Staying Alive - Dorian Rossel / Cie STT

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Staying Alive - Dorian Rossel / Cie STT
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Staying Alive
Kritik 1: Joël Aguet
Deux couples de force font tourner
Staying Alive
Au Théâtre Vidy-Lausanne, Paola Pagani et Antonio Buil défient en
jouant le temps qui passe. Ils ont été accompagnés pour la mise en
scène, élégante et recherchée, par Dorian Rossel et Delphine Lanza.
Staying Alive est un spectacle au rythme parfait du cœur humain,
qui présente plusieurs fins de partie.
Composé sur la base d’improvisations, Staying Alive est un patchwork délicat à
partir de fragments d’histoire familiale, d’insignifiance, d’oubli et de
fantomatique souriant. Le spectacle parle beaucoup de disparus et de leurs
rêves, de souvenirs anciens, et de nostalgies transculturelles filées sur deux
trajectoires amorcées quelques générations plus tôt en Italie encore
autrichienne et dans l’Espagne rurale. Il est joué par le duo de comédiens formé
voici quinze ans à l’enseigne du “Teatro Due Punti” : Antonio Buil et Paola
Pagani. Delphine Lanza et Dorian Rossel ont contribué au texte et mené la mise
en scène.
Singeant une “obligatoire” cérémonie honorant leur gloire d’artiste, mais
prudemment éloignée en 2044, Antonio Buil en pianiste debout, père, défunt ou
Municipal lausannois accompagne la star désormais fatiguée Paola Pagani. Ils
se remémorent leurs parents et leur propre passé, sans nous épargner la phase
adolescentaire et les enthousiasmes pour Saturday’s Night Fever. Au-delà de
l’exigence irréfragable de reconnaissance exprimé comiquement jusqu’à une
satiété qui provoque des rires, les comédiens empruntent fréquemment des
passages aux poètes fondateurs de leurs deux grandes cultures latines, Dante
Alighieri et Jorge Manrique. Ailleurs, ils dissertent sur Staying Alive, la
chanson des Bee Gees, et ses cent trois coups par minute, rythme idéal pour
relancer un cœur humain qui a cessé de battre. Car, l’évocation de la mort reste
toujours présente dans ces séquences qui se succèdent sur un tempo très
“vivant”.
L’apport de l’autre couple et groupe théâtral coproducteur, Delphine Lanza et
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Dorian Rossel de la Compagnie “Super Trop Top”, se devine dans l’effort de
construction générale, la portée et le tressage des liens entre les histoires ici
appariées. Les sources intarissables de contes divers que sont les deux
comédiens sur scène gagnent en cohérence. Et ça tourne : créé à La Passerelle
du Théâtre de Vidy, où il sera présenté jusqu’au 24 novembre, Staying Alive se
jouera en décembre à Annecy et à Genève (au Théâtre du Loup), en France
ensuite.
Derrière une couronne misérable de mobilier récupéré, la scénographie de
Sibylle Kössler dresse tout un jeu de panneaux bleus qui s’ouvrent comme des
tableaux noirs aux descriptions temporelles et géographiques des protagonistes.
Les récits entremêlés, remémorés, rêvés y gagnent beaucoup de dimensions et
d’élégance, bien qu’ils sautent allègrement de la parodie au langoureux, de la
réminiscence pathétique à la farce macabre comme autant de gerbes d’écume
blanche par-dessus l’Histoire italienne ou espagnole. Les petits fragments
déconstruits de vies familiales flottent vers le public comme de légères bulles de
savon aux diamètres variables, irisées, surprenantes dans leurs trajectoires
toujours hésitantes, vite éclatées, vite remplacées. L’écriture même de cette
mémoire semble s’effacer au fur et à mesure, comme s’il y avait un peu de craie
dans l’encrier.
Kritik 2: Corinne Jaquiéry
Autoportraits dans le miroir de la
mémoire
Dans une recherche très personnelle, Paola Pagani et Antonio Buil
partent sur les traces de leurs mémoires respectives avec Staying
Alive, en première hier soir à la Passerelle du Théâtre de Vidy.
