Jérôme Rousselot, IC Info 2005, doctorant et résidant à Lausanne

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Jérôme Rousselot, IC Info 2005, doctorant et résidant à Lausanne
Réseau
Dis Papa, c’est quoi un
ingénieur ?
Delville et des concours divers (dont CFE), on fait une
étude de faisabilité qui montre qu’il faut beaucoup d’argent
mais que c’est jouable. Il y a 10.000 m² de locaux à louer
et 12.000 m² de locaux à vocation purement culturelle.
L’idée était d’amortir l’investissement par les locations
commerciales. Evidemment la difficulté c’était de trouver le
financement ! Piet Van Waeyenberge, un industriel du Nord,
voulait racheter le bâtiment, Picqué a refusé. Finalement Van
Waeyenberge m’a proposé de faire le projet ensemble, et
la Région Bruxelloise l’a subsidié à hauteur de 10 millions
d’euros. En octobre 97 l’étude était achevée, en 99 on
désamiantait et en octobre 2002 le bâtiment était tip top !
Depuis sa fondation, je m’occupe activement de ce projet,
non sans de grandes difficultés de tout ordre.
Je suis très fier de ça.
Flagey est devenu le centre de Bruxelles : on a réhabilité
formidablement un quartier qui était en train de s’effondrer,
et je suis très heureux d’avoir contribué à cette action
citoyenne.
Le mot de la fin
Si c’était à refaire je recommencerais volontiers !
Propos recueillis par
Michel Vanderstocken ICME 79
Jérôme Rousselot, ICInfo 2005,
doctorant et résidant à Lausanne
Interviewé par François-Xavier Destrée
Réseau
Jérôme Rousselot
Jérôme Rousselot
(ICINFO 2005)
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Nouvelles entre A.Ir.Br. • Juin 2009
Vous aussi, prenez la parole, et partagez votre expérience avec
notre Redac’ Chef, FX Destrée. [email protected].
Quel est ton parcours depuis la fin de
tes études d’ingénieur civil ?
Après mon séjour de trois semaines au Rwanda pour mon MFE
dans le cadre de la coopération au développement (liaison
WiFi longue distance pour des instituts de microfinance), je
suis parti pour quatre mois à l’Ecole Polytechnique Fédérale
de Lausanne (EPFL) lors de ma cinquième et dernière
année. J’ai été impressionné par la taille et les ressources de
l’institution, le niveau des cours et l’enthousiasme de certains
profs.
Concernant les perspectives d’emploi, je n’étais pas très
attiré par l’informatique bancaire et j’étais plus intéressé
par l’innovation technologique. Après avoir demandé une
lettre de recommandation à un professeur de l’EPFL, JeanDominique Decotignie, j’ai obtenu un contrat de doctorant
au Centre Suisse d’Electronique et Microtechnique (CSEM)
de Neuchâtel. Ceci pour travailler sur des protocoles de
communication embarqués à très basse consommation
d’énergie. Bien que je n’avais pas prévu initialement de
rester en Suisse, c’était pour moi la perspective d’emploi la
plus attrayante. J’avais en effet pu constater que les étés en
Suisse étaient agréables grâce au lacs et aux montagnes,
je savais que Lausanne était une ville en croissance, jeune
et internationale. Enfin, la perspective d’aller skier les weekends d’hiver était sympathique.
Au début de mon activité professionnelle, je me suis
familiarisé avec les technologies du laboratoire, les outils
de développement, l’importance de la demande pour
nos applications et le milieu de la recherche suisse. Notre
technologie de réseaux de capteurs sans fil (wireless sensor
networks) permet la collecte périodique d’informations sur
l’environnement de déploiement du réseau, avec une densité
spatiale élevée et une haute résolution temporelle.
Les applications concernent par exemple la météorologie de
glaciers, les détecteurs d’incendie sans fil, la surveillance de
falaises rocheuses instables en amont de bâtiments ou encore le suivi du vieillissement d’un pont et des équipements
de sécurité pour téléphériques. Nous sommes aussi actifs
dans le positionnement de personnes et d’objets à l’intérieur
des bâtiments (geofencing), ainsi que d’objets volants autonomes (évitement de collision et vol en formation).
Ta première
expérience dans
un cadre semi
professionnel
se déroule donc
au Rwanda, cela
te donne-t-il
envie de vivre à
l’étranger ?
Né en France de parents
français, j’ai toujours eu
l’habitude de vivre à cheval sur deux pays et de voyager
beaucoup pour voir la famille. Du coup, vivre «à l’étranger»
me paraît peut-être plus naturel qu’à d’autres.
