Réunion annuelle du réseau 2014

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Réunion annuelle du réseau 2014
 Réseau Entre la ville et l’Hôpital
pour l’Orthogénie
Compte-­‐rendu Réunion de suivi annuelle REVHO 14 octobre 2014
La réunion de suivi annuelle de REVHO permet de consolider les liens entre professionnels et de partager les expériences des uns et des autres. L’ « esprit réseau » importe beaucoup dans ces échanges et facilite le dialogue interprofessionnel pour une meilleure prise en charge des femmes. Forum de Grenelle 5 rue de la Croix Nivert 75015 Paris Une centaine de professionnels ont participé à cette neuvième soirée annuelle du réseau.
(Cf. liste des inscrits).
1- Bilan de l’activité de l’année 2013/2014 – Dr Sophie Gaudu, présidente du
réseau REVHO, chef de service de la maternité des Bluets
La part des IVG réalisées en ville augmente chaque année. Plus d’une IVG sur deux est
médicamenteuse et presqu’une IVG sur quatre est réalisée en médecine de ville.
Le réseau compte 353 médecins de ville dont 289 libéraux et 64 salariés, 25
établissements hospitaliers référents et 68 CPEF/Centres de santé. Les médecins
généralistes sont majoritaires, ils sont 189 contre 164 gynécologues.
6184 patientes ont été prises en charge par les professionnels du réseau en 2013.
Ce chiffre est sous-évalué puisqu’une partie des fiches de liaison remplies chaque
année par les médecins de ville ne parviennent pas au réseau à temps, d’où une
grande perte de l’information. D’autre part, il existe un écart entre le nombre de
dossiers patientes envoyés aux médecins du réseau qui augmente chaque année et
le nombre de fiches de liaison retournées à la fin de l’année.
Les patientes sont majoritairement prises en charge précocement au sein du réseau
entre 42 et 48 JA. Le taux de succès de la méthode est de 97,8% avec un faible taux
d’aspiration, 2,2% sur les 4108 issues connues.
CR réunion de suivi annuelle REVHO 2 14 octobre 2014 -­‐ Paris REVHO a poursuivi son activité de formation et accueille de plus en plus d’internes.
Deux sessions leurs sont destinées chaque année aux mois de novembre et mai.
Au total 1261 professionnels ont été formés depuis 2005. 5 formations de formateurs
ont été organisées, celles-ci ont favorisé la création de nouveaux réseaux
d’orthogénie en province notamment.
En 2013, REVHO a eu l’agrément de l’OGDPC pour les médecins et sages-femmes
et est habilité à ce tire à proposer des programmes de formation validant leur
obligation de DPC.
Le projet contraception développé par le Dr Valérie Ledour évolue malgré les
nombreuses résistances. Des contacts ont été pris avec les acteurs de la
contraception. Le partenariat avec l’URPS pharmaciens et le planning familial a
permis la mise en place d’une session de formation pour les pharmaciens. Le Dr
Ledour a aussi été sollicité pour intervenir auprès des étudiants en faculté de
pharmacie.
Enfin le réseau a apporté son expertise dans le cadre de différents travaux en lien
avec l’ARS et le ministère du droit des femmes. Les membres du CA sont aussi
intervenus à plusieurs reprises en province dans le cadre de colloques et congrès.
Dix ans après sa création, le réseau REVHO est devenu un acteur incontournable dans le
domaine de l’IVG médicamenteuse hors établissement de santé en Ile-de-France.
A travers ses différentes actions et collaborations avec les institutions, les professionnels de
ville, les établissements hospitaliers référents et les centres de planification familial/centres
de santé, plus de 50 000 femmes ont été prises en charge.
Ce fut l’occasion pour le Dr S. Gaudu, présidente de REVHO depuis sa création de faire un
appel au bénévolat. Le réseau à besoin de nouveaux membres engagés au sein de son
Conseil d’Administration pour soutenir ses projets et s’investir activement dans les
différentes actions.
CR réunion de suivi annuelle REVHO 3 14 octobre 2014 -­‐ Paris 2 - Le traumatisme post-Ivg, une réalité scientifique ? - Dr Laurence Esterle, directrice
de recherche honoraire, Inserm
L’objet de cette présentation est de répondre à trois questions :
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Est-ce que l’IVG augmente le risque de développer des troubles mentaux ?
Quels sont les facteurs prédictifs ou les facteurs de risque de la survenue éventuelle
de troubles mentaux après une IVG ?
