Bulletin N°10 avril 2002 - European String Teachers Association

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Bulletin N°10 avril 2002 - European String Teachers Association
Bulletin N°10
avril 2002
SOMMAIRE
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pages 2 Editorial
: Michel Strauss
pages 3 Paris 2003 : le congrès d’ESTA-International
pages 7 La passion du comment : Mimi Zweig et l’Indiana
University String Academy : Evan Rothstein
page 12 Assemblée Générale d’ESTA-France, 10 mars
2002 : Frédérique Rouzeau-Pleintel
pages 13 Compte-Rendu des journées ESTA-France de Dijon : Jean Tabouret
page 16 Mes trucs, la planche longue: Catherine Mühlhauser
page 17 Coups de Cœur
pages 18 & 20 Brèves
page 19 Merton Music: Valérie Girbal
page 20 Nouveaux adhérents
page 21Rolland, Létourneau, Havas et autres trouvailles :
Noémie L. Robidas
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page 25 La
transcription dans tous ses états :
Philippe Noha-
ret et Nathalie Wizun
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page 27 In
Memoriam, Marie-Louise Hurel
page 28 ESTA-France, bulletin d’adhésion 2002
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Éditorial par Michel STRAUSS
Les évènements politiques intérieurs du mois
dernier nous ont révélé à la fois le danger toujours
présent de la renaissance d'idées xénophobes,
racistes et antidémocratiques, mais aussi la
formidable mobilisation de millions de personnes
dans la rue et dans les urnes pour faire échec au
Front National. La jeunesse aura été en première
ligne de cette mobilisation avec un grand sens de
responsabilité, de détermination et de
clairvoyance. Plusieurs manifestations d'artistes et
de musiciens ont également eu lieu avec la
participation de nombreux adhérents de notre
organisation, ce dont nous nous réjouissons. Une
remobilisation politique et associative s'affirme
depuis un mois, et nous espérons que cette réalité
s'étendra aux associations telles que la nôtre. Bien
sûr, nos objectifs sont principalement d'ordre
professionnel, mais nous nous devons de porter
un avis et un regard sur les évènements politiques
fondamentaux qui nous entourent.
Les préparatifs pour le congrès 2003 à PARIS
vont bon train. Une équipe dynamique donne sans
compter talent, temps, imagination, pour mettre
sur pied un programme de congrès riche et plein
de diversité. Un pré- programme sera
communiqué à nos adhérents et lecteurs très
prochainement. Nous avons décidé avec le bureau
d'ESTA international, de consacrer une demijournée du congrès à nos amis et collègues du
Moyen-Orient. Nous espérons pouvoir accueillir
des enseignants et instrumentistes tant israéliens
que jordaniens, palestiniens ou libanais. Ils
pourront exposer leurs réalisations, projets et
espoirs dans leurs pays respectifs.
En relation avec le Moyen-Orient, signalons la
création d'un "Orchestre pour la Paix", formé de
musiciens tant arabes qu'israéliens ou israélites, et
qui verra officiellement le jour en août prochain.
Cette initiative de l'organisation "Musique
Espérance" a reçu l'aval de l'UNESCO, ainsi que
des autorités politiques tant françaises
qu'israéliennes ou palestiniennes. Dans leur
document introductif, les responsables de
Musique Espérance indiquent: « A partir de
l'Orchestre pour la Paix, nous espérons mettre en
place des échanges arabo-franco-israéliens,
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échanges d'étudiants mais également de
professeurs. Également, nous espérons mettre en
place des ateliers artistiques pour les enfants
palestiniens. »
Nous souhaitons bonne chance à cette initiative
qui arrive à point nommé dans le contexte si lourd
et explosif de cette région.
Nous n'avons pas parlé, dans notre dernier
bulletin, de la disparition du grand violoncelliste
israélien Raphaël SOMMER, professeur à la
GUILDHALL de Londres, et avec qui je m'étais
entretenu l'année dernière de la situation au
Moyen-Orient. Sa préoccupation était bien sûr
très grande, et je sais qu'il aurait soutenu une
initiative telle que celle de "l'Orchestre pour la
Paix". Cet ancien déporté du camp de
concentration de Teriesenstadt, près de Prague
avait gardé un sens aigu de la justice qui le faisait
se ranger sans hésiter dans le camp des partisans
de la Paix au Moyen-Orient.
Signalons d'autre part des initiatives tant
ministérielles que municipales tendant à
développer des départements de formation
supérieurs dans d'autres conservatoires que ceux
de Paris ou de Lyon. Un certain nombre de
conservatoires se font actuellement inspecter en
vue de la création de départements professionnels
qui pourraient devenir une des solutions pour les
étudiants ne réussissant pas l'entrée à Paris ou à
Lyon. Nous garderons un regard attentif aux
développements de ces initiatives.
L'été approche, les concours de fin d'année aussi,
nos collègues sont sur la brèche ainsi que leurs
élèves. Nous souhaitons à tous une bonne fin de
trimestre ainsi qu'une saison estivale riche en
concerts, stages ou simplement vacances. L'été
sera studieux pour notre équipe mobilisée en vue
de la préparation du congrès. Si certains d'entre
vous pouviez consacrer un peu de temps à nous
aider, nous nous sentirions au moins épaulés et
soutenus... éléments indispensables à notre bon
moral, et à la réalisation de notre entreprise !
Bon été à tous.
ESTA-France
Président : Michel Strauss
Vice-Présidente : Valérie Girbal
Secrétaire : Frédérique Rouzeau-Pleintel
Secrétaire-adjointe : Nathalie Wizun
Trésorière : Charlotte Klingenberg
Trésorier-adjoint : Jean-Paul Girbal
Présidente d’honneur : Clotilde Münch
Membres du conseil d’administration
Cristina Bellu
France De Villers
Jean-Christophe Deleforge
Bénédicte Héranval
Marie-Emmanuelle Hérouard
Evelyne Martina-Daussy
Jean Tabouret
Catherine Toulouse-Delpeuch
Laure Willmann
Secrétariat : Frédérique RouzeauPleintel
97, rue du Ranelagh
75016 Paris
tél : 01-45-25-16-83
14-19 avril 2003
congrès d’ESTAInternational
PARIS
Chaque année, ESTA organise un congrès
dans l’un des ses états membres.
Portsmouth a accueilli le congrès 1999,
Odessa le congrès 2000, 2001 a eu lieu à
l’Académie Sibelius d’Helsinki en Finlande.
En octobre 2002, le congrès se déroulera au
château de Hindsgavl au Danemark et du
14 au 19 avril 2003, la section
française (ESTA-France) aura l’honneur de
l’organiser à Paris.
Le thème du congrès, mis
au point en réunion de bureau, sera :
« de la richesse de la vie artistique
Bulletin : Jean-Paul Girbal
parisienne au début du XX° siècle à
17, rue du docteur Lenoël
l’urgente nécessité d’une ouverture
80080 Amiens
européenne au XXI° siècle » et nous
tél : 03-22-43-49-36
élargirons géographiquement notre
E-mail : [email protected]
propos avec la participation de
musiciens du Moyen-Orient dont
l’intervention portera sur l’éducation
musicale de leurs pays respectifs. Nous
Président: Siegfried Palm (Allemagne)
Vice-Présidente : Elspeth Illiff (Grande- rendrons un hommage spécial à Zino
Francescatti, fondateur d’ESTA-France
Bretagne)
en 1978. Le violon, l’alto, le violoncelle
Trésorier : Käthi Ghol (Suisse)
et la contrebasse feront l’objet
Administrateurs : Mikulas Jelinek
d’interventions et de concerts variés.
(Slovénie) et Niina Murdvee (Estonie)
Une demi-journée sera spécialement
Secrétariat : Ursula Meyer
consacrée à la contrebasse, avec la
Musikschule, Konservatorium, Bern
création d’une œuvre pour ensemble de
Kramgasse 36
contrebasses écrite pour le congrès.
Tél : +41 31 32 65 378
Nous axerons également nos
Fax : +41 31 31 22 053
conférences sur la facture
E-mail : [email protected]
instrumentale française avec une
histoire de l’archèterie, et sur la
fabrication actuelle des instruments de
ESTA-International
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petite taille, qui seront joués par des enfants, en faisant également appel à
des compositeurs qui proposent du répertoire à caractère pédagogique. Le
Centre de Musique Baroque de Versailles, l’association Médecine des Arts
présenteront leurs activités et leurs nombreuses publications.
Le choix des dates, pendant la période des vacances de Pâques en France et
plus généralement pendant une période de vacances communes à toute
l’Europe nous permettra, nous l’espérons, d’accueillir un nombre important
de congressistes d’horizons divers, qui pourront prolonger leur séjour
parisien durant les fêtes pascales. Nous proposerons aux congressistes des
choix d’hébergements variés, compatibles avec tous les budgets.
Le tarif d’inscription au congrès, qui sera notre source première de revenus,
devrait avoisiner les 150€ pour les 5 jours. Nous proposerons à un certain
nombre d’étudiants la gratuité en échange de services rendus sur place
(accueil, travaux de secrétariat …). Nous sommes en contact actuellement
avec le CNFPT pour que ce congrès puisse être considéré comme une
formation permanente et donc puisse être pris en charge par un organisme
de formation pour les enseignants déjà en poste.
L’organisation du congrès
Soyons lucides, le travail à fournir est immense. Une équipe
malheureusement réduite y travaille actuellement quotidiennement ou
presque …Ce sont déjà des centaines d’heures de bénévolat qui ont été
passées à mettre au point … pas grand-chose finalement : un avantprogramme (il faut maintenant prendre des contacts fermes), une recherche
désespérée de lieu où tenir le congrès (notre demande au CNSMP n’a pas
reçu un accueil favorable. Nous attendons avec angoisse le feu vert du
Conservatoire Supérieur de Paris, rue de Madrid, qui tarde à venir). Des
demandes de subventions ont été faites (Spedidam, Adami, FCM, Sacem,
Seam, Mairie de Paris, Fonds Européens, Fondation Menuhin, Société
Générale, Drac, Alliance Française d’Action Artistique …), aucune réponse
pour l’instant, la conjoncture politique actuelle ne nous étant certainement
pas favorable malheureusement. Le moral des troupes n’est pas toujours au
beau fixe mais nous souhaitons ardemment ne pas être contraints à
renoncer, ce qui nous mettrait de plus dans une position fort inconfortable
par rapport à ESTA-International.
Votre participation à l’organisation du congrès
Nous avons un besoin urgent d’aides à tous les niveaux. Vous trouverez
certainement dans votre emploi du temps, que nous savons fort chargé, une
ou deux heures à nous consacrer. De quoi avons nous besoin ?
1. Il nous faut votre avis sur le programme du congrès (qui n’est encore
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qu’à l’état d’ébauche) et vos suggestions sur des intervenants, des
rubriques à ajouter… Ceci est urgent. La première brochure de préinscription avec un programme déjà un peu détaillé doit paraître miseptembre pour être déjà disponible au congrès de Middlefart au
Danemark début octobre.
