TEWART ROD

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TEWART ROD
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TEWART ROD
Fils d’Ecossais, Roderick David Stewart naît le 10 janvier 1945 à Highgate au nord de Londres. Ses parents
Robert et Elsie Stewart, qui lui offrent une guitare
pour ses 14 ans, sont marchands de journaux
dans Archway Road. La famille vit au-dessus du
magasin. Rod fréquente la William Grimshaw
School de Hornsey tout comme les futurs Kinks
Ray & Dave Davies et Pete Quaife. « Al Jolson,
que mon frère imitait à la perfection, a eu une
énorme influence sur moi. Ma famille possédait
des 78 tours de lui. Je suis ensuite passé au folk,
Woody Guthrie, Jack Elliott, Leadbelly, puis il y a
eu Eddie Cochran. » En 1961, il signe comme stagiaire pour le club de football de Brentford qu’il
quitte après quelques semaines. « Mon père aurait souhaité que je sois footballeur, mais je ne me
voyais pas me lever tous les matins à sept heures
pour nettoyer les chaussures de l’équipe première comme on me le demandait. » En ce début
des années 60, il vit avec une vingtaine de beatniks dans une péniche abandonnée à Shoreham,
dans le Sussex, jusqu’au jour où la police les expulse à la demande du voisinage. Avec le chanteur folk Wizz Jones, il part alors sillonner l’Europe. Ils circulent en faisant de l’auto-stop et rencontrent Memphis Slim dans un club à Paris. Rod
Stewart chante pour quelques pièces à Saint-Tropez et dort sur la plage. A Barcelone, il passe ses
nuits sous les voutes du grand stade. « Vers 1718 ans, avec Wizz Jones, j’ai fait la route en Espagne, Italie. On a débuté en Belgique puis on a
vécu sur la Rive Gauche à Paris. J’avais un banjo,
instrument que j’ai appris avant la guitare. » Rod,
expulsé d’Espagne pour vagabondage, revient à
Londres où il participe à des marches protestataires. Au club folk Finch’s, dans Goodge Street,
il lui arrive de monter sur scène pour chanter
« C’mon Everybody », le classique d’Eddie Cochran. Puis, Rod Stewart se découvre une nouvelle idole, Bob Dylan. « Vers 1963, après la sortie de son premier album, Dylan a fait plein
d’émules à Londres, particulièrement dans Soho,
qui comme lui portaient des casquettes. A commencer par Donovan. » Il passe ensuite du folk au
blues et à la soul.
De septembre 1963 à janvier 1964, Rod est harmoniciste et choriste dans Jimmy Powell & The
Five Dimensions avec qui il assure les premières
parties des Rolling Stones au Ken Colyer’s Club
et se produit aux quatre coins du Royaume-Uni.
« Jimmy était jaloux parce que je me débrouillais
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Jacques Barsamian poursuit son évocation
du formidable mouvement qui a secoué
l’Angleterre dans les années 60. Après
l'explosion du rock'n'roll 1956-62 (JBM
N°113 à 135), puis l’épopée merseybeat
1963-65 (N°136 à 148), il nous emmène
tout droit dans le bouillonnant creuset du
british R&B et du blues-boom. De 1962 à
1969, suivant l’axe Rolling Stones-Cream,
chronologie puis dictionnaire (avec discographie anglaise sélective) permettent
de revivre tous les événements et la carrière des artistes qui ont revivifié cette
musique, la faisant redécouvrir dans son
pays d’origine, les Etats-Unis. Bel exploit.
bien au chant. Du coup, je me contentais de
souffler dans mon harmonica et de faire la seconde voix quand c’était possible. La première
fois que j’ai vu les Stones, il y avait une quinzaine
de personnes dans la salle. Ils étaient assis sur
des tabourets et ce qu’ils faisaient était incroyable. Sans eux, je n’aurais pas eu ma chance. Ils
ont ouvert la voie à ceux qui jouaient du blues.
Avec les Dimensions, on les a remplacés quand
ils sont partis en tournée avec Bo Diddley. » A
peine a-t-il quitté ce combo R&B de Birmingham
que Rod Stewart rejoint les Hoochie Coochie
Men de Long John Baldry.
Celui-ci l’a entendu en attendant son métro à la
station de Twickhenham. Baldry voit un futur
grand en Stewart. « Long John est l’un des chanteurs britanniques les plus sous-estimés. Je lui
dois beaucoup. C’est vrai qu’il était sur l’autre
quai ce soir-là. Il attendait le train dans la direction
opposée. Cyril Davies venait de mourir. Il m’a
crié : Jeune homme, vous possédez une bonne
voix ! Avant de me proposer de me joindre à son
orchestre pour 35 livres par semaine, c’était très
bien payé pour trois chansons trois ou quatre fois
par semaine. Mon premier concert a eu lieu à
l’université de Manchester. Je ne connaissais
qu’un titre de leur répertoire, « The Night Time Is
The Right Time » de Ray Charles. Un des Hoochie Coochie Men m’a donné une pilule noire.
