Emile-Bernard-résum..

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Emile-Bernard-résum..
Emile Bernard (1868-1941)
Exposition du Musée de l’Orangerie jusqu’au 5 janvier 2015
"A l'heure qu'il est, 1918, j'ai cinquante ans, j'ai produit environ deux mille tableaux, vingt livres, romans, critique, philosophie dont quelques-unes seulement sont
éditées, près de mille gravures sur bois et eaux-fortes, plus de cent mille vers, plus de trois mille dessins : j'ai en outre innové dans le meuble et la tapisserie. J'ai
fait connaître Cézanne et Vincent van Gogh. J'ai dirigé plusieurs revues d'art. J'ai parcouru dix nations, visité plus de cent musées, lu un grand nombre d'ouvrages
et presque tous les chefs-d'œuvre. Je n'ai rien épargné pour connaître et faire aimer et défendre le Beau. Pourtant je suis quasiment inconnu." Emile Bernard
Peintre, graveur, mais aussi critique d'art, écrivain et poète, Emile Bernard est une personnalité majeure dans l'élaboration de l'art moderne. Les mutations
successives de sa longue carrière protéiforme participent à chaque fois d'une redéfinition de la personnalité et remettent en cause la notion même de style.
Bernard entre, dès 1884, à l'Académie Cormon, où il rencontre Toulouse-Lautrec, Anquetin et Van Gogh et d'où il est renvoyé en 1886 pour indépendance
d'esprit, de discipline. (Photo Atelier Cormon vers 1885)
L’Heure de la viande, 1885-1886, Pastel et gouache, collection particulière il s’agit d’une scène nocturne dans un cabaret
montmartrois. L’atmosphère sombre est rendu par le support (papier d’emballage) , la tonalité triste des pastels utilisés.
Août, 1886 Huile sur panneau, Musée des Beaux-arts de Quimper Déjà il étudie l'œuvre de Cézanne. Ses œuvres de jeunesse sont
proches de l’impressionnisme
Du synthétisme au symbolisme Il voyage en 1887 en Normandie, puis en Bretagne avec Anquetin et, séduit comme lui par la " japonaiserie ", cherche à
simplifier et à cloisonner les plans colorés. A Concarneau, il rencontre Schuffenecker qui le recommande à Gauguin. A Pont-Aven, Gauguin et Bernard partagent
leurs recherches sur la simplification radicale des formes, l'abandon de la perspective traditionnelle, et la peinture en aplats colorés enfermés dans un cerne
rappelant le cloisonnement du vitrail. A la fin des années 1880, il inaugure le style cloisonniste, dont on sait l'importance qu'il revêtira chez Gauguin et Van Gogh,
dont Bernard fut proche, mais aussi chez les Nabis.
Pot de grès et pommes, 1887-1888, Huile sur toile, musée d’Orsay, Paris première recherche à teinte plate et de
simplification 1887 - Hommage à Cézanne mais avec une tendance à enfermer la couleur dans un cerne. A la recherche d'une peinture pure, en réaction
contre le naturalisme, mais aussi à l'impressionnisme et la dissolution des formes, Emile Bernard expérimente de nouvelles façons d'exprimer l'espace et les
contours. Ce tableau est d'ailleurs annoté au dos : "Premier essai de Synthétisme et de Simplification 1887". Par la composition, le choix des fruits et des objets
représentés, Bernard manifeste dans cette toile son admiration pour Cézanne dont il voit des oeuvres dans la boutique du père Tanguy. Mais Pots de grès et
pommes rend également compte des recherches propres à l'artiste pour simplifier et cloisonner strictement les différents plans colorés qu'il cerne d'un trait noir.
La profondeur est suggérée par les ombres et la succession de trois bandes horizontales colorées, au centre desquelles se détachent fruits et pots modelés par la
couleur et la matière.
Nature morte - cafetière bleue et oranges sur une table verte, 1888, h/t, Kunsthalle, Brême admirée par V van Gogh.
Après-midi à Saint Briac, 1887, Huile sur toile, Aarau, Aargauer Kunsthaus Peinte au pétrole cette œuvre porte au rêve. Elle est
signée nemo, un pseudo parfois utilisé, notamment sur l’affiche du café Volpini).
