est par le travail de l’identification que l’initié peut rentrer en contact avec un royaume qui,
d’abord lié à la conscience, s’étend en dehors des limitations spécifiquement humaines. Nous
sommes ici au-delà de l’humain (dans la transcendance ?). On pourrait appeler cela le
royaume « numineux17 » (du latin numen qui signifie la volonté divine, le sacré, le divin).
C’est ici que l’on rentre dans le domaine de l’irracontable et que je vais essayer de vous faire
toucher du doigt : lorsqu’une personne se met en relation avec l’existence qui s’étend jusque
dans le royaume supra humain et numineux, c'est-à-dire jusque dans le royaume de
« l’homme potentiel » (celui qui entre en relation avec le Tout), alors elle ressent
inévitablement un lien entre le Tout et elle-même. Elle ne se sent plus seule, elle ne résiste
plus au monde mais s’englobe en lui, elle modifie l’observation consciente de sa
compréhension du monde. Ainsi elle s’achemine consciemment et intentionnellement vers un
élargissement de son champ de conscience.
C’est ainsi que peut être vécue l’initiation dans un monde pythagoricien. Mais c’est aussi ainsi
que je vois l’initiation à Saint jean de Pathmos.
La rédemption : c’est ce à quoi tend le frère lorsqu’il initie son travail en loge mais cette
perfection ne peut être recherchée comme une finalité car c’est seulement un commencement
de quelque chose qui ne peut être déterminé par lui mais qui déterminera tout ce qui se
passera. C’est ce qui me fait dire que « nous sommes au service de…. ». Mais de quoi ? Au
service de celui qui décide pour nous c'est-à-dire le Grand Architecte de l’Univers.
C’est le besoin de renouvellement et de changement qui fait frapper le profane à la porte du
temple, c’est aussi le besoin de renaissance. Ainsi l’homme doit se vaincre lui-même et entrer
dans une phase de mutation dont il n’a pas le contrôle et dont il ne connait pas le résultat à
l’avance.
Ce résultat est basé sur l’épreuve personnelle, il ne peut être déterminé scientifiquement, il ne
peut être ni calculé ni analysé.
C’est ce que l’on appelle l’aventure humaine (qu’elle soit maçonnique ou pas).
Cette aventure ne doit pas être basée sur « tu dois » mais sur « je veux »… C’est un choix que
l’on s’impose à soi même en se basant sur la persévérance et sur la « rectitude intérieure ». En
clair, même si les autres ont une importance dans mon cheminement, rien ne peut se faire sans
une action de ma part.
L’aventure (Pythagoricienne ou maçonnique) commence avec des vérités premières, « cela je
le sais » pensais-je au début de mon chemin, mais la voix de celui qui m’accompagnait me
susurrait souvent « en es tu bien sûr ? », c’est ainsi qu’à l’aide des clés fournies, ces vérités
premières se sont révélées « pas si premières que cela »…
Ensuite il m’a fallu abdiquer ma vision des choses car je ne voulais pas, dans ma recherche,
retenir uniquement que ce qui s’accordait avec ce que je pensais des choses.
16
Par opposition à l’art sacerdotal qui demande de la passivité.
Rudolf Otto dans Le Sacré a proposé le terme de « numineux » pour qualifier cette sphère au-delà de l'éthique
et du rationnel, qui se présente sous le double aspect d'un mystère effrayant et fascinant.
17
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C’est ainsi que je suis revenu sur moi-même et je me suis demander qui j’étais vraiment.
« Choisir c’est renoncer » disait quelqu’un. Est-il si important d’avoir raison ? Renier des
idées (qui sont les siennes) veut il dire se renier soi-même ?
Me soumettre à une volonté supérieure et faire tout ce qui est possible pour réaliser le plan qui
est prévu pour moi, voici ce que je pense aujourd’hui. Même si quelquefois j’aimerais faire
autre chose et que le découragement me gagne. A ce moment je me rappelle que je me suis
mis « au service de » et tout va mieux (même Jésus sur la croix a eu ce type de
questionnement et il a quand même dit : « Père, que ta volonté soit faite »).
Que faire de tout cela ?
Au fil de mes recherches, j’ai compris que Pythagore tient une place importante dans la
tradition maçonnique. Je pense que son passage en Egypte n’est pas étranger à tout cela.