2. Deuxième urgence : le budget pour l’organisation d’une telle
manifestation est très important- location de salles, personnel de
régie et de sécurité à rémunérer, cachets des intervenants et artistes,
frais de traduction, frais de secrétariat … et dépasse largement le
budget de l’association actuelle. Avez-vous des contacts, savez-vous à
quelle porte il faut frapper pour obtenir des aides financières ?
3. Nous avons déjà envoyé 250 courriers à des luthiers (tous les
adhérents de l’aladfi et du glaaf), des éditeurs, des magasins de
musique, des entreprises (Larsen, Pirastro, Kun, Aubert, Bam…) pour
leur proposer d’insérer de la publicité dans nos différentes brochures.
Vous en trouverez le détail ci-dessous. Nous comptons sur vous pour
insister auprès de vos luthiers, marchands de musique, auprès de
toute personne que vous pensez intéressée par ce sujet, pour qu’ils
nous aident par le biais de la publicité. Cela ne vous prendra
quasiment pas de temps et nous aidera beaucoup.
Notre publicité s’articulera autour de plusieurs axes:
Une plaquette en noir et blanc format 210x400mm, format
fermé 100x210mm, tirée à 7000 exemplaires en anglais et
français et qui sera envoyée à chaque adhérent européen (28
pays) ainsi qu’à diverses associations de professeurs de cordes
en Australie, Afrique du Sud, Etats-Unis, Nouvelle Zélande,
Canada, Belgique, Luxembourg, Suisse et France. Date
d’impression : le 15 septembre 2002
Un site de présentation du congrès et d’ESTA-France, réalisé
prochainement. Nous sommes en relation avec Cosyma qui
devrait réaliser le site.
L’affiche du congrès qui présentera également les 5 concerts en
soirée. Date d’impression: 1er février 2003
Un programme de conférence de 28 pages format 165x240mm,
impression deux couleurs, qui présentera en détail le congrès et
sera tiré à 1000 exemplaires. Date d’impression : le 1er mars
2003
Le bulletin de l’association, issu 3 fois par an, format A4,
actuellement tiré à 250 exemplaires sans publicité mais que
nous souhaitons porter à 500 exemplaires en y incluant des
annonces publicitaires.
Nos tarifs HT sont les suivants, les rentrées d’argent escomptées par ce
biais couvriront tout juste les frais d’impression et de distribution . Il ne
faut espérer aucun bénéfice pour cette rubrique.
Plaquette: 1 volet (format 100x210mm): 375€ ; ½ volet : 210€.
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Nous consacrerons deux volets de cette plaquette à la publicité.
Programme de conférence: 1 page (format 165x240mm): 250€; ½
page: 145€; ¼ page: 85€ ; 2ème de couverture quadrichromie 500€;
3ème de couverture quadrichromie 460€; 4ème de couverture
quadrichromie 670€.
Bulletin de l’association: la page A4 170€; ½ page 100€; ¼ page
60€.
Publicité pour le site: à négocier.
4. Tous les textes que nous élaborons doivent être traduits en anglais et
parfois en allemand. Nos connaissances en anglais nous permettent
de traduire sans problème d’anglais en français mais nous aurions
besoin de volontaires de langue maternelle anglaise pour assurer
les traductions du français à l’anglais. Ross Charnock, l’un de nos
adhérents, nous a très aimablement et très efficacement traduit notre
premier texte de présentation du congrès mais il nous faudrait
d’autres volontaires pour distribuer équitablement la charge de
travail. Pas de problème pour l’allemand (Charlotte Klingenberg,
trésorière d’ESTA-France, est de langue maternelle allemande).
Nous comptons vraiment sur un engagement de la part de tous nos
adhérents pour que ce congrès soit une réussite. Notre association est
toute jeune, notre nombre d’adhérents est bien inférieur à celui des pays
qui ont déjà organisé des congrès. Il faut que chacun se mobilise.
Valérie et Jean-Paul Girbal coordonnent toutes les initiatives, afin que
l’ensemble des démarches de chacun s’inscrivent dans un tout cohérent.
N’hésitez pas à les contacter dès que vous avez une information, une
suggestion, une proposition d’intervention à quelque niveau que ce soit.
Valérie et Jean-Paul Girbal
17, rue du docteur Lenoël
80080 Amiens
tél : 03 22 43 49 36
Email : jean-paul.girbal2@libertysurf.
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La passion du comment:
Mimi Zweig
et I’Indiana University String Academy
par Evan Rothstein
C’est un privilège mais aussi une lourde responsabilité que d’écrire sur le travail de Mimi
ZWEIG, qui a fondé et qui dirige toujours le programme d’apprentissage des instruments à
cordes pour les jeunes à l’Indiana University (Bloomington). C’est une personne qui ne reste
que rarement immobile, sans évoluer, et n’importe quel portrait risque d’être dépassé à peine
l’encre séchée. Pourtant, je la connais depuis 1983, l’année de mon arrivée à Bloomington
(Indiana University), et j’ai souvent eu l’occasion de l’observer en cours, de traduire ses
masterclasses en France, d’entendre ses élèves et de travailler dans le cadre des institutions
qu’elle a fondées ou qu’elle dirige. Depuis plus de 20 ans, elle revient régulièrement en
France pour ses vacances, par amour de la culture française, mais c’est seulement à partir des
années 90 qu’elle a fait le voyage (quatre fois déjà) avec ses élèves pour des concerts et des
masterclasses. Mimi (puisque tout le monde l’appelle ainsi) suscite toujours l’admiration et
l’affection de ceux qui la rencontrent, mais sa discrétion et son extrême gentillesse laissent
croire à certains qu’ils ont affaire à une fée, pleine de fantaisie mais manquant de sérieux.
Apparence trompeuse: qu’il s’agisse des débutants ou des élèves très avancés, il serait
difficile d’imaginer un professeur dont le travail soit organisé avec plus de soin, de réflexion
et de rigueur qu’elle. Le côté sérieux est réservé à la réflexion autour du processus
d’apprentissage de chacun de ses élèves mais la mise en action de ce processus se fait, dans
la grande majorité des cas, dans la joie.
Lors des dernières tournées, les “Violin Virtuosi” (le groupe des élèves les plus avancés)
avaient été accueillis par la Fondation Cziffra, le CNR de Versailles, l’ENM de Chartres, le
conservatoire du 16e arrondissement à Paris, l’école Vivaldi, les conservatoires de Gagny, de
Clamart, de Maison-Lafitte et d’autres. Les élèves, parmi lesquels ceux de Brenda Brenner,
assistante à la direction de l’académie, jouaient certaines pièces ensemble (Danses roumaines
de Bartok, Praeludium et Allegro de Kreisler) et d’autres individuellement (Scherzo
Tarantelle, Zigeunerweisen). A chaque répétition et à chaque concert, nous avons été frappés
par certaines qualités de ses élèves, âgés de 12 à 17 ans:
1) l’extrême aisance des élèves sur scène; 2) le naturel de leur technique, aussi bien chez
ceux dont les dons étaient moins extraordinaires que chez les plus accomplis; 3) l’esprit de
camaraderie qui existe entre les élèves; 4) la capacité d’apprendre rapidement un nouveau
répertoire; 5) le recul émotionnel vis à vis de la musique (ils travaillent, mais ils savent
s’amuser); 6) la capacité d’assimiler les instructions et les modifications concernant l’ancien
répertoire (ils n’étaient pas des robots hyper-entraînés); 7) un niveau d’écoute, d’unité
d’ensemble et de précision très élevé : bien sûr tout a été joué par coeur.
Du comportement de Mme Zweig se dégageaient aussi quelques éléments marquants:
1)sa capacité de travailler avec des élèves de n’importe quel niveau, toujours avec le même
optimisme, pragmatisme et la même détermination; 2) son extraordinaire patience et énergie:
à répéter, à corriger et à réentendre les gammes, les études et les passages de toutes les
pièces (il ne suffit pas d’avoir une bonne recette, il faut la mettre en oeuvre); 3) sa créativité
face à des problèmes techniques; 4) sa générosité par rapport à son temps, que ce soit pour
donner des cours supplémentaires ou pour organiser un dîner pour rassembler des fonds pour
des bourses d’études; 5) son respect absolu de la personne qui est devant elle, que ce soit un
élève ou un collègue. Ici il faut ajouter que ses anciens assistants - Rebecca Henry (Peabody
Institute), Stacia Spencer (Northwestern University), Sherry Sinift et Jim Pryzgocki
(University of Wyoming), et Anna Baget (Conservatoire “Ferraz”de Madrid), parmi
d’autres, sont tous allés fonder des programmes d’apprentissage pour cordes sur le modèle
de Bloomington. avec un succès indéniable; tous ses anciens collaborateurs, de
tempéraments et de styles très différents, sont régulièrement rappelés à Bloomington pour
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travailler de nouveau dans un esprit de fidélité et de respect mutuel rare. Dans ce même
esprit, Mme Zweig est capable d’apprécier le travail de ceux qui ne sont pas issus de son
école : elle a invité à son Académie d’Eté des professeurs aussi différents que Margaret
Pressley (Seattle), Cyrus Farrough (Chicago) et Marianne Piketty (Lyon), avec lesquels elle
a travaillé avec un plaisir évident.
Petit historique de son programme
Bien que Mimi Zweig soit professeur de violon et d’alto à un niveau universitaire, c’est son
travail avec les jeunes élèves qui nous concerne ici. Elle a créé deux programmes, à
Bloomington et au Milwaukee Conservatory (Wisconsin), ainsi qu’un cursus de pédagogie
pour les étudiants universitaires qui fonctionne en parallèle avec son académie pour cordes.
Le String Academy de Bloomington a commencé officieusement en 1975 avec cinq élèves
privés; à l’époque, il n’existait aucune structure pour l’enseignement du violon aux jeunes,
malgré la présence dans la communauté d’une des écoles de musique les plus prestigieuses
du pays. La plupart des maîtres professeurs ne s’intéressaient pas aux enfants. Mimi, qui
venait d’arriver pour poursuivre ses études avec Tadeusz WRONSKI, avait deux ans
d’expérience dans l’enseignement. L’année suivante, elle est engagée comme altiste dans
l’Indianapolis Symphony, et l’université accepte d’encadrer son travail pédagogique en lui
allouant une petite salle comme studio de travail et bureau. A partir de la troisième année, il
y a déjà trop d’élèves: on lui accorde une assistante (Rebecca Henry) et elle lance le cursus
de formation en pédagogie destiné aux étudiants universitaires. Elle aura la bonne idée de
combiner les deux projets: chaque étudiant en pédagogie devra travailler comme répétiteur
dans l’Académie, passant un tiers de son temps à observer les cours des professeurs, un autre
tiers à assister aux cours magistraux et le dernier tiers à faire répéter les jeunes élèves.
A partir de 1982, Mimi lancera un projet similaire à Milwaukee, à la différence que la
structure sera privée (l’Indiana University fait partie d’un réseau de campus subventionnés
par l’état de l’Indiana), ce qui l’obligera à consacrer un temps et une énergie importants à la
recherche de fonds, un véritable métier à part entière qui consiste à identifier les mécènes
potentiels dans la communauté et à les inciter à faire régulièrement des dons. Ainsi elle s’est
donné la tâche de réunir quelque $80,000 par an. Après plus de dix ans, pendant lesquels elle
fera chaque semaine la navette entre les deux villes, elle a quitté ses fonctions à Milwaukee
pour se consacrer au programme de Bloomington. Mais son programme continue toujours
avec environs 200 élèves, une dizaine de professeurs et d’excellents résultats.
