(68) Altkirch - Pôle commercial : Antoine Waechter : "Ne

L'Alsace 23/01/2013
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(68) Altkirch - Pôle commercial : Antoine Waechter : "Ne pas déséquilibrer les
centres-villes"
Craignant que le projet de pôle commercial sur l'ancien site industriel Jédelé ne dévitalise le centre-ville d'Altkirch, Antoine
Waechter tire la sonnette d'alarme.
«Le projet de pôle commercial sur l'ancienne friche Jédelé risque de déséquilibrer les centres-villes d'Altkirch et de
Dannemarie, sauf s'il y a un respect de non-concurrence avec les commerces du centre, dans un cahier des charges rédigé
en amont.» C'est en substance le message qu'a voulu faire passer, lundi matin, en conférence de presse, Antoine Waechter,
en sa qualité de conseiller régional sous l'étiquette Europe écologie, et aussi de président du MEI, le Mouvement écologiste
indépendant.
«Une question d'aménagementet d'équilibredu territoire»
Le projet de création d'un pôle commercial de 16000 m2 , sur l'ancien site industriel Jédelé à Altkirch, est porté par Luc
Brunet, Pdg de l'enseigne E. Leclerc à Altkirch. Il envisage d'y implanter des GSS, grandes surfaces spécialisées, sur 16000
m2 . Un projet que nous avions présenté dans nos éditions des 12 et 13 octobre derniers, au lendemain du feu vert donné
par la commission d'aménagement commerciale du Haut-Rhin, la CDAC. Sur les huit membres de la commission, six se sont
prononcés en faveur du projet, un s'est abstenu, et Antoine Waechter, appelé à examiner le dossier en tant que personne
qualifiée en matière de développement durable, a voté contre.
Rappelons aussi que ces 4,88 ha de terrains sur lesquels avaient été bâtis des entrepôts et bâtiments d'activités
industrielles, ont été vendus par la Ville pour un montant de 1,6 million d'euros.
Le projet avait été présenté notamment lors de l'assemblée générale de l'association des commerçants Altkirch Traditions,
et évoqué lors d'une réunion de l'association Dynamik Altkirch.Il reste que si ce projet ne fait pas l'unanimité, Antoine
Waechter estime qu'il relève d'une question plus globale «d'aménagement et d'équilibre du territoire» et devrait être soumis
à débat au Syndicat mixte du Sundgau, le SMS, en charge de l'élaboration du schéma de cohérence territorial. Et c'est bien
la dimension du projet qu'il pointe du doigt. «Un projet de 16000 m2 , je crois que personne ne se rend compte de ce que
cela représente, c'est plus que la somme de tous les commerces du centre-ville, et ici, les enseignes ont entre 100 et 150
m2 , le Super U, 2500 m2 » , expose l'écologiste, qui se pose ici en défenseur du petit commerce, mais précise toutefois en
préambule n'être le porte-parole d'aucun groupement de commerçants.
«Une américanisation du territoire»
Ceci étant précisé, il avance que les grandes surfaces subissent actuellement une érosion de leur clientèle, et tentent par
conséquent de «recréer des centres-villes à côté de chez eux». Il dénonce ce qu'il appelle «une américanisation du
territoire contre laquelle je m'élève, avec des commerces en périphérie et des villes-dortoirs». Et de citer les exemples de
stratégies de grandes enseignes à Colmar ou Sierentz. «Ici, c'est la même chose, avec un Leclerc qui veut recréer un
nouveau centre-ville chez lui. On n'est plus du tout dans la logique d'une galerie marchande.»
Son souci: «Conserver des centres-villes dynamiques comme à Altkirch et à Dannemarie. Et les commerces en sont des
éléments essentiels, s'ils ferment, c'est le déclin assuré, et le centre-ville finit par disparaître doucement de l'esprit des
gens. Or Altkirch a un rôle important à jouer dans l'identité et la trame urbaine du Sundgau». Pour l'élu écologiste, le projet
aurait également un impact négatif sur les commerces de Dannemarie.
Antoine Waechter ne souscrit pas aux conclusions d'une étude de 2008, financée à 50 % par le conseil général, selon
laquelle une telle zone serait à même de «limiter l'évasion des clients vers les autres zones concurrentes» , et reste
dubitatif face à l'autre argument avancé de «zone qui doit amener un complément d'attractivité au cour de ville» . «Si cela
doit se traduire par des déplacements d'emplois du centre-ville vers la périphérie, il n'y a pas de gain, et si cela consiste à
dévitaliser le centre-ville, je ne vois pas la plus-value sociale et économique de la démarche.» Enfin, il estime que pour
«une réelle différenciation des gammes de commerces» , entre le centre-ville et la périphérie «cela suppose un projet bien
étudié en amont» . Ce qui n'est selon lui pas le cas en l'état actuel des choses.
Les préconisationset leviers qui pourraient selon lui faire bouger les lignes? Ne pas construire avant d'avoir les garanties
d'un cahier des charges définissant la gamme de commerces qui sera implantée dans ce pôle, et ne pas reproduire dans
cette zone ce que l'on trouve déjà au centre-ville, sinon «le dérapage est inscrit dans le projet». Et revoir le projet en terme
de dimension. Enfin, et pour revenir à une question plus environnementale, il dénonce aussi un projet de construction en
zone inondable et en zone humide.
«Je n'ai jamais vuun projet aussi caricatural»
Toute reproduction est interdite, sauf autorisation expresse auprès d'un gestionnaire des droits.
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centres-villes"
Il s'étonne de ce que l'on ne se soit pas penché sur l'étude d'une zone d'activité industrielle comme à Tagolsheim, dont le
projet de revitalisation est porté par la comcom du secteur d'Illfurth. «Je tire la sonnette d'alarme, si on n'est pas assez
prudent et exigeant on risque de déstabiliser le centre-ville d'Altkirch, et de Dannemarie.»
«En 3 ans de CDAC, je n'ai jamais vu un projet aussi caricatural», avance encore Antoine Waechter qui rapporte aussi «que
l'État a émis toute une série de réserves qui doivent être prises en compte dans l'examen du permis de construire.»
Les débats autour de la question seront sans doute encore nombreux, Luc Brunet avait estimé en novembre dernier que «le
dossier est techniquement envisageable en 2015».
-Laurence Behr
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