L`apprentissage : une idée simple, des réalités diverses
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L`apprentissage : une idée simple, des réalités diverses
Bref L’apprentissage : une idée simple, des réalités diverses Formés au cœur même du monde du travail, déjà dotés d’une solide expérience professionnelle lorsqu’ils quittent le système éducatif, réputés plus « employables » donc a priori plus attractifs pour les employeurs, les apprentis ont nombre d’atouts pour entrer dans la vie active dans de meilleures conditions que les jeunes formés par la voie scolaire. Ils sont pourtant loin de gagner sur tous les tableaux. Jusqu’au niveau baccalauréat, ils accèdent plus aisément à l’emploi mais ne sont pas pour autant mieux rémunérés. À l’inverse, après des études supérieures ils ont un salaire plus élevé que leurs homologues issus de la filière scolaire mais ne sont pas plus souvent en emploi. Derrière une idée simple, l’apprentissage se compose en fait d’espaces divers… dont le plus dynamique actuellement n’est peut-être pas le mieux à même de répondre au principal enjeu des politiques de l’emploi : réduire le chômage des jeunes. C Si un tel postulat se vérifie, le développement de l’apprentissage est une solution rationnelle au problème de l’entrée des jeunes dans la vie active. En effet, les apprentis, formés dans l’entreprise, parfaitement en phase avec la réalité des process techniques et sociaux du travail, sont donc directement « employables ». De plus, l’orientation des apprentis est immédiatement efficace, la signature d’un contrat de travail étant nécessaire pour pouvoir entrer en apprentissage, il ne peut y avoir formation que si l’emploi existe. L’insertion professionnelle, observée au fil des générations de jeunes qui entrent sur le marché du travail, conduit malheureusement à douter de ce schéma idéal. Il n’y a pas systématiquement avantage à être un ancien apprenti, mais plutôt des bénéfices qui varient en fonction des niveaux, des spécialités de formation et des secteurs d’activité. Le niveau de formation reste plus efficace que la filière de formation pour accéder à l’emploi À l’examen des situations des jeunes trois ans après leur sortie du système éducatif, trois observations générales s’imposent. Tout d’abord, quel que soit leur niveau de formation, les anciens apprentis sont en moyenne plus souvent en emploi que les jeunes qui auraient eu la possibilité de se former par l’apprentissage mais ont opté pour la filière scolaire (cf. encadré page 4). Cet avantage s’amenuise toutefois lorsque le niveau d’éducation s’élève : au niveau CAP ou BEP, dix points séparent les apprentis des jeunes ayant suivi la filière scolaire, huit points au niveau baccalauréat et seulement deux points au niveau bac+2 (cf. tableau au bas de la page 2). Deuxième observation, en termes d’accès à l’emploi, le niveau de formation prime sur la filière de formation. La poursuite d’études par la voie scolaire protège toujours mieux du chômage qu’une orientation précoce vers un CFA (centre de formation d’apprentis). Peu nombreuses, les exceptions à cette règle sont circonscrites à certaines professions, les métiers de l’alimentation, de l’agriculture ou des transports où l’insertion semble plus aisée pour les apprentis de niveau CAP ou BEP que pour les bacheliers issus de lycées. Le troisième constat souligne le rôle essentiel joué par la spécialité de formation dans l’accès à l’emploi. Cela vaut d’un double point de vue. La proportion d’apprentis en emploi au bout de trois ans de vie active varie fortement d’une spécialité à l’autre. Et l’écart entre apprentis et jeunes issus de la filière scolaire diffère lui aussi sensiblement ••• n° 223 octobre 2005 éreq Indissolublement liés, un constat et un postulat justifient les nombreuses politiques publiques conduites en France depuis 20 ans en faveur du développement de l’apprentissage. Le constat est indiscutable : le chômage des jeunes, qui était de 22 % en 2004, est en France très élevé. Il mérite d’être nuancé puisque d’autres pays d’Europe du Sud connaissent des taux de chômage des moins de 25 ans au moins aussi élevés, la Grèce (26 %), l’Italie (24 %) ou l’Espagne (22 %). Le postulat semble également peu contestable : en présence d’un déficit de main-d’œuvre dans certains métiers, comme l’artisanat, le bâtiment ou l’hôtellerie-restauration, l’appariement des jeunes aux emplois ne se ferait pas du fait du caractère scolaire de l’enseignement professionnel. Académique et éloigné de l’entreprise, il préparerait mal au monde du travail, tant en termes d’ajustement des compétences individuelles aux qualifications des emplois, qu’en termes de régulation globale des flux de jeunes vers le marché du travail. 