L’Académie de Bloomington compte actuellement environ 150 élèves entre 5 et 18 ans, avec
dix groupes de jeunes violonistes, cinq de violoncellistes et deux de contrebassistes. Le
programme emploie une dizaine de professeurs, à temps plein et à temps partiel, sans
compter entre 15 et 20 répétiteurs qui viennent du cursus de formation pédagogique. Les
groupes sont constitués d’environ 10 enfants selon le répertoire qu’ils jouent, normalement
en référence aux recueils de Suzuki, qui sont utilisés comme répertoire de base dans tous les
cours. Mais les cours de groupe ne sont pas consacrés uniquement à la répétition collective
des pièces de Suzuki : c’est surtout l’occasion d’explorer d’autres répertoires pour
l’ensemble, et de jouer individuellement, c’est-à-dire de jouer les uns pour les autres (et ceci
depuis le premier groupe de débutants). Il y a actuellement trois groupes rien que pour le
niveau du premier volume de Suzuki; ces débutants ont tous entre 5 et 8 ans. Bien que les
élèves commencent leur apprentissage du violon sans partitions, ils apprennent à battre les
rythmes et dire les noms des notes dont ils auront besoin pour leur répertoire de débutant. La
lecture et l’écriture de la musique seront intégrés progressivement lors des cours de groupe.
Mme Zweig s’occupe personnellement de l’encadrement des petits en initiation (elle les
reprendra encore quelques années plus tard). Ceux qui avancent plus lentement que les autres
ne sont pas renvoyés ; de toute façon, le taux d’échec est quasiment nul. Cet état de choses
n’est pas seulement lié au fait qu’il n’y a pas d’examens : à la fin de chaque semestre a lieu
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un concert dans lequel tous les enfants jouent un solo, et Mme Zweig les écoutera tous. Mais
le bon fonctionnement du programme est attribué en partie à l’engagement des parents. Les
parents qui inscrivent leurs enfants à l’Académie savent qu’ils seront obligés d’assister à
tous les cours (privés et collectifs) et d’apprendre eux-même à faire répéter leurs enfants.
L’autre partie du travail qui explique la réussite est, bien évidemment, le programme
pédagogique suivi (trois cours par semaine), qui est une des caractéristiques de la structure
de l’Académie.
L’Académie profite bien de la structure et du matériel de l’université: les pianistesaccompagnateurs, les répétiteurs, la bibliothèque/médiathèque, les supports informatiques et
administratifs et surtout la présence sur place de maîtres professeurs de renommée
internationale et leurs étudiants venus de partout dans le monde. Mais le programme n’est
pas subventionné: les frais d’inscription couvrent les frais de fonctionnement (ceci dit, Mme
Zweig n’accepte pas de rémunération pour son travail dans le cadre du programme,
considérant son salaire de professeur universitaire comme suffisant). Selon le niveau, les
frais vont de $400 le semestre pour 2 cours de 30 minutes par semaine + un cours collectif +
un cours de théorie (lecture et écriture) à $565 pour les plus avancés (deux heures et demie
de cours privé, musique de chambre, trois heures par semaine de cours collectifs et
masterclass, orchestre de chambre ponctuel + une heure de théorie.
Résumé des influences: éléments de synthèse
Jamais Mimi Zweig n’a revendiqué une quelconque originalité; elle se compare à une
éponge intelligente, qui n’a fait qu’absorber les meilleures idées de ses professeurs et de ses
collègues. Son travail représente une synthèse de plusieurs courants importants de
pédagogie, mais ce sont surtout les éléments précis qu’elle a choisi de retenir de chaque
courant et de chaque professeur qui l’ont influencée qui définissent son approche
personnelle. De ses professeurs de violon, il faut d’abord mentionner Louis Krasner, célèbre
pour avoir créé les concertos de Berg et de Schoenberg, avec qui elle dit avoir découvert
pour la première fois une vision artistique du violon. Avec Raphael Bronstein, elle explore le
répertoire standard et avec Samuel Kissel, ancien élève de Dounis, elle dévelope un véritable
vocabulaire de mécanique violonistique. Plus tard, elle étudie avec Wronski à Bloomington,
qui lui montre son système de “réhabilitation”, qu’elle utilise toujours : à partir des études de
Kreutzer, c’est un système d’exercices pour corriger les défauts des violonistes déjà formés.
Elle adopte certains des principes de la méthode Suzuki, mais d’une manière assez libre.
Sont retenus notamment le répertoire, volumes 1-8 (toujours alimenté, bien sûr, avec
d’autres pièces), l’idée de l’initiation de l’apprentissage sans partition et la conviction que la
répétition prime sur la durée du le travail quotidien (autrement dit, que le nombre de
répétitions d’une tâche est plus important que la durée de la séance de travail). Elle a aussi
retenu les concepts très généraux, tirés du livre de Suzuki “Nurtured with Love”et de “Talent
Education”, c’est-à-dire la conviction que tout enfant, dans une ambiance favorable, avec
une instruction adaptée et avec suffisamment de répétition, est capable de réaliser un certain
potentiel et obtenir des résultats positifs. Cela pourrait sembler paradoxal pour ceux qui ne
voient dans la méthode Suzuki qu’un système pour produire des virtuoses en chaîne : en fait,
c’est cette motivation profondément humaniste que Mme Zweig a emprunté à Suzuki, et qui
marque d’une façon sensible le fonctionnement de son Académie.
Le véritable choc a été la découverte des 14 films de Paul Rolland, “The Teaching of Action
in String Playing” : là, elle étudiera tous les résultats des recherches faites par Rolland à
l’Université de l’Illinois. Elle dit avoir passé quatre jours sans sortir à les visionner; ce fut
pour elle une sorte de révélation. Grâce à lui, elle comprend que pour arriver à des
mouvements physiques naturels, il faut un entraînement systématique des mouvements. Elle
adopte donc ses idées sur le rapport entre le rythme et l’action qui le produit, et l’importance
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de lier la musique au geste. Nombre des petits exercices destinés à développer la
coordination et la fluidité des gestes chez les jeunes élèves – la Statue de la Liberté, le
« x »magique, le « tap-tap », « le coup d’archet simulé », pizzicato dans tous les registres sont systématiquement utilisés dans ses cours. Le répertoire conçu spécialement pour le
projet de Rolland (“New Tunes for Strings” de Stanley Fletcher) fait aussi partie du
répertoire standard de toutes les classes à Bloomington.
Mais Mme Zweig affirme que tout ce savoir n’est que la moitié de la tâche. A son avis, le
plus important au niveau global est de réussir à créer une ambiance “non judgemental”, aussi
bien dans les cours que dans le travail à la maison et sur scène. “Non judgemental” ne veut
pas dire ici “sans jugement” (dans le sens de “sans critères”), mais plutôt “objective”, c’està-dire analytique, mais jamais dans un sens destructeur et négatif. Cette leçon, elle dit l’avoir
apprise grâce à la lecture du livre culte de Timothy Galwey, “The Inner Game of Tennis”,
que lui a conseillé son ex-mari Jerry Horner, longtemps l’altiste du Fine Arts Quartet : les
erreurs devraient être considérées comme simple source d’information, observées et évaluées
d’une façon analytique. L’influence de cette idée-clef sur le comportement des élèves de
l’Académie est tangible.
Enfin, la présence à Bloomington de personnages extraordinaires tels que Janos Starker,
Josef Gingold, Rostislav Dubinsky et Franco Gulli pendant les années 70, 80 et 90 lui a
beaucoup apporté. Tous ces maîtres faisaient leurs cours publics chaque semaine, ouverts à
tout le monde. En matière d’héritage et d’expérience, sans parler des détails de
l’interprétation, elle était particulièrement bien placée pour intégrer les leçons des
générations précédentes.
La méthode
Il est vrai qu’il y de la méthode dans le travail de Mimi Zweig, mais pas dans le sens d’un
système qui prédétermine tous les choix pédagogiques. A l’encontre de certains autres
professeurs, les principes conducteurs sont transposables à d’autres tempéraments, à d’autres
styles d’enseignement, même à d’autres répertoires pédagogiques (dans certaines limites). Il
est tout à fait possible de la suivre dans son enseignement étape par étape (sur son site web
Stringpedagogy.com, équipé de miniclips vidéo), mais il est aussi possible d’en extraire des
idées plus générales tout à fait intéressantes et utiles.
1)le cours est fait pour apprendre à répéter; 2) une préparation physique précède toute
avancée technique. Une suite d’exercices et de techniques de répétition spécifiques à toute
pièce sont à réaliser avant de la travailler. Ceci implique qu’il faut savoir décomposer les
problèmes techniques pour les rendre plus aisément assimilables et pouvoir reconstruire ces
composants pour en faire un tout musicalement cohérent ; 3) il faut créer et préserver une
ambiance “non-judgemental” : ce qui veut dire savoir traiter les erreurs comme simples
sources d’information; 6) c’est le rôle du professeur de contrôler l’emploi que fait l’élève de
son corps en permanence: commencer les cours avec les gammes pour vérifier sans cesse la
qualité des coups d’archets, l’état des doigts, la tête, les bras; 7) position idéologique: c’est le
rejet de la barre. Selon Mme Zweig l’enfant change trop rapidement physiquement pour
utiliser un système qui fixe le violon dans une position invariable; 8) le nombre de
répétitions est plus important que la durée: l’élève doit apprendre à gérer les répétitions
jusqu’à l’amélioration sensible. Ceci dit, une des règles de l’académie d’été est les 4 heures
de travail individuel imposées; 9) encourager l’esprit d’émulation, non de concurrence. Faire
jouer les plus grands élèves pour les plus petits dans le cadre des cours de groupe ; 10)
encourager la responsabilisation de l’enfant: on l’aide autant que possible, mais son
investissement est primordial; il) utiliser un cursus cohérent mais souple: adapter le
programme à l’élève; 12) le jeu par coeur est incontournable, depuis le début ;13) les
prestations régulières sont aussi incontournables, en concert et en masterclass. Le concert
10
n’est qu’une étape dans l’apprentissage de la pièce: perfectionner oui, mais à travers
l’expérience; 14) le jeu de groupe à l’unisson est incontournable: les techniques sont
abordées en douceur, le soutien du groupe aide chaque enfant à surmonter progressivement
les défis du répertoire, une ambiance de cohésion et de camaraderie est ainsi encouragée; 15)
la compréhension de la forme de chaque pièce est indispensable: chaque élément (nuances,
articulations, tempos, rubato) doit être intégré dans le tout; 16) varier le répertoire; 17) faire
participer à des concours, mais se rappeler que la bénéfice est dans la préparation: décider
d’un but précis et d’un répertoire précis, accepter les contraintes d’un temps donné de
préparation. Il est néanmoins la responsabilité du professeur de décider ce qui est possible et
ce qui est de l’intérêt de l’élève. Ne jamais oublier que le bien-être global de l’élève reste la
considération principale.
