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Retranscription-Disc..
Discours remise Palmes Académiques Marcel CADOREL
20 novembre 2009
Retranscription discours
Remise des Palmes Académiques à Marcel Cadorel
Vendredi 20 novembre 2009
Bernadette MALGORN
« Cher Marcel Cadorel,
Cette cérémonie me donne l’occasion de me retrouver ici, Monsieur le président, dans ces
lieux que j’ai effectivement fréquentés dans mes précédentes fonctions, avec des gens que
j’ai déjà rencontrés dans les travaux que nous menions autour évidemment de l’avenir, de
l’artisanat et des métiers. Mais notamment autour de l’apprentissage : un sujet qui nous tient
à cœur et qui tient à cœur à Marcel Cadorel.
C’est particulièrement symbolique que ce soit pour une remise de décoration des Palmes
Académiques, Monsieur le recteur, que nous nous retrouvions ici puisque les Palmes
Académiques sont la reconnaissance par la Nation, au nom du ministère de l’Education
Nationale, de services éminents rendus à la formation, à l’éducation de la jeunesse en
l’occurrence.
Dans ce genre de circonstances, il est de tradition – et je suis de ceux qui respectent les
traditions – de retracer le parcours du décoré.
On va voir, parce que vous avez commencé jeune cher Marcel Cadorel, que cela va être un
vrai parcours.
Marcel Cadorel est né le 22 avril 1957 dans ce département d’Ille-et-Vilaine, à Retiers, et a
suivi une formation au lycée technique « La Champagne » à Vitré.
Vous obtenez votre CAP de menuiserie en 1974 et vous entrez en tant que stagiaire
menuisier à l’Association Ouvrière des Compagnons du Devoir. Monsieur le recteur, vous
avez parlé de cette tradition du compagnonnage - c’est tout jeune que Marcel Cadorel est
entré dans cette compagnie.
De La Talaudière à Nantes, de Nantes à Villeneuve d'Ascq, de Villeneuve d'Ascq à Troyes,
de Troyes à Gap, de Gap à Marseille, en passant par St Rémy les Chevreuses ou encore
Albi vous avez entre 1975 et 1985, parcouru la France. La France pour y acquérir vos
premières expériences professionnelles, tout en continuant les différentes formations
consacrées à votre perfectionnement professionnel et ce bien souvent par des cours du soir.
Effectivement, si on veut se perfectionner, c’est-à-dire arriver à un niveau d’excellence, il faut
avoir des dons, il faut avoir des talents – bien entendu ça aide – mais il faut aussi travailler. Il
faut y mettre du sien et souvent la journée ne suffit pas, il faut aussi rajouter le soir et c’est
ce que vous avez fait.
Vous avez gravi un à un les états chez les compagnons du devoir et très rapidement vous
avez commencé à encadrer des jeunes menuisiers dans le cadre de cours de dessin, de
technologie ou de travaux en atelier.
En 1984, vous vous inscrivez au concours « Un des Meilleurs Ouvriers de France » dont le
sujet sera à l'époque « un fond de pièce en lambris ». Après avoir passé plus de 1 200
heures de travail en plus de votre activité professionnelle et de votre vie de famille, vous
passez avec succès les sélections départementales, régionales pour être enfin médaillé d'or
lors de la 17ème Exposition Nationale du Travail à Paris. Vous avez alors 29 ans. Et cette
même année, alors que l'on vous propose de prendre la direction de l'entreprise dans
laquelle vous exercez votre talent, vous déclinez l'offre et prenez la décision de retourner en
IK
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20 novembre 2009
Bretagne avec un projet d'installation en tête. C’est vrai que quand on est quelques temps
éloigné de la Bretagne, on n’a qu’une envie : c’est de revenir !
En 1988, vous rachetez une petite entreprise de menuiserie à Chavagne et vous créez
« L'Art du bois ». Reconnu Maître-Artisan en 1997 par la préfecture de Région, vous œuvrez
de telle sorte à la tête de votre entreprise qu’elle acquiert les qualifications de haute
technicité en menuiserie et en parquet à Qualibat. En mars 2006, vous obtenez le 2ème prix
de la dynamique artisanale de la région Ouest organisée notamment par la Chambre de
Métiers et de l'Artisanat d'Ille-et-Vilaine. En avril 2007, vous obtenez la médaille d'or « ArtsSciences et Lettres » décernée par la Société Académique d'éducation et d'encouragement.