1 à l’issue de l’apprentissage. Les employeurs des secteurs de l’artisanat, tels la coiffure, l’hôtellerie ou l’alimentation, Proportion d’apprentis parmi Proportion d’apprentis embauchés par l’ensemble des élèves et étudiants l’entreprise où ils ont effectué leur apprentissage embauchent moins souvent CAP CAP Bac+3 Bac+3 que les autres leurs apprenEnsemble Niveaux de formation Bac+2 Bac Bac+2 Bac et plus et BEP et plus et BEP tis, en particulier lorsque (en %) (en %) Spécialités ces derniers ont un niveau Agriculture, Environnement 19 % 33 % 49 % 22 % 23 % 27 % 25 % CAP ou BEP (cf. tableau ciBâtiment, Génie civil ns 8 % 48 % 64 % ns 55 % 56 % 32 % 36 % contre). À l’inverse, les secTravail des métaux 11 % 46 % 49 % 72 % 65 % 32 % 38 % teurs d’activité entrés dans Travail du bois ns 40 % 57 % ns 41 % 31 % 33 % Mécanique automobile 6 % 43 % 63 % ns 50 % 24 % 29 % l’univers de l’apprentissage Alimentation, Cuisine ns 12 % 63 % 87 % ns 30 % 31 % 24 % 25 % à la faveur de la réforme de 9% 5% 22 % 24 % 30 % 41 % 39 % 33 % 36 % Mécanique, Électricité 1987 (cf. encadré au bas de la Technologies industrielles 9 % 15 % 30 % 8% 41 % 28% 43 % ns 33 % page 4), comme les transports, Commerce 7 % 11 % 15 % 52 % 28 % 54 % 39 % 26 % 33 % la gestion ou la finance, ont Transport, Logistique 14 % 16 % 27 % 52 % 55 % 57 % 56 % tendance à recruter beaucoup Gestion, Finance 8% 6% 1% 2% 38 % 48 % 25 % ns 43 % plus souvent leurs apprentis. Secrétariat 6% 5% 2% 23 % 13 % ns 18 % Deux logiques distinctes semIndustries graphiques ns ns 49 % ns ns 42 % 41 % blent à l’œuvre. Dans l’une on Coiffure, Esthétique ns 100 % 41 % ns 31 % 15 % 22 % Santé 20 % 43 % 39 % 20 % 34 % discerne l’usage permanent Hôtellerie, Tourisme, Loisirs 9 % 12 % 46 % 41 % 30 % 22 % 24 % d’un volant de main-d’œuvre Ensemble 7% 9 % 20 % 45 % 35 % 39 % 37 % 27 % 31 % en formation, dans l’autre on Effectif 3 300 9 800 23 200 64 900 devine plutôt une présélection ns : effectif trop faible pour être significatif. de salariés en vue de leur Les cases vides correspondent aux spécialités et aux niveaux pour lesquels il n’y a pas de formation. Champs : jeunes ayant quitté le système éducatif en 1998. Source : enquête « Génération 98 », Céreq 2005. recrutement. Dans certains secteurs, ces deux logiques peuvent se combiner. Ainsi, dans le commerce, la ••• selon la spécialité. Il peut atteindre vingt santé ou la réparation automobile, la proportion points pour les formations du bâtiment alors qu’il d’apprentis embauchés par l’entreprise où ils ont est très faible dans les métiers du tourisme et de effectué leur apprentissage est faible au niveau l’hôtellerie par exemple. Au niveau baccalauréat, CAP et BEP mais forte au-delà. les employeurs semblent même préférer les jeunes issus de la voie scolaire dans les métiers du Le niveau de formation joue ici un rôle essentiel. commerce ou du travail des métaux. Le plus souvent, ce sont les apprentis de niveau bac+2 qui ont le plus de chances de rester dans Le salaire médian Ce dernier constat tend à montrer que, selon est le salaire au-dessus l’entreprise où ils ont effectué leur apprentissage. les secteurs d’activité, les entreprises font un duquel la moitié des En d’autres termes, c’est précisément au niveau usage différent de l’apprentissage, ce que vient jeunes sont rémunérés. de formation où le risque de chômage est parmi confirmer l’examen des pratiques d’embauche les plus faibles que la probabilité d’être recruté par son maître d’apprentissage est la plus forte. Les entreprises semblent