L`ANIL propose une expertise technique du logement avant achat

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L`ANIL propose une expertise technique du logement avant achat
n° 101 03.2003
g
le magazine de l’environnement sonore
Bâtiment
L’ANIL propose une expertise
technique du logement avant
achat
Lors de son assemblée générale le 28 janvier
dernier, l’Agence Nationale pour l’Information sur
le Logement (ANIL) a présenté les résultats d’une
enquête effectuée en 2002 auprès d’un échantillon de
900 consultants ayant acheté ou vendu un logement
ancien au cours des trois années précédentes.
Il en ressort d’une part que les acheteurs et vendeurs
ne sont pas suffisamment informés des prix du
marché et que d’autre part, les acheteurs sont
trop souvent déçus de leur acquisition une fois la
transaction effectuée.
L’ANIL fait le constat, qu’actuellement, aucune
instance n’est légitime pour exercer une expertise
technique de logement avant achat alors que tous les
acteurs du logement sont d’accord sur l’intérêt d’un
tel diagnostic. Les consommateurs ne sont pas prêts
à payer ; la solution réside peut-être par la mise en
place de nouvelles contraintes réglementaires.
Qualité du bien, déception
fréquente…
Si la réalisation proprement dite de
la transaction ne donne guère lieu
à problèmes, il n’en va pas toujours
de même pour ce qui concerne
l’après transaction. L’enquête menée
sur le marché du logement ancien
le montre bien : le principal sujet
de mécontentement concerne les
« mauvaises surprises » postérieures
à l’achat.
Près d’un quart des acheteurs fait en
effet état de problèmes auxquels ils
ont dû faire face après coup, et qui
ont entraîné des travaux relativement
importants.
La plupart des acquéreurs déclarent
s’être informés de l’état du logement
Echo Bruit
préalablement à l’achat ; cependant,
22 % des personnes interrogées
reconnaissent n’avoir pris aucune
information. On retrouve ici, à peu
de choses près, le constat fait lors
d’une précédente enquête auprès des
copropriétaires : un quart environ des
copropriétaires récents déclaraient en
effet avoir acquis leur logement sans
s’être informés au préalable de l’état
de l’immeuble.
Lorsque l’acquéreur s’est informé, il
s’est le plus souvent borné à interroger
le vendeur et/ou l’intermédiaire. Or,
outre que les informations données par
ces derniers ne sont pas, sauf exception,
fondées sur un avis technique autorisé,
vendeurs et intermédiaires ne sont pas
neutres : ils peuvent donc être tentés
de passer sous silence les éventuels
défauts dont ils pourraient avoir
connaissance.
La réalisation de diagnostics se limite,
dans la plupart des cas, à ce qui est
imposé par la loi : mesurage de la
surface habitable, recherche de la
présence d’amiante, de plomb et, le
cas échéant, de parasites. Très rares
sont les vendeurs ou les acheteurs qui
font réaliser un véritable diagnostic
technique du logement avec évaluation
des travaux nécessaires.
Dans ces conditions, il n’est guère
surprenant que près d’un acheteur
sur quatre indique avoir été confronté,
postérieurement à l’acquisition, à
des problèmes imprévus tenant au
mauvais état du logement ou de ses
équipements, et qui ont nécessité des
travaux importants.
Logiquement, la proportion de
« mauvaises surprises » est plus
importante parmi ceux qui ne se sont
pas informés auprès du vendeur de
l’état du logement et des travaux à
prévoir.
Les problèmes signalés semblent le plus
souvent être d’importance : selon les
acquéreurs qui y ont été confrontés, ils
auraient le plus souvent, s’ils les avaient
connus à temps, remis en cause la
transaction. 26 % d’entre eux déclarent
en effet qu’ils n’auraient pas acheté le
logement, et 57 % qu’ils auraient exigé
une baisse du prix.
Ces problèmes prennent une acuité
particulière lorsqu’ils concernent des
ménages modestes.
Or, une part croissante des opérations
les plus sociales se réalise dans
l’ancien ; ceci justifie un effort de
protection du consommateur, qui, s’il
était généralisé, ne serait pas coûteux.
