Fiche du film

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Fiche du film
Fiche n° 1388
MEN AND CHICKEN
25 AU 31 MAI 2016
MEN AND CHICKEN
1h 44 min –Réalisé par Anders Thomas JENSEN – Danois - sortie le 4 Mai 2016
Avec Mads MIKELSEN, David DENCIK, Nicolas BRO
Anders Thomas JENSEN est un réalisateur danois de 44 ans qui a tourné de nombreux courts
métrages, a écrit des scénarios pour d’autres ( A second chance de Susanne BIER, au Cinémateur
en 2015 ) et réalise avec ce film son quatrième long métrage après Lumières dansantes, thriller en
2000, Les Bouchers verts en 2003, Adam’s apple, en 2006, comédies grinçantes et dérangées (ou
drames ?) avec Mads Mikkelsen. Le danois Anders Tomas Jensen est de retour avec une comédie
noire qui repousse encore les limites du politiquement correct.
Deux frères un peu demeurés découvrent à la mort de leur père qu'ils ont été adoptés. Malgré leurs
différends, ils se mettent en quête de leur père naturel qui vit sur une île isolée et peu peuplée. A
leur arrivée, une surprise les attend. Confrontés à l'histoire de leurs origines, ils vont devoir en gérer
les conséquences.
Abonnés à la "lose", Gabriel et Elias vivent plutôt mal leur fraternité… Il faut dire que si Gabriel
tente d'avoir une vie normale, Elias se vautre dans une consternante condescendance et la
compulsion sexuelle la plus totale, ce qui ruine les espoirs de normalité de son frangin. Et comme si
cela ne suffisait pas, tous deux affichent un physique particulièrement ingrat. Lorsque leur paternel
décède, ils apprennent la vérité sur leur adoption: ils sont nés de mères différentes, ensemencées par
le même géniteur, un scientifique refugié sur une petite île! Décidés à connaître le fond de cette
étrange histoire, ils entament un voyage bardé de surprises profondément grinçantes.
Celles et ceux qui connaissent le cinéma délicieusement singulier d'Anders Thomas Jensen (Les
bouchers verts, Adam's Apples… et une pléthore de fabuleux scénarios) retrouveront avec ce Men
and Chicken sa famille d'acteurs (Mads Mikkelsen, Nikolaj Lie Kaas, Nicolas Bro…) le mélange
de provocation intelligente, d'onirisme flirtant avec l'absurde, et de profond cynisme qui caractérise
son œuvre. Un cran plus trash que ses longs-métrages précédents, Men and Chicken ne s'adresse pas
forcément à tous les publics. Nous on aime, beaucoup meme!
« L’île du Docteur Thanatos :
Très attaché à la représentation sarcastique des structures sociales dysfonctionnelles, le réalisateur danois
Anders Thomas Jensen, dont on attendait un nouveau film depuis déjà dix ans (il est toutefois loin d’avoir
chômé, beaucoup des scénarios des meilleurs films danois de ces dernières années portant sa marque), nous
fait découvrir une famille particulièrement atypique à travers une petite perle d’humour noir. Parmi les
cinq membres de cette fratrie hors du commun, il donne l’un des rôles à son ancien acteur fétiche, Mads
Mikkelsen. Depuis sa collaboration avec Nicolas Winding Refn et ses rôles dans un James Bond et la série
Hannibal, celui-ci est devenu l’une des stars des plus prisées du cinéma mondial (on le retrouvera d’ici peu
chez Marvel), autant dire qu’en acceptant de revenir chez Jensen grimé en pouilleux lubrique, il prend le
risque audacieux de briser son image iconique. C’est également le cas de Nikolaj Lie Kaas, popularisé par la
franchise Les Enquêtes du Département V. Car il faut le dire : le look rebutant qu’arbore chaque personnage
dans Men and Chicken ne fait pas honneur au charisme naturel des interprètes mais prouve leur talent à se
glisser dans des rôles difficiles et à contre-emploi.