donc embaucher au moyen du contrat d’apprentissage des jeunes qu’elles auraient de toute façon recrutés. Ce que tend à démontrer l’examen des salaires. Les apprentis et leur entrée dans le monde du travail au sein des spécialités de formation où l’apprentissage est significativement présent Emploi et salaire des apprentis au bout de trois ans de vie active à l’issue des spécialités de formation où l’apprentissage est significativement présent Proportion de jeunes ayant un emploi Niveaux de formation Spécialités Bac+3 et plus Bac Bac+2 CAP et BEP Apprentis Scolaires Apprentis Scolaires Apprentis Scolaires Apprentis Scolaires (en %) Agriculture, Environnement Bâtiment, Génie civil Travail des métaux Travail du bois Mécanique automobile Alimentation, Cuisine Mécanique, Électricité Technologies industrielles Commerce Transport, Logistique Gestion, Finance Secrétariat Industries graphiques Coiffure, Esthétique Santé Hôtellerie, Tourisme, Loisirs Ensemble ns 91 ns 98 ns ns ns 97 95 93 87 93 ns ns 96 94 96 94 ns 96 92 95 92 ns ns ns ns 87 95 93 91 93 92 95 ns 85 92 93 85 89 ns 95 86 92 92 87 92 89 90 81 ns 86 90 85 99 88 97 93 95 92 89 84 ns ns 85 ns 82 94 87 90 72 95 93 93 92 77 89 70 86 83 77 79 ns 82 83 82 88 89 90 88 88 87 89 ns 75 94 ns ns 85 76 74 77 85 75 69 81 86 86 76 82 74 67 83 64 65 64 69 79 76 75 Bac+3 et plus Salaire mensuel net médian Bac+2 Apprentis Scolaires Apprentis Scolaires Apprentis Scolaires (en euros) ns 1 650 ns 1 960 ns ns ns 2 130 2 070 1 920 1 700 1 980 ns ns 1 930 1 910 1 240 1 980 ns 2 290 1 780 1 780 1 080 ns ns ns ns 1 180 1 400 1 370 1 270 1 310 1 220 1 200 ns 1 100 1 220 1 270 ns 1 220 1 100 1 260 1 310 1 160 1 160 1 070 1 030 1 070 ns 1 150 1 270 1 080 1 160 ns : effectif trop faible pour être significatif. Les cases vides correspondent aux spécialités et aux niveaux pour lesquels il n’y a pas de formation. Champs : jeunes ayant quitté le système éducatif en 1998. C n° 223 octobre 2005 éreq • Bref 2 Bac 980 1 060 1 070 1 070 1 070 1 070 1 150 1 210 990 ns ns 1 020 ns 940 1 130 1 070 1 070 960 1 080 1 140 990 1 100 990 1 120 1 090 980 1 040 960 940 ns 1 110 990 1 040 L’accès à l’emploi au fil du temps Évolution de la proportion de jeunes ayant un emploi au cours des trois premières années de vie active selon le diplôme détenu Jeunes ayant quitté le système educatif en 1998 2001 Aucun diplôme Un gain net en salaires pour les apprentis de niveau bac+2 Apprentissage Formés dans les entreprises, dotés d’une solide expérience professionnelle lorsqu’ils entrent sur le marché du travail, réputés être immédiatement productifs, les apprentis sont attractifs pour les employeurs. Ils devraient donc en toute logique être mieux rémunérés que leurs homologues ayant opté pour la voie scolaire. Apparemment, il n’en est rien. Lorsqu’ils ont le niveau CAP ou BEP, leur salaire au bout de trois ans de vie active est globalement équivalent à celui des autres jeunes, voire inférieur pour certaines spécialités de formation (cf. tableau ci-dessous). Il en va de même au niveau baccalauréat, où l’écart est dans l’ensemble faible, de 30 euros seulement. Ce paradoxe s’explique par le fait que les anciens apprentis sont le plus souvent employés par des entreprises de petite taille où ils exercent des emplois d’ouvriers, de vendeurs ou d’employés en rapport avec leur formation. Les jeunes formés par la voie scolaire semblent eux avoir des débouchés professionnels plus variés et accéder plus fréquemment à des professions éloignées de leur formation. Voie scolaire 60 % 950 1 050 1 070 990 1 040 990 1 070 1 080 940 1 070 950 900 1 040 860 940 990 990 20 % CAP ou BEP 80 % 60 % 40 % 20 % Baccalauréat 80 % 60 % 40 % 20 % Source : enquête « Génération 98 », Céreq 2005. Bac+2 80 % 60 % 40 % 20 % Bac+3 et plus 80 % 60 % 40 % L’apprentissage : une politique, trois univers Ainsi, l’apprentissage réserve des surprises, tant du point de vue de son rendement sur le marché du travail que de celui de sa réponse globale, souvent décevante, aux politiques publiques en faveur de l’emploi des jeunes. Au-delà d’une idée séduisante par sa simplicité, il est surtout en France une « Institution » éclatée en histoires distinctes. Il recouvre un premier ensemble de formations, survivances corporatives de l’Ancien Régime et du dispositif des Voie scolaire 40 % La seule différence de rémunération réellement significative s’observe au niveau bac+2 : les anciens apprentis ont un salaire mensuel net médian supérieur de 110 euros à celui des jeunes issus de la filière scolaire. Qui plus est, ils tirent bénéfice de l’apprentissage quelle que soit leur spécialité de formation. Une analyse « toutes choses égales par ailleurs », neutralisant les effets possibles des variables sociales et scolaires confirme que, à ce niveau de formation, le fait d’avoir été CAP et BEP apprenti n’augmente pas la probabilité Apprentis Scolaires de trouver un emploi mais contribue en revanche à un gain de salaire. 960 1 020 1 060 990 990 1 040 1 070 ns 920 1 070 ns ns 1 020 850 1 050 970 990 Apprentissage 80 % 20 % Entrée dans 1 an la vie active 2 ans 3 ans Entrée dans 1 an la vie active 2 ans 3 ans Champs : jeunes ayant quitté le système éducatif en 1998 ou 2001. Source : enquêtes « Génération 98 » et « Génération 2001 », Céreq 2005. cours professionnels institués dans les années 1920. Essentiellement artisanal, cet ensemble constitue la clé de voûte de certaines professions réglementées comme celles de coiffeur, employé de pharmacie ou prothésiste. Il joue aussi un rôle essentiel dans le renouvellement de certaines autres, le commerce alimentaire et l’hôtellerierestauration notamment. Dans ce cas, il s’inscrit 3 C n° 223 octobre 2005 éreq • Bref dans une relation de formation professionnelle de proximité. Le pilotage est assuré par des organisations patronales sur un territoire limité, la ville ou le département. Les employeurs qui y ont recours sont souvent des micro-entreprises. Les liens entre maître d’apprentissage et apprenti relèvent souvent d’une relation privée à laquelle vient se juxtaposer la formation délivrée en CFA. Centré sur les CAP, cet ensemble se situe à contre-courant de l’évolution générale de l’apprentissage. Ainsi, entre 1995 et 2003, les effectifs d’apprentis ont globalement augmenté mais ils ont diminué de 13 % dans les métiers de l’alimentation et de la cuisine, de 16 % dans l’hôtellerie-restauration. Ces métiers sont pour certains saturés, tel coiffeur ou employé de pharmacie. D’autres sont devenus peu attractifs pour les jeunes qui s’orientent aujourd’hui vers l’apprentissage. D’un niveau scolaire plus élevé, ces jeunes sont peut-être moins enclins à admettre les nombreuses contraintes d’horaires comme celles ayant cours dans l’hôtellerie-restauration ou le commerce de détail. Un second ensemble de formations professionnelles par apprentissage est issu des mouvements d’éducation populaire de l’après-guerre. Il relève de la stratégie explicite, quelquefois paritaire, de branches professionnelles – le bâtiment et la mécanique automobile constituent les deux grands exemples – dont l’objectif est la production collective de qualifications négociables sur un « marché professionnel » où puisent des entreprises de différentes tailles. C’est ce modèle que consacre la loi du 16 juillet 1971 fondatrice de l’apprentissage actuel (cf. encadré ci-dessous). Les CFA articulés en réseau et solidement financés bénéficient à plein de l’essor actuel de l’apprentissage. Quand la conjoncture d’un secteur d’activité est favorable, les effectifs d’apprentis progressent. Ainsi, entre 1995 et 2003, le nombre d’apprentis dans le bâtiment s’est accru de près de 25 % au niveau CAP et BEP, et de plus de 130 % au niveau baccalauréat. Lorsque le secteur recrute peu, un glissement de l’apprentissage s’opère du niveau CAP et BEP vers le niveau baccalauréat, comme ce fut le cas pour l’électricité et la mécanique automobile entre 1995 et 2003. Le troisième ensemble est le territoire du « nouvel apprentissage ». Il est investi massivement par l’enseignement supérieur : les écoles de commerce, les instituts consulaires, les écoles d’ingénieurs, les Comparaison de deux filières de formation L’analyse présentée dans ce Bref s’appuie sur les résultats de la première interrogation