Correspondant à l`étranger Découvrir – Rencontrer – Témoigner

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Correspondant à l`étranger Découvrir – Rencontrer – Témoigner
Correspondant à l’étranger
Découvrir – Rencontrer – Témoigner
Croatie 2013
En juin 2013, nous accueillions une vingtaine d’étudiants arrivant en Croatie par la voie des airs.
C’était le début d’une grande aventure : un stage de deux semaines à Trogir, importante ville de la
Dalmatie. Leur curiosité et leur énergie sans borne ont permis la production de six reportages vidéo
et de deux reportages photos.
Pour les deux correspondants à l’étranger produisant des reportages photos, le défi était de taille!
Sans coéquipier, leur rôle était de rapporter des images témoignant des évènements au quotidien et de
construire une série d’images dans un but documentaire.
Voici donc les deux reportages photos de l’édition 2013 du projet Correspondant à l’étranger.
Coordonnateur
Stéphane Fontaine, professeur de sciences politiques
Responsables du projet
Philippe Aubin-Lussier, professeur de psychologie
Luc Dragon, professeur d’économie
Catherine Beaulieu, professeur de psychologie
Table des matières
L'architecture de la Dalmatie: un décor influencé par l'histoire ..................................... page 2
Par Florence Gamache-Lavoie
Prières d’horizon ............................................................................................................ page 16
Par Joanie Tremblay
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Correspondant à l’étranger
Découvrir – Rencontrer – Témoigner
L’architecture de la Dalmatie :
Un décor influencé par l’histoire.
Par Florence Gamache - Lavoie
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Croatie 2013
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Croatie 2013
La Dalmatie est une région du Sud de la Croatie. Puisque ce pays a seulement été formé à la suite de
la dissolution de la Yougoslavie, les différentes régions de la Croatie ont des histoires divergentes
dépendamment des différents Empires les ayant conquises par le passé. Étant située
géographiquement proche de l'Italie, la Dalmatie a beaucoup été influencée par celle-ci (on le
constate, par exemple, en remarquant la nourriture servie dans les restaurants de la région, fortement
inspirée par la cuisine italienne).
L'architecture de cette région a également été marquée par l'histoire. Lors de mon séjour en Croatie,
j'ai résidé dans une petite ville touristique nommée Trogir. Située sur le bord de l'eau, cette ville est
peuplée
de
maisons
rappelant celles que l'on
peut apercevoir dans le Sud
de l'Europe dans des pays
comme la Grèce; les murs
sont blancs et les toits,
orangés. La photo suivante
représente
bien
les
bâtiments que l'on retrouve
généralement en Dalmatie.
Vue sur la Mer Adriatique, à Split. Des bateaux de pêche et de touristes y sont
généralement accostés. Au second plan, on aperçoit des maisons d'apparence
typiquement méditerranéenne, avec des murs de couleur pâle et des toits en tuiles
oranges. D'autres maisons, situées plus en hauteur, sont visibles à l'arrière-plan.
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Croatie 2013
De nombreuses traces de l'histoire peuvent être observées à Trogir. Par exemple, la cathédrale de
Saint-Laurent. Celle-ci a commencé à être bâtie vers 1200, mais sa construction a été terminée au
XVIe siècle. En conséquence, les trois styles architecturaux (roman, gothique et baroque) y sont
présents à différents endroits. Ce bâtiment n'a pas été le plus facile à photographier, puisqu'il était
immense et que la prise de photos était interdite à beaucoup d'endroits à l'intérieur.
Fenêtres de la cathédrale Saint-Laurent. Celles-ci ont été rénovées, mais le contour des fenêtres indique une appartenance
au style architectural gothique, puisque la forme des bordures des fenêtres est un design typique des Vénitiens l'époque,
tout comme les colonnes qui y sont rattachées.
