L`économie de partage : la consommation de demain

14 JAN 14
Quotidien
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tendance
L'économie de partage :
la consommation de demain ?
Covoiturage, échange de logement, vente d'occasion... En croissance
depuis dix ans, la consommation collaborative concerne un Français sur deux.
"^T"ai rencontre ma copine en
rn faisant du covoiturage.
M Yoann, 26 ans, revient
rn tout juste de quatre mois
•dé vadrouille en Asie, et fait ses
derniers tra] ets entre son Berry
natal et la capitale bretonne où
il va s'installer. En covoiturage,
forcément. Avec ses deux passagères, qui paieront chacune
17 euros pour un trajet RennesTours parcouru à - tres - vive
allure sur les routes nationales,
ça discute musique, voyage, et
couchsurtmg, ce système d'accueil sur canapé qui fait fureur
chez les 18-35 ans depuis plusieurs annees
Pas de doute, pour ce trio de représentants de la génération Y
(du nom de cette generation
née connectée), la consommation collaborative est une évidence A leur arsenal, on pourrait ajouter la vente et l'achat
d'occasion (type leboncoin fr),
l'échange ou la « sous-location » d'appartement (comme
le propose Airbnb fr), et pourquoi pas les achats groupes ou
l'adhésion à une Amap
Cette « consommation émergente », scrutée de prêt par les
économistes de l'Observatoire
sociéte et consommation (Obsoco), ne concerne pas que les
moins de 30 ans . selon l'observatoire, 60 % des Français de
15 à 75 ans ont déjà goûté à cette
nouvelle manière d'échanger
des biens et des services.
Les grandes enseignes
aussi se lancent
Le principe est « un rapport direct entre particuliers ou avec le
producteur », tente de définir
Philippe Moati, cofondateur de
l'Obsoco et professeur d'économie à l'université Paris Diderot. « Même si les plus jeunes
s'en sont emparés plus vite, ça
touche toutes les catégories
d'âge et socioprofessionnelles,
chacun trouve des réponses a
Louer ou echanger son logement, proposer une place de voiture,
revendre ses objets... Ces échanges sont aujourd'hui courants.
IMaxppp)
ses besoins », complète Annesophie Novel, économiste, auteur de l'ouvrage « OuiShare »
(Éd. Alternatives).
Accélérée par Internet et encouragée par la crise, cette consommation de partage - héritière des v i d e - g r e n i e r s ,
auto-stop ou petites annonces est devenue, en moins de dix
ans, un mode de e onsommation
établi « Je pense qu'il y a une
lame de fond, une tendance générale qui sera bientôt relayée
par les grands acteurs de l'économie », estime Philippe Moati
Quand la SNCF rachète un site
de covoiturage, que Système U
se met à faire de la location
d'outillage, que Auchan se
lance dans la cocréation avec
ses clients ou qu'Ikea annonce
qu'il va se mettre à la vente
d'occasion, le verni « alter-
en savoir plus
Une économie sans cadre juridique
Le partage et le benefice mutuel
sont bien au cœur de la
consommation collaborative Au
mieux, certaines pratiques
peuvent être une source
d'économie (comme le
covoiturage pour un conducteur)
ou de revenu d'appoint (quand on
revend des affaires d'occasion ou
que l'on loue son apparemment)
Maîs, comme aux débuts de ebay
(vente en ligne d'occasion), ou des
professionnels se sont immisces
dans ce site dedié aux particuliers,
les dérives émergent. Des
vehicules a huit places qui
effectuent régulièrement le même
trajet, des appartements en
location perpétuelle non déclares,
des restaurants « clandestins »..
« ll n'existe pas de cadrejundique
pour l'instant», pointe
I économiste Philippe Moati. « ll
est vrai que ce qui est au départ
une possibilité de revenu
d'appoint peut se transformer en
concurrence pour des taxis ou des
loueurs, maîs légiférer trop tôt, de
manière trop stricte, pourrait
freiner le mouvement... »
natif » se craquelle Là, les valeurs de partage, de lien social,
d'engagement sociétal ou écologique sont mises en avant par
presque tous les usagers, passe
loin derrière l'argument économique
« C'est une saine concurrence »,
estime Anne-Sophie Novel, qui
y voit une preuve supplémentaire de la montée en puissance
de modes de consommation.
