Étude sur ISO 9001:2000 dans l`administration publique polonaise
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Étude sur ISO 9001:2000 dans l`administration publique polonaise
© ISO Management Systems, www.iso.org/ims INTERNATIONAL Étude sur ISO 9001:2000 dans l’administration publique polonaise ISO 9001:2000 est appelée à la rescousse pour combler le fossé de la qualité entre l’administration publique polonaise et les pays d’Europe de l’Ouest. Ce rapport donne les principaux résultats d’une étude de près de 60 bureaux certifiés ISO 9001:2000. par Marek Bugdol Marek Bugdol est Professeur et Directeur du département de management de la qualité à l’Université d’Opole, Pologne. Université d’Opole, Département de management de la qualité, 45-054 Opole, ul. Ozimska 46a, Pologne. Tél. + 48 77 4545871. Fax + 48 774545122. E-mail [email protected] L’une des premières certifications ISO 9001 d’une administration publique a été réalisée dans la petite ville canadienne de Saint-Augustin-de-Desmaures en 1995. Depuis lors, l’intérêt pour l’application de systèmes de management de la qualité (SMQ) dans ce type d’administration est allé croissant. Cet article examine le processus de la mise en œuvre d’un SMQ dans le secteur de l’administration publique polonaise. Fin 2003, près de 60 bureaux de l’administration publique appliquaient des SMQ Dzierzoniów a été en 1999 la première municipalité de Pologne à introduire un SMQ fondé sur ISO 9001. Après la mise en œuvre d’un train de réformes de l’administration la même année, le Cabinet du Premier Ministre et le Ministère de l’intérieur et de l’administration, en coordination avec le « Projet cadre », ont développé une initiative intitulée « Le management de la qualité dans l’administration publique ». Il existait concurremment de nombreux projets locaux visant à moderniser l’administration. En 2000, la municipalité de Kwidzyn obtenait un certificat ISO 9002 et le Bureau de district de Racibórz entamait le processus de certification. Fin 2003, près de 60 bureaux de l’administration publique appliquaient des SMQ, étaient tous certifiés indépendamment, dans la plupart des cas par des organismes de certification polonais. Ce nombre ne représente certes qu’un petit pourcentage, mais est impressionant car les changements qualitatifs sont intervenus sur une période de quatre ans seulement. Un Point d’information type, situé près de la place du marché des villes polonaises et géré par les bureaux de l’administration publique, dont 60 sont aujourd’hui certifiés ISO 9001:2000. Des SMQ sont également mis en œuvre dans l’administration centrale – principalement dans les bureaux des gouverneurs provinciaux – où il est difficile de rationaliser les organisations et procédures. Mais avec la récente adhésion de la Pologne à l’Union européenne et du fait que les administrations publiques de nombreux pays d’Europe de l’Ouest gèrent un SMQ ISO Management Systems – novembre-décembre 2004 37 © ISO Management Systems, www.iso.org/ims INTERNATIONAL ou des systèmes similaires, l’état actuel de l’application des SMQ en Pologne n’est pas satisfaisant. Il fallait donc aborder les questions suivantes : • Quels sont les motifs sousjacents à la mise en œuvre d’ISO 9001:2000 dans les bureaux de l’administration publique ? • Quelles sont les sources de connaissances sur le SMQ ? • La gestion ces systèmes comporte-t-elle des aspects négatifs ? • Quels sont les avantages résultant de la mise en œuvre d’ISO 9001:2000 ? • Quel est le coût de la mise en œuvre d’un SMQ ? Les motifs pour mettre en œuvre un SMQ – difficultés à comprendre les exigences d’ISO 9001:2000, c’est-à-dire la « langue compliquée » reprochée à la norme (89,5 %), – le processus distrait les employés de leurs tâches quotidiennes (47,3 %), • « ISO 9001:2000, c’est du papier, de la bureaucratie et rien de plus. » • « ISO 9001:2000 convient aux entreprises industrielles, non à l’administration. » • « Il est absurde de dépenser de l’argent sur une certification SMQ simplement pour accrocher au mur un certificat ISO 9001:2000. » • « Le seul effet de la mise en œuvre d’ISO 9001:2000 sera d’entraver le travail des employés de bureau et des fonctionnaires. » Un questionnaire a été envoyé aux 57 bureaux qui avaient appliqué un