60 analyseurs industriels
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60 analyseurs industriels
G uide d’achat ANALYSEURS INDUSTRIELS IR, NIR, FT-IR, CG, SM..., l’exploitation décide ▼ Les spectromètres infrarouges, avec leurs multiples variantes, dominent le marché de l’analyse en ligne. Grâce au traitement chimiométrique des données, ils apportent bien plus qu’une analyse chimique : ils peuvent aussi caractériser les propriétés d’usage des produits. Il y a également la chromatographie gazeuse qui reste, dans certaines applications, la méthode de référence. Pour les autres techniques émergentes, comme la spectrométrie de masse, la RMN ou la spectrométrie Raman, il faudra sans doute attendre que le marché soit prêt et que chacune ait fait ses preuves en termes de transférabilité (du laboratoire au site), de robustesse, de fiabilité…, de coûts aussi. P our Serge Sombrun, responsable des méthodes spectrales (marché pharmacie, et chimie) chez ABB Automation, il n’y a pas de guide de choix qui tienne : « Forcément,peu ou prou toutes les techniques donnent un résultat ». La comparaison entre les techL’essentiel niques intéressent surtout les analystes dans les La spectrométrie infraroulaboratoires. Sur le site ge est la technologie la plus industriel, l’exploitant répandue. industriel lui, ne fait pas La technologie par transforle même métier. Il a une mée de Fourier apporte rapiapplication, un coût dité, fiabilité. Elle reste chère. Elle est intéressante lorsqu’il d’achat et un coût d’utis’agit de mesurer un grand lisation. Pour M. Somnombre de paramètres. brun, le choix est donc La spectrométrie proche simple et quasi systémainfrarouge permet l’utilisatique : c’est la technolotion de fibres optiques gie infrarouge qui l’empour déporter la mesure. porte. Proche infrarouge La chromatographie reste pour les liquides et la technologie de référence. Mais elle manque encosolides, moyen infraroure de rapidité. ge pour les gaz. Il n’y a La spectrométrie de masse même pas à discuter. est rapide mais un peu La technologie infraroucompliquée. Encore peu ge, technologie reine d’applications. dans ce milieu de l’ana- 60 lyse industrielle? « C’est une méthode merveilleuse qui apporte une analyse très fine non seulement des propriétés chimiques mais également des propriétés d’usage d’un produit », répond Antonin Sofia, coordinateur des groupes de travail et commissions techniques “Analyse” au sein de l’Exera (Association des Exploitants d’équipements de Mesure,Régulation et Automatisme). Technologie indétrônable? Oui, par le bénéfice de l’âge, pour Jean-Louis Lapeyre, responsable des marchés pétroliers chez ABB Automation. Lorsque l’analyse en ligne fait ses premiers pas, il y a plusieurs décennies, la spectrométrie infrarouge est la plus mature. A la fin des années 80, les méthodes statistiques et les modélisations se développent. Celles-ci donnent alors aux industriels l’occasion de constituer d’immenses bases de données sur leur production. Ces méthodes chimiométriques d’analyse de spectres vont au-delà d’une simple quantification de composés. Elles permettent de définir les propriétés physiques et les comportements des produits. Et l’infrarouge se prête bien à ce type d’investigation : un grand nombre de composés répond dans ce domaine spectral, les pics sont fins, bien résolus. Depuis une dizaine d’années, ces outils vont encore plus loin grâce à des méthodes prévisionnelles de contrôle avancé qui permettent de prévoir ce qui court dans les conduites. « Parce que la même action provoque la même réponse,on peut aujour- Foxboro L’analyse en ligne est dominée par les techniques spectrales et la chromatographie,les technologies émergentes comme ici la résonance magnétique nucléaire doivent faire leurs preuves et attendre que le marché soit prêt. MESURES 761 - JANVIER 2004 Guide d’achat d’hui prévoir les caractéristiques chimiques et physiques d’un produit par de simples mesures de température, de pression et de débit,souligne Fernand Clauss, responsable de l’analyse industrielle auprès de Siemens Process Instruments.L’analyse en ligne n’est plus qu’un simple contrôle ». « Aujourd’hui,on reproduit,on corrèle », confirme M. Lapeyre (ABB Automation), Est-ce à dire qu’on fera de moins en moins d’analyse en ligne? M. Clauss n’exclut pas cette hypothèse : « Mais on peut aussi penser qu’au contraire elle se développera parce que les méthodes de