ARS Océan Indien
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Le risque arboviroses à la Réunion et Mayotte Situation épidémiologique et conduite à tenir Point épidémiologique - N°66 au 16 août 2016 CIRE OCÉAN INDIEN | Situation épidémiologique au 16 août 2016 | La dengue, le chikungunya et le Zika sont des arboviroses transmises par les moustiques du genre Aedes qui représentent une menace constante pour la Réunion et Mayotte. La situation épidémiologique actuelle de ces trois maladies est résumée dans le Tableau 1. Aucune circulation de chikungunya ou de Zika n’est actuellement observée dans nos îles. La Réunion a été touchée cette année par un épisode de dengue (231 cas autochtones au total) mais les derniers cas rapportés remontent à début juillet. Par ailleurs, quatre cas de Zika importés des Amériques ont également été signalés à la Réunion mais des mesures de contrôle ont été immédiatement mises en place et aucun cas secondaire n’a été détecté. En revanche, ces trois arboviroses circulent de manière très active au niveau mondial : Le Zika est toujours responsable d’épidémies massives dans les Amériques, sévit également dans la zone Pacifique et a récemment émergé en Guinée Bissau ; Comme chaque année, la dengue est responsable d’épidémies de grande ampleur dans toute la zone subtropicale, notamment dans plusieurs pays avec lesquels la Réunion et Mayotte entretiennent de nombreux échanges (Asie du Sud-Est, Inde, etc.) ; Enfin, une circulation active du chikungunya a récemment été rapportée dans plusieurs pays des Amériques, ainsi qu’en Inde et au Kenya. | Tableau 1 | Situation épidémiologique de la dengue, du chikungunya et du Zika au 16 août 2016 Dengue Chikungunya Zika Monde* Nombreuses épidémies dans toute la zone subtropicale (dont en Asie de Sud Est, en Inde et aux Seychelles) Circulation active dans plusieurs pays d’Amérique du sud et centrale, en Inde et au Kenya Nombreuses épidémies dans les Amériques, au Cap Vert et dans le Pacifique Emergence en Guinée Bissau Réunion Circulation active de mars à mai (231 cas autochtones et 8 cas importés), dernier cas autochtone début juillet Aucun cas signalé en 2016 Quatre cas importés des Amériques en 2016 Mayotte Aucun cas signalé en 2016 Aucun cas signalé en 2016 Aucun cas signalé en 2016 * Données non exhaustives, présentant de façon résumée les principaux événements représentant un risque pour la Réunion et Mayotte | Quel risque pour les semaines à venir? | En cette période de retours de vacances scolaires, le risque d’importation de dengue, de Zika et de chikungunya est particulièrement élevé. En effet, des voyageurs en provenance de pays à risque reviennent chaque jour sur nos territoires. S’ils sont porteurs d’un de ces virus et ne se protègent pas des piqûres de moustiques, ils peuvent être à l’origine de l’installation d’une chaîne de transmission virale, voire d’un départ épidémique. En effet, malgré l’hiver austral, les conditions actuelles à la Réunion et à Mayotte restent favorables à la dissémination des arboviroses (densités vectorielles suffisantes couplées à une immunité faible de la population). C’est pourquoi les voyageurs de retour d’une zone à risque et les professionnels de santé doivent redoubler de vigilance afin de détecter précocement les cas importés. | Recommandations aux voyageurs | Pour éviter l’introduction et la propagation des arboviroses à la Réunion et à Mayotte, il est impératif, au retour de voyage d’une zone d’épidémie, de : Se protéger des piqûres de moustiques pendant au moins 10 jours suivant la date de retour (répulsifs, vêtements longs, etc.) ; En cas d’apparition de signes (fièvre même modérée, éruption cutanée, douleurs musculaires ou articulaires, etc.) : consulter rapidement son médecin en lui indiquant les pays préalablement visités ; continuer impérativement à se protéger des piqûres de moustiques pour éviter de contaminer son entourage. Le point épidémio | CIRE OCEAN INDIEN | N° 66 | 16 août 2016 | Page 1 Le point épidémio | Recommandations aux professionnels de santé | La détection, la confirmation et le signalement de tous les cas sont indispensables pour mettre en place des mesures de contrôle visant à limiter le risque d’épidémie. Détecter les cas suspects Une infection par la dengue ou le chikungunya doit être suspectée devant tout syndrome denguelike (Figure 1), que le patient ait voyagé ou non, car ces deux virus circulent régulièrement dans la zone d’échange