Conclusion
La qualité du travail effectué à Bloomington est donc le fruit d’une longue réflexion
(ouverture aux courants différents et leur synthèse), d’une grande expérience (une attitude
empirique et pragmatique) et d’une passion pour le travail (on ne compte plus les heures de
cours). Le talent de Mme Zweig consiste à savoir transformer un lieu de travail en terrain
fructueux (au niveau administratif et pédagogique), à savoir créer la demande pour
l’excellence en musique pour les enfants (la liste d’attente pour l’Académie est longue), à
développer un cursus cohérent et efficace, à vouloir partager son savoir et former de nouveau
professeurs, à savoir choisir ses collaborateurs et vouloir apprendre de leurs visions
pédagogiques personnelles (parfois différentes de la sienne) et surtout à savoir faire la part
des choses et garder les pieds sur terre. Autrement dit, à ne jamais oublier que le travail est
au profit de l’enfant dans la totalité de sa personne, pour le former à l’école de la vie à
travers la discipline et les plaisirs intellectuels et émotionnels de la musique. Toute cette
activité semble gérée par le souci de préserver une ambiance “non judgemental”, tout en
poussant les élèves à se produire constamment pour que le fait de jouer devant les autres
devienne une chose naturelle.
Mme Zweig dit souvent qu’il faut s’intéresser surtout au “comment”, au processus: elle est
parfaitement persuadée qui si on dirige son attention dans ce sens, les résultats ne se feront
pas attendre. En ceci, elle se démarque de beaucoup de ses collègues: elle raconte qu’un
collègue lui a fait des reproches d’avoir organisé avec ses élèves adolescents un cycle de
sonates de Beethoven. “Ils sont trop jeunes pour comprendre cette musique!” disait l’autre
professeur. “Mais ce n’est que le début de leur apprentissage de ce répertoire” explique
Mimi, exaspérée; à son avis ils auront toute leur vie pour raffiner leur vision de cette
musique. Comme elle le dit (et elle n’est pas la première), l’apprentissage du professeur et de
son élève est un engagement dans la durée. “Comme nous le savons, jouer du violon est
comme un voyage de toute une vie pour un professeur et un élève. Notre but est que les
élèves deviennent leur propre professeur. Quand ils atteignent ce niveau, nous les
professeurs ressentons un immense sentiment de satisfaction. Enseigner et jouer du violon
deviennent donc une mode de vie rempli d’aventure, d’intérêt et de bon travail. Le succès est
à mesurer par le plaisir que l’on éprouve en faisant le parcours.”
(“As we know. playing the violin is a lifelong journey for the teacher and student. Our goal
is for students to become their own teachers. When students reach this level, we teachers feel
a great sense of accomplishment. Teaching and playing the violin become a way of life that
is filled with adventure, fascination and hard work. Success lies in the joy of a good
journey.”)
Pour plus de renseignements voir aussi l’entretien avec Mimi Zweig dans le numéro 5 de la
“Lettre de L’AmiRéSol” et l’article que lui est consacré dans le “Strad” magazine de
septembre 1998. On peut également consulter son site web “Stringpedagogy.com” ou avoir
11
des renseignements sur l’lndiana University String Academy et son Summer String
Academy sur le site officiel de l’Indiana University (rechercher “Indiana University,
Bloomington”, puis cliquer sur “arts and entertainment’, cliquer sur “school of music”, puis
“departments” puis sur “precollege strings”).
Evan ROTHSTEIN, violoniste d’origine américaine mais résident en France depuis 1989, a
reçu son diplôme de Docteur de Musique de l’Indiana University en mai 2001. Il enseigne la
musique de chambre à l’Académie d’été à Bloomington depuis 1997. Egalement titulaire d’un
Diplôme d’Etat de professeur de Violon, d’une maîtrise et d’un DEA en musicologie de
l’Université de Paris VIII, il a été nommé ATER à l’université pour l’année 2001-2002. Il a joué
avec de nombreuses formations en soliste et en musique de chambre, notamment aux Festivals
Présences, Musica, Santander et Sortilèges. Ses articles sur la musique de Charles Ives
paraîtront au printemps 2002 dans les actes du Congrès International sur la Signification
Musicale (Imatra, Finlande) et des journées d’étude “Musique et Mémoire” (Paris VIII). Un
article sur le théâtre musical de Georges Aperghis paraîtra dans un ouvrage consacré à la
dramaturgie musicale, édité par Laurent Feneyrough (CNRS).
ESTA-France
COMPTE RENDU DE L’ASSEMBLEE GENERALE
DIMANCHE 1O MARS 2002
Frédérique Rouzeau-Pleintel, secrétaire
A l’issue de la journée du 10 mars s’est tenue
l’Assemblée Générale annuelle à l’occasion de
laquelle le rapport moral du Président et le
rapport financier de l’année 2001 ont été acceptés
à l’unanimité.
Michel STRAUSS a souligné l’activité riche des
journées de travail publiques, à Paris et pour la
première fois en province à Dijon. Il souhaiterait
voir le nombre d’adhésions augmenter plus
rapidement, permettant ainsi à l’association de se
développer davantage au sein des régions. Pour
lui, l’approfondissement de la connaissance du
travail de nos collègues européens est
fondamental dans le paysage actuel d’ouverture
de l’Europe. Enfin, il souhaiterait que de
nouveaux membres se présentent au bureau afin
de soulager un peu ceux qui se sont lancés dans le
projet du congrès.
Seize membres présents de l’association ont voté
auxquels se sont ajoutés 18 bulletins pour
lesquels les votants avaient donné leur pouvoir.
Le bureau et conseil d’administration ont été
réélus à l’unanimité.
Bureau
Président : Michel STRAUSS
Secrétaire : Frédérique ROUZEAU-PLEINTEL
12
Trésorière : Charlotte KLINGENBERG
Vice-Présidente : Valérie GIRBAL
Secrétaire adjointe : Nathalie WIZUN
Trésorier adjoint : Jean-Paul GIRBAL
Conseil d’Administration
Christina BELLU
Jean-Christophe DELEFORGE
France DE VILLERS
Bénédicte HERANVAL
Marie-Emmanuelle HEROUARD
Evelyne MARTINA-DAUSSY
Jean TABOURET
Catherine TOULOUSE – DELPEUCH
Laure WILLMANN
La discussion qui a suivi le vote a porté sur
l’organisation du congrès international 2003 à
Paris qui ne se fera pas avec le Amis de l’Alto
comme cela avait été envisagé à l’origine. Il a été
question des répartitions des tâches et des thèmes
qui pourront y être traités.
Michel Strauss a proposé à Cristina Bellu
d’organiser en juin prochain une journée ESTA à
Mulhouse où elle a une classe de violoncelle.
Pour finir, il a émis des vœux de réussite dans la
préparation de nos objectifs communs.
ESTA-France à Dijon par Jean Tabouret
samedi 19, dimanche 20 et lundi 21 janvier 2002
Journées organisées conjointement avec le Cefedem Bourgogne
Les CEFEDEMs (centres de formation des
enseignants de musique) ont pour mission de
former les étudiants en vue du diplôme d’Etat
(D.E.) de professeur de musique. Il y a 10
Cefedems (Bordeaux-Aquitaine, Bourgogne,
Bretagne-Pays de la Loire, Ile-de-France,
Lorraine, Midi-Pyrénées, Normandie, PoitouCharentes, Provence-Alpes-Côtes d’Azur, RhôneAlpes). Sous la tutelle pédagogique de la
DMDTS, le cursus des Cefedems est de 1000
heures sur deux ans, soit, en moyenne, environ 17
heures par semaine et comprend des cours
collectifs et individuels répartis en quatre
modules d’enseignement : culture et pratique
musicales, culture et pratique pédagogiques.
Une spécificité des Cefedem est l’accueil et la
formation d’étudiants de diverses disciplines
(instruments, voix, formation musicale, direction
de chœurs, …) ; cette diversité permet un
rapprochement entre disciplines, et le travail en
commun que font les étudiants préfigure, en
quelque sorte, les relations qu’ils entretiendront
avec leurs collègues lorsqu’ils seront en poste
dans une école ou un conservatoire.
Le suivi individualisé des étudiants se déroule
sous la responsabilité de tuteurs, ou conseillers
pédagogiques, qui accueillent les étudiants dans
leurs classes après qu’une convention ait été
passée entre les Cefedems et les Conservatoires
où enseignent les professeurs tuteurs. Pour le
Cefedem Bourgogne, si les cours collectifs ont
lieu à Dijon, et si l’un des deux tuteurs que
suivent les étudiants pendant leur cursus enseigne
dans un établissement de la région Bourgogne,
l’autre pourra enseigner dans un établissement
qui peut être plus proche du domicile de
l’étudiant lorsque celui-ci est domicilié dans une
autre région.
C’est ainsi que l’un des professeurs tuteurs du
Cefedem Bourgogne est Jean-Christophe
DELEFORGE, professeur de contrebasse aux
CNRs d’Aubervilliers-La Courneuve et de CergyPontoise. Membre d’ESTA-France, celui-ci s’est
fait l’interprète du souhait du conseil
d’administration et de Michel STRAUSS, son
président, d’établir des relations avec des centres
de formation. Au même moment, Jean
TABOURET, directeur du Cefedem Bourgogne,
étudiait l’organisation de journées à thème pour
l’approfondissement de questions spécifiques aux
disciplines d’un même département. En effet, tout
en gardant la spécificité des Cefedems (richesse
provenant de la diversité des disciplines
représentées), existait la nécessité d’approfondir
des questions spécifiques à des disciplines d’un
même département pédagogique, parallèlement
au tutorat et au cours de perfectionnement
instrumental.
Le principe d’organiser à Dijon la rencontre
d’ESTA-France du mois de janvier a été retenu
lors du conseil d’administration d’octobre
dernier. Celle-ci fut programmée pour le
dimanche 20 janvier. La veille, le samedi 19
janvier, des étudiants du Cefedem donneraient
cours devant des professeurs invités, membres
d’ESTA-France, et le lendemain, le lundi 21
janvier, d’autres conférences auraient lieu pour
les étudiants du Cefedem. Frédérique ROUZEAU
assurerait pour ESTA, en liaison avec Jean
TABOURET pour le Cefedem Bourgogne, le
suivi de ce projet et le contact avec les
intervenants les trois journées.
Pour la journée ESTA-France, – le dimanche 20
janvier –, il y a eu trois intervenants :
• Emmanuel KIRKLAR, altiste et professeur
animateur au CNR de Dijon, exposa le projet
pédagogique qu’il met en place pour
l’orchestre à cordes du cycle 1 dans cet
établissement, en analysant les questions
soulevées et les directions de travail mises en
13
place (accord en début de répétition,
élargissement du répertoire, positionnement
des élèves dans ce nouvel espace qu’est pour
eux la salle de répétition, …) ;
• Nathalie WIZUN, professeur de violon et
d’alto à l’Ecole Kœnig à Paris, a exposé la
pédagogie de Geza Szilvay à l’East Helsinki
Institute of Music en commentant les recueils
de la collection Colourstrings et la vidéo prise
pendant le stage qu’elle a fait à Helsinki l’été
dernier ; les partitions d’ensemble ont donné
lieu à une lecture par les étudiants du
Cefedem pendant la conférence, ajoutant par
là une audition vécue des remarquables
pièces pour ensemble de la collection Geza
Szilvay pour jeunes enfants ;
• Lionel MICHEL, professeur de violoncelle au
CNR de Clermont-Ferrand, a parlé de
l’enseignement dans les niveaux
intermédiaires, et plus particulièrement de la
fin du deuxième cycle, en référence avec la
pratique qu’il met en place dans sa classe.