contrôle avancé convainquent de plus en plus ». Elles ont déjà conquis nombre de sites chimiques ou pétrochimiques ou les raffineries, même la pharmacie et l’agroalimentaire. On comprend en tout cas que ces industriels qui ont ainsi constitué une telle maîtrise de leur moyen de production ne cherchent pas à changer d’outils. Autre réalité qui ne favorise pas le changement de technologie : la transférabilité. « Une solution d’analyse en ligne arrive sur le site toute faite, indique M. Lapeyre (ABB). Tout doit avoir été mis au point auparavant dans le laboratoire ». Il faut donc une méthode qui a su faire ses preuves, en laboratoire, sur le terrain et pour laquelle le transfert de l’une à l’autre sera le plus simple, le plus rapide, le plus fiable. La chromatographie, une valeur toujours sûre Question transférabilité, les méthodes spectrales, là encore, ont su faire leurs preuves mais elles restent plus lourdes à mettre en place que la chromatographie gazeuse (CG), surtout si elles sont associées à un traitement chimiométrique. « En infrarouge ou proche infrarouge,il faut avoir des experts aguerris à la modélisation et prendre le temps de réaliser des études en laboratoire », précise M. Lapeyre (ABB Automation). M. Sofia (Exera) abonde dans le même sens : « Sur un site, une nouvelle application CG peut tourner en un ou deux mois.Il faut bien plus pour une méthode spectrale qui demande des études préalables avec des étalonnages par rapport à des mesures de référence ».D’ailleurs, pour cet ancien industriel qui a fait carrière dans un grand groupe chimique, la chromatographie reste la technique de référence : « On a toujours tendance à la choisir en premier.C’est elle qu’on maîtrise le mieux.Une mesure infrarouge avec un traitement chimiométrique ne sera jamais aussi juste qu’une mesure chromatographique ». En chromatographie, on sépare les composés avant de les mesurer et on peut presque tout mesurer et à des concentrations bien plus basses qu’avec les technologies spectrales. « Chez les gaziers,on trouve des chromatographes qui descendent jusqu’au ppt, souligne Thomas Nègre, responsable analyse de gaz chez GE Panametrics. On peut toujours optimiser l’analyse en trouvant un compromis entre le seuil qu’on MESURES 761 - JANVIER 2004 La spectrométrie de masse peut l’emporter pour sa rapidité.Sur un cracking d’éthylène,elle permet ainsi d’analyser 12 composés en 10 secondes et de scruter jusqu’à 32 voies. Panametrics veut atteindre et le temps de mesure ». Les méthodes spectrales sont quant à elles figées : ce sont les lois de la physique qui décident. La chromatographie a cependant ses limites : son temps de réponse qui lui ferme des applications de contrôle de procédé, sa maintenance et ses consommables. Il y a aussi la détection : le détecteur univer- Comparaison des technologies Technologies Points forts Points faibles Chromatographie gazeuse (CG) Technique de référence Justesse des mesures et sensibilité Pratiquement pour tous les composés Possibilité d’optimiser la mesure Rapidité maintenance IR dispersif classique Très grand nombre de composés généralement pour gaz Analyse fine du procédé (chimiométrie, contrôle avancé) Interférence H20 Sensibilité moindre (par rapport à la CG) Demande une expertise Proche IR (NIR) Voir IR Généralement pour liquides et solides Possibilité de déporter la mesure par fibre optique Voir IR FT-IR (ou FT-NIR) Extension du domaine spectral Fiabilité de la mesure Rapidité (par rapport à l’IR) Le coût Ultraviolet (UV)V Pas d’interférence avec H2O, CO2, CO Le prix Nombre limité de composés (S02, NO, NO2, NH3, O3…) Sensibilité moindre qu’en IR Spectrométrie de masse Rapidité Sélectivité Se développe sur des applications de sécurité Technologie encore difficile à appréhender Le coût Spectrométrie Raman Technologie prometteuse qui permet l’utilisation de fibre optique et de fenêtre transparente Pas d’interférence avec l’eau Facile à mettre en œuvre Technologie émergente encore peu implantée Résonance Magnétique Nucléaire (RMN du proton) Technologie puissante pour l’analyse composés et des propriétés d’usage RMN basse résolution (déjà répandue dans l’agroalimentaire) Technologie et marché pas encore mûrs Confusion entre les RMN basse et haute résolutions 61 Guide d’achat La miniaturisation est l’un des grands enjeux de l’analyse industrielle pour ces prochaines années.On voit ici,le chromatographe-transmetteur