Prévention et sexualité chez les personnes séropositives

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Prévention et sexualité chez les personnes séropositives
INFOTRAITEMENTS EST UNE PUBLICATION DE L’ASSOCIATION ACTIONS TRAITEMENTS
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INFORMATION
SOUTIEN
SUPPORT
infotraitements
1. Apparemment, dans certains centres
les cliniciens ont changé le traitement
dès que la charge virale est redevenue
détectable.
mensuel d’information sur les traitements du VIH/sida et des co-infections • janvier 2006 • no 143 • 3
EDITORIAL
Pour 2006,
une année
très...“safe” !
TÉMOIGNAGES
sommaire
Prévention et
sexualité chez les
personnes
séropositives :
En se protégeant, on
protège l’autre...
2
PRÉVENTION GAY
Bareback
et séro-triage...
8
SURCONTAMINATION
Infections multiples,
surinfections, virus
recombinants…
9
PRÉVENTION
Les campagnes
ciblées de l’INPES
11
RUBRIQUE
Lu, vu, entendu
12
NOUS CONTACTER
01
43676600
FAX
0 1
4 3 6 7
3 7 0 0
WEB
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E.MAIL
a t @ a c t i o n s traitements.org
LIGNE INFO VIH
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par Eugène Rayess
[email protected]
n ce début d'année, il nous a paru important de faire le
.point sur un sujet qui prend de plus en plus
d'importance : *la prévention chez les personnes infectées
par le VIH, en mettant à contribution le point de vue des
lecteurs. Et cela, d'autant plus que ce sujet n'avait jamais été abordé dans
InfoTraitements ; normal, diront certains, pour un journal qui fait de
l'information sur les traitements. Et pourtant, ce sujet devrait aussi
intéresser les personnes séropositives, pour plusieurs raisons : la
surcontamination est une réalité, même si peu d'études sont disponibles à ce
jour… La vie avec les traitements n'est pas simple, je ne vous apprends rien ;
et le relâchement constaté dans les études publiées en 2004 et 2005 concerne
aussi les personnes infectées, lié le plus souvent à une lassitude, à une
volonté d'avoir une vie “normale”, sur tous les plans.
L'autre explication de ce relâchement proviendrait aussi de l'efficacité des
antirétroviraux, qui ont diminué la présence du virus chez les personnes
séropositives. Certains en “profitent” pour avoir des relations non protégées.
C'est un sujet plutôt tabou, mais c'est une réalité : la plupart des
séropositifs, et plus particulièrement les gays, réservent de plus en plus leurs
“prises de risques”, comme la sodomie sans préservatif, à des partenaires de
même statut sérologique. Cette pratique, appelée “séro-triage”, présente
pourtant des risques non négligeables, surtout avec la recrudescence des
infections sexuellement transmissibles (syphilis, LGV, hépatites,
blennorragies…) qui sont autant de nouvelles portes d’entrée pour le virus.
Nous demeurons convaincus de l'importance de développer de nouvelles
approches de prévention, en prenant appui sur une analyse réaliste des
risques, à élaborer et partager par l'ensemble du milieu associatif. Dans ces
nouvelles approches, la prise en compte de la séropositivité dans les
messages de prévention apparaît aujourd'hui incontournable. Tout
cela, bien sûr, sans consentir à baisser la vigilance sur les
discriminations. Actions Traitements y a donc toute sa place.
En ce début d'année, ne dérogeons pas à la règle : nous vous
adressons nos meilleurs voeux ; et si les bonnes résolutions 2006
rimaient avec plus de prévention chez les séropos, cela pourrait
nous permettre d'envisager l'avenir sous un jour plus favorable.
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TÉMOIGNAGES
Prévention et sexualité chez les
personnes séropositives :
En se protégeant,
on protège l'autre…
Dès les débuts de l'épidémie, la prévention concernant le VIH a mis l'accent sur
la responsabilisation des individus, sans distinguer leur statut sérologique. Mais
la protection n'est pas uniquement défensive et individualiste. Ainsi, pour les
personnes séropositives, il s'agit d'abord de protéger l'autre tout en se protégeant soi-même. Les récentes affaires pénalisant la transmission du VIH ont
peut - être aujourd'hui fait évoluer la question de la prévention, en brisant certains tabous entourant la sexualité des personnes séropositives.
par Bernard Tessier
[email protected]
2
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n effet, c'est
probablement
la peur de
stigmatiser ce
groupe qui a
longtemps contribué à délaisser
la prise en compte de leurs
difficultés dans ce domaine,
alors même que les études (1)
montraient dès 1987 des
pratiques de non-protection
parmi des couples sérodifférents,
repérées un peu plus tard dans
tous les groupes de transmission.
Puis, avec l'arrivée des
trithérapies, le signalement de
dysfonctionnements sexuels fut
peu à peu reconnu. En 2002 le
Rapport Delfraissy introduisait
un chapitre sur la prévention et
la sexualité chez les personnes
atteintes. Après avoir reconnu
190, bd de Charonne
75020 Paris
TEL 0143676600 FAX 0143673700
E.MAIL: [email protected]
WEB: www.actions-traitements.org
Directeur de la publication
Jean-Marc Bithoun
Rédacteurs en chef
Odile Vergnoux,
Eugène Rayess
Coordinateur scientifique
Odile Vergnoux
Comité de rédaction
Eugène Rayess,
Odile Vergnoux,
Jean-Marc Bithoun,
Séverine Fouran,
Frank Rodenbourg,
Christian Christner,
Bernard Tessier,
Jeanne Kouamé,
Gaëlle Bariche,
Yves Béhar
Chef d’édition
Eugène Rayess
Réalisation
Actions Traitements
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que la vie sexuelle pouvait être
perturbée par l'impact des
médicaments, le message des
experts préconisait le dialogue
entre l'équipe soignante et les
patients. Il recommandait aux
médecins d'aborder systématiquement la question de la
sexualité avec leurs patients
séropositifs.
Mais parallèlement, “la performance” des trithérapies fait
percevoir comme plus ou moins
secondaire ce qui touche à la
sexualité et à la prise de risques ;
particulièrement en tant que
partie intégrante de la prise en
charge thérapeutique...
Aujourd'hui la maladie change
de visage : elle devient à
dominante hétérosexuelle, de
plus en plus féminine. On a pu
constater que la revendication
pour une relation sexuelle sans
risque s'organise ; et que des
réponses sont attendues.
Il faut donc plus que jamais
continuer à permettre aux
personnes concernées de “dire”
leur séropositivité dans une
relation sexuelle ; et pour cela
continuer à les soutenir en
renforçant le dépistage, la
protection face aux rejets.
À ce sujet, les enquêtes répétées
de Sida Info Service et même
celle de 2005 confirment les
attitudes de discrimination y
compris dans la sphère de la vie
privée (en 2005, un tiers des
personnes ont été rejetées par un
partenaire, et la moitié d'entre
elles a renoncé à une relation
sexuelle en raison de sa
séropositivité ou ne l'a pas
révélée lors d'un rapport
occasionnel).
C'est dans ce contexte que nous
TÉMOIGNAGES
agenda
avions lancé dans le journal un
appel à témoignages sur les
pratiques de prévention et sur
les
questionnements
et
difficultés
rencontrés
au
quotidien : seize lecteurs ont
accepté de témoigner. Voici donc
une synthèse de leurs points de
vue.
Il s'agit de onze hommes et cinq
femmes.
