the nine eyes of google street view jon rafman

Transcription

the nine eyes of google street view jon rafman
Jon Rafman est artiste, cinéaste et essayiste. Dans son travail, il explore l’impact de la
technologie sur la conscience. Il détient un baccalauréat en philosophie et en littérature
de l’Université McGill à Montréal et une maîtrise de la School of the Art Institute of
Chicago. Ses films et ses travaux en nouveaux médias lui ont mérité l’attention sur
la scène internationale et ont fait l’objet d’expositions à Fotofest à Houston, à
FutureEverything à Manchester, à Ars Electronica Festival à Linz, au Musée d’art
contemporain de Rome et au New Museum de New York. Nine Eyes of Google Street
View de Rafman a été présentée dans Modern Painter, Frieze, Der Spiegel, Wired, NPR,
Libération, le New York Times et Harper's Magazine.
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Jon Rafman is an artist, filmmaker, and essayist whose work explores the impact of
technology on consciousness. He holds a B.A. in Philosophy and Literature from
McGill University in Montreal and a M.F.A. from the School of the Art Institute of Chicago.
His films and new media work have gained international attention and have been
exhibited at Fotofest in Houston, FutureEverything in Manchester, Ars Electronica Festival
in Linz, Museum of Contemporary Art of Rome, and the New Museum in New York City.
Rafman’s Nine Eyes of Google Street View has been featured in Modern Painter, Frieze,
Der Spiegel, Wired, NPR, Libération, New York Times, and Harper's Magazine.
THE N IN E EYES OF GOOGLE STREET VI EW
JON RAFMAN
VU
PHOTO
Despite Walter Benjamin’s argument that photography strips even the unique of its uniqueness,
I chose these images in this show precisely because they resist categorization. When the
Romantics portrayed figures within landscapes, the framework was often an encounter with
the sublime. In these landscapes, man felt both in awe of nature but also transcendent over it.
In Street View photography, Google cars, mounted with nine cameras, roam the earth recording
automatically whatever comes within their purview. The detached gaze of their cameras witness
but do not act in history. Street View photography, artless and indifferent, without human intention, ascribes no particular significance to any event or person. Bereft of context, history or
meaning, the only glue holding the Street View images together is geospatial contiguity. Such
a perspective does not easily contain the sublime. The landscapes are often vast or suggest
interminable progression. Empty roadsides, urban projects, and government institutions, social
and economic contexts that constrain inner powers and freedom, are often the settings in which
our subjects are thrust. And yet the very instruments that alienate us can also inform us about
the nature of our alienation. By becoming aware of Street View’s way of conceptualizing our
experience, alternative perceptions become possible. The artist, in the act of framing the images,
undoes familiar conventions and alters our vision of the world. Despite the often-impersonal
nature of these settings, the subjects in these images resist becoming purely objects of the
robotic gaze of an automated camera. This altering of our vision challenges the loss of autonomy
and in the transformation of our perceptions, a new possibility for freedom is created.
_ JON RAFMAN
VU
CENTRE DE DIFFUSION ET DE
PRODUCTION DE LA PHOTOGRAPHIE
Exposition présentée du 17 février au 18 mars 2012
550, côte d’Abraham, Québec
www.vuphoto.org
© L’artiste et VU 2012
PAQUEBOT DESIGN
Malgré l’argument de Walter Benjamin à l’effet que la photographie dérobe même à ce qui est unique son unicité, j’ai choisi les images de cette exposition justement parce qu’elles
résistent à toute catégorisation. Quand les Romantiques campaient des figures dans un paysage, celui-ci était souvent le lieu d’une rencontre avec le sublime. Devant ce type de
paysage, l’homme ressentait à la fois un respect envers la nature et sa transcendance sur elle. Pour la photographie Street View, les voitures de Google, équipées de neuf appareils,
se promènent sur la Terre et enregistrent automatiquement tout ce qui se présente à elles dans un périmètre donné. Le regard détaché de ces appareils est témoin mais non acteur de
l’histoire. La photographie Street View, banale et indifférente, sans intention humaine, n’assigne aucune signification à un événement ou à une personne. Dépourvues de contexte,
d’histoire ou de sens, les images Street View doivent leur cohésion à leur contiguïté géospatiale. Pareille perspective est peu propice au sublime. Les paysages sont souvent vastes ou
suggèrent une progression interminable. Bords de route déserts, projets urbains et institutions gouvernementales, contextes sociaux et économiques qui répriment les pouvoirs et
libertés individuels – voilà certains des environnements dans lesquels nos sujets sont propulsés. Et pourtant les instruments mêmes qui nous aliènent peuvent également nous
instruire sur la nature de notre aliénation. En prenant conscience de la manière dont Street View conceptualise notre expérience, des perceptions autres deviennent possibles. L’artiste,
dans l’acte de cadrer ses images, défait les conventions connues et transforme notre vision du monde. Malgré la nature souvent impersonnelle de leurs environnements, les sujets de
ces images résistent à la conversion en purs objets du regard robotique d’un appareil photo automatisé. Cette transformation de notre vision met en cause la perte d’autonomie et,
dans la transformation de nos perceptions, une nouvelle possibilité de liberté se trouve créée. JR_ Traduit par Colette Tougas

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