Partant du constat qu’il n’existe pratiquement
pas de répertoire dans la première moitié du
20ème siècle qui puisse être abordé à ce niveau
des études en classe de violoncelle, il transcrit
pour ensemble de trois à huit violoncelles
des extraits de partitions orchestrales de cette
période (Strawinsky, Le Sacre, Schœnberg,
Variations pour orchestre, …). Pour mener à
bien ce projet, Lionel MICHEL dispose, en
plus du temps individuel de cours, d’un temps
supplémentaire où il réunit ses élèves à
plusieurs pour un travail de groupe.
Cette journée a été suivie par des membres
d’ESTA-France venus de la région parisienne, par
des professeurs des régions Bourgogne, FrancheComté et Alsace (Dijon, Cluny, Besançon,
Mulhouse) et par les étudiants des disciplines
cordes du Cefedem Bourgogne qui ont souligné
l’ouverture pédagogique qui leur était proposée
ainsi que la diversité et la richesse des
thématiques abordées.
Le lendemain, le caractère pluridisciplinaire des
thèmes abordés avait conduit Frédérique
14
ROUZEAU et Jean TABOURET à décider de les
redéfinir pour qu’ils concernent l’ensemble des
étudiants du Cefedem.
Il y a eu trois
interventions dans la journée :
• Gretchen AMUSSEN, responsable des
relations internationales et de l’insertion
professionnelle au CNSMD de Paris, qui
avait été sollicitée pour son intervention par
Michel STRAUSS, a abordé l’harmonisation
des formations aux métiers de la culture dans
le suivi de la Déclaration de Bologne (juin
1999) sur l’espace européen de
l’enseignement supérieur ;
• Catherine TOULOUSE-DELPEUCH,
professeur de violoncelle à l’école de
musique de Cluny, auteur de la méthode Le
violoncelle par tous les sens (violoncelle et
formation musicale), a abordé la sociologie
des écoles de musique et de leur public en
confrontant les objectifs de l’école, la
demande des élèves et parents, les exigences
des collectivités qui financent ;
• Jean-Claude LARTIGOT, professeur au
CNSM de Lyon (classe de pédagogie
fondamentale) a abordé les perspectives de
l’enseignement musical spécialisé en les
replaçant dans le contexte d’une évolution
historique et d’un système éducatif hérité des
idéaux de la Révolution qui, paradoxalement,
a abouti à priver les régions de leurs meilleurs
talents en instaurant la filiation Parisprovince.
Mentionnons, pour l’anecdote, la part
d’improvisation dans l’organisation de la journée
du lundi, due aux retards causés par la rupture
d’un caténaire sur la ligne TGV, compensée par
les échanges qui ont pris place à l’occasion de la
pause-sandwich en milieu de journée, mais aussi
le fait que plusieurs participants à la rencontre de
Dijon se sont retrouvés à la rencontre ESTAFrance du 10 mars, constituant ainsi un
encouragement à renouveler des rencontres ESTA
en région.
Les centres de formation diplômante
Aquitaine
CEFEDEM Aquitaine
19 rue Monthyon
33800 Bordeaux
tél.: 05.56.91.36.84 fax :05.56.92.18.23
Bourgogne
CEFEDEM Bourgogne
36-38 rue Chabot-Charny
21000 Dijon
tél.: 03.80.58.98.90 fax :03.80.58.98.91
[email protected]
Haute et Basse Normandie
CEFEDEM Normandie
50 avenue de la Porte aux champs
76000 Rouen
tél.: 02.32.76.07.08 fax : 02.32.88.60.85
rue du Care1,BP6216,
14066Caen Cedex
tél./fax:02.31.85.16.04
Ile-de-France
CEFEDEM Ile-de-France
182-184 avenue PauI Doumer
92500 Rueil-Malmaison
tél. : 01.41.96.20.00 - fax : 01.47.14.11.24
e-mail: [email protected].
Lorraine
CEFEDEM Lorraine
13, place de Chambre B.P. 67011
57030 Metz Cedex
tél.: 03.87.74.28.38 - fax : 03.87.36.75.79
Midi-Pyrénées
CESMD Midi-Pyrénées
17 rue Larrey,
31000 Toulouse
tél.:05.61.22.28.68 ou 05.61.12.32.88 fax :05.61.22.31.18
Département de musicologie
UFR Lettres Philosophie Musique
5 Allée Antonio Machado,
31058 Toulouse Cedex,
tél. : 05.61.50.45.29 - fax : 05.61.50.49.12
Poitou-Charentes
CESMD Poitou-Charentes
10 rue de la Tête noire, BP 15,
86001 Poitiers Cedex
tél. : 05.49.60.21.79 - fax : 05.49.50.64.38
Provence-Alpes-Côte d’Azur
CEFEDEM Sud
7 boulevard Lakanal
13400 Aubagne
tél.: 04.42.70.07.00 - fax : 04.42.82.01.60
e-mail : [email protected].
Rhône-Alpes
CEFEDEM Rhône-Alpes
14 rue du Palais Grillet
69002 Lyon
tél. : 04.78.38.40.00 -fax : 04.78.38.40.03
Bretagne
CEFEDEM Bretagne - Pays de Loire
32 rue EmiIe Péhant
44000 Nantes
tél. : 02.40.89.90.50
15
Mes Trucs
LA PLANCHE LONGUE
Catherine Mühlhauser
Professeur de violon à l’Ecole Nationale de Musique de Lorient
Cet article inaugure une nouvelle rubrique de notre bulletin. Elle est ouverte à tous, nous
attendons vos « trucs » avec impatience !
Je tiens ce «truc» de Dominique
Hoppenot dont je fus l’élève au début des
années 80. Je suppose qu’il est très connu des
anciens élèves de madame Hoppenot mais il
pourra intéresser d’autres enseignants et les
nouveaux venus dans la profession.
l’utilisation de l’avant-bras ne sera pas
perdue pour tout le monde…..).
On s’aperçoit vite que le fait de se
sentir porté par la planche permet de trouver
facilement la trajectoire qui correspond bien
sûr à celle de l’archet sur le violon.
Pour sentir l’orientation, la trajectoire
En travaillant ainsi sur les thèmes de
de l’archet et prendre des repères sur soi, la
planche est un bon outil, facile à mettre en point d’appui, de trace où l’on passe et
œuvre.
repasse en laissant le geste se faire, beaucoup
d’élèves découvrent la sensation si agréable
Munissez vous d’une planche d’environ du lâcher prise.
80cm de long sur environ 8cm de large (plus
courte pour les enfants) et d’un petit chiffon.
On peut aussi travailler les
Placez vous face à une petite chaise rebondissements, atterrissages et décollages
ou un tabouret bas, posez le pied droit sur la en tous genres. On peut aller au delà de la
chaise de façon à amener la cuisse à peu près planche en prolongeant le geste dans les deux
à l’horizontale (mais pas plus haut), et sans sens pour tous ceux qui ont la sensation que
tordre le reste du corps SVP !
leurs bras sont trop courts…par exemple….
Posez ensuite la planche sur vous, en Cela permet de trouver l’amplitude du geste
biais, une extrémité sur l’épaule gauche, et de revenir à une sensation plus globale de
l’autre sur le genou droit. Maintenez-la ainsi bras entier. etc ..etc…
avec la main gauche placée dessous.
La planche (violon) devient un terrain
de jeu pour le chiffon (archet), et peut
Avec le chiffon tenu roulé dans votre constituer le point de départ d’une recherche
main droite, l’avant-bras en pronation*, vous passionnante sur soi-même à partir de ses
allez frotter la planche comme si vous vouliez sensations.
la nettoyer bien partout. Veillez à ce que le
chiffon reste bien en contact avec la planche
et la main bien en appui. Pour cela deux
* Petit rappel à propos de la pronation : rotation
conditions doivent être réunies :
1)le chiffon doit dépasser côté index interne de l’avant-bras.
pour vous permettre de vous appuyer
confortablement.
2) La fameuse pronation* de l’avantbras devra être maintenue à tous les endroits
de la planche et pendant tous les
déplacements, (cette mise en évidence de
16
Coups de cœur
Voici un petit volume pour violon de
K et D Blackwell (ed. Oxford
University Press) que l’on aimerait
voir transcrit rapidement à l’alto. Les
enfants adorent. Il s’agit de « Fiddle
Time Joggers », recueil de morceaux
très
faciles
avec
CD
d’accompagnement (Rock’n Roll, Folk
…). Les morceaux sont enjoués et très
progressifs (d’abord en cordes à vide
puis 0-1-2-3-4). Il existe un recueil
séparé pour l’accompagnement de
piano. Le deuxième volume « Fiddle
Time Runners », sans CD, explore les
différents groupements de doigts en
première position. Morceaux toujours
aussi réjouissants. Un recueil séparé
pour l’accompagnement de piano.
Dominique Larret
☼
Vous connaissez peut-être les disques
de la série « The London … Sound »,
« … » correspondant selon les cas à
Violin, Viola, Cello ou Double Bass.
Ses disques édités chez Cala sont
disponibles sans
problème en
France
et
présentent des
œ u v r e s
arrangées pour
très
grand
e n s e mb l e
d’instru ments
de
même
nature. Ainsi le
disque que j’ai
actuellement
sous les yeux a
été enregistré
avec les 12
altistes
du
L o n d o n
Philharmonic, les 12 altistes du BBC
Symphony, les 12 altistes de l’English
National Opera Orchestra, les 8 altistes
de l’Academy of St Martin in the
Fields ainsi que 4 altistes
supplémentaires, un contrebassiste,
une harpiste et un percussionniste.
Pour le violon sont arrangées des
oeuvres de Dvorak, Monti, Gerschwin,
Mascagni,
Khatchaturian,
Shostakovich,
Debussy et
Rachmaninov, pour l’alto de
Gerschwin, Weill, Shostakovitch,
Dvorak, Grainger, Ravel, Prokoviev,
Bacharach et Strayhorn, pour le
violoncelle de Saint-Saëns,
Rachmaninov, Casals, Balcome et
Bernstein et pour la contrebasse de
Saint-Saëns, Paganini, Cole Porter,
Duke Ellington, Bizet, Bloch, Kern,
The Spice Girls, Mahler, van Goens,
Youmans, Young et Desmond. Ses
œuvres sont désormais également
disponibles en partition (pour 3 et 4
voix pour les violons, 4 pour les altos,
4, 6 et 8 pour les violoncelles et 2, 4 et
8
pour
les
contrebasses)
et
peuvent
être
commandées
à
l’adresse suivante :
Cala
Music
Publishing,
17
Shakespeare
Gardens, London N2
9LJ,
Angleterre.