• Sur les seize témoins, treize
d'entre eux vivent en couple :
- neuf sont dans un couple
sérodiscordant (six ont des
rapports stables ; trois des
rapports stables et aussi
occasionnels),
- quatre sont dans un couple
séroconcordant,
- et enfin trois vivent seuls.
• L'orientation sexuelle est :
- homosexuelle pour dix d'entre
eux,
- hétérosexuelle pour cinq
- bisexuelle pour une personne.
• Les âges se répartissent comme
suit :
- cinq témoins ont moins de 40
ans,
- sept ont entre 40 et 50 ans,
- quatre ont plus de 50 ans.
- Enfin neuf habitent la région
Parisienne et six la province
(Est, Sud-Ouest, Sud-Est, Centre)
Ils partagent une ancienneté
importante
dans
la
contamination, et donc un long
parcours, avant et après
l'apparition des traitements :
quatre depuis moins de 10 ans,
six entre 10 et 15 ans et six ont
plus de 15 ans de vie avec leur
thérapie antirétrovirale.
Nous sommes partis des
pratiques à risques constatées
dès les années 1990, puis des
dysfonctionnements sexuels
reconnus dix ans plus tard avec
les trithérapies, pour proposer
cette enquête concernant la
prévention et la séropositivité. Il
s'agissait à partir d'entretiens
non directifs de comprendre le
parcours de chacun depuis la
contamination. Nous avons
échangé avec chaque témoin sur
le rapport avec son partenaire
(stable ou occasionnel), avec son
entourage, avec le médecin ;
puis sur les peurs, les prises de
qualité de
vie
Réunions d’informations
organisées par Actions
Traitements et Sida Info
Service, avec la
collaboration du
Kiosque Info Sida
Réunions VIH et qualité
de vie au Kiosque Info
Sida 36, rue Geoffroy
l’Asnier, 75004 Paris
(M° Saint-Paul)
Jeudi 26 janvier 2006
à 19h
La gestion
des échecs
thérapeutiques
en 2006
• Concepts,
• Stratégies,
• Nouveaux
Médicaments
Il faut plus que jamais continuer à
permettre aux gens concernés de “dire”
leur séropositivité dans une relation
sexuelle ; et pour cela continuer à les
soutenir en renforçant le dépistage, la
protection face aux rejets.
risque, et les réponses en termes
de prévention.
Le compte-rendu qui suit est
donc la présentation synthétisée
de points de vue de lecteurs qui
ont accepté de témoigner. Il n'est
évidemment pas représentatif de
l'ensemble des séropositifs.
Enfin, la parole de personnes
récemment contaminées nous a
malheureusement fait défaut !
Un enjeu central :
révéler ou maintenir
le secret sur sa
sérologie.
Il y a un consensus pour “le
dire” quand la relation devient
sérieuse ; mais également pour
ne pas l'aborder quand la
relation est occasionnelle. La
révélation est vécue comme
“dure, particulièrement quand on
3
Avec
Dr Roland Tubiana
(Unité de Recherche
Clinique VIH, Hôpital
de la Pitié-Salpétrière)
Pour tous renseignements,
contacter Jeanne Kouamé
au 01 43 67 20 60
démarre une relation amoureuse
et… peut poser problème si
l'annonce est faite avec
maladresse”.
Néanmoins, dans une relation
qui n'est plus occasionnelle, le
dire “c'est la première chose que
je fais, ça évite d'aller plus
loin…” ou alors “c'est dur, j'ai
eu peur de l'affronter, mais au
bout de quelques semaines, on
s'est dit les choses”.
Pour parler “on attend que les
sentiments soient plus forts que
le sexe !” ou “que la personne
devienne importante pour moi…
Il me faut des enjeux affectifs”.
Si cette démarche est présentée à
certains moments comme
nécessaire, il est signalé qu'elle
peut créer un malaise, une peur
du rejet ; surtout avec un
nouveau partenaire :
Frédéric : “La peur prend le
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par
TÉMOIGNAGES
contrôle de la libido, le dire crée
un mouvement de retrait du
partenaire… Lors de mouvements
très intimes, les bouches se
desserrent,
les
caresses
diminuent”.
Muriel : “J'avais tellement eu
peur d'avoir contaminé mon
partenaire que j'ai fini par lui
dire, il a fallu attendre le résultat
des tests… Le dire, c'est une
chose, mais après il faut le vivre.
Aujourd'hui, la peur de revivre ce
parcours de révélation me rend
inflexible sur le préservatif !”
tenaires
ActionsTraitements
remercie, pour leur soutien
à son action, les
LABORATOIRES
Abbott France
Bœhringer Ingelheim
Bristol - Myers Squibb
Chiron France
Gilead
Glaxo Smith Kline
Produits Roche
Sanofi-Aventis
INSTITUTIONS
Direction Générale
de la Santé
INPES
Ville de Paris (DASES)
Si la parole circule mieux dans
une relation stable, et contribue à
l'adoption
durable
d'une
protection “à deux”, l'adaptation
au risque n'est jamais définitive.
Elle s'accompagne fréquemment
d'une peur de contaminer latente
chez la personne séropositive qui
semble inciter le couple à
ASSOCIATIONS
Sidaction
entretenir et à poursuivre “un
dialogue et la négociation”.
Pierre : “J'ai eu envie de
témoigner pour dire que c'est
faisable. Celui qui est séropositif
a plus de responsabilité, l'autre
ne peut que recevoir, je me sens
plus responsable et je me sentirais
plus coupable si… Il faut qu'il y
ait beaucoup de négociation, de
dialogue… On sait ce qu'il faut
faire au départ ; mais il y a des
moments de lourdeur, de
pesanteur…”
Un atout plébiscité :
le soutien de
l'entourage
On aura compris que prévention
et séropositivité, pour faire bon
ménage dans la durée, ont besoin
de s'inscrire dans une relation de
confiance, et dans un parcours
où les peurs doivent pouvoir se
dire.
“J'ai besoin du couple, des amis, plus les
années passent, plus je me rends compte
de cette nécessité...”
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mon
agenda
Journée Nationale
Hépatites
21 janvier 2006
Une grande journée
nationale d'information sur
les hépatites B et C,
avec des conférences-débats
pour tous les professionnels
de santé
dans les 31 pôles de
référence hépatites
et des initiatives régionales
pour le grand public
Protéger son
partenaire : une
adaptation jamais
acquise, même en
couple !
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Plus d’informations sur le site :
http://www.presstvnews.fr/
journee-hepatites/
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Là encore, la plupart de ceux qui
ont témoigné (qu'ils vivent seuls,
ou en couple séroconcordant ou
sérodiscordant) ont insisté sur
l'importance d'être soutenus par
la famille en premier lieu ; mais
aussi par l'entourage proche des
amis. Cela revient donc à le dire
à “ceux qui vous aiment” :
Muriel : “Je suis heureuse de
vivre en symbiose familiale, c'est
primordial. Ma famille n'a
jamais dramatisé et m'a toujours
écoutée avec un discours positif.”
Laurent : “Je suis en échec
thérapeutique, j'ai la chance
d'être dans une famille qui me
soutient et comprend !”
Christophe : “J'ai besoin du
couple, des amis, plus les années
passent, plus je me rends compte
de cette nécessité. J'ai eu une
période de relâchement, c'était un
ensemble de choses …J'étais très
seul, pas entouré.”
