La puissance de l`amour - Capucins de Clermont
Transcription
La puissance de l`amour - Capucins de Clermont
Messe du jour de Noël (Jn 1, 1-18) Contemplation et silence, face à ce que nous sommes en train de vivre. Etonnement, peut-être incrédulité, joie, j’espère. Je ne veux pas, comme tous les ans, faire la même critique à la société de consommation ou au gaspillage des lumières, parce que je ne veux pas juger et aussi parce que je crois que ceux qui sont présents ici ce soir connaissent déjà ces problèmes. Je pense que nous savons tous quelle est la joie et quel est le sens de Noël ; nous savons très bien que ce n’est pas simplement l’allégresse superficielle qui nous est donnée par la télé ou par les lumières allumées dans les rues de la ville. Ce soir, je voudrais essayer de parler du pouvoir. Pourquoi Dieu, notre Père a-t-il décidé d’être comme nous ? Oui comme nous ! Il n’y a pas de doutes, Jésus, le fils de Dieu, est un être humain, l’un de nous, et le jour de Noël il se manifeste dans la fragilité d’un enfant ! Mais où est donc la toute-puissance de Dieu ? Ce Fils que nous accueillons, c'est le Verbe, la Parole de Dieu incarnée. Il peut nous parler du Père parce qu'il le connaît, il peut nous dire son immense amour pour les hommes. « Le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous ». Il prend notre condition humaine et notre fragilité. Il partage notre vie en tout, sauf le péché. Nous sommes tous dépassés par l'immensité de cet amour de Dieu pour l'humanité. Nous ne pouvons que nous émerveiller et lui rendre grâce pour cette merveille. Et voilà sa puissance ! Une mangeoire, des bergers, une femme simple, la Vierge Marie, son époux Joseph, rien de tout ce qui représente des pouvoirs humains. Cet enfant fragile et sans défense, représente l’annulation de toutes les images de puissance que l’humanité a toujours cherché à construire, en niant la simplicité et la beauté de la vie. Parce que le péché le plus profond, c’est le besoin de pouvoir, qui détruit toutes les relations. Des millions d’hommes se sont nourris de son nom, ils ont peint son visage avec de l’or, ils ont fait retentir sa parole sous des coupoles de marbre, mais cela ne prouve rien quant à la vérité de cet homme, de cet enfant. Ce n’est pas l’abondance des paroles de puissance qui ont été écrites à son sujet qui peuvent décrire cet enfant. La Parole qui s’est faite chair est désarmée. Sa puissance à lui, c’est d’être sans puissance, nu faible, pauvre. Il est mis à nu par son amour, affaibli par son amour, appauvri par son amour. En cet enfant, il y a la vérité la plus profonde de ce qu’est sa vraie puissance, c’est-àdire la puissance de l’amour. Saint Jean dit : « Mais le monde ne l’a pas reconnu », parce que le monde, l’homme et, peutêtre, nous aussi parfois, n’entendons que là où il y a un peu de bruit ou de puissance. Mais l’amour, Jésus, est un roi sans puissance, il est un roi qui n’a que la puissance de l’amour. Et, en cet année de la miséricorde, le Pape François nous rappelle ça en disant : « Lorsqu’est venue la “plénitude des temps” (Ga 4, 4), quand tout fut disposé selon son dessein de salut, il envoya son Fils né de la Vierge Marie pour nous révéler de façon définitive son amour [ … ] Jésus de Nazareth révèle la miséricorde de Dieu ». Donc, ce que Dieu réalise dans l’incarnation c’est qu’il ne fait plus qu’un avec nous, donc cet enfant, n’est pas seulement uni à nous mais il ne fait qu’un avec nous ; là se réalise l’amour en plénitude. En même temps, en cet enfant, il y a la vérité de ce que nous sommes. En effet, nous sommes image et ressemblance de Dieu et tel devrait être le vrai pouvoir de l’homme, c’est-à-dire vivre comme des enfants de Dieu, comme le dit l’évangéliste Jean : « à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu ». Saint Irénée a dit : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme soit fait Dieu » c’est-à-dire que, dans l’incarnation, l’amour, qui est Jésus, manifeste en nous, en moi, la possibilité, le pouvoir, d’aimer comme Jésus lui-même. L'évangéliste indique quelque chose d'extraordinaire. Dès la naissance, Dieu n'est plus à chercher mais à accueillir. C'est un Dieu qui, non seulement est proche mais qui demande à chacun de devenir l'unique vrai sanctuaire d'où irradient son amour, sa sainteté, sa compassion. Et donc ce Verbe s'est fait chair dans la fragilité de l'existence humaine. Cela veut dire qu'il n'y a pas de don de Dieu qui ne passe à travers la chair, l'humanité, notre humanité ! Seigneur Jésus, tu as pris notre humanité pour nous faire participer à ta divinité. Nous voulons t'accueillir dans la joie et nous laisser renouveler par toi. Nous te confions toutes nos parts d'ombre et de désespoir. Nous avons la ferme certitude que tu nous remettras sur la voie du Salut, dans la joie et la paix. Amen Frère Esterino Biesuz, ofmcap (25 décembre 2015 – chapelle de capucins)