Est-ce qu’il existe une différence entre une grossesse non désirée menée à son
terme et une grossesse interrompue par une IVG?
Le risque de présenter un trouble psychique, voire un véritable « syndrome postavortement », après une interruption volontaire de grossesse (IVG) a fait l’objet d’une
controverse scientifique, qui a été particulièrement vive dans la première décennie des
années 2000. Cet argument est toujours utilisé par les opposants à l’IVG dans de nombreux
pays dont la France.
Pour cerner cette question, un état des lieux des publications scientifiques a été réalisé sur
la survenue de troubles psychiques bien caractérisés qui seraient provoqués chez les
femmes par une interruption volontaire de grossesse non désirée. A été notamment utilisée
la remarquable revue des articles sur le sujet effectuée en 2011 par le Royal College of
Psychiatrists (RCP) britannique ainsi que deux autres revues systématiques, un peu plus
anciennes. Pour actualiser la bibliographie, des recherches par mots-clés ont été effectuées
dans les bases bibliographiques spécialisées.
Les conclusions de cette étude bibliographique sont les suivantes :
1. Aucune preuve tangible ne permet d’affirmer actuellement que l’IVG peut être à
l’origine d’une augmentation de la fréquence de troubles mentaux ;
2. Ce qui ne signifie pas que des femmes ayant eu une IVG ne présentent pas de
troubles psychiques, et notamment les femmes qui présentaient déjà un trouble
mental avant l’IVG, ou qui ont été exposées à certaines formes de violence ;
3. Aucune preuve tangible n’existe actuellement pour penser que les femmes qui
interrompent une grossesse non désirée présentent plus de troubles mentaux que
celles qui l’ont menée à terme.
Dans la mesure où les facteurs de risque de la survenue de troubles mentaux après une IVG
correspondent à des antécédents de troubles mentaux ou d’exposition à la violence, il
appartient donc aux professionnels de santé de rechercher ces facteurs et de prendre tout
spécialement en charge les femmes concernées.
Suite à cette présentation, une question a été posée : la suppression de l’entretien
psychosocial obligatoire pour tout le monde a-t-elle eu un impact sur la santé psychique des
femmes ?
Le Dr Esterle a répondu qu’aucune étude n’a été faite sur ce sujet à ce jour.
CR réunion de suivi annuelle REVHO 4 14 octobre 2014 -­‐ Paris 5 - IVG et violence – Dr Gilles Lazimi, médecin généraliste membre SOS Femmes 93 et du
CFCV
Les violences au sein du couple (violences physiques et/ou sexuelles de la part de l’ancien
ou l’actuel partenaire intime) ont concerné 201 000 femmes en 2010-2012, soit 1,2% de la
population totale des femmes. Parmi ces femmes victimes, 16 %, soit 31 000, déclarent avoir
déposé une plainte en gendarmerie ou en commissariat de police suite à ces violences1.
Les données présentées par le Dr Lazimi sont le fruit d’une étude réalisée par Mélanie
Pélizzari dans le cadre de sa thèse en médecine générale. Il s’agit d’une étude qualitative
réalisée par entretien individuel semi-dirigé auprès de médecins du réseau REVHO.
L’objectif de ce travail est d’étudier les représentations des médecins vis-à-vis des IVG et
des femmes y ayant recours avec comme questions de départ :
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Quel lien y a-t-il entre violence et IVG ?
La question de la violence est-elle abordée lors de la demande d’IVG ?
Si oui, dans quelles situations et avec quels objectifs?
Si non, pour quelles raisons?
Il ressort de cette étude que le lien entre IVG et violence est très peu évoqué dans les
études françaises et rarement abordé dans le cursus universitaire initial des médecins.
Cette étude met en évidence les résultats suivants :
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Peu de médecins posent la question de manière systématique
Peu de médecins évoquent le lien entre IVG et violences
Ceux et celles qui posent la question systématiquement : militant(e)s, ceux
ayant suivi(e)s des formations ou participé(e)s à des études.
Ceux et celles qui ne posent pas la question systématiquement : nombreuses
représentations des IVG et femmes les réalisant, et multiples raisons
invoquées : plus de 30 arguments rapportés par notre échantillon
Tous les Médecins se sentent concernés et favorables à une formation
Autant d’arguments pour construire la formation à mettre en place
Au final, poser la question des violences permet aux femmes :
• d’être enfin écoutées et reconnues comme victimes et de n’être plus seules
• de faire le lien avec les tableaux cliniques passés, présents et les agressions qu’elles
ont subies
• de dialoguer, de réfléchir, de « faire changer la honte de camp », de comprendre les
stratégies de l’agresseur ainsi que les mécanismes et enfin d’agir plus tard.
