La reconnaissance professionnelle, l`argent

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La reconnaissance professionnelle, l`argent
Article très intéressant à lire qui m'a beaucoup touché... surtout l'article complet sur ce business man, et business angel,
co-fondateur du site Kelkoo.com, vice-président de Yahoo qui a vécu des expériences mystiques...
« Je suis né il y a 4 ans. » Jean-Marc Potdevin n’y va pas par quatre chemins pour témoigner de sa rencontre
avec Dieu, alors qu’il marchait vers Compostelle. Pourtant, sa vie d’« avant » semblait accomplie : des postes
au sommet, des millions d’euros, une vie qui brillait… mais où la Lumière manquait.
La reconnaissance professionnelle, l’argent – beaucoup d’argent –, une famille unie : la vie de Jean-Marc
Potdevin, ancien viceprésident de Yahoo ! Europe, était apparemment réussie. Elle roulait vite… peut-être un
peu trop vite. Et brusquement, le besoin de faire le point, d’appuyer sur le bouton « pause ». De partir vers
Compostelle, avec une liste de questions et beaucoup d’inconnues…./…
Quel regard portez-vous sur les années vécues au sommet de votre vie professionnelle ?
JMP Cela m’a apporté beaucoup sur le plan humain, parce qu’il n’y a aucun projet qu’on réalise vraiment seul. Toutes
ces aventures auxquelles j’ai participé sont des projets d’équipes, des projets d’hommes. Or j’ai toujours travaillé avec des
gens exceptionnels, que ce soit mes patrons ou mes collaborateurs. Sur le plan humain, donc, ma vie professionnelle m’a
apporté 90 % de bon. Petit, j’étais un enfant réservé, timide. J’avais beaucoup de mal à aller vers l’autre, je me protégeais.
À cet égard, mes collaborateurs m’ont appris à m’ouvrir à l’autre. J’ai compris que m’ouvrir, et donc m’exposer et
prendre des risques, est la condition pour construire et aller plus loin. En ouvrant ma muraille à mon boss, à mon salarié
ou à mon co-worker, je donne de l’oxygène à l’autre qui ne peut plus rester derrière sa muraille. Une fois les portes
ouvertes, on peut vraiment commencer à travailler ensemble, à créer une équipe, à partager un objectif commun.
Dans la relation aux autres, votre rencontre avec Dieu a-t-elle changé la donne ?
JMP Jusqu’à ma conversion, j’ouvrais aux autres ma première ligne de défense, une muraille sociale de façade.
Mais j’avais gardé toutes mes protections. J’avais gardé une forme de forteresse intérieure, que le Seigneur est
venu faire exploser. J’aurais certainement pu gagner en qualité dans ma relation aux autres si j’avais pu avoir la
vraie confiance qui est donnée par le Seigneur, et non pas cette confiance de la réussite. Si je travaillais dans
l’intérêt général, je travaillais aussi pour mon propre intérêt. J’ai compris sur le chemin de Compostelle que
l’on pouvait se mentir sur ce degré d’ouverture à l’autre : en toute honnêteté, je n’avais pas vu cette forteresse
intérieure. Le Seigneur m’a mis face à ma réalité. En se révélant à moi, il m’a débarrassé de mes mensonges
dans sa miséricorde. Mes relations aux autres sont devenues ensuite beaucoup plus libres.
Quels sont les pièges dans lesquels vous avez pu tomber ?
JMP Le premier piège, c’est les batailles d’ego. Et le piège est toujours là car c’est un problème d’orgueil. Le
deuxième, c’est le rapport pathologique que j’ai eu au succès, à la réussite. J’y investissais tellement de temps
et d’énergie… Le travail était une fuite de ma propre vie. Je me trompais de cible en pensant que le travail me
faisait exister en tant qu’homme, et je me trompais de bonheur en ne faisant reposer tout cela que sur mes
propres capacités. Je suis ingénieur, et l’une de mes motivations profondes était, en innovant, de développer des
outils qui rendraient la vie des gens plus facile : appareils de détection d’explosifs, Carte Vitale, systèmes de
paiements sécurisés, consommation au meilleur prix, etc. Mon objectif professionnel prenait le pas sur mon
objectif de vie, et je m’approchais de ce que signifie le mot « péché » : « rater sa cible. » Si ma cible était de
réussir Kelkoo, comment allais-je trouver là mon bonheur profond ? C’était une fuite dans l’activité, une
recherche de moi-même dans la vaine gloire. Soudainement, je devenais quelqu’un d’intéressant à voir… alors
que j’étais précisément le même qu’avant de réussir. Je me suis fait piéger par l’attrait du succès, je m’y suis
engouffré avec ma vanité. Mon orgueil a enflé… Oui, ce piège-là, je suis tombé dedans complètement, parce
que je croyais que ma réussite tenait à ma ténacité, à ma volonté.
Un véritable self-made-man ?
JMP L’orgueil aidant, je m’étais en effet tout attribué, et j’ai fini par me croire la source de moi-même. Mais
j’ignorais que toutes ces forces ne venaient pas de moi, que j’ai tout reçu, que le Seigneur m’a tout donné. Que
l’on est réceptacle et pas source. L’ignorant, je me suis peu à peu éloigné du Seigneur, je n’allais presque plus à
la messe, je n’avais plus franchi le pas d’un confessionnal depuis vingt ans.
Travaillez-vous autrement depuis votre conversion ?
JMP Ce qui a le plus changé dans mon travail, c’est mon rapport aux autres. La confiance que j’ai reçue grâce
à la foi en sa présence fait que je n’ai plus abordé la relation aux autres de la même manière, notamment dans
des situations tendues.
J’ai compris que l’unité se jouait d’abord à l’intérieur de mon être. Comme dit le psaume 86, « Seigneur, unifie
mon cœur pour que je craigne ton nom ». Si mon cœur est unifié, si je ne suis plus divisé en moi-même, je serai
un facteur d’unité très puissant autour de moi. L’unité de mon être permet la paix intérieure, et ainsi la paix
autour de moi. Or aujourd’hui, l’individualisme entraîne la division.
C’est-à-dire ?
JMP Je suis divisé dans ma foi car je n’ai pas le droit d’en parler en public. Je suis divisé : dans mon éthique
car je dois être irréprochable au travail, et pour autant, j’ai le droit de faire ce que je veux dans ma vie privée ;
dans ma sexualité, car le plaisir de mon corps est séparé de la procréation ; dans ma famille, car les parents ne
sont plus facteurs de stabilité. Toutes ces divisions sont des « structures de péché » qui amènent au désordre
intérieur, donc à une violence intérieure… et qui aboutissent à cette violence qui nous environne. On aura beau
mettre tous les pansements possibles, on n’y arrivera pas. La seule solution, c’est de faire l’unité en soi.
Mars 2008, il a « fallu » que vous partiez à Compostelle. Pourquoi ?
JMP Sur le coup, je ne le savais pas. C’était irrationnel. Comme j’avais besoin de comprendre le sens de cette
démarche, j’ai pris un papier et un crayon, et j’ai listé une série de bonnes raisons. Dans le fond, je crois que,
comme beaucoup, j’ai fait le chemin de Compostelle pour savoir pourquoi je le faisais… Alors je suis parti
avec mes angoisses dans mon sac à dos. Quand, au Puy-en-Velay, j’ai rencontré le Seigneur, j’ai évidemment
compris la raison de ce pèlerinage.
http://www.seraphim-marc-elie.fr/article-meme-les-patrons-d-entreprise-font-des-experiences-mystiques122062038.html