Enfin, en avril 2008, il vous est remis la Médaille de la Reconnaissance Artisanale-Médaille
de bronze décernée par la Chambre de Métiers et de l'Artisanat d'Ille-et-Vilaine.
Ce parcours professionnel d'exception s'est accompagné d'un engagement profond au
service des Compagnons Menuisiers du Devoir mais aussi d'un investissement total au sein
de la Société des Meilleurs Ouvriers de France. Dès votre retour en Bretagne en 1988, vous
vous êtes rapproché des Meilleurs Ouvriers de France d'Ille-et-Vilaine, pour en devenir par la
suite un membre actif. Successivement trésorier de la Société des Meilleurs Ouvriers de
France d'Ille-et-Vilaine et trésorier de la Commission d'Organisation du concours « Un des
Meilleurs Apprentis d'Ille-et-Vilaine ». Entre 1997 et 1998, vous devenez aussi membre du
Jury de correction régionale du concours. Puis depuis 2002-2003 les fonctions de Président
des Meilleurs Ouvriers de France d'Ille-et-Vilaine et de Président de la Commission
d'Organisation du Concours « Un des Meilleurs Apprentis d'Ille-et-Vilaine ». Vous vous
engagez activement au service des Compagnons Menuisiers du Devoir en étant de 1990 à
1994 « Maître de Métiers » chez les Compagnons du Devoir pour assurer la qualité de la
formation professionnelle des jeunes mais également le suivi de leur embauche. Je crois que
c’est là l’importance de cette modalité particulière de formation où l’on ne dissocie pas le
temps de formation et l’insertion dans la vie professionnelle. Et puis de 2000 à 2003, vous
avez étendu cette action sur l'Ille-et-Vilaine bien entendu, mais aussi dans le Morbihan et les
Côtes d'Armor.
Ces mérites seuls auraient justifiés qu’ils soient reconnus par les Palmes Académiques,
mais à ces mérites strictement professionnels, je crois qu’il faut ajouter – et les témoignages
de ceux qui m’ont précédé l’ont fait, je ne peux que m’y joindre - des qualités humaines
éminentes qui font en plus que non seulement vous êtes estimé, vous êtes reconnu, mais
vous êtes aimé. Aimé des jeunes à qui vous apprenez le métier - vous leur faites aimer
d’ailleurs - aimé de vos collègues, de vos confrères et ici au sein de la grande famille des
métiers et de l’artisanat.
J’ai eu l’occasion dans mes fonctions de préfète d’apprécier ce que vous faites, d’apprécier
aussi votre vision des choses en matière de formation professionnelle. Nous partageons la
même volonté d’exigence et d’excellence.
Si je porte aussi ces insignes des palmes académiques, ce n’est pas seulement parce qu’il
est vrai que beaucoup de préfets doivent s’occuper de formation, d’apprentissage, de
formation professionnelle, mais c’est aussi, et cela a été un moment de mon parcours dont je
reste fière - avoir été commissaire du Gouvernement de la loi de 1987 sur la réforme de
l’apprentissage, qui a permis d’étendre l’apprentissage à tous les niveaux de la formation –
jusqu’au niveau le plus élevé - et puis de permettre aussi son extension à des âges qui ne
soient pas limités à la jeunesse : on peut quand on n’a pas eu d’idée suffisamment tôt dans
son parcours scolaire académique sur son orientation professionnelle ; on peut découvrir
tout ça un peu plus tard, une fois que l’on a roulé sa bosse, que l’on a connu quelques
échecs. C’est peut-être à ce moment-là que l’on va être motivé pour apprendre un métier,
pour rentrer dans la vie professionnelle et pour y rentrer par une autre voix qui peut se
révéler une voix d’excellence elle aussi.
