prix femina 2015

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prix femina 2015
Prix Femina 2015
Christophe Boltanski. La Cache
Christophe Boltanski, né en 1962, est le fils du sociologue Luc
Boltanski, le neveu du linguiste Jean-Élie Boltanski et de l'artiste
plasticien Christian Boltanski. Journaliste au quotidien Libération de
1989 à 2007, il travaille depuis 2007 pour le magazine Le Nouvel
Observateur, tout en collaborant au site web Rue 89. Il a reçu en
2010 le Prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre pour un
reportage sur une mine au Congo, dans la région du Nord-Kivu : « Les
Mineurs de l'enfer » . La Cache est son premier roman.
La Cache
Le journaliste a écrit le roman vrai de sa prestigieuse famille,
marquée par la peur de vivre et la liberté de créer.
Christophe Boltanski porte un nom fameux. Et encombrant. Son père,
Luc, est un sociologue éminent. Son oncle, Christian, l'un de nos plus
grands artistes contemporains, aimant dans ses installations jongler
avec la vie et la mort, au point de vendre sa propre vie en viager à un
collectionneur australien… L'explication de cette obsession est
familiale. Il lui est arrivé de le confesser. « La peur, même de se
laver. » Et voici que son neveu, le reporter Christophe Boltanski, nous
en donne le roman, son premier roman, l'un des plus remarquables,
vivants, touchants, de cette rentrée littéraire. Il s'appelle La
Cache .
La cache comme celle, physique, où se réfugia le grand-père
pendant l'Occupation. Étienne Boltanski était un médecin juif dont le
père venait d'Odessa, converti au catholicisme, et qui para l'idéal
républicain français de toutes les vertus avant d'assister, incrédule,
à sa double désagrégation, d'abord dans les tranchées de 14-18,
ensuite dans le déferlement de haine de la Seconde Guerre mondiale
avec l'étoile jaune portée comme une cible.
Mais La Cache , c'est aussi une métaphore, pour dire la famille
qui servait de refuge et cet hôtel particulier de la rue de Grenelle,
à Paris, qui faisait office, plus que de logis, de campement au clan.
Chez les Boltanski, on passait les vacances dans une voiture, on y
dormait, toute la famille bien serrée. Chez les Boltanski, la mère
conduisait le père à son travail à l'hôpital, et l'attendait toute la
matinée, avec les enfants, dans la voiture encore. Toujours la peur,
transmise comme une maladie congénitale…
Dans ce livre minutieux, dont chaque chapitre porte le titre
d'une pièce de la maison et son plan, comme au Cluedo. Christophe
Boltanski retrace le parcours d'une famille française riche de tous
les paradoxes, aisée et chiche, bourgeoise et bohême, juive et
catholique, qui a fini par trouver, dans la création, la seule, et donc la
meilleure, façon de sortir de sa cache. Jamais l'expression cellule
familiale n'avait si bien porté son nom. Cellule : lieu
d'emprisonnement. Et lieu de vie. (Christophe Ono-Dit-Biot
19/08/2015, www.lepoint.fr).

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