d’Emerson Process Management présent sur le marché depuis quelques années déjà et le Microsam de Siemens tout récent qui utilise les microtechnologies sur silicium. ens Siem sel n’existe pas. Enfin, certains produits ont du mal à traverser les colonnes, comme ceux qui ne sont pas suffisamment volatils, ceux qui sont trop visqueux ou relativement instables. Enfin, si l’on veut une analyse fine par chimiométrie, il faut forcément revenir à la spectrométrie infrarouge… L’IR et le NIR Ou plutôt les technologies infrarouges. On distingue en effet les analyseurs selon le domaine spectral qu’ils balaient, proche infrarouge (NIR pour Near Infrared entre 800 et 2500 nm) et l’infrarouge moyen (IR entre 2,50–14,5 µm). Pour M. Sombrun (ABB), le NIR bénéficie d’un concours d’éléments favorables qui le rend bien plus avantageux que l’infrarouge moyen. Les sources EMP Analyseurs industriels multiparamètre Fournisseurs Téléphone NDIR IR Analyseurs industriels NIR FTIR UV ABB Automation Autochim 01 64 47 23 17 01 40 96 11 22 ● ● ● ● Arelco 01 48 75 82 82 ● Awa Instruments Bruker Chromato Sud Finetech Environnement sa. Emerson Process Management Foss Fondis Electronics 04 76 41 86 39 03 88 73 68 00 05 57 94 06 26 03 44 91 54 54 01 39 22 38 10 04 72 15 98 00 01 46 49 19 19 01 34 52 10 30 Foxboro GE Panametrics 01 34 43 25 25 01 47 82 42 81 ● Horiba 04 50 42 27 63 ● Orthodyne Servomex Sick Maihak 32 4 263 90 90 01 49 46 22 50 01 64 62 78 00 ● ● ● ● Siemens Process Instruments 04 42 65 69 00 ● SRA Instruments Yokogawa 04 78 44 29 47 01 39 26 10 00 ● ● ● ● SM CG ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● Autres technologies, champs d’applications privilégiés, observations Contrôle de procédés, mesure à l’émission Analyse à l’émission, combustion, solvants, chromatographe portable pour COV SM pou H2 et He, analyseur de composés soufrés, Applications; combustion, émission, procédés DOAS, FTUV RMN basse résolution en ligne Applications : gaz naturel, environnement… FT-IR/FT-NIR DOAS, chimiluminescence NIR-AOTF, Raman Applications : procédés, combustion, environnement Agroalimentaire, chimie, pharmacie GC/MS et NIR portables Application : environnement RMN haute résolution (raffineries) Analyseurs de composés soufrés (UV pulsés), NDIR in situ (Codel) Raman (Jobin Yvon), SM pur H2 Applications : environnement, moteurs Analyseurs sur mesure IR (corrélation à filtre de gaz) Chimiluminescence, spectro UV/Vis/NIR dispersif, Applications : environnement, procédés NIR-AOTF, spectromètre laser (Altoptronic) Application contrôle de procédés, mesure à l’émission ● ● FT-NIR, contrôle de procédes NDIR : infrarouge non dispersif - IR infrarouge dispersif – NIR : proche infrarouge FT-IR infrarouge à transformée de Fourier – UV : ultraviolet – SM : spectrométrie de masse – CG : chromatographie gazeuse DOAS : absorption optique à spectroscopie différentielle - AOTF Acoustico Optic Tunable Filter – RMN : résonance magnétique nucléaire (liste non exhaustive) 62 MESURES 761 - JANVIER 2004 Guide d’achat ABB Aux méthodes spectrales infrarouge et proche infrarouge,la technique par interférométrie et transformée de Fourier apporte sa fiabilité et une plus grande rapidité de mesure pour un plus grand nombre de paramètres.Reste le prix… lumineuses sont plus puissantes. Les ondes NIR tolèrent des matériaux (quartz, polyéthylène) plus robustes que les ondes IR, résistant mieux ainsi aux conditions du process (pression, température…). Elles peuvent être véhiculées par fibres optiques. « Avec les fibres optiques comme vecteur lumineux,il suffit de faire un trou dans le process,exactement comme une sonde de pH », précise M. Sofia (Exera) qui note toutefois une limitation en température et en pression à cause de la fragilité du point de sertissage entre la fibre et la sonde. Une solu- tion à fibre optique (aujourd’hui très largement répandue) autorise à déporter l’analyseur du point de mesure. Un même appareil peut alors scruter différentes voies et mesurer des points distants de plusieurs centaines de mètres. Enfin, ou surtout, les bandes d’absorption dans le Nir sont des bandes harmoniques, bien moins intenses que les bandes fondamentales de l’infrarouge moyen. Elles permettent de travailler sur des gammes de concentration plus larges en jouant notamment sur les longueurs de tra- jets optiques. Néanmoins, pour les gaz (dans lesquels les composés sont très dilués), il faudrait