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Croatie 2013
La cathédrale de Saint-Laurent, tout comme le palais Cipiko situé juste à côté, doivent la majorité de
leur design architectural aux Vénitiens, qui ont conquis la Dalmatie au cours de la période des
Croisades. Le portail de la cathédrale, sculpté en 1240 par le Croate Radovan, est un chef-d'œuvre de
l'art roman. Il est encadré par deux lions qui symbolisent la suprématie de Venise sur la Dalmatie.
Bien que le palais de Cipiko (une famille de riches aristocrates Vénitiens) ait été bâti surtout dans le
style architectural gothique, certains endroits situés plus près de la cathédrale portent des traces du
style roman, comme identifié ci-dessous.
L'église Saint-Pierre, également située à Trogir, a été construite à la même époque, en 1242. Cette
église appartenait au monastère des femmes. La photo suivante représente la sculpture de SaintPierre, présente au-dessus du portail d'entrée de l'église. Les sculptures de ce genre étaient
couramment construites au cours de l'Antiquité.
Sculpture présente au-dessus de l'entrée de l'église Saint-Pierre, à Trogir.
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Croatie 2013
La tour de l'horloge est située juste à côté de la cathédrale Saint-Laurent et du palais Cipiko. Cette
tour a été construite au quatorzième siècle. On peut y voir l'heure écrite en chiffres romains sur la
photo ci-dessous. L'architecture de cette tour est inspirée du style roman, puisqu'elle comporte des
éléments rappelant l'Antiquité. La raison pour laquelle tant d'éléments de toutes les périodes
historiques se retrouvent ensemble à cet endroit, c'est les nombreuses guerres que la Dalmatie a dut
subir au cours de son histoire autour des années 1200-1500, causant parfois la démolition de certaines
parties des bâtiments. Les Vénitiens ayant été un peuple particulièrement attaché à l'expression
artistique en général (tout comme la plupart des villes italiennes), ils se sont beaucoup exprimés à
travers l'architecture. La vieille ville de Trogir comporte tant de bâtiments anciens portant des traces
de l'histoire qu'elle est complètement protégée par l'UNESCO.
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La grande horloge présente dans la place centrale de la ville de Trogir.
En se promenant dans les rues très
étroites de la ville, on peut
contempler des bâtiments dont
l'apparence rappelle les époques où
les Grecs, les Romains et les
Vénitiens ont occupé la Dalmatie.
La religion est également très
présente dans la ville.
Portail d'entrée de la vieille ville de Trogir, on peut voir en arrière-plan
des boutiques où les touristes vont souvent acheter des souvenirs. Trogir est
une ville qui compte beaucoup sur le tourisme pour faire rouler son
économie.
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On le réalise en montant au sommet de la grande tour de 154 pieds de haut située à côté de l'entrée de
la cathédrale Saint-Laurent. En regardant la ville à vol d'oiseau, on remarque la présence de
nombreuses églises, identifiables par les croix installées à leur sommet.
Escaliers de la tour d'observation située à côté de la cathédrale de Saint-Laurent.
Il y a tellement de bâtiments historiques à Trogir qu'il n'est pas rare d'en apercevoir quelques-uns se
fondant dans le décor quotidien de la ville.
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La photo ci-dessous représente la tour Saint-Marc, construite en 1470. Un terrain de soccer a été
aménagé juste devant celle-ci et lors de mon séjour en Croatie, j'ai remarqué que des groupes
d'enfants s'y rassemblaient souvent (de l'autre côté de la tour, il y a une garderie).
On peut voir, à l'avant-plan, le terrain de soccer qui a été emménagé juste à côté de la tour Saint-Marc.
La construction de la tour Saint-Marc s'est terminée à la fin du quinzième siècle. Au deuxième étage
de la tour, on peut voir les armoiries du comte Antonio de Canal (ses armoiries datent de 1496 et sont
symboliques de l'époque de la Renaissance). Ce sont les Vénitiens qui l'ont construite, lorsqu'ils se
sont mis à fortifier la ville au quinzième siècle.