Et quand le rejet ou les
discriminations s'en mêlent, ce
peut être parfois pire que la
maladie :
Roland : “Je suis exclu de ma
famille avec la maladie, je vis le
rejet et l'homophobie de la part de
ma famille. La maladie n'est rien
par rapport à l'exclusion d'une
famille, c'est pire… J'ai refusé le
silence… Mais si la personne est
rejetée sans ressources, sans
travail, comment exister ?”
Françoise : “Mon frère et ma
mère, ma seule famille, ont peur ;
je subis ce jugement sur ma vie,
ma mère l'a su avant que je lui
dise,
par
rupture
de
confidentialité. Depuis que j'ai
ma fille, j'assume, je ne regrette
pas ma révélation, j'ai cette
chose-là en moi à dire, quitte à
me prendre des retours…”
Enfin le souci de préserver sa
famille peut l'emporter. Pour
Frédéric, “j'ai refusé de le dire à
mes parents, il m'était trop
difficile de présenter ce VIH à des
gens qui m'aiment.”
Si treize des témoins sur seize
vivent une relation de couple,
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agenda
TÉMOIGNAGES
Groupes de parole
pour les couples
sérodifférents
• Groupe de parole pour
les couples hétérosexuels,
les premiers lundis de
chaque mois de 19h à 21h.
animé par Annick Verret
(conseillère conjugale et
sexologue)
• Groupe de parole pour
les couples homosexuels,
cela n'empêche pas la plupart de
reconnaître que la prévention
soutenue dans le temps “pose un
problème, car on préfèrerait faire
sans !”. Et sitôt ce constat fait,
c'est “la peur de faire risquer”
qui est évoquée.
Pierre : “J'ai peur de lui faire
risquer quelque chose, c'est peutêtre plus difficile pour moi. Je
crains que le préservatif craque,
je ne voudrais pas qu'il suive le
même parcours que moi. Dans la
mesure où l'on ne prend pas de
risques, un certain équilibre est
trouvé”.
Dans la sérodiscordance (hétéro
ou homosexuelle), il y a tout un
contexte qui peut conduire l'un
ou l'autre des partenaires à
fragiliser la protection (désir de
donner une preuve d'amour,
souhait de relations sexuelles
meilleures, fatigue dans la
durée? Raisons difficiles à
déterminer…)
Anne-Claire : “Si je l'avais
souhaité,
mon
époux
(séronégatif) aurait accepté une
relation non protégée. Il me l'a
souvent proposé. J'ai refusé…
Cela aurait été difficile à vivre.
J'ai accepté ne pas avoir
d'enfant, mais contaminer,
certainement pas”.
Ce témoin parlera de quelques
frayeurs lors de ruptures de
préservatif avec l'attente des
résultats du test. Mais elle
ignorait l'existence du traitement
prophylactique post-exposition.
Encore une fois, le poids de la
responsabilité est souvent abordé
par le partenaire séropositif dans
les deuxièmes vendredi de
chaque mois de 19h à 21h.
animé par René-Paul
Leraton (sexologue et
“Si je l'avais souhaité, mon époux
(séronégatif) aurait accepté une relation
non protégée. Il me l'a souvent proposé.
J'ai refusé…”
le couple sérodiscordant :
Christian : “C'est dur pour les
couples sérodiscordants, au bout
d'un moment ils sont tentés par
le relâchement. J'ai eu cette
discussion avec mon partenaire
séronégatif pour lui rappeler qu'il
avait beaucoup plus à perdre que
moi. Je me sens un peu coupable
de son relâchement, je ressens
plus de responsabilité que lui, et
si un jour il devenait séropositif,
je m'en voudrais. Moi, je fais
tout pour ne pas l'exposer ; et
d'ailleurs, il sait que ça me
stresse dans les relations”.
Cette difficulté de maintenir à
long terme l'utilisation du
préservatif se retrouve auprès
des quatre témoins aujourd'hui
tous
dans
des
couples
séroconcordants, alors que l'un
des partenaires au départ de leur
vie à deux était séronégatif.
Dans ces mêmes couples, le
rapport au préservatif peut
réactiver la peur de le voir
craquer ; avec la perte d'érection
et d'excitation dès son
installation.
À contrario, la contrainte du
préservatif peut être transformée
en cohabitation paisible qui peut
même aller jusqu'au plaisir ou
l'érotisation, particulièrement
dans des rapports occasionnels :
“Avec mes partenaires, je trouve
coordinateur de la ligne Azur
à Sida Info Service)
--------LIEU : Kiosque Info Sida
36, rue Geoffroy l’Asnier,
75004 Paris
(M° Saint-Paul)
que fréquemment certains
auraient tendance à ne pas
l'utiliser. L'utilisation du
préservatif (fellation exceptée)
est associée pour moi à
l'excitation” (Yann).
---------
Plus d’informations :
01 44 78 00 00
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La prise de risques :
entre peurs et désir
Six témoins sur seize vivant en
couple ne signalent pas de
rapports occasionnels. Sept
autres toujours en couple
pratiquent ces rapports ; et trois
personnes les vivent plus
épisodiquement.
Dans ces situations, la prise de
risques est le plus souvent
présentée du point zéro à
minimale, calculée,
voire
limitée ou exercée entre
séropositifs :
Yann : “Je tends vers la prise de
risque minimale, pas de
pénétration sans préservatif, le
tout préventif ne me gêne pas, il
y a d'autres jeux, il faut de
l'imagination. Je ne l'utilise pas
pour la fellation, le risque est
faible et cela me fait moins
peur!”
Christian : “J'ai eu des prises de
risques parfois volontaires mais
calculées. Il s'agissait d'une
personne séropositive comme
moi. Elle avait envie, on en a
parlé, je ne courais pas
énormément de risques” (cf.
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N.B. Tous les prénoms ont
été modifiés pour préserver
l'anonymat.
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TÉMOIGNAGES
re
Glossai
(1) L'étude multicentrique
européenne auprès de
couples hétérosexuels
discordants montrait en
1987 que la séropositivité
affectait fortement la
sexualité. À la suite du
diagnostic, 43 % des
personnes index étaient
abstinentes et 47% ne se
protégeaient pas. Et selon
un bilan effectué en 1995
par Green ces principales
tendances se retrouvaient
dans tous les groupes de
transmission.
(2) Relapse :
Relâchement de la
prévention.
article
sur
les
surcontaminations)
Laurent : “Avec mes partenaires,
je pratique la fellation sans
capote ; j'ai quand même assez
peur, je ne suis plus du tout à
l'aise dans les relations sexuelles;
c'est
quand
même
un
traumatisme, mes résultats
thérapeutiques sont catastrophiques. »
Pour un témoin, le “relapse (2)”
est associé à une période difficile
de solitude et de déception
affective: “J'ai eu parfois des
rapports non protégés sans aller
jusqu'à l'éjaculation, je me
donne des limites…”
Michel évoque un rapport au
risque contrasté : “Avant la
rencontre de mon ami, j'avais
une
sexualité
débridée.
L'annonce de ma séropositivité
avait arrêté ma frénésie. On a
essayé en vain de se protéger
avec mon ami, mais il est devenu
séropositif comme moi. Depuis
quelque temps, j'avais envie à
nouveau
de
rapports
occasionnels, mon ami a accepté
de les partager. Aujourd'hui,
nous avons quelques rencontres
par Internet ; on s'échange avant
notre statut immunitaire ; moi je
dis la vérité… Il y a forcément
une part d'incertitude… C'est
paradoxal, ça me fait peur et ça
me libère”.
