L`ENTRAÎNEMENT DU CHEVAL D`ATTELAGE
Transcription
L`ENTRAÎNEMENT DU CHEVAL D`ATTELAGE
COURS DE MARECHALERIE Dr A. Mabrouk -1- PLAN 1°chapitre : Extrémité digité du cheval A. Anatomie du pied 1. Parties Intérieures 2. Enveloppes Du Pied 3. Particularités Anatomiques Du Pied B. Propriétés du pied 1. Propriétés Du Sabot 2. Fonctionnement Du Sabot C- Beauté Du Pied D- Défectuosités Du Pied 1- Par Défauts De Proportion 2- Par Défaut De Conformation 3- Par Défaut D'aplomb 4- Par Défaut De La Qualité De La Corne 2°chapitre : Matériel et instruments de maréchalerie A- Atelier de maréchalerie B- Instruments 1. Matériel fixe 2. Outillage 3. Instruments de travail 4. Fer à cheval 5. Clou à ferrer 3°chapitre : Le Ferrage normale et ses techniques Introduction 1. Le Cheval au Ferrage 1.1 Caractère et expression du cheval 1.2 Manière d'aborder le cheval 1.3 Manière D'attacher Le Cheval -2- 1.4 Manières de lever, de tenir et de poser le pied 1.5 Ferrage Des Chevaux Difficiles 2. Ferrage du pied normal 2.1 Déferrage 2.2 Parage 2.3 Ferrure 2.4 Choix du fer 2.5 L‟application du fer 3. Caractéristiques d'un pied bien ferré 3.1 Direction et aplomb du pied 3.2 Ferrure 4°chapitre : Fabrication du Fer Introduction 1. Forgeage à la main 1.1 Généralités 1.2 Forgeage Du Fer 1.3 Fer Bien Forgé 1.4 Fabrication du fer anglais 1. 5 Rechargement du fer à la mécanique 2. Fer industriel 6°chapitre : Ferrure spéciale A. Ferrures de sport 1. Ferrure de concours hippique 2. Ferrure de championnat complet 3. Ferrure de polo 4. Ferrure de randonnée et d'endurance B. Ferrures de course 1. Ferrure du yearling 2. Ferrure d'entraînement 3. Ferrure du cheval de plat 4. Ferrure du cheval du steeple -3- C. Ferrure de poney D. Ferrure des Mulets E. Ferrure antidérapante F. Autres moyens de protection du pied 6°chapitre : Ferrure Thérapeutique A. fers pathologiques 1. Les fers couverts 2. Les fers épais ou nourris 3. Les fers tronqués 4- Les fers à éponges réunies 5. Les fers à éponges obliques ou fers Désenchantements 6- Les appareils protecteurs du pied B. Ferrure des pieds défectueux 1. Défauts de proportion 2. Défauts de conformation 3. Défauts d‟aplomb 4. Défauts de qualité de la corne C. Ferrures orthopédiques 1. Vices d'aplomb 2. Vices d'allures D. Accidents de la ferrure 1. Piqûre 2. Retraite 3. Enclouure 4. Coupure par le rogne-pied ou le boutoir 5. Pied serré par les clous ou par le pinçon 6. Sole trop parée ou comprimée par le fer 7. Sole chauffée ou brûlée -4- 6°chapitre : Hygiène et entretien des chevaux A. Protection du cheval contre les coups et blessures: 1. A l'écurie 2. Au travail 3. En voyage B. Toilettage des chevaux 1. Tonte 2. Toilettage C. Hygiène du pied 1. Soins et entretien du sabot 2. Matricule du sabot D. Entretien de la dentition 1. Matériel utilisé 2. Sur dents 3. L'lampas 4. Détartrage 7°chapitre : Affections du Pied 1. Tares dures et molles 2. Tendinites 3. Javart 4. Crevasses 5. Crapaud 6. Seimes 7. Fourmilière 8. Maladie naviculaire 9. Faux quartier et pertes de substance du sabot 10. Bleimes 11. Clou de rue 12. Pourriture de la fourchette -5- 8°chapitre : Actes médicaux élémentaires 1. Contention 1.1 Contention du poulain et du poney 1.2 Couchage du cheval 2. Injections 3. Hémostase 4. Pansement et bandage 5. cautérisation -6- Pied -------------Plan-------------A. Anatomie du pied 1. Parties Intérieures 2. Enveloppes Du Pied 3. Particularités Anatomiques Du Pied B. Propriétés du pied 1. Propriétés Du Sabot 2. Fonctionnement Du Sabot C- Beauté Du Pied D- Défectuosités Du Pied 1- Par Défauts De Proportion 2- Par Défaut De Conformation 3- Par Défaut D'aplomb 4- Par Défaut De La Qualité De La Corne -7- A- Anatomie du pied Le pied du cheval comprend des parties intérieures et des enveloppes. 1. Parties intérieures Elles comprennent une armature intérieure ou squelette, des ligaments pour solidariser cette armature, des poches de lubrification ou synoviales pour huiler leurs frottements réciproques, des tendons pour faire jouer les os les uns sur les autres, un dispositif d'amortissement, des vaisseaux sanguins et des nerfs. 1.1 Squelette Il comporte trois os : os de la couronne, os du pied et os naviculaire. L'os de la couronne (ou deuxième phalange) : en forme de cube comprimé d'avant en arrière, il s'articule en haut sous l'os du paturon (ou première phalange), en bas sur l'os du pied par deux surfaces convexes et Séparées par une gorge. L'os du pied (ou troisième phalange) : en forme de cône profondément creusé à l'arrière et totalement enfermé dans le sabot, il s'articule en haut sous l'os de la couronne par deux surfaces concaves et séparées par un léger relief, à l'arrière contre l'os naviculaire par une facette aplatie. C'est essentiellement lui qui donne sa forme au sabot. L'os naviculaire (ou petit sésamoïde): allongé transversalement, aplati de dessus en dessous et rétréci à ses extrémités, il continue la face articulaire de l'os du pied auquel il est solidement réuni par le bas de sa face antérieure. -8- 1.2 Ligaments Les trois os constituant le pied sont solidarisés par cinq ligaments, petites écharpes extrêmement denses et solides. Un ligament interosseux unit l'os du pied et l'os naviculaire. Deux ligaments latéraux antérieurs unissent à l'avant et par côté la 2° et la 3° phalange, auquel ils s'attachent de part et d'autre de l'éminence pyramidale. Deux ligaments latéraux postérieurs, descendus de la 1° phal., unissent à l'arrière et par côté cet os à la 2° phal. Puis aux apophyses basilaire et rétrossale de la 3° ainsi qu'au bord supérieur de l'os naviculaire. 1.3 Tendons Tendon extenseur : long ruban dur et inextensible qui s'attache sur l'éminence pyramidale de la 3° phal. Tendon fléchisseur (ou perforant) qui fait poulie sur la face postérieure de l'os naviculaire puis s'épanouit sous le nom d'aponévrose plantaire pour se fixer sur la crête semi-lunaire de la 3° phal. 1.4 Dispositif d'amortissement Il comporte d'une part deux fibrocartilages complémentaires, d'autre -9- part le coussinet plantaire. Les fibro-cartilages complémentaires forment deux boucliers losangiques plaqués entre le sabot et les parties ci-dessus étudiées du pied. Seule leur partie supérieure dépasse la couronne. Leur face externe et convexe fait effort contre la muraille du sabot. Le coussinet plantaire présente d'avant en arrière un corps pyramidal, deux bulbes et une base. Modelé sur la fourchette. La base du corps pyramidal remonte entre les deux fibrocartilages complémentaires et lance vers le haut une bandelette élastique ou aponévrose du coussinet plantaire qui rejoint l'ergot sous l'appellation de ligament de l'ergot. Conjointement avec les vaisseaux veineux, les deux fibro-cartilages complémentaires et le coussinet plantaire conditionnent l'amortissement des pressions et des chocs subis par le pied contre le sol, ainsi que le maintien de l'élasticité de la corne où ce dernier est enfermé. 2. Enveloppes du pied Le pied du cheval s'abritent dans deux enveloppes: l'une intérieure et - 10 - vivante donc sensible appelée enveloppe de chair ou plus scientifiquement membrane kératogène, l'autre externe et insensible appelée sabot. 2.1 Enveloppe de chair ou membrane kératogène Prolongeant la couche dermique et profonde de la peau, la membrane kératogène est composées de 3 parties : bourrelet principal, tissu podophylleux ou chair cannelée, et tissu velouté. Bourrelet principal: c'est un relief qui longe le pourtour de la couronne du sabot et se termine sur les bulbes du coussinet plantaire. Bordé en bas par un liseré lisse ou zone coronaire inférieure, il est limité en haut par un sillon surmonté par un étroit liséré qui continue la peau et forme le bourrelet périoplique ; Organe sécrétant le périople. La face externe du bourrelet principal porte de nombreuses papilles, sortes de pointes longues et coniques qui se dirigent vers le bas en pénétrant dans les tubes cornés qui forment la paroi du sabot. Tissu podophylleux (ou podophylle, chair cannelée, chair feuilletée) : Il recouvre la face externe de l'os du pied et se retourne à l'arrière le long des branches du corps pyramidal du coussinet plantaire. Il porte environ 600 lames parallèles qui, obliquement allongées de haut en bas et appelées lames principales, portent sur chacune de leurs faces 50 à 60 lames secondaires. Toutes ces lames de chair s'engrènent solidement - 11 - dans autant de lames de corne que porte intérieurement la muraille du sabot: de ce fait, le tissu podophylleux assure l'union de la partie vivante du pied et de son enveloppe de corne. Tissu velouté (ou chair veloutée) : Il tapisse la face inférieure de l'os du pied ainsi que celle du coussinet plantaire. Il porte d'innombrables pointes courtes et rouge foncé qui lui donnent son aspect typique de velours et qui s'implantent en autant de logettes creusées dans l'épaisseur de la corne de la sole. 2.2 Enveloppe de corne ou sabot Le sabot est une enveloppe de corne insensible qui revêt et protège le pied. C'est l'épiderme corné du pied. Il n'est ni vascularisé, ni innervé, sa nutrition est assurée par le derme recouvrant les structures squelettiques On divise le sabot en trois parties: la paroi, la sole et la fourchette. La paroi ou muraille est la partie visible du sabot. On y reconnaît plusieurs zones: la pince, les mamelles, les quartiers et les talons. Elle porte à sa face interne des lames de corne longitudinales dont l'ensemble appelé kéraphylle s'engrène dans les lames de chair du podophylle. La sole est une voûte concave sous le pied. Son bord externe s'engrène solidement à la paroi le long d'un pourtour appelé ligne blanche ou sillon circulaire. Sa corne est plus mince que celle de la paroi La fourchette, faite d'une corne mince et élastique a la forme d'un V allongé qui recouvre le coussinet plantaire. On y distingue une pointe, un corps et deux branches terminées par deux glomes. Elle est bordée par deux sillons ou lacunes latérales et elle longitudinalement par un sillon appelé lacune médiane. - 12 - est creusée Paroi et la fourchette Sole 3. Particularités anatomiques du pied 3.1 Différences entre le pied antérieur et le postérieur Par rapport au pied postérieur, l'antérieur est un peu plus large, plus arrondi en pince et en mamelles, sa sole est plus aplatie, ses talons sont plus inclinés et plus rapprochés. 3.2 Différences entre les deux côtés d'un même pied Du côté interne, la paroi est normalement plus verticale que du côté externe. Cette différence entraîne deux conséquences sur lesquelles on reviendra à propos du fer et du ferrage : - 13 - Elles imposent de distinguer entre fer antérieur ou le postérieur ainsi qu'entre fer droit ou le gauche, Elles obligent à enfoncer leurs clous de fixation plus superficiellement du côté interne que du côté externe du sabot. B. Propriétés du pied : Il convient d'envisager d'abord les propriétés du sabot et ensuite le mécanisme de fonctionnement du pied. 1. Propriétés du sabot Le sabot du cheval est une sorte de boîte qui s'unit moelleusement à son contenu vivant et qui le protège contre les influences du milieu extérieur tout en permettant une délicate sensibilité. Constitution: La corne du sabot est comparable à l'assemblage d'une multitude de cheveux cimentés les uns contre les autres. La corne est faite de tubes cornés, pleins en bas mais creux en haut autour des papilles qui, à partir du bourrelet principal ou du tissu velouté, élaborent leur substance, la corne nouvelle repoussant sous elle la corne plus ancienne. - 14 - Couleur: La couleur de la corne est la même que celle du bourrelet principal. Une peau noire et un bourrelet noir engendrent une corne foncée, une balzane ou un bourrelet partiellement blanc engendre une corne claire. La corne foncée est plus résistante à l'usure que la corne blanche Sensibilité: Au travers de la corne, le pied du cheval est le siège d'une sensibilité très vive et parfois inexplicable. La douleur n'existe pas pour la corne. Consistance: En raison de l'humidité naturelle des parties vivantes du pied, la corne profonde est plus molle et plus souple que la corne de surface. C'est pour cette raison que les instruments tranchants découpent la corne d'autant plus facilement qu'ils agissent plus en profondeur. La consistance de la corne varie également avec l'humidité de l'ambiance extérieure. Croissance de la corne (ou avalure) : Tout le sabot pousse en permanence dans le sens de la hauteur, à raison d'un centimètre par mois de sorte qu'il se renouvelle entièrement en neuf mois environ. Une paroi qui s'allonge à l'excès peut rendre déformé ; un pied qui n'est ni naturellement usé ni artificiellement raccourci. Elasticité : Le cheval a besoin que le sabot soit élastique, autrement dit s'écarte et se resserre alternativement dans ses parties supérieures. Une expérience facile montre ce qu'est l'élasticité du sabot: levez l'antérieur droit pour que l'antérieur gauche porte un maximum de poids, marquez deux points en haut et au milieu de chaque talon de l'antérieur - 15 - gauche, mesurez la distance qui sépare ces deux points; posez ensuite l'antérieur droit à terre, levez l'antérieur gauche et mesurez la distance qui sépare à présent les deux points que vous aviez marqués, et vous constaterez que le deuxième écartement est d'au moins 1 à 3 millimètres plus court que le premier: Le pied étant levé, Le pied supportant le poids du corps la distance A.B est de 40 mm. la distance A.B passe à 43 mm. 2. Fonctionnement du sabot 2.1 Mécanisme Le poids du corps s'exerce verticalement sur le pied à raison, pour un cheval moyen, debout et au repos sur trois membres, de 150 kg pour chaque antérieur et 200 kg pour le postérieur à l'appui (le premier chiffre peut atteindre plusieurs tonnes s'il s'agit de l'antérieur qui frappe le sol au troisième temps du plein galop de course). Il fait effort en trois sens: Un vertical qui tend à écraser le coussinet plantaire et la fourchette contre le terrain, - 16 - Deux obliques et latéraux qui poussent vers le dehors les fibrocartilages complémentaires de l'os du pied ainsi que la paroi à leur niveau. 2.2 Conséquences Ni la pression subie par le pied à l'appui ni le choc du pied qui frappe le sol ne peut s'amortir sans trois conditions: Ecartement possible de la partie arrière du sabot (donc pas de clous au-delà des deux tiers antérieurs de la longueur du fer), Souplesse des fibrocartilages et surtout de la corne (donc précautions envisagées plus haut à propos de la consistance de la corne), Appui possible du coussinet plantaire par l'intermédiaire de la fourchette (donc intégrité et vitalité de cette dernière). Rappelons en outre qu'à cela s'ajoute l'effet de pompe qu'exercent les réseaux veineux à l'intérieur du sabot. Quand l'appui se passe dans de bonnes conditions, il permet un refoulement d'une partie importante du sang contenu dans les vaisseaux irrigants le pied; c'est la raison pour laquelle on parle de pompe du pied. - 17 - 2.3 Accidents au cas où l'élasticité du pied serait insuffisante ou nulle Si les talons ne peuvent s'écarter, si la corne ou les fibrocartilages sont sans souplesse, et surtout si la fourchette ne peut s'appuyer contre le terrain, tous les efforts pèsent sur l'union du podophylle et du kéraphylle puisque les os ont besoin de jouer intérieurement les uns contre les autres. D'une part le pied souffre et le cheval prend des allures piquées et répétées, d'autre part la circulation intérieure du pied est compromise, et surtout la sole devient de plus en plus concave parce que, comme tout organe vivant mais devenu inutile ou impuissant par manque d'exercice, l'appareil d'amortissement se recroqueville et s'amenuise, la fourchette se rapetisse et se laisse remonter vers le haut du pied. Un cercle vicieux s'établit de ce fait et l'on assiste à l'évolution de l‟encastelure. C- Beauté du pied Le pied idéal n'existe pas, mais Le pied est beau quand il a des dimensions en rapport avec la taille et le format de l'animal, qu'il est presque aussi large que long et bien d'aplomb. La corne est de couleur noire ou grise, de préférence à la blanche qui est plus friable. Elle est lisse, sans fissure ni sillon. La hauteur des talons est égale à la moitié de la hauteur du pied en pince Le pied idéal ou « beau pied » doit être décrit à trois points de vue: aspect extérieur, variations et défectuosités, aplombs.L'aspect extérieur du pied du cheval n'est pas le même dans tous les cas. On peut dessiner comme suit le beau pied. 1- Vu de face Moins large en haut qu'en bas, un peu plus évasé en dehors qu'en - 18 - dedans; d‟une hauteur sensiblement égale des deux côtés. Les sabots antérieurs plus hauts en mamelle et quartier internes, sabots postérieurs moins évasés et plus larges à la couronne, corne lisse, périople intact. 2- Vu de profil Ligne de pince prolongeant celle du paturon et inclinée sur l'horizontale de 50 à 55 degrés pour les antérieurs ou de 55 à 60 degrés pour les postérieurs, talons parallèles à la pince et hauts d'à peu près sa moitié, bourrelet oblique et sans brisure. 3- Vu de derrière Talons largement écartés, également élevés, celui du dehors un peu plus oblique que celui du dedans, fourchette forte et bien à l'appui. 4- Vu de dessous Pied antérieur arrondi, sole moyennement creuse et épaisse, fourchette d'un seul bloc, saine et assez dure, lacunes sèches et bien ouvertes, barres rectilignes et modérément inclinées, moitié externe un peu plus évasée que la moitié interne, talons rangés sur une ligne perpendiculaire à l'axe du pied. Pied postérieur ovale parce que plus étroit, sole plus creuse, barres moins inclinées, talons largement écartés. D. Défectuosités du pied Les anomalies du pied sont congénitales ou acquises. Elles peuvent être irréductibles ou peuvent être atténuées par des soins thérapeutiques et par application de ferrures spéciales. De face, le pied est plus large en bas qu'en haut. De derrière, le beau pied a des talons largement écartés, égaux et de la même hauteur. La - 19 - fourchette est au contact du sol. Le pied du cheval peut être défectueux de différentes façons: 1. Par défauts de proportion - pied trop petit: dimensions trop petites pour le corps. Souvent délicat, exposé aux boiteries. - pieds inégaux: défectuosité grave. Le cheval risque de boiter du pied le plus petit - pied trop grand ou trop volumineux par rapport au corps 2. Par défaut de conformation - pied plat: la sole manque de concavité. Ce défaut expose aux bleimes et autres meurtrissures de la surface plantaire. - pied long en pince: pince allongée, pied aplati et souvent à talons fuyants. - pied serrés ou encastelés : déformations les plus fréquentes et les plus graves du pied du cheval. Elles ont pour cause l'atrophie du coussinet plantaire par suite de manque d'appui de la fourchette sur le sol (mauvaise ferrure, séjour trop prolongé à l'écurie). Les parties postérieures du sabot reviennent lentement et progressivement sur elles-mêmes entraînant la voussure exagérée de la sole et l'atrophie de la fourchette. L'appui sur le sol devient hésitant. Il peut y avoir apparition d'une boiterie. 3. Par défaut d'aplomb - pieds à talons bas, - pieds à talons hauts, - pieds à talons fuyants: trop incliné sous le membre, - pied de travers: pied dont l'un des quartiers est plus haut que l'autre et - 20 - penche de son côté. - pied panard: pince tournée en dehors, - pied cagneux: pince tournée en dedans, - pied pinçard : appui sur la pince, les talons ne posent pas sur le sol (postérieurs uniquement). 4- Par défaut de la qualité de la corne - ferrure est peu solide; - pied maigre: corne mince, sèche et cassante; - pied cerclé: présente de courbes saillantes à la surface de la paroi. Les cercles annoncent ordinairement un pied souffrant surtout quand ils sont accusés et rapprochés. - pied dérobé: bord inférieur de la paroi irrégulier, déchiqueté par endroits. - pied gras: corne molle, sans consistance, facile à entamer. Les clous tiennent mal. - 21 - MATERIEL ET INSTRUMENTS DE MARECHALERIE -------------------Plan-------------------A- Atelier de maréchalerie B- Instruments 1. Matériel fixe 2. Outillage 3. Instruments de travail 4. Fer à cheval 5. Clou à ferrer - 22 - MATERIEL ET INSTRUMENTS DE MARECHALERIE Les fers à cheval peuvent être forgés à partir du métal brut ou façonnés à partir de fers dégrossis qu'on trouve dans le commerce. Dans les deux cas, le maréchal-ferrant ne peut se passer de les adapter aux pieds du cheval et il doit donc disposer pour cela d'une installation, de matières premières et d'instruments appropriés. A. Atelier de maréchalerie Il comprend une forge et un hangar à ferrer, locaux où sont réunis les matériels et instruments qui servent à forger le fer et à ferrer le cheval. Forge : Local spacieux, bien aéré, à l'abri des courants d'air mais dont le plafond est muni d'un dispositif d'évacuation des fumées. Sol bétonné sauf autour de l'enclume, où une aire de terre battue amortit les secousses subies par les ouvriers et diminue leur fatigue. Hangar à ferrer : Local vaste, couvert, fermé sur trois côtés dont l'un communique avec la forge, bien éclairé. Murs cimentés, porteurs d'anneaux scellés à 1,25 m du sol et espacés de 1,50 m environ. Le sol facile à nettoyer, non glissant. - 23 - B- Instruments 1. Matériel fixe Forge La forge proprement dite: C'est où le fer est chauffé avant d'être travaillé. Elle comprend un âtre en maçonnerie abritant un foyer entouré d'un garde-feu, muni d'une tuyère adaptée au conduit du soufflet de façon à répartir l'air sur le fond ou sur le côté du foyer, et d'une auge à eau latérale ainsi que d'une fosse où l'on entretient une réserve de charbon constamment humide. Une hotte de tôle : qui active le tirage, entraîne les fumées et arrête les étincelles, d'autre part un soufflet métallique à double vent ou, de préférence aujourd'hui, une soufflerie mue électriquement. Forge portative à gaz - 24 - Forge portative à charbon Enclume : Elle sert à forger et à ajuster le fer. Pesant 80 à 100 kg. Bigorne : La bigorne est une petite enclume légère et portative (20 à 30 kg) à table plate, où l'on rectifie le fer et qu'on peut facilement déplacer dans l'atelier ou loin de celui-ci. L’établi de chêne : L'établi de chêne, scellé en un endroit bien éclairé, porte un étau dont les mâchoires sont à hauteur du coude de l'ouvrier debout. L'établi est complété par une meule électrique pour affûter les instruments tranchants et par une perceuse électrique avec forets appropriés. 