Davantage encore que dans ses précédents films, les excellents Bouchers verts et Adam’s Apple, le regard à
la fois résignée et bienveillante que porte le cinéaste sur l’humanité passe par le biais d’un drame
intimiste, celui d’une famille en quête de rapprochement. Le ton décalé que prend la comédie va dépasser
de très loin la seule allure cradingue de ses protagonistes puisque tout, aussi bien dans les dialogues que dans
la direction artistique, nous plonge dans un microcosme terriblement glauque et malsain. Mais là où Jensen
réussit haut la main son pari, c’est en parvenant à rendre ces cinq frères attachants malgré leurs attitudes
violentes et vulgaires. Le parcours de Gabriel et Elias partis à la recherche de leurs racines s’apparente à un
voyage initiatique ainsi qu’à une certaine émancipation, tant leur statut de marginaux en ville va s’évaporer
une fois sur cette île isolée où leurs névroses respectives font pâle figure au regard de la dégénérescence
intellectuelle de leurs trois frères. Privés d’éducation et de repères sociaux, Gregor, Franz et Joseph vivent
selon leurs propres règles, ce qui fait d’eux des freaks que l’on aurait légitimement pu voir en méchants de
cinéma horrifique. Cependant, en faisant le choix de ne jamais faire sombrer les situations dans une folie
hystérique, voire gore, au profit d’une approche tragi-comique, le film sort des sentiers battus à tel point
que son humour pince-sans-rire déstabilise souvent mais est chaque fois percutant.
Là où Men and Chicken surprend le plus c’est quand il s’éloigne de la seule galerie de personnages déjantés,
dont chaque engueulade est un régal de cynisme amoral, pour accentuer sa sordidité jusqu’à flirter avec le
fantastique. C’est en particulier le cas de la bande son qui peut être tour à tour légère et très sombre. Le fait
de savoir que le fameux père de ces cinq cas sociaux est un généticien reconnu laisse dès le début subodorer
que le scénario va peu à peu dévier vers une relecture de l’Île du Docteur Moreau. Et la communion qui dépasse bien souvent les limites de la bienséance- entre ces frères et les animaux qui peuplent leur
sanatorium appuie ce sentiment que le cadavre dans le placard de cette famille relève d’une remise en
question de leur nature profonde. C’est alors que l’on comprendra que les tocs et autres comportements de
chacun des cinq frangins n’a rien d’anodin, et que la caractérisation outrancièrement névrotique des
personnages ne s’est faite ni dans l’optique de s’en moquer ni de les rendre inquiétants mais au
contraire de rendre tangible le drame de leur anormalité. La fin très émouvante vers laquelle le film nous
emmène sans que l’on s’y attende est la preuve de la maitrise d’Anders Thomas Jensen pour mêler son
imagination débordante et son humour noir cinglant à des histoires teintées de délicatesse.
Comédie noire et burlesque pleine de bonnes surprises, Men & Chicken tire parti du talent de ses
interprètes qui prêtent leurs traits –quelque peu enlaidis– à des personnages repoussants et réussissant
à faire d’eux des individus tragiques. Et le génie de Jensen est d’avoir su brillamment absorber une
intrigue quelque peu prévisible et son discours moralisateur sur la famille dans un humour si déjanté
et corrosif qu’il en fait un pur moment de délectation. » Cineseriesmag.fr
« Brillamment
ficelé, le scénario se révèle d’une grande richesse. Anders Thomas Jensen ne mettant
jamais rien en place gratuitement. Poussant à son paroxysme l’isolement de l’île et de ses habitants –
tous plus tarés les uns que les autres – ils caractérise soigneusement ses personnages. Leurs tocs
semblent-ils grossiers qu’ils sont autant d’éléments qui attisent peu à peu notre curiosité alors que
Gabriel et Elias se mettent en quête de leur histoire familiale. La rencontre avec leurs frères, vivant
dans un ancien sanatorium investi depuis des années par un père « qu’il ne faut pas déranger » sous
peine d’être jeté au cachot, est mirifique. L’imagination débordante du réalisateur semble sans limite et
se révèle des plus jouissive.
La comédie s’impose-t-elle avec délectation que le film est également emprunt de suspens. Suggéré
par les ponctuations musicales, celui-ci guide la ligne narrative du film. Car si Elias, heureux
d’intégrer une fratrie, se laisse distraire par ses frères, Gabriel tient coûte que coûte à comprendre
pourquoi ils sont tous orphelins de mère…
L’interprétation de l’ensemble du casting est admirable tant chacun des comédiens campe avec
sérieux, sous des costumes improbables et dans des décors aussi fantasques que fantastiques, des
personnages qu’ils rendent attachants malgré leur inquiétante folie. Jubilatoire ! » Nicolas Gilson
Prochain film : le 2 juin : Un
vrai faussaire : Autour de l'exposition "L'art est un mensonge" : débat
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