« Cela donne l'impression que
nous nous éloignons du modele
de la production et de la possession d'objet, abonde Philippe
Moati Ces usagers expérimentent la satisfaction du besoin,
quipourrait devenir un nouveau
modele de la création de richesse. »
Économies pour les uns
gros chiffres d'affaires
pour les autres
Quand on sait que le n° I en
France de l'achat « malin »
entre particuliers, Leboncoin,
affiche un chiffre d'affaires autour de IOU millions d'euros,
que la version française de
Airbnb a déposé un chiffre d'affaires de 1500.000 euros en
2012, que Blablacar prend une
commission de 10 % sur chacun
des trajets de ses plus de trois
millions d'utilisateurs en
France... Il paraît évident que
cette économie du partage, qui
s'est développée en marge des
sentiers marchands, peut devenir très lucrative. « Comme le ecommerce il y a quèlques années. Cest un peu le nouvel
Eldorado, estime Philippe
Moati Tout ce qui a de la valeur
va être exploité »
Ce qui n'empêchera pas les
adeptes du Boncoin de conclure leur vente autour d'un
café ou les covoitureurs de
tomber amoureux..
Manella Esvant
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les principaux sites
Acheter une chemise, trouver un job, louer une tondeuse, partager un jet...
> Se loger. Lom derrière le
couchsurfing.fr, qui a tissé un
réseau mondial
d'accueillant-accupillis sur canapé,
et airbnb com, qui permet de
louer son logement pour de
courts séjours, toute une
déclinaison de sites :
trocmaison com ou
guesttoguest.com pour echanger
sa maison, ou même le site
echangedefimtif com, qui comme
son nom l'indique..
> Se déplacer. Pour le covoiturage
occasionnel. Blablacar est le
leader incontesté, devant
123envoiture.com. Axés sur les
trajets réguliers,
GreenMonkey tom ou
betawednve mobi ont fait leurs
preuves ll existe environ
200 sites dédiés Pour les plus
fortunes, cojetage.fr propose de
partager les voyages... en jet privé.
> Travailler. Avec la multiplication
des travailleurs indépendants, le
coworkmg, ou l'art de partager un
bureau, s'installe, essentiellement
à Pans. Le site
bureauxapartager com propose
quèlques solutions. Pour trouver
un job, le boncom fr truste le gros
des annonces maîs des sites
comme fnzbiz.com ou youpijob.fr
se démarquent pour les « petits
boulots »... et le dépannage de
ceux qui ne bricolent pas
> Acheter, prêter, donner.
Leboncom.fr ou ebay.fr ont
installe les vide-greniers sur
Internet. Maîs il est aussi possible
de donner (freecycle.org,
ressourcene.fr), troquer
(france-troc.com), louer (zilok.com,
e-loue.com) ou même... prêter
(tipkm.fr) ll existe toutes les
déclinaisons imaginables.
bebepartage.com, alittlemarket.
com (déco).
> Se financer Le crowdfoundmg,
ou financement participatif, est un
phénomène en explosion. Des
mastodontes comme
kisskissbankcom ou ulule côtoient
d autres plate-formes, parfois
spécialisées, comme
mymajorcompagny.com (culture)
ou wiseed.fr (start up) ou encore
bulbmtown.com (petit commerce
et asso de quartier)
> Manger, apprendre, jardiner...
Avec l'échange en ligne, on peut
échanger des savoirs
(rers-asso org) et apprendre en
ligne (skilio.com), partager des
repas (cookenmg.com,
super-marmite.com), consommer
chez les producteurs locaux
(laruchequiditoui.fr) ou même
prêter son potager
(pretersonjardm.com)...
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