2. Outillage - 25 - Marteaux : un marteau à forger dont la tête en forme de très grosse olive longue de 15 à 20 cm, aplatie d!un seul côté, un marteau à frapper devant qui sera tenu à deux mains par le frappeur; un marteau plus petit pour finir le fer. Un crochu : pour attiser le feu et retirer le mâche fer ; Une pelle : à charbon; Une écouvette : ou long balai pour asperger d'eau le charbon mis dans le foyer; Tenailles : à mettre au feu ou lopinières longues d'un mètre, à mors épais, allongés et parallèles, pour maintenir et retourner le lopin dans le foyer et pour « Entenailler » le fer aux différentes phases de sa fabrication. Des étampes : de deux sortes pour aménager les étampures du fer; des poinçons pour les contre percer; - 26 - Des tranches : à chaud ou à froid pour couper le fer; Une cisaille : pour tronçonner les barres de fer a la dimension voulue; Des marques : de deux sortes, à froid pour identifier les fers ou à chaud pour matriculer les sabots des chevaux 3. Instruments de travail La râpe : c‟est une lime à gros grains plus ou moins larges, destinée à régulariser le bord inférieur de la paroi. Le rogne pied : c‟est un morceau de lame de sabre actionné par la mailloche sert par son dos émoussé à dériver les clous et par sa lame tranchante à rogner l'excédent de corne. - 27 - Le brochoir ou mailloche : c‟est un marteau de forme particulière, il sert à parer le pied et à enfoncer les clous dans la corne ou à les arracher; son côté aplati ou bouche est disposé en oblique, son côté opposé porte une échancrure ou panne pour arracher au besoin les clous. Brochoir Mailloche à nylon Le boutoir : est un instrument pour parer le pied ; c‟est une sorte de rabot servant à aplanir le bord inférieur de la paroi et à nettoyer la fourchette, à condition que le teneur de pied ait placé ses pouces dans le creux du paturon. Les tricoises : sont de fortes pinces à mors recourbés et fortement tranchants; elles servent à soulever le fer, à le faire porter à chaud sur la corne et à retirer les clous, les couper, les river et les resserrer. Tricoises à déferrer - 28 - Tricoises à talon Le dérivoir : permet de redresser les rivets des clous, on peut utiliser un rogne-pied usagé à la place. Le compas à pointes angulaires : permet de faire porter à chaud le fer plus facilement qu'avec l'extrémité des branches des tricoises. La sacoche de maréchal : sert à ranger et transporter tous ces instruments. Trépied : de bois ou de fer permet de surélever le pied antérieur du cheval en fin de ferrage pour râper l‟excédant de la corne. Le couteau anglais : est une lame à un seul tranchant intérieur emmanchée de bois ou de corne, semi-circulaire et terminée par un bref retour tranchant; il sert à éliminer les écailles de vieille corne et à régulariser les lacunes de la fourchette. - 29 - La pince coupante : est à mors plats et extrêmement tranchants; elle permet de couper l'excédent de corne sur le pourtour de la paroi du sabot. Le tranchet : c‟ est une épaisse lame coupante d'un côté et plate de l'autre, incurvée sur elle-même, solidement tenue au bout d'un court manche de bois; manié à la façon d'un rogne-pied, il sert à couper la corne quand celle-ci est trop dure pour être rognée à la pince coupante. La pince crocodile : Elle comporte un mors aplati et un mors arrondi vers le haut qui porte de petites pointes intérieures; elle permet de river commodément les clous en rabattant leur lame qui a traversé la corne. Le tablier : Il est en de cuir est fendu suivant le milieu de sa longueur afin qu'il protège le maréchal-ferrant au niveau de ses cuisses, entre lesquelles ou contre lesquelles il serre le canon du membre à ferrer. - 30 - Dégorgeoir : cet outil permet de réaliser une encoche dans la corne, sous la sortie du clou, afin d‟y loger l‟épaisseur du rivet. Deux types pour utilisation à main droite ou main gauche. Le compas d'angularité permet de préciser très exactement l'aplomb longitudinal du pied posé à terre avec le modèle canadien ou en position de ferrage à l'anglaise avec le modèle Diamond. Modèle Finnegon Modèle Laitonné 4. Fer à cheval 4.1 Description générale Le fer est une bande métallique contournée sur elle même pour avoir la forme de la surface portante du pied qu'il protège contre l'usure. Le fer est constitué de deux faces: La face supérieure : en contact avec le sabot et où on voit les contre- perçures. La face inférieure : creusée des étampures soumise à l'usure du sol. - 31 - Quelques définitions : a- L'épaisseur : c‟est la distance entre les deux faces du clou. Elle détermine le calibre des clous. b- Les étampures : ce sont des ouvertures destinées à loger la tête des clous : • Le fer est étampé à gras, quand les étampures sont éloignées de la rive externe, généralement aux branches externes. • Le fer est étampé à maigre, lorsque les étampures sont plus rapprochées de la rive externe, généralement aux branches internes. - 32 - Les étampures de la branche externe sont plus à gras que les internes. Les fers de devant possèdent des étampures plus près de la pince. Ces étampures font défaut dans la partie postérieure du fer pour favoriser le libre jeu des talons. c- La tournure : c‟est la forme donnée au fer pour l'adapter au contour du pied. Les fers antérieurs ont une forme arrondie alors que les fers postérieurs ont une forme ovale. d- La garniture : c‟est la partie du fer qui déborde en dehors de la circonférence du pied ferré. Elle doit être nulle en pince et commencer à la mamelle pour augmenter progressivement jusqu'au talon de la branche externe. En ce qui concerne la branche interne, elle débute au milieu du quartier. La garniture présente l'avantage de conserver l'élasticité du pied en permettant l'écartement des talons et favoriser la pousse de la corne mais sans déborder du fer. La garniture ne doit pas être prononcée pour éviter que le Cheval ne se déferre par maladresse du pied opposé ou à se faire des atteintes. e- L'ajusture : c‟est l'incurvation de la face supérieure du fer taillé ou non en biseau. Elle permet la descente de la sole au moment de l'appui. On en distingue plusieurs types: L'ajusture française. L'ajusture anglaise, l'ajusture combinée et l'ajusture du mulet. • L'ajusture française : elle consiste en une incurvation régulière, calculée et peu sensible de la face supérieure à partir du milieu des branches, les extrémités du fer sont plates. • L'ajusture anglaise : elle est caractérisée par la subdivision de la face supérieure du fer en deux parties, l'une interne biseautée occupant le tiers de l'épaisseur du fer et les trois quarts antérieurs de sa longueur et l'autre externe plane plaquée contre la paroi du sabot. • L'ajusture combinée : c‟est la combinaison des deux techniques précitées. - 33 - • L'ajusture du mulet : elle est caractérisée par une partie antérieure relevée d'un côté à l'autre. Cet ajustement permet de mettre la sole à l'abri du contact avec le fer et prolonge la durée de vie du fer. f- Le pinçon : c‟est une languette métallique triangulaire en pince ou en mamelle destinée à donner plus de fixité au fer pour venir en aide aux clous. En général, on utilise un pinçon en pince sur les fers de devant et deux pinçons en mamelle sur les fers de derrière. g- Les contre-perçures : ce sont de petites ouvertures au fond des étampures qui laissent le libre passage à la lame des clous. h- Les mortaises : elles sont percées en éponges et en mamelles pour recevoir des crampons mobiles. i- Les crampons : ce sont des replis du fer en éponges qui permettent d'élever les talons et empêcher les glissades. Ils peuvent être fixes ou mobiles. j- pointure : la pointure du fer correspond aux dimensions du pied à ferrer, elle peut être mesurée de deux façons : Manière ancienne : la pointure correspond au nombre de centimètres du périmètre extérieur du fer avec une tolérance de 5mm en plus ou en moins. Manière moderne : en se referant aux tableaux donnés par le fabriquant, la pointure correspond à deux dimensions une largeur A et une hauteur B toutes les deux indiqués en mm. 4.2 Fer de devant et celui de derrière : Le fer de devant , tout comme le pied antérieur a une forme arrondie, la branche externe est plus incurvée que la branche interne; celui de derrière a une forme ovale ; Le fer de devant est menu de pinçon fort levé un peu en dedans de la pince, le fer de derrière porte deux pinçons et parfois des crampons aux bronches. - 34 - 4.3 Fer droit et fer gauche L‟arrondi est plus marqué sur la branche de dehors pour les antérieurs. Les étampures sont plus proches de la rive externe de la branche de dedans. 5. Clou à ferrer Les clous à ferrer sont appelés aussi clous à cheval ou clous de maréchal. Ils servent à fixer le fer au pied du cheval. Ils étaient fabriqués à la main jusqu‟en 1878, année où les Etats-Unis puis la Suède lancèrent sur le marché les premiers clous de bonne qualité fabriqués industriellement. Il existe, plusieurs types de clous, correspondant à toutes les pointures de fers. Les plus petits numéros étant de plus grande taille et inversement. Les clous servent à fixer le fer au pied. Le grain d'orge et l'affilure doivent toujours être placés vers l'intérieur du pied au moment du brochage, si non le clou s'enfoncerait dans les tissus vivants du pied. 5.1 Description du clou à ferrer On distingue plusieurs parties dans le clou : La tête : elle est rectangulaire et pyramidale dont le sommet s‟appelle la frappe. Le collet : d‟une hauteur égale à l‟épaisseur du fer. Il se bloque dans les étampures. Les clous de commerce sont dits à „‟long collet‟‟ et à „‟demilong collet‟‟, alors qu‟en réalité le collet est la partie où se rejoignent la tête et la lame du clou. La lame ou la tige : elle est de longueur variable, rectiligne, à surfaces lisses, d‟une largeur sensiblement constante ; l‟une de ses faces est plate, - 35 - l‟autre (qui sera tournée vers l‟intérieur du pied lors du brochage) est légèrement concave jusqu‟à une saillie inférieure ou grain d‟orge. Elle est terminée par un plan incliné ou affilure se prolongeant jusqu‟à la pointe très aigue du clou. Les arêtes de la lame sont très légèrement émoussées pour empêcher la corne d‟éclater au passage du clou dans la corne. Certains auteurs ont précisé que le grain d‟orge et l‟affilure doivent toujours être placés vers l‟intérieur du pied au moment du brochage, sinon le clou s‟enfoncerait dans les tissus vivants du pied. Le rivet : c‟est la pointe du clou qui ressort de la paroi, elle est retournée sur elle-même, puis plaquée contre le sabot (brochée) ; elle se transforme alors en un rivet. La souche : c‟est le morceau de vieux clou qui est resté inclus et invisible dans la corne. La caboche : c‟est le vieux clou retiré de la corne après un certain temps de ferrure. La tête à coupe rectangulaire, sa face supérieure s'appelle la frappe Le collet qui entre dans les étampures du fer La lame qui s'enfonce dans la paroi Le grain d'orge L’affilure qui provoquent l'incurvation de la lame vers l'extérieur La pointe qui pénètre dans la corne et qui sera rivée et coupée différentes parties d'un clou à fer - 36 - 5.2 Les dimensions des clous à ferrer Elles varient selon les besoins des fers à fixer et sont matérialisées par des numéros. Il existe de plusieurs types de clous correspondant à toutes les pointures. 5.3 Le bon clou à ferrer : Le bon clou à ferrer a une forme régulière, des surfaces lisses, des arêtes nettes et légèrement adoucies, l‟affilure bien faite et la pointe dans son plan de symétrique. Le métal doit être de bonne qualité et ne pas comporter de paille. Le bon clou se plie facilement sans se casser et devient blanc au pli. Il peut subir au moins six pliages de chaque côté entre deux coins à bords supérieurs arrondis. Sa tête prise dans l‟étau à la jonction avec le collet peut s‟aplatir de la moitié de sa hauteur par des coups de marteau sur la frappe sans se séparer de la lame. 5.4 Le clou anglais : Utilisé principalement pour la ferrure anglaise rainée. Le clou anglais est petit, sa tête a la forme d‟un coin pyramidal à base rectangulaire et sera - 37 - logée dans la rainure du fer anglais. Sa lame est un peu plus courte que celle du clou ordinaire. 5.5-Le clou à rasseoir : Appelé aussi clou à tête plate ; il est plus pratique pour consolider un fer usé avant qu‟on le remplace. - 38 - Le Ferrage normale et ses techniques -------------------Plan-------------------Introduction 1. Le Cheval au Ferrage 1.1 Caractère et expression du cheval 1.2 Manière d'aborder le cheval 1.3 Manière D'attacher Le Cheval 1.4 Manières de lever, de tenir et de poser le pied 1.5 Ferrage Des Chevaux Difficiles 2. Ferrage du pied normal 2.1 Déferrage 2.2 Parage 2.3 Ferrure 2.4 Choix du fer 2.5 L‟application du fer 3. Caractéristiques d'un pied bien ferré 3.1 Direction et aplomb du pied 3.2 Ferrure - 39 - Le Ferrage normale et ses techniques « La maréchalerie est une suite d‟opérations destinées à adapter les fers aux pieds du cheval. » 1. Le Cheval au Ferrage 1.1 Caractère et expression du cheval Le cheval domestiqué est un être naturellement doux et docile. Il est doué d'une étonnante mémoire qui ne lui fait oublier ni les bons ni les mauvais traitements. Toutefois certains chevaux peuvent être peureux, méfiants et irritables parce qu'ils ont été insuffisamment dressés ou une première fois brusqués ou malmenés. En ce cas, tous peuvent mordre ou frapper, les entiers frappent du devant, les hongres et les juments frappent de derrière, d'où le dicton: « Méfie-toi du devant du cheval entier et du derrière de la jument ». Le cheval animé de mauvaises intentions prévient l'homme par son expression hostile. S'il veut mordre, ses oreilles se couchent, ses yeux menacent, ses lèvres se retroussent, sa tête s'allonge vers l'homme. S'il veut frapper ou ruer, il piétine sur place, tourne une oreille du côté ou à l'approche, fouaille de la queue ou la serre entre ses cuisses. Le maréchal-ferrant doit être convaincu qu'à l'égard de la force supérieure et parfois aveugle du cheval, seules la patience et la douceur sont les gages de la sécurité et de la facilité de son travail. 1.2 Manière d'aborder le cheval Comme le cheval entend mieux qu'il ne voit, il faut l'avertir par la voix pour éviter les surprises et les défenses: voix douce et rassurante s'il est bien disposé ou craintif, voix forte et impérieuse s'il se montre menaçant. Au - 40 - besoin, on le regarde très fixement dans les yeux en prenant une attitude ferme et dominatrice. Comme il est habitué à ce qu'on l'aborde et le bride, qu'on le selle ou le monte par son côté gauche, il faut marcher directement vers son épaule gauche sans précipitation ni gestes, les bras tombant naturellement et, avant d'entrer dans son box ou d'en sortir, en lui commandant à la voix de ranger ses hanches. Après l'avoir prévenu, on doit sans cesser de parler le toucher franchement sur le plat gauche de l'encolure, le laisser flairer et tâter du bout du nez l'homme qui va le ferrer, le caresser dans le sens du poil en se rapprochant de la région qu'on veut atteindre, et recommencer s'il le faut les caresses à partir du garrot. 1.3 Manière D'attacher Le Cheval Certains chevaux se laissent ferrer dans leur box sans être attachés. A l'intérieur du box ou loin de lui, d'autres doivent être bridonnés et tenus en main pendant la ferrure, ou bien être attachés à un anneau. Pour un motif quelconque, le cheval à l'attache est parfois tenté de tirer au en risquant de se renverser dans un panache peut-être mortel; même si l'on peut alors le repousser plus ou moins vivement vers l'avant, il est indispensable qu'on puisse le détacher de toute urgence. En conséquence, pour attacher le cheval qu'on ferre, ou bien on passe sa longe dans l'anneau et on la fixe par un nœud coulant qu'une rapide traction dénouera instantanément s'il le faut, ou bien on passe les rênes dans l'anneau puis dans la sous-gorge qu'il suffira de déboucler pour libérer le cheval en cas d'urgence. 1.4 Manières de lever, de tenir et de poser le pied Les procédés diffèrent selon que le cheval est ferré à l'anglaise ou à la française, mais dans tous les cas il convient de le faire en un endroit familier du cheval, sur un terrain sec et uni, sans exposer l'animal à être surpris par un autre cheval ou par une autre personne. - 41 - Ferrage à l'anglaise L'opération est exécutée sans aide par le seul maréchal-ferrant. Par rapport au ferrage à la française tel qu'on le décrira ci-après, le ferrage à l'anglaise est une opération plus fatigante et moins commode pour l'ouvrier; malgré cela, c'est certainement le premier procédé à retenir puisque, outre qu'il rend le cheval plus calme pendant l'opération. A l'heure actuelle, tout maréchal-ferrant doit être habitué à ferrer systématiquement à l'anglaise et ne doit procéder à la française que pour des cas isolés et difficiles. . Pied de devant : Le maréchal-ferrant se place tout contre l'épaule du cheval, face à l'arrière; il passe sa jambe intérieure en dedans du membre à ferrer, appuie le boulet et le canon entre ses cuisses et les soutient ainsi pendant tout le ferrage, en appuyant le pied sur ses genoux sans trop le tirer en dehors. . Pied de derrière : Pour travailler sur le pied postérieur gauche, le maréchal tient sa jambe gauche en avant; pour travailler sur le pied postérieur droit, il tient sa jambe droite en avant. Pour travailler sur le quartier du dehors, il place sa jambe gauche en arrière de la droite, sa cuisse droite bien allongée et dans une direction oblique, le genou fléchi pour servir d'appui au boulet et au pied. Pour travailler sur le quartier du dedans, il place sa jambe gauche en avant de ta droite pour soutenir le pied avec la première et le boulet avec la seconde, et il appuie son bras droit contre le tendon afin de profiter de ce point fixe de réunion avec le cheval. Au cours de son travail, il ne doit pas tolérer que le cheval se laisse porter, et il le laisse s'affaisser contre le sol s'il s'entête à le faire. Etant essayant de s'équilibrer sur ses trois autres pieds, l'animal comprend vite qu'il doit obéir et attendre docilement qu'on reconduise à terre son pied ferré. - 42 - Ferrage à la française . Pied de devant (le gauche par exemple) L'aide se place à la hauteur de l'épaule gauche, face tournée vers la tête du cheval. Il pose sa main droite sur le garrot, et avec sa main gauche il lève le pied gauche, l'aide exécute un demi-tour à droite qui le met dans la position à conserver pendant le ferrage; il appuie le genou du cheval contre sa cuisse gauche, porte sa jambe droite en arrière pour s'y appuyer, puis serre ses deux mains autour du paturon, les pouces se touchant dans le pli du paturon. Une fois Le ferrage terminé, l'aide reconduit doucement le pied à terre. - 43 - . Pied de derrière (le droit par exemple) L'aide se place en face de l'épaule droite, pose ses deux mains sur le garrot puis sur le dos du cheval et les glisse lentement vers la croupe tout en flattant et en parlant. Si le cheval garde son calme, l'aide appuie sa main droite sur la hanche droite, glisse peu à peu sa main gauche le long du membre en dehors et en arrière jusqu'au paturon, pousse alors doucement le cheval avec la main droite pour rejeter le poids du corps sur le pied opposé, et en même temps serre un peu sa main gauche autour du paturon pour avertir l'animal qu'on veut lever son pied. Le pied s'étant soulevé, l'aide se tourne peu à peu à gauche en gardant en main le paturon, il amène le canon en direction du ventre du cheval, il effleure la jambe avec la cuisse droite qu'il appuie tout à fait si l'animal ne se défend pas, puis il abaisse sa main droite de la hanche au paturon, il ramène le membre vers l'arrière et le soutient à deux mains par le paturon tout en entourant le jarret avec le bras droit et en s'adossant franchement contre la cuisse droite du cheval. Pour renforcer sa prise et sa sécurité, l'aide bloque la queue du cheval en la serrant par les crins afin d'augmenter sa stabilité par rapport à l'animal et d'éviter des « coups de fouet » gênants ou même dangereux. Une fois Le ferrage terminé, l'aide tourne sur le pied gauche, s'appuie de la main droite sur la hanche du cheval, retire sa jambe droite en la rapprochant de sa jambe gauche, puis reconduit doucement le pied à terre. 