Croatie - Situation économique à l`automne 2009

Transcription

Croatie - Situation économique à l`automne 2009
Croatie - Situation
économique à l’automne
2009
OCTOBRE 2009
© DGTPE
La Croatie connaîtra en 2009 une croissance négative de 5,5% après plusieurs années de hausse (la
dernière récession date de 1999, à -1,5%). Le scénario du gouvernement prévoyant un retour de la
croissance dès 2010 (+0,4%), avec une accélération en 2010 et 2011 (3% et 3,5%) semble encore
difficile à valider. Si un retour à la croissance semble garanti en 2011 (sans doute 2%), l’année
2010 devrait rester difficile (entre -2% et 0%).
Les causes de la
récession
Illustrations (graphs photos)
ou textes (Arial 8) alignement
gauche
Chute de la consommation et des investissements
Le PIB de la Croatie a fortement chuté au premier semestre 2009
(-6,5%). Aux 3èmes et 4èmes trimestres, la croissance restera négative
à hauteur de -4,5%, entraînant un recul total du PIB de l’ordre de
5,5% sur l’ensemble de l’année. Cette situation est en nette rupture
avec l’évolution constatée depuis le début des années 2000 durant
lesquelles la croissance annuelle moyenne de la richesse nationale a
atteint près de 4% jusqu’en 2007, l’année 2008 marquant le point
d’infléchissement, avec une progression du PIB de 2,4%.
La baisse de la consommation des ménages explique, pour une
part importante, la baisse de la production intérieure. Dans le
même temps, le durcissement de la politique de crédit de banques
commerciales a entraîné une baisse significative du nombre des
transactions immobilières (-59% sur le 1er semestre 2009). Dans ce
contexte, seule la consommation du gouvernement a contribué
positivement à la croissance.
L’investissement productif a également pesé sur la croissance. La
raréfaction des capitaux et le gel des grands projets (infrastructures,
immobiliers) ont entraîné une contribution négative de la FBCF à la
croissance du PIB à hauteur de -12,5% au premier semestre. Un
secteur, cependant, échappe à l’atonie d’ensemble, celui du
tourisme, dont la baisse limitée du nombre de visiteurs ne se traduit
pas cependant en termes de revenus : ces derniers devraient baisser
d’environ 500 M€ en 2009 et stagner en 2010 autour de 7 Mds €.
AMBASSADE DE FRANCE EN
- SERVICE ÉCONOMIQUE
Croatie : Situation économique à l’automne 2009
– O c t o b r e 2 0 0 9 © DGTPE
Le ralentissement de l’économie s’est traduit par un
accroissement du chômage qui atteint 14% de la population active.
Dans ce contexte, l’inflation, qui avait fortement augmenté en 2008
(environ 6%), poussée par la hausse de la consommation interne de
2007 et l’évolution du prix du brut et des matières premières sur les
marchés internationaux, connait une décélération notable depuis le
début de 2009. Les prix à la production ont même baissé depuis mars,
à l’instar de la croissance industrielle (-9,8%). La tendance restera
négative jusqu’à fin 2009 et devrait se stabiliser au premier trimestre
2010. Au total, la hausse des prix à la consommation devrait
atteindre 3% en moyenne annuelle en décembre.
Les importations ayant davantage diminué que les exportations, le
déficit de la balance commerciale a diminué. Le déficit de la balance
des paiements devrait atteindre 6,1% PIB en 2009 contre -9,4% en
2008. Le taux de couverture est désormais de 48,9%.
Dans ce contexte, les prévisions du Service Economique ne
rencontrent pas le scénario du gouvernement croate prévoyant un
retour à la croissance dès 2010 (+0,4%), et une accélération en 2011
(3%) et 2012 (3.5%). En effet, la consommation privée, qui contribue
à près de 60 % à la variation du PIB, restera faible compte tenu de la
faiblesse du revenu disponible et du haut niveau d’endettement des
ménages. De même, la faiblesse de la hausse anticipée des
investissements continuera de peser sur la création de richesses,
d’autant que les contraintes budgétaires induiront une modération de la
dépense et des investissements publics. L’évolution du PIB devrait
donc rester négative à hauteur de -2,1% en 2010, tandis qu’un
sentier de croissance pourrait apparaitre en 2011 avec une hausse
du PIB de +1,9%, l’inflation se stabilisant autour de 3%.
Stratégie
Politiques monétaire et fiscale
La Croatie est confrontée à la double nécessité de créer les conditions
d’un redémarrage de l’activité et de rééquilibrer ses comptes interne et
externe.
La politique monétaire, conduite par la banque nationale croate, a
pour priorité de contenir l’inflation après la hausse importante des prix
à la fin 2007 et en 2008, de préserver la liquidité du système bancaire
dans le contexte de la crise financière et de stabiliser le cours de la
monnaie nationale sur les marchés des changes. La contraction de
l’activité économique a provoqué une baisse du niveau de richesses et
des liquidités disponibles. Au premier semestre la masse monétaire
(M1) a baissé de 14% sur 12 mois, tandis que M4 est restée
relativement stable. Les encours de crédits en kunas aux particuliers et
aux entreprises ont très légèrement augmenté tandis que les encours en
devises, dopés par le recours aux financements extérieurs, ont
AMBASSADE DE FRANCE EN CROATIE - SERVICE ÉCONOMIQUE
- 2 -
Croatie : Situation économique à l’automne 2009
– O c t o b r e 2 0 0 9 © DGTPE
augmenté de près de 14%. Dès les premières manifestations de la crise
à l’automne 2008, la Banque centrale de Croatie a assoupli sa