Raymond Aron disait « la totalité des causes déterminant la totalité des effets dépasse la
compréhension de la raison humaine ». Donc, quelle que soit notre recherche, nous
approcheront la réalité du Tout sans jamais l’atteindre.
De toute cette étude je pourrais dire que nous devons lever les yeux (si un âne broute toute la
journée sans lever la tête, il n’aura jamais conscience que les étoiles existent…).
Nous avons en nous des capacités que nous méconnaissons et sous estimons : si nous avons la
capacité de régénérer notre corps comme par exemple lors d’une fracture, ne serait il pas
possible que nous possédions cette capacité pour d’autres parties de notre « entièreté » ?
Outre cette capacité de régénération et celle de l’homéostasie qui permet au corps d’être en
équilibre (un écart d’un dixième de degré de notre température interne nous conduirait à la
mort), nous avons aussi notre subconscient qui nous permet quelquefois d’éviter des obstacles
placés sur notre route.
Ce subconscient n’est il pas une expression d’une « conscience supérieure » qui est peut-être
représentée par la notion de Grand architecte de l’univers.
Comme nous dit la maxime du maître « connais-toi toi-même… », nous sommes reliés à la
connaissance ou encore à la re-connaissance de ce qui existait bien avant notre naissance que
nous avons oublié et dont nous devons prendre conscience.
L’enseignement pythagoricien nous propose, à côté de la réalité objective, d’envisager
l’hypothèse d’une réalité subjective qui nous permettra de regarder les choses sous un autre
angle (une application de cette réalité subjective pourrait se nommer intuition18).
Se pose maintenant la question de la Conscience.
« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme »19
Cette phrase ne date pas d’hier et les scientifiques commencent à élargir la notion de
conscience en parlant de conscience trans-personnelle.
Science et conscience sont deux formes de connaissance, la première extérieure et la seconde
intérieure, comme si le résultat de nos recherches se trouvait à la partie commune entre
l’extérieur et l’intérieur. C’est ce qu’un chercheur a nommé le « moi-peau »20 en disant que
l’essence même de l’être se trouvait à l’intersection entre ce qui « est moi » et « ce qui n’est
pas moi », c'est-à-dire la peau.
18
Quelqu’un a dit : « sans l’intuition, il n’y a ni pensée scientifique couronnée de succès, ni art, ni technologie,
ni ordre humain qui fonctionne bien, bref il n’y a aucune culture »
19
Rabelais, Lettre de Gargantua à Pantagruel
20
Didier Anzieu
Pythagore Page 11 / 15
Donc il faut avoir un état de conscience élevé !!!
(Dis papa, c’est quoi un état de conscience élevé ? Tais-toi et mange ta soupe !)
Les alchimistes, dans leur maxime (ora e labora) ont bien compris que le but de leur travail
n’est pas de chercher de l’or mais bien cet état de conscience élevé. Mais pourquoi ne sait-on
pas plus de choses sur le sujet ? Le papyrus Harris21 fait la recommandation suivante
« Réduisez vos bouches au silence, et fermez les avec fermeté » ce qui montre bien que celui
qui sait doit se taire et n’échanger qu’avec celui qui en est au même stade que lui.
Tout ce que l’on sait c’est que c’est par l’éveil de la conscience que l’on atteint cet état.
Comment sait-on qu’on a franchi un cap ? Comme en alchimie, une personne ayant atteint ce
cap est avertie (on ne sait pas comment, peut-être à l’aide de cette supra-conscience), et vient
vous rendre visite. Personne ne le sait (sauf vous et lui) et personne ne pourra le savoir sans
avoir atteint ce niveau de conscience. C’est un bonheur et un fardeau22.
La bonne nouvelle est que cette force existe en tout homme et que c’est à chacun de nous de
la trouver.
En maçonnerie on trouve la même procédure avec l’utilisation des grades. En théorie
personne ne devrait connaître le grade réel de chacun. Mais, comme tout le monde connait ce
« secret »23, l’avancement de stade n’est donc pas en relation avec le grade24.
Afin de ne pas en rester là je dirai que la conscience voit la lumière et que la « supraconscience » contemple la lumière. La question est de savoir si c’est de la même lumière que
l’on parle.
Et pour finir je dirai que notre rituel est un moyen de placer l’homme dans un état de
contemplation.