1.5 Ferrage des chevaux difficiles Beaucoup de chevaux ont été habitués dès leur enfance à donner leurs pieds comme si l'on devait les parer ou les ferrer. D'autres n'ont pas profité de la même précaution et sont surpris ou affolés par le ferrage. Au début comme par la suite, tout doit se passer dans le calme et la douceur, et tout doit être fait pour éviter des moyens brutaux qui ne feraient qu'augmenter leur révolte. Pour y parvenir, on ferre en liberté ou en présence du lad - 44 - habituel, on parle sans cesse au cheval craintif, on l'habitue peu à peu aux objets qui l'effraient, on lui offre de l'avoine ou toute autre friandise, on ne le laisse pas seul à la forge, on évite les bruits ou les spectacles insolites, on couvre les yeux avec une capote ou une couverture, on bourre du coton dans les oreilles, on joue du bridon, on ferre aux heures où les mouches sont moins harcelantes. Malgré tout, certains sujets sont et restent difficiles au ferrage et doivent être soumis à un dressage spécial ou même à des moyens délibérés de contrainte. Moyens de force Ils sont déconseillés car ils ne font que rendre foncièrement méchant un cheval qui, au début, manquait simplement de confiance. Entraves: L'entravon classique est un bracelet de cuir rembourré de feutre et muni d'un anneau de métal où l'on peut passer une corde. A côté de lui, il existe différents modèles d'entraves ou trousse-pieds de cuir, souvent en forme de huit où l'on coince le genou ou le jarret du cheval. Plate-longe : La plate-longe est une forte corde de 4 mètres, aplatie sur la moitié de sa longueur et terminée à l'une de ses extrémités par une boucle. On la fixe de la manière indiquée ci-dessous en A pour un membre antérieur et en B, C et D pour un membre postérieur. le teneur de pied s'éloigne vivement quand le cheval se rebelle, et il s'appuie à l'épaule ou à la hanche pendant que l'aide tend la plate-longe. - 45 - A B C D Serrer les oreilles: Deux aides se placent de chaque côté de la tête et agrippent d'une main un montant du bridon et de l'autre l'oreille à sa base. La douleur immobilise passagèrement le cheval. Tord-nez: Le tord-nez est un bâton muni à une extrémité d'une anse de corde ou de chaînette, dans laquelle on enserre plus ou moins fortement le nez ou une oreille du cheval, que la douleur immobilise aussitôt pour quelques minutes seulement. Pour de courtes interventions, on peut moins dangereusement immobiliser un cheval en pinçant énergiquement sa peau le long du bord antérieur d'une épaule ou au pli du grasset, ou encore en tordant de force sa queue contre le haut de la croupe. Licol de force : Le cheval est immobilisé par une forte corde qui, disposée en nœud coulant entre la nuque, les ganaches et les commissures des lèvres, résiste aux rébellions les plus violentes. - 46 - Travail: Mettre un cheval dans un travail présente toujours un gros risque d'accident. Le travail doit être uniquement réservé aux chevaux énormes et dont un aide ne pourrait longtemps tenir le pied. 2. Ferrage du pied normal Un cheval doit être ferré toutes les quatre à six semaines. Pour les chevaux de courses, l'intervalle entre deux ferrures est de deux à trois semaines. 2.1 Déferrage Les rivets sont d'abord coupés contre la paroi à l'aide d'un dérivoir ou peuvent être limé à la râpe. A l'aide d'une tricoise, on procède à l'avulsion du fer en effectuant des mouvements de bascule, alternativement sur ses deux branches afin de faire dégager les clous. L'enlèvement du fer est ensuite réalisé après avulsion de la pince. On peut aussi procéder à l'enlèvement des clous un à un à l'aide d'une pince arrache-clous. 2.2 Parage C'est une étape du ferrage qui consiste à préparer la face plantaire du pied et à recevoir le fer. Il se base sur l'enlèvement de l'excès de corne qui donne au sabot trop de longueur ou trop d‟épaisseur pour ramener le pied à sa forme et son aplomb normaux. - 47 - Avant de parer le pied, un examen minutieux du cheval au repos et aux allures permet de définir le meilleur aplomb. Le parage doit permettre d'aligner les axes du pied et du paturon. Il ne faut pas modifier exagérément l'inclinaison d'un pied mal orienté. Le pied doit être nettoyé avec un cure-pied. Ensuite, les portions dévitalisées de la fourchette sont parées à l'aide d'une rénette. Celle-ci est aussi utilisée pour parer la sole jusqu'à l'obtention d'une corne souple. La paroi est parée avec une tricoise en respectant l'inclinaison adéquate du pied. Le parage peut se continuer jusqu'au niveau de la fourchette mais jamais plus bas. Les barres doivent être rabaissées jusqu'au niveau des talons. Une râpe permet ensuite de régulariser la surface parée de la paroi. Il faut éviter de rabaisser excessivement les talons car cette pratique conduit à une brisure de l'axe pied-pâturon et peut, par la suite, augmenter les pressions exercées sur le tendon fléchisseur profond. 2.3 Ferrure La ferrure ou ferrage est l‟opération qui consiste à faire porter le fer au sabot du cheval. Un cheval n‟a besoin d'être ferré que lorsqu'il doit mieux "mordre" le terrain, quand son utilisation provoque une usure excessive de ses sabots, ou lorsque ses allures doivent être corrigées ou modifiées. Il existe deux méthodes de ferrage : Le ferrage à l'anglaise : c‟est le procédé de base pour le maréchal ferrant qui est souvent forcé à travailler seul. L‟opérateur commence d‟abord par utiliser la pince coupante pour supprimer l‟excédent de corne en partant du talon vers la pince. Puis, il utilise la râpe pour mettre à plat la surface d‟appui en attaquant les quartiers aussi peu que possible. Ce type de ferrage convient à la mise en place de fers légers, souvent remplacés comme dans le cas des fers de course. Le ferrage à la française : Il fait appel à un aide qui tient et présente le pied au maréchal ferrant, ce qui permet une plus grande - 48 - indépendance des gestes de ce dernier. Il est préféré pour l'application de ferrures lourdes. Sa particularité est que l‟opérateur n‟utilise que le rognepied et la mailloche pour parer le pied. 2.4 Choix du fer Une fois que le pied est correctement paré, suivant les principes précédemment décrits, il faut lui choisir le fer et la pointure appropriés. La pointure est adéquate, lorsque le fer épouse le contour de la paroi et que ses éponges dépassent les talons du sabot d'environ 6 mm. C'est le fer qui doit être aux dimensions du pied et non le pied qui doit s'adapter au fer. Les branches doivent déborder la paroi des talons et des quartiers sur environ 1,5 mm afin d'encourager leur expansion (la garniture). Aucun clou ne doit être placé au-delà du sommet de la convexité de la paroi en quartiers ou au-delà des deux tiers de la longueur du fer mesurée à partir de la pince ; dans le cas contraire, les clous situés à l'arrière du pied limiteraient son expansion. 2.5 L’application du fer Après le choix du fer, celui-ci est appliqué selon deux méthodes : à chaud ou à froid. Application à chaud : elle est généralement plus prisée parce qu'elle permet d'agir plus précisément sur la tournure du fer. Une fois que le fer convient au pied, le maréchal-ferrant le fait porter définitivement alors qu'il est encore brûlant. A la face inférieure du pied, le fer laisse une large empreinte de corne brûlée qui indique l'étendue et l'exactitude de son contact avec le sabot et qu'il faut se garder d'enlever . A la face supérieure du fer, l'empreinte de corne brûlée en talons indique la longueur exacte à donner aux branches. Le fer est lentement refroidi dans l'eau. Les contreperçures sont débouchées sur l'étau à partir des étampures. Il faut qu'elles soient nettes et suffisamment grandes pour laisser passer librement les lames du clou, dont le brochage est alors beaucoup plus facile. - 49 - Application à froid : on accroche le fer sur l‟enclume et on le pose verticalement sur le pavé, la pince dirigée vers le haut, on frappe le milieu de la pince pour l‟arrondir et on remodèle au marteau les éponges placées au milieu de la pince pour l‟arrondir et on remodèle au marteau les éponges placées sur l‟enclume. Pour le fer des membres postérieurs, on aplatit la courbure du fer en le plaçant sur l‟enclume. Chaque branche du fer posée sur l‟enclume et redressée, de la pince à la dernière étampure, puis recourbé vers l‟intérieur. Les clous sont brochés en les plantant en direction de la muraille du sabot pour aller sortir en haut au tiers inférieur du pied. Après avoir serré puis coupé les lames des clous, ces derniers sont rivés en enlevant la corne qui s'est soulevée. Le maréchal ferrant donne ensuite un léger coup de râpe sur la paroi jusqu'au niveau des rivets. Le cheval est finalement examiné à l'arrêt puis en mouvement pour vérifier qu'il est correctement ferré. 3. Caractéristiques d'un pied bien ferré Pour évaluer une bonne ferrure on doit vérifier Les critères suivants : 3.1 Direction et aplomb du pied Pour un pied bien ferré, les caractéristiques sont jugées de face, de profil et de derrière. De face : l'axe sabot paturon est une ligne droite sans brisure, les deux quartiers sont de même hauteur, l'appui est bien à plat, le pinçon est au milieu de la pince pour le pied antérieur et en mamelle pour le pied postérieur et les rivets sont sur une même ligne horizontale à près d'un tiers du bas de la muraille, ceux de la pince sont à égale distance du sommet du pinçon. De profil : le pied n'est ni long ni court. Le profil de la pince est rectiligne du bourrelet au fer, les talons normalement inclinés sont d'une - 50 - longueur égale à la moitié de celle de la pince, alors que certain professionnels juge qu'ils devraient être égaux au tiers de la longueur de la pince. La pince est légèrement relevée aux fers de devant mais porte à plat avec ceux de derrière. La garniture commence au milieu des quartiers et augmente progressivement jusqu'aux éponges sans dépasser la verticale abaissée du bourrelet. De derrière: les deux talons sont de même hauteur, ils reposent bien à plat sur les éponges, celles-ci sont à égale distance de la lacune médiane. 3.2 Ferrure Adams (1975) évalue une bonne ferrure selon les critères suivants : a- Le fer doit présenter une garniture suffisante pour permettre l'expansion des quartiers et des talons; ses éponges doivent dépasser légèrement les glomes (1,5 à 6 mm). b- Les clous doivent émerger de la paroi à environ 1,3 ou 2 cm de son bord plantaire ; les rivets doivent être nivelés à la râpe. Les deux clous de derrière ne doivent pas être implantés en arrière du sommet de la convexité des quartiers, sauf lorsqu‟il s‟agit d‟une ferrure de course. c- La sole doit être libérée de ses écailles superficielles ; la fourchette doit être nettoyée en enlevant tous ses tissus nécrosés ou dévitalisés et ses lacunes doivent être dégagées (sauf au niveau des talons) afin d‟éviter qu‟elles n‟amassent des souillures ou des crottins. d- La fourchette ne doit pas être en contact avec le sol. - 51 - Fabrication Du Fer -----------------Plan-------------------Introduction 1. Forgeage à la main 1.1 Généralités 1.2 Forgeage Du Fer 1.3 Fer Bien Forgé 1.4 Fabrication du fer anglais 1. 5 Rechargement du fer à la mécanique 2. Fer industriel - 52 - Fabrication Du Fer Introduction Qu'ils doivent être appliqués à la française ou à l'anglaise, dans la pratique les fers à cheval sont le plus souvent préparés industriellement sous la forme de fers à la mécanique que le commerce livre sous les types et les pointures que l'on désire. Il est pourtant essentiel que le maréchal ferrant soit capable de réaliser lui-même des fers forgés à la main. Non seulement le forgeage fait partie de ses connaissances professionnelles fondamentales, mais encore l'ouvrier sera tôt ou tard obligé de façonner de toute pièce des fers destinés à des cas particuliers, et d'autre part il ne pourra en aucun cas se passer de la seule technique qui permette d'adapter correctement un fer donné à un pied donné. 1. Forgeage à la main 1.1 Généralités Le fer forgé à la main est fabriqué à partir du lopin en barre, le lopin bourru ou la ferraille, ces deux derniers matériaux plus faciles à forger grâce à des opérations qui restent les mêmes dans tous les cas. Avant toute chose, le maréchal doit choisir le lopin en fonction du fer à forger. Il prépare des paires de même poids en se fiant à son expérience et au besoin à la balance, en se souvenant qu'au cours de leur transformation, le lopin bourru perd 1/1O de son poids et le lopin en barre en perd 1/20. Le forgeage est exécuté par deux ouvriers, un forgeur et un frappeur. Le maréchal, qui tient le fer, est le forgeur. L'ouvrier qui aide le maréchal est le frappeur. - 53 - Le frappeur doit toujours suivre attentivement le forgeur, frapper à la même place que lui, l'imiter en frappant fort s'il y a lieu ou en modérant ses coups, suivre la cadence jusqu'à ce que le forgeur «lui donne congé » par une battue frappée sur l'enclume d'une façon particulière à chaque ouvrier. Forger, c'est l'action du forgeur et du frappeur qui martèlent le fer sur le plat et sur champ. Contre-forger, c‟est au contraire l'action alternative du frappeur qui bat le fer sur champ et du frappeur qui bat le fer sur le plat. On forge et on contre-forge pour souder le lopin, dégorger ou étendre le fer et lui donner un commencement de tournure. En contre-forgeant le fer, on le soude et on l'affermit mieux que par le simple forger. On forge et on contre-forge à l'origine de la bigorne de l'enclume. Battre à plat, c'est égaliser les faces du fer, seul ou à deux ouvriers. Bigorner, c'est frapper sur la rive externe du fer placé de champ sur la bigorne pour régulariser la tournure, modifier et répartir la couverture, égaliser les rives. Ces quatre opérations doivent être exécutées en allant de la pince à l'éponge. Le fer se chauffe à des degrés différents: - chaude rouge-cerise pour modeler et ajuster le fer; - chaude blanche pour forger le lopin en barre; - chaude suante ou de fusion pour souder le lopin bourru. 1.2 Forgeage du fer L'opération est toujours commencée par la branche externe et par le fer gauche. Elle est exécutée en deux chaudes. Première chaude: Ayant été placé dans un feu en forme de voûte pour concentrer sa chaleur, le lopin est porté à un degré suffisant dans les deux tiers de son étendue. Le forgeur le saisit avec les tenailles qu'il tient dans sa main gauche, il le frappe contre le billot de l'enclume pour le débarrasser d'une partie de sa crasse, puis il le porte à plat sur la bigorne. Il prend le fertier dans la main droite, aidé par le frappeur ou agissant seul, il va - 54 - successivement marteler à plat pour souder le fer sur toute l'étendue de la branche, contre-forger, frapper à plat, bigorner, étamper, contre-percer et dresser le fer. . Forger et contre-forger: A mesure que la branche s'allonge, l'ouvrier lui donne une ébauche de tournure en élevant progressivement la main qui tient les tenailles, par un mouvement tournant autour du poignet sans élévation marquée du coude. . Frapper à plat: Le forgeur et le frappeur terminent par une battue à plat de la face supérieure du fer, afin de donner à la branche une couverture et une épaisseur à peu près régulières. . Bigorner: Le forgeur échange son fertier contre le marteau à main. Agissant seul à présent, il bigorne la branche en égalisant son épaisseur ainsi que sa couverture et en complétant sa tournure, toujours en commençant par la pince, et en allant vers l'éponge. Le fer est bien bigorné quand sa rive externe est nette et régulière. . Etamper: Le maréchal prend en main l'étampe première et perce les étampures dont le nombre varie avec la pointure du fer. . Contre-percer: Il contre-perce au poinçon les étampures qu'il vient de mettre en place. . Dresser le fer: Par cette opération, il régularise la rive externe déformée par l'étampage et le contre-perçage, puis il rectifie la tournure du fer. Ceci fait, il choisit les tenailles qui lui permettront de tenir solidement le lopin quand il forgera la deuxième branche. Il remet ensuite le lopin au feu. Deuxième chaude: Quand le lopin est de nouveau suffisamment Chaud, le forgeur le saisit par la branche déjà forgée, et aidé par le frappeur, il soude le fer et l'allonge dans les mêmes conditions que pour la première branche (en ayant soin de ménager dans la région de la pince une masselotte qui servira plus tard à lever le pinçon). - 55 - Quand la branche est suffisamment allongée, le forgeur rapproche ses tenailles de la mamelle de la première branche sans interrompre les battues. Il contre-forge la région de la pince pour donner la tournure nécessaire; puis pendant que le frappeur continue à frapper à plat, il bat à faux le fer sur champ pour donner progressivement la tournure en mamelle du dehors et un peu en mamelle du dedans. De ce fait, les deux extrémités du .fer se rapprochent peu à peu. Dans une opération qu'on appelle « monter à cheval », le forgeur pose de champ la première branche et donne plusieurs coups de fertier en différents points de sa rive externe afin que les deux branches soient suffisamment rapprochées l'une de l'autre. Il termine le forgeage en présentant la face supérieure du fer au frappeur qui la nivelle par une série de coups de marteau plus ou moins forts selon que l'épaisseur à rectifier est plus ou moins grande. Après avoir commencé vers la deuxième étampure de la première branche et avoir été successivement jusqu'aux extrémités de chaque branche, le forgeur donne congé au frappeur. Comme pour la première branche, le forgeur égalise le fer, régularise la tournure, donne à la masselotte de pince sa forme et sa situation définitives. Aidé du frappeur, il étampe rapidement le fer avant qu'il se refroidisse, il rectifie la dernière étampure de la branche externe, perce les deux étampures de pince à égale distance de la masselotte, continue à étamper en veillant à rester plus à maigre que pour la première branche puisqu'il n'y aura pas de garniture en branche interne. Il contre-perce les étampures, dresse le fer et la bigorne pour achever de lui donner sa tournure. L'étampage est une opération très importante. Même s'il a une mauvaise tournure, un fer bien étampé est toujours facile à poser; même si sa - 56 - tournure est bonne, un fer mal étampé est impossible à appliquer correctement. Pour cette opération, les étampes doivent être en bon état bien entretenues et correspondre aux têtes des clous qui y seront logées. 1.3 Fer Bien Forgé . Fer de devant a) Vu du côté étampures: forme arrondie, éponges légèrement redressées en vue de donner de la garniture, branche interne un peu plus droite que l'externe, rive interne en courbe régulière sans se rapprocher brusquement de l'axe du fer, branches de longueur identique, couverture symétrique et diminuant insensiblement de la pince aux éponges, étampures régulièrement espacées et bien placées sur la moitié ou les deux premiers tiers du fer avec angles très légèrement arrondis. Fer vu de champ Face supérieure d'un fer gauche b) Vu de champ des deux côtés: rives perpendiculaires aux faces, fer bien soudé sans criques ni gerçures, épaisseur uniforme, branches situées dans un même plan sinon l'aplomb du pied ne pourrait pas être respecté. - 57 - c) du côté contre-perçures: examiné en tournant vers le bas la pince puis les éponges, le fer montre que la situation, la forme et les dimensions des contre-perçures sont correctes. d) Par comparaison: aussi semblables que possible, les deux fers de devant se couvrent exactement quand on les met en contact par leur face inférieure. . Fer de derrière a) Vu du côté étampures : tournure ovale comme celle du pied auquel le fer est destiné, maximum de sa largeur en dessous du milieu de sa longueur, branches de longueur identique et permettant au fer de se tenir verticalement en équilibre si on le place debout sur ses éponges, branche externe plus contournée que l'interne, couverture diminuant de la pince aux éponges et davantage à la branche du dedans qu'à celle du dehors, étampures correctes, régulièrement espacées et bien placées à partir des mamelles, plus loin vers les éponges qu'au fer de devant. b) Vu de champ des deux côtés: rives perpendiculaires aux faces, épaisseur de la pince dépassant de 2 ou 3 mm celle des éponges, branches dans un même plan, fer bien soudé sur toute son étendue. c) Vu du côté contre-perçures: contre-perçures bien placées, face supérieure du fer parfaitement plane. d) Par comparaison: les deux fers constituent une demi-ferrure à éléments aussi semblables que possible. 