« Ben Ali, dégage ! » n`étant pas poète, je vais vous demander

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« Ben Ali, dégage ! » n`étant pas poète, je vais vous demander
« Ben Ali, dégage ! » n'étant pas poète, je vais vous demander un peu d'aide pour donner un air poétique quand même au discours lénifiant que je vais vous tenir. je vais vous demander de dire, en rythme, doucement, comme un bruit de locomotive à vapeur, "ben ali dégage-­‐ ben ali dé-­‐gage", accompagnés d'une petite ligne de basse, derrière moi, ça devrait pouvoir le faire. Ben Ali, dé-­‐gage! Ben Ali dé-­‐gage!Ben Ali, dé-­‐
gage! Ben Ali dé-­‐gage!Ben Ali, dé-­‐gage! Ben Ali dé-­‐gage!Ben Ali, dé-­‐gage! Ben Ali dé-­‐
gage!Ben Ali, dé-­‐gage! Ben Ali dé-­‐gage!Ben Ali, dé-­‐gage! Ben Ali dé-­‐gage!Ben Ali, dé-­‐gage! Ben Ali dé-­‐gage! Ben Ali, dé-­‐gage! Ben Ali dé-­‐gage! et on applaudit! Oh comme c'est beau un peuple debout, un peuple qui s'indigne un peuple en révolte et le belge aussi, debout, s'indigne un gou-­‐ver-­‐nement un gou-­‐ver-­‐nement un gou-­‐vernement on en a déjà six un gou-­‐vernement! un gou-­‐vernement! mais où est mon berger, o seigneur? un gou-­‐vernement! un gou-­‐vernement! donnez-­‐nous quelque saint à qui bien se vouer sarkozy, berlusconi, khadafi ou du moins un staline, un castro, un caudillo! tout mais pas rien! mais rassurez-­‐vous! ça gouverne encore! demandez donc aux sans papier! ça gouverne encore! ça enferme encore! ça expulse tou-­‐jours! ça n'est pas vide du tout alors maintenant dé-­‐ga-­‐gez! ni danton, ni robespierre rien, on vous dit! rien! vidée, la chaise! éjectée, la chaise! dé-­‐gage le G20, dé-­‐gage la commission, dé-­‐gage didier reynders, dé-­‐gage! moins d'impôts pour les riches le pain plus cher il faut comprendre la voiture à crédit pour se porter soi-­‐même au travail, pour travailler plus, c'est le cours du barril l'essence plutôt que le chauffage dans la vie faut faire des choix on chauffera moins on mettra des pulls on roulera moins on sera écolos la fin du mois, c'est le combien? tout ça c'est bon pour la croissance mais tous ces peuples debout qui marchent dans la rue que c'est beau, un peuple debout! contre ses dictateurs armés par nous, contre ses dictateurs qu'on a toujours soutenus. et là bien gentiment on applaudit on leur propose de l'aide, des bateau, des armées et ils nous crient: "dé-­‐ga-­‐ge!" on leur propose d'entrer dans notre belle europe ses traités, maastricht, lisbonne, les trois pourcent. et ils nous crient: "dé-­‐ga-­‐ge!" et donc un beau soir en célébrant le succès, le triomphe de notre marche émancipatrice "tous unis contre la démocratie!" un acte propitiatoire d'arrachage de ses guillemets à la démocratie de la démocratie toute nue comme un roi un beau soir donc on inventa le dégagisme on a piqué l'idée aux tunisiens qui l'ont eux-­‐même piquée aux footballeurs dégage! pas qu'on veuille prendre ta place ta place, on n'en veut pas! on veut de l'air le dégagisme, c'est ça le vicks politique le vicks métaphysique le dégagisme, ça dégage. et alors on respiiiiiiiiiire on respiiire ! dans le rien dans le néant essentiel ah! ça fait peur tremblent les places boursières! tremble le CAC40 le BEL20 et le DOW-­‐Jones aussi! que c'est beau un peuple debout mais soyons réalistes il faut être réaliste ecce homo l'homme est comme ça ghandi pour modèle on l'a appris à l'école au catéchisme il est gentil ghandi! non-­‐violent! non-­‐violent ghandi était non-­‐violent il était juste et il a gagné. parce que la violence c'est mal la vôtre pas la réalité pas la structure non, pas la structure elle n'a pas d'ââme, la structure elle est personne, la structure c'est la réalité, la structure faut faire avec, la structure et tout le monde est bon dans la structure et la structure elle n'a pas d'ââme donc elle est bonne aussi comme un bon FAIT c'est la réalité. la réalité! la réalité! la réalité! la réalité! la réalité: dé-­‐gage! Révolutionnaires d’hier et d’aujourd’hui : dégageons ! 

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