DES SOLUTIONS Pour rassurEr

Transcription

DES SOLUTIONS Pour rassurEr
FOCUS
Stérilisation féline
des solutions
pour rassurer
Bien que recommandée par la communauté scientifique, la stérilisation féline
se heurte encore à de nombreux obstacles du côté des propriétaires.
Parmi leurs craintes principales figure la prise de poids, qui, il est vrai, constitue
un risque réel. Pour la contrer, des réponses alimentaires et hygiéniques
existent et doivent être préconisées. Par Fanny Guillaume
T
En plus de prévenir
certaines maladies
hormonales, la
stérilisation supprime
les caractères sexuels
secondaires gênants.
24 .
N°246
ous les vétérinaires sont una­
nimes pour recommander la
stérilisation féline systéma­
tique dès lors que l’animal n’est pas
destiné à une carrière de reproduc­
teur. Les bienfaits de cette chirur­
gie dite « de convenance » ont en
effet été largement démontrés par
la communauté scientifique. Outre
l’aspect préventif de cet acte vété­
rinaire contre la surpopulation ani­
male et les nuisances qu’elle peut
e­ ntraîner (abandons, euthanasies),
la stérilisation réduit notamment
le risque d’apparition de certaines
maladies de l’appareil reproduc­
teur, au rang des­quelles, si l’inter­
vention est précoce, les tumeurs
mammaires chez les ­chattes (ma­
lignes dans 95 % des cas). En de­
hors de ces maladies, dont l’origine
est souvent liée à un dérèglement
hormonal, la stérilisation d’une
chatte a pour avantage ­principal
de supprimer l’apparition des cha­
leurs ainsi que la cohorte de mo­
difications comportementales qui
l’accompagnent.
Chez le mâle, la castration est éga­
lement une solution intéressante,
surtout s’il est amené à vivre en
compagnie de femelles ou s’il a
la possibilité de sortir et d’en cô­
toyer : outre une prévention simi­
laire de risques médicaux inhérents
à la suppression de la ­production
FOCUS
­hormonale, la castration ­supprime
ou atténue certains caractères
sexuels secondaires gênants du mâle
entier tels que le vagabondage, le
marquage urinaire et l’agressivité,
et permet ainsi d’éviter les risques de
bagarres (et donc de transmission de
maladies) entre mâles, de fugues ou
d’accidents de la voie publique gé­
nérés par la présence ou la re­cherche
d’une chatte en chaleur. Dernier
avantage du procédé, la réduction
très nette de l’odeur de l’urine, qui
chez les mâles entiers est typique
du soufre et peut s’avérer forte et
­gênante pour l’entourage.
Des craintes à dissiper
Cependant, malgré ces bénéfices
avérés, la stérilisation chirurgicale
d’un animal revêt encore dans l’es­
prit de nombreux propriétaires une
connotation négative. Certains re­
doutent que cette « mutilation »
n’impacte le bien-être et l’épanouis­
sement de leur chat ; d’autres croient
en des idées fausses qui ont la vie
dure, comme le fait qu’une chatte
doive avoir au moins une portée
pour être heureuse ; surtout, beau­
coup craignent une prise de poids
de l’animal, qui, sans réponse nu­
tritionnelle appropriée, est en ­effet
quasiment certaine.
Pour lever ces freins, le discours du
vétérinaire est primordial mais il doit
être relayé en animalerie, notam­
ment par la proposition de solutions
nutritionnelles adéquates. En effet,
le métabolisme d’un animal castré
est différent de celui d’un animal
non stérilisé : on estime qu’à poids
constant le retrait des ovaires ou des
testicules va diminuer de -20 % le
besoin énergétique (exprimé en ca­
lories), une même quantité de nour­
riture mettant donc plus de temps à
être dépensée qu’avant l’opération.
Par ailleurs, le chat castré a tendance
à augmenter sa consommation de
nourriture. La conjugaison de ces
deux phénomènes explique le ­risque
réel de prise de poids et ­d’obésité
chez les animaux stérilisés.
Il est donc généralement néces­
saire de revoir en conséquence la
ration distribuée à son chat, soit en
réduisant les apports énergétiques,
soit en adoptant un aliment spécifi­
quement étudié pour son métabo­
lisme. Sur le marché du pet food,
on trouve de plus en plus de ces ali­
ments « light » adaptés et qui, sous
réserve d’être distribués en quanti­
tés adéquates, permettent à l’ani­
mal de conserver un poids correct.
C’est vers ces références qu’il fau­
dra orienter le propriétaire, en lui
recommandant bien de se limi­
ter à cette source alimentaire et de
bannir tous les extras (friandises,
­restes de table…) auxquels pouvait
­auparavant avoir droit le chat !
Une période cruciale
Si le possesseur ne souhaite pas
changer l’aliment de son chat, il
faudra lui conseiller d’aménager
les quantités de nourriture, voire de
remplacer une partie des cro­quettes
par leur version humide, ce qui per­
met d’augmenter le volume des re­
pas (et donne donc à l’animal une
impression de satiété) tout en bais­
sant l’apport calorique. Il est préfé­
rable d’initier progressivement le
changement alimentaire, et si pos­
sible avant l’intervention chirurgi­
cale, pour laisser à l’animal le temps
de s’adapter et pour prévenir les
troubles digestifs que peut ­entraîner
une transition trop brusque.
Des études ont montré que les se­
maines suivant la stérilisation sont
cruciales en ce qui concerne la prise
de poids ; le régime alimentaire doit
donc être particulièrement surveillé
au cours de cette période. Pendant
les dix-huit semaines suivant l’opé­
ration, il sera ainsi nécessaire de
contrôler strictement la ration dis­
tribuée ; pour visualiser une éven­
tuelle prise de poids, pas toujours
facile à déterminer dans l’absolu, il
faudra orienter les propriétaires vers
des appareils de pesée et les inciter
à s’en servir régulièrement. Après
le passage de cette période critique,
La castration des chats mâles permet de supprimer ou d’atténuer les attitudes
agressives et les risques de bagarres.
un ­retour à l’alimentation en « libreservice » peut être envisageable et se
raisonnera au cas par cas.
Manger bouger
Pour que l’animal perde du poids ou
maintienne son poids optimal, le bi­
nôme gagnant est l’alimentation et
l’activité physique. Aux côtés des
solutions nutritionnelles propre­
ment dites, il faudra donc encoura­
ger l’exercice. Pour cela, le panel
de jouets, d’arbres à chat et d’autres
produits ludiques disponibles en
magasin spécialisé est large. On
peut également conseiller les jouets
distributeurs de croquettes, qui per­
mettent d’accroître la durée de prise
alimentaire sans modifier le volume
de la ration, tout en distrayant et en
faisant bouger l’animal.
Enfin, bien que ce ne soit pas prouvé,
on a également accusé la stérilisa­
tion de favoriser l’apparition de
calculs urinaires, un problème plus
fréquent chez le chat mâle castré.
Là encore, des ré­ponses nutrition­
nelles existent sous la forme d’ali­
ments spécialement formulés pour
prévenir cette affection, contenant
notamment des actifs permettant
de dissoudre les calculs, de diluer
l’urine et de modifier le milieu uri­
naire pour le ­rendre ­défavorable à
l’apparition de ces urolithes. n
Avec le contrôle de l’alimentation,
l’exercice est l’autre moyen
pour maintenir un poids optimal
chez le chat stérilisé.
Pour encourager
l’exercice, le panel de
jouets, d’arbres à chat
et d’autres produits
ludiques en magasin
spécialisé est large.
Juin / Juillet 2015 . 25

Documents pareils