1.4 Fabrication du fer anglais Le fer anglais et ses dérivés se caractérisent essentiellement par leur rainure. Leur fabrication obéit aux mêmes règles que celles du fer normal à l'exception de l'action de la tranche qui creuse cette rainure. Au forgeage, la rive externe du fer est bigornée en légère oblique de haut en bas et de dedans en dehors de façon à ce qu'elle devienne verticale - 58 - quand on ouvrira la rainure. Comme le fer prendra une couverture plus grande du fait de son ajusture anglaise et de sa rainure, il doit être forgé plus dégagé qu'il ne le sera une fois terminé. Après avoir terminé la première branche, le forgeur place la tranche à environ 2 cm de l'extrémité de l'éponge et la fait reculer vers la pince par de légers déplacements en bascule, pendant que son aide la frappe très légèrement avec le marteau à frapper devant tenu aussi près que possible de l'œil de l'instrument. Dans un premier passage, la tranche trace la rainure, dans un deuxième elle lui donne sa profondeur, dans un troisième elle la régularise. La rainure sera d'autant plus nette que chaque bascule de la tranche aura parcouru un plus petit espace et que les coups de marteau auront été donnés plus rapidement. Quand la rainure est nette et de la profondeur voulue, les étampures sont percées avec une étampe rectangulaire étroite, puis elles sont contrepercées. Pour ce faire, il se sert du fertier et frappe le fer sur la rive de l'enclume de façon à pouvoir librement lever ou baisser sa main au cours de l'opération. Pour le fer de derrière, la branche du dehors est tenue un peu plus longue afin de ménager le métal nécessaire au crampon qui y sera levé. La branche du dedans est forgée de plus en plus épaisse et dégagée depuis son milieu jusqu'à l'éponge. La rainure est interrompue en pince et en mamelles, la pince est tronquée, deux masselottes sont prévues pour des pinçons latéraux. 1.5 Rechargement du fer à la mécanique Dans certains cas (sols rocailleux, routes goudronnées ou gravillonnées), il est désirable de renforcer la résistance à l'usure du fer. On peut alors procéder au «rechargement dur» en utilisant une électrode dont la nuance devra être adaptée à une abrasion importante et à des chocs répétés. Pour - 59 - cet usage, se recommande particulièrement l'électrode CYDUR des Tréfileries et Ateliers de Commercy qui offre un emploi facile sur les petits transformateurs de soudage. 2. Fer industriel La maréchalerie utilise de façon courante des fers préparés industriellement sous l'appellation de fers à la mécanique. Ces fers représentent une grande économie de temps et de personnel, et leur fabrication a aujourd'hui atteint un remarquable degré de perfection. Ils sont fabriqués à partir de barres faites de fer aciéré ou d'aluminium avec ou sans rainure, dont les profils sont établis en fonction du service des chevaux qui les porteront, et que le fabricant sectionne à la pointure voulue puis façonne mécaniquement. Livrés en paquets de plusieurs ferrures, leurs dimensions, leurs caractéristiques et leurs pointures sont standardisées de façon à répondre à tous les besoins de l'utilisateur. En les commandant, il convient de préciser leur catégorie (fer de devant ou de derrière, de cheval, de poney, de mulet ou d'âne), leur type (selle ou trait, courses au galop ou au trot, etc.) ainsi que leur pointure. - 60 - Ferrures spéciales -------------------------Plan ---------------------------A. Ferrures de sport 1. Ferrure de concours hippique 2. Ferrure de championnat complet 3. Ferrure de polo 4. Ferrure de randonnée et d'endurance B. Ferrures de course 1. Ferrure du yearling 2. Ferrure d'entraînement 3. Ferrure du cheval de plat 4. Ferrure du cheval du steeple C. Ferrure de poney D. Ferrure des Mulets E. Ferrure antidérapante F. Autres moyens de protection du pied - 61 - Ferrures spéciales La ferrure normale peut convenir aux chevaux de tous services et à tous les pieds en bonne santé, et c‟est pourquoi dans son type « Armée » traditionnel, elle sert de modèle pour décrire le fer et ses techniques de Fabrication ou de mise en place à la Française. A côté d‟elle, certains modes d‟utilisation particulière ont incité à concevoir des ferrures dites spéciales parmi lesquelles les fers de concours hippique, de championnat, de polo et plus accessoirement du poney et du mulet. A. Ferrures de sport 1. ferrure du concours hippique Le concours hippique est une épreuve équestre qui demande au cheval de sauter en un temps donné des obstacles de diverses formes et de diverses dimensions. Il exige que l‟animal puisse ancrer fermement ses pieds au sol au début puis surtout à la réception du saut ainsi que dans es tournants ou les variations de son allure, qu‟il ne risque pas de s‟atteindre et que sa vitesse soit relativement grande. La ferrure doit donc être solide, sans danger et d‟un poids raisonnable (250 g pour une pointure 30 en acier). - 62 - Fer de devant: fer normal modifié de la façon suivante voûte tronquée, garniture normale, éponges courtes et biseautées obliquement, mortaises en éponges pour crampons vissés ou implantés de force. Fer de derrière: fer à pince tronquée, deux pinçons levés entre la première et la deuxième étampures, elles-mêmes plus écartées que normalement, voûte tronquée, branche interne un peu plus épaisse avec en éponge externe un crampon rectangulaire et aplati, en éponge interne une mouche anglaise, épaississement qui amène cette éponge à la même hauteur que l‟éponge interne. A cette disposition on peut préférer des crampons mobiles en éponges. Au parage, le pied est laissé plutôt fort. Après avoir broché le fer de derrière, l‟ouvrier arrondit légèrement à la râpe la partie de la pince du sabot qui, sur au moins la moitié de l‟épaisseur du fer, dépasse ce dernier entre les deux pinçons. De la sorte, le pied de derrière qui heurterait un pied de devant à la réception du saut le contusionnerait moins gravement que si la corne était armée de métal à ce niveau. - 63 - 2. ferrure du Championnat complet Le championnat ou Concours Complet d‟Equitation est une dure compétition qui demande à un même cheval une épreuve de dressage, une épreuve de fond (parcours au trot ou au petit galop sur routes et sentiers, steeple et cross au galop de course) et une épreuve de sauts d‟obstacles en carrière. Il exige de l‟animal non seulement la même sûreté qu‟en concours hippique mais encore une vitesse plus grande et des efforts prolongés sur trois jours. Le fer doit donc être d‟une solidité à toute épreuve, sans danger d‟atteintes des antérieurs entre eux ou du fait des postérieurs, et d‟un poids quelque peu allégé. Ses principales caractéristiques sont : • Fer de devant: aucune garniture, éponges arrondies et biseautées très juste, ajusture française, voûte tronquée, un pinçon, face inférieure rainée, étampures légèrement reportées en arrière, épaisseur générale un peu plus faible que normalement, couverture légèrement dégagée mais permettant de percer en éponges deux mortaises pour crampons. • Fer de derrière : aucune garniture, fer plus mince et plus dégagé que celui de devant, pince tronquée, voûte évidée, pinçons latéraux, face inférieure rainée en branches, crampon fixe en éponge externe, mouche anglaise en éponge interne. Facile à poser à froid, cette ferrure se prête également à la chasse à courre et peut être complétée par une plaque mobile Beaumont si le pied est plat. - 64 - fer dours et barrairon de championnat 3. ferrure du Polo Le polo est un sport où le cheval doit pouvoir s‟élancer à fond de train, changer brusquement de direction sans cesser de galoper, s‟arrêter instantanément, et tout cela sans risquer de dommages ni pour lui-même ni pour les autres concurrents. Il exige de l‟animal une très grande stabilité, une très vive agilité et une vitesse appréciable. Le fer doit donc être essentiellement solide et sans danger tout en s‟ancrant fermement dans le terrain. L‟emploi de fers antérieurs à saillies dépassantes étant interdit au polo en raison de leur danger, l‟adhérence du pied au terrain est nécessairement assurée par des reliefs en creux ou par une double rainure. - 65 - Ferrure traditionnelle ou fer Dubée • Fer de devant: très dégagé, ni ajusture ni garniture, éponges arrondies et biseautées très juste, voûte tronquée, un pinçon, face inférieure partiellement creusée d‟évidements Dubée au moyen de la tranche à double inclinaison d‟échancrures que montre la figure ci-dessous, l‟ouvrier pratique dans cette face du fer chauffé au rouge-cerise une série d‟évidements doubles à pentes obliques et séparées par quelques millimètres, en respectant le niveau central de la couverture et en partant soit des étampures de pince soit entre la dernière étampure et l‟éponge. • Fer de derrière: dégagé, pince tronquée et biseautée, crampon en éponge externe, mouche anglaise en éponge interne. Fer de polo et tranche Dubée 4. ferrure de randonnée, course d’endurance Ces épreuves sont les formes modernes de performances régulièrement pratiquées dans les armées à cheval de jadis et peuvent donc, moyennant quelques adaptations, s‟accommoder des fers appelés autrefois militaires et aujourd‟hui normaux. Les unes et les autres nécessitent les mesures suivantes : - 66 - Précautions communes . Il faut prévoir un entraînement qui est préférable sur des fers normaux, l‟aplomb du pied sera irréprochable, le sabot et la ferrure seront entretenus avec le plus grand soin pendant les mois ou les semaines d‟entraînement; . Comme les terrains abrasifs et surtout granitiques obligent à referrer tous les quinze jours, il est judicieux d‟alterner une ferrure normale et une ferrure sans clous qui permettra à la muraille de se reconstituer. . Les fers définitifs seront appliqués dans les 15 précédant l‟épreuve ; . Pour l‟épreuve elle-même, ou bien le cheval pourra y participer sans fers, ou bien on préférera un fer normalement lourd, un peu couvert, muni de ses mortaises d‟attente avec une provision de crampons, avec ou sans rechargement dur; . Si le cheval se déferre en route alors qu‟il doit encore couvrir plusieurs kilomètres, il convient de le referrer immédiatement pour éviter que son pied ne subisse une congestion. Si le fer est réutilisable, on le refixera avec des clous à tête plate ou avec des clous d‟un numéro inférieur car l‟usure aura réduit l‟épaisseur du fer et déformé les étampures; dans le cas contraire le cavalier aura prévu un fer à tous pieds. • Pour la randonnée Pour cet épreuve qui peut s‟étendre sur des centaines de kilomètres, le fer normal est suffisant mais on peut aussi préférer le fer caoutchouc » Delmon; les chaussures adaptées et non clouées au pied ont la faveur de certains randonneurs qui utilisent le cheval sans fers et ne protègent ses pieds qu‟en cas de besoin. Les glissades sont évitées grâce aux systèmes antidérapants. • Pour le raid d’endurance Pour cette épreuve qui peut s‟étendre sur 120 km et davantage, à la moyenne horaire de 15 à 20 km, les crampons ne sont pas utilisés car ils multiplient les risques et la gravité des atteintes. Au contraire les plaques de - 67 - fibro-plastique sont conseillées et sont pour bien faire combinées avec des silicones ou du Rubson injectés entre elles et la sole. Dans ces conditions, le cheval est un peu plus sujet à glisser et à se déferrer mais il ne craint plus le mauvais terrain, les foulées gagnent en sûreté, en longueur et en symétrie, les talons s‟écartent au point de gagner une pointure de fers, la chaleur intense que ce dernier emmagasine pendant l‟épreuve se transmet moins facilement au pied, l‟expérience montrant par ailleurs qu‟une de ces plaques peut servir pendant cinq mois de suite, soit l‟espace de trois ferrures consécutives. B. Ferrures de course Les ferrures de course doivent être distinguées en ferrures du yearling, d‟entraînement, du galopeur et du cheval d‟obstacle. 1. Ferrure du yearling Les pieds du foal (ou poulain âgé de moins d‟un an) ayant une corne malléable et à pousse rapide, c‟est dès l‟âge de 3 ou 4 mois que le maréchal-ferrant doit les surveiller et les parer afin de leur éviter des défauts d‟aplomb dans l‟avenir. En outre, il conseillera à l‟éleveur d‟habituer le jeune animal à donner ses pieds dès sa plus tendre enfance et à les prêter à un ferrage. De ce dressage précoce dépend sa docilité à la ferrure pendant tout le reste de son existence. Les pieds du yearling (ou poulain entre l‟âge de un an et celui de deux ans) méritent d‟être surveillés et régularisés tant qu‟il est tenu à l‟écurie ou au pâturage. En cette période, on applique à froid des fers très légers ou tips qui ne protègent que le bord inférieur de la paroi en pince, en mamelles et en quartiers. Le tip sert uniquement à éviter que le pied se dérobe et n‟est en aucun cas une ferrure de travail demandé en dehors des pistes en gazon. - 68 - Il est forgé à la main s‟il doit en outre lutter contre l‟installation d‟aplombs défectueux. Fer du yearling 2. ferrure d’entraînement Règles générales A partir du début de l‟entraînement et pour tout le reste de sa carrière de course, le cheval d‟hippodrome sera ferré en respectant les règles suivantes : . Parer rigoureusement d‟aplomb et au degré voulu en n‟améliorant que très lentement les vices d‟aplomb éventuels, . Laisser toute sa force à la sole, aux arcs-boutants et à la fourchette, . Laisser le pied suffisamment fort, . Toujours ferrer à froid, en principe un ou deux jours avant l‟épreuve, . Tenir les éponges courtes et biseautées très obliquement, . Quelques instants avant la course et si le terrain y oblige, remplacer deux ou quatre clous par d‟autres clous à tête non usée, . Se souvenir que le Code des Courses interdit rigoureusement les crampons de même que toute saillie dépassant la face inférieure du fer. Fer d’entraînement Etant donné qu‟il doit protéger le pied sur des terrains rarement aussi moelleux que les pistes gazonnées, le fer d‟entraînement est fait d‟acier rainé, il est plus résistant et moins léger (200 à 250 g par fer) que le fer de course et sa durée utile est de trois à quatre semaines. - 69 - • Fer de devant: aucun pinçon, huit étampures percées au fond de la rainure et réparties sur les deux tiers de la longueur du fer en laissant libres les talons, éponges arrondies et biseautées, aucune garniture, rivets bien incrustés. • Fer de derrière: mêmes caractéristiques, à part un pinçon de pince, ou bien deux pinçons de mamelle et pince aplatie pour laisser dépasser un peu de la paroi. 3. ferrure du cheval de plat D‟une part elle doit être suffisamment résistante, d‟autre part et surtout la légèreté est sa première obligation puisque un kilogramme aux pieds du cheval représente une valeur égale à huit kilogrammes sur son dos. En conséquence, elle est faite d‟aluminium ou d‟une baguette d‟acier rainé à section trapézoïdale (épaisseur 6 à 7 mm, couverture 3 à 5 mm à la face inférieure et 8 mm à la face supérieure) creusée d‟une rainure large de 4 mm et profonde de 3 mm sur toute la longueur du fer, éponges biseautées effleurant les talons, sept ou huit étampures dont les dernières sont d‟habitude plus proches des éponges que normalement afin d‟éviter l‟écartement des branches clous anglais. Chaque fer pèse 50 g ou un peu plus selon sa pointure. - 70 - Fer de course de plat Fer de devant: pas de pinçon, fer à la tournure exacte du pied; pour empêcher la pince du pied postérieur de se loger entre les branches du fer de devant au cas où le cheval forge, rive interne évidée avec siège supportant la paroi et talus descendant vers la face inférieure. Fer de derrière: avec ou sans pinçon, tournure un peu plus rentrée que le pourtour de la paroi laissée très légèrement débordante afin d‟amenuiser le forger et la gravité des atteintes éventuelles ; en certains cas, léger épaississement de la branche et de l‟éponge internes afin de mieux mordre dans le terrain mou, ou bien éponge interne tronquée pour éviter le risque d‟atteintes. 4. Ferrure du cheval de steeple Ici, la légèreté du fer perd un peu de son importance au bénéfice de la solidité et de la fixité dans le terrain, en raison des puissants efforts de détente des membres postérieurs et des chocs de réception des antérieurs à la fin des sauts. • Les principes de base : sont les mêmes que ceux relatifs à la ferrure du cheval de plat baguette d‟acier rainé ou d‟aluminium, un peu plus - 71 - épaisse, étampures plus nombreuses, éponges arrondies et biseautées ne dépassant pas les talons. Fer du cheval de steeple • Fer de devant: avec ou sans pinçon, fer à la tournure exacte du pied, davantage de couverture que le fer du cheval de plat, voûte et branches évidées en rive interne; • Fer de derrière: tantôt sans pinçon, tantôt avec pinçon de pince, tantôt encore avec deux pinçons latéraux, pince tronquée et biseautée, rive interne arrondie au besoin éponges tronquées pour éviter le risque d‟atteintes. C. ferrure du poney : Il importe que le maréchal-ferrant sache comment ferrer les poneys (tous les 40 jours au maximum) si on le lui demande, ou comment les parer ainsi qu‟il est bon de le faire toutes les huit semaines environ. - 72 - Fer de concours hippique pour poney Le pied étant, dimensions mises à part, identique à celui du cheval, on le ferre conformément aux principes classiques; la corne étant plus résistante, la ferrure vise surtout à empêcher le sabot de se dérober ou de s‟encasteler bien que le pied soit assez souvent plat et que les aplombs soient fréquemment victimes d‟un parage maladroit qu‟il y a lieu de rectifier progressivement, Le fer : Avec ses pointures variables dans une gamme particulière, le fer du poney existe dans le commerce ou peut être forgé à la main. Le ferrage est délicat en raison de la petite taille, du caractère souvent indocile et de la contention difficile du poney. L‟ouvrier doit s‟adapter à l‟animal et non le forcer à se soumettre. En général, le mieux est de travailler à la française. - 73 - D. ferrure du mulet 1. Sabot du mulet Le sabot du mulet est plus long que large, resserré par côtés, légèrement rétréci à sa base, à quartiers hauts et droits, à talons élevés, à fourchette profondément enfoncée dans une sole très creuse. La paroi est épaisse en pince et en mamelles, mince en quartiers. La corne est dure et résistante. Par rapport au pied de devant, le pied de derrière est un peu plus allongé, ses mamelles sont moins saillantes, ses talons sont plus ouverts, sa paroi est plus verticale. Souvent pinçard, il justifie alors une ferrure à la florentine avec garniture très forte en pince et crampons fixes dont on diminue la hauteur à mesure que l‟aplomb s‟améliore. 