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La géométrie et la puissance d’une lentille
monofocale influencent l’aberration sphérique
Louisette Bloise 1, Laurent Fumery 2
es besoins visuels, les plaintes formulées par nos patients et leurs exigences ont évolué. Si les études réfractives portaient jusqu’alors sur la dioptrie, l’aberrométrie permet dorénavant de quantifier les imperfections microscopiques de notre système visuel.
Cette technique a été utilisé afin d’étudier l’incidence de la géométrie et de la puissance
d’une lentille monofocale sur les aberrations sphériques d’ordre élevé (ordre 4, z(4;0)).
L
Comparaison de quatre designs
de lentilles pour deux puissances
Afin d’étudier l’influence de la géométrie d’une lentille
monofocale et de sa puissance sur l’aberration sphérique, deux échantillons de porteurs de lentilles souples ont été constitués (tableau 1). Quatre types de lentilles ont été comparés (tableau 2).
Groupe
Puissance de la lentille
Yeux
Diamètre pupillaire
Effectif : N
Aberration sphérique moyenne
sans lentille (AS)
A
B
- 1,00 D
- 5,00 D
Droits
Gauches
7,13 mm
7,19 mm
+/- 0,63 mm +/- 0,67 mm
16
13
+ 0,22 μm
+ 0,23 μm
Tableau 1. Constitution des deux échantillons.
SiH
Ro Diamètre
(mm)
Géométrie
(mm)
Œil nu
(ON)
Acuvue
(AA) Oui 8,30
14,00
Design
sphérique
PureVision (PV) Oui 8,60
14,00
Design
asphérique
face antérieure
O2 Optix
(O2) Oui 8,60
14,20
Design
asphérique
face antérieure et
face postérieure
Biomedics (BE) Non 8,60
Evolution
14,20
Design
asphérique
face antérieure
Advance
Tableau 2. Paramètres des lentilles étudiées.
1. Ophtalmologiste, Saint-Laurent-du-Var
2. Cambrai
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Des mesures effectuées en mydriase
Les examens aberrométriques ont été réalisés sans
lentille (ON), puis sous Acuvue Advance® (AA),
PureVision® (PV), O2 Optix® (O2), enfin Biomedics
Evolution® (BE). Le consentement éclairé de chaque
patient a été recueilli avant inclusion. La pose et la
dépose des lentilles de contact, soigneuses, ont été
assurées par un unique praticien. Le segment antérieur
a été examiné avant la pose de la première lentille et
avant chaque mesure. Tout patient dont la lentille était
décentrée de plus de 0,5 mm était exclu de l’étude.
Chaque œil a été dilaté avec une à deux gouttes de
Néosynéphrine® à 10 % afin d’obtenir un diamètre
pupillaire supérieur à 6 mm. Les examens aberrométriques ont été réalisés avec l’aberromètre Zywave®
(type Shack-Hartmann, Bausch & Lomb). L’étude statistique a été effectuée avec le test de Student. En fixant
un risque limite de 2 % (p ⬍ 0,02), l’étude a cherché à
déterminer si les quatre lentilles étudiées modifiaient
significativement l’aberration sphérique de nos patients.
Plusieurs cas de figure pour les aberrations
sphériques
Dans le groupe A, le taux moyen d’aberrations sphériques positives œil nu est de 0,22 μm et trois profils
émergent. En effet, pour une puissance de - 1,00 D le
taux d’aberrations sphériques positives :
– diminue avec les lentilles à design asphérique antérieur,
– ne change pas avec la lentille à design sphérique,
– ne change pas avec la lentille à design asphérique
antérieur et postérieur.
Dans le groupe B, le taux moyen d’aberrations sphériques positives œil nu est de 0,23 μm. Contrairement
au groupe A, ce taux diminue significativement quelle
que soit la géométrie de la lentille pour une puissance
de - 5,00 D.
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0,25
0,22
0,20
0,23
Gr -1,00 D
Gr -5,00 D
0,2
0,18
0,15
Amplitude
de l'aberration
sphérique
0,1
0,10
0,08
0,05
0,05
0,06
0,05
0,03
0
ON
AA
O2
BE
Figure 1. Magnitude moyenne de l’aberration sphérique
selon la lentille et sa puissance.