des longueurs de trajets qui sortent du domaine de la raison. Le moyen infrarouge reste alors la meilleure solution. L’IR et le FT-IR En spectrométrie infrarouge, il faut encore distinguer les deux grandes technologies dites “dispersives”, c’est-à-dire celles qui balaient l’ensemble du spectre (infrarouge ou proche infrarouge). La première dite Attendre qu’un marché soit mûr Selon les fournisseurs, le marché de l’analyse industrielle (hors export) se situerait entre 25 et 50 millions d’euros : deux à trois dizaines de chromatographes, quelque 120 à 150 spectromètres (soit un total en valeur guère plus important que celui de la chromatographie). M. Clauss (Siemens) ne prévoit pas d’investissements importants avant deux ou trois ans. M. Sofia (Exera) fixe également à 2006 le remplacement d’une partie du parc, notamment par MESURES 761 - JANVIER 2004 l’obligation de la mise en conformité Atex pour les équipements installés. En attendant, il y a toujours les commandes exceptionnelles ; comme ce pétrolier, se souvient M. Clauss, qui s’est équipé d’une trentaine de chromatographes d’un coup, il y a deux ou trois ans de cela. Les spectromètres FT-IR représentent sans doute le pan du marché le plus porteur actuellement. ABB en a vendu une trentaine en France en 2003. « Il faut attendre qu’un marché soit mûr, explique M. Sombrun (ABB), comme celui de la pharmacie ou de l’agroalimentaire depuis deux ou trois ans. Celui des semi-conducteurs commence tout juste à s’y intéresser. Ainsi, nous venons d’installer des analyseurs sur des bains d’acides, là où auparavant l’efficacité des bains était contrôlée par la mesure d’épaisseur d’un barreau de silicium ». 63 Guide d’achat Un FT-UV La société française Awa-Instruments a présenté à Pollutec le premier spectromètre UV à transformée de Fourier (FT-UV). L’optique reste beaucoup plus simple qu’un FT-IR (l’appareil ne nécessite pas d’interféromètre). La transformée de Fourier est réalisée par un traitement numérique du signal (DSP). Une des premières applications est le suivi de l’ammoniac (NH3) à la sortie d’un Dénox (procédé de réduction des NOx dans les fumées). Peut mieux faire Des améliorations pourraient encore être apportées pour faciliter l’exploitation de ces analyseurs en ligne : ➔ La miniaturisation de ses appareils, souvent très volumineux ➔ Un plus grand soin pour l’échantillonnage, lequel représente la principale source d’erreurs de mesure. Ceci devrait s’appuyer sur des efforts de formation de la part des constructeurs auprès des utilisateurs ➔ La garantie d’une maintenance des analyseurs sur plusieurs années ➔ L’amélioration des cellules de mesure (souvent collées ou serties ) pour une meilleure résistance aux hautes températures et pressions. “classique” utilise un système de filtres ou de prismes qui décompose la lumière avant d’être envoyé sur l’échantillon. La seconde, spectrométrie à transformée de Fourier (FTIR ou FT-NIR), utilise un interféromètre (type Michelson ou autre). L’arrivée de cette dernière technologie en analyse industrielle date de quelques années seulement. Même si elle reste encore chère, elle connaît le plus fort développement actuellement sur le marché. « Nous en avons vendu une trentaine en 2003 », indique M. Sombrun (ABB). « Il s’agit d’une avancée technologique importante, précise M. Sofia (Exera). Un interféromètre permet un balayage plus rapide sur un domaine spectral plus grand » Question d’optique, un FT-IR ou FT-NIR offre une meilleure résolution ou du moins cette résolution est-elle plus homogène sur l’ensemble du spectre couvert. « Un IR classique verra moins facilement “les petits détails”,surtout aux fréquences les plus élevées, poursuit M. Sombrun (ABB Automa- 64 tion). Là encore, ce n’est pas la technologie qui commande mais l’application ». En cémenterie (traitement des métaux) le contrôle de deux ou trois gaz ne nécessite pas de FT-IR; un système à filtres (voire des systèmes non dispersifs pour la mesure d’un composé) suffira. Pour le contrôle à l’émission dans une déchetterie qui voit passer de tout, un FT-IR qui saura repérer bon nombre de composés est plus approprié. Extractif ? in situ ? Autre alternative offerte par les mesures optiques pour les applications sur site : méthode extractive (on prélève un échantillon qui traverse la cellule de l’analyseur plus ou moins déporté) méthode in situ (directement dans le procédé). En théorie, les