Tel : 44 (0)20 8883
7306, Fax : 44 (0)20
8365 3388, Email :
17
c mp @c a l a r e c o r d s . c o m, O n l i n e
ordering : www.calarecords.com . Nous
n’avons pas testé, les prix sont
relativement élevés mais la démarche
semble intéressante. Existent également
des partitions pour les cors (8, 12 et 16
voix), les trombones (16 voix) et les
trompettes.
Encore un coup de cœur pour des
arrangements de grands ensembles
d’instruments de même nature. Celui-ci
a été commandé, testé et les enfants ont
été conquis. Les éditions Castle
Enterprises proposent des dizaines
d’arrangements très sympathiques pour
ensembles d’altos (de 2 altos à double
chœur à 8 voix). J’ai découvert cet
éditeur par hasard, un mail envoyé un
dimanche matin à 8 heures, réponse à
15h le jour même, la commande était
enregistrée et m’est parvenue avant
même que j’ai réglé ! Quelle
confiance!!! De niveau fin de 1er cycle
à 3ème cycle, les arrangements ont été
faits en général par des professeurs
d’alto des universités américaines et
vont de Pizzicato Polka à des pièces
contemporaines en passant par la Folia,
Rosamonde, le Pie Jesu du Requiem de
Fauré, des ragtimes ou l’hymne
américain. Toutes les voix sont toujours
intéressantes. 25 références sont
proposées, pour des prix raisonnables
allant de 8 à 15 dollars.
Commande au www.nisom.com auprès de
Tracey Rush, Northeast Iowa School of
Music
Un conseil si vous commandez à l’étranger :
réglez vos achats par mandat postal, la
comparaison avec les tarifs bancaires laisse
sans voix !!
Valérie Girbal
Deux nouveautés signalées par Thierry
Baraud “All for Strings/
comprehensive String Method” book
1, 2 and 3 by Gerald E. Anderson and
Robert S. Frost, KJOS Edition
(distribué par HMMO). Egalement chez
18
Brèves...Brèves...Brèves...Brèv
STAGES
Cela se passe dans une école primaire de
Neuilly-Plaisance, à 10 mn à pied du RER et du
2 au 13 juillet. Inclus.
L'intérêt de faire un stage sur place, c'est
que les plus jeunes peuvent y participer et
lorsque nous parlons de "jeunes" nous
pensons aux enfants dès l'âge de 4 ans.
J’y travaillerai mon violon, mes amis leur
alto ou violoncelle ou leur flûte traversière
ou encore leur piano.
Nous nous
retrouverons lors de travail d’ensemble
(orchestre ou musique de chambre). Mon
amie qui est d'un niveau supérieur au mien
espère pouvoir ne travailler qu'en orchestre
… mais cela dépendra du nombre
d'inscrits !
J’ai un voisin que ne fait pas encore de
musique mais qui va venir s’initier aux
différents instruments.
En fin de stage, nous montrerons toutes
nos connaissances acquises durant ces dix
jours mais en toute simplicité pour le plaisir
de partager.
Certains stagiaires viendront de Corse et
nous aurons donc la chance de les
héberger, d'autres viendront peut-être de
province française moins lointaine ?
Dès 8h un animateur accueillera les
enfants matinaux, mais le travail musical se
situera entre 9h et 12h et 13h30 à 16h30.
Le midi nous pourrons déjeuner sur place
sous réserve d'apporter son repas froid. Le
soir un autre animateur gardera les enfants
jusqu'à 18h si nécessaire.
Certains adultes auront même la possibilité
de faire le stage à raison de 2h par soir
(sous réserve d'inscriptions suffisantes) ou
sur la journée s’ils sont déjà en vacances
ou à la retraite ...
Pour s’inscrire se rendre sur le site Internet :
http://perso.wanadoo.fr/vivaldi/ ou téléphoner
au secrétariat au 01.43.09.82.13
MERTON MUSIC
Voici une entreprise originale qui séduira certainement bon nombre d’entre vous.
Nous l’avons découverte à Helsinki lors du congrès d’ESTA en août 2001.
Theo Wyatt a créé Merton Music en 1996 en se fixant pour objectif de faire connaître
et de diffuser la musique de chambre peu connue à des prix qui encouragent
l’exploration. Son catalogue comprend environ 600 œuvres qui sont toutes libres de
droit, presque toutes épuisées et donc inaccessibles par tout autre moyen. Le coût
est de 0,20€ la page ! Vous pourrez donc acheter par exemple pour 6€20 (2€80 pour
le conducteur et 3€40 pour les parties séparées) un quatuor de Onslow (vous avez le
choix entre 20 quatuors différents), pour 2€90 un quatuor pour 4 violons de Dont,
pour 6€90 un quintette avec piano de Spohr … Sont disponibles des oeuvres de
Hermann, Hofman, Lee, Kreutzer, Ries, Hoffmeister, Taneiv, Bruni, Pleyel, Lachner,
Arensky, Bazzini, Dotzauer, Hennessy, Swann, Naumann … Le catalogue indique le
niveau de difficulté de la partition par un chiffre entre 1 et 5 pour chaque partie,
Theo Wyatt considérant le quatuor opus 18 n°1 de Beethoven comme le niveau 3.
Pas de frais d’envoi. Theo Wyatt travaille seul, chez lui, avec sa propre imprimante,
ne fait pas de publicité, ne publie que des œuvres libres de droit, ce qui explique le
faible coût de sa production.
On peut joindre Merton Music à l’adresse suivante :
Theo Wyatt, 8 Wilton Grove, London SW19 3QX, Tel/fax : 020 8540 2708,
Email : [email protected]
Vous trouverez également des distributeurs en Australie, Allemagne, Hollande,
Suède et Etats-Unis. Theo Wyatt recherche un distributeur en France. Voici le
descriptif du profil du poste, que nous n’avons pas traduit puisque le distributeur
doit posséder ‘a reasonable command of English’.
Theo Wyatt established Merton Music in 1996 with the objective of making neglected string chamber
music accessible to players at prices which would positively encourage exploration. The catalogue
includes over 600 works, all out of copyright and almost all out of print and unobtainable from any
other source; and all at a basic price equivalent to 10p. per page of music post-free.
A firm customer base has now been established in the United Kingdom, Australia, Germany,
Holland, Sweden and U.S.A. and Theo Wyatt is now looking to set up distribution arrangements in
other overseas markets and in particular in France. For this he will need a representative with an email address, with a reasonable command of English, and with an enthusiasm for spreading the
news of this amazingly cheap source of new music among teachers and amateurs.
The system will work like this. Theo Wyatt will print a catalogue in French priced in euros and will
distribute it from the U.K. to an initial mailing list. The catalogue will contain an order form. The
customers will send this to the representative with payment either by cheque or by remittance to a
designated bank account. The representative will e-mail particulars of the order. Theo Wyatt will
post the music direct to the customer.
The duties of the representative will be these:19
a..
Translate the catalogue;
b.
Assist in producing the initial mailing list by obtaining published lists of music schools, music
libraries, amateur music societies etc.;
c.
Establish a bank account;
d.
Deal with enquiries from customers about e.g. missing music;
e.
Send details of any orders received to Theo Wyatt by e-mail;
f.
Remit the contents of the bank account every six months to Theo Wyatt in euros after
deducting the following for his services;
i. 7.5 per cent of turnover;
ii. All his phone, postage and other expenses;
iii. Any interest earned by the sums in the account.
Representatives receive for their own use Merton Music titles of their choice to a value of £100.
The rewards are not enormous, but the duties are not in any way onerous and are not incompatible
with other full-time employment.
Brèves...Brèves...Brèves...Brèves...Brèves...Brèves...Brèves...Brèv
STAGES
Jacques Borsarello enseignera du 17 au 30 juillet à Noirmoutier et du 14 au 25 août à
Narbonne. Renseignements au 01 60 66 20 14.
Le prochain stage de formation pédagogique dirigé par Geza Szilvay aura lieu du mardi
27 au samedi 31 août 2002 au Southlands College de Londres. Renseignements auprès de :
The Szilvay Foundation, 1b Elm Close, Tolworth, Surrey KT5 9NA, Angleterre
Tél/fax: 44 (0)20 8330 7500
Email: [email protected]
Website : www.colourstrings.co.uk
ESTA-Grande-Bretagne propose son stage annuel d’été du 25 au 30 août 2002 à la
St.Mary’s School, Wantage, Oxon, avec la participation de Dona Lee Croft, Peter Esswood,
William Bruce, Simon cartledge, David Vinden, Denise Ham, Elisabeth Turnbull, Rosalind
Hoskins, Sheila Oglethorpe, Caroline Bosanquet, Bill Connor, Stewart Hardy, Judith Bird.
Contacts : Marion Seymour – 44 (0)20 8940 4640, fax : (0)20 8940 4300
Email : [email protected]
NOUVEAUX ADHERENTS
26
Pascal Coignet à Saint-Gervais sur Roubion
27
Nicolas Paquit à Saint-Sébastien de Morsent
51
Catherine Perlot à Reims
75
Cécile Moreau
Noémie Robidas
20
Elisabeth Rossé
93
Ecole Nationale de Musique du Blanc-Mesnil
94
Thierry Barbé à Maison-Alfort
Rolland, Létourneau, Havas
et autres trouvailles…
par Noémie L. Robidas
Noémie Robidas, violoniste québécoise, est intervenue le 10 mars dernier lors de la journée
d’ESTA au conservatoire du 11° arrondissement, pour nous faire part de ses coups de cœur
en matière de pédagogie des instruments à cordes. Elle nous propose ici un survol de son
intervention.
Lors de la dernière journée ESTA en mars dernier, j’ai eu le bonheur de présenter la
pédagogie de trois grands noms de la musique : Paul Rolland (USA), Claude Létourneau
(Québec) et Kato Havas (Grande-Bretagne) qui ont contribué chacun à leur façon à
l’évolution de l’enseignement des cordes.
Voici donc un petit résumé de mon intervention et, comme promis, les références qui s’y
rapportent.
Paul Rolland « Le mouvement dans le jeu des cordes »
Vous vous souvenez peut-être de l’article rédigé par Nathalie Wizun dans le bulletin de
janvier 2000 portant sur les cassettes vidéo de Paul Rolland (disponibles en visionnage sur
place, au Centre de Ressources de la Cité de la Musique à Paris)… mais parce que la
mémoire est une faculté qui oublie et que ce nom en est un à retenir, reparlons-en!
Comme vous le savez peut-être, Rolland est l’initiateur du projet de « l’enseignement du
mouvement dans le jeu des cordes » mené à l’Université de l’Illinois dans les années 1960. Il
lance et confirme la thèse qu’en incluant des mouvements favorisant la détente dans le jeu
des instrumentistes à corde dès le départ, on peut accélérer le processus d’apprentissage et
favoriser l’aisance. Il travaille avec différents spécialistes et scientifiques pour mettre au
point un répertoire nouveau répondant aux besoins spécifiques de l’expérience. Il crée une
série de mouvements simples et efficaces ainsi qu’une multitudes d’exercices où le rythme
occupe une place très importante. Le projet obtient un réel succès. Les enfants peuvent, après
deux ans d’apprentissage, jouer avec une sonorité ronde et pleine, avec un beau vibrato, des
démanchés fluides et le sourire aux lèvres!