Les séjours au Rwanda et en Suisse ont été préparés
simultanément, et se sont rapidement succédés. L’ONG
avec laquelle je suis parti à Kigali m’a proposé de repartir
au Sénégal mais je n’étais pas convaincu par cette offre,
que ce soit par les aspects technologiques, la vie sociale ou
résultat final. En tant qu’étudiant, j’avais envie de découvrir
autre chose que l’ULB et l’Erasmus a permis un premier
séjour en Suisse. J’aurais d’ailleurs préféré partir avant ma
dernière année, comme cela se fait dans la plupart des autres
universités. Cela aurait permis de profiter de l’expérience sans
devoir gérer simultanément le mémoire et les perspectives
d’emploi.
Comment apprécies-tu ton
environnement professionnel ?
Je suis très satisfait de mon environnement professionnel.
Nous sommes 80% d’ingénieurs. Les profils sont très
internationaux, j’ai des collègues Colombiens, Français,
Autrichiens, Italiens, Américains, Chinois, Néerlandais... et
aussi des Suisses. Nous travaillons de façon très autonome
et il y a peu de niveaux hiérarchiques.
La Confédération investit beaucoup et depuis longtemps
dans la haute technologie, et nous sommes convenablement
équipés. Les projets de recherche européens permettent
de rencontrer des doctorants travaillant sur des problèmes
similaires et d’éviter la duplication inutile d’efforts.
Travailler dans un centre de recherches m’a aussi permis de
participer à la valorisation de nos technologies d’une façon
qui n’aurait pas été possible dans une université.
Les compétences fortement interdisciplinaires (telles la
micro-électronique, le traitement du signal, les sciences de la
vie ou mécanique de précision) nous permettent de travailler
sur des projets très variés.
Sur quoi travailles-tu actuellement ?
Ma thèse consiste en l’évaluation d’une nouvelle génération
de radio, dites Ultra Wideband-Impulse Radio (UWB-IR) dans
le cadre des réseaux de capteurs. Elles doivent permettre
une grande précision de localisation, offrir des propriétés de
propagation très différentes des systèmes à bande étroite
(robustesse au fading et au multipath) et consommer moins
d’énergie.
Comme les produits ne sont pas encore disponibles, j’ai
développé des simulateurs réseaux détaillés afin d’évaluer
le système complet (radio, propagation, protocoles) selon
les métriques de l’application: taux de perte de paquets,
consommation énergétique, délais de communication, débit
maximum... Et ce aussi bien pour le radio UWB - IR que
pour le radio à bande étroite que nous utilisons dans nos
déploiements.
Un des problèmes principaux dans la gestion de l’énergie
dans les réseaux de capteurs est la consommation de la
radio. Aussi, il convient de la garder éteinte le plus longtemps
possible. Il faut néanmoins l’allumer régulièrement afin de
permettre les communications.
Mon laboratoire a développé il y a quelques années le
protocole WiseMAC qui offre un très bon compromis délaiconsommation. J’ai poursuivi sur cette voie en augmentant
sa capacité, en proposant un mode multi-canal plus robuste
aux interféreurs et en créant un nouveau protocole dédié aux
radios UWB-IR.
Par ailleurs, je participe aussi au groupe de travail 802.15.6
Body Area Networks de l’IEEE (une association d’ingénieurs
américaine qui a défini entre autres WiFi et Ethernet), auquel
nous avons soumis une partie de ces résultats.
La Suisse est une confédération
maximisant pouvoir local, peux-tu nous
en parler sur base de ton expérience et
nous dire quel impact cela a pour toi ?
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Nouvelles entre A.Ir.Br. • Août 2009
J’habite donc à Lausanne, et je travaille à Neuchâtel. Deux
villes situées dans des cantons différents, ce qui a son
importance en Suisse. Par exemple chacun des vingt-deux
cantons a ses propres jours fériés, son gouvernement, son
système éducatif... Les horaires et les jours d’ouvertures
des magasins sont décidés au niveau communal. Tout cela
découle d’une volonté de garder les centres de décision
proches de la population, et d’une méfiance envers toute
politique centralisatrice. Cela a ses avantages: en Suisse il
est possible de finir des projets publics avant terme et dans
le budget.
Par contre le côté fortement parlementaire de la Confédération,
avec la construction permanente d’un large consensus, et un
gouvernement sans pouvoir de décision réel et rapide trouve
ses limites lorsque la Suisse doit dialoguer avec les EtatsUnis ou l’Union Européenne. Cette structure bloque toute
initiative proactive, et finalement la Suisse est contrainte de
négocier en position de faiblesse, comme dans le cas du
secret bancaire. Finalement les Suisses y perdent beaucoup
en termes d’image à l’extérieur.
Les Suisses ont aussi un fort sentiment d’identité nationale et
cantonale. Avec quatre langues nationales, c’est une petite
Europe en miniature, qui délègue à chaque niveau de pouvoir
les compétences qui lui conviennent le mieux. C’est un pays
de contrastes avec une forte identité locale mais ouvert
depuis longtemps sur le monde, 20% de la population étant
de nationalité étrangère.
