Le Mathematikum à Giessen

Transcription

Le Mathematikum à Giessen
Le Mathematikum à Giessen
Mathematik macht glücklich !
(les mathématiques rendent heureux)
www.mathematikum.de
Prof. Martin Buhmann
Université de Giessen
[email protected]
Le Mathematikum est le premier et le plus grand des musées dédiés aux mathématiques
dans le monde. Il a été inauguré le 19 novembre 2002 par le président de la république
Johannes Rau, date à laquelle il a entamé une success story qui ne se dément pas puisqu’il
totalise à ce jour plus d’1,8 millions de visiteurs.
1. Quelques données pratiques
D’une superficie de 1200 m², le Mathematikum recèle plus de 160 installations interactives.
Il est ouvert tous les jours de l’année, à l’exception des 24, 25 et 26 décembre. Il accueille
environ 150 000 visiteurs chaque année. Ses visiteurs constituent un panel de population
relativement varié : jeunes, seniors, groupes (40), familles. Les visites sont généralement
longues et multiples : les visiteurs reviennent souvent avec des amis. Le tarif d’entrée en
2015 est de 7,5€ (tarif réduit 6€, tarif famille 15€).
Son dynamise lui a permis d’atteindre l’autonomie financière, le Mathematikum ne reçoit
pas de subvention et comporte environ 80 salariés.
2. L’histoire
Tout a commencé dans le séminaire « Geometrische Modelle » du professeur Beutelspacher
à la Justus-Liebig-Universität de Gießen en 1993.
Le Professeur Beutelspacher qui organisait ce séminaire pour les futurs enseignants ne
donnait aux participants que deux consignes à suivre :
 Construis toi-même un modèle géométique ;
 Explique les mathématiques qui s’y cachent.
Les participants se sont emparés de ces injonctions avec une telle ardeur et ont créés des
modèles si remarquables que les choses ne pouvaient en rester là !
Une première exposition intitulée « Geometrische Modelle - Mathematik zum Anfassen»
(Modèles géométriques – mathématiques à toucher) s’est donc déroulée du 21 février au 7
mars 1994, présentant des objets mathématiquement signifiant comme « Tétraèdre dans
un cube », « tout droit, mais pourtant rond », « les solides platoniciens », « disques égaux
et ruban de Moebius ». Cette exposition a attiré 1500 personnes dont 30 classes. Elle fut
ensuite installée en 1995 pendant 2 mois à Nürnberg, puis elle a voyagé dans toute
l’Allemagne et à l’étranger rassemblant en tout plus 1,5 millions de visiteurs.
Ce premier séminaire avait été si fructueux qu’il fut reconduit, dans le but déclaré, cette
fois, d’alimenter une autre exposition , plus grande, qui sera installée en 1996. C’est dans
cette nouvelle exposition qu’apparaissent pour la première fois les termes de « musée
mathématique ». Les pièces maîtresses en seront l’échiquier géant et la tente en forme d’un
dodécaèdre rhombique . C’est à cette époque qu’une association se crée pour promouvoir
la création d’un musée mathématique et que l’université prend des contacts pour en
envisager la création, à Giessen. Il reste toutefois à vérifier qu’un musée mathématique
peut être un modèle économique viable.
En 1998, la nouvelle exposition « Mathematik zu anfassen » est invitée pour être exposée à
Berlin lors du congrès international des mathématiques (ICM). Elle sera vue et appréciée en
tout par 10 000 personnes, allant des écoliers du cours préparatoire aux plus importants
mathématiciens du monde. Cela permettra de dissiper les derniers doutes : le concept
marche !
Une subvention d’1 million de DM sera débloquée vers la fin 2000 pour la construction du
musée. La ville de Giessen décide alors en 2001 l’achat d’un ancien bâtiment administratif
des douanes et le met gratuitement à la disposition de l’associatioiin.
L’exposition qui se tiendra en 2001 constituera le dernier test avant l’ouverture du
Mathematikum. Beaucoup de nouveautés y seront testées : ainsi, l’entrée sera augmentée
et fixée à 5 DM, on pourra y acheter des livres, des T-shirts aussi bien que des snacks et des
boissons. Une question revient sans cesse chez les visiteurs : quand ouvrira le musée
mathématique ?