(3) Bareback signifie
«monter à cheval à cru »,
sans utiliser de selle. Terme
apparu en Amérique du
Nord dans les années 1990,
la culture bareback fut
interprétée initialement
comme une résistance aux
messages de la santé
publique qui impose le sexe
sécuritaire.
(4) Docteur Catherine
Breton, Psychiatre,
Psychanalyste, Service du
Professeur Bergman,
Hôpital Lariboisière, Paris.
6
(5) SIDA INFO SERVICE :
Tél : 0800 840 800
(6) Femidom® : Préservatif
féminin.
(7) Prévention secondaire :
Attitude permettant de
prévenir une nouvelle
infection chez une personne
déjà contaminée.
Si Michel compare cette part
d'incertitude à “une part du jeu”,
il constate que la prise de
risques fait partie de la vie
(comme la roulette russe ou le
saut à l'élastique…) Et,
ambivalent, il l'accueille à la fois
avec “peur et excitation”. En
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“Je tends vers la prise de risque minimale,
pas de pénétration sans préservatif, le tout
préventif ne me gêne pas, il y a d'autres
jeux...”
revanche, ce même témoin dira
que, sans connaissance du statut
de son partenaire, il utilise le
préservatif, voire se limitera à
“pas grand-chose”.
Ainsi, la peur n'empêche pas
toujours la prise de risques. Ce
serait d'ailleurs oublier le désir
et la force de l'inconscient qu'il
est impossible d'occulter dans
ces situations.
Nicolas n'a jamais surmonté ce
qu'il appelle “sa difficulté
d'identité et les erreurs commises
vis-à-vis de lui durant son
enfance”. Il constate qu'il y a
“des forces beaucoup plus
impérieuses qui poussent à
prendre des risques… La force de
l'inconscient est énorme, c'est
bien pour cela que la prévention
est si difficile”.
Christophe : “Dans la prise de
risque, l'état mental occulte la
maladie, le mental est ailleurs, il
n'y a pas d'explication
rationnelle… On a tous des
fantasmes, et le plaisir, c'est de
les assumer… Mais alors, après
c'est l'angoisse qui monte, le
mental revient à la surface Et
encore je dis cela alors que je ne
prends pas de drogue et ne suis
pas prêt à rentrer dans le jeu du
bareback(3)”.
Le Docteur Catherine Breton(4) a
beaucoup réfléchi à la question
de “la non-prévention” à partir
de ses consultations, y compris
avec des patients VIH, et
constate : “Ce que j'entends de la
non-prévention est multiple, mais
ce qui est presque toujours
évoqué est une contradiction
entre la volonté consciente et
l'agi”. Durant ses entretiens à
l'hôpital, beaucoup de ses
patients “découvrent qu'ils ne
vont pas rencontrer un autre
mais eux-mêmes et qu'on ne peut
pas faire de prévention avec soimême... Et le sachant, certains
me disent que parfois, ils peuvent
utiliser un préservatif par la
suite”.
Muriel déplore la rareté des lieux
d'écoute et de parole, car pour
elle “certaines personnes vont
mal”. Or le parcours avec le VIH
exige un travail sur soi :
“L'estime de soi est remise en
cause, apprendre à s'aimer, c'est
mieux se respecter et mieux
respecter les autres”.
À ce sujet, certains témoins
évoquent l'intérêt de la thérapie
qu'ils ont suivie ou poursuivent
actuellement ; et même plus
anciennement, l'apport du
groupe de parole fréquenté au
moment de la découverte de leur
séropositivité, qui leur a redonné
confiance “en entendant ce que
les autres ont dit… et qui n'était
pas plus facile”. Aujourd'hui, sur
les pratiques à risque, Sida Info
Service(5) a constitué un groupe
de parole.
TÉMOIGNAGES
Quel regard des
médecins ?
Une fois sur deux, la sexualité et
la prévention ne sont pas
abordées au cours de la
consultation de suivi médical.
Peur du jugement, réponse
évasive : “Je parle de ma libido,
il reste très évasif, pas de réponse
particulière ou laconique”. Ou
alors : “Vous savez à partir d'un
certain âge, tout le monde a un
peu les mêmes soucis !” Pudeur
évoquée
particulièrement
lorsque le patient est un homme
et le médecin une femme,
manque de temps ? Bref, il y a
beaucoup de raisons pour ne pas
parler de sa sexualité dans le
cadre du parcours de soins.
Trois fois (sur seize !) le
médecin l'aborde plutôt avec des
femmes ; et deux fois le patient
en prend l'initiative. En outre le
traitement
des
MST
(Chlamydiae, condylomes, etc...)
n'est même pas toujours un
prétexte pour ouvrir un tel
échange.
Même si dans ce domaine le
médecin n'a pas de formation
particulière, son rôle souhaitable
d'orientation vers un sexologue,
un psychologue, par exemple,
n'est pas mis en évidence par les
personnes interviewées.
On peut aussi dire que pour
amorcer une telle démarche, le
travail devrait se faire “à deux” ;
et dans ce cas, c'est la relation
traditionnelle entre patient et
médecin qui est mise à
l'épreuve.
Des points de vue sur
“prévention et
séropositivité”
Difficile à propos d'un tel sujet
de témoigner sur soi sans
souhaiter donner “son point de
vue”.
Six des témoins dont quatre sont
des femmes s'expriment plus
particulièrement pour :
• Mettre en cause un discours
des medias estimé “décalé” ;
présentant des trithérapies qui
marchent en minorant les
discriminations, les effets
secondaires et parfois les échecs.
Bref en oubliant les malades,
leurs témoignages, leur contexte
de vie. En même temps exprimer
une colère face à la montée des
contaminations : une femme
originaire d'Afrique subsaharienne vivant en France,
faute de traitements dans son
pays, trouve inacceptable que
des jeunes se contaminent et
commencent leur vie avec la
maladie.
• Rappeler l'inégalité des
femmes face à la disponibilité
des outils de prévention :
diffusion
restreinte
du
Femidom ®(6), recherche sur les
microbicides insuffisante…
• Dire la nécessité de prendre en
compte la séropositivité dans les
messages de prévention, car la
durée des traitements et de la
protection s'allonge et peut
parfois peser. Si l'on craint
moins aujourd'hui de stigmatiser
en ciblant des personnes
séropositives, c'est plutôt
l'impact de tels messages qui est
questionné, surtout quand “on
veut oublier la maladie et vivre
comme tout le monde !”
• Revenir sur la responsabilité et
préciser qu'en se protégeant, on
protège l'autre. Ainsi la
responsabilité individuelle
devient d'emblée partagée et “à
deux” … à condition qu'un
minimum d'informations sur les
risques,
sur
son
statut
immunitaire, soit échangé entre
les partenaires : “L'individu
n'est pas fait pour porter seul la
responsabilité pour deux”
confirme Françoise. Celle-ci
appelle les séropositifs à plus de
visibilité, y compris dans les
medias. Pour elle, “ne pas le
dire complique la vie et alimente
les peurs” ; climat reconnu peu
propice à la diminution des
discriminations qui continuent à
ne pas épargner la vie privée des
séropositifs. Enfin, le souhait de
voir toutes les associations de
lutte contre le sida faire front
pour élaborer un discours
commun de prévention face aux
risques et à leur analyse est très
présent dans ces points de vue.
entretiens individuels. Vos
commentaires sur ce thème
seront les bienvenus. Il
paraissait essentiel, à partir
d'une
synthèse
de
ces
expériences de montrer la
complexité, la pluralité des
parcours de prévention dans la
séropositivité. En effet, il s'agit
pour les personnes atteintes de
continuer à diminuer les risques
en
tentant
de
ne
pas
compromettre leur vie affective.