politique monétaire, afin d’éviter une contraction trop forte du crédit.
Néanmoins, l’essentiel des fonds libérés ont servi au financement de
l’Etat, forçant les entreprises à se tourner vers les marchés extérieurs.
La dette publique interne atteint 32,4% du PIB. Bien que ce niveau
apparaisse soutenable, il convient de noter une tendance à
l’accélération depuis le dernier trimestre 2008 : +20% entre juin 2008
et juin 2009. Cette hausse s’explique par l’accroissement des emprunts
sur le marché local et l’émission en grand nombre de bonds du trésor.
Surtout, l’accroissement de la dette sera nourri au second semestre
2009 et au premier semestre 2010 par le déficit budgétaire et les
besoins courants de l’Etat.
La dette extérieure à fin juin, en hausse de 15,3% sur 1 an, atteint
désormais plus de 90 % du PIB. Le risque doit cependant être nuancé
par le fait que 85 % des engagements sont à long terme. Cet élément,
conjugué à un niveau de taux d’intérêt réel à court terme positif, a
permis à la Banque centrale de stabiliser le niveau de la kuna sur les
marchés des changes. Les réserves de change restent à un niveau
satisfaisant (8,8 Mds d’€) mais ont chuté de 15% depuis 1 an.
S’agissant de la politique budgétaire et fiscale, le gouvernement a
dû réviser à trois reprises la loi de finance votée initialement en
décembre 2008, ces hésitations montrant une mésestimation initiale de
l’impact de la crise. Les pouvoirs publics ont ensuite tenté de différer
des coupes budgétaires impopulaires mais qui se sont avérées
inévitables.
Le dernier budget retenu table sur un déficit en hausse de près de 1
Mds d’€, les recettes fiscales diminuant de plus de 15 %,
notamment la TVA. Dans le même temps, les dépenses réalisées
durant le 1er semestre 2009 ont continué de progresser de près de 8 %,
du fait, notamment de l’évolution positive des salaires, des allocations
sociales et de santé, et des subventions accordées aux entreprises
publiques mais aussi, dans une moindre mesure, aux entreprises du
secteur privé. 73% des dépenses correspondent ainsi au paiement
des salaires, retraites, pensions et dépenses de santé. Dès lors, le
nécessaire ajustement apparait comme un défi au plan social.
Pour financer le déficit et refinancer d’autres échéances, le
gouvernement a déjà procédé à plusieurs emprunts en 2009 : un crédit
syndiqué auprès des banques locales à hauteur de 750 M d’€ et une
émission obligataire du même montant. Un nouvel emprunt obligataire
est prévu pour novembre (1 Md USD). Le gouvernement a également
accepté l’utilisation d’un DTS équivalent à la quotepart de la Croatie
au FMI (470 M USD). Le Budget de 2010 (qui prévoit, peu ou prou,
les mêmes recettes que pour 2009 et une cible du déficit de 2.3% du
PIB) sera soumis aux turbulences liées à la campagne pour les
élections présidentielle et à l’accélération nécessaire du rythme des
réformes compte tenu de l’agenda européen.
AMBASSADE DE FRANCE EN CROATIE - SERVICE ÉCONOMIQUE
- 3 -
Croatie : Situation économique à l’automne 2009
Environnement
– O c t o b r e 2 0 0 9 © DGTPE
Des reformes difficiles
Les réformes avancent difficilement dans des domaines clefs tels que
la santé et les retraites qui pèsent lourdement sur le budget de l’Etat
(environ 20% du PIB).
La plupart des privatisations ont déjà eu lieu (INA repris par MOL fin
septembre 2008, PLIVA, aluminium et métallurgie en 2007), mais
d’autres se révèlent compliquées et moins rentables, à l’exemple des
chantiers navals dont le 1er tour de privatisation qui vient d’avoir lieu
est un échec. Un second tour de privatisation sera nécessaire début
2010. Les chantiers coûtent 500 M d’€ par an de garantie et de
subventions à l’Etat (environ 3 Mds d’€ au total depuis 10 ans). Enfin,
la compagnie d’électricité HEP, en proie à des affaires de corruption,
voit différer le processus de privatisation prévu.
Conclusion
Commentaires
Le modèle de développement adopté depuis le début de la décennie a
provoqué d’importants déséquilibres structurels difficiles à résorber à
court terme car accentués par la crise.
La Crise met en exergue les faiblesses structurelles de l’économie
croate :
- la pérennisation des déséquilibres financiers interne et externe
- une politique budgétaire et fiscale trop peu ciblée
- l’absence d’investissements dans des secteurs industriels
toujours en restructuration
- un cadre administratif, juridique et économique qui doit
encore s’améliorer
Si l’agenda européen constitue une pression bénéfique sur la politique
de réformes économiques, un travail important reste à fournir si la
Croatie souhaite comme prévu clore ses négociations d’adhésion à
l’UE d’ici à l’automne 2010 et pour devenir le 28ème Etat membre
début 2012.
Copyright
Tous droits de reproduction réservés, sauf
autorisation expresse du Service Économique de
Zagreb (adresser les demandes à [email protected]).
Auteur :
Service Économique de Zagreb
Adresse : Preradoviceva 35, 10 000 Zagreb
Clause de non-responsabilité
Le Service Économique s’efforce de diffuser des
informations exactes et à jour, et corrigera, dans la
mesure du possible, les erreurs qui lui seront
signalées. Toutefois, il ne peut en aucun cas être tenu
responsable de l’utilisation et de l’interprétation de
l’information contenue dans cette publication.
Rédigé par : Igor Faroux
Revu par : Jean-François Mirailles
Version d’octobre 2009
AMBASSADE DE FRANCE EN CROATIE - SERVICE ÉCONOMIQUE
- 4 -

Documents pareils