2. Fer du mulet Par rapport aux fers de cheval, ceux du mulet sont forgés ou préparés puis mis à la tournure du pied en obéissant aux mêmes règles générales et peuvent le cas échéant porter les mêmes crampons fixes ou mobiles. Ils s‟en distinguent toutefois par leurs pointures caractéristiques, par leur ajusture dite de mulet ; par leur garniture et par leurs éponges. Fer de mulet (normal à gauche et au milieu,. à la provençale à droite) - 74 - Leurs pointures varient entre 26 et 40. L‟ajusture du fer de devant comme celle du fer de derrière est obtenue en relevant brusquement la pince et les mamelles à partir d‟une ligne tangente à la voûte, le reste du fer étant complètement plat au-delà de ce niveau. La garniture commence en mamelles pour augmenter progressivement en quartiers et diminuer vers les éponges ; elle est plus accusée à la branche du dehors qu‟à la branche du dedans, et elle est plus forte chez le mulet de bât que chez le mulet de trait. Les éponges sont sectionnées puis arrondies et biseautées à l‟aplomb des talons du mulet de trait, mais elles débordent d‟un centimètre les talons du mulet de bât afin de protéger les glomes et le bourrelet dans les descentes très escarpées des sentiers de montagne. Fer de devant: tournure ovale, mamelles plutôt saillantes, branches légèrement arrondies, épaisseur uniforme, couverture un peu plus forte que chez le cheval et toujours plus grande en pince qu‟en éponges. Six à huit étampures réparties sur les deux tiers antérieurs du fer, les deux premières distantes de 3 cm d‟axe en axe pour réserver l‟emplacement des mortaises. Un pinçon identique à celui du fer à cheval et assurant les mêmes rôles, éponges de forme variable comme on l‟a indiqué plus haut, quatre mortaises d‟attente. • Fer de derrière: tournure nettement plus allongée, pince débordant notablement la corne à l‟avant du pied et dépourvue de pinçon, épaisseur plus forte en pince qu‟en éponges, couverture plus forte en pince que pour le fer de devant. Six étampures percées uniquement en branches, les plus proches de la pince étant par leur angle antéro-externe à la hauteur de la voûte, les plus éloignées de la pince étant plus rapprochées des talons que dans le fer de devant. Ajusture identique à celle du fer de devant. Quatre mortaises d‟attente, celles de pince à l‟avant des étampures (leur centre à 15 mm de l‟étampure de pince et à 10 ou 12 mm de la rive externe suivant les pointures), celles d‟éponges au milieu de la couverture (leur centre à 15 - 75 - mm en avant de la base du crampon). Eponges repliées en équerre pour former des crampons fixes d‟une hauteur égale à l‟épaisseur du fer. • Le fer de mulet est dit « à la provençale » quand sa pince est nettement carrée devant les mamelles afin qu‟il s‟accroche le mieux possible au sol. 3. Ferrage du mulet Le pied du mulet doit être paré d‟aplomb et au degré voulu tout comme celui du cheval. Pour qu‟il conserve sa forme naturelle, la pince est légèrement râpée sans jamais être tronquée carrément au rogne-pied. Au brochage, il est bon que les clous soient à lame mince, fixés haut et avec un soin particulier en quartiers où la corne est spécialement dure et manque d‟épaisseur. En cas de besoin, le pied du mulet sera l‟objet des mêmes Fers pathologiques. Le maréchal-ferrant doit savoir que le mulet, dont la compréhension et parfois la malice sont beaucoup plus grandes que celles du cheval, doit être manipulé avec plus de précautions et souvent en respectant ses manies plutôt qu‟en recourant à des moyens de force qui ne feraient qu‟empirer la situation. E. Ferrure antidérapante Quelle que soit l'utilisation du cheval, sa ferrure doit être le cas échéant prévue pour éviter les glissades, soit sur un terrain mou soit sur un sol gelé. On distingue en conséquence les ferrures contre les glissades et plus précisément destinées aux chevaux de sport. Parmi les innombrables procédés qui ont été conçus à cet effet, la pratique actuelle n'a conservé que les suivants. - 76 - 1. Fers rainés, dentés, à saillies et évidements Le fer anglais est creusé à sa face inférieure par une rainure qui, éventuellement accompagnée d'un ou deux crampons fixes, accroche dans une certaine mesure le terrain. Modèle américain de fer antidérapant 2. Les Fers rainés de Commercy Ces fers rainés portent six étampures, une rainure interrompue en pince et d'un pinçon aux antérieurs ou de deux pinçons aux postérieurs, mortaisés et taraudés en éponges uniquement, avec crampons vissés à tête carrée et émoussée. Fers des Ateliers et Tréfileries de Commercy Aux Etats-Unis, les Ets Thoro Bred Racing Plate ont mis au point des fers rainés en acier ou aluminium, porteurs de grappes en reliefs linéaires en pince et éventuellement de crampons simples ou doubles en éponges. Il - 77 - est évident qu'avec de telles saillies, un fer présente un réel danger, même si le cheval est porteur de cloches et de guêtres de protection. Quelques modèles des fers Thoro Bred Racing Plate - U.S.A. 3. Fers à patins et à plaques A côté des fers Chaplin à plaque amovible, il existe différents modèles de patins en cuir, en caoutchouc ou en gutta-percha dont le bord externe complètement plat est interposé entre le fer et le pied puis fixé en brochant les clous. Tantôt ils ont uniquement la forme de la fourchette, tantôt ils occupent tout l'espace limité par la rive interne du fer. Tantôt encore la plaque est en matière plastique souple et fixée au pied de la même façon. Dans tous les cas, il convient, avant de brocher les clous, d'enduire la sole et la fourchette avec du goudron de Norvège et d'y comprimer une épaisse couche de coton ou de chiffons imbibés de ce même goudron. Un moyen très économique consiste à fabriquer la plaque de la façon montrée en A, B et C par la figure ci-dessous. Ce procédé est excellent pour les chevaux de grande randonnée. A B C Fabrication de fortune d'un patin de caoutchouc contre Ies glissades - 78 - Cependant, la mise en place de patins ou de plaques antidérapantes exige de referrer le cheval et ne peut se prolonger plus de trois ou quatre semaines sans risques de détérioration de la sole et surtout de la fourchette. F. Autres moyens de protection du pied Au-delà de ses métaux traditionnels, la maréchalerie cherche actuellement à employer des substances plus modernes et des procédés qui tendent à simplifier les techniques sans nuire au pied du cheval, et dont on retiendra ci-dessous quelques réalisations intéressantes. 1. Fer en matière plastique Le fer en matière plastique ressemble fort au fer normal à ceci près que les éponges sont réunies par une planche afin d‟éviter qu‟elles se déforment et s‟écartent l‟une de l‟autre, qu‟il est à l‟achat sans étampures, et que sa face inférieure est à l‟occasion munie de stries et de rainures transversales pour faciliter son adhérence au sol. Les avantages : de cette nouvelle ferrure sont séduisants robustesse puisque l‟expérience a montré que le fer n‟est pas encore usé au bout d‟un mois de travail d‟extérieur, légèreté supérieure à celle du fer normal (100 à 150 g pour le cheval de promenade), amortissement confortable quand le fer est neuf, efficacité reconnue contre l‟encastelure, prévention des glissades en tous terrains. Ses inconvénients : ne peuvent être niés : prix encore élevé et risque d‟arrachement si le fer a été mal appliqué, altération de la corne par combinaison avec l‟ammoniaque des litières souillées, trop grande souplesse qui fait jouer le fer si le pied a été mal préparé. D‟autre part l‟ouvrier doit éviter la tentation de brocher les clous trop à gras, il faut une certaine habitude pour faire sortir de la paroi les clous qui ne sont plus - 79 - guidés par le conduit étampure contre-perçures du fer métallique, et il faut parer le pied plutôt fort en lui laissant une sole intacte. Fers en matière plastique (Ets H.H.) Dans le monde des courses, la ferrure en matière plastique est peut-être une solution d‟avenir en maréchalerie. Sans cesse perfectionnée, il s‟y ajoute des inserts métalliques de pince pour ralentir l‟usure prédominante à ce niveau, ainsi que des surfaces d‟une matière plastique spéciale particulièrement inattaquable qui recouvre la face supérieure du fer en assurant entre la corne et celui-ci un contact aussi inerte et inoffensif que celui d‟un fer métallique. 2. Chaussure Dalimer Cette chaussure est elle aussi en matière plastique mais sera collée et non clouée au pied. Elle se singularise par la présence d‟un rebord qui, prolongeant sur environ 2 cm le pourtour de la rive externe du fer, sera renforcé au moment de la pose par une fine lame de métal à crampons fixes d‟éponges (A). Après parage, le bas de la paroi ainsi que la surface portante du sabot sont rendus rugueux grâce à quelques coups de râpe et de brosse puis sont dégraissés au trichloréthylène. La chaussure et la corne sont ensuite chauffées à 40 °C. Une colle spéciale est préparée puis étalée (B) sur les surfaces où portera la chaussure qui est alors mise en place de force, - 80 - martelée et serrée contre le pied (C) au moyen d‟une petite sangle spéciale qu‟on enlève au bout de dix minutes. Une même chaussure peut servir plusieurs mois de suite mais, toutes les six semaines environ, le parage du pied nécessite son enlèvement grâce à deux sections exécutées au rognepied, l‟une séparant le rebord et la paroi, l‟autre séparant la semelle et la partie portante du pied (D). Mise en place et enlèvement de la chaussure Dallmer Les avantages de cette chaussure sont sa légèreté, sa fixité, son absence de clous, son pouvoir amortisseur et antidérapant, son utilité en certains cas pathologiques. Ses inconvénients sont un mode d‟application qui demande une certaine habitude, une coaptation qui tantôt exige quelques adaptations partielles, et tantôt dépasse le but recherché car il est souvent très difficile de séparer la chaussure et le sabot pour procéder à un parage avant relevé de ferrure. - 81 - 3. Semelle Alletrux La semelle (ou fer) Alletrux recherche un maximum de contact avec la sole et la partie périphérique de la paroi. Elle est faite d‟un alliage moulé d‟aluminium qui, dans une certaine mesure malléable. Fixée avec des clous spéciaux (Mustad JR 2), c‟est un fer très couvert à face supérieure absolument plate et face inférieure creusée d‟une rainure sauf en éponges, avec des mamelles et des branches qui, moins épaisses sur le tiers de leur largeur, réservent une plage mince et percée d‟étampures rectangulaires en face desquelles débordent autant de petits pinçons arrondis. Elle existe sous un même modèle pour les pieds droit et gauche, de devant et derrière. Elle comporte plusieurs pointures pesant de 150 g à 250 g et résiste au moins trente à cinquante jours pour un travail régulier en terrain varié. Semelle ALLETRUX (Face inférieure) Les avantages de cette semelle sont principalement de faire participer à l‟appui non seulement le bas de la paroi et la fourchette mais encore la presque totalité de la sole, d‟être particulièrement antidérapante, de largement protéger la sole et enfin de prévenir ou de guérir l‟encastelure. Les inconvénients : c‟est d‟être relativement onéreuse, d‟éliminer par définition toute garniture, de manquer de solidité au niveau des pinçons et - 82 - des clous, de ne fournir qu‟un amortissement insuffisant, d‟exposer la sole à un véritable enfoncement. 4. Semelle Choplin Cette semelle plastique se présente comme un fer à planche très légèrement pantouflé, à pince renforcée, sans pinçon au fer antérieur, avec ou sans pinçons latéraux au fer postérieur. Pesant 80 à 100 g, elle est faite d‟une résine à base de polyuréthane qui lui confère une très grande résistance à l‟usure et se prête à plusieurs relevés de ferrure. Sa souplesse limite la gravité des plaies du couper ou des blessures par coup de pied et permet au sabot de conserver son élasticité naturelle; sa rigidité voulue est assouplie par la chaleur naturelle du pied. En version renforcée, elle peut être complétée par des crampons d‟acier vissés en éponges. Semelle et plaque CHOPLIN Après un parage qui aura laissé le pied fort afin qu‟il ne soit pas trop sensible, on choisit une semelle de une pointure trop grande, on la ramollit passagèrement en la laissant tremper dans l‟eau très chaude pendant cinq minutes, puis on la fixe comme un fer classique en brochant plutôt à gras et en enfonçant au maximum la tête des clous dans la semelle pour éviter que les rivets ne se desserrent ensuite; on râpe la matière plastique débordant - 83 - la rive externe sauf en talons où on laisse une bonne garniture, et on vérifie la bonne tenue des rivets après quelques heures de travail. Les avantages : confort indiscutablement prouvé, action antidérapante efficace par sa multiplicité, protection durable de la partie portante de la paroi et de la sole, effet favorable contre l‟encastelure grâce au large appui de la fourchette, prix comparable à celui des fers ordinaires. Ses inconvénients : pose délicate qui nécessite une certaine habitude de la part du maréchal-ferrant, risques d‟altération de la fourchette, légèreté voulue qui dans le cas du Trotteur par exemple, peut être modifiée par l‟emploi d‟une plaque à contrepoids au mercure mise au point par le fabricant. 5. Fer « caoutchouc » Delmon Ce fer épais de 1,2 cm pour une couverture de 2,5 cm est fait de deux plaquettes métalliques sur lesquelles a été injecté un élastomère de synthèse noir, lui-même épais de I cm, la liaison métal-caoutchouc étant assurée par adhérisation; les deux plaquettes ne sont pas unies entre elles sinon par le caoutchouc jouant le rôle de charnière en pince. Sa face supérieure dépourvue de pinçon porte de petits cônes hauts de 3 mm et comparables à de minimes pinçons levés en éponge sur la rive externe, qui doivent s‟insérer dans la muraille du sabot. Sa face inférieure comporte huit étampures avec contre-perçures; ses minuscules aspérités et ses longs creux linéaires augmentent l‟effet naturellement antidérapant du caoutchouc. Après parage du pied, le fer est posé à froid. Le maréchal-ferrant choisit le fer dont la pointure lui semble la plus convenable, il broche les deux clous de pince puis les autres clous en forçant souplement sur les branches afin que la rive externe du fer suive le pourtour inférieur du sabot. Il laisse le cheval reposer sur le fer, puis il relève le pied, il serre profondément les - 84 - clous dans leurs étampures et il rive en utilisant de préférence la pincecrocodile. Mise en place du fer « caoutchouc » Delmon Les avantages : il se prête à des relevés, il est posé à froid, son poids est au moins deux fois moindre que celui d‟un fer métallique comparable, il favorise le travail de la fourchette puisqu‟il permet le mouvement naturel du sabot, sa relative malléabilité en fait un fer à tous pieds très précieux en randonnée, son matériau et son dessin lui confèrent un remarquable effet antidérapant, sa durée d‟utilisation est égale à celle d‟un fer aciéré, son prix est loin d‟être prohibitif. Ses inconvénients : sont de nécessiter des sabots à paroi très épaisse et d‟exposer les clous à se mobiliser dans la corne en arrachant parfois des fragments de paroi. - 85 - 6. Easy boot Mis au point aux U.S.A. depuis 1976, de plus en plus répandu en France, l‟Easy-boot vise par définition à remplacer la ferrure par une chaussure adaptée au pied du cheval. Il se présente comme un bottillon fait d‟uréthane, matière plastique à la fois souple et très résistante, existant sous un modèle unique pour les quatre pieds et comportant quatre tailles pour chevaux et une taille pour poneys, avec un poids variant entre 275 et 370 g. Le sabot repose sur une semelle entière, intérieurement couverte de petites protubérances qui agissent comme autant d‟amortisseurs, permettent à l‟air de circuler sous la sole et restreignent le contact de cette dernière avec la matière plastique. Les avantages : de l‟Easy-boot sont nombreux les servitudes du brochage des clous sont éliminées, le pied n‟est protégé qu‟au moment du besoin, la pose s‟exécute en quelques secondes, le confort de l‟animal est visible, l‟amortissement est favorisé, l‟adhérence au sol est excellente, la chaussure s‟use au moins trois fois plus lentement qu‟un fer conventionnel et normalement en une année seulement, elle se prête non seulement à une bonne protection du pied en randonnée mais encore à un usage de routine dans tous les sports équestres à l‟exception des courses. Ses inconvénients : sont d‟une part un manque certain d‟aération de la sole et de la fourchette quand celles-ci y sont enfermées sans précautions appropriées pendant plus de deux jours, d‟autre part un investissement financier que seule compense une utilisation sur une très longue période. - 86 - Easy-boot 7. Dallmer-Clogs Dallmer propose sa chaussure Dallmer-Clogs qui, faite de matière plastique et complétée par une semelle en acier, est maintenue autour du sabot par un ingénieux système de sangles à boucle de tension. Sujette aux mêmes critiques que toutes les autres chaussures pour cheval, la Dallmer-Clogs conviendrait, assure-t-on, non seulement aux transports du cheval mais encore à toutes le activités de manège ou de terrain varié. Chaussure Dallmer-Clogs - 87 - Ferrure thérapeutique -------------------------Plan-----------------------------A. fers pathologiques 1. Les fers couverts 2. Les fers épais ou nourris 3. Les fers tronqués 4- Les fers à éponges réunies 5. Les fers à éponges obliques ou fers Désenchantements 6- Les appareils protecteurs du pied B. Ferrure des pieds défectueux 1. Défauts de proportion 2. Défauts de conformation 3. Défauts d‟aplomb 4. Défauts de qualité de la corne - 88 - C. Ferrures orthopédiques 1. Vices d'aplomb 2. Vices d'allures D. Accidents de la ferrure 1. Piqûre 2. Retraite 3. Enclouûre 4. Coupure par le rogne-pied ou le boutoir 5. Pied serré par les clous ou par le pinçon 6. Sole trop parée ou comprimée par le fer 7. Sole chauffée ou brûlée - 89 - Ferrure thérapeutique A. Les fers pathologiques Les fers orthopédiques, correcteurs ou pathologiques servent à corriger un défaut d‟aplomb ou à soulager un problème de pied. Leur choix, parfois délicat, doit être prescrit par le vétérinaire. Ils ne doivent être fixés que sur un pied le plus d‟aplomb possible. 1. Les fers couverts : Les fers couverts sont dotés d'une couverture plus grande que celle des fers ordinaires afin de protéger la sole et parfois la paroi, de corriger par la garniture un défaut de conformation du pied, d‟augmenter la durée d‟utilisation du fer ou de faciliter l‟application de pansements. 1.1 Description L‟augmentation de la couverture de ces fers est tantôt uniforme, tantôt limitée à l'endroit qui doit être protégé ou avantagé par la garniture. Leur épaisseur est moindre que celle du fer ordinaire afin de ne pas trop augmenter leurs poids et elle reste uniforme pour ne pas fausser les aplombs. 1.2 Fer couvert et ses dérivés Il existe une panoplie de fers couverts. Cependant, ces fers présentent deux inconvénients ; d'une part, ils sont forcément glissants, d'autre part, un forgeage hâtif et une minceur regrettable peuvent les exposer pendant la marche à se fausser en prenant une ajusture inverse qui va à l'encontre de la protection recherchée. - 90 - a. Le fer couvert proprement dit : dont la couverture est uniformément élargie et le fer demi-couvert dont la couverture est intermédiaire entre le fer normal et celle du fer couvert sont indiqués aux pieds sensibles, dérobés, gras, plats, à talons bas, combles ou fourbus. On peut augmenter leur ajusture en y ajoutant un siège de cuir en lamelle disposée sur leur face supérieure et rivée en éponges. Fer couvert. b. Le fer à pince couverte : est utilisé après traitement d'une brûlure ou d'une piqûre de la sole en pince ou pour combattre les conséquences d'une fourbure chronique. Ce fer est également indiqué dans le traitement des affections de l‟appareil suspenseur du boulet. Son principe est de favoriser la portance dans la partie antérieure du pied et de la diminuer dans la zone postérieure pour permettre la descente des talons dans un sol souple. Ceci a pour effet de faire remonter le boulet et donc de soulager les formations anatomiques lésées. c. Le fer à une branche couverte : convient aux pieds dont l'aplomb est défectueux et nécessite une atténuation des effets de l'usure. Il est aussi utilisé pour les pieds dont un seul quartier est resserré, ceux qui souffrent d'une seime en quartier ou d'un javart ou ceux qui exigent le maintien d'un pansement d'un seul côté de la sole. - 91 - Fer à une branche couverte. Ce fer est utilisé également dans le traitement des affections des ligaments collatéraux des articulations distales (essentiellement jarret, boulet et articulations inter phalangiennes) ou des atteintes ostéoarticulaires asymétriques localisées médialement ou latéralement. Ferrure pour le traitement d’une affection ostéoarticulaire asymétrique. d. Le fer à deux éponges couvertes : ou fer à oignons est indiqué aux pieds à talons bas, aux pieds resserrés et à ceux plats. L‟association de ce fer avec une plaque en cuir ouverte en fourchette et percée de deux orifices - 92 - d‟introduction de la résine assure une répartition homogène des forces de pression sur la partie postérieure du pied, ce qui évite l‟affaissement des talons. En outre, la résine transmet une composante horizontale des forces de pressions aux arcs-boutants du sabot, ce qui contribue à écarter les talons et à stimuler la pousse de la corne en talon. Fer à deux éponges couvertes (ou fer à oignons) e. Le fer à une éponge élargie : protège provisoirement une bleime ou une blessure en talon. Fer à éponge couverte et abaissée. - 93 - f. Le fer à caractère : est un fer demi couvert qui protège non seulement la sole, mais aussi la muraille dérobée. Il comporte plusieurs pinçons levés, à la demande, en face des brèches de la paroi ainsi que des étampures placées en bonne corne entre les pinçons. Ce fer doit être laissé en place le plu longtemps possible pour ne pas fatiguer la paroi et pour permettre au pied de reprendre un état normal. g. Le fer pinçard : est employé pour le pied pinçard qui prend appui sur le sol sur une pince courte et droite sans se servir de ses talons. Ce fer est nettement plus couvert et plus épais en pince que le fer ordinaire, les étampures sont reportées en branches, le pinçon est fort, haut et bridé, les crampons sont minces dont la hauteur est égale à la distance qui sépare les talons du sol. 2. Les fers épais ou nourris Un fer est dit nourri quand son épaisseur est intentionnellement plus forte en tout ou en partie de sa couverture. Les fers nourris ont pour but soit de remédier à des aplombs ou à des usures nuisibles, soit de mieux absorber et amortir les chocs du pied contre le terrain. 