La France est une monarchie héréditaire. - versaillespourtous-fr

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La France est une monarchie héréditaire.
« Il y a une autre qualité notable, qui n’est pas un petit avantage du royaume de
France, en ce qu’il est et a toujours été successif héréditaire et non électif. Et tout ainsi
comme par la coutume générale du royaume en toute succession le mort saisit le vif,
cela a lieu et s’observe encore bien plus certainement pour la succession de l’État. […]
D’où est venu ce dire commun entre les Français, que le roi ne meurt jamais,
parce qu’il y en a toujours naturellement un semblable, lequel sans controverse ou
difficulté succède au même instant en la place de l’autre. Et quand la France, travaillée
et pressée par ses plus forts ennemis, est venue à perdre son roi, cela n’a point apporté
de confusion ou désordre, ni donné aucun avantage aux ennemis, tant s’en faut que par
un tel accident ils aient pu s’emparer de l’État. Ils ont éprouvé à leur dam une hydre
renaissante, qui ne se pouvait surmonter, ou plutôt un phœnix qui revit et renaît de soimême, et que les rois de cet État étaient vraiment d’une race immortelle, qui ne partent
jamais d’ici pour retourner au vrai bien de leur origine céleste et divine qu’ils ne laissent
un successeur, lequel en ce moment est fait roi sans autre formalité. Et pour rendre
cette succession plus assurée et par celle-ci les rois immortels, il a toujours été admis
en France que ceux qui sont de la race royale, quand bien même ils seraient éloignés
de mille degrés, toutefois, s’il n’y en a point d’autre plus proche, ils sont appelés à la
succession du royaume et en sont saisis par le seul décès sans autre fait. »
Bignon, Jérôme, De l’Excellence des rois et du royaume de France, traitant de la
préséance, premier rang et prérogatives des rois de France par-dessus les autres, et
des causes d’icelles. P.H.B.P. (J. Bignon), Paris, chez Hierosme Drouart, 1610, livre III,
p. 265-268.
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Bignon, Jérôme I (Paris 1589-id. 1656). Magistrat et érudit français. Étonnamment précoce, Bignon
reçoit une éducation très complète. Son père lui enseigne les langues, la littérature classique, l’éloquence,
la philosophie, les mathématiques, l’histoire, le droit et la théologie. À l’âge de dix ans, il écrit son premier
livre : Chorographie, ou description de la Terre sainte. Nommé par Henri IV enfant d’honneur du dauphin
(futur Louis XIII), il dédie au souverain un traité intitulé De l’Excellence des rois et du royaume de France,
traitant de la préséance, premier rang et prérogatives des rois de France par-dessus les autres, et des
causes d’icelles (1610). En 1614, il fait un voyage en Italie, où il reçoit des marques d’estime de Paul V et
des plus illustres savants. De retour en France, il occupe successivement les charges d’avocat général au
Grand Conseil en 1620, de conseiller d’État, d’avocat général au Parlement de Paris (1625), de grand
maître de la bibliothèque du roi en 1642, puis de chargé de missions politiques à l’étranger. Surnommé le
Varron français, il passe pour l’homme de son temps connaissant le mieux l’histoire du droit français.
Outre les ouvrages qu’il publie sous son nom, il est l’auteur de La Grandeur de nos rois et de leur
souveraine puissance, qu’il signe Théophile de Jay.

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