En d’autres termes, l’intervention
d’une expertise technique, destinée à
informer le particulier sur la qualité du
bien qu’il envisage d’acheter et sur le
coût des réparations qu’il risque d’avoir
à entreprendre, serait très utile et ce
quel que soit le type de financement
mobilisé.
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Reste qu’aucune instance n’est
légitime pour l’exiger. Toutes les
expériences - celle de l’ADEME avec
le diagnostic thermique, comme les
plus récentes conduites par certaines
ADIL avec l’appui des CAF, des PACT
ou de QUALITEL, montrent que le
consommateur français est réticent à
payer, de son plein gré, une prestation
de conseil ou d’expertise, qu’au
demeurant aucun professionnel de la
transaction n’est prêt à encourager.
De surcroît, la dévalorisation de
l’activité commerciale fait qu’il n’est pas
un professionnel en France, banquier,
constructeur ou agent immobilier, qui ne
souhaite se présenter avant tout comme
un conseiller, financier, immobilier ou
patrimonial. Si l’expertise technique
devenait de pratique courante, elle
pourrait n’être pas très coûteuse, les
exemples étrangers le prouvent, et
elle ferait émerger une profession
spécialisée. Mais ceci suppose le
problème résolu, or il n’est pas évident
que dans l’état actuel de nos habitudes,
il puisse l’être sans le recours à la
contrainte réglementaire.
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Au bout du compte, un pourcentage
relativement important d’acquéreurs
(17 %) se déclarent insatisfaits des
conditions dans lesquelles s’est
déroulée la transaction. Pour plus
de 60 % d’entre eux, ce sont les
problèmes rencontrés postérieurement
à l’acquisition qui sont à l’origine du
mécontentement.
Ce constat corrobore les observations
des ADIL, fréquemment consultées par
des acheteurs ayant acquis récemment
un bien qui se révèle, sur tel ou tel point,
en moins bon état qu’ils ne le pensaient,
et devant engager des travaux non
prévus. Ils sont, en général, à la
recherche d’une voie de recours contre
le vendeur ; or, sauf cas de mauvaise foi
flagrante de ce dernier, l’acheteur a peu
d’espoir d’obtenir réparation, puisque
tout défaut pouvant être considéré
comme un vice caché n’est pas censé
être connu du vendeur, qui ne peut donc
être tenu d’en informer l’acquéreur.
La nécessité de trouver une solution
à ce problème avait conduit l’ANIL à
consulter ses partenaires sur ce sujet.
Cette consultation a fait apparaître un
accord unanime sur l’intérêt d’établir
systématiquement, préalablement à la
mise en vente, un diagnostic technique
de l’état du bien. L’objectif serait
d’éclairer l’acquéreur, de façon que ce
dernier, lorsqu’il décide d’acheter un
bien en mauvais état, puisse le faire en
connaissance de cause.
Certains pays ou États ont institué
une obligation de ce type, comme le
Danemark ou la Nouvelle Galles du
Sud en Australie, d’autres s’apprêtent
à le faire : c’est le cas du Royaume-Uni,
où le diagnostic technique constitue
l’élément le plus important du « seller’s
information pack ». Dans ce dernier
cas, le but poursuivi est également
d’améliorer le fonctionnement du
marché.
En France, il s’agirait de passer d’une
logique de normes à une logique
d’information. Certes, le diagnostic
technique devrait englober les
éléments déjà obligatoires concernant
la sécurité du bien (présence d’amiante,
de plomb, ou de parasites) et sa
consistance (mesurage de la surface
en collectif ). Mais il devrait en outre
permettre à l’acheteur de connaître
l’état des principaux éléments du bâti
et des équipements et, par là même, de
pouvoir évaluer les travaux à effectuer.
L’accord des acteurs du logement sur
l’intérêt d’un tel dispositif paraît donc
acquis : toutefois, on voit mal comment
il pourrait se mettre en place de façon
systématique sans l’intervention des
pouvoirs publics.
L’ANIL a engagé une étude sur les
pratiques des autres pays en la matière,
dont les résultats feront l’objet d’une
prochaine publication.
Rappelons que la commission technique
du Conseil National du Bruit, présidée
par Mathias Meisser, travaille à
l’élaboration d’un diagnostic acoustique
des logements existants à fournir au
moment de la transaction.
Enquête complète sur le site :
http://www.anil.org