2.1 Fer à éponges nourries C'est un fer ordinaire dont la pince est un peu plus courte et mince tandis que les branches sont progressivement épaisses depuis les mamelles jusqu'aux éponges afin de surélever les quartiers et surtout les talons à une hauteur variable. Le fer à éponges nourries corrige le pied à talons bas et soulage la tension des tendons fléchisseurs. Cependant, il écrase les structures palmaires (plantaires) du pied, retarde leur avalure et surtout modifie trop brutalement l'aplomb normal du pied en brisant le profil normalement rectiligne du paturon et de la pince du sabot. - 94 - 2.2 Fer lourd amortisseur C'est un fer ordinaire dont on a augmenté de 1 ou 2 cm l'épaisseur et toute la couverture afin que la masse de son pied (renforcée de 200 à 600 g) absorbe et amortisse le plus possible du choc du pied contre le terrain. Il convient aux chevaux de trait qui usent beaucoup la ferrure, cependant, il éloigne la fourchette du sol et nécessite l'emploi de clous à forte lame et expose l'animal à se déferrer. Par conséquent, l'emploi de cette ferrure est réservé aux cas de boiterie ou de vive sensibilité du pied, sa bonne adhérence au sabot doit être souvent vérifiée, ses rivets de fixation doivent être fréquemment consolidés. 3. Les fers tronqués Un fer est dit tronqué lorsqu'on a biseauté, diminué ou même supprimé certaines de ses régions afin d‟empêcher le forger, d'éviter les plaies du couper ou de soustraire à l'appui certaines parties du pied. Couramment utilisé, ce type de fer comprend différents modèles. 3.1 Fer à pince tronquée Il s'agit d'un fer du pied postérieur avec ou sans crampons fixes dont la pince est tronquée d'une mamelle à l'autre puis biseautée et arrondie à la lime. Il porte un pinçon de chaque côté de la pince entre la première et la deuxième étampure, qu'on a écartées davantage que dans le fer ordinaire, les autres étampures étant un peu plus rapprochées des talons. Le fer à pince tronquée se porte en permanence sans qu'il ne déforme le pied. Il diminue le bruit de forger et limite la gravité des contusions lorsqu'un pied antérieur est heurté par un pied postérieur, fortement engagé sous le corps, au moment où l'animal se ramasse sur lui-même pour sauter puis se reçoit à terre à la réception du saut. - 95 - 3.2 Fer à mamelle tronquée C'est un fer ordinaire dont la mamelle interne a été tronquée en ligne droite et biseautée de dessus en dessous depuis l'étampure de pince jusqu'au milieu de la branche, la couverture étant donc totalement conservée en face supérieure mais rétrécie en face inférieure. Les étampures sont absentes au niveau de la partie tronquée, mais compensées par deux étampures percées non loin des éponges. Deux pinçons, l'un en quartier externe pour l'empêcher de glisser en dedans et l'autre en pince et rapproché de la mamelle tronquée afin qu'on puisse réformer la paroi et ferrer très juste. Une garniture normale en éponges puisque l'animal ne se coupe presque jamais avec les parties postérieures du fer. Ce type de fer convient aussi bien aux pieds antérieurs qu'aux pieds postérieurs de l'animal qui se coupe avec cette partie du fer. Il ne nuit pas à l'aplomb normal du pied et ne diminue que très peu la surface d'appui au sol. 3.3 Fer à branche interne tronquée Ce fer est tronqué depuis la mamelle interne jusqu'à 4 ou 5 cm de l'éponge. La partie tronquée est arrondie, biseautée de dessus en dessous et privée d'étampures. La branche tronquée porte deux étampures de pince et une étampure proche de l'éponge. Ce fer porte aussi deux pinçons, l'un en pince et l'autre en branche externe. Le fer à branche tronquée est indiqué aussi bien aux pieds antérieurs qu'aux pieds postérieurs qui se coupent avec le centre de la branche interne du fer ordinaire. - 96 - Fer à branche interne tronquée. 3.4 Fer à branches tronquées ou fer à lunette C'est un demi-fer épais dont les éponges, carrées et très reportées vers l'avant, sont biseautées de dessus en dessous pour être ensuite incrustées dans la corne des quartiers de sorte que celle-ci et la corne des talons soient sur le même plan que le reste de la face inférieure du fer. Ce type de fer convient aux pieds à talons hauts et forts, aux pieds encastelés et ceux dont les talons poussent aussi vite que la pince, qui forgent ou qui se déferrent à l'écurie. Fer à branches tronquées ou fer à lunette. - 97 - 3.5 Fer à une éponge tronquée C'est un fer de devant dont seule la branche interne est raccourci à la tranche sur 2 cm environ, biseautée et encastrée dans la corne. Aucune garniture n'est réalisée. L‟extrémité de la rive interne est arrondie pour éviter de comprimer l'arc-boutant correspondant. Ce fer est utilisé chez les animaux qui se couchent en vache. Fer à une éponge tronquée. 3.6 Fer à voûte tronquée C‟est un fer de devant ou de derrière dont la rive interne évidée et biseautée en face inférieure le long de sa moitié antérieure, de part et d‟autre de la voûte. Ce type de fer est appliqué au pied antérieur du cheval dont la pince du fer de derrière vient frapper la voûtes du fer de devant ; il amoindrit le bruit de forger et diminue les chances du déferrer puisque en cas de choc, le fer de derrière glisse sur le plan incliné du fer de devant. Appliqué au pied postérieur, il évite les atteintes toujours possibles au galop ou au saut. - 98 - 4- Les fers à éponges réunies Il s'agit de fers dont les éponges sont solidarisées sous la fourchette afin de participer plus sûrement à l'appui du pied contre le sol et d'épargner ainsi l'appui d'un seul talon ou des deux talons à la fois. De tous les nombreux types de ces fers, on retient le fer à planche et le fer à traverse ainsi que deux fers apparentés, le fer à queue d'aronde et le fer à double planche. Fer à éponges réunies. 4.1- Fer à planche Ce fer est caractérisé par des éponges contournées l'une vers l'autre et soudées de façon à former une traverse ou planche. La planche ne comporte aucune ajusture, son épaisseur est la même que celle du reste du fer, sa couverture est suffisante pour prendre appui sur au moins la moitié de la longueur de la fourchette, sa rive externe est droite et ne dépasse pas la ligne qui réunit les talons. - 99 - Fer à planche couverte. Le fer à planche est couramment utilisé contre la plupart des déformations ou défectuosités du pied et surtout lors des bleimes. Cependant, il manque de solidité sous le pied, abolit l'effet antidérapant de la fourchette et favorise donc les glissades. En plus il écrase la fourchette et empêche son nettoyage périodique. Par conséquent, le fer à planche nécessite la surveillance régulière de ses rivets et ne doit être appliqué que par alternance avec un fer normal. Le fer à planche à éponge tronquée présente beaucoup plus d‟avantages pour le cheval de compétition, sa fixité au sol peut être augmentée par des crampons amovibles. Il permet de soulager la région bleimeuse du pied en la soustrayant à tout appui. fer à planche à éponge tronquée. - 100 - Le fer en œuf ou Egg-bar shoes constitue également une variante des fers à planche. Il est indiqué dans le traitement du syndrome naviculaire et de certains défauts d‟aplombs. Le fer en œuf ou Egg-bar shoes. 4.2- Fer à traverse C'est un fer normal mais complété en éponges par une lame de fer épaisse d'au moins 3 mm, large de deux fois la couverture du fer et limée le long de la rive externe des éponges. Ce fer est moins lourd que le fer à planche ordinaire, encore plus facile à confectionner et moins glissant. Cependant, sa traverse souvent trop mince et flexible n'assure pas toujours l'appui intégral de la fourchette; de ce fait, un fer semblable a été perfectionné dit « fer Alasonière » en donnant à la traverse une forme triangulaire dirigée vers l‟avant qui recouvre la totalité de la fourchette et lutte plus efficacement contre l‟encastelure. - 101 - Fer à traverse ou fer à planche droite. Fer « Alasonière » . 4.3- Heart-bar shoes ou fer en forme de cœur Il est utilisé pour transférer le poids de la paroi du sabot vers la fourchette lorsque la paroi est atteinte (cas de la fourbure). Lorsque c‟est seulement la partie postérieure de la paroi qui est atteinte, notamment dans le cas des seimes en quartier ou en talons, ce fer peut bien assurer le transfert du poids supporté par cette région vers la fourchette. Ce type de fer exige d‟être exactement ajusté à la forme du pied et selon la condition à - 102 - corriger. Le poids du cheval doit être porté plus sur la partie antérieure de la fourchette dans le cas de la fourbure, alors qu‟il doit être porté plus vers l‟arrière de la fourchette dans le cas de la seime en quartier ou en talon. La fourchette doit toujours rester visible autour du fer pour que le fer n‟exerce pas de pression sur la sole ou les bars du pied. Fer en cœur utilisé dans le traitement de la fourbure. Dans le cas d‟une fourbure subaiguë ou chronique, un fer en « M » associé à l‟usage d‟une résine donne de bons résultats. La résine est coulée de part et d‟autre de la fourchette de façon à uniformiser les forces de pression lors de l‟appui du pied. 4.4 Fer à queue d'aronde Ce fer est privé d'éponges et porte entre l‟extrémité de ses branches une planche dont l'arrière est pourvu d'un prolongement triangulaire sur lequel l'appui postérieur s'effectuera à l'exclusion des talons. Ce fer conviendra aux pieds porteurs de deux bleimes ou de deux seimes. Modifié par restitution de ses éponges, son efficacité contre l'encastelure est remarquable. On peut aussi conseiller dans ce but de parer d'aplomb le pied encastelé et d'exécuter deux sifflets en talons. - 103 - Fer à queue d’aronde modèle 280 Rivéra. 4-5 Fer à double planche ou fer Schneider Ce fer porte une première planche qui réunit ses deux éponges, et une deuxième planche qui relie la première à la voûte. Il est complété par une large suppression d'appui en pince, et éventuellement par un épais pansement de substance grasse que l'on comprime entre la sole et la planche longitudinale Appliqué de cette manière, il donne d'excellents résultats dans le cas de la bascule de la phalange distale qu'occasionne la fourbure chronique. Le fer à double planche ou fer Schneider. - 104 - 5. Les fers à éponges obliques ou fers désenchantements Les fers à éponges obliques sont destinés à combattre l'encastelure. Leur emploi est très délicat, par conséquent, il vaudrait mieux leur préférer le fer à planche ou le fer à une ou deux branches tronquées. On retient parmi ces fers le fer pantouflé, le fer à pantoufle, le fer à oreilles et le fer en « T ». 5.1 Fer pantouflé Ce fer se caractérise par une ajusture spéciale où la face supérieure du fer est inclinée de dedans en dehors le long des branches et des éponges, ceci afin que les talons et la partie arrière des quartiers soient incités à glisser en s'éloignant du milieu du pied quand celui-ci est à l'appui. Le fer pantouflé risque de comprimer douloureusement la périphérie de la sole et il ne tarde pas à s'aplatir en perdant son efficacité. 5.2 Fer à pantoufle C'est un fer ordinaire, un peu plus épais que la normale, dont on a pratiqué à la lime un talus à l'extrémité des deux branches en abaissant leur rive externe de 2 ou 3 mm par rapport à la rive interne. 5.3 Fer en « T » ou fer de Lafosse Ce fer combine les avantages de la planche avec ceux des branches tronquées. En forme de fer à lunettes, il est complété en mamelles par deux petits pinçons d'immobilisation, tandis qu'à sa voûte est soudée une planche longitudinale qui vient recouvrir la fourchette sur toute sa longueur et sa largeur. Au début de son application, une ou plusieurs lamelles de cuir sont rivées à la face supérieure de l'arrière de la planche afin de forcer l'appui de la fourchette; par la suite, l'épaisseur de ce renfort est augmentée ou diminuée selon que le contact est ou n'est pas parfait entre la planche et la fourchette. - 105 - Fer de Lafosse ou fer en « T » avec prolongement de la fourchette. 6- Les appareils protecteurs du pied Pour protéger le pied contre les irrégularités du terrain, pour amortir les commotions qu'il supporterait mal ou pour maintenir un pansement sous la sole et la fourchette, on peut prévoir un fer à plaque, autrement dit, un fer ordinaire auquel on adapte une plaque fixe ou mobile. 6.1 Les plaques fixes Elles sont en cuir, ou plus pratiquement en tôle ou en matière plastique. a- Les plaques en cuir Afin que la plaque ne bouge pas entre le fer et la paroi, en nuisant à la solidité des clous, son pourtour est aminci sur une surface égale à celle de la couverture du fer, puis elle est fixée au pied par les clous qui la traverseront entre la face supérieure du fer et la paroi. Comme le cuir se ramollit à 1'humidité et se durcit par la sécheresse, pouvant ainsi nuire au pied, la plaque doit être complétée par un rembourrage intérieur fait d'étoupe de coton ou de chiffons déchiquetés trempés dans du goudron de Norvège. - 106 - b- Les plaques en tôle Elles nécessitent l'emploi d'une tôle épaisse d‟ 1 mm et d'étoupes trempées dans du goudron de Norvège ou du silicone. La plaque suit le contour exact de la rive externe du fer. Elle sera percée au poinçon d'ouvertures correspondant aux contre-perçures du fer et fixée au pied à l'aide de clous après rembourrage d'étoupades goudronnées. Fer associé à une plaque en tôle pour le traitement du « clou de rue » c- Les plaques en matière plastique Ce sont des plaques faites de matière plastique inusable, inattaquable chimiquement, inoffensive pour les tissus vivants, faciles à découper et à brocher entre le fer et le sabot. 6.2 - Les plaques mobiles Les plaques mobiles sont des dispositifs imaginés pour renouveler des pansements du pied sans fréquemment déferrer. Il existe des patins et plaques à vertu antidérapante et des éclisses faites de bois ou de tôle. 6.3 - Les talonnettes Elles servent à rehausser les talons et à rectifier l‟aplomb du pied. - 107 - Schéma représentant l’utilisation des talonnettes sur le pied du cheval . 6.4 - La résine C‟est une matière de plus en plus utilisée en orthopédie équine. Elle est utilisée dans la plupart des cas en association avec des fers pathologiques et des plaques du fait qu‟elle permet une répartition homogène des forces de pressions exercées sur le pied au moment d‟appui. B. Ferrure des pieds défectueux : Dans la première partie de ce chapitre on a décrit les principaux fers pathologiques en citant leurs utilisations. Dans cette seconde partie, on va procéder en sens inverse en énumérant les plus communes défectuosités possibles du pied du cheval, et en conseillant le ou les fers normaux ou pathologiques qui conviennent en chaque cas. On se souviendra toutefois que, le plus souvent, les moyens indiqués ne sauraient guérir le mal luimême et se bornent à empêcher son aggravation afin que le cheval puisse continuer à assurer le service auquel il est destiné. - 108 - 1. Défauts de proportion 1.1 Pied trop grand Le pied est trop volumineux par rapport au corps qu‟il supporte. Il expose le cheval aux maladresses, à buter et à se couper en même temps, sa corne est souvent trop mince. Fer normal mais léger, peu épais, plus ou moins couvert selon que la sole est plus ou moins évasée et sensible, pince relevée et ajusture anglaise. Pinçon encastré. Clous à lame mince et brochés avec précaution, rivets surveillés fréquemment. Au besoin, fer couvert si la sole est faible ou sensible. Parer d‟aplomb et avec ménagement, ne pas toucher à la sole, râper un peu de court le bord inférieur de la paroi et plus particulièrement son principal évasement en pince et en mamelle. Tenir juste sauf en talons où la garniture doit être égale des deux côtés. Ferrer normalement, soit à chaud en faisant porter très brièvement soit et de préférence à froid. 1.2 Pied trop petit Le pied trop petit est de dimensions exagérément réduites pour le corps. Il est souvent délicat et sensible, sa corne est généralement mince, sèche et pousse lentement. Fer normal mais peu épais et un peu plus couvert que d‟ordinaire. Au besoin, fer à traverse ou à lunette si l‟état de la fourchette et l‟avalure des talons le permettent. Clous à lame mince et brochés haut. Parer d‟aplomb et avec ménagement, garnir très légèrement en quartiers si le pied est dérobé, plus largement en talons. 1.3 Pieds inégaux Les pieds inégaux constituent une tare généralement grave si l‟un des pieds est plus petit que l‟autre en effet, c‟est presque toujours parce qu‟il travaille moins que lui en raison d‟une souffrance qui a été, est ou sera probablement une source de boiterie. - 109 - Fer normal sans garniture pour le pied le plus grand, avec bonne et égale garniture en quartiers et en talons pour le pied le plus petit. Clous à lame mince. Grâce à un parer correct et à une ferrure bien appliquée, rétablir autant que possible et progressivement la symétrie des pieds. 2. Défauts de conformation 2.1 Pied plat Le pied plat se caractérise par sa paroi évasée, ses talons largement écartés, sa sole plate et mince, ses barres inclinées, sa fourchette volumineuse mais écrasée. Il est exposé à se meurtrir gravement contre les moindres aspérités du terrain. Fer couvert ou demi-ouvert, avec ou sans siège de cuir, pinçon encastré, ajusture adaptée à l‟état de la sole et de préférence combinée ou anglaise à siège étroit, garniture ordinaire. De temps à autre, fer à planche ou à traverse si l‟état de la fourchette le permet. Ménager les talons, parer légèrement la pince, la raccourcir jusqu‟à 1 mm du sillon circulaire, rectifier l‟état de la fourchette et des barres. Arrondir fortement à la râpe le bord tranchant de la paroi en mamelles et à l‟origine des quartiers. Ferrer soit à de préférence à froid. Eviter les terrains humides, vérifier la solidité de la ferrure et consolider les rivets après la pluie, graisser souvent les pieds. 2.2 Pied comble Le pied comble est une exagération du pied plat. On le remarque souvent comme conséquence d‟une fourbure chronique. Sa paroi est évasée, ses talons sont très bas, ses barres sont affaissées, et infléchies, sa fourchette est forte, et surtout sa sole plus ou moins amincie est convexe et se bombe plus bas que le bord inférieur de la paroi. - 110 - Fer très couvert, plus ajusté que celui du pied plat (préférer l‟ajusture combinée) afin d‟augmenter encore la protection de la sole et d‟éviter qu‟elle appuie sur le fer. Compléter par une plaque de cuir sous matelassure goudronnée. Fer à double planche, fer à planche ou fer à traverse par alternance si la fourchette s‟y prête. Parer et ferrer avec les mêmes précautions que pour le pied plat. 2.3 Pied long en pince Ici, le pied est anormalement allongé en pince, ce qui expose le cheval à buter. Il est aplati et mince en quartiers, avec des talons souvent fuyants et une sole généralement très mince dans la région de la pince. Fer normal, un peu plus long mais dépourvu d‟étampures en pince, à pinçon soigneusement incrusté ou à deux pinçons laissant déborder pince du sabot (fer dit à la battière). De temps à autre, fer à planche ou à traverse pour faire appuyer la fourchette et soulager les talons. Parer d‟aplomb et avec précaution, tronquer la pince jusqu‟au niveau du sillon circulaire en diminuant l‟ensemble de la longueur du pied. Renouveler la ferrure toutes les 3 semaines. Pied long en pince et fer à la battière 2.4 Pied encastelé ou serré L‟encastelure frappe le plus souvent les pieds antérieurs et amène de préférence un resserrement du talon interne. Elle s‟observe fréquemment - 111 - parmi les chevaux dont les pieds sont généralement petits, creux, à talons hauts et à fourchette peu développée. On la rencontre occasionnellement parmi des chevaux de toutes races dont la paroi est fortement rentrée en arrière au lieu d‟être droite et légèrement inclinée en dehors, et dont la fourchette est insuffisante dans ses branches et dans ses glomes mais forte dans son corps et à sa pointe tandis que les barres s‟affaissent et s‟incurvent vers l‟avani. Outre ses inconvénients précédemment indiqués, le pied encastelé pousse peu et est exposé à souffrir de bleimes et de seimes. Le choix du fer à utiliser en cas d‟encastelure varie selon que la déformation est indolore ou qu‟elle occasionne une boiterie. Encastelure Encastelure sans boiterie : Ses degrés et leurs remèdes sont variables. • Resserrement peu accusé Fer demi-couvert à garniture d‟autant plus forte que le resserrement est plus accusé fer à planche fait de matière plastique. • Resserrement accusé et égal de chaque côté: Fer à éponges couvertes fer à queue d‟aronde. - 112 - • Resserrement plus accusé d‟un côté que de l‟autre: Du côté où porte le resserrement, éponge couverte si la déformation se limite au talon branche couverte ou planche si la déformation s‟étend en quartier. • Pied à talon chevauché : En ce cas, l‟un des talons (qualifié de chevauchant) est plus serré et plus haut que l‟autre et tend à remonter en haut et en arrière de l‟autre (qualifié de chevauché), alors que ce dernier est plus bas et déporté de côté. Pied à talon chevauché Fer à planche ou à traverse avec plaque de cuir et étoupades goudronnées. Ou bien fer à éponge interne couverte ou à branche interne couverte avec forte garniture. Parer d‟aplomb et au degré voulu en alignant la face plantaire des talons sur le même plan sans se préoccuper de l‟inégalité de leur hauteur. Au moyen d‟un sifflet ou même d‟une branche tronquée, interdire l‟appui du talon chevauchant pour lui permettre de redescendre. Encastelure avec boiterie : Les ferrures qu‟on vient d‟indiquer ne suffisent pas toujours pour enrayer la marche de I‟encastelure, aussi la déformation s‟accentue et la boiterie s‟installe. Après avoir calmé la chaleur - 113 - et la douleur du pied grâce à des bains, on peut soit appliquer un fer à lunette, soit faire alterner un fer couvert avec un fer à planche ou avec une semelle Alletrux posée à l‟envers. Si la boiterie persiste, il faut accroître par tous les moyens l‟humidité de la corne, remplacer la paille de litière par de la tourbe, forcer l‟appui de la fourchette par emploi d‟un des procédés exposés à propos de l‟ostéite de la troisième phalange, employer, pratiquer des rainures ou un amincissement. Sitôt la boiterie disparue, on fera porter pendant un certain temps un fer à oreilles minces, hautes, parallèles à l‟obliquité des barres et s‟appliquant contre elles à leur extrémité supérieure. Traitement de lencastelure par la semelle Alletrux posée à l’envers 3. Défauts d’aplomb 3.1 Pied de travers Le pied de travers est celui dont l‟un des quartiers est plus haut que l‟autre et qui penche du côté de ce dernier. Généralement due au parage excessif du quartier le plus bas, cette défectuosité peut aussi provenir d‟un déséquilibre transversal de l‟avalure ou de l‟emploi d‟un fer d‟épaisseur inégale. Ecrasé par sa surcharge, le côté le plus bas se déforme et se resserre, sa paroi s‟amincit et son talon devient chevauchant. De plus apparaît une boiterie provoquée par la compression et les tiraillements des - 114 - articulations inférieures du membre, puisque les efforts s‟y répartissent inégalement. Deux cas sont alors possibles: 1) Le défaut est récent : Aucun fer particulier n‟est indispensable. Il convient simplement de rétablir l‟aplomb en fuyant l‟usure, autrement dit en parant le côté le plus haut et en ménageant le côté le plus bas. Si le parage n‟a pu d‟emblée rectifier l‟aplomb, il faut relever le côté le plus bas grâce à un siège de cuir, rapprocher vers la pince les étampures de la branche correspondante et lui donner un peu plus de garniture. 