8 | La société de consommation
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8 | La société de consommation
LES CHRONIQUES D’HUBERT JAPPELLE La démocratie et la culture en question 8 | La société de consommation Dès les années 50, Anna Arendt voit les risques auxquels nous expose ce qu’on nomme aujourd’hui la société de consommation et les industries du loisir en général, une société qui bouleverse en la dénaturant la question cruciale de la démocratisation de la culture. Aux yeux du penseur démocrate la question de l’accès à la culture, non seulement n’est pas secondaire mais elle est la plus déterminante de toutes celles que pose la démocratie. Ce n’est pas une question de bons sentiments de générosité humanitaire, à l’égard des défavorisés et à l’égard de tous. Non, et répétons le inlassablement, l’accès à la culture est la condition de possibilité principale de toute tentative démocratique. L’accès à la culture, c’est-à-dire au savoir et à l’art n’est pas à priori, une question de responsabilités individuelles, mais une question qui doit chercher des réponses collectives. Selon Anna Arendt, ce qu’elle nomme « la société de masse ne veut pas la culture, mais elle veut les loisirs (…) les produits offerts par l’industrie des loisirs sont consommés par la société comme n’importe quels autres objets de consommation. Comme les produits nécessaires aux loisirs ne sont pas aussi indispensables que le pain et la viande, ils « servent » comme on dit, à passer le temps. Mais le temps qui est ainsi passé n’est pas à proprement parler le temps de l’oisiveté, c’est-à-dire le temps où nous sommes libres de tout souci et activités nécessaire au processus vital (manger, dormir). C’est bien plutôt un temps de reste qui après le travail et le sommeil est un temps vide que les loisirs sont supposés remplir. »