le phenomene de l`enfant soldat
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le phenomene de l`enfant soldat
LE PHENOMENE DE L’ENFANT SOLDAT Devenu un phénomène de mode de par les images diffusées par les médias et qui apparemment nous insensibilisent plus qu’elles ne nous interpellent par leur régularité et leur fréquence, l’enfant soldat s’exporte plutôt bien, à en croire son expansion des conflits armés ougandais aux guérillas colombiennes en passant par les massacres afghans et Sri Lankais. Au total donc, 300 000 enfants combattent dans 25 conflits armés dans le monde, participant innocemment à des guerres que les adultes se sont débrouillés à orchestrer, leur seul intérêt étant de tuer pour ne pas être tué. Si la forme la plus cruelle de l’exploitation de ces enfants comme soldats est l’apanage des guérilleros et autres rebelles armés, les Etats eux-mêmes n’hésitent pas par des moyens détournés d’incorporer les enfants au sein des armées gouvernementales. Le plus souvent, la situation de guerre mobilise toutes les couches de la société qui d’une manière ou d’une autre sont amenées à participer à l’effort de guerre. Ainsi, depuis des siècles déjà, les enfants ont participé aux campagnes militaires en tant que mousses dans les bateaux de guerre ou tambours sur les champs de bataille. Lors de la deuxième guerre mondiale, les conflits opposaient les armées régulières et les enfants y ont parfois jouer un rôle dans les mouvements de résistance. Mais ce qui est effarant dans les conflits armés de type nouveau, c’est la participation au premier rang des hostilités des enfants à peine pubères munis des armes au même titre que les adultes. Section 1 : LE RECRUTEMENT DES ENFANTS PAR LES REBELLES I. Circonstances et motivations A- Un palliatif conjoncturel L’éclatement des rébellions, guérillas ou autres conflits armés, favorise l’exploitation des enfants comme soldats. Les revendications des groupes armés 1 souvent insatisfaites activent les passions et les escalades de violence. La grande disponibilité d’armes nécessite alors des effectifs pléthoriques de combattants. L’option pour le recrutement des enfants est motivée par le besoin de remplacer les combattants morts, blessés ou déserteurs par d’autres, de préférence plus dociles. II. Couches facilement perméables En leur qualité d’êtres humains en devenir, les enfants constituent pour les rebelles une aubaine, et cela compte tenu de leur incapacité de discernement ; ils sont facilement manipulés et le risque de désertion est moins élevé que chez l’adulte. Selon un « officier » de la rébellion congolaise, « les enfants sont de très bon soldats car ils n’ont peur de rien. Ils obéissent aux ordres et ne pensent pas à retourner vers leurs épouses et leurs familles ». De plus le salaire n’est pas leur préoccupation première. Les couches les plus perméables sont de façon générale les plus défavorisées. - les enfants issus de milieux pauvres socialement et économiquement et n’ayant pas accès à une éducation ou à un niveau de vie raisonnable. - les enfants séparés de leurs familles ou provenant d’une famille brisée (enfant de la rue, orphelin, enfants non accompagnés). - les enfants issus des familles dont un enfant est le chef de famille. - les enfants de zones de conflits, communautés déplacés et réfugiées ceux ci sont particulièrement vulnérables car, obligés de quitter soit leur région d’origine ou leur pays pour des endroits qui leurs sont souvent inconnus. Ils vivent souvent agglutinés dans les camps et sont à la merci des groupes armés et rebelles qui profitent de leurs situations de vulnérabilité pour enrôler les enfants dans leurs rangs. II. PROCEDURE DE RECRUTEMENT ET MISE EN CONDITION POUR LA GUERRE A. L’enrôlements force La circonscription des enfants par les rebelles et autres groupes armés se fait systématiquement dans tous les cas par la force. Le rapt et l’enlèvement sont les moyens auxquels ils ont les plus recours. Les enfants sont brutalement arrachés à leurs parents quel que soit l’endroit ; on les prend dans les quartiers et villages où les chefs de milice ou de village sont obligés de fournir un nombre d’enfants par apport à un quota déterminé, dans les écoles et même dans les églises telle la méthode de l’aspirateur qui était dans les années 80 utilisée par les militaires éthiopiens et 2 consistait à recruter les jeunes enfants à la pointe des fusils sur les terrains de football, les marchés et les fêtes religieuses etc. Certains enfants cependant rejoignent les groupes armés par nécessité parce que l’armée peut constituer une famille de remplacement, cas de l’armé de résistance nationale en 1986 qui compter environ 3 000 enfants dont la plupart d’entre eux étaient orphelins. Elle peut aussi être le seul moyen de survivre parce que « ceux qui ont de fusil ont à manger ». Au Cambodge, la pratique est courante. La situation la plus pathétiques est celle par laquelle des parents eux-mêmes enrôlent leurs enfants dans l’armée parce que celle ci leurs fournis des vêtements et de bons repas. B. Mise en condition pour la guerre Les enfants captifs sont souvent