Chiffonnières - Clichy, 1887, Huile sur toile, musée des beaux-arts de Brest Il joue un rôle essentiel dans la réflexion et l’évolution
picturale du symbolisme. Il connaît les différents courants et tendances - impressionnisme, néo-impressionnisme, japonisme…
Le Pont de chemin de fer à Asnières, 1887, Huile sur toile, New York, Museum of Modern Art Ses œuvres sont caractérisées
par la pureté esthétique de la ligne, de la couleur et de la forme. Il a rencontré Signac, mais n’adhère pas à sa conception picturale. A la différence de van Gogh, il
ne fragmente pas la touche.
Van Gogh Ponts sur la Seine à Asnières (4B), 1887, Sammlung Bührle, Zürich
Vincent (34 ans) de dos, attablé face au jeune Emile (18 ans), l’hiver de 1886
Ma grand-mère, 1887, Huile sur toile, Amsterdam, Fondation Vincent Van Gogh les traits sont soulignés par le cerne. Elle est
importante pour Bernard, car elle l’a soutenue et lui a prêté de l’argent pour construire son atelier à Asnières. Pour van Gogh c’était « du meilleur Rembrandt »
Van Gogh La vieille arlésienne 1888
Portrait de Julien Tanguy (le « Père Tanguy »), 1887, Huile sur toile, Bâle, Kunstmuseum Bernard a vu travailler Vincent van
Gogh à l’atelier Cormon avant de le rencontrer chez le père Tanguy, leur marchand de couleurs. Très rapidement, malgré leur différence d’âge - Bernard a 20 ans
- ils deviennent très proches, et Bernard vient souvent passer ses soirées à l’appartement de la rue Lepic. En septembre, ils travaillent ensemble à des portraits
du père Tanguy.
Van Gogh Portrait du père Tanguy 1887 Musée Rodin
À Pont-Aven, en août 1888, il retrouve Gauguin et le stimule par l'audace théorique de ses œuvres. Cette période est marquée de jalons vers la modernité.
Vue de Saint Briac avec linge séchant sur un coteau vert, 1888, Huile sur toile, Collection particulière La touche est
visible, géométrique, le point de vue remonte. En 1937, Bernard visite une exposition, où cette toile est attribuée à Gauguin !!! Il lui faut passer par un procès pour
en récupérer la paternité.
La moisson d’un champ de blé, 1888, Huile sur toile, musée d’Orsay, Paris offert à M.J. Gloanec. On voit que Bernard cherche la
stylisation, le synthétisme. Le paysage, les meules, les maisons et les hommes sont traités largement en éliminant les détails pour ne conserver que les formes
colorées qui rythment la toile.
Bernard se dispute avec Gauguin sur les questions artistiques. Il reproche à Gauguin de s'attribuer le cloisonnisme qu'il a théorisé. La rupture a lieu en 1891. Le
premier quittera la France pour l’Egypte abandonnant ses recherches picturales pour un style classicisant. Le second poursuivra ses recherches de symbolisme et
de primitivisme à Le Pardon, les Bretonnes dans la prairie, 1888, Huile sur toile, collection particulière
La vision après le sermon, 1888, Huile sur toile, Edimbourg, National Gallery of Scotland
Madeleine au bois d’Amour, 1888, Huile sur toile, musée d’Orsay, Paris Il représente sa sœur âgée de 17 ans, allongée dans le Bois
d'Amour à l'orée du village de Pont-Aven. Le corps de la jeune fille occupe toute la largeur de la toile divisant la composition en deux parties : un paysage, peint
en atelier d'après des études réalisées sur place, occupe les 2/3 de la toile et la jeune gisante est également peinte en atelier. Les deux parties coexistent sans
unité malgré le parallèle calculé entre l'attitude de Madeleine et la rivière Aven qui coule derrière les arbres. La lumière, la touche, les couleurs sont différentes.
Elle apparaît plongée dans une rêverie, écoutant les voix divines de la nature. Tous ces troncs sont comme des colonnes et rappelle le poème de Baudelaire : La
Nature est un temple où de vivants piliers, /Laissent parfois sortir de confuses paroles… (les Fleurs du mal IV)
Portrait de ma sœur Madeleine, 1888, Huile sur toile, Centre national des arts plastiques, Paris le visage est décoratif et non
imitatif, le style étant supérieur au sujet. Le visage apparaît comme un masque, et l’arbre à l’arrière comme sortant des pensées de la jeune fille.