Il nous paraît important de
mettre ces parcours en évidence,
même si pendant de longues
années la prévention dite
“secondaire (7) ” auprès des
personnes séropositives n'a pas
été reconnue comme enjeu de
prévention à part entière. Au
final, on peut souligner deux
défis à relever qui sont liés :
faire reculer la stigmatisation qui
empêche
de
dire
sa
séropositivité, et en même temps
aider les personnes atteintes et
leurs partenaires à maintenir
tout au long de leur vie des
pratiques destinées à “se protéger
ensemble”.
7
“L'estime de soi est remise en cause,
apprendre à s'aimer, c'est mieux se
respecter et mieux respecter les
autres...”
Merci aux témoins qui forcément
ne trouveront pas ici toute la
richesse contenue dans les
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PREVENTION GAY
re
Glossai
Polémique dans la prévention gay :
Bareback et séro-triage...
(1) Bareback :
signifie “monter à cheval à
cru”, sans utiliser de selle.
Terme apparu en Amérique
du Nord dans les années
1990, la culture bareback
fut interprétée initialement
comme une résistance aux
messages de la santé
publique qui impose le sexe
sécuritaire.
Les derniers résultats de l'enquête « presse gay » montrent un net relâchement
de la prévention dans le milieu homosexuel. Une des raisons pourrait provenir
de cet espace de liberté et de tolérance qu'est Internet…
par Eugène Rayess
[email protected]
(2) Séro-triage :
le fait de chercher des
partenaires sexuels du
même statut sérologique
que soi
(2) IST :
infections sexuellement
transmissibles
SOURCES :
• Réduction des risques à
San Francisco par Yves
Lafontaine
• La sexualité bareback :
d'une culture de sexe à la
réalité des prises de risque
par Alain Leobon
E
liste
8
n effet, Internet,
ce media en
perpétuelle
évolution, est
devenu
un
espace où les communautés se
retrouvent, et ceci d'autant plus
que son côté anonyme aide à
briser certains tabous… De plus,
on y accède le plus souvent à
partir d'un espace privé (son
domicile), perçu comme plus
sécuritaire au sens où le regard
social environnant n'est pas là
pour juger des intentions
sexuelles. Cet accès facilité au
plaisir sexuel, débouchant sur de
vraies rencontres, ouvre la voie
aux pratiques “bareback (1)”, le
plus souvent recherchées et
choisies en toute connaissance de
cause entre “séropositifs adultes
et consentants”.
Mais ne jetons pas la pierre à ces
sites de rencontre, ils sont là
pour durer, et les études ont
prouvé que les rapports non
protégés
ne
sont
pas
systématiques, même sur
certains sites ouvertement
“bareback”. L'utilisation du
préservatif est négociée, et la
franchise quant au statut
sérologique est même parfois une
sécurité supplémentaire pour les
personnes séroconcordantes.
e.mail
L’information
thérapeutique en temps
réel: le forum e.mail
d’ActionsTraitements
Il s’agit d’une liste de
diffusion internet
d’informations
thérapeutiques sur le VIH
et les hépatites venant
de sources associatives,
institutionnelles et
industrielles du monde entier. Nous y diffusons aussi
des comptes rendus des
principales conférences
médicales sur le sida et les
hépatites. Une revue de
presse scientifique
hebdomadaire y est
également disponible.
Les textes diffusés sont soit
en français, soit en anglais.
Il est aussi possible
pour les abonnés de
contribuer à fournir des
informations à la liste
ou d’envoyer des demandes
de renseignements auxquelles tous les abonnés
sont susceptibles d’apporter
des réponses.
Cette liste est gratuite et
ouverte à tous.
Pour s’abonner,
envoyer un message à :
[email protected]
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Il faut montrer que les personnes infectées
par le VIH, malgré toute la lassitude qui
peut exister et qui peut se comprendre
après toutes ces années, restent conscientes
de leur responsabilité face à la maladie…
Nous sommes en fait en train de
connaître une nouvelle ère dans
la vie avec le VIH, celle où
certains pratiquent le “sérotriage(2)”. Ces comportements se
sont déjà développés outre
atlantique, comme à San
Francisco, où les derniers chiffres
sanitaires laissent perplexes : en
effet, si l'incidence du VIH
commence à se tasser, les
gonorrhées rectales et la syphilis
ont augmenté, qui vont de pair
avec l'augmentation des relations
non protégées. Et c'est cela qui
permettrait justement d'expliquer
l'apparente contradiction entre
l'augmentation des IST(3) et des
comportements à risques, et
l'incidence VIH qui reste stable
dans cette région des Etats-Unis.
Selon le rapport, les données
comportementales soutiennent
cette hypothèse. Bien qu'il y ait
plus de gays ayant des rapports
non protégés en 2003 par rapport
à la période précédente, la
fréquence des relations avec un
partenaire de statut inconnu
serait, elle, en diminution.
Mais attention, nous ne faisons
en aucun cas l'apologie du sérotriage, car à ce jeu là tout le
monde est perdant : les
personnes séropositives qui ont
souffert de la discrimination se
mettent à leur tour à discriminer
les autres…
Et ce n'est vraiment pas le
moment, à l'heure où le
relâchement se confirme, de
montrer le mauvais exemple.
Alors, sans entrer dans la
polémique, nous sommes
favorables à un discours
commun face à ce dérapage de la
prévention.
Toutes
les
associations de lutte contre le
sida doivent avoir le même
langage (qui reste à élaborer) : Il
faut montrer l'exemple, comme
aux premières heures de
l'épidémie, il faut que les
personnes infectées par le VIH,
malgré toute la lassitude
compréhensible après toutes ces
années, restent conscientes de
leur responsabilité… Ne prenons
pas de risques, et n'en faisons
pas courir aux autres !
SURCONTAMINATION
ligne
info
traitements
Infections multiples,
surinfections, virus
recombinants…
4367
01
0000
C’est la ligne d’information
sur les traitements
de l’infection à VIH,
qui fonctionne du lundi
au vendredi
de 15 h à 18 h.
Le sujet est complexe, et fait l'objet de beaucoup de questionnements chez les
scientifiques et les personnes atteintes : y a t-il un risque réel, important, de
contracter une deuxième infection à VIH, lorsqu'on est déjà contaminé ? La
surinfection, ou surcontamination, doit-elle être redoutée ? Est-il obligatoire
d'utiliser des préservatifs au cours de relations sexuelles entre deux partenaires
séropositifs ?
par Odile Vergnoux
[email protected]
I
l n'est pas facile de
fournir une réponse
claire à cette question,
car
les
cas
de
surinfection décrits
dans la littérature médicale, s'ils
existent, ne sont pas très
fréquents. Cela ne signifie pas
pour autant qu'ils ne soient pas
nettement plus fréquents dans la
réalité, mais témoigne plutôt sans
doute de la difficulté à les
identifier. Il faut pour cela mettre
en évidence dans la population
virale hébergée par un individu
(à partir de la charge virale
circulante) deux virus VIH
génétiquement
différents
témoignant à coup sûr de deux
sources de contamination
différentes. Cette identification se
fait à partir de l'analyse de tout
ou partie des séquences du
patrimoine génétique viral. Or il
est fréquent que l'un des virus,
en raison de sa virulence, prenne
le pas sur l'autre qui circule en
quantité insuffisante pour
pouvoir être repéré par les tests
classiques.