2) Le défaut est ancien: Rétablir progressivement l‟aplomb par les mêmes moyens au cours de plusieurs ferrures successives, ou appliquer un fer à planche ou à traverse avec sifflet du côté le plus bas. 3.2 Pied à talons hauts Avec cette défectuosité fréquente parmi les chevaux arabe barbes, les talons sont anormalement hauts, et de ce fait, la sole est creuse, la fourchette est remontée, l‟encastelure est à redouter. Fer normal à éponges amincies, ou bien fer à lunette. Abattre un peu plus les talons à chaque ferrure, en leur laissant néanmoins une hauteur raisonnable par rapport à la conformation du pied et ail moins égale à la moitié de la hauteur du sabot en pince. Pied à talons hauts 3.3 Pieds à talons bas - 115 - En ce cas, la pince est normalement inclinée mais les talons sont anormalement courts. Le centre de la pesée du corps se déporte vers l‟arrière, les talons s‟écrasent, s‟affaiblissent et poussent insuffisamment. Fer normal, un peu long, bonne garniture et éponges plutôt petites, au besoin munies de talonnettes de cuir rivées. De temps à autre, fer à planche ou à traverse pour reposer les talons et favoriser leur allongement. Parer la pince, ménager les talons. 3.4 Pied à talons fuyants Dans ce cas encore, la pince est normalement inclinée mais les talons, trop inclinés parce que longs et couchés, déportent tout à fait en arrière le centre de la pesée du corps en fatiguant le cheval au repos aussi bien qu‟en marche. Ferrure identique à celle du pied trop long en pince, autrement dit fer à la battière, au besoin appliqué en alternance avec un fer à planche ou à traverse. Raccourcir autant que possible le pied en le parant à plat et en tronquant transversalement la corne en pince jusqu‟au sillon circulaire afin de bien remonter le fer. 3.5 Pied panard : Devant un pied panard, le maréchal-ferrant doit scrupuleusement examiner l‟aplomb du membre tout entier car la ferrure sera différente selon les conclusions de son examen. Si le cheval est panard parce que le membre est tourné trop en dehors, les quartiers du sabot sont forcément égaux et normalement inclinés, et le pied demande uniquement à être paré d‟aplomb puis muni d‟un fer normal, tout comme si son aplomb était absolument régulier. Au contraire si le cheval est panard parce que seul son pied est tourné trop en dehors, le sabot est plus long et plus oblique du côté externe que du côté interne, la corne pousse plus vite de ce côté en se renforçant et - 116 - s‟évasant tandis qu‟elle s‟affaiblit et se resserre du côté interne dont le talon devient peu à peu chevauchant. Démarche du cheval panard Ferrure : Pour le pied d‟un membre entièrement panard, fer normal bien entendu. Pour le pied à lui seul panard, fer normal à pince relevée, dépourvu dc la dernière étampure de sa branche interne (en raison de la minceur de la paroi à ce niveau); pinçon légèrement déporté en dedans ; étampé à maigre et ferré juste en branche externe, donc sans garniture sauf en talon interne si le quartier de ce côté est resserré ; couverture plus grande du côté qui use le plus (celui du dehors en principe); branche interne couverte pour préserver le quartier et augmenter d‟une manière rationnelle la garniture, arrondie et biseautée si le cheval est panard au point de se couper. Application: Parer exactement d‟aplomb en cherchant soit à conserver soit à reconstituer dans leur prolongement parfait l‟axe longitudinal du pied et celui du paturon. Du côté du dehors, abattre davantage la paroi. Du côté du dedans, ménager la corne si elle est de - 117 - bonne qualité; chercher la bonne corne si elle est de mauvaise qualité et rétablir l‟aplomb grâce à un siège de cuir disposé en dedans. Pour le pied postérieur, lever le pinçon très en dedans de préférence, ferrer à deux pinçons latéraux. Pour le pied antérieur aussi bien que pour le pied postérieur, empêcher au besoin le fer de chasser en dehors, en levant en branche interne un petit pinçon soigneusement incrusté qui protégera la paroi du côté interne toujours plus faible que dans la partie externe d‟un pied panard. 3.6 Pieds cagneux Généralités : Un pied peut être cagneux pour les mêmes raisons que celles exposées à propos du pied panard. L‟action du maréchal-ferrant doit donc être la même si le cheval est cagneux parce que tout le membre est tourné trop en dedans, il suffit de parer le pied d‟aplomb et d‟y appliquer un fer normal ; s‟il est cagneux parce que seul son pied est tourné trop en dedans, lè quartier interne du sabot est fort et relativement évasé tandis que le quartier externe est plus faible et resserré. Ferrure : Fer normal avec garniture forte à la mamelle et au quartier du dehors mais égale en éponges; pinçon légèrement déporté en dehors pour rendre la déformation moins visible; au besoin, siège de cuir sous le quartier externe du sabot. Si l‟usure externe est excessive, augmenter la couverture de la branche du dehors ou aciérer cette dernière. Exceptionnellement, consolider la ferrure avec un second pinçon en branche externe qui protégera la paroi du côté externe toujours plus faible que sa partie interne dans un pied cagneux. Application : Parer exactement d‟aplomb en cherchant soit à conserver soit à reconstituer dans leur prolongement parfait l‟axe longitudinal du pied et celui du paturon. Du côté du dehors, ménager la paroi. Du côté du dedans, abattre davantage la paroi et la râper fortement en mamelle et à l‟origine du quartier. - 118 - Démarche du cheval cagneux (dessin P. Chambry) 3.7 Pied pinçard Cette anomalie ne frappe guère que les pieds postérieurs, le pied s‟appuie à terre par la pince qui est courte et verticale tandis que les talons hauts et trop écartés ne touchent pas le sol. Fer pinçard à pinçon épais, large et plat à sa base, bridé contre la paroi ; ajusture adaptée au mode d‟appui et d‟usure; épaisseur moindre en pince; crampons fixes, plus ou moins élevés selon que les talons sont plus ou moins éloignés du sol. Fer à lunette s‟il s‟agit d‟un jeune cheval modérément pinçard. Parer la pince le moins possible et abattre modérément les talons. Pied pinçard - 119 - 3.8 Pied rampin Dans une exagération très exceptionnelle du cas précédent, la pince du sabot est renversée vers l‟avant et traîne sur le sol pendant la marche tandis que les talons sont généralement très hauts. Pied rampin Fer pinçard à pinçon encore plus large, épais et bridé. Ou bien fer à pince prolongée en avant et fortement relevée pour protéger contre l‟usure la face antérieure du sabot. 4. Défauts de qualité de la corne 4.1 Pied gras La corne de ce pied est molle et facile à entamer. Les clous y tiennent mal et la ferrure manque donc de solidité. Fer normal mais léger ou fer demi-couvert. Bonne ajusture, étampures plus nombreuses, peu de garniture, pinçon en quartier du dehors où corne est de moins mauvaise qualité. Clous à lame mince. Au moyen de la rénette, amincir la sole en pince où l‟apparition de la rosée indiquera la quantité de corne à supprimer de la sole. Parer avec précaution, ménager soigneusement la corne. Faire porter brièvement le fer chaud ou plutôt ferrer à froid. Bien incruster les rivets et les vérifier fréquemment. - 120 - 4.2 Pied maigre Ici au contraire, la corne est mince, sèche et cassante, elle pousse peu et se dérobe volontiers. On doit toujours craindre de piquer le pied ou de le serrer par les clous. Fer léger à faible garniture, clous à lame très mince. Parer avec ménagement, brocher avec beaucoup de précaution. Multiplier les bains de pied et les applications d‟onguent de pied. 4.3 Pied cerclé Le pied cerclé se ride d‟une succession de reliefs et de sillons plus ou moins parallèles au bourrelet. Surtout si elles sont accusées et rapprochées, ces irrégularités sont le signe d‟une souffrance à répétition du pied, dont la corne est de ce fait sèche, cassante, écailleuse. Fer demi-couvert, clous à lame mince. Ou bien fer à planche ou à traverse avec plaque de cuir et étoupades goudronnées. Eviter de niveler les cercles à la râpe, de peur d‟affaiblir la paroi ou de dessécher la corne par augmentation de son évaporation naturelle. Parer en essayant de traiter la maladie responsable de la formation des cercles. Multiplier les bains de pied et les applications d‟onguent de pied. Pied cerclé - 121 - 4.4 Pied dérobé Le bord inférieur de ce pied est irrégulier, déchiqueté, éclaté par places. Le sabot se prête mal au parage et à la bonne attache des clous. Il s‟agit souvent d‟un pied gras ou maigre, d‟un pied maladroitement ferré, ou d‟un pied qui séjourne habituellement dans l‟eau et la boue. Fer mince et un peu couvert ou bien fer à caractère clous à lame mince. Parer avec précaution, en faisant tomber tous les éclats de corne et en arrondissant à la râpe le pourtour inférieur du sabot. Combler les brèches de la corne en appliquant les moyens modernes qu‟on décrira au chapitre x à propos des pertes de substance du sabot. Pied dérobé 4.5 Pieds sensibles, à oignons et faux-quartiers De même que le pied plat, ces défauts de la corne rendent presque toujours le cheval infirme. Tout au plus peut-on le soulager grâce aux procédés suivants : • Par emploi d‟une simple éponge de cuisine convenablement taillée, modelée et comprimée entre la sole et une plaque quelconque. • Par emploi de colmatage de silicone avec un fer à plaque. Sur Je pied traité et posé à terre, couper l‟excédent de pâte, referrer avec la plaque - 122 - serrée entre Je fer et la corne. La substance se modèle parfaitement contre la corne et procure pendant deux mois une protection élastique du pied, un agrandissement considérable de sa surface portante, une charge moins forte au centimètre carré, un amortissement amélioré. C. ferrures orthopédiques Alors que la ferrure pathologique vise à corriger certains défauts qui rendént le pied anormal, la ferrure orthopédique a pour but de remédier à certains vices qui tarent plus ou moins le cheval, soit par altération de ses aplombs soit par altération de ses allures. 1. Vices d’aplomb Les aplombs du cheval ont été expliqués au chapitre II puisque leur étude était indispensable à la bonne compréhension des principes de la maréchalerie et à celle de toutes leurs applications. Réguliers, les aplombs doivent être respectés et entretenus par la ferrure normale (ou spéciale). Irréguliers, ils doivent être en maintes circonstances ramenés à la normale grâce à des mesures dites d‟orthopédie qui font agir le fer lui-même ainsi que la manière de l‟appliquer. Ces mesures très simples doivent être progressives et échelonnées sur plusieurs ferrures successives, toute correction trop brutale entraînant inévitablement plus de mal que de bien. 1.1 Membres anterieurs Aplombs irréguliers de profil • Cheval sous lui du devant: Parer d‟aplomb; fer normal avec ajusture plus accusée en pince afin de soulager la sole en cette région. • Cheval campé du devant: Choisir le fer qui convient le mieux à la cause de la douleur qui motive cette attitude. - 123 - • Cheval à genoux creux: Parer en pince, conserver les talons; fer à pince relevée afin que le pied quitte le sol plus aisément. • Cheval brassicourt ou arqué: Le cheval brassicourt est né avec un genou placé trop en avant; la malformation est naturelle, innée, sans conséquence regrettable et ne nécessite pas de ferrure particulière. Le cheval arqué souffre d‟un genou placé trop en avant par suite d‟une usure prématurée ou par fatigue des tendons fléchisseurs comme dans le cas précédent, il convient de parer en pince, de conserver les talons et d‟appliquer un fer à pince relevée. • Cheval long et bas jointé: Parage en pince, ménager les talons ; fer normal mais un peu long, bonne garniture, éponges plutôt couvertes et nourries pour protéger et rehausser les talons. • Cheval court et droit jointé: Parer surtout en talons ; fer normal à pinçon bridé et éponges amincies ou bien fer à lunette. • Cheval bouleté: Ménager les talons fer normal ou couvert avec pince relevée, pinçon bridé pour inciter la pince à reprendre une inclinaison normale. Aplombs irréguliers de face • Cheval trop ouvert du devant: Aucune mesure particulière n‟est nécessaire. • Cheval trop serré du devant: Parer d‟aplomb ferrer avec très peu de garniture en mamelle et en quartier internes pour éviter les plaies du couper et les risques d‟arrachement. • Cheval panard des membres: il est impossible et même néfaste de vouloir redresser le pied panard qui termine un membre panard ; dans le cas contraire et si l‟on devait parer à fond le côté externe du sabot, on ne ferait que placer un pied cagneux à l‟extrémité d‟un membre sans inconvénients panard. Parer d‟aplomb; fer normal à pinçon légèrement déporté en dedans pour rendre l‟anomalie moins visible. - 124 - • Cheval cagneux des membres: Mêmes observations que dans le cas précédent ; pinçon légèrement déporté en dehors. • Cheval à genoux cambrés, à genoux de bœuf ou panard du pied: Parer davantage en dehors qu‟en dedans en reconstituant peu à peu peu l‟aplomb normal fer normal mais modifié. • Cheval cagneux du pied: Parer davantage en dedans qu‟en dehors ; fer normal mais modifié. 1.2 Membres posterieurs Aplombs irréguliers de profil • Cheval sous lui du derrière: Parer la pince, ménager les talons, fer normal, au besoin des éponges nourries et crampons fixes. • Cheval campé du derrière: Parer d‟aplomb ; fer normal à pinçon bridé. • Cheval court et droit jointé: Parer la pince, ménager les talons fer normal à éponges un peu plus longues, au besoin muni de crampons fixes. • Cheval bouleté: Ménager les talons; fer normal ou couvert avec pince relevée et pinçon bridé. • Cheval long et bas jointé: Parer la pince, ménager les talons; fer normal à éponges un peu plus longues, au besoin muni de crampons fixes. Aplombs irréguliers de derrière • Cheval trop ouvert de derrière: Aucune mesure particulière n‟est nécessaire. • Cheval trop serré de derrière: Parer d‟aplomb ; fer à garniture très faible en mamelle et en quartier internes mais égale en éponges, pinçon levé plus en dedans. • Cheval à jarrets crochus, à jarrets clos ou panard du derrière: Anomalie extrêmement courante qui mérite les mêmes observations que pour le membre antérieur du cheval panard. - 125 - • Cheval à jarrets cambrés ou cagneux du derrière: Anomalie très rare qui mérite les mêmes observations que pour le membre antérieur du cheval cagneux. 2. Vices d’allures 2.1 Cheval qui se croise Pendant la marche: Comme les pieds antérieurs et plus souvent postérieurs se placent presque l‟un devant l‟autre, le cheval est exposé soit à tomber et se couronner s‟il se croise de devant, soit à se couper s‟il se croise de derrière. Parer d‟aplomb fer normal sans garniture en dedans. Eviter de mettre des crampons au fer de derrière ou remplacer le crampon interne par une mouche anglaise à arêtes soigneusement arrondies. A l’arrêt: Le cheval peut également se croiser à l‟écurie afin de reposer l‟un de ses membres postérieurs dont il appuie le pied contre la face antérieure de l‟autre sabot posé au sol. La corne du pied à l‟appui s‟use, sa paroi se meurtrit en pince, le bourrelet peut être plus ou moins gravement blessé. Ferrer court, éviter les crampons, arrondir et biseauter la branche et l‟éponge internes. Au besoin, utiliser un dispositif de protection en cuir et si possible le bourrelet à rondelle. Cheval qui se croise en marche - 126 - Le bourrelet à rondelle 2.2 Cheval qui se touche, se coupe, s’entretaille ou s’attrape Généralités : Pendant la marche, le pied ou le fer du membre au soutien heurte ou blesse à des degrés différents le membre à l‟appui. le cheval se touche quand le membre au soutien use le poil du membre à l‟appui ou y projette la boue ou la poussière qu‟il entraîne avec lui ; il se coupe quand, au cours de sa trajectoire, l‟un des pieds ou l‟un des fers vient à blesser le membre à l‟appui ; il s‟entretaille quand, au cours de leur trajectoire, les deux membres sont réciproquement blessés par le pied ou le fer du membre opposé; il s‟attrape quand les plaies ou l‟impact des contusions sont à des niveaux variables entre le bourrelet et le coude. L‟accident se produit le plus souvent à la face interne du boulet, plus rarement de la couronne, du canon et plus haut encore. Causes : Maladresse de jeunesse, faiblesse, fatigue, sol irrégulier ou glissant, aplombs trop serrés du devant ou du derrière, et surtout ferrure maladroite, parage mal exécuté, garniture excessive, fer qui a tourné en dedans, rivets insuffisamment incrustés. De plus, la trajectoire facilement rentrante du pied panard en marche multiplie les risques du couper, soit dans le voisinage du genou si le cheval trousse haut, soit dans celui de la couronne s‟il rase le tapis. - 127 - Remèdes: Il convient d‟abord de rechercher quelle est la région du pied ou du fer au soutien qui heurte le membre à l‟appui. A cet effet, on enduit la trace ou la plaie du couper avec un peu de craie ou de blanc d‟Espagne délayé dans l‟eau, on exerce le cheval, et on s‟aperçoit bientôt que telle partie du fer opposé s‟est colorée en blanc pour avoir frôlé ou heurté le membre qu‟elle avait déjà contusionné. Le plus souvent, il suffit de parer les deux pieds exactement d‟aplomb. En d‟autres cas il convient de diminuer la saillie de la partie avec laquelle le cheval se coupe : on applique alors un fer à mamelle tronquée, à branche tronquée ou même à branche droite. Enfin il peut être nécessaire de recourir à un fer dont la branche interne mince et courte ne porte pas d‟étampures sauf en mamelle, avec un premier pinçon en pince et un deuxième pinçon en branche externe et, à la première ferrure, muni d‟un crampon en éponge externe: ce fer dévie provisoirement le boulet en dehors de la ligne d‟aplomb en supprimant les contusions ; par la suite, un fer normal le remplace lorsque les plaies sont guéries et que le cheval a appris à rectifier son allure. Si ces moyens ne suffisent pas, deux solutions sont encore à envisager. Premièrement et même si la chose peut surprendre au premier abord, on peut donner à la branche interne et jusqu‟aux éponges une bonne garniture s‟alignant sur la verticale abaissée du bourrelet principal ou même débordant plus encore le sabot, ce qui permet de rendre très couverte la branche interne. Deuxièmement on doit conseiller l‟emploi de dispositifs de protection : cloche, scalp, troll, guêtre, bandage, bracelet à pointes de caoutchouc etc. Une vieille recette consiste en outre à nouer lâchement autour du paturon une cordelette dont le ballottement pendant la marche incite le cheval à écarter davantage ses pieds l‟un de l‟autre ; au bout de quelque temps, l‟animal apprend à rectifier l‟allure et cesse définitivement de se couper. - 128 - 2.3 Cheval qui bute Le cheval ne lève pas assez ses pieds, il « rase le tapis » et heurte de la pince les aspérités du terrain, en risquant de tomber et de se couronner, au pas et au trot ralenti surtout. Ce vice d‟allure résulte de la fatigue, d‟une sensibilité exagérée des pieds, de tares des membres, d‟un excès de longueur de la pince, d‟un parage transversal inégalement exécuté. Il coïncide souvent avec la crise de croissance que les jeunes chevaux traversent au moment où leurs dents de lait tombent et sont remplacées par les dents définitives. Parer d‟aplomb, raccourcir le pied trop long, abaisser la pince et ménager les talons si le pied est long en pince avec talons bas. Fer à ajusture plus forte en pince et relevé de court, clous à tête petite et noyée dans les étampures de pince. S‟il s‟agit d‟un cheval aux pieds sensibles ou aux membres tarés, fers couverts ou demi-couverts avec plaque et étoupades goudronnées, ou bien fer lourd amortisseur à pince fortement relevée avec ou sans patin. S‟il S‟agit d‟un cheval de 2 à 5 ans, consulter le vétérinaire afin de porter remède à la crise de croissance probable en cette période. 