Lever - r. camus

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Lever - r. camus
Inlex, le 28 mars 2007
Lever (faire disparaître) et Enlever
Kazuro Oguma
1. Même si on donne les sens “enlever” ou “retirer” comme synonyme de lever (“faire
disparaître”, un autre “équivalent”), on ne peut jamais les substituer à lever.
cf. le Tableau de Pierre Jalenques: lever équivalent à faire disparaître, enlever, retirer
- d) X lever Y + N (objet) : une trappe, l’ancre, le rideau ….
- g) X lever Y + N (abstrait) : le camp, la séance, le siège, le blocus, un embargo, les
objections, les obstacles, les difficultés, le voile, le doute, un malentendu, une
ambiguïté …
- b) X se lever : le brouillard se lève, le rideau se lève
2. En guise de généralisation (locale), je propose pour x lève y (pour l’emploi “faire
disparaître”) :
y se délocalise et rend accessible à z (à déterminer suivant y). Une dimension
téléonomique (z) est donc possible : lever l’ancre, c’est permettre au bateau de prendre
la mer, de partir : lever le rideau rend visible ce qui est caché derrière, ou permet au
spectacle de commencer. Le brouillard se lève, la visibilité (souhaitable) sera obtenue
etc.
Par contre, x enlève y (à/de … z), y se délocalise de z, site de y (en < inde). La
libération de y de son site premier z construit une relation < ( ) – z >, ce qui peut
donner lieu à une variété de conséquences ou d’états résultants
Quelques observations d’abord.
(a) enlever /*lever une tache : la chemise sera propre. < ( ) – z > est souhaitable, normal.
(b) enlever /*lever un enfant : la famille sera démunie. La déstabilisation résultante < ( )
– z > est à stabiliser comme < (y) – z > qui est un état normal. De plus il y a une
relation actualisée < x – (y) >, d’où une relation de tension <x – z >
enlever son manteau serait le cas sans doute mixte de a/b. : le détachement de y qui
fournit < ( ) – z > est provisoirement normale compte tenu de la révérsibilité. On peut
rétablir < (y) – z >.
(c) enlever /*lever la victoire, une étape, les éléctions : deux antagonistes x et z. < ( ) – z
> va être stabilisé comme < x – (y) >, ce qui le rapproche de (b). On constate par
ailleurs une qualification portant sur ce changement d’état : facilement, haut les mains,
difficilement, à bout de bras … Il faudrait par ailleurs rechercher une différence de
nuances entre enlever / gagner la course.
l’orateur enlève l’auditoire serait un cas mixte de b/c. L’orateur (ravisseur) transporte
(ravit) l’auditoire d’enthousiasme, c’est-à-dire qu’on aura <x – (y) > en faisant de celuici soritr de son état ordinaire qui est < (y) – z >.
Il y a un cas particlier, difficile à ranger, qui est le suivant :
(d) enlever /*lever une sonate. Ou plutôt la sonate bien enlevée. Google ne donne pas
d’occurrences de “x enlève y” (avec un sujet x) dans ce cas. Certes il y a un interprétant
(musicien : x) et le public auquel on pourrait éventuellement attribuer, à tort pour moi,
le rôle z. Avant tout c’est la virtuosité même d’une œuvre interprétée (y) qui est mise en
valeur. Quel est le site z alors ? La classe d’occurrences de y dans sa représentation
quelconque, tel qu’il est normalement supposée dont à l’occurrence actualisée ? Donc <
(y) – z > (préconstruit) & < x – (y) > (la prestation actualisée) ? Si cette représentatin
est exacte, le statut du terme y, virtuel dans la relation < (y) – z > et actuel dans la
relation < x – y > est différent des cas qui précèdent (a) – (c).
D’autres cas intéressants qui me semblent relever de (d) sont des emplois d’équitation
et d’aviron : enlever son cheval (cf. galop), enlever la nage (cf. enlevage). L’idée donc
de la rapidité est mise en avant. On devrait dire dans ces cas que la rapidité en question
dépasse le rythme ordinaire < (y) – z > & < x – y >.
“Le tout pour 10 euros, à enlever !” (braderie) comporte une même idée de “rapidité” à
part celle de d’un “détachement”. Elle se conjugue aussi avec l’idée d’une
“actualisation exceptionnelle” ci-dessus mentionnée. Mais ce cas serait probablement
plus proche de (c) car on a là des concurrences entre les clients.
Une autre manipulation à faire. Vu le quasi figement de la séquence “la sonate bien
enlevée” (position épithète), on peut envisager, pour tous les autres emplois, dans quelle
mesure passe “y est enlevé” (construction attributive), on a enlevé y (construction
transitive), on a enlevé y {à, de, sur, …} z ou encore (est-ce possible ?) z se fait (se voit)
enlever y. Enfin le problène du statut de la nominalisation “enlèvement” restera à
élucider.

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