IK
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C’est pour moi l’occasion de rendre hommage à la part que prend le service des métiers de
l’artisanat dans l’économie de la région Bretagne avec évidemment ses 50 000 entreprises
artisanales, pas loin de 180 000 personnes actives. On a là évidemment un secteur qui
apporte beaucoup à notre région et sans lequel notre économie bretonne ne serait surement
pas ce qu’elle est. Non seulement en quantité – on aime bien dire : on est puissant, on est
nombreux - mais aussi en qualité et en aménagement du territoire. En termes
d’aménagement du territoire, le secteur des métiers de l’artisanat est une présence active
non seulement dans nos zones urbaines – il faut que les métiers et l’artisanat soient
présents activement dans les zones urbaines, mais aussi dans différents pays : les vallons
de Vilaine, le centre Bretagne, Vitré… mais aussi toutes les zones en pleine expansion et
toutes les zones qui ont plus de difficultés. Là où vous êtes présent, vous assurez ce tissu,
qui maille non seulement notre économie, mais aussi nos relations humaines.
Le secteur des métiers de l’artisanat, dans notre Bretagne, a su être innovant.
Notamment ici en Ille-et-Vilaine avec ce formidable projet qui a consisté à créer la Faculté
des Métiers de Ker Lann, dont je dois dire que tout le monde aujourd’hui peut être fier car
quand un projet réussit, tout le monde s’en attribue un petit bout de la paternité. On sait qui
est en fait à la manœuvre, qui travaille pour faire en sorte que cette Faculté des métiers ait le
rayonnement qu’elle doit avoir. Beaucoup de gens y ont aidé, je leur rends hommage et puis
il faut des animateurs et puis il faut de l’accompagnement. Et quand un projet réussit, il peut
faire des petits. Pourquoi ne pas tramer la région Bretagne d’une série de facultés des
métiers ? Pourquoi - à l’imitation du parcours de Marcel Cadorel - ne pas passer de
l’apprentissage et de la maîtrise d’un métier à la création ou à la reprise d’une entreprise ?
Pourquoi ne pas accueillir dans ces centres, dans ces facultés des métiers, haut lieu de la
formation, des jeunes en rupture universitaire qui auront peut-être un certain bagage qui leur
permettrait peut-être de créer une entreprise ? Ils devraient voir complétée leur formation par
l’apprentissage d’un métier.
Voilà des projets sur lesquels nous pourrions travailler, nous pourrions travailler tous
ensemble évidemment – tous les gens de bonne volonté, en suivant l’exemple de
professionnels et d’hommes d’éminente qualité, comme Marcel Cadorel à qui je vais avoir
maintenant plaisir de remettre les insignes de chevalier dans l’ordre des Palmes
Académiques. Quand je dis plaisir, oui c’est vrai, d’être sa marraine aujourd’hui, de pouvoir
récompenser la vie d’un homme passée dans l’amour d’un métier, passée dans l’excellence
– la recherche de l’excellence, la promotion d’un art, la transmission d’un savoir-faire et le
développement des plus jeunes.
Je crois que nous tous, en accompagnant aujourd’hui Marcel Cadorel, nous savons que
nous récompensons toute son action passée, mais nous disons aussi : cher Marcel, il y a
encore de vastes chantiers pour l’avenir et nous savons que nous pouvons compter sur toi
pour retrousser les manches et y aller tous ensemble pour le développement des métiers en
Bretagne, demain dans l’excellence ! L’excellence évidemment dans les métiers du bois,
mais plus largement parce que l’apprentissage c’est aussi de la méthode, c’est une
discipline. Une discipline qui peut s’appliquer à différentes matières au sens de la discipline,
mais au sens du matériau – je ne fais pas de différence. La formation a besoin d’un support :
un support intellectuel ou un support physique, mais de toute façon on appelle ça « une
matière ». Il ne faut pas avoir peur de la matière. Le discours c’est facile – relativement, mais
ça n’est que lorsque l’on est confronté à la matière que l’on sait si la parole va pouvoir se
transformer en art.
Merci Marcel de nous avoir donné l’occasion ce soir de faire ce petit examen de passage qui
fera de nous, espérons-le, à l’exemple de Marcel, des maitres ouvriers dans nos différents
chantiers qui nous attendent.
Merci beaucoup. »
IK
Discours remise Palmes Académiques Marcel CADOREL
20 novembre 2009
Remise des Palmes Académiques par Bernadette MALGORN
« Au nom du ministre de l’Education Nationale, je vous remets les insignes de Chevalier des
Palmes Académiques. »
Marcel CADOREL
« Madame Malgorn,
Monsieur le recteur d’Académie,
Monsieur le président de la Chambre des métiers et de l’artisanat,
Messieurs les élus,
Mesdames et messieurs,
Chers amis,
C’est avec beaucoup d’émotion vous l’imaginez que je me trouve assis face à vous pour
recevoir les insignes de Chevalier dans l’ordre des Palmes Académiques.