régionale. En revanche, pour suspecter une infection par le Zika, le patient doit répondre à la fois à des critères cliniques et épidémiologiques (voyage dans une zone à risque OU plusieurs patients regroupés dans le temps et dans l’espace). | Figure 1 | Critères de suspicion d’une infection par la dengue, le chikungunya ou le Zika ZIKA DENGUE, CHIKUNGUNYA Tableau clinique Critère épidémiologique Exanthème maculo-papuleux Voyage dans un pays touché par une circulation du Zika* dans les 15 jours précédant les signes « Syndrome dengue-like » Fièvre ≥38,5°C ET au moins 1 symptôme parmi les suivants : douleurs musculaires, douleurs articulaires, céphalées, asthénie, douleur rétro-orbitaire, signes digestifs, éruption maculo-papuleuse, manifestations hémorragiques avec ou sans fièvre ET au moins 2 symptômes parmi les suivants : Hyperhémie conjonctivale Arthralgies Myalgies + En l’absence d’une autre étiologie En l’absence d’une autre étiologie Points clés Risque accru d’importation de dengue, chikungunya et Zika Nécessité de détecter précocement les premiers cas et/ou Plusieurs cas répondant au tableau clinique regroupés dans le temps et dans l’espace * Liste des pays et territoires en zone de circulation active au 12/08/16 : - Amériques : Argentine, Antigua, Aruba, Barbade, Barbuda, Belize, Bonaire, Bolivie, Brésil, Colombie, Costa Rica, Cuba, Curaçao, Dominique, République Dominicaine, Equateur, Salvador, Grenade, Guyane, Guadeloupe, Guatemala, Guyana, Haïti, Honduras, Iles caïmans, Jamaïque, Martinique, Mexique, Nicaragua, Panama, Paraguay, Pérou, Puerto Rico, Saba, St Barthélemy, Ste Lucie, St Martin, St Vincent et Grenadines, Sint Eustatius, Sint Marteen, Surinam, Trinidad and Tobago, Turks and Caicos, US Virgin Islands, Venezuela - Autre zone : Cap Vert, Guinée Bissau, Fiji, Samoa, Tonga, Nouvelle Calédonie, Papouasie Nouvelle Guinée, Micronésie, Iles Marshall Risque arboviroses Confirmer les cas suspects Liens utiles Le point sur le Zika http://www.ars.oceanindien.sante.fr/fileadmin/ OceanIndien/Internet/ Veille_et_securite_sanitaire/ Gestion_de_crise_sanitaire/CIRE/ Points_epidemiologiques/PE_2015/ Point_Sur_Zika_01.pdf Tout cas suspect d’arbovirose doit faire l’objet d’une confirmation biologique (Figure 2). Pour la dengue et le chikungunya, la confirmation se fait sur prélèvement sanguin par RT-PCR et/ou sérologie selon la date de début des signes. L’infection par le Zika est confirmée uniquement par RTPCR sur prélèvement sanguin et/ou urinaire, la sérologie n’étant pas recommandée. | Figure 2 | Confirmation biologique de l’infection par la dengue, le chikungunya ou le Zika DENGUE, CHIKUNGUNYA ZIKA Délai écoulé depuis le début des signes ≤ 4 jours RT-PCR 5-7 jours RT-PCR et Sérologie (IgM et IgG) >7 jours Sérologie (IgM et IgG) Si IgM positives et PCR négative ou non réalisée : sérologie à renouveler à 15 jours d’intervalle minimum Délai écoulé depuis le début des signes ≤ 5 jours RT-PCR sang et urines 6-15 jours Le point épidémio | CIRE OCEAN INDIEN | Si vous souhaitez faire partie de la liste de diffusion des points épidémiologiques, envoyez un mail à [email protected] RT-PCR urines Les prélèvements doivent être adressés : Pour la Réunion : au CNR associé arbovirus (CHU Réunion site Nord) Pour Mayotte : au laboratoire du CHM Signaler les cas Les cas confirmés de dengue, chikungunya et Zika doivent être signalés sans délai à la Plateforme de veille, d’alerte et d’urgences sanitaires de la Réunion ou de Mayotte (coordonnées ci-contre). Les cas de Zika sont à signaler dès la suspicion clinique, sans attendre la confirmation biologique. Ce signalement entraîne la mise en place immédiate de mesures de contrôle autour de chaque cas visant à réduire au maximum le risque de transmission du virus ou d’évolution vers une épidémie. Liste de diffusion A la Réunion Tel : 0262 93 94 15 - Fax : 0262 93 94 56 [email protected] A Mayotte Tel : 0269 61 83 20 - Fax : 0262 31 69 76 [email protected] N° 66 | 16 août 2016 | page 2 Directeur de la publication : François Bourdillon, Directeur Général de Santé publique France Rédacteur en chef : Laurent Filleul, Coordonnateur de la Cire océan Indien Comité de rédaction : Cire océan Indien Elsa Balleydier Elise Brottet Sophie Larrieu Christine Larsen Frédéric Pagès Jean-Louis Solet Pascal Vilain Diffusion Cire océan Indien 2 bis, av. G. Brassens CS 61002 97743 Saint Denis Cedex 09 Tel : +262 (0)2 62 93 94 24 Fax : +262 (0)2 62 93 94 57