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Croatie 2013
Situé à mi-chemin entre Trogir et Split se
trouve une série de villages regroupés en une
seule ville sous le nom de «Kastela». Ces
villages sont nommés après les châteaux qui y
ont été érigés. De nombreux vestiges de
l'Empire romain peuvent être observés à
Kastela; à Kastel Sucurac, il y avait un musée
Photographie de l'intérieur de la tour Saint-Marc.
comportant des reliques de l'Antiquité que l'on
pouvait observer. Il y avait sept places fortes entre
Split et Trogir pour défendre le littoral contre les Turcs et servir de refuge à la population avoisinante.
Cinq de ces châteaux existent encore aujourd’hui; ils ont été construits entre le 15 e et le 16 e siècle.
Certains
ont
été
transformés
en
villas
fortifiées. L’un d’eux demeure inchangé depuis
sa construction, le Kastel Stari, un autre
exemple d’architecture gothique. Le Château
Saint-Georges
(Kastel
Sucurac)
n’était
initialement qu’un tour, lors de sa construction
en 1392, il a été transformé en palais gothique
Kastela, vue sur des bâtiments anciens, dont une église
catholique de style roman.
à la fin du 15 e siècle. Une photo montrant
ces deux parties du château pourrait être
prise afin de comparer leur architecture. Le Kastel Luksic est de style Renaissance (terminé de
construire en 1564) et c’est le plus grand de la série, il abrite aujourd’hui un centre culturel. La photo
suivante représente un exemple de l'architecture de cette région. On peut constater que les bâtiments
sont encore plus vieux que ceux de Trogir.
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Split est la plus grosse ville de la Dalmatie. Comme Trogir, elle a une architecture très
méditerranéenne. C'est une ville médiévale remplis de palais gothiques et de la Renaissance,
rappelant beaucoup Trogir à cet égard également. Ci-dessous, une vue à vol d'oiseau de la ville.
Vue d'envol de la ville de Split, on peut apercevoir d'autres maisons blanches aux toits rouges ainsi que des montagnes en
arrière-plan.
C'est à Split que l'on retrouve le fameux palais de Dioclétien, cet ancien Empereur romain qui y avait
fait construire sa demeure. Dioclétien était un empereur romain qu’on croit originaire de Salona, il fut
porté au pouvoir en l’an 284. Lors de sa construction, avec son enceinte fortifiée, le palais ressemblait
à un camp militaire romain. A l’extérieur du palais, on peut observer de puissantes murailles et des
tours carrées du troisième siècle. Quand les habitants de Salona s’y réfugièrent en 615, ils
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construisirent des habitations à l’intérieur. Il en va de soi que l'architecture du palais, tout comme
celle de la place de la ville juste à côté, est de style roman.
On remarque l'influence romaine dans
la vieille ville par la structure des voies
identique à celle utilisée par les
romains,
avec
sa
rue
principale
commerciale orientée nord-sud et les
rues secondaires alignées d’est en
ouest. Par contre, l’hôtel de ville situé
juste à côté du palais est de style
Colonnes de style roman à la place de la ville de Split.
gothique; il a été construit par les Vénitiens
à la première moitié du 15 e siècle. La photo suivante illustre des colonnes à l'extérieur du palais de
Dioclétien. Dubrovnik est une autre ville qui a été particulièrement touchée par l'histoire. Elle est
située à l'extrémité Sud de la Dalmatie. Pour s'y rendre, il faut passer par la frontière de la BosnieHerzégovine. La ville de Dubrovnik a vécu un tremblement de terre en 1667 et a été reconstruite par
LA VILLE A AUSSI ÉTÉ BOMBARDÉE PAR
L’ ARMÉE YOUGOSLAVE LORS DE LA GUERRE
EN
1991-1992.
la suite dans un style baroque.
La ville a aussi été bombardée par
l’armée yougoslave lors de la guerre en
1991-1992. La photographie de droite
montre un bâtiment ayant subi des
bombardements pendant la guerre.