Jusque-là les drogues m’étaient inconnues. On a
fait durer ce morceau près d’une heure J’ai ensuite appris d’autres standards de Ray Charles,
mais aussi « Dimples » de John Lee Hooker, « I
Wanna Put A Tiger
In Your Tank » de
Muddy Waters, des
titres de Jimmy Reed,
Sonny Boy Williamson, Bobby Bland et
évidemment de Sam
Cooke, mon idole. A
cette époque, je n’aimais ni les Beatles ni
Herman’s Hermits.
Le rock pour moi,
c’étaient les Stones,
puis il y a eu les Yardbirds avec Eric Clapton et, ensuite, Jeff
Beck. »
Long John Baldry se
souvient que sa rencontre avec Rod Stewart a eu lieu un dimanche : « Lors d’une
soirée de janvier
1964, il jouait « Smokestack Lightning »
à l’harmonica, d’une
façon authentique. Il
m’a affirmé qu’il chan-
tait également. Il connaissait un peu Muddy Waters et Jimmy Reed. Chez moi, je lui ai fait découvrir des disques de Big Bill Broonzy et Big Joe
Williams qui lui ont ouvert son horizon. J’ai tout de
suite senti que Rod possédait tous les atouts
pour devenir une star. » En février 1964, « Bright
Lights, Big City » interprété par Rod Stewart
avec les Hoochie Coochie Men au Town Hall de
Birmingham sortira sur l’album « The First Rhythm & Blues Festival In England » (Byg 529
705 Fr). Le 19 juin il partage le chant sur le gospel « Up Above My Head » de Long John Baldry,
en face B du premier 45 tours de ce dernier (United Artists UP 1056), produit par Jack Good. Rod
aurait aussi assuré l’harmonica sur le tube de Millie, « My Boy Lollipop », mais il déclare : « Je ne
m’en souviens pas, à moins que je n’aie été ivre
ce jour-là ! » Le 6 août, avec les Hoochie Coochie
Men, il passe pour la première fois à la télévision
dans Beat Room sur BBC 2. Parallèlement, Rod
enregistre avec Jeff Bradford (guitare), Cliff Barton
(basse), Ernie O’Malley (batterie), Ian Armitt (claviers) et Art Themen (saxo), des Hoochie Coochie
Men, les classiques « Just Like I Treat You »
(Howlin’ Wolf), « Ain’t That Loving Baby »,
« Bright Lights, Big City » (Jimmy Reed), « Don’t
You Tell Nobody » (Willie Dixon), « Mopper’s
Blues » et « Keep Your Hands Off Her » (Big Bill
Broonzy) qui figurent, en 1976, sur l’album « A
Shot Of Rhythm And Blues » (Private Stock PS
2001 US). Le producteur Mike Vernon, qui a remarqué Rod Stewart, en août au Marquee, le recommande chez Decca qui l’engage. Tellement
excité, il se rend au studio huit jours trop tôt.
« J’étais fier comme tout en y allant, mais, à la réception, la fille m’a annoncé que je m’étais
trompé de date ! » Le 10 septembre, à son retour
en studio, avec cette fois deux heures de retard,
il refuse les chansons proposées par ses managers John Rowlands et Geoff Wright qui raconte :
« Rod n’a jamais été un artiste facile. Il fallait le
prendre avec des gants, surtout qu’il refusait de
faire du commercial. »
Il enregistre donc deux standards, « Good Morning Little School Girl » et « I’m Gonna Move
To The Outskirts Of Town » avec des musiciens
de studio, John Paul Jones (basse, futur Led Zeppelin), Brian Daly (guitare), Bobby Graham (batterie) et Reg Guest (claviers). « J’ai ensuite appris
que les Yardbirds avaient eux aussi mis en boîte
« Good Morning Little School Girl » un peu plus
tôt, si bien que ma version n’a plus eu d’intérêt. »
En dépit d’une apparition à Ready, Steady Go !,
ce premier disque solo, édité le 16 octobre, ne se
classe pas (si bien qu’il cote 80 € comme ses
autres simples 60). Et, quand les Hoochie Coochie Men quittent Long John Baldry en novembre
1964, Rod Stewart chante avec les Soul Agents
de Southampton. En juillet 1965 il intègre le
Steampacket aux côtés de Brian Auger, Julie Driscoll et, de nouveau, Long John Baldry dans une
tournée avec les Rolling Stones et les Walker Brothers dont le point culminant se tient au London
Palladium, le 1er août. Puis Steampacket effectue
un passage remarqué au Jazz & Blues Festival de
Richmond. Le 2 novembre, ITV lui consacre le documentaire « Rod The Mod », portrait de trente minutes sur un mod typique. Le 19, Columbia publie
son deuxième simple, « The Day Will Come »,
une composition de Barry Mason.
En décembre 1965, Rod Stewart chante « Can I
Get A Witness » de Marvin Gaye sur une maquette de Steampacket. Le 9 février 1966 il enregistre à Abbey Road plusieurs plages dont deux
reprises de Sam Cooke, « Shake » et « Meet Me
At Mary’s Place ». Le 15 avril « Shake » paraît en
simple couplé à « I Just Got Some » de Willie
Mabon. Ces deux magnifiques faces sont produites par Tony Palmer et l’accompagnement est
dirigé par Brian Auger (claviers) avec Vic Briggs
(guitare), Rick Brown (basse) et Micky Waller (batterie), soit Steampacket sans Long John Baldry et

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