Les symboles et les rites :
Bien avant la maçonnerie, Pythagore utilisait des symboles et aussi des rites. Les symboles
révèlent des réalités qui nous échappent et les rites permettent, comme nous l’avons dit, de
contempler ces réalités. De tout cela on peut dire qu’un véritable évènement symbolique se
vit et s’expérimente. Il trouvera son origine dans le monde des archétypes.
Afin d’éveiller sa conscience nous avons besoin d’être au contact de quelqu’un d’éveillé
(c’est pour cela que Pythagore enseignait). En loge, les apprentis s’éveillent au contact du
second surveillant qui doit être choisi comme « celui qui a atteint le niveau supérieur 25».
Pythagore ne laissait à personne le soin d’instruire les nouveaux arrivants. De la même
manière nous devons choisir notre deuxième surveillant en élisant une personne qui est un
« éveilleur26 ».
Les efforts isolés pour atteindre ce niveau de conscience ont très peu d’efficacité et sont
souvent dangereux car le creuset n’est pas prêt : les alchimistes travaillent la matière brute
21
Le Papyrus Harris a été acheté en 1855 à des fouilleurs,
Celui qui sait doit se taire
23
La liste des personnes du dernier degré au sein du suprême conseil de Franc est publiée dans un recueil
disponible pour les frères des ateliers supérieurs.
24
Encore une nouvelle dérangeante et qui pourrait être utilisée comme remède à la cordonite !
25
Ce qui est bien le cas ☺
26
Ceci est une référence à Monty Robert : « l’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux »
22
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jusqu’à ce qu’eux même aient été suffisamment travaillés pour se transformer avec la matière.
Travailler la matière sans que le creuset soit prêt produit des dégâts souvent irrémédiables.
Hans Selye27 a dit « l’intuition est l’intelligence du subconscient, elle amène à la
connaissance avec simplicité et sans biais ».
Mais revenons aux symboles : rien n’est présent dans la loge qui n’ait une portée symbolique,
certains d’entre eux vont s’imposer à nous et d’autres nécessiteront du travail pour les
intégrer. Il en est de même pour les parties du rituel.
Une fois que le chemin est terminé, c'est-à-dire lorsqu’il a fait son temps, l’individu peut
franchir une marche.
Ni avant ni après.
Avant il perd pied et devra travailler pour ne pas couler.
Après, il aura eu l’impression d’avoir manqué quelque chose car il st entrain de faire un
« deuxième tour ».
C’est bien à la personne qui a en charge l’évolution du frère qu’il incombe de trouver le
moment exact pour lui donner l’accès au niveau supérieur sous peine de le perdre mais aussi
de se perdre.
Le secret :
Pourquoi ne pas divulguer nos secrets à tout le monde ? Et pourquoi faire des degrés dans une
société et associer le secret « à l’intérieur du secret » ?
A chaque initiation, l’être change et devient un « être différent » à travers l’adaptation de son
attitude intérieure lors de la transmutation proposée par le passage de grade. Donner
inconsidérément un grade à « qui n’est pas prêt » l’oblige à se protéger afin de ne pas se
brûler les ailes (Icare illustre bien cette réalité).
Il est possible de se sauver de cette précipitation par l’unité totale et claire de nos pensées et
de nos sensations afin de nous mettre en résonnance avec le rituel et avec les symboles qu’il
propose.
En clair, plus on avance vers l’extérieur plus on doit cheminer vers l’intérieur, comme si les
racines plantées dans la terre de notre être intérieur prenaient la même dimension (voire plus)
que la hauteur vers laquelle on nous projette.
Mais il existe une constante : on ne peut pas progresser si on ne travaille pas dans la droite
ligne de ce que nos anciens nous proposent, au pied de la lettre et sans discuter un seul mot…
Ensuite on peut en écrire d’autres pour ceux qui viendront derrière nous.
Et pour conclure :
Je n’ai fait qu’effleurer la partie émergée de l’iceberg maçonnique que représente Pythagore.
Je suis conscient de ne pas avoir été très académique sur ce sujet mais en paraphrasant une
personne dont le nom est imprononçable je dirais « je suis ce que je suis » et je me suis mis à
nu devant vous.
Et je me mets à votre disposition pour m’abreuver à la source de votre connaissance.
Vénérable Maître et vous tous mes frères en vos degrés et qualités,
J’ai dit
Pierre FERBUS
27
Hans Selye (1907 – 1982) était directeur de l’institut de médecine et de chirurgie et il a travaillé sur le stress.