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Un bâtiment ayant été endommagé par les bombardements lors de la
guerre yougoslave à Dubrovnik.
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Croatie 2013
Il y a beaucoup de très belles églises dans le Vieux Dubrovnik. Une des plus prestigieuses est sans
doute l'église de Saint-Ignace, bâtiment de style baroque datant du dix-septième siècle. Contrairement
à Split et Trogir, où les styles architecturaux romans et gothiques dominaient, Dubrovnik est
principalement caractérisée par ses bâtiments de style baroque inspirés des Siciliens. La photo
suivante nous montre une fenêtre d'église de style baroque.
Fenêtre d'une église de style baroque à Dubrovnik
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Croatie 2013
Le vitrail est l'élément le plus représentatif du style gothique; la religion était l'élément autour duquel
tout tournait pendant le Moyen-âge, conséquemment les vitraux des églises étaient mis en valeur. Ces
derniers représentent des scènes religieuses qu'on peut retrouver dans la Bible. Salona est une ville
où se trouvent beaucoup de ruines de l'Empire romain. Cette ville était la capitale de la province de la
Dalmatie lorsque celle-ci se trouvait sous le régime romain. Le style architectural date donc de
l'Antiquité. C’est de Salona que les gens sont partis pour se réfugier dans le palais de Dioclétien qui
était abandonné à cette époque. Son inoccupation remonte à l’an 614; ce qu’on y voit est vraiment
d’origine et n’a pas été modifié.
Vitrail présent dans une église de style gothique à Dubrovnik
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Il y avait dans cette ville un amphithéâtre, un forum, des temples et des thermes. C'était la ville la plus
riche et la plus peuplée de cette région de l'Adriatique pendant la période de l'Empire romain. La
photographie suivante illustre une partie des ruines de Salona.
Ruines de l'Empire romain à Salona. On aperçoit sur cette image le portail d'entrée.
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Prières d’horizon
Par Joanie Tremblay
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Première image de la Croatie : un paysage vert de forêts, rocailleux de montagnes, bleu de la mer
Adriatique. Première observation au sujet des Croates : ils sont grands, minces, le visage sévère,
l’expression désintéressée.
L A RELIGION CATHOLIQUE ROMAINE EST EN RÉALITÉ UNE PLEINE
PART DE L ’ IDENTITÉ CROATE D ’ HIER ET D ’ AUJOURD ’ HUI.
Sur
plusieurs plans, ils forment un
tableau
très
homogène.
L’un
d’entre eux est celui de la
religion; la Croatie constitue d’abord et avant tout une nation catholique. La proportion d’individus
adhérant au catholicisme s’élève actuellement à quelque 87,8% de la population, contre 4,4%
d’orthodoxes, 1,3% de musulmans, 0,3% de protestants,
5,2% d’agnostiques et de non-croyants et 1% d’autres
religions diverses. La
population est certes moins
pratiquante qu’auparavant mais elle reste visiblement
croyante. Les fêtes religieuses sont nombreuses et
grandement célébrées. La religion catholique romaine
est en réalité une pleine part de l’identité croate d’hier et
d’aujourd’hui. Pour cause, le pays possède une position
géographique
particulière
l’isolant
entre
plusieurs
nations orthodoxes et musulmanes. La situation, jugée à
de nombreuses instances comme « menaçante », a contribué à élargir la main mise que possédait alors
l’Église catholique romaine sur la population. La religion s’est rapidement élevée en tant que l’une
des caractéristiques distinctes d’un peuple croate plongé au cœur d’un territoire de nations disparates.
Véritable rempart de l’identité, le catholicisme colore largement le nationalisme croate. Dans le
contexte de la guerre ayant déchiré la Yougoslavie en 1991, ce nationalisme contribue grandement
aux violences commises par les Croates. La distinction entre le peuple croate et les nations alors
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ennemies, Serbes, Bosniaques, Monténégrins, etc., est magnifiée. Les affrontements, de tous les
côtés, se rendent parfois jusqu’à l’intention du génocide à l’égard de l’autre. La religion forme l’un
des critères décisifs de cette division ethnique qui permet de diaboliser à un tel point son adversaire.