Il est assez intéressant de vivre dans un pays non membre
de l’UE mais encerclé par la zone euro. Le rejet de l’adhésion
dans les années 90 n’a pas empêché une intégration toujours
plus grande, et en pratique la Suisse est plus intégrée dans
l’UE que le Royaume-Uni: les distributeurs de billets délivrent
tous des euro, et la Confédération fait partie de l’espace
Shengen de libre circulation des personnes. La Suisse s’est
mise à l’écart des centres de décision européens alors
qu’elle est économiquement intégrée au bloc et finit donc par
reprendre telles quelles la plupart des directives européennes
sans avoir participé à leur élaboration.
Quid de ta vie sociale à Lausanne, t’estu facilement intégré ?
L’économie de la région lémanique s’est fortement développée
ces dernières années et cela a attiré de nombreux jeunes. Il
est donc assez facile de s’intégrer et de se faire des amis.
Dans mon entreprise, la moyenne d’âge est plus élevée que
dans un labo d’université (comme à l’EPFL). La vie sociale
se construit donc moins à travers le travail, ce qui n’est pas
forcément négatif car du coup j’ai plus d’amis non ingénieurs,
pour moitié Suisses et pour moitié expats comme moi.
Cela fait aussi que je suis beaucoup mieux intégré que les
doctorants employés par l’EPFL, qui repartent souvent soit
pour un postdoc aux Etats-Unis soit directement dans leur
pays d’origine. Pour un Chinois par exemple, il est très difficile
d’apprendre le Français en même temps que de répondre
aux exigences de la thèse et d’améliorer son Anglais.
Qu’en est-il de la qualité de vie à
Lausanne ?
Elevée. Vivre à Lausanne permet d’habiter en ville tout en
étant à proximité du plus grand lac d’Europe, dans lequel on
peut se baigner le soir après le travail. Les barbecues au bord
du lac sont aussi très populaires. En hiver, les pistes de ski
sont à seulement 1h de train, ce qui permet d’y aller quand
les touristes n’y sont pas (début janvier) et de choisir les jours
de bonne météo.
La qualité des transports publics (fréquence, ponctualité,
fiabilité) permet de se passer facilement de voiture, en
utilisant un système de partage de véhicule (Mobility) lorsque
c’est nécessaire, avec réservation par internet en 2 minutes.
La Suisse occupe aussi une position centrale en Europe,
et comme l’aéroport de Genève est spécialisé dans les
liaisons lowcost, cela permet de voyager partout en Europe
facilement.
Comment perçois-tu la culture locale ?
Malgré la proximité linguistique, je crois que les Suisses
romands sont plus distants culturellement de la France que
les Belges. Ceci est peut-être dû à leur forte identité nationale.
Ils sont peut-être plus réservés que les Belges mais en même
temps très tolérants et ouverts, peut-être plus encore pour la
jeune génération qui a souvent beaucoup voyagé.
J’ai été surpris au début de voir comment les Suisses peuvent
tout laisser traîner dans leur voiture lorsqu’ils se garent. De
même il y a peu de dégradations publiques. Par exemple, le
temple recouvert d’or que le roi de Thaïlande a récemment
Réseau
Jérôme Rousselot
offert à la ville de Lausanne en souvenir de ses études a été As-tu l’intention de revenir en Belgique ?
installé dans un parc public au bord du lac et est accessible en Non. J’apprécie beaucoup la qualité de vie élevée ici, comme
les possibilités professionnelles plus larges dans mon domaine,
permanence.
la région étant très riche en entreprises de haute technologie
Le rapport à l’alcool est très différent de ce qu’on voit en (Logitech, Yahoo, Cisco, Kudelski, MedTronic, Nokia, Google,
Belgique. Encore une fois ceci diffère d’un canton à l’autre. IBM...). Cela dit, je rentre régulièrement en Belgique et je
Je crois qu’en général les jeunes Suisses boivent moins. Il y a garde de bons amis à Bruxelles. Parfois le côté grande ville de
deux chaînes de supermarchés en Suisse, Migros et Coop, et la Bruxelles me manque un peu, dès lors si j’envisageais un jour
première ne vend pas d’alcool. Voila qui semble assez difficile à de repartir ce serait sûrement pour une ville un peu plus grande.
imaginer en Belgique.
Ceci dit, quitter Lausanne n’est pas d’actualité pour moi.
Nouvelles des membres
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Réseau
Nouvelles des membres
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10
Nouvelles entre A.Ir.Br. • Juin 2009
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•N
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28 avril 2009
•N
otre camarade Pierre Schouters (ICME 1977),
papa de notre camarade Vincent Schouters (ICEM
2006), survenu le 25 mai 2009
•N
otre camarade Nicolas Hilgers (ICC 1950), survenu le 27 mai 2009
•N
otre camarade René Bremer (ICMi 1954), survenu
le 16 juin 2009
•M
adame Marianne Delange, épouse de notre camarade Pierre Klees (ICME 1956) et maman de notre

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