SMQ en 2003 pour recueillir des réponses fondées sur leur expérience. Le Département d’économie appliquée de l’Université Jagiellonienne de Cracovie a effectué la recherche en mars-avril 2003. Un choix de résultats de l’étude est présenté ci-après. Les problèmes associés à la mise en œuvre d’un SMQ sont les suivants : Les résultats révèlent que de nombreux responsables locaux connaissent peu les systèmes qualité et évaluent négativement ISO 9001:2000. Dans une métopole provinciale, les opinions suivantes ont été exprimées lors d’une réunion du Conseil municipal : • « Un SMQ ISO 9001:2000 est trop cher – nous ne pouvons nous l’offrir. » Le personnel professionnel d’un nombre croissant de bureaux de l’administration polonaise observe les procédures de management de la qualité ISO 9001: 2000 pour répondre aux questions du public. Aspects négatifs Ces opinions ne sont pas nécessairement infondées, car la série ISO 9000 a toujours fait l’objet de critiques. Mais elles signalent une ignorance des changements intervenus dans la normalisation et de la publication de la nouvelle norme ISO 9001: 2000, désormais applicable à tous les types d’organismes. Pour les personnes interrogées, les motifs les plus importants en faveur d’une mise en œuvre d’un SMQ sont notamment : – insuffisance de l’information (36,8 %), Le guichet du « service aux clients » – pour de nombreux citoyens polonais, le premier contact avec l’hôtel de ville. Bien entendu, la qualité des services dépend dans une large mesure de l’efficience organisationnelle. On en conclura que les initiateurs des changements proposés souhaitaient au premier chef améliorer la qualité du service à la clientèle externe. On observe en particulier qu’aucun bureau ne fait état d’une application d’ISO 9001: 2000 en vue d’améliorer son image auprès des communautés locales. Sources de connaissances sur le SMQ Pour les personnes interrogées, les principales sources de connaissances sur la série ISO 9000:2000 (avant le processus de mise en œuvre) sont : – les conférences et formations (36,8 %), – la nécessité de rationaliser les activités de bureau (68,4 %), – les échanges avec des spécialistes et des organismes de certification (26,3 %), – la volonté d’améliorer la qualité des services (26,3 %). – la littérature professionnelle (21 %). 38 ISO Management Systems – novembre-décembre 2004 – réticence des employés à s’engager (31,6 %). Les clients externes ont une bonne (70 %) ou très bonne (18 %) opinion de la qualité des services offerts par les bureaux certifiés Une augmentation du volume de la documentation associée à l’application d’ISO 9001:2000 n’est pas considérée comme un problème majeur (seul 10 % des bureaux se sont plaints). Cela va à l’encontre des opinions recueillies auprès des entreprises industrielles, mais n’est guère surprenant, car les administrations publiques sont habituées aux excès de documentation. D’autres résultats de l’étude sont en revanche surprenants. Le processus de mise en œuvre d’un SMQ n’est pas jugé négatif pour le fonctionnement d’un bureau (47,37 %) ou, s’il l’est, ce n’est qu’à un très faible degré (42,11 %). Seulement 5 % des personnes interrogées estiment que le processus entrave la fonction du bureau. Dans la plupart des bureaux, la mise en œuvre du SMQ a pris © ISO Management Systems, www.iso.org/ims INTERNATIONAL de 10 à 19 mois, à l’exception des 31 mois nécessaires pour le cabinet d’un gouverneur provincial. Ils se sont en majorité attachés à agir pour diminuer l’appréhension et la résistance des employés vis-à-vis des changements planifiés, au moyen des méthodes suivantes : – formation (94 %), – information des employés sur les avantages des systèmes qualité (92,9 %), – information régulière des employés sur l’avancement de la mise en œuvre du SMQ (41 %). Un très petit nombre de bureaux candidats à la certification ont utilisé un système d’incitatifs matériels et non matériels. Les personnes interrogées confirment que les systèmes de formation et d’information des employés contribuent peu à améliorer les attitudes. À la question : « Les activités étaient-elles efficaces ? », elles sont moins de 50 % à répondre « oui ». Près de 50 % des bureaux étudiés ne constatent aucun effet négatif de la mise en œuvre d’un