À l’époque, elle est utilisée comme une sorte d’idéologie par les gens au pouvoir, ce qui explique
aussi son encastrement dans le nationalisme. Ainsi, il est possible aujourd’hui encore de voir les
traces d’une ferveur religieuse enrichie du sentiment d’appartenance nationale en Croatie.
En Dalmatie, dans le sud de la
Croatie, les messes en soi sont surtout
peuplées de personnes plus âgées,
mais l’impact de la religion et de ses
pratiques traditionnelles, se décline
toujours dans une majeure partie de la
population qui y vit. Des symboles
religieux se disséminent un peu
partout. Par exemple, les chauffeurs
de taxi et d’autobus se munissent
généralement d’un chapelet suspendu
à leur rétroviseur, sans doute dans
l’idée d’appeler Dieu à les protéger
sur la route. Chez les gens plus âgés,
la séparation entre les hommes et les
femmes est grande. À dire vrai, l’espace de la femme se trouve encore dans la demeure, car il est rare
d’observer une dame se promener sans but à l’extérieur, sans sacs de course entre les mains. Les
Croates plus âgés pouvant être aperçus au dehors sont essentiellement des groupes d’hommes. Chez
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les plus jeunes, la chose est un peu différente; ceux-ci sortent, boivent ensemble dans des cafés et se
mélangent davantage que leurs aînés. Cependant, les jeunes femmes sont toujours bien soignées :
leurs cheveux sont longs, attachés,
C HEZ LES GENS PLUS ÂGÉS , LA SÉPARATION ENTRE LES HOMMES
leur visage est maquillé, leurs
ET LES FEMMES EST GRANDE .
vêtements à la mode et les jambes
cachées même par temps d’extrême chaleur. Lorsque la femme quitte la demeure, elle doit être
présentable pour toute occasion selon des normes établies. Enfin, exemple notable du mélange entre
religion et nationalisme : suite à une cérémonie de mariage dans la petite ville de Trogir, une voiture
suivait celle des mariés, munie d’un gigantesque drapeau de la Croatie en klaxonnant à tout va pour
célébrer l’union du couple. Il est aussi fréquent de voir un bâtiment religieux, une église, une
cathédrale, surmonté du drapeau de la Croatie.
Trogir
Au cœur de la Dalmatie se trouve la vieille ville
médiévale de Trogir. Fondée par les Grecs
environ au IIIe siècle avant J.-C., elle est l’une
des
premières
à
composer
la
région
de
l’Adriatique. Elle est forte d’un climat agréable,
caractéristique du littoral. Elle subit au cours des
siècles l’influence grecque, romaine, byzantine et
vénitienne, prise tour à tour sous la domination
de ces différents peuples. Merveilleusement
préservée, la ville figure présentement sur la liste
du Patrimoine mondial de l’Unesco.
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Croatie 2013
Trogir fait partie des villes du
littoral qui, au cours de la
guerre ayant ravagé la Croatie,
a
vu
son
économie
être
durement touchée. Depuis les
années 1970, elle tirait en effet
la
majeure
partie
de
sa
subsistance dans le tourisme,
bien devant l’agriculture et la
pêche malgré sa marina très
active. Ainsi, Trogir commence
depuis peu à rafistoler les bouts
abandonnés au marasme de
l’après-guerre. Par sa splendide
vieillesse
et
son
mélange
d’influences culturelles, Trogir
offre un sujet de photographie fascinant. Elle est évidemment forte de son identité catholique et se
répand en nombreuses églises anciennes, préservées d’aussi lointainement que le 13e siècle. Maisons,
palais, cafés et commerces vibrent
de ce même historique et veinent
les ruelles étroites de la ville
PAR SA SPLENDIDE VIEILLESSE ET SON MÉLANGE D ’INFLUENCES
CULTURELLES , T ROGIR OFFRE UN SUJET DE PHOTOGRAPHIE
FASCINANT .
surmontées de hauts murs de pierre.