Vous pouvez le constater par vous-même en visionnant la série des vidéos tournées à l’issue
du projet. Cela vaut le détour!
Le livre de Rolland a été traduit par Mme Chantal Masson-Bourque professeur à l’Université
Laval à Québec. Il est possible de le commander directement via les presses de l’U.L (voir
références ci-dessous).
Il faut savoir qu’il ne s’agit pas d’une méthode mais plutôt d’une mine d’outils à utiliser avec
imagination au gré de notre enseignement. La traduction des notions expliquées dans les
vidéos constitue le fil conducteur de chaque chapitre. Toutes les facettes de la technique du
violon y sont abordées sous un angle nouveau et pratique. Vous y trouverez mille et un trucs
pour enseigner dès le départ, les pizzicati m.g., les harmoniques, les doubles-cordes, les
octaves et démanchés. Qui s’y frotte, s’y pique!
21
Pour compléter le tout, le répertoire utilisé, commandé par Rolland au compositeur Stanley
Fletcher est édité chez Boosey and Hawkes et disponible pour qui veut varier les morceaux
de ses petits protégés. Ce sont des œuvres charmantes qui cultivent le sens de l’humour et
l’aisance des apprentis-violonistes.
Une méthode de violon appliquant les principes de Rolland a aussi été conçue par Mme
Sheila Johnson et peut donner quelques repères supplémentaires aidant l’intégration des
notions.
Après 30 ans, les idées de Paul Rolland, bien que prouvées et appliquées par des centaines de
professeurs aux États-Unis sont malheureusement encore bien peu connues de ce côté-ci de
l’océan. Comment expliquer cela? Peut-être la barrière des langues, le manque de diffusion
ou le poids des traditions dont on n’arrive pas à se défaire. Chose certaine, mieux vaut tard
que jamais. Jetez-y un coup d’œil!!!
Claude Létourneau
À la même époque que Rolland à quelques centaines de kilomètres, Claude Létourneau
développe également une méthode qui marquera plusieurs générations de violonistes
québécois. Élève de Ivan Galamian, influencé par Suzuki, M. Létourneau adapte pour les
jeunes francophones la méthode de ce dernier basée sur l’écoute active par le biais d’un
répertoire tiré du folklore et le développement des bons réflexes dès le plus jeune âge. À plus
de 70 ans, M. Létourneau craque toujours autant pour les tout petits qu’il aime débuter entre
3 et 5 ans!
Mme Martine Rocheleau en collaboration avec M. Létourneau a d’ailleurs créé une méthode
d’éveil au violon pour cette clientèle particulière. Grâce à cette méthode ingénieuse, les
enfants apprivoisent l’instrument au fil de leur développement psycho-moteur tout en
s’amusant. Les résultats sont encore là assez étonnants car l’enfant prend ainsi goût au
violon, grandit avec lui et en fait son ami. (voir références ci-dessous)
La liste du matériel didactique développé par M. Létourneau est longue : petits concertos,
morceaux divers, gammes, doubles-cordes, pièces pour ensemble, solfège intérieur et j’en
passe. Il est possible de commander directement aux Éditions Létourneau. (voir références
ci-dessous)
NB. Il est possible de faire un stage de formation avec M. Létourneau ou Mme Rocheleau au
Québec en début d’été. (voir références ci-dessous)
Kato Havas « La nouvelle approche au violon »
Du haut de ses 81 ans, Mme Havas demeure l’une des plus grandes pédagogues de notre
siècle. Bien que peu connue en France, cette grande dame a donné des centaines de
conférences à travers le monde. En quelques lignes, il est très difficile de tracer un portrait
juste et assez éloquent de cette illustre pédagogue qui mériterait une présentation beaucoup
plus exhaustive. Il s’agit donc d’un avant-goût.
22
Kato Havas naît en Hongrie où elle devient rapidement une enfant prodige. Elle accumule
les récompenses et tournées qui la mènent jusque sur la scène du Carnegie Hall à 17 ans.
Les hasards de la vie mettent fin à cette envolée prometteuse pour lui permettre de s’occuper
de ses enfants et de prendre du recul face au violon. C’est alors qu’elle prend le temps de
réfléchir et met au point sa « nouvelle approche au violon » influencée par les tziganes de
son enfance. Une approche toute simple, très holistique et humaniste, qui prévient les
nombreux problèmes musculaires et psychologiques souvent rencontrés chez les violonistes.
Par le biais de ses ouvrages « la nouvelle approche au violon », « le violon en 12 leçons » et
« le trac », Mme Havas résout les problèmes qui freinent souvent le développement du talent
des instrumentistes.
J’ai eu la chance de prendre une leçon privée avec elle et de participer à un workshop à
Oxford dernièrement où j’ai pu constater la grandeur de son âme. Cette femme possède un
immense respect pour l’être humain qui se trouve devant elle et donne le même
enseignement dévoué au simple débutant, à l’amateur comme au violoniste professionnel.
Avec une touche d’humour, elle met le doigt sur les cordes sensibles et solutionne tous les
tracas. Elle donne avant tout confiance et envie de jouer dans le plaisir!
Deux de ses livres ont été traduits par Mme Pascale Boyer et sont disponibles au simple coût
des photocopies ( les éditeurs ne veulent pas se mouiller! ). Il s’agit d’ouvrages à la portée de
tous, à lire durant vos vacances! (voir références ci-dessous)
Si le cœur vous en dit, vous pouvez également assister au workshop annuel donné par Kato
Havas le 20 juillet prochain à Oxford et goûter par vous-même à sa magie…
Les références…
Paul Rolland « l’enseignement du mouvement dans le jeu des cordes »
Livre disponible via les presses de l’Université Laval, Québec, Canada
www.ulaval.ca/pul ou tel: 001 418 656-2803
Stanley Fletcher, New tunes for Strings (2 volumes), Boosey and Hawkes
Sheila Johnson, Strings in Action, Boosey and Hawkes
Sessions de Pédagogie été 2002
Méthode Létourneau
Quand ? du 25 juin au 5 juillet 2002
Où ? Conservatoire de Musique de Québec, 270 rue St-Amable Québec, Québec
Inscriptions : 50 dollars canadiens non remboursables
Frais de cours : 200 dollars canadiens par niveau enseigné
(NB : il faut prévoir environ 100 dollars pour le matériel didactique du premier niveau
d’enseignement)
Date limite : 1er juin 2002 (ce bulletin vous parviendra un peu tard mais il reste peut-être de
la place, tentez votre chance !)
23
Contact : M. Claude Létourneau 332 bd René Levêque Ouest Québec, Québec, G1S1R9,
Canada
Téléphone : 00 1 418 527 86 29
Chambre disponible 1 personne : 80 $ par semaine
Méthode d’éveil au violon Rocheleau
Disponible sur commande : [email protected]
Kato Havas, la nouvelle approche du violon
Quand ? le 20 juillet de 17h à 20h30
Où ? à St Edmund 's Hall Queensland Oxford
Sujet : Les causes et les solutions aux problèmes physiques des musiciens et au trac.
Frais : 10 £ pour les membres de Khana ( Kato Havas New Approach Association )
30 £ pour les non membres
Pour devenir membre de Khana, l'inscription coûte 9 £ (donc il faut s'inscrire!).
Contact au secrétariat : 72 Victoria Road Oxford OX27QE Grande Bretagne.
Pour obtenir les ouvrages de Kato Havas traduits en français, les manuscrits
non-édités sont disponibles via la traductrice et représentante de Mme Havas en
France. Mme Pascale Boyer tel: 01 42 02 46 58
Ouvrages disponibles en français: « La nouvelle approche au violon », « Le trac »
Les autres ouvrages sont disponibles en v.o. chez Bosworth.
Autres trouvailles…
Cahier de technique du violon super chouette:
"Fiddle Magic, 180 technical exercises "
auteur: Sally O'Reilly
éditeur: Neil A. Kjos Music company, San Diego, California
Non disponible dans les magasins en France car pas de demande...Demandez, ils
commanderont!!!
Disponible sur : www.amazon.com comme tous les livres, partitions du monde
entier. Finies les frontières!
Sites internet passionnants sur la pédagogie :
Université du Vermont (USA) : www.uvm.edu
Université d’Indiana (USA) : www.stringpedagogy.com
N'hésitez pas à communiquer avec moi pour toute information supplémentaire.
Noémie L. Robidas
Email: [email protected]
24
la transcription dans tous ses états
Avec Philippe Noharet et Nathalie Wizun
"Dans le mot transcrire, il y a trans, ce beau préfixe qui dit le
mouvement vers un ailleurs, vers un devenir en train de s'écrire.
Transcrire la musique, la vouer à des instruments auxquels elle
n'était pas destinée, c'est la projeter dans une aventure, dans
une histoire ouverte, en tous
points comparable à ce
qui arrive à un texte
quand on le traduit :
l’œuvre se retrouve
pour ainsi dire à
l'étranger;
elle
voyage.
La transcription
musicale a existé elle
continue
d'exister - sous des
formes savantes ou
populaires, écrites ou
orales, entre des lieux, des
contextes, des genres et des
époques dont l'éloignement, sans
être nié, est ainsi enjambé. Ou
mesuré.
(…)
Transcrire, c'est d'abord jouer, au
sens fort, des oeuvres et avec les
oeuvres. Les pianistes le savent,
au moins depuis Liszt. (...) Mais
Str avi nsky, Scho en be rg,
Webern, Berio ou Zender
chacun à sa manière le
disent: transcrire, c'est
aussi
et
encore
«
interpréter
»,
réinventer".
Extraits du
catalogue de la
saison 2002/2003 de la Cité de la Musique, qui consacre deux mois de programmation à la
transcription musicale.
Nombre de compositeurs de Malher à Debussy, Ravel, Bartok... ont ainsi mis à l'épreuve leur propre
composition pour en retrouver l'essence, mais selon le bon mot de Liszt "l'arrangement continue de déranger".
Assertion ou questionnement en ce 21ème siècle? Il semble que la question reste ouverte dans le domaine des
cordes, même si la tradition italienne des cordes plaçait souvent l'interprète comme éventuel compositeur car la
plupart des violonistes composaient ou improvisaient leur propre cadence et ce jusqu'à une période encore
récente. Yehudi Menuhin n'a-il pas composé sa propre cadence d'un concerto de Mozart?
C'est sur cette réflexion que j'ai eu l'occasion de discuter avec Philippe Noharet, contrebassiste, ami d'enfance
de Gilles Apap avec lequel il collabore depuis deux ans dans son ensemble Colors of Invention; ils ont déjà un
premier disque à leur actif "no piano on that one", et la sortie d'un nouveau disque est imminente,"no
orchestra on that one" "Vivaldi", les quatre saisons, qui recèle quelques petites surprises "climatiques et
géographiques !".