La marchande de rubans, vers1888-1890,
Huile sur toile, musée d’Orsay, Paris c’est encore Madeleine qui pose pour cette scène
rythmée par les rubans.
Bretonneries . Page de titre, 1889, zincographie colorée à l’aquarelle.
Un Cauchemar vers 1889 Folio 18 Album ayant appartenu à Paul Gauguin - au crayon noir Musée du Louvre (C'est ici
Schuffenecker / celui-ci c'est Bernard / celui-là, c'est Gauguin ;)
Autoportrait, 1890, Huile sur toile, musée des Beaux-arts, Brest Presque chaque année, de 1886 à 1941, Emile Bernard peint son
autoportrait. C'est pour lui l'occasion de manifester son évolution stylistique et d'exprimer ses états d'âme. Comme Gauguin, (Gauguin Portrait de
l'artiste au Christ jaune Entre 1890 et 1891 Paris, musée d'Orsay), il s’autocite et se représente dans un style cloisonniste. A l’arrière
on aperçoit des nus féminins. Ce sont les toiles de son atelier à savoir : Baigneuses à la vache rouge, 1889, Huile sur toile, musée
d’Orsay, Paris & Baigneuses aux nénuphars, 1889, daté par l’artiste 1887 huile sur toile, collection particulière Assez
radicale esthétiquement parlant, elle fut achetée par Vollard (127 tableaux !)
Le Christ décloué de la croix , 1889-1890, Huile sur toile, collection particulière il revient à une peinture proche du style médiéval
Le Christ au jardin des Oliviers 1889-1890 localisation inconnue
Autoportrait avec allégorie sur le siècle, dit aussi Vision, 1891, Huile sur toile, musée d’Orsay, Paris est particulièrement
révélateur de la situation dans laquelle se trouve Bernard à ce moment précis, et de l'inflexion nouvelle qu'il donne à son art. L'artiste traverse en effet alors une
période de solitude et de remise en cause. Il vient de perdre son ami Van Gogh et a rompu avec Paul Gauguin, sans que l'importance de son rôle au sein de
l'école de Pont-Aven n'ait été reconnue. Sa vie sentimentale n'est pas plus heureuse et Bernard, en proie à de nombreux doutes, se tourne vers une expression
mystique et religieuse, très sensible dans cette surprenante composition à double registre. Au premier plan, on reconnaît Bernard tel qu'il s'est toujours
représenté, avec son large front, sa moustache et son bouc. Son regard introspectif, les tons sombres, témoignent de son inquiétude et de ses interrogations. Le
buste du peintre se détache devant un fond rouge onirique, dominé par une figure christique, et peuplé de baigneuses. Celles-ci sont issues des propres tableaux
de Bernard, peints de 1887 à 1890, dans lesquels s'exprime sa profonde admiration pour Cézanne. En pratiquant ainsi l'autocitation, Bernard revendique son
statut d'artiste. En puisant dans l'imaginaire symboliste et en faisant cohabiter différents registres narratifs, Bernard livre avec son Autoportrait symbolique une
œuvre charnière. Il ouvre la voie à une certaine modernité expressive.
Portrait d’Eugène Boch, janvier 1891, Huile sur toile, Daniel et Laetitia Malingue annonce Modigliani. Très géométrique. C’est un
proche d’Emile Bernard, rencontré chez Cormon. Bernanrd l’incitera à créer une collection (plus de 700 œuvres modernes).
Un bordel , 1892, h/t, cp elles attendent le client. Emile Bernard est équivoque : très religieux, il aimait trop les femmes aussi !!!
Dans le parc d’autrefois, 1892, Huile sur toile, collection particulière une histoire médiévale traitée comme une tapisserie
S’il s’essaie à différents styles, il revient à ce style cloisonniste qui a fait son succès.
Bretonnes à la chapelle du Pardon , Pont-Aven, 1892, Huile sur toile, collection Bruce Toll, Palm Beach
Le marché aux cochons, 1892, Huile sur carton marouflé, cp avec ce cheval rouge (le premier de la peinture moderne ?)
