Table-ronde-UNIL-tirage-au-sort-politique

Démocratie ou gouvernement représentatif ?
La perspective du tirage au sort
avec
Dimitri Courant (doct. UNIL, IEPHI-LAGAPE et Paris 8, CRESPPA-CSU)
et Charly Pache (Génération Nomination, initiant)
organisation Luca Bagiella (réseau conscienceS-citoyenneS)
Jeudi 22 septembre 2016, 18h00 (Géopolis, UNIL, salle n°4799)
« Le législatif se doit d’être l’exact portrait en miniature du peuple dans son
ensemble » John Adams, 2e président des Etats-Unis d’Amérique.
Le but de cette table ronde sera de faire dialoguer deux conceptions de la démocratie
par le tirage au sort. D’une part, une « conception académique » représentée par D.
Courant, doctorant en science politique réalisant sa recherche sur cette question, et,
d’autre part, une « conception militante » représentée par un membre actif du
collectif suisse Génération Nomination qui porte l’initiative populaire sur ce thème.
Présentation de l’initiative (Charly Pache, GéNomi) :
« En Suisse, comme dans de nombreux pays, les Parlements devraient être
représentatifs de la population. Hors le profil sociologique majoritaire des député-e-s
élu-e-s est celui des Suisses les plus aisé-e-s. Pourquoi ? Parce que le processus qui
mène au sommet des listes électorales nécessite beaucoup de temps et d’argent. Ce
système inégalitaire rend la députation quasiment inaccessible à tous les candidats
sans grands moyens financiers ni soutiens importants, peu importe leurs
compétences. Remplacer les élections pour une des deux chambre du Parlement, le
Conseil national, par une nomination aléatoire parmi tous les citoyen-ne-s permet de
partager les responsabilités et d’obtenir une meilleure représentativité de la
population dans les parlements. Cela permet de remplacer la carrière politique par
l’accomplissement d’un service civique. Cela permet de faire en sorte que ce ne soit
plus ceux qui détiennent le pouvoir économique qui détiennent également le pouvoir
politique ».
Mise en perspective scientifique (D. Courant, UNIL & Paris 8) :
Il n’y a pas qu’en Suisse ni que depuis peu que le tirage au sort est avancé comme une
piste pour renouveler la démocratie au XXIème siècle. De nombreux groupes
militants portent cette cause en France, en Belgique, au Royaume-Uni, en Islande ou
encore au Mexique. De même, un certain nombre de chercheurs et d’intellectuels
considèrent le tirage au sort comme une « utopie réaliste » dont les expérimentations
démocratiques concrètes sont fécondes.
En réalité, la démocratie fut basée sur le tirage au sort lors de son invention à Athènes
mais suite aux révolutions américaine et française une nouvelle forme politique
centrée sur l’élection prend son essor et devient hégémonique : le gouvernement
représentatif ; conçu à l’origine en opposition avec la démocratie, il se confond
aujourd’hui avec elle. Mais à l’heure où le système appelé « démocratie représentative
» subi une crise forte, le tirage au sort et son potentiel d’émancipation nous donnent
l’occasion de repenser la politique à nouveaux frais de façon critique.