Il est important de sensibiliser et de former les professionnels à cette problématique pour les
aider à mieux accompagner les femmes victimes. Le médecin doit intégrer la question des
violences dans l’interrogatoire médical systématique.
1
Source : enquête « Cadre de vie et sécurité » (ONDRP-­‐Insee). Ces chiffres sont des moyennes obtenues à partir des résultats des enquêtes 2010, 2011 et 2012. CR réunion de suivi annuelle REVHO 5 14 octobre 2014 -­‐ Paris Questions de la salle :
Comment introduire la question des violences lors d’une consultation ?
Que répondre si une patiente révèle être victime de violence lors d’une consultation?
Dr G. Lazimi : il ne faut pas hésiter à demander :
- « Comment se passe les rapports sexuels ? »
- « Est ce toujours vous qui décidez? »
- « Avez-vous été victime de violences verbales, psychologiques, physiques ou
sexuelles ? »
En général les patientes ne manifestent aucune difficulté à y répondre
Pour le Dr S. Eyraud, il ne faut pas avoir trop d’idées reçues par rapport à ce sujet, les
violences conjugales touchent tous les milieux sociaux. Cette question peut être formulée de
différentes façons, par exemple « Avez-vous des douleurs pendant les rapports sexuels ? ».
L’important c’est surtout de se sentir à l’aise avec la question qu’on souhaite poser sinon on
ne la pose pas.
Le Dr E. Piet précise que la question des violences est aussi vraie au moment de la
grossesse, qu’elle soit poursuivie ou interrompue. Il ne faut donc pas hésiter à la poser.
Pour répondre à la deuxième question, il faut surtout penser à donner à la patiente des
informations sur les lieux ressources, associations, numéros verts…
6- Revue Bibliographique 2013/2014 – Dr Philippe Faucher, Secrétaire Général
réseau REVHO, gynécologue obstétricien, Bluets-Trousseau
du
L’actualité bibliographique est présentée avec différentes études sur les thèmes suivants :
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Revue des protocoles :
Quels résultats de l’efficacité de la méthode médicamenteuse entre 9 et 10 SA ?
IVG médicamenteuse précoce : est-il nécessaire de visualiser la vésicule ombilicale
sur l’échographie avant de pratiquer l’IVG?
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Gestion de la douleur
Dosage et voies d’administration du misoprostol et intensité de la douleur
Quel protocole pour lutter contre la douleur ?
Des outils validés pour mesurer l’intensité de la douleur : échelle analogique visuelle,
échelle verbale, échelle numérique.
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Suivi post IVG
Simplification de la procédure de l’IVG médicamenteuse
Contact téléphonique et test urinaire basse sensibilité à J15 réalisée par la patiente
Contraception
(Cf diaporama pour les résultats des différentes études)
7- Perspectives – Dr Sophie Eyraud, Vice-présidente du réseau REVHO, médecin
généraliste au Plessis Robinson
CR réunion de suivi annuelle REVHO 6 14 octobre 2014 -­‐ Paris En 2015, REVHO poursuivra ses missions d’amélioration de l’offre de soins sur tout le
territoire francilien :
-
former des professionnels à la pratique de l’IVG médicamenteuse en ville avec
l’agrément de l’OGDPC
accompagner les conseils généraux dans leur mission d’organisation de la mise en
place de l’IVG médicamenteuse dans les CPEF départementaux
travailler en collaboration avec l’ARS et les réseaux de périnatalité pour promouvoir la
plateforme FRIDA et le questionnaire de recueil des difficultés d’accès au parcours IVG
rencontrées par les patientes dans la région.
développer le projet d’élaboration d’une charte pour les échographistes
développer le projet contraception avec le 91 comme département pilote
faire évoluer le logiciel Med IVG vers un site web pour un accès plus simplifié.
De nouvelles missions seront à développer avec notamment l’extension du site
www.ivglesadresses.org au niveau national. Le partenariat sera fera dans un premier temps
avec 3 régions pilotes : Midi Pyrénées, Bretagne, PACA.
Enfin, REVHO fête ses 10 ans en 2015 et compte sur ses membres pour marquer
l’événement.
CR réunion de suivi annuelle REVHO 7 14 octobre 2014 -­‐ Paris