La porte nord de Trogir est gardée de la sculpture de Saint-Ivan (francisé en « Saint-Jean »), le patron
de la ville. L’image de la statue est symbolique de la teneur du catholicisme de la ville. Le personnage
religieux délimite l’une des frontières de la ville et lui accorde une protection toute divine, tout en
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Correspondant à l’étranger
prévenant
ce
qui
Découvrir – Rencontrer – Témoigner
peut
Croatie 2013
s’y
aventurer. Il surplombe l’arche
d’entrée avec une prestance toute
nette, main tendue, doigt relevé
comme s’il s’apprêtait à prononcer
un discours. Mise en garde peutêtre à qui entrera? Trogir est bien
entendu
riche
en
bâtiments
religieux. Plusieurs petites églises
s’y retrouvent, certaines laissées en
désuétude,
d’autres
bien
entretenues. De la même façon, on
retrouve à l’occasion des autels
religieux construits sur le bord des
routes
résidentielles,
souvent
munis d’une statue de la Vierge
Marie en leur centre.
La cathédrale St Lovro, située au cœur de la vieille ville, constitue l’un des établissements religieux
les plus connus de Trogir. Chaque jour, on peut entendre résonner son clocher à intervalles réguliers.
Son portail, finement sculpté par un artiste de renom, est achevé en 1420, et entouré de statues
d’Adam et Ève. De style roman, elle est la plus haute bâtisse de la ville et possède un clocher du haut
duquel il est possible de grimper. L’intérieur de la cathédrale renferme le sarcophage de St Ivan, le
saint ayant servi de modèle à la statue dominant la frontière nord de Trogir. Le lieu est magnifique; il
démontre une richesse et un souci du détail puissant, en plus d’être symbolique par le fait même de
conserver les restes du patron de la ville.
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À l’extérieur de la cathédrale se trouve un vaste espace dégagé, majoritairement occupé par les clients
des différents cafés longeant les murs de la place. À cet endroit, divers évènements s’organisent
régulièrement; spectacles, célébrations nationales, religieuses, etc. La place de la cathédrale forme un
véritable lieu de rassemblement pour les habitants de Trogir.
La photo ci-dessus représente un groupe de femmes entamant des chants religieux en croate. Le
spectacle avait attiré une foule importante et certains individus chantaient en chœur avec elles, une
dame agitant même le drapeau national avec émotion.
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Croatie 2013
En ce même endroit, face de la cathédrale, un petit
bâtiment est dédié à la mémoire d’hommes natifs de
Trogir tombés lors de la guerre de 1991. Il s’agit
d’une petite pièce blanche, sobre, munie d’un autel
sur lequel se dresse une magnifique sculpture. Une
vitrine est affichée sur le mur, contenant les photos et
les noms des soldats morts. Tout près d’un tombeau se
tient un large drapeau de la Croatie. Éternel rappel
d’une guerre encore trop fraîche dans l’esprit de
chacun.
Dubrovnik
Dubrovnik est l’une des villes touristiques les plus
prisées du pays, ayant gagné le surnom de la « perle
de l’Adriatique ». Elle se trouve à l’extrême-sud de
la Dalmatie et forme le premier port de la route
maritime de l’ouest. Au cours de la guerre de 1991,
elle joue un rôle de première importance. Lorsque
la Croatie déclare son indépendance, les Serbes,
aidés des Monténégrins, y répondent notamment en
s’attaquant à la ville, car Dubrovnik représente
alors une position stratégique au cœur de la mer
adriatique. Encerclée et bombardée durant quelque
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Croatie 2013
huit mois, la ville est ravagée. La région aux alentours subit tout autant les effets de l’occupation
ennemie. La reconstruction de Dubrovnik se fit avec l’aide d’un vaste programme de restauration
ordonné par l’Unesco pour y retrouver et protéger les traces de son précieux patrimoine.