SMQ. Avantages Pour 84 % environ des responsables des bureaux, une amélioration de la qualité des services à la clientèle est le bénéfice principal de l’application d’ISO 9001:2000. Mais ISO 9001:2000 contribuet-elle réellement à améliorer la qualité des services ? L’étude montre que 41 % des bureaux certifiés sont convaincus que la satisfaction des clients a augmenté, un tiers n’observant aucun changement. Réciproquement, les clients externes ont une bonne (70 %) ou très bonne (18 %) opinion de la qualité des services offerts par les bureaux certifiés. Ceci suggère que les communautés locales ont une opinion positive des bureaux où les principes du management de la qualité ont été appliqués. Autres avantages identifiés : • une meilleure image du bureau et de ses responsables (47,4 %), • une meilleure organisation du travail (42 %), • un meilleur contrôle des « questions en cours » (26,3 %), • des procédures simplifiées (21 %). À une majorité écrasante de 90 %, les bureaux étudiés sont convaincus qu’ISO 9001:2000 n’entrave pas le travail. La recherche avait également pour but de déterminer le niveau de satisfaction (ou d’insatisfaction) quant au fonctionnement des systèmes qualité. La question était : « Dans quelle mesure le système de management de la qualité a-t-il répondu à vos attentes ? ». Il fallait répondre sur une échelle de 1 à 5 – 5 correspondant à une satisfaction complète et 1 à une satisfaction nulle des attentes. Plus de la moitié (53 %) des personnes interrogées parlent de « bonne » satisfaction (4), alors que 37 % choisissent la note 3. Le coût de la mise en œuvre d’un SMQ Le coût de la mise en œuvre d’un SMQ est de USD 12 000 à USD 22 000 pour 42 % des réponses, de USD 2 500 à USD 12 000 dans 31 % des cas, alors que 20 % font état de coûts allant de USD 22 000 à USD 32 000. À considérer l’aspect financier de la mise en œuvre du système, il est important de se rappeler les éléments suivants : Une salle de conférence type gérée par les services de l’administration polonaise, cadre de réunions avec les citoyens des communautés locales. • plus les compétences des employés sont élevées (expérience de postes antérieurs, connaissance des questions de qualité), plus faibles sont les coûts de la mise en œuvre et de la maintenance du SMQ ; • les coûts de la mise en œuvre sont calculés de différentes manières, suivant différentes classifications des coûts ; il n’existe pas de méthode uniforme de calcul ; • le coût dépend significativement du choix des organismes chargés de la mise en œuvre et de la certification. Conclusion L’analyse des résultats indique que, malgré quelques opinions négatives de bureaux certifiés ISO 9001:2000, la mise en œuvre d’un SMQ est conseillée. En effet, 84 % des bureaux étudiés recommandent cette mise en œuvre à d’autres bureaux. Mais on gardera à l’esprit qu’ISO 9001:2000 n’est que la première lettre d’un riche alphabet de la qualité. Il s’agit d’une étape dans la mise en œuvre du TQM (Management total de la qualité), des principes fondamentaux du management des connaissances ou de la reconfiguration. Toutes les recherches effectuées jusqu’à présent semblent confirmer qu’un certain manque de compétence dans la gestion des ressources humaines est le principal problème rencontré par le secteur de l’administration publique. Peut-être serat-il possible à l’avenir d’externaliser certains services, dans le but d’améliorer la qualité et la compétitivité. Des changements seront également favorisés par le développement de l’informatique en Pologne, par l’entrée en vigueur de la Loi sur la signature électronique et de la Loi sur l’accès à l’information publique (dans le cadre des informations publiées dans le « Bulletin d’information publique »). Les systèmes de management de la qualité ne sont pas la panacée pour tous les problèmes. Toutefois, l’administration publique en Pologne est désavantagée par le fait qu’il y a eu peu d’applications des concepts modernes du management. L’écart fonctionnel entre les administrations en Pologne et dans les pays d’Europe de l’Ouest s’est trop agrandi. Il est à espérer que les expériences des quatre dernières années bâtiront les fondations de changements nouveaux et plus rapides. • ISO Management Systems – novembre-décembre 2004 39