Le virus VIH comprend deux
Des milliards de particules virales
naissent tous les jours, et le virus mute
en permanence, à raison d'une mutation
sur son matériel génétique par cycle de
multiplication.
types, VIH-1 et VIH-2. Le second
est essentiellement cantonné à
l'Afrique de l'Ouest et sa
virulence est moindre : le plus
souvent l'infection est peu
évolutive, moins transmissible
entre partenaires ainsi que de la
mère à l'enfant. Parmi le VIH-1,
il existe trois groupes, dont le
groupe M (“majoritaire”) est de
loin le plus représenté dans le
monde. Le groupe M est luimême subdivisé en de nombreux
sous-types, portant les lettres
majuscules de l'alphabet, de A à
K. En Europe de l'Ouest, le soustype B est le plus répandu, mais
la fréquence de sous-types non B
augmente, en particulier en
France.
Mutation permanente
Le virus VIH est considéré
comme le plus variable des
agents viraux à l'origine d'une
maladie humaine. Cela est dû à
9
un haut niveau de réplication et
de production virale chez une
personne ne recevant pas un
traitement efficace : des milliards
de particules virales naissent tous
les jours, et le virus mute en
permanence, à raison d'une
mutation sur son matériel
génétique
par
cycle
de
multiplication.
Il paraît maintenant évident que
dans
un
environnement
“favorable” (contacts sexuels
multiples entre partenaires
n'ayant pas une charge virale
contrôlée), des possibilités
d'infection insoupçonnées il y a
quelques années existent :
infection
simultanée
par
plusieurs virus génétiquement
différents, infections séquentielles dans le temps, et par
ailleurs formation de virus
nouveaux par recombinaison du
matériel génétique de deux virus
différents, co-existants chez la
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SURCONTAMINATION
Mes
triple’asir...
à
même personne. Ce dernier
phénomène avait déjà été
explicité l'an dernier au congrès
de Bangkok, il a récemment fait
la “une” (première séance
plénière) au congrès européen de
Dublin. Les virus recombinants,
appelés
CRF
(Circulating
Recombinant
Form)
sont
maintenant reconnus comme un
phénomène majeur, avec vingt et
une formes identifiées dans
quatre
grandes
cohortes
africaines, à côté des neuf soustypes connus de longue date
pour le VIH-1 du groupe M
(majoritaire).
Des idées
reçues tenaces
Bien qu'il apparaisse que
prévention et discriminations ne fassent pas bon ménage, les idées reçues à propos des modes de
contamination par le VIH
restent tenaces.
Lors des manifestations du
1er décembre organisées
avec Sidaction, nous
sommes intervenus avec Le
Kiosque auprès d'étudiants
à l'université de Saint-Denis.
Un quiz distribué avant l'intervention a permis d'exploiter 45 réponses. Ces
chiffres, non statistiquement représentatifs, confortent ceux déjà publiés par
l'enquête ANRS.
20% des répondants pensent qu'il est risqué de boire
ou manger dans la même assiette qu'un séropositif,
20% pensent qu'on s'expose au VIH en embrassant
avec la langue, 22% en se
faisant piquer par des moustiques. Il ne semble pas vain
de rappeler que ces trois actions ne présentent pas de
risque. À l'inverse, près de
25% des répondants pensent qu'utiliser le rasoir, ou
la brosse à dents d'une personne séropositive est sans
risque, alors que c'est faux.
13,33% des réponses indiquent faussement qu'une
fellation ou un cunnilingus
sans préservatif ne présente
aucun risque. Une question
a divisé l'assistance à part
égale : 49% pensant qu'il
existe un risque de contamination de l'animal à
l'homme par griffure ou
morsure !!!
Comment de tels résultats
sont - ils encore possibles
après tant d'années de prévention et de lutte ? Pourtant ils sont là et, bien que
décourageants, ils nous
poussent à continuer d'agir
sans relâche. Vingt ans après
le début de l'épidémie, saisir
toutes les occasions d'en
parler, d'informer, de dialoguer, de réfuter les idées
fausses autour de soi reste
indispensable.
Inquiétant ? Ces réponses
émanent d'étudiants en
Sciences de l'Education, les
enseignants de demain…
10
Souches recombinantes
Les études de ces cohortes
africaines
montrent
une
augmentation des infections
multiples et d'infections à virus
recombinants dans le temps,
chez les personnes très exposées
au risque de contamination.
Dans certaines régions du
monde,
les
souches
recombinantes sont devenues de
loin prépondérantes dans
l'infection à VIH.
Ces résultats ne sont certes pas
directement transposables chez
nous, où les sous-types de virus
les plus fréquents ne sont pas les
mêmes, et où beaucoup de
personnes atteintes reçoivent un
traitement permettant de réduire
fortement ou de rendre
indétectable la charge virale,
réduisant de façon importante le
risque de contamination. Mais ils
doivent éveiller l'attention et
même susciter l'inquiétude. On
connaît en fait peu de choses sur
les facteurs qui favorisent la
transmission,
hormis
l'importance du niveau de charge
virale. Il est bien connu qu'un
niveau de charge virale élevé
favorise la transmission (par
exemple de la mère à l'enfant au
cours de la grossesse et
l'accouchement, ou entre
partenaires sexuels dont l'un est
à un stade où la charge virale est
très élevée, tel que pendant la
primo-infection ou à un stade
terminal de l'infection). On sait
aussi que dans les couples
stables sérodiscordants n'ayant
pas de relations protégées, un
très faible niveau de charge
Séverine Fouran
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virale diminue fortement le
risque de transmission du virus.
Surcontamination
Mais on peut très bien imaginer
des situations, dans le contexte
de relâchement actuel de la
prévention, où deux partenaires
séropositifs ayant une charge
virale notable, par exemple non
traités ou traités de façon peu
efficace, courraient le risque de
se surcontaminer en cas de
relations sexuelles non protégées.
Différentes situations peuvent
alors se produire : soit les deux
virus persistent et sont
détectables ; soit le virus le plus
“faible” est éliminé (au moins
virtuellement, car il est
probablement stocké dans
mettre en évidence que cette
personne avait été contaminée,
en 2002, par un autre virus de
sous-type B différent du virus
original, sans que cette deuxième
infection se soit accompagnée
d'une augmentation de la charge
virale ni d'une chute des CD4.
Dans ce cas, la réinfection par un
virus de sous-type génétiquement
proche du premier ne s'est pas
manifestée par des signes
d'infection aiguë, alors que la
troisième infection par un virus
très différent a été très “parlante”
en termes de symptômes. Par
ailleurs une recombinaison entre
les deux virus de sous-type B a
également été mise en évidence
chez cette personne.
Dans les couples stables sérodiscordants
n'ayant pas de relations protégées, un très
faible niveau de charge virale diminue fortement le risque de transmission du virus.
l'organisme), avec le risque que
le nouveau virus soit plus
virulent que l'ancien, ou porteur
par exemple de résistances
multiples aux médicaments ; soit
un virus recombinant est généré,
et il prend le pas sur les deux
virus d'origine ; soit plusieurs
virus recombinants sont générés
dans des proportions variables et
plus ou moins stables au cours
du temps.