De toute évidence, Dubrovnik
L A RECONSTRUCTION DE DUBROVNIK SE FIT AVEC L ’AIDE D’UN
VASTE PROGRAMME DE RESTAURATION ORDONNÉ PAR L’UNESCO
regorge de magnifiques églises
POUR Y RETROUVER ET PROTÉGER LES TRACES DE SON PRÉCIEUX
catholiques, tout particulièrement
PATRIMOINE .
dans la vieille ville. Toutefois, la
colonne de Roland est un monument extrêmement intéressant dans la perspective du récent conflit
yougoslave. Il s’agit d’une longue colonne située tout près de l’église Saint-Blaise, surmontée d’une
sculpture datant de 1418 d’un chevalier, un paladin nommé Roland. Cette colonne représente un
symbole de liberté au cœur de la ville de Dubrovnik. Au cours de la guerre de 1991, alors que la ville
était assiégée, la colonne Roland servit de point de ralliement pour les défenseurs de la cité.
La statue ne se rapporte pas explicitement
à l’aspect religieux, mais, par définition,
un ordre de chevaliers était tout autant
militaire que religieux. Ainsi, on peut
encore y voir l’idée forte d’un protecteur,
gardien de la ville, gardien de la liberté
dans ce cas-ci, rattaché à la religion. À
l’échelle
des
villes,
on
commence
rapidement à observer au travers d’une
architecture datée le même motif qui
circule dans toute la Croatie : la religion
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protectrice, la religion comme rempart contre les autres.
Dubrovnik est une ville importante de la Dalmatie qui comprend une bonne diversité de lieux de
culte. L’église orthodoxe serbe de la Sainte-Trinité est l’un des plus reconnus. Le monument date
d’environ 1877 et s’illustre d’une architecture assez distinctive des bâtiments catholiques. À noter
qu’elle possède une haute clôture en fer entourant son périmètre, chose qu’aucune autre église de la
Croatie ne semble être pourvue. On ne peut alors s’empêcher de supposer l’importance de la division
religieuse, tout en remarquant à quel point Serbes orthodoxes et Croates catholiques ont longtemps
évolué en une grande proximité.
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Regard sur la Bosnie-Herzégovine : Mostar
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Si certaines villes de la Croatie portent encore des traces
nettes de la guerre de l’ex-Yougoslavie, la ville de Mostar
en respire le constant souvenir. Des bâtiments en ruine
sillonnent ses rues, condamnés d’accès par danger
d’effondrement, masqués de longs voiles ou simplement
laissés à découvert, au vent et à la chaleur. Certains
établissements portent des traces visibles d’impacts d’obus
ou de balles, des explosions de ciment rajouté après coup
qui ne font que trahir le violent passé de l’endroit.
Parallèlement, Mostar est une ville affichant à l’inverse de
celle de la Croatie une étonnante hétérogénéité religieuse. La population bosniaque est majorité
musulmane, mais dans une proportion atteignant à peine plus de 40% des individus. Au cœur de la
ville, on aperçoit alors une panoplie de mosquées, de synagogues et d’églises chrétiennes, plus bon
nombre de cimetières assortis. Enfin, le sentiment national
se fait plus discret qu’en Croatie. Le drapeau national n’est
que peu affiché, alors que le passé communiste et la guerre
de 1991 sont ouvertement exposés et même utilisés comme
attractions touristiques. Bon nombre de marchands vendent
des répliques d’artefacts de l’époque yougoslave, des tshirts exposant le visage de Tito, des casques de guerre, des
chapeaux, des badges militaires et ainsi de suite. Parfois,
des graffitis se lisent « Yugoslavia » sur les murs en ruine.
Mostar n’est pas seulement une ville forgée de violence,
elle est aussi une ville qui se refuse d’oublier.
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