Le 7 février 2002, le coup d’envoi des travaux pour la réalisation du Mathematikum est
donné. Ce musée sera installé dans un ensemble de 3 bâtiments abandonnés par les
douanes et réhabilités par l’architecte Peter Diehl en seulement 9 mois. Le 19 novembre
2002 le Mathematikum ouvre ses portes. La présence du président de la République,
Johannes Rau, donne à cet événement une extrême visibilité. Le Mathematikum
commencera avec 50 installations qui sortiront toutes de ses ateliers. Initialement seuls le
rez de chaussée et le premier étage étaient ouverts, mais progressivement, le
Mathematikum va s’agrandir et deux étages supplémentaires seront ouverts au public le 5
novembre 2003.
La réussite est fulgurante. Tous les pronostics sont dépassés. Les visiteurs de la première
année estimés à 60 00 seront en réalité plus du double. Cette fréquentation explique
l’agrandissement rapide du musée.
En 2004 a lieu la première exposition « Kunst im Mathematikum » où seront exposées les
œuvre de James Rizi. Ce principe a été conservé et chaque année le Mathematikum abrite
une exposition d’art. Les objets d’art sont disséminés dans le musée de façon à ce que les
installations mathématiques et artistiques se complétent.
En 2009 a lieu l’ouverture du mini-Mathematikum à destination des enfants de 4 à 8 ans.
Les plus jeunes enfants peuvent ainsi expérimenter également les mathématiques ce qui
leur était plus difficile dans le « grand »-Mathematikum.
3. Les expositions du Mathematikum
Le Mathematikum présente des installations en liaison avec tous les domaines des
mathématiques : géométrie, arithmétique, probabilités, fonctions, histoire, … Ces
installations sont prévues pour pouvoir être prises en main à tout âge et à tout niveau.
Chaque installation présente un aspect important des mathématiques. Les améliorations, du
point de vue de la qualité ou de la quantité des installations sont constantes.
Ces installations sont techniquement simples : elles ne recèlent pas de mécanisme caché,
pas d’électronique. Les animations ne contiennent pas d’effets stimulant superficiellement
l’intérêt (fumée, jeux de lumières, sons, jeux d’ordinateurs, cinéma IMAX, …).
La réussite du Mathematikum s’explique en grande partie par la démarche de qualité qui a
été adoptée :
 Les visiteurs sont pris en compte, ils peuvent choisir les expériences qu’ils font, le
temps qu’ils y passent, leur niveau de compréhension, des explications sont données
à la demande ;
 Les mathématiques sont prises au sérieux : les phénomènes scientifiques présentés
ne sont pas triviaux ;
 Les conditions matérielles font l’objet d’une extrême vigilance : les bâtiments sont
propres et restaurés régulièrement, toutes les installations fonctionnent.
Les visiteurs quittent le Mathematikum satisfaits, validant ainsi la devise du musée :
Mathematikum macht glücklich !
C’est un fait avéré que beaucoup d’enfants, à priori rétifs au concept et ayant manifesté
leur déplaisir d’être traînés par leurs parents à un musée mathématique en ressortent à leur
corps et cœur défendant tant ils se passionnent pour les activités présentées. Leur
commentaire à la sortie est en général : « Quel rapport y a-t-il avec les maths ? »
4. Le Mathematikum s’exporte
Le Mathematikum développe et fabrique des installations pour d’autres institutions
(Universum Bremen, Phaeno Wolfsburg, Technische Sammlungen Dresden, Technikmuseum
Berlin, Technorama Winterthur, Rami Koc-musueum Istanbul, …)
Le Mathematikum voyage. Il existe trois copies itinérantes de ses expositions qui circulent en
Allemagne (principalement dans les écoles), en France (Goethe Institut, Cité des sciences),
mais également partout en Europe, et même en Ouzbekistan, en Russie, au Canada, en
Corée du Sud,…