Philippe m'avait fait le plaisir de venir assister à la journée d'ESTA du 10 mars dont il avait entendu parler par
une de ses collègues professeur de violoncelle au CNR de Rueil-Malmaison, où il a une classe de basse
ouverte dès le plus jeune âge. Une curiosité dominicale dans un emploi du temps fort chargé! Nous aurions pu
25
parler de la contrebasse dans tous ses états car il est réellement intarissable et passionné par toute la diversité
identitaire de la basse dont il est à mon sens une illustration tout à fait convaincante.
Il commence l'étude de la contrebasse sur une "mini"contrebasse à l'âge de cinq ans, il est l'un des premiers à
connaître cet enseignement au Conservatoire de Nice. Dès l'âge de sept ans, il fréquente assidûment l'Académie
d'Alfred Loewenguth. Il obtient son prix à treize ans et il intègre alors la même année le CNSM de Lyon. A
peine âgé de 17 ans, il rentre à l'Orchestre National de l'Opéra de Lyon sous la direction de John Elliot
Gardiner, puis de Kent Nagano. A 18 ans il est soliste de l'ensemble Forum de Mark Foster, spécialisé dans la
musique contemporaine. Il est aujourd'hui titulaire à l'orchestre de l'Opéra de Paris et, en parallèle à cette
activité, membre de l'ensemble TM+ sous la direction de Laurent Cunio. Il participe pendant huit ans à
l'ensemble "Carpe Diem" sous la direction de Jean-Pierre Arnaud anciennement hautboïste solo de l'Orchestre
de Paris. C'est notamment dans cette formation qu'il se confronte au travail de transcription. Parce qu'ils ont
été amenés à faire des concerts pédagogiques très régulièrement en ZEP (Zone d'Education Prioritaire), ils se
sont mis à "voyager" dans le répertoire musical afin de le rendre accessible à des enfants dont les horizons
restaient pour le moins bien éloignés d'une telle préoccupation! C'est ainsi que leur répertoire s'est élaboré de
fil en aiguille: Ma Mère l'Oye, le Tombeau de Couperin, Shéhérazade, les Nuits d'Eté, les Tableaux d'une
Exposition, en musique de chambre, les sonates en trio pour orgue de Bach, les trios et divertimenti de Mozart,
quintette à deux altos de Mozart, quatuor pour flûte et hautbois de Mozart, quintette à deux violoncelles de
Schubert.....
PN: La réalité instrumentale de transcription à la contrebasse est un exercice que je qualifierais volontiers de
« haute voltige » étant donnée la nécessaire et constante adaptation d'un texte donné par rapport au timbre et
registre de la basse, qui doit par ailleurs rester en adéquation avec les autres instruments de l'ensemble
constitué. Si tu joues la partie d'un violoncelle dans le quintette de Schubert ou une partie avec un instrument à
vent, ton comportement instrumental est totalement différent, la difficulté est d’être présent en temps "réel"
dans chacune de ces situations et c'est ce que j'ai appris à faire au sein de "Carpe Diem" pendant huit ans. Il ne
faut pas oublier que le répertoire de musique de chambre est très indigent en contrebasse, c'est sûrement ce
désir qui m'a motivé à aller vers des formations où je pouvais devenir chambriste grâce à la transcription. Cette
activité très créative t'oblige à un niveau d'excellence instrumentale; ce qui peut sembler simple à l'écoute ne
l'est jamais en réalisation et il faut au préalable parfaitement maîtriser l’oeuvre originale, d'une part pour éviter
les fautes de styles, et surtout pour que cette discipline ne soit pas un "cache -misère" de lacunes techniques ou
autres pour son ou ses interprètes … C'est en tout cas pour moi une façon unique et rafraîchissante de
ressourcer mon jeu, il est si facile de devenir un instrumentiste de routine à son insu !"
Depuis deux ans Philippe fait parti du trio Colors of Invention constitué de Gilles Apap au violon, Myriam
Lafar à l'accordéon et Ludovit Kovac au cymbalum.
PN: Ce qui me plait dans cette formation c'est que j'y ai un autre rôle, car la configuration de cet ensemble
est plus intime, nous sommes moins nombreux et j'ai eu de "drôles" de surprises surtout en enregistrement, je
me rendais compte que mes interventions ne passaient pas toujours comme je l'aurais souhaité, j'étais
trop présent ou trop lourd... c'est donc tout un travail d'équilibre sonore auquel j'ai dû m'atteler. La projection
sonore pendant les concerts et en enregistrement n'est pas forcément sur le même registre sans parler des
couleurs... d'ailleurs j'aimerais exprimer mon admiration pour les musiciens de studio qui sont eux aussi dans
une adaptation constante par rapport à leur jeu. Nous sommes un "jeune ensemble", nous ne cessons d'évoluer,
car tout notre travail, répétitions, concerts est enregistré de sorte que ce témoignage sonore impartial reste notre
guide dans un souci de progrès. Nous sommes très heureux de voir un public de jeunes instrumentistes fidèles à
nos concerts curieux de cette démarche nouvelle qui semble les enthousiasmer!"
« Depuis l'invention de la notation, la transmission de la musique est divisée entre le texte fixé par le
compositeur et la réalité sonore actualisée par l'interprète. J'ai passé la moitié de ma vie à rechercher des
interprétations aussi fidèles que possible au texte, pour reconnaître finalement aujourd'hui qu'il n'y a pas
d'interprétation fidèle à l'original. Si important qu'il soit de lire le plus précisément possible les textes, il est
vraiment impossible de les rendre à la vie en les reconstruisant. Sans même parler des changements qui ont
affecté tant de choses - les instruments, les salles, les sens des signes etc.- on doit comprendre que toute
notation écrite est en premier lieu une invitation à l'action et non une description exacte des sonorités. Il faut
l'effort créateur de l'interprète, son tempérament, son intelligence, sa sensibilité développée selon l'esthétique
de son temps, pour que voie le jour une exécution vraiment vivante et stimulante. Quelque chose de l'essence de
l'interprète se transmet alors à l’oeuvre : il en devient coauteur. » Hans Zender Notes sur mon interprétation
composée du Voyage d'Hiver de Schubert, les Cahiers de l'Ircam.
26
IN MEMORIAM …
LEXNEWS, qui nous a autorisé à publier cet
article paru dans ses colonnes, s’associe à
l’ensemble de la famille HUREL pour une
pensée émue au souvenir de Marie-Louise
HUREL, née RICROS, qui s’est éteinte le 14 ont obtenu
des
prix
Mars 2002.
internationaux.
Née le 12 Novembre 1924 à PARIS, Marie- Plusieurs sont ( ou
Louise HUREL fait partie de ces artistes capables ont été ) violons solo
d’être à la fois des virtuoses instrumentistes, de de formations telles
grands musiciens de chambre et d’immenses que les Orchestres
pédagogues. Après l’obtention de ses premiers Nationaux de QUEBEC,
prix au Conservatoire de PARIS en 1944, elle d e
DUBLIN,
de
devint répétitrice de la classe de violon de Gabriel MARSEILLE, de LYON.
BOUILLON et fut chargée de cours en Certains devinrent solistes de
pédagogie, discipline novatrice pour l’époque. En l’Orchestre National de
1947, elle fonda un quatuor à cordes: le Quatuor RADIO-FRANCE,
Féminin de PARIS et fut engagée par ailleurs de l’Orchestre
comme violon solo, et à l’Orchestre de chambre Philharmonique de RADIO-FRANCE, de
HEWITT, et à l’Orchestre du Club d’Essai, dirigé l’Orchestre de l’Opéra de PARIS. D’autres
par Louis de FROMENT.
appartiennent à des formations telles que les
Sous l’égide d’André TARDIEU et France- Orchestres Philharmoniques de LYON, de
Yvonne BRIL, le Club d’Essai permit au Quatuor STRASBOURG, de CAEN, des PAYS DE
féminin de PARIS de créer un grand nombre LOIRE, de LONDRES, de la SUISSE
d’œuvres contemporaines à une période où peu de ROMANDE, le Quatuor MARGAND et bien
formations osaient se confronter à ce type de entendu, le Quatuor ARPEGGIONE.
répertoire.
Autre particularité remarquable, en dehors des Marie-Louise HUREL sut aussi transmettre sa
orchestres de la Radio, aucune formation passion de l’enseignement à certains de ses
orchestrale de l’époque, pas même les enfants et à l’ensemble de ses élèves
Associations de concert, n’engageaient de professionnels qui contribuent chaque jour à
femmes…qui plus est au poste de violon solo !!! favoriser la pratique du violon dans les écoles de
musique du monde entier.
Mais bientôt, pour favoriser sa vie de famille avec Deux d’entre-deux sont (ou ont été) professeurs
Serge HUREL, elle décida de mettre sa vie de violon au Conservatoire National Supérieur de
d’instrumentiste au second plan et d’enseigner Musique de PARIS.
hors des champs officiels.
Si cela favorisa, ô combien, l’intérêt passionné de Mais rappelons-nous toujours sa capacité à
chacun de leurs enfants pour la musique, d’un donner l’envie de faire de la musique à tous les
point de vue professionnel, les moyens furent dès violonistes, jeunes et moins jeunes, qui ont eu la
lors plus modestes qu’ils ne peuvent l’être dans chance de la rencontrer. D’innombrables
de grandes écoles. Les résultats n’en furent pas musiciens amateurs pratiquent aujourd’hui la
moins remarquables.
Musique quotidiennement car, grâce à elle, un
passe-temps agréable a pu devenir une passion
Plus tard, lui seront confiées des classes de formidable.
violon à l’Ecole Normale de Musique de Paris, à
l’Ecole Nationale de Musique et de Danse de Quand on a appris le violon avec Marie-Louise
Bourg-la-Reine et au Conservatoire Municipal de HUREL et découvert les joies de la Musique de
Suresnes. En cinquante ans de carrière, sur la chambre avec Serge HUREL…alors, tout devient
multitude d’élèves formés par ses soins, plus de Amour et Musique.
quarante, sont devenus professionnels. Plusieurs
27
Frédérique Rouzeau-Pleintel
Secrétariat d’ESTA-France
97 rue du Ranelagh
75016 PARIS
tél: 01 45 25 16 83
monsieur
madame
mademoiselle
NOM:
Prénom:
Adresse:
Acceptez-vous que votre adresse soit publiée dans l’annuaire d’ESTA-France?
OUI
NON
Téléphone:
Fax:
E-mail:
Instrument(s) enseigné(s):
Établissement(s):
Cotisation annuelle:
(cochez la case correspondant à votre choix)
•
•
membre actif individuel
membre actif «couple»
32 €
48 €
( équivaut à deux adhésions individuelles, mais un seul bulletin sera envoyé à l’adresse indiquée)
•
•
étudiant
école de musique
16 €
56 €
( l’école recevra les lettres d’information et les bulletins en double exemplaire)
•
•
membre bienfaiteur
membre d’honneur
64 €
à partir de
80 €
Je règle ce jour la somme de
..........
euros par chèque à l’ordre de : ESTA-France.
chez Charlotte Klingenberg, 33bis rue Auguste Delaune. 94800 VILLEJUIF
Fait le:
Signature:
ESTA-France est affilié à ESTA-International
Président: Siegfried Palm
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