Bretonnes aux ombrelles, 1892, Huile sur toile, m Orsay, est un écho à Un dimanche après-midi à l'île de la Grande Jatte de Georges Seurat.
Période égyptienne, le dépaysement « Ma vraie patrie était cette terre mystique de l’Égypte, sensuelle et grave, austère et aimable, où tout
a gardé la noblesse grandiose et naturelle de l’hiératisme. Telle fut ma pensée, et telle elle restera toujours, car jamais rien ne la peut modifier à cet
égard, depuis vingt années. L’Orient m’a fait comprendre l’Antiquité, la beauté plastique, le platonisme, les civilisations disparues et adorées. C’est
en Orient que le Christ est venu et que les saveurs symboliques et pieuses répandent encore leurs douceurs fraternelles. On y vit en commun, on y
exerce l’hospitalité, on y garde les manières courtoises et les gestes gracieux. Que de jours j’ai passés à me griser de cette patrie supérieure !» In
les Propos sur l’art
Après la controverse sur l'invention du symbolisme en peinture, qui l'oppose violemment à Gauguin, Bernard voyage en Italie, Grèce, Turquie, Egypte et s'installe
jusqu’en 1904 au Caire où il reconsidère la stylisation schématique et la recherche de primitivisme symboliste. Avant de partir, il expose à la Rose croix.
L'historiographie a considéré que la seconde partie de carrière, très précoce, était à jeter aux oubliettes : orientalisme, nus réalistes de bordels, visions
édulcorées de la misère ne correspondent guère à la vision de l'art moderne, cru, engagé, défiant les conventions. L’Orient est alors source d’inspiration. Et il
offre des tableaux très différents par leur traitement pictural et par leur gamme chromatique
Portrait d’Emile Bernard avec sa femme Hanenah, (autoportrait au turban jaune), 1894, mba, Quimper il se marie avec
une une très jeune fille, Hanenah Saati et s’installe dans le quartier arabe du Caire. C’est une période difficile, où il ne vend pas. Il réalise des
fresques pour les frères missionnaires de Lyon dans différentes chapelles ; fresques qui ont disparues maintenant.
Emile Bernard 1896 au Caire en costume local - Emile Bernard et sa femme, Hanenah et leur fils, Otse , 1896. Black
and White Photograph. Cairo
Fête arabe, 1894, musée du Quai Branly Peinte à la détrempe qui est plus une scène de pleureuses dans une cour intérieure.
Femmes puisant de l’eau , 1894, Tempera sur toile, collection particulière
Abyssine en robe de soie , 1895, h/t, musée du Quai Branly, Paris il revient à la tradition tout en annonçant les prémices de Matisse
Il est à l’époque ébranlé par la mort de sa sœur Madeleine qui était venue le rejoindre au Caire. En 1897, il est en Espagne pour que son fils recouvre sa santé et
retrouve à Séville Ignacio Zuloaga. Et il s’arrête sur la peinture XVIIe, les scènes de genre, les miséreux et notamment les Zurbarán. Picasso a t il vu ce tableau,
exposé chez Vollard ?
Les mendiants espagnols, 1897, Huile sur toile, collection particulière On ne peut que penser au jeune Picasso, lorsque l’on regarde
les toiles espagnolisant
Autoportrait au vase de fleurs, 1897, h/t, dépôt du Rijksmuseum au musée Van Gogh, Amsterdam proche de la période bleue
de Picasso.
Vision d’Egypte, 1898-1899h/t de lin, cp En 1898, il commence un travail décoratif. Il utilise le poncif mais finit par s’en ennuyer !
Portrait de Mademoiselle Coste , 1897, Huile sur toile, cp cette grammairienne était très liée à Bernard, elle lui a apporté un soutien moral. Il
réalise ce portrait dans la plus pure tradition XIXe, avec un retour au modelé, des drapés, des couleurs précises… comme un retour à l’ordre.
Les Trois Races, 1898, Huile sur papier marouflé sur toile, The Los Angeles County Museum of Art, Los Angeles ce sont
des pensionnaires de maisons closes qui posent pour lui en atelier. C’est une anti-image du bordel telle que la tradition l’avait constituée. Bernard donne ici une
note sur le thème de la tristesse de la chair.