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Annexes :
Les Vers dorés, traduction Française :
PRÉPARATION
Rends aux Dieux immortels le culte consacré ;
Garde ensuite ta foi (2) : Révère la mémoire
Des Héros bienfaiteurs, des Esprits demi-dieux.
PURIFICATION
Sois bon fils, frère juste, époux tendre et bon père.
Choisis pour ton ami, l'ami de la vertu ;
Cède à ses doux conseils, instruis-toi par sa vie,
Et pour un tort léger ne le quitte jamais;
Si tu le peux du moins : car une loi sévère
Attache la Puissance à la Nécessité.
Il t'est donné pourtant de combattre et de vaincre
Tes folles passions : apprends à les dompter.
Sois sobre, actif et chaste ; évite la colère.
En public, en secret ne te permets jamais
Rien de mal ; et surtout respecte-toi toi-même.
Ne parle et n'agis point sans avoir réfléchi.
Sois juste. Souviens-toi qu'un pouvoir invincible
Ordonne de mourir ; que les biens, les honneurs
Facilement acquis, sont faciles à perdre.
Et quant aux maux qu'entraîne avec soi le Destin,
Juge-les ce qu'ils sont : supporte-les ; et tâche,
Autant que tu pourras, d'en adoucir les traits :
Les Dieux, aux plus cruels, n'ont pas livré les sages.
Comme la Vérité, l'Erreur a ses amants :
Le philosophe approuve, ou blâme avec prudence ;
Et si l'Erreur triomphe, il s'éloigne ; il attend.
Ecoute, et grave bien en ton coeur mes paroles :
Ferme l'œil et l'oreille à la prévention ;
Crains l'exemple d'autrui ; pense d'après toi-même :
Consulte, délibère, et choisis librement.
Laisse les foux agir et sans but et sans cause.
Tu dois dans le présent, contempler l'avenir.
Ce que tu ne sais pas, ne prétend point le faire.
Instruis-toi : tout s'accorde à la constance, au temps.
Veille sur ta santé (18) : dispense avec mesure,
Au corps les aliments, à l'esprit le repos.
Trop ou trop peu de soins sont à fuir ; car l'envie,
A l'un et l'autre excès, s'attache également.
Le luxe et l'avarice ont des suites semblables.
Il faut choisir en tout, un milieu juste et bon.
PERFECTION
Que jamais le sommeil ne ferme ta paupière,
Sans t'être demandé : Qu'ai-je omis ? Qu’ai-je fait ?.
Si c'est mal, abstiens-toi : si c'est bien, persévère.
Médite mes conseils ; aime-les ; suis-les tous :
Aux divines vertus ils sauront te conduire.
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J'en jure par celui qui grava dans nos cœurs,
La Tétrade sacrée, immense et pur symbole,
Source de la Nature, et modèle des Dieux.
Mais qu'avant tout, ton âme, à son devoir fidèle,
Invoque avec ferveur ces Dieux, dont les secours
Peuvent seuls achever tes œuvres commencées.
Instruit par eux, alors rien ne t'abusera :
Des êtres différents tu sonderas l'essence ;
Tu connaîtras de Tout le principe et la fin.
Tu sauras, si le Ciel le veut, que la Nature,
Semblable en toute chose, est la même en tout lieu :
En sorte qu'éclairé sur tes droits véritables,
Ton cœur de vains désirs ne se repaîtra plus.
Tu verras que les maux qui dévorent les hommes,
Sont le fruit de leur choix; et que ces malheureux
Cherchent loin d'eux-les biens dont ils portent la source.
Peu savent être heureux ; jouets des passions,
Tour à tour ballotés par des vagues contraires,
Sur une mer sans rive, ils roulent, aveuglés,
Sans pouvoir résister ni céder à l'orage.
Dieu ! Vous les sauveriez en désillant leurs yeux…
Mais non : c'est aux humains, dont la race est divine,
A discerner l'Erreur, à voir la Vérité.
La Nature les sert. Toi qui l'as pénétrée,
Homme sage, homme heureux, respire dans le port.
Mais observe mes lois, en t'abstenant des choses
Que ton âme doit craindre, en les distinguant bien ;
En laissant sur le corps régner l'intelligence :
Afin que, t'élevant dans l'Ether radieux,
Au sein des Immortels, tu sois un Dieu toi-même !
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