Vous le savez, je ne suis pas un homme de discours, mais plutôt un homme de terrain, donc
je ne vous demanderai pas une trop longue attention.
Permettez-moi de vous remercier Madame Malgorn d’avoir accepté si spontanément d’être
ma marraine dans l’ordre des Palmes Académiques. Malgré vos hautes responsabilités et un
emploi du temps chargé qui ne vous laisse que peu de répits, vous n’hésitez à venir nous
témoigner de votre soutien dans l’action au service de la formation professionnelle.
Monsieur le recteur d’académie, je vous remercie également de vous associer à cette
cérémonie par votre présence.
Mes remerciements vont également à Monsieur Ange Brière, président de la Chambre des
métiers et de l’artisanat d’Ille-et-Vilaine.
En effet, après l’annonce de ma nomination, sans hésitation, vous avez accepté d’organiser
cette cérémonie au siège de la Chambre des métiers et de l’artisanat. Merci encore Ange.
Je serais d’une grande incorrection si je ne remerciais pas toutes les personnes qui ont porté
le mémoire de proposition de cette distinction.
J’ai bien conscience que cette décoration est remise exceptionnellement à des gens de
métier. Elle s’adresse le plus souvent à des membres de l’enseignement. C’est pourquoi je
remercie tout particulièrement monsieur le recteur d’académie d’avoir émis un avis favorable,
alors qu’il ne me connaissait pas, sinon au travers de mon dossier.
Je remercie également monsieur Maurice Trihan, président national adjoint de la Société des
Meilleurs Ouvriers de France, qui a soutenu la demande qui avait été adressée à monsieur
le recteur.
Enfin, je remercie monsieur Guillemin, administrateur national du COET et commissaire
régional du concours « Un des meilleurs ouvriers de France » d’avoir eu l‘idée de me
proposer cette distinction à la suite de la sollicitation de monsieur Carpentier qui a été alors
recteur d’académie de Bretagne.
Pour l’essentiel, je tiens à souligner le rôle capital de ma famille, le soutien et la complicité de
mon épouse - Marie-Alice Hénard - m’ont permis de m’investir totalement à travers mes
différents engagements.
La compréhension et la grande générosité de mes deux filles : Gwenaëlle et Axelle, m’ont
donné la liberté d’action. Néanmoins, je suis conscient qu’il y a eu beaucoup de rendez-vous
IK
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manqués au profit de la formation professionnelle. C’est pour cela que je tiens à leur
adresser ici toute ma gratitude.
Tout au long de ma progression professionnelle, l’esprit du travail a fait ma ligne.
Ma formation chez les compagnons du devoir a révélé cette passion du métier et le sens de
la retransmission du savoir.
Le titre d’ « Un des meilleurs ouvriers de France » m’a ouvert la voix de l’excellence
professionnelle - suite logique de mon compagnonnage.
Meilleur ouvrier de France, c’est tout naturellement que j’œuvre pour le concours d’ « Un des
meilleurs apprentis ». Quelle satisfaction de pouvoir donner l’opportunité à des jeunes
apprentis de s’exprimer et de ce fait, de relever un défi.
Simple vecteur de savoir, je suis honoré par cette marque de reconnaissance de la Nation.
Les insignes dans l’ordre des Palmes Académiques ne mettent pas fin à mon engagement
personnel auprès des bénévoles. Bien au contraire, elles m’encouragent à poursuivre dans
cette voie.
Madame Malgorn,
Mesdames et Messieurs,
Vous tous collectivement : Famille, Amis, Relations de travail,
Je vous remercie pour le témoignage de sympathie que vous m’accordez en me consacrant
du temps ce soir.
Je vous invite au partage autour du buffet et à l’échange du verre de l’amitié.
Mais avant tout, je vais remettre à Madame Malgorn et à Monsieur le recteur d’académie un
ouvrage sur le compagnonnage.
Je vous remercie de votre attention et je vous souhaite à tous une bonne soirée. »
IK