Au congrès européen de Dublin a
été présenté un poster, ayant
pour origine le laboratoire de
Virologie renommé d'Amsterdam, et décrivant un cas de triple
infection chez un homosexuel
hollandais, ayant des pratiques
sexuelles non protégées. Il s'agit
d'un
homme
dont
la
séropositivité
avait
été
découverte en 2001, avec un
virus de sous-type B. En 2003, à
l'occasion
de
symptômes
évoquant une “nouvelle primoinfection”, est découverte une
charge virale extrêmement
élevée, une importante chute des
CD4, et l'existence d'un nouveau
virus, une forme recombinante
AE, qui domine rapidement la
population virale. L'analyse des
échantillons de plasma stockés
dans l'intervalle a permis de
Des pratiques à risques
Il faut voir la situation avec
réalisme : au fur et à mesure que
les techniques de virologie
deviennent plus performantes, et
dans la mesure où se propagent
de nouveau des pratiques
sexuelles délibérément à risque
chez des personnes ignorant ou
voulant ignorer leur statut VIH,
l'importance de leur charge
virale
et
le
risque
de
contamination qu'elles font
prendre à autrui, et prennent
pour elles-mêmes, un tel exemple
sera loin d'être exceptionnel. Il
faut en tenir compte pour adapter
les messages de prévention, et la
prise en charge thérapeutique
bénéfique non seulement à
l'échelon individuel peut avoir
aussi un but collectif, pour
diminuer la propagation de
l'épidémie et la circulation de
formes recombinantes de virus,
potentiellement plus agressives.
Il est par ailleurs vraisemblable
que tout cela ne fera que
compliquer
la
recherche
vaccinale, déjà extrêmement
difficile étant donné la variabilité
génétique intrinsèque du virus.
PREVENTION
. Rencontre avec Stéphane Delaunay, chargé de communication pour les programmes VIH de l’INPES
Les campagnes ciblées de l’INPES
L'Institut National de Prévention et d'Éducation pour la Santé conduit des programmes qui s'inscrivent dans le cadre plus général des politiques de santé publique, et développe une expertise propre
dans le champ de la promotion de la santé. Le fonctionnement de l'Institut s'organise autour de programmes établis en fonction des grandes priorités de santé publique définies par le Ministère de la
Santé.
propos recueillis par Bernard Tessier et Eugène Rayess
[email protected] & [email protected]
Cotisation annuelle :
actuelle montre ses limites et
l'on est en phase de réflexion.
Il y a trois types de publics
prioritaires dans la lutte contre
le sida : les jeunes, les
23 €
Elle vous permet de participer à la vie de l’association, aux séminaires qu’elle organise régulièrement, vous donne accès aux services exclusifs
comme la consultation par e-mail d’une revue de
presse spécialisée internationale, et vous donne le
droit de voter à son assemblée générale annuelle.
migrants, les gays. Et, au sein
de cette communauté, il y a un
vrai retour à la vie sexuelle des
personnes atteintes.
Concernant le VIH, le dispositif
global que nous avons prévu
comprend notamment pour
2005-2006 :
• des campagnes d'affichage
“grand public” contre les
discriminations (affichage
Abribus) et concernant
l'acceptation de la personne
atteinte par son entourage,
• des affiches sur les coinfections avec l'hépatite B et
LGV / Syphilis / Condylomes /
Gonococcies seront disponibles
également sur Internet et sur
les sites de rencontres,
• des fiches techniques
concernant l'aide à la vie
quotidienne avec le virus
(nutrition, suivi du traitement,
sexualité,
observance…)
Quatre fiches sont prévues en
2006 et quatre autres en 2007,
destinées à tous les publics
séropositifs (exceptée une pour
le milieu gay),
• en 2006, trois portraits
destinés à faire témoigner des
personnes séropositives qui ont
eu, à un certain moment, des
pratiques à risques et sont
revenues à des comportements
de prévention (10 minutes en
court métrage). Ce sera une
première dans un objectif de
responsabilisation
des
personnes atteintes,
• à destination des gays, deux
romans-photos sont sortis en
juin et contenaient 35
messages de prévention autour
d'un récit d'une personne qui
se fait contaminer et de celui
d'une personne séropositive ;
un troisième sortira en février
2006,
• des cartes notamment sur la
fellation, le traitement postexposition, l'adaptation des
pratiques pour réduire les
risques…etc. seront diffusées
sur Internet et dans les lieux
gays en partenariat avec le
SNEG”.
* Le site internet de l’INPES :
www.inpes.sante.fr
* Le site Internet d'information sur
le VIH et les IST à destination des
jeunes : www.protegetoi.org
* Le roman-photo de prévention,
site Internet : www.nous-tous.com
* sitcom de 24 épisodes disponible
sur Internet : www.e-vonne.com
* Un site d’information spécifique :
www.havefun.fr
à MONTANT DU DON EN EUROS
à CODE POSTAL
à VILLE
à NOM
à E-MAIL (FACULTATIF)
à PRÉNOM
à TÉLÉPHONE (FACULTATIF)
Vos dons sont aussi les bienvenus.
Ils vous permettent de bénéficier d’une déduction
d’impôt égale à 60% de leur montant annuel (un
don de 100 €, par exemple, ne vous revient en fait
qu’à 40 €) : une attestation fiscale vous sera adressée.
à ADRESSE
à DATE
à SIGNATURE
Veuillez compléter et détacher ce bulletin, et le
renvoyer accompagné de votre règlement par chèque
bancaire ou postal à l’ordre d’ActionsTraitements
190, bd de Charonne, 75020 Paris
11
Ces informations font l’objet d’un traitement informatisé et sont destinées aux membres du bureau d’ActionsTraitements ainsi qu’à son service
comptable. Conformément à la loi Informatique et libertés, vous disposez d’un droit d’accès et de rectification des données personnelles vous
concernant : pour l’exercer, adressez-vous à ActionsTraitements, 190, bd de Charonne, 75020 Paris.
adhésion
R
encontre
a v e c
Stéphane
Delaunay,
Chargé de
Communication pour le
Programme VIH, qui nous
présente les actions prévues
jusqu'en 2006 pour la
prévention à destination de
tout public, puis des gays et
cette fois-ci (c'est quasiment
une première !) à destination
des personnes séropositives.
Stéphane Delaunay : “L'Inpes
travaille
en
étroite
collaboration avec toutes les
associations de lutte contre le
sida, mais pendant longtemps,
avec elles, nous n'avons pas
ciblé les campagnes sur les
personnes séropositives par
crainte de faire reposer sur
elles la prévention et de les
stigmatiser. Il s'agissait d'un
consensus
autour
du
fondement de la prévention,
basé sur la co-responsabilité
des partenaires. Les seules
campagnes qui ont eu lieu
concernaient les discriminations.
Aujourd'hui, on est un peu à
une charnière ; la prévention
“Pendant longtemps, nous
n'avons pas ciblé
les campagnes sur
les personnes séropositives par
crainte de faire
reposer sur elles la
prévention et de
les stigmatiser...”
lu, vu, entendu
Création maquette : Eugène Rayess, Actions Traitements - Dépôt légal à parution ISSN 1251-8433 Commission paritaire 75281
Développer la
“perception
patient” avec
l'étude OSKAR
12
Une étude observationnelle,
centrée
autour
des
perceptions par le patient de
son traitement, vient d'être
lancée par les laboratoires
Abbott.