La découverte des maîtres anciens l'incitera cependant à renouer avec la tradition.
L’Annonciation, 1899, Huile sur toile, cp En 1899, il peint deux Annonciations dans des styles différents. Celle-ci rend hommage à Zurbaran.
Femmes au bord du Nil , 1898-1900 Huile sur toile, Lille, Palais des Beaux-Arts Achat Jamot
Autoportrait, 1901, Huile sur toile, Palais des Beaux-arts, Lille Tableau manifeste, Bernard y a inscrit un quatrain : L’art peut te
sauver/De l’abîme où tout tombe ;/Ecris, Peinds (sic), sculpte, rêve/Il faut vaincre la tombe. On remarque qu’il se rapproche de Cézanne dont il a pu étudier le
fonds chez Vollard.
Portrait de Cézanne par lui-même (1879-82) (Berne, Kunstmuseum)
Portrait d’Andrée Fort Vers 1901 - 1902, h/t Cp ( Madame Cézanne en bleu c. 1886 The Museum of Fine Arts,
Houston) Il rencontre et tombe follement amoureux d’Andrée Fort, la sœur du poète. Elle est pianiste. Il la ramène au Caire (et ils auront 3 enfants) et ne
l’épousera qu’en 1938 après la mort de sa femme Hanenah. Il part avec elle en 1903 à Venise et étudie les grands maîtres de la Renaissance : Titien, Tintoret…
et travaille comme eux sur des toiles épaisses.
Femmes et enfants à Venise, 1903, h/t CP Il reviendra à Venise en 1922, représentant la France à la Biennale.
Retour en France En 1904 il revient en France à Marseille puis Aix où il rencontre Paul Cézanne. Bernard fut un précurseur du « retour à l'ordre », et de
retour en France, il publie des témoignages fondamentaux sur Cézanne (il écrit un entretien de 20 pages sur la compréhension de la recherche du maître d’Aix) et
des écrits esthétiques remettant en cause les avant-gardes au nom de la tradition picturale. Dans La Rénovation esthétique, publiée entre 1905 et 1910 à son
retour en France, après avoir quitté l’Égypte, Emile Bernard expose ses idées sur la valeur de la tradition dans le renouveau de l’art actuel et s’oppose aux
courants dominants. À ce moment de sa carrière, son opinion sur l’évolution de l’art depuis l’impressionnisme est très critique. Il veut rétablir la peinture sur des
bases influencées par les grands maîtres de la Renaissance, Le Titien, Le Tintoret, Michel-Ange... Mais, loin de se définir par un traditionalisme suranné, son art
porte toujours la marque d'une personnalité curieuse et tourmentée, à la recherche de l'absolu artistique.
Tonnerre vue des hauteurs, 1904, Huile sur toile, Fine Arts Museum, San Francisco avec un point de vue très cézannien mais aussi
une thématique : le paysage.
Cézanne Quartier Four, Auvers-sur-Oise c. 1873 Philadelphia Museum of art
Tonnerre les deux églises, 1904-1908, Huile sur toile, collection particulière il tourne autour de Tonnerre comme Cézanne autour
d’Auvers.
1905 La Rénovation Esthétique il fonde une nouvelle revue littéraire et artistique, dans lequel il publie sous des noms d’emprunt nombreux.
Autoportrait, 1912 Huile sur toile, collection particulière il revient au portrait d’apparat et s’inspire de la nature, en rupture avec la peinture
des années 90.
El Greco, portrait du fils de l’artiste Jorge Manuel , ca 1603, Museo Provincial, Séville
Jeune vénitien , 1924-1925, Huile sur carton, collection particulière renvoie à Manet et Titien. Il est à Venise avec son futur gendre,
André maire, et il s’agit là d’une de ses élèves qui posera pour son grand « Cycles humain », représentant les 4 âges de l’humanité.