amenés à entreprendre de longs voyages à pieds pour rejoindre les camps d’entraînement. Les plus jeunes dont l’âge varie de 6 à 10 ans non habitués à ce genre de déplacement meurent souvent de faim, de soif et de fatigue. Ceux qui parmi eux expriment des tentatives de fuites sont battus pour décourager chez leurs camarades les mêmes intentions. Une formation extrêmement sommaire et rudimentaire leur est octroyée et tout est mis en œuvre pour faire de ces enfants de véritables machines à tuer. Pour ce faire des séances d’initiation ponctuées d’épreuves sensées neutraliser la douleur et la peur de l’enfant sont instituées. Dans ce domaine, l’imagination est incroyablement fertile. Les enfants sont soumis à des épreuves dont la violence fait frissonner. Elles vont à des séances de bastonnade à mort contre leurs petits compagnons d’infortune jusqu’aux exactions commises contre les membres de leur propre famille. Sous l’emprise de la drogue et de l’alcool, les enfants commettent des exactions comme le témoigne ce jeune combattant libérien « ils me donnaient des pilules qui me rendaient fou, quand la folie me prenait, je frappais les gens à la tête et les blessais jusqu’à ce qu’ils saignent. Quand la folie me quittait, je me sentais coupable » ; ou encore tel que couper les membres des gens qui n’ont le choix qu’entre une « manche courte » et une « manche longue », lorsqu’il ne sont pas tout simplement assassinés leur sang servant de peinture aux rebelles pour signer leurs forfaits. Ils soumettent parfois les enfants à la pénible épreuve de consommation de la chair humaine. Sous d’autres cieux, outre les mauvais traitements physiques, les enfants subissent un endoctrinement politique ou idéologique. Au Salvador et au Pérou, par exemple les rebelles armés assuraient une instruction scolaire primaire aux enfants, instruction qui en général ne leur assurait pas l’éducation normale ; le cas des 3 Kamikazes ou commando suicides palestiniens qui au prix de leurs vies et au nom d’Allah se chargent de bombes occasionnant ainsi des pertes humaines et des dommages matériels du côté israélien. Ainsi conditionnés, les enfants sont envoyés au front où des tâches spécifiques leur sont confiées. Ils sont souvent porteurs d’armes et de vivres, messagers, espions, cuisiniers, démineurs ou éclaireurs. Les filles, soumises aux mêmes traitements que les garçons sont aussi destinées à servir d’objets sexuels. Au regard de ces horreurs que vivent les enfants soldats il est malheureusement donné de constater que les Etats eux-mêmes recrutent des enfants dans les armées gouvernementales. Section II. Le recrutement des enfants par les Etat I. Motivations et procédures. Les Etats sont soit disant motivés par le besoin de pourvoir une éducation et une profession à ceux des jeunes qui en n’ont pas. Ce qui d’une part est compréhensible. Mais il n’en résulte pas moins que le recrutement des enfants dans les forces armées en général se justifie par le fait de renouveler les effectifs ou de pallier leur insuffisance numérique. Et pour cela les Etats organisent des recrutements des enfants dont l’âge varie de 16 à 18 ans. Si pour la plupart ces recrutements sont volontaires et requièrent l’autorisation parentale, certains Etats à l’exemple du Soudan qui en septembre 1997 a lancé une campagne visant à enrôler les enfants de 16 ans obligent quelque peu les parents à encourager leurs progénitures à intégrer l’armée gouvernementale en leur « conseillant » de ne pas les cacher. Le cas du Cambodge édifie encore l’assertion selon laquelle, les Etats aussi participent au même titre que les groupes armés à l’enrôlement des enfants comme soldats. Ainsi, en décembre 1997, les travailleurs humanitaires ont rapporté que dans les provinces de Oddar Meachey sujette à des raids, les autorités ont obligé les enfants de 8 à 10 ans à se joindre aux forces armées gouvernementales. En échange d’une exemption de ce recrutement non officiel, on exigeait le payement d’une caution. II. L’étude du cas particulier des Etats-unis d’Amérique Dans la pratique de l’interdiction des enfants comme soldats, les USA ont une position mitigée. En effet, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, les USA ont toujours été les pionniers des Droits de l’Homme. La réticence affichée aujourd’hui à l’égard des droits protégeant les enfants et de surcroît leurs propres enfants paraît quelque peu paradoxal. 4 La convention relative aux droits de l’enfant de 1989 et les deux protocoles additionnels à la convention de Genève, ont été signés mais n’ont jamais été ratifiés. L’administration Clinton est opposée farouchement à une éventuelle interdiction des moins de 18 ans comme soldats, ceci du fait du recrutement chaque année des enfants de 17 ans dans l’armée américaines. Dès cet âge, ils en deviennent techniquement membres en attendant leur incorporation totale à l’âge de 18 ans. En fait les USA veulent faire ressortir la différence entre l’âge de recrutement et celui de la participation effective dans les forces armées. Face à une telle situation, la communauté internationale ne peut rester sans agir. 5