de l’enquête « Génération 98 » du Céreq, qui permet de retracer les trois premières années de vie active des 742 000 jeunes ayant quitté le système éducatif en 1998. L’apprentissage n’est pas une opportunité présente à tous les niveaux et dans toutes les spécialités de formation. Afin de ne pas lui attribuer des qualités qui relèvent du dynamisme de certains métiers, l’analyse présentée ne prend en compte que les 410 000 jeunes qui, au sein de la Génération 98, auraient eu virtuellement la possibilité de choisir de suivre leur formation initiale via la voie scolaire ou par apprentissage. Parmi ces 410 000 jeunes, un quart a effectivement opté pour l’apprentissage. Pour faciliter la lecture des données et assurer au mieux leur significativité statistique, les spécialités de formation ont été regroupées en 16 catégories, à partir du niveau 100 de la « nomenclature des spécialités de formation » (NSF). sections de techniciens supérieurs et les universités. Il prépare à des professions qui auparavant étaient alimentées soit par des diplômés ayant suivi un enseignement général ou technologique par la voie scolaire, soit par la promotion interne ou la formation continue des salariés : cadres et techniciens commerciaux, cadres de gestion, métiers de la banque et de l’assurance, ingénieurs de production… C’est cet ensemble qui a connu l’expansion la plus nette : le nombre de formations accessibles par apprentissage et la proportion d’apprentis ont fortement augmenté au cours de la dernière décennie. À lire également • 1995-2003. L’apprentissage aspiré par le haut, J.-J. Arrighi et D. Brochier, Bref, Céreq, mars 2005. • Le monde apprenti, G. Moreau, Paris, La Dispute, 2003. • « Les jeunes en apprentissage ou en lycée professionnel », M. Sollogoub et V. Ulrich, Économie et Statistique, n° 323, Insee, mars 1999. Les entreprises ou les professions qui n’avaient pas recours à l’apprentissage mais investissent aujourd’hui cet univers semblent uniquement intéressées par les jeunes diplômés ayant au moins un baccalauréat, souvent en vue d’un recrutement à long terme. Hommage inattendu à l’École, les employeurs privilégient le signal que constitue le diplôme acquis par la voie scolaire pour recruter leurs apprentis… Dans cet ensemble, le plus dynamique de l’univers de l’apprentissage, tout se passe comme si l’investissement que constitue la formation d’un apprenti n’était pas jugé opportun pour les faibles qualifications, qui peuvent être « acquises sur le tas » ou être mises en œuvre par des travailleurs substituables via des contrats de travail précaires. Si une telle hypothèse se vérifiait, il faudrait malheureusement trouver d’autres remèdes que l’apprentissage au chômage des jeunes… qui touche en premier lieu les non-diplômés. • L’apprentissage en France, M.-C. Combes, Document de travail, n° 33, Céreq, 1987. • Centres de formation d’apprentis et formes d’apprentissage, J. Biret, M.-C. Combes et P. Lechaux, collection « Études », n° 9, Céreq, 1984. ISSN - 0758 1858 Céreq Jean-Jacques Arrighi et Olivier Joseph (Céreq). Deux grands jalons législatifs de l’apprentissage La loi n° 71-576 du 16 juillet 1971, dite « loi Guichard ». • Encadre légalement le contrat d’apprentissage (agrément, durée, salaire). • Fonde les centres de formation d’apprentis (CFA) et arrête les conditions de leur financement. • Prescrit l’organisation de la formation et en confie la tutelle à l’Éducation nationale. Direction de la publication : Hugues Bertrand. Rédaction : Isabelle Bonal. Commission paritaire n° 1063 ADEP. Reproduction autorisée à condition expresse de mentionner la source. Dépôt légal n° 49-459. La loi n°87-572 du 23 juillet 1987, dite loi « Séguin ». • Ouvre à l’apprentissage l’ensemble des niveaux de formation. • Supprime l’agrément préalable pour devenir maître d’apprentissage. • Recule de 18 à 25 ans l’âge maximum de signature d’un contrat d’apprentissage. Centre d’études et de recherches sur les qualifications 10, place de la Joliette, BP 21321, 13567 Marseille cedex 02. Tél. 04 91 13 28 28. Fax 04 91 13 28 80. http://www.cereq.fr Imprimé par le Céreq 4 n° 223 octobre 2005