mesures in situ vont dans le bon sens. Celui de supprimer toutes les contraintes d’échantillonnages et d’installer l’analyseur au plus près du point de mesure. Moins de maintenance. Elles sont aussi intéressantes en termes de coût. Mais là encore, il ne serait question d’avoir un avis tranché : c’est l’application qui prime. Ainsi, Sick Maihak, fournisseur à la fois de solutions extractives (Maihak) et d’appareils in situ (Sick) préconise l’in situ pour les mesures de NH3. « L’ammoniac est très difficile à mesurer par méthode extractive,car il se dissout facilement dans l’eau », précise Frédéric Epaud, directeur général de Sick Maihak. L’extractif reprend l’avantage pour les liquides opaques, les gaz sales avec des fortes concentrations en poussières ou à hautes températures. Il faut également compter sur les usages. « Les chimistes ont une culture “extractive”» constate M. Epaud. M. Sofia qui vient du monde de la chimie le reconnaît : « L’in situ sur des applications un peu difficiles, j’ai du mal à y croire ». Les techniques émergentes Reste les technologies émergentes. Il existe toujours un nouveau marché pour d’autres types d’appareils. Encore faut-il qu’elles apportent une valeur ajoutée par rapport à l’infrarouge. Dans un marché endormi, autant dire qu’elles ont du mal à émerger. Il n’existe pas, à notre connaissance d’applications en ligne de spectrométrie Raman, ou de RMN (résonance magnétique nucléaire haute résolution) en France. La spectrométrie de masse reste très marginale. Les fabricants ne cherchent pas à mettre en avant leurs solutions. Certains même les retirent de la vente. « Le marché n’est pas mûr », précise M. Sombrun (ABB). La spectrométrie de masse est la plus avancée mais elle a subi quelques revers. « On en est revenu mais on y revient, indique M. Clauss (Siemens). Les systèmes de calcul ont été améliorés. Ils sont plus rapides et plus performants ». Le principal avantage est le temps de réponse : des dizaines de composés en quelques secondes. « La maintenance est beaucoup plus légère que pour un chromatographe :pas plus d’une journée de maintenance par an », soutient M. Nègre (GE Panametrics). Pour M. Sofia (Exera), il faut avoir une personne compétente qui prenne en charge l’interprétation des données : « Mais n’est pas expert qui veut.Il faut quand même avoir la mentalité “spectrométrie de masse” ». Curieusement, c’est peut-être le domaine de la sécurité industrielle et de la sécurité des bâtiments publics qui sera le marché le plus porteur pour la spectrométrie de masse, grâce à sa vitesse d’exécution. Pour détecter au plus vite une valeur limite d’explosivité, un taux anormal de gaz cancérigènes ou autres produits contaminants et toxiques. La spectrométrie Raman (qui s’intéresse aux phénomènes de diffusion de Rayleigh) pourrait être la technologie la plus prometteuse. Parce qu’elle apporte des “plus” par rapport à l’infrarouge. Elle n’est pas gênée par la présence d’eau et elle est plus facile à mettre en œuvre. Avec des fibres optiques et un faisceau laser, il n’est même plus besoin de percer un trou dans la conduite : une fenêtre transparente suffit. « Avec une source laser,elle atteint des sensibilités équivalentes à celles de l’infrarouge », précise M. Sofia. Elle est suffisamment rapide pour suivre une réaction comme une polymérisation ou encore la production de xylènes (voir Mesures avril 1998). Quant à la RMN, il y a souvent confusion entre celle dite à basse résolution et celle à haute résolution. La première, la moins sensible (elle ne s’intéresse qu’au temps de relaxation des spins des molécules soumises à un champ magnétique) existe depuis très longtemps (depuis les années 1970) pour le contrôle qualité, notamment dans l’agroalimentaire. Elle apporte une information globale sur un paramètre (pourcentage d’eau, de matières grasses…). Rien à voir avec la RMN haute résolution avec des beaux pics fins bien résolus (elle utilise le spectre en fréquence des ondes émises par les molécules soumises à un champ magnétique dans certaines conditions).A notre connaissance, seul Foxboro (Invensys) présente un analyseur en ligne de ce type plus particulièrement pour des applications en raffinerie (voir Mesures Février 2000). « L’idée est toujours la même,conclut M. Sofia on ne développe une nouvelle technologie que quand on ne peut pas faire autrement », Marie-Pierre Vivarat-Perrin MESURES 761 - JANVIER 2004