L'observatoire
OSKAR a pour objectif de
développer et de valider un
auto-questionnaire patient
plus simple que les
questionnaires existants
principalement utilisés dans
ce cadre de recherches. Ce
nouvel outil, destiné à être
utilisé dans la pratique
médicale
courante,
permettrait d'enrichir la
relation médecin-patient en
intégrant l'évaluation de
différents domaines qui
dépassent le cadre de la
qualité de vie et de
l'observance au traitement,
comme le ressenti qu'a le
patient de ses symptômes,
ainsi que la satisfaction qu'il
peut exprimer quant au
traitement qui lui est
prescrit.
Cette "perspective patient"
est entendue comme
englobant la perception de la
tolérance, de la vie sociale,
sexuelle, professionnelle et
la qualité de vie par les
personnes traitées. Cette
étude s'intéresse à tout
patient infecté par le VIH,
traité par une association
incluant Kaletra®.
Une centaine de médecins
dans toute la France
participent à l'observatoire
OSKAR. Le nombre de
patients prévu est de 800,
qui se répartissent en
plusieurs groupes en
fonction de l'ancienneté du
traitement par Kaletra®.
La phase de recrutement se
poursuit encore pendant
quelques semaines et les
résultats seront présentés en
2007.
Comme
tout
observatoire, cette étude est
non interventionnelle, elle
n'impose aucun examen
complémentaire.
Dans le VIH, la mesure des
perceptions des patients en
relation avec le traitement de
la maladie prend d'autant
plus d'importance que le
traitement est chronique, et
que les effets indésirables
peuvent
influencer
l'observance du patient. En
intégrant
donc
les
perceptions du patient
comme nouveau critère de
décision, ou tout au moins
de réflexion, le clinicien
s'intéressera
à
une
dimension plus personnelle
et fondamentale pour le
patient. C'est pour cela que
cette étude intéresse les
associations de patients,
représentés au sein du
conseil scientifique de cet
observatoire par le TRT-5.
Source : Franck Barbier (AIDES, TRT-5)
Source : APM
Les résistances aux
antirétroviraux
présentes chez
82% des enfants
infectés par le VIH
Constance Delaugerre, du
laboratoire de virologie de
l'hôpital Necker, et ses
collègues ont mené une
étude génotypique sur 125
enfants (72 garçons et 53
filles) suivis à l'hôpital et
ayant déjà reçu des
traitements antirétroviraux.
Ces patients, qui possédaient
tous une charge virale
supérieure à 500 copies/ml,
avaient été exposés à une
médiane
de
6,5
antirétroviraux sur une
durée médiane de huit ans.
Parmi ces enfants, 82%
présentaient une résistance à
au moins un antirétroviral.
Les
résistances
aux
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U
EA
UV
O
N
inhibiteurs nucléosidiques
de la transcriptase inverse
(INTI)
étaient
plus
fréquentes que celles aux
inhibiteurs
nonnucléosidiques (INNTI) et
aux inhibiteurs de protéase,
avec des chiffres respectifs
de 75%, 47% et 42%.
Un quart des enfants (27%)
présentaient une résistance à
au moins un inhibiteur de
chaque
classe.
Les
chercheurs ont remarqué
que ce facteur était associé à
la prise d'un nombre élevé
d'inhibiteurs de protéase.
Rappelant que "lors d'un
échec thérapeutique, il est
recommandé d'utiliser les
tests génotypiques de
résistance pour optimiser le
choix thérapeutique et éviter
l'accumulation
de
résistances", ils ont estimé
que
"de
nouveaux
antirétroviraux [devaient]
être rapidement disponibles
pour un usage en pédiatrie".
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et étudiants (joindre justificatif):
À fortes
concentrations
plasmatiques,
Sustiva®
augmente le
risque de troubles
psychologiques
De hautes concentrations
plasmatiques d'efavirenz
(Sustiva®) augmentent le
risque
de
troubles
psychologiques, selon une
étude parue dans Clinical
Infectious Diseases.
Felix Gutierrez, de l'hôpital
général
universitaire
d'Alicante (Espagne), et ses
collègues ont suivi pendant
18 mois 17 patients sous
Sustiva®, molécule dont les
troubles psychologiques
(vertiges, troubles du
sommeil, troubles du
comportement) constituent
un effet secondaire.
Les chercheurs ont estimé
que les patients dont la
concentration plasmatique
d'efavirenz était supérieure à
2,74 µg/ml avaient 5,68 fois
plus de risques de connaître
ces troubles.
Dix patients présentaient des
symptômes
neuropsychiatriques, dont le plus
courant était une perte de
sommeil. Quatre d'entre eux
ont dû interrompre Sustiva®,
deux à la suite de
dépressions, l'un en raison
de sautes d'humeur et de
pertes de concentration,
tandis qu'un autre présentait
des troubles obsessionnels.
Selon des travaux antérieurs,
l'efavirenz est efficace dès
une concentration plasmatique de 1 µg/ml. Or chez les
17
patients,
les
concentrations
étaient
comprises entre 0,62 µg/ml
et 12,59 µg/ml.
"Il est possible, dans des cas
particuliers, de réduire les
doses afin d'empêcher les
effets toxiques", ont suggéré
les auteurs, qui se sont
prononcés
pour
la
surveillance
de
la
concentration plasmatique
chez les patients sous
Sustiva®.
Source : Clinical Infectious Diseases,
vol.41, p.1648-1653
Premiers résultats
positifs en phase II
pour le brécanavir
Le brécanavir, un nouvel
inhibiteur de protéase (IP)
développé
par
GlaxoSmithKline,
a
démontré son efficacité chez
des patients infectés par le
VIH, selon les résultats
intermédiaires d'une étude
de phase II présentés lors du
dernier congrès américain
d'infectiologie de l'ICAAC.
Douglas Ward, infectiologue
à Washington, et ses
collègues ont présenté les
données à 24 semaines
d'une étude (prévue sur 48
semaines) menée sur 31
patients infectés par le VIH.
Parmi ces personnes, toutes
sous thérapie antirétrovirale,
six
présentaient
des
résistances à la classe des
inhibiteurs de protéase.
Le brécanavir, boosté par
200 mg de ritonavir
(Norvir®), a été administré à
raison de 600 mg par jour en
deux prises journalières. Les
patients prenaient en plus
deux
inhibiteurs
nucléosidiques de la
transcriptase inverse, pour la
majorité
Combivir®
(zidovudine + lamivudine).
Les chercheurs ont noté une
baisse de charge virale aussi
bien chez les patients
sensibles aux IP que chez
ceux qui étaient résistants,
de respectivement 2,7 log10
copies/ml et 2,2 log 10
copies/ml. De même, 77%
des patients présentaient une
charge virale indétectable
(inférieure à 50 copies/ml) à
24 semaines.
Le brécanavir a entraîné
également une bonne
réponse immunologique,
avec un gain médian de CD4
de 84 cellules/mm3.
Les auteurs n'ont par ailleurs
relevé aucun effet secondaire
sérieux chez les patients.
"Ces données précoces sont
encourageantes et justifient
le développement du
brécanavir via des essais
cliniques menés aussi bien
chez des patients naïfs que
chez des patients ayant déjà
subi des traitements", a
conclu Douglas Ward.
La
molécule
fait
actuellement l'objet d'un
essai de phase IIb, ont
indiqué les chercheurs.
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Source : APM
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