MG France fait son introspection pour mobiliser les généralistes

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MG France fait son introspection pour mobiliser les généralistes
16 juin 2016
LE QUOTIDIEN DU MEDECIN
Comment rendre l'action syndicale plus efficace
MG France fait son introspection pour mobiliser les
généralistes
Sophie Martos
| 16.06.2016
Le seul syndicat monocatégoriel de la médecine générale a réfléchi, lors de son congrès à
Grenoble, à la façon d'optimiser ses actions en impliquant un maximum de professionnels.
Crédit Photo : SEBASTIEN TOUBONZ
Pendant que la CGT, opposée à la loi Travail, est accusée de paralyser le pays, MG France, qui
fête ses trente ans, a dressé un bilan des récentes manifestations de contestation médicale et s'est
interrogé sur les pistes permettant de rendre plus efficace l'action syndicale, lors de son congrès à
Grenoble.
Après une année 2015 agitée avec le combat contre la loi santé et la guérilla menée pour l'équité
tarifaire avec les autres spécialités, les adhérents ont distribué les bons et mauvais points sur la
pertinence des mots d'ordre.
« Prendre le C à 25 euros, fermer les cabinets contre le tiers payant généralisé, organiser la
manifestation nationale du 15 mars, ces combats nous ont permis d'arriver plus forts aux
négociations conventionnelles », assure le Dr Jean-Christophe Calmes, vice-président de MG
France.
Un sondage réalisé auprès d'une soixantaine de praticiens en marge du congrès révèle que la
motivation reste forte pour lancer de nouvelles actions de contestation. Une majorité de répondants
estiment cependant que le discours et la stratégie du syndicat de généralistes pourraient gagner en
clarté. Pourquoi nous battons-nous ? Comment mener ces combats ? Comment faire pour renforcer
l'identité d'appartenance, avoir une identité forte, recruter des jeunes ? Ces questions ont été l'objet
de vifs échanges entre les participants.
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16 juin 2016
LE QUOTIDIEN DU MEDECIN
La tentation de la radicalisation
Les médecins se sont accordés sur la nécessité de lutter en priorité contre le « généraliste
bashing ». « Il faut réagir rapidement dès qu'il y a des piques contre la profession, juge un praticien
dans la salle. Lutter contre les discours véhiculant une image de médecins mal formés ou
bobologue du soin. ». Pour d'autres, il ne faut pas foncer tête baissée. Il est indispensable d'aller
sur le terrain à la rencontre des confrères afin d'anticiper la manifestation et porter un message
explicite. « À Villeurbanne, nous étions 12 syndiqués sur 92 médecins. J'ai organisé une réunion.
La majorité des médecins était prête pour organiser un mouvement contre la loi de santé et le tiers
payant. Les trois quarts ont fermé leur cabinet alors qu'ils n'étaient pas syndiqués », témoigne un
généraliste de la région lyonnaise, ajoutant que le retentissement médiatique avait été important.
D'autres encore proposent d'être plus radicaux, en cas de nouveau conflit, et suggèrent de se
mettre en arrêt maladie sur une durée indéterminée afin d'obtenir gain de cause.
Améliorer la cohésion de groupe
L'enquête a également montré le désir des adhérents de renforcer les contacts entre eux. Dans le
département du Nord, le Dr Pierre Gheeraert, délégué régional de MG France, estime qu'il faut
travailler sur la cohérence du syndicat. « J'ai perdu un tiers des adhérents probablement lié à
l'incompréhension autour de la gestion du tiers payant généralisé », confie-t-il. Un constat que
partage le Dr Marie-Christine Faverial, généraliste en Guadeloupe. Selon elle, il est réellement
difficile de mobiliser les troupes dans les îles. « Pour le tiers payant généralisé, je ne pouvais pas
dire que j'étais contre, j'y suis favorable dans le contexte social actuel de l'île », précise-t-elle. S'il
soutient le principe de la dispense d'avance de frais, le syndicat estime qu'il est en l'état
inapplicable et ne doit pas être rendu obligatoire.
L'enjeu du recrutement des jeunes
Pour le Dr Josyane Deloffre, généraliste à Courbevoie et fidèle au syndicat depuis 30 ans, il est
temps d'organiser la relève. « Il nous faut des troupes fraîches pour les différents combats. Certains
sont lassés et fatigués », admet-elle. Et pour recruter des jeunes, les adhérents estiment qu'il serait
nécessaire de transmettre les notions et les intérêts du syndicalisme pendant la formation. « Les
avancées de la médecine générale ont été portées par MG France, il faut transmettre cet héritage
aux étudiants à la fac », tranche un généraliste de la région PACA. Toutefois, le Dr Émilie Frelat,
présidente du Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG) rappelle la difficulté à
mobiliser les jeunes, notamment chez les internes. Les maîtres de stage ont un rôle important à
jouer dans la transmission du savoir et des valeurs de la médecine générale aux étudiants du
troisième cycle, souligne Camille Tricart, porte-parole des internes en médecine générale (ISNARIMG). Le parrainage des étudiants pourrait aider à sensibiliser les futurs généralistes à l'intérêt du
syndicalisme.
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