Portrait de Mme B. , 1938, Huile sur contreplaqué, collection particulière épouse de l’avocat qui l’avait aidé à récupérer son tableau
(Vue de Saint Briac avec linge séchant sur un coteau vert, 1888, CP) . Elle est traitée dans le style de Véronèse. Mais le détail du
vernis à ongles, l’ancre dans la période contemporaine. Elle habitait quai Bourbon, sur le même palier que l’artiste.
Montée au calvaire, vers 1925-1930 Huile sur papier marouflé sur carton, Centre national des arts plastiques, Paris il
revient à la peinture de Titien, Tintoret, Greco, dans le plus pur ténébrisme.
Bernard revient à la tradition, dans un esprit de retour à l’ordre et le nu est par excellence un genre où le peintre peut travailler et retravailler. Depuis 1904, il ne
veut par céder à trop de modernité et il revient sur les maîtres. En 1922, il est en Italie. Gravement malade à Gênes, il va alors concevoir "le cycle humain". Son
obsession est de réaliser un grand projet qui fera de lui le maître du symbolisme chrétien. A travers quatre grandes toiles, il entreprend cette vaste réalisation, dès
son arrivée à Venise, dans l'atelier d'André Maire qui l'aidera. Michel-Ange lui inspire Dieu le père, les fortes musculatures… en revanche la palette est vénitienne
Le Cycle humain - Venise, Fondazione Musei Civici di Venezia La construction du temple de Jérusalem - Les Héros et
les Dieux - Le Christ guérissant les malades - Le Doute
Les Nus Avec les Nus académiques il revient aux règles fondamentales de la peinture. Lovis Corinth ne considérait-il pas ce genre comme le "latin de la
peinture" ?
Deux nus, 1902, Huile sur toile, Collection particulière on est là dans l’univers de Courbet avec la nature morte explicite d’érotisme. C’est
Andrée Fort le modèle. Mais Bernard fait appel aussi à d’autres référence comme Hodler qu’il a vu au salon des Rose croix en 1892.
Ferdinand Hodler – La Nuit , 1889-1890 Berne, Kunstmuseum.
Le repos du berger, vers 1905 Huile sur toile, musée d’Orsay, Paris un jeune homme assis auprès d’une nymphe endormie - et
callipyge -, dans un paysage arcadien, trahit bien sûr la fascination de l’artiste pour Titien, Poussin également, et peut être comparée à d’autres peintures de lui.
(Achat 2012 par Orsay)
Après le bain, 1908, musée d’Orsay déposé au Palais des Beaux-Arts de Lille, Acheté par Paul Jamot, il est donné en 1931, au
musée du Luxembourg. Jamot avait rencontré Bernard au Caire et il était intéressé par cette peinture du Retour à l’ordre. Il s’agit de la même femme vue sous
trois aspects différents toutes en courbe et contre-courbe, dans un paysage, servant de toile de fond. C’est une ode à la beauté humaine en parallèle à la beauté
de la nature.
La Famille à Tonnerre, dit aussi La Famille, vers 1908-1910 Huile sur toile, collection particulière sur un paysage urbain
(Tonnerre), une femme de dos partage l’image en deux. Il s’agit d’Andrée avec à gauche les filles qu’elle a eues du peintre (Milandre, Michel-Ange et EmilienneElisabeth) et à droite deux des enfants d’Hanenah (Antoine et Irène). La domestique de la famille serait à l’arrière plan et le peintre ferme la composition. Il se
représente en donateur.
Scènes de bordel, vers 1930, Huile sur toile, collection particulière Il a réalisé à partir de la fin des années ’20 beaucoup de grands
tableaux inspirés de la vie des maisons closes. La plupart de ces œuvres semblent perdues et celles restant sont très endommagées. On est loin de l’atmosphère
de Toulouse Lautrec ou Degas.
Les Nus (Baigneuses), 1926, Huile sur toile, collection particulière il multiplie les attitudes recherchant l’harmonie des poses. Il a vu les
baigneuses de Cézanne dans l’atelier d’Aix. Il reprend le thème, la verticalité des baigneuses, mais avec un modelé des chairs par la lumière, un équilibre des
formes, une rigueur de la composition.
En se retournant sur le passé, Émile Bernard était peut-être un précurseur, annonçant le retour à la tradition classique de Derain et de nombreux artistes. Je n’ai rien épargné pour connaître et faire aimer et défendre le Beau 

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