Pour l’Italienne Paola Pagani et l’Espagnol Antonio Buil, fondateurs de la
compagnie genevoise Due Punti, l’action engendre le sens et non le contraire, ce
qui peut laisser le spectateur perplexe comme c’était le cas hier soir, lors de la
première de Staying Alive. En remontant aux sources de leurs mémoires
respectives dans une comédie biographique poétiquement mise en scène par
Dorian Rossel et Delphine Lanza, le duo latino a proposé une fable intime
inspirée par les tours et détours de leurs chemins de vie. Prenant pour prétexte
la remise d’un prix de théâtre par le syndic de Lausanne interprété par Antonio
Buil, à une comédienne de 80 ans interprétée par Paola Pagani, les deux acteurs
relient passé et présent dans un méli-mélo de souvenirs personnels, de
méthodes de survie sous forme d’application de téléphone portable, et d’extraits
de textes fondateurs de la littérature italienne avec La Divine Comédie de Dante
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et de la littérature espagnole avec les Stances sur la mort de son père de Jorge
Manrique. Privilégiant un processus d’expérimentation théâtrale en perpétuel
mouvement et explorant les relations entre le vrai et le faux, le réel et le
théâtral, le concret et l’onirique, les deux acteurs laissent parfois l’écume de leur
quotidien prendre le pas sur les profondeurs d’un questionnement existentiel
plus universel.
Sur un grand tableau bleu ouvert sur une vie en forme de jungle verdoyante
(belle scénographie de Sibylle Kössier), les deux anciens enfants vont dessiner
leurs souvenirs en suivant le fil ténu de la trace de la craie blanche manipulée
par Paola. Sous les yeux du père d’Antonio ramené à la vie par son fils qui
l’incarne avec amour, le parcours du duo se ponctue d’étapes en forme de dates
clés: 1964, année de leurs naissances; 1977, année où une tante de Paola est
littéralement morte de joie, mais aussi année d’une Saturday Night Fever rêvée
par Antonio; 1998, année de la formation de leur compagnie Due Punti; et enfin
2013, année du décès imaginaire d’Antonio… Fascinés par la mort et par ce
qu’elle appelle de vérité sur le dérisoire qui emplit nos vies, sur l’importance de
la mémoire, de la filiation et de la transmission, les deux complices aiment
partager leurs réflexions sur ces sujets qu’ils estiment fondamentaux. Pour le
faire, ils ont su trouver leur propre langage théâtral en onze créations
généreuses destinées aussi bien aux adultes qu’aux enfants. Pour la douzième,
Staying Alive, ils poursuivent sur la même thématique et entrent dans un jeu de
mises en abymes entre réalité et imaginaire qui bien que cocasse, tendre et
émouvant manque encore de ce sens qu’ils cherchent à créer par l’action, mais
qu’ils effleurent, prêts à faire émerger. A vérifier en live et in situ.
Info zum Stück
Production déléguée : Compagnie STT (Super Trop Top) Coproduction :
Théâtre Vidy-Lausanne Théâtre du Loup Genève Compagnie STT (Super Trop
Top) Teatro Due Punti
Staying Alive
Deux compagnies de théâtre joignent leurs recherches et leurs
forces. à l'emblème de l'heureux menuisier Feliciano Colla, pour
écrire un peu d'histoire.
Un songe récurrent, celui de la mémoire qui revient, en boucle, afin de tisser les
méandres de sa propre existence. Histoire de dériver vers les continents de ce
qu'a été notre vie, ou au contraire de ce qu'elle n'a pas été, celle que l'on s'est
inventée ou celle qui a été déçue. Deux compagnies se rencontrent pour
partager leurs envies théâtrales et leurs univers, en s'enquérant ensemble des
parts d'ombre, des hasards de la vie, des temps qui s'enchevêtrent. « Au milieu
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du chemin de notre vie je me retrouvai dans une forêt obscure, dont la route
droite était perdue », disait le poète. Oui, mais Rester vivant, en fredonnant
ainsi le refrain qui fait que l'on a souvent envie de se laisser aller au déhanché...
Premiere: 30.10.2013 20:00 Lausanne, Théâtre Vidy-Lausanne
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