Les Exemples à Suivre Système de séchage solaire des fourrages
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Les Exemples à Suivre Système de séchage solaire des fourrages
Système de séchage solaire des fourrages dans une exploitation agricole en Haute-Vienne Pourquoi agir ? Installés au Chatenet-en-Dognon, Anne et Frédéric Martel gèrent une ferme de 63 vaches laitières sur 61,4 hectares. Pour nourrir les animaux l'hiver, ils ont besoin de stocker des aliments. La méthode la plus répandue est l'ensilage. Elle consiste à récolter, broyer et presser mécaniquement du maïs ou de l'herbe qui sont ensuite conservés en silo. L'herbe peut également être conservée en balles-rondes, sèche ou fermentée (enrubannage). Ces techniques de conservation ont des inconvénients : pour l'ensilage, la récolte, le pressage et la distribution sont gourmands en carburant ; la fermentation génère des odeurs désagréables dues aux jus, sans oublier les déchets (bâches, films plastiques et ficelles pour les balles-rondes). De plus, une partie du fourrage pourrit. Très engagés en faveur du développement durable, Anne et Frédéric Martel ont abandonné dès 2001 l'utilisation des engrais chimiques et des pesticides, puis ont cherché des méthodes alternatives à l'ensilage. En 2007, ils optent pour un système de séchage en grange, qui permet de sécher et stocker du fourrage composé d'un mélange de graminées et de légumineuses. Additionné d'un peu de mais grain sec et de méteil applatis, ce foin remplace la ration mais/soja. En contrepartie, ils acceptent de baisser en productivité, ce qui génère d'autres économies, en santé animale notamment. Pour sécher ce fourrage, ils ont décidé de recourir à l'énergie solaire. Le principe du séchage solaire du fourrage en grange est de canaliser l'air compris entre une toiture noire exposée au rayonnement solaire et un plafond en triply. La toiture absorbe une partie de l'énergie solaire et réchauffe l'air canalisé. Cet air chaud et sec est ensuite propulsé sous le foin par des ventilateurs, asséchant l'herbe à l'abri des UV en quelques jours à quelques semaines selon l'ensoleillement. Le réchauffage solaire augmente la capacité d'évaporation d'une installation classique de séchage en grange. Non seulement le fourrage ne pourrit pas, mais en plus il est de meilleure qualité, ce qui évite d'avoir recours à des compléments alimentaires. Les qualités organoleptiques et sanitaires du lait sont elles aussi améliorées. De plus, l'énergie solaire est gratuite, renouvelable et n'émet pas de CO2 Présentation du système et les résultats Après une étude de pré-faisabilité énergétique réalisée en 2007 par le cabinet SGF Conseils et après avoir suivi une formation spécifique, Anne et Frédéric Martel installent leur système en 2009. 637 m2 de toiture sont équipés de plaques en fibrociment de teinte noire qui absorbent le rayonnement solaire et captent entre 30% et 35% de l'énergie solaire. Une sous-toiture en plaques de triply, un isolant, est également montée, avec un espace entre la toiture qui permet de faire circuler un air absorbé par aspiration. En circulant dans cet espace, l'air se réchauffe et s'assèche puis est dirigé dans une gaine vers deux ventilateurs de 20 CV qui le propulsent dans les trois aires de stockage de 142 m 2 chacune. Ce dispositif augmente la température de la grange de 5° à 10°C et diminue d'environ 15% son taux d'humidité. Le gain environnemental est très net. Outre la disparition des nuisances liées à l'ensilage (odeurs, jus, déchets plastiques), ce système a permis de diminuer la consommation de fioul de 3 200 litres par rapport à 2007. Le gain économique est immédiat : la facture de fioul a baissé de 1 078 € en 2010 par rapport à 2007. Par ailleurs, une économie de 39 332 € a été réalisée en supprimant l'achat des compléments alimentaires. Les conditions de travail de M. et Mme martel ont été améliorées : ils assurent eux-mêmes la récolte du fourrage à raison de 8 hectares tous les quinze jours selon la pousse de l'herbe. Ce rythme est moins contraignant que les chantiers d'ensilage ou que la récolte de foin en balles qui nécessitaient un temps ensoleillé cinq jours d'affilée. Par ailleurs, le temps passé pour nourrir les animaux a baissé d'un quart et cette opération s'effectue dans des conditions plus agréables. Enfin, les qualités nutritionnelles du fourrage sont préservées, les pertes liées au pourrissement n'existent plus, et le lait est meilleur. Trois conditions doivent être impérativement respectées pour obtenir un fourrage séché en grange d'excellente qualité : - La maturité: l'herbe doit être récoltée au bon stade associant qualité (valeur alimentaire et teneur en fibres) et quantité ; - Les conditions d'engrangement : le fourrage doit être engrangé entre 24 heures et 72 heures après la coupe à un taux d'humidité de 40 à 45 % lorsqu'il est en vrac, et de 35 % maximum lorsqu'il est conditionné en balle ; - Les conditions de conservation : le taux d'humidité résiduel ne doit pas dépasser 15 %. Le système de séchage solaire permet de réduire sensiblement ce taux d'humidité résiduel. Coût - Étude de pré-faisabilité énergétique : 2 200 € HT dont financement ADEME de 1 100 € HT - Installation du système du séchage solaire (surcoût par rapport à une solution de séchage en grange avec énergie fossile) : 31 910 € HT dont financements ADEME 3 950 € HT et Conseil régional Limousin 3 950 € HT Bilan « Développement Durable » en chiffres Environnement - 5°C à 10° C en plus pour la température de l'air à l'intérieur de la grange - 3 200 litres de gazoil économisés par rapport à 2007 grâce à la suppression de la récolte et du broyage du maïs - Suppression des nuisances de l'ensilage : déchets plastiques, liquides et jus, odeurs Économie - 1 078 € économisés en achat de fioul par rapport à 2007 - 39 332 € économisés en achat de compléments alimentaires par rapport à 2007 Social/Sociétal - Amélioration des conditions de travail : suppression de la récolte et du broyage du maïs, diminution du temps passé à nourrir les animaux - Meilleure qualité nutritionnelle des fourrages et du lait Anne et Frédéric Martel : " La mise en place du système alimentaire basé sur le foin séché en grange implique un changement dans la rotation et le choix des cultures. Ce changement doit se prévoir au moins à la saison précédente. Nous cultivions 18 hectares de mais et 11 hectares de méteil pour les besoins du troupeau. Or les prairies de mélange graminées/légumineuses n'entrent en pleine production qu'au bout de trois ans. Les 10 hectares de prairies que nous avions prévues pour assurer la transition n'ayant pas encore trois ans d'implantation, nous avons dû rationner les bêtes pour passer le premier hiver. Ce système nous a toutefois sorti du modèle mais/soja dans lequel nous n'étions pas à l'aise et nous aide à envisager l'avenir de notre ferme avec sérénité"