PV
La stabilité des aberrations asymétriques
était prévisible
Dans les deux échantillons, les magnitudes des aberrations de coma d’ordre 3 (coefficients de Zernike z(3 ;
- 1) et z(3 ; + 1)) et de trefoil d’ordre 3 (z(3 ; - 3) et z(3 ; + 3))
ne varient pas significativement quelles que soient la
géométrie et la puissance (- 1,00 D ou - 5,00 D) de la lentille portée. Ce constat était prévisible. En effet, les géométries sphérique et asphérique possèdent une symétrie de révolution autour d’un axe passant par le centre
optique, qui correspond au centre géométrique de la
lentille. L’un des critères d’inclusion étant le bon centrage des lentilles, il était peu probable d’observer une
variation des aberrations asymétriques.
Les aberrations sphériques
retentissent sur la qualité de vision
mésopique et scotopique
L’aberration sphérique est due à la variation de la puissance d’un dioptre sphérique, à mesure que l’on s’éloigne de l’axe optique. Dans l’œil, elle altère la qualité de
vision, ce qui se manifeste dans des conditions de faible
contraste ou de faible luminance (plaintes fréquentes
de nos patients). En effet, la dilatation pupillaire autorise les rayons éloignés de l’axe optique à pénétrer
dans l’œil. Du fait des variations de puissance du dioptre
cornéen, les rayons extrêmes convergent davantage
que les rayons centraux, d’où une aberration sphérique positive.
Comment optimiser la qualité de vision des porteurs ?
Il suffit de leur proposer un système optique dont
l’aberration sphérique compense l’aberration sphérique naturelle de l’œil. L’aberration sphérique positive
moyenne de l’œil humain est comprise entre + 0,15 et
+ 0,20 μm. Adapter sur un œil standard une lentille de
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type PureVision ®, source d’aberrations sphériques
négatives d’environ - 0,15 μm, permet d’annuler l’aberration sphérique positive de + 0,15 μm de cet œil. Pour
les puissances - 1,00 D et - 5.00 D, la réduction de l’aberration sphérique positive en lentille PureVision®
apparaît optimale. On doit cette réduction au design
asphérique de la lentille. En effet, quelle que soit la
puissance de la correction, l’asphéricité est calculée
pour corriger l’aberration sphérique positive de l’œil et
optimiser la vision.
Des lentilles conçues pour compenser l’aberration
sphérique de l’œil quelle que soit la puissance
Chez les porteurs de lentilles de puissance - 5,00 D, la
réduction de l’aberration sphérique positive est notable pour les quatre modèles que nous avons comparés.
En effet, les lentilles sphériques négatives possèdent
une aberration sphérique négative qui varie avec leur
puissance et va dans le sens de la correction de l’aberration sphérique positive de l’œil. Toutefois, cette correction n’est idéale que pour une lentille sphérique de
- 5,00 D. Pour des puissances inférieures, l’aberration
sphérique négative inhérente à la lentille ne suffit pas
à corriger les 0,20 μm de l’œil. Elle est quasiment nulle
pour une puissance de - 1,00 D, comme le montrent les
résultats de l’étude. Extrapolons pour les puissances
supérieures à - 5,00 D : l’aberration sphérique négative
de la lentille sphérique est trop importante. L’aberration sphérique résultante du système œil-lentille
sphérique est donc elle aussi négative.
L’asphéricité (design asphérique ou aplatissement
périphérique), donc l’aberration sphérique, des lentilles asphériques de type PureVision ® varie en fonction de la puissance dans le but de faire tendre vers
zéro la résultante des aberration sphériques œil + lentilles. Elle est calculée pour compenser au mieux l’aberration sphérique de l’œil, et optimiser la qualité de
vision quelle que soit la valeur de la correction.
En bref
La réduction des aberrations sphériques positives dépend
de la géométrie et la puissance de la lentille. Le design
asphérique d’une lentille monofocale de type PureVision®
est conçu pour compenser les aberrations sphériques
positives de l’œil quelle que soit la puissance correctrice et donc, probablement, améliorer la qualité de
vision des porteurs. En revanche, le design sphérique
d’une lentille monofocale ne permet pas de réduire l’aberration sphérique positive pour des lentilles concaves de faible puissance, celle-ci ne diminuant significativement qu’en lentille monofocale de - 5,00 D.
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