LA POPULARISATION DU DIVERTISSEMENT UN TRANSFERT

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LA POPULARISATION DU DIVERTISSEMENT UN TRANSFERT
LA POPULARISATION DU DIVERTISSEMENT
UN TRANSFERT CULTUREL D’OUEST EN EST (XVIII-XIXe siècles)
Colloque 2015
Appel à communications
Dates à confirmer : 13-14 novembre 2015
Le programme de recherche « Les cultures du divertissement, circulation des modèles et des
pratiques. Une autre histoire européenne, d’Ouest en Est, des Lumières aux Guerres mondiales »
a pour but d’évaluer la part qu’a occupée le divertissement dans les cultures d’une Europe
moderne et contemporaine souvent absorbée par des interrogations graves (l’art de la guerre,
l’invention des cultures nationales, l’édification des empires, la maîtrise de la pensée et de la
technique). On entend parcourir dans toute son ampleur le spectre sémantique du terme
« divertissement », allant du plan théologique et métaphysique (le divertissement comme
inscription dans le monde, contre le Ciel) jusqu’au registre de la futilité et des plaisirs simples de
la distraction : entre ces deux extrêmes, une multiplicité de synonymes (diversion, subversion,
loisir, oisiveté), une multiplicité de stratégies, de pratiques, et d’institutions sociales. Dans quelle
mesure constituent-elles l’envers de la grande histoire, et des grands récits que l’on en fait ?
On s’intéressera surtout à la circulation des figures de la culture du divertissement d’Ouest en
Est, depuis le XVIIIe siècle jusqu’aux guerres mondiales : le succès et les reprises de la culture
légère diffusées jusque dans les cultures d’Europe centrale et orientale – pour en saisir non
seulement la cohérence historique mais aussi les trajets de sa diffusion européenne.
Du point de vue de l’histoire sociale, on proposera d’en comprendre les fonctions
(divertissement ? diversion ? catharsis ? relai expressif palliant aux impasses des discours ?). Du
point de vue esthétique, on tentera de comprendre comment s’articulent deux aspects a priori
inverses : la légèreté et la trivialité. Opposées l’une comme l’autre à l’esprit de sérieux, elles
suivent des stratégies et recourent en effet à des procédés différents, voire contraires.
Ce premier colloque, « La popularisation du divertissement, un transfert culturel d’ouest
en est (XVIII-XIXe siècles) », a pour but d’éclairer le passage d’Ouest en Est de formes
« classiques » de la culture du divertissement consacrées depuis la Renaissance : genres littéraires
(héroïcomique, parodie, satire, épigramme etc.), media (revues, feuilles volantes, volumes, théâtre,
cabaret, photographie, cinéma) et modalités (cultures canonisées, cultures fortuites, phénomènes
de mode etc.), elles sont souvent référées à des précédents antiques, retravaillées par les cultures
de l’Europe occidentale (italienne, espagnole, française, anglaise), souvent transmises par la
culture allemande et peuvent être considérées comme les vecteurs par lesquels ces dernières
deviennent à leur tout des modèles. Dans quelle mesure ces formes sont-elles imitées, adaptées,
parodiées ?
On tentera de qualifier ce passage : s’agit-il de réception, dans la logique de l’école de
Constance, pour laquelle, selon Ingarden et Iser, le lecteur participe à la constitution de l’objet
dont il s’approprie ? de transfert culturel, étayé, selon Michel Espagne et Michael Werner, non
seulement par la diffusion des œuvres mais aussi grâce à des pratiques culturelles et un réseau
d’institutions et de sociabilités (écoles et universités, cercles de lecture et bibliothèque,
associations, etc.) qui les rendent possibles ? ou faut-il, dans la logique d’études postcoloniales
appliquées à la redéfinition du champ culturel transeuropéen, parler d’acculturation et de
diffusion de modèles de cultures dominantes ?
Le critique peut s’engager dans l’une de ces voies ou tenter de le concilier. Dans tous les
cas, il est invité à comprendre les réseaux (de lecture voir de traduction) par lesquels ces modèles
sont diffusés et à identifier la culture qui leur est confrontée : quelle est-elle ? s’agit-il d’une
« culture locale », « populaire », destinée à subsister à leur rencontre comme un « substrat » ?
existe-t-il par ailleurs une culture érudite cultivant l’héritage classique et surtout antique de façon
éventuellement divergente du canon occidental ? comment les reçoit-elle ? Comment, par
exemple, le récit auto-référentiel « à la Sterne », « à la Diderot », consacrant l’ironie du narrateur
en élément essentiel du texte, intègre-t-il (ou non) des éléments propres aux cultures d’Europe
centrale et orientale auxquelles il s’impose : motifs, personnages, dispositif rhétorique propres à
leurs textes canoniques, mais aussi à leur folklore et leur culture orale ? Quels sont les itinéraires
par lesquels ses modèles se diffusent (on pense notamment au « modèle russe » irradiant en
retour toute la deuxième moitié du XIXe siècle.
Une initiative du CIRCE (Centre interdisciplinaire de recherches centre-européennes, www.circe.paris-sorbonne.fr),
composante de l’UMR ORBEM.
Contacts : Xavier Galmiche, [email protected] et Clara Royer, [email protected]