2.4 Cheval qui forge Au pas et surtout au trot, un fer postérieur vient frapper avec un bruit métallique le fer antérieur correspondant, d‟ordinaire en éponges ou en branches et moins souvent au niveau de la voûte. Le cheval risque de se couper, de se déferrer ou de trébucher. Le forger est la conséquence d‟une allure trop en extension, d‟une maladresse de jeunesse, de la fatigue, de fers ou de pieds trop longs. Les remèdes sont surtout entre les mains du cavalier. Moins efficaces, ceux qui incombent au maréchal-ferrant consistent à diminuer autant que possible le volume des parties de la ferrure dans les points où elles risquent de se toucher - 129 - . Pour le fer de devant: Parer d‟aplomb. Si le cheval forge en éponges, fer normal sans garniture, à éponges tronquées ou biseautées et incrustées, ou bien fer à lunette. S‟il forge en branches, fer dégagé à faible couverture. S‟il forge en voûte, fer à voûte tronquée. Dans tous les cas, les chocs subis par le fer exposent le cheval à se déferrer; il faut donc attacher le fer très solidement, consolider fréquemment les rivets, prévoir au besoin un pinçon supplémentaire bien incrusté sw le milieu de chaque branche. . Pour le fer de derrière: Parer d‟aplomb sans préparer l‟emplacement du pinçon. Fer à pince tronquée, légèrement relevée et fortement biseautée, avec deux pinçons latéraux. 2.5 Cheval qui s’atteint Au saut ou aux allures étendues, la pince du fer de derrière vient frapper le membre antérieur correspondant, le plus souvent en talons (le cheval se scalpe), au bourrelet et plus rarement au boulet ou au tendon. Parer d‟aplomb et ferrer à pince tronquée comme dans le cas du cheval qui forge. Au besoin, conseiller l‟emploi de dispositifs de protection. Cheval qui harpe ou qui éparvine Un pied postérieur quitte l‟appui par un déclic mécanique qui l‟élève brusquement et trop haut, le boulet pouvant parfois heurter le ventre. Il y a peu d‟espoir que la ferrure améliore ce vice d‟allure qui disparaît le plus souvent de lui-même après quelques pas. Parer d‟aplomb ; fer normal ou fer désencasteleur au cas où il s‟avère utile. Cheval qui vacille sur ses jarrets Pendant qu‟un des pieds postérieurs termine sa phase de soutien, l‟autre pied pivote légèrement sur lui-même dans les deux sens avant de s‟élever à son tour. Parer d‟aplomb ; fer normal à forts crampons fixes. - 130 - Cheval qui se déferre L‟accident survient en marche ou à l‟écurie. Survenant à répétitions, ii force à referrer avec une fréquence nuisible au bon état de la corne. Déferrer en marche: C‟est le résultat du forger ou d‟atteintes surtout fréquentes chez les chevaux de chasse ou d‟obstacle. Parer d‟aplomb. Appliquer au pied antérieur un fer normal juste, plutôt couvert et à éponges biseautées, ou bien un fer à voûte tronquée; appliquer au pied postérieur un fer à pince tronquée ou à voûte tronquée. Utiliser au besoin les cloches. Si le cheval s‟est déferré en marche, si son fer a été perdu et si l‟on ne peut aussitôt le referrer comme il se doit, on lui applique provisoirement le fer à tous pieds, conçu pour s‟adapter indifféremment à tous les pieds sans qu‟il puisse servir très longtemps dans un cas donné. Mince et peu couvert, ce fer est formé de deux moitiés percées chacune d‟une double rangée d‟étampures, articulées en pince au moyen d‟un rivet qui traverse leurs embases inversées et dont les têtes sont profondément encastrées pour ne pas être dépassantes. Ce fer permettra pendant quelques heures de terminer l‟étape ou d‟attendre qu‟on puisse referrer normalement. Fer à tous pieds - 131 - Un peu fragile, trop vite usé ou déformé, assez long à fabriquer, le fer à tous pieds peut être avantageusement remplacé par le fer « caoutchouc » Delmon ou par l‟Easy-boot et autres bottes. Comme il n‟est pas exceptionnel qu‟un cheval se déferre au cours d‟une longue randonnée en des terrains éloignés de tout secours, les conseils suivants sont à appliqués : — au cas où un fer cloche simplement sous le pied, enlever les clous de la branche interne, les remplacer par des clous à tête plate ou par des clous plus petits afin qu‟ils s‟engagent plus profondément dans les étampures inévitablement amincies et fatiguées, river puis répéter l‟opération sur la branche externe sans avoir déplacé le fer. — au cas où le fer se serait perdu, appliquer soit celui d‟une ferrure anciennement portée par le cheval, soit celui d‟une Ferrure en matière plastique moins embarrassante à transporter en réserve. Il faut vérifier la ferrure quelques jours avant le départ en randonnée, de la « sonner » pendant le pansage afin de serrer les rivets s‟il en est besoin, et de surveiller en route la ferrure d‟un cheval grâce à un simple coup d‟oeil lancé de temps à autre par le cavalier voisin. Il est bon d‟ajouter à cela que si l‟on s‟aperçoit en marche qu‟un fer ne tient plus à un pied que par un ou deux clous et si l‟on n‟a ni les connaissances ni le matériel voulu pour le consolider, la seule chose à faire est de le supprimer d‟emblée en arrachant scrupuleusement avec une pince quelconque les clous ou les débris de clous qui subsistent dans la corne, puis de rejoindre à pied ou en marchant dans les terrains les plus meubles le gîte d‟étape où le cheval pourra être comme il le faut referré. Déferrer à l‟écurie Le cheval se déferre parce qu‟il se croise, rue à l‟écurie ou cherche à libérer ses antérieurs qu‟il a la manie d‟accrocher dans la mangeoire ou dans le râtelier bas. Parer d‟aplomb fer normal court à - 132 - éponges arrondies et biseautées, avec pinçon supplémentaire en quartier, ou bien fer à lunette. Entraves lâches s‟il y a lieu. Cheval qui botte à l’écurie Certains chevaux ont la manie de frapper sans cesse contre les parois du box et se déferrent ou contractent des capelets. Fer normal, solidement attaché, avec un pinçon supplémentaire en quartier externe et une ou deux étampures de plus que d‟ordinaire. Au besoin, fixer au paturon un entravon muni d‟une courte chaîne terminée ou non par une boule de fonte, dont le choc fera bientôt oublier cette mauvaise habitude. D. Accidents de la ferrure Ainsi que n‟importe quelle technique, celle de la maréchalerie est sujette à des incidents d‟autant plus possibles qu‟ils peuvent être le fait non seulement de l‟ouvrier mais encore de l‟être vivant et parfois imprévisible sur lequel il travaille. Aucun de ces incidents n‟est grave, à condition que le maréchal-ferrant veuille bien s‟en apercevoir et qu‟il y remédie par des mesures simples dont la principale obligation est qu‟elles soient immédiates. Méconnaître l‟incident, le nier par orgueil ou négliger les soins qui s‟imposent, c‟est s‟exposer à aggraver ses conséquences, compliquer son traitement et compromettre ou retarder la guérison. 1. Piqûre : Au lieu de rester dans l‟épaisseur de la paroi, un clou a pénétré dans la chair vive parce que la paroi est verticale, mince ou dérobée, que le pied a été trop paré, que le fer est trop juste ou étampé trop à gras, que le clou était mal affilé ou mal dirigé, que le cheval a fait un geste impromptu. L‟animal retire brusquement son membre, puis un peu de sang perle du trou dont le clou aura été immédiatement retiré. Au contraire si le retrait du membre se - 133 - répétait à chaque coup de mailloche, il ne signifierait rien car il est souvent des cas où le cheval compte en accusant les coups par une sorte de manie sans réelle importance. Si la piqûre est légère, supprimer le clou, le remplacer par une caboche coincée dans I‟étampure pour éviter qu‟on soit tenté d‟y planter un nouveau clou l‟un des jours suivants, verser dans le trajet un peu de teinture d‟iode ou d‟essence de térébenthine. Si elle saigne abondamment, dégager au rogne-pied ou plutôt à la rénette la sole environnante, faire un léger sifflet au niveau de la plaie, coincer entre elle et le fer une petite étoupade imbibée de teinture d‟iode ou d‟une solution de sulfate de cuivre à 5 pour cent. Dans les deux cas, s‟assurer que le cheval est à jour dans ses vaccinations contre le tétanos, sinon lui injecter sous la peau une dose de sérum antitétanique. 2. Retraite : Un clou pailleux qu‟on enfonçait dans la corne s‟est divisé en deux moitiés dont l‟une pénètre dans la chair vive tandis que l‟autre sort normalement de la paroi pour être rivée. A droite, le clou a fait retraite Si le brusque retrait du membre et la minceur du rivet permettent de se rendre compte de l‟incident, traiter comme une simple piqûre. Dans le cas contraire, le cheval boite au bout de quelques jours parce que la partie du clou piquée dans la chair et les microbes qu‟elle y a introduits provoquent une pénible suppuration intérieure qui décolle bientôt la corne. Au moyen de - 134 - la rénette, amincir la corne en débordant sur la sole autour de la blessure après avoir dérivé et retiré le clou défectueux, baigner le pied dans la solution sulfate de cuivre, ferrer à quatre clous avec étoupades goudronnées et plaque. Précautions contre le tétanos. Ne reprendre le travail normal qu‟après disparition de la boiterie. 3. Enclouûre : Au lieu d‟avoir été retirés immédiatement, la souche ou le clou responsables de la piqûre ou de la retraite ont séjourné dans une partie vivante du pied. En quelques jours, ce dernier devient chaud, douloureux et fait boiter le cheval en raison de la suppuration et du décollement dus à sa présence. Assez grave et souvent très dangereuse, l‟enclouûre justifie avant tout l‟extraction de la souche ou du clou qui en sont responsables, puis un large amincissement à la rénette jusqu‟à ce que l‟abcès se vide (Fig. 8-5). Si la plaie donne issue à un écoulement liquide et noir, elle guérira par les mêmes moyens que ceux employés dans le cas d‟une retraite ancienne. S‟il s‟en écoule un pus épais, jaunâtre ou malodorant, les soins du vétérinaire seront nécessaires. Dans les deux cas, précautions contre le tétanos. Amincissement de I’enclouûre - 135 - 4. Coupure par le rogne-pied ou le boutoir Il s‟agit d‟une blessure due à une maladresse dans l‟emploi de ces instruments. La boiterie est de règle mais la guérison est rapide. Fer normal, léger, couvert, à ajusture suffisante pour ne pas porter sur la coupure, attaché à froid et à quatre clous. Bains de pied comme dans le cas d‟une retraite ; étoupades goudronnées et fer à plaque ou à éclisses s‟il le faut. Précautions contre le tétanos. 5. Pied serré par les clous ou par le pinçon Un ou plusieurs clous ont été brochés trop près du podophylle sans l‟avoir pénétré, ou bien le pinçon a été trop brutalement bridé (on parle alors d‟un étonnement du sabot). La boiterie apparaît au bout de quelques jours mais l‟incident n‟est pas grave. Déferrer, s‟assurer que rien de plus inquiétant ne menace, en flairant un à un les clous qu‟on retire et dont l‟odeur sera nauséabonde en cas d‟enclouure. Rectifier le fer en élargissant sa tournure ou en l‟étampant plus à maigre, ou bien redresser le pinçon et polir au besoin sa face interne. Referrer sans brocher de clous dans les régions douloureuses. Si la boiterie persiste, mêmes soins qu‟à propos de l‟enclouure. Précautions contre le tétanos. 6. Sole trop parée ou comprimée par le fer Un fer insuffisamment ajusté, une sole naturellement trop mince ou un excès de parage peuvent provoquer une boiterie par simple sensibilité de la sole ou par meurtrissure et détérioration du tissu velouté. Fer couvert, léger et largement ajusté, avec plaque ou siège de cuir. Bains de pied, badigeonnage au goudron de Norvège. Repos jusqu‟à disparition de la boiterie. - 136 - 7. Sole chauffée ou brûlée L‟accident est dû à un fer chaud qu‟on a trop longtemps tenu sur le pied, surtout si ce dernier est trop paré, plat, comble ou à sole mince. Chauffée, la corne est d‟un jaune pointillé de noir brûlée, elle laisse en outre suinter des gouttes d‟un liquide clair, elle est décollée et elle emprisonne un pus noirâtre qui comprime très douloureusement le tissu velouté, le cheval sursaute à la moindre pression à ce niveau. Si la brûlure ne se complique pas d‟une suppuration interne, elle n‟est générale men pas grave mais elle fait boiter et sa guérison est assez longue. Dans les cas récents et peu inquiétants, bains de pied prolongés, fer largement ajusté, fixé à quatre clous. Si la boiterie persiste plus de huit à dix jours, amincissement et pansement sous fer à plaque comme dans le cas des coupures par le rogne-pied ou le boutoir. Si elle ne disparaît pas grâce à ce traitement, on doit craindre une mortification des parties vivantes du pied, et l‟intervention du vétérinaire devient nécessaire. De toute façon, les brûlures de la sole peuvent dans l‟avenir provo que des boiteries par cicatrisation défectueuse. En conséquence, le maréchalferrant doit se souvenir que ce sont des accidents inquiétants dont il doit avertir d‟une part son Assurance en responsabilité civile et d‟autre part le vétérinaire ainsi que le propriétaire du cheval. - 137 - Hygiène et entretien des chevaux -------------------------Plan----------------------------A. Protection du cheval contre les coups et blessures: 1. A l'écurie 2. Au travail 3. En voyage B. Toilettage des chevaux 1. Tonte 2. Toilettage C. Hygiène du pied 1. Soins et entretien du sabot 2. Matricule du sabot D. Entretien de la dentition 1. Matériel utilisé 2. Sur dents 3. L'lampas 4. Détartrage - 138 - A. Protection du cheval contre les coups et blessures: 1. A l’écurie Le cheval ayant l„habitude, à l‟état sauvage, de vivre en pleine nature dans de grands espaces largements ouverts, et se sont le plus en sécurité lorsqu‟il dispose d‟une vue ininterrompue de l‟horizon, ce qui lui permet de repérer le mieux les éventuelles menaces, grâce à son excellente vision. Ce mode de vie lui permet de fuir rapidement le danger sans être ralenti par des obstacles naturels. Néanmoins, Les espaces réduits et clos limitent sa vision, le forcent à une existence solitaire alors qu‟il est fait pour vivre en harde. Il vit tout simplement dans des conditions qui sont totalement à l‟opposé des besoins que lui impose son programme génétique. Lors d‟une tentative de fuite pour échapper à ce qu‟il considère comme une menace, il pourrait très bien vous reverser, briser les barrières ou foncer droit sur le tracteur garé au bord du chemin. Le confinement permanent peut aussi engendrer le développement de troubles du comportement (Stéréotypies) tels que le tic à l‟appui ou tic d‟aérophagie, le tic du félin (Cheval tournant sans arrêt en rond dans son box.), le tic de l‟ours. Ils sont le résultat de l‟impossibilité pour le cheval de se comporter comme ses gènes le lui imposent, à savoir de passer la majeure partie de son temps à marcher lentement tout en broutant régulièrement de petites quantités de nourriture. Il est donc important de maintenir à un niveau minimal de bien étre pour cet animal: S‟il est en box, qu‟il soit le plus grand possible (Au moins 4 mètres de côté.) et communique avec un enclos, afin qu‟il puisse bouger à volonté et scruter l‟horizon. La séparation entre les boxes ne doit pas hermétique (Par exemple grâce à une grille ou à des barreaux en tubes métalliques.), afin qu‟il puisse voir et communiquer avec ses camarades de harde. - 139 - Il doit être mis en liberté tous les jours, si possible avec d‟autres chevaux, afin qu‟il puisse avoir une vie sociale équilibrée. Dans les padoques des clôtures doivent être adaptées, comme par exemples des barrières en matériau moderne, se déformant sous les impacts, et peuvent étre doublées systématiquement de ruban électrique, ce qui dissuadera les chevaux de tester leur solidité et réduira le risque de blessure. Ne jamais utiliser de fil de fer et encore moins de barbelés qui peuvent causer de très graves blessures, les chevaux ne pouvant les distinguer à temps pour s‟arrêter. 2. Au travail: On appelle atteintes, les blessures que le cheval se fait aux membres avec ses propres pieds pendant le travail. On y inclut généralement les autres plaies superficielles des membres survenues au cours du travail. Si vous parvenez à déterminer pourquoi le cheval se blesse, vous pourrez sans doute prévenir le mal par l‟utilisation de protections adaptées. Le maréchal-ferrant peut également compenser certains défauts d‟aplomb par une ferrure adaptée à son cas. Les atteintes de la face interne des boulets postérieurs sont parmi les plus courantes. Elles surviennent souvent, chez les chevaux cagneux, pendant le travail au trot. A chaque foulée, le cheval se cogne le boulet postérieur avec le pied opposé. On y remédie en utilisant des protèges boulet. Certains chevaux se font le même type de blessures plus haut sur le postérieur. On les protége avec des guêtres. Il existe d‟autres blessures fréquentes dues au travail qu‟il faut surveiller : blessures au garrot, au passage de sangle, écorchure à la commissure des lèvres ou au niveau du harnais. En extérieur, les risques d‟atteintes sont accrus, à cause des accidents de terrain, de la nature du sol et du déplacement en général plus vif du cheval. De retour à l‟écurie, douchez les membres du cheval pour en ôter - 140 - toute trace de boue, cela lui procurera également un rafraîchissement et une relaxation. Ensuite examiner soigneusement ses membres. Les protections de travail Le rôle des protections est avant tout d‟empêcher les blessures. Ces protections sont choisies en fonction des besoins du cheval et de la discipline. Les guêtres : Les guêtres protègent les tendons des membres des atteintes que le cheval peut se faire (à l‟obstacle et en cross notamment où elles sont indispensables) lors d‟une séance de travail monté ou en liberté. Les guêtres ne doivent pas gêner les genoux et les jarrets, et doivent être correctement ajustées pour éviter qu‟elles ne tournent ou qu‟elles n‟entravent plus ou moins la circulation sanguine. Les modèles ouverts à scratch sont très faciles à poser. utilisatio entraînement du cheval, utiliser seuls, sur une coque ou n sous des protections. avantage s maintien soutenu des tendons. - 141 - inconvéni ents très délicat à poser. Les protèges boulets : Les protèges boulets sont réservés aux postérieurs, ils protègent les boulets des atteintes. Les bandes de travail : Les bandes de travail soutiennent les tendons et l‟articulation du boulet. Elles sont surtout utilisées avec des chevaux présentant une fragilité de ces structures anatomiques. Elles ont les mêmes fonctions que les guêtres. - 142 - Utilisatio Entraînement du cheval. Utiliser seuls, sur une coque ou n sous des protections. Avantage s Inconvéni ents Maintien soutenu des tendons. Très délicat à poser. Les bandes de polo protègent le tour des membres antérieurs ou postérieurs, mais ne doivent pas gêner le mouvement des articulations. Les cloches : - 143 - Les cloches sont destinées à protéger la couronne et les talons. Elles doivent correctement recouvrir le talon sans pour autant dépasser du fer afin d‟éviter que le cheval ne les abîme en marchant. Les cloches ne doivent pas serrer le paturon. Il existe des cloches ouvertes plus faciles à poser. Pour les cloches fermées, il faut les retourner avant de les enfiler par-dessus le sabot. Les genouillères : Les genouillères protègent les genoux des chevaux. Important : Pour prévenir les blessures, et par mesure de sécurité et de confort, choisissez toujours un matériel adapté à votre monture et à vous. N‟hésitez pas à demander conseil à des professionnels ou à une personne qui s‟y connaisse (Moniteur, sellier…). - 144 - 3. En voyage: Pour un cheval, les occasions de se blesser lors d‟un déplacement en van sont multiples. Tout d‟abord, lors de l‟embarquement et du débarquement. Il arrive en effet fréquemment qu‟un cheval ait quelques réticences à monter dans le véhicule : il hésite, virevolte autour du camion, saute le pont d‟un bond, à moins qu‟il ne décide de grimper de côté en enjambant avec plus ou moins de succès le bord du van... Et lorsqu‟il doit descendre, il se cogne, recule de guingois, voir tombe du pont dans sa précipitation et sa joie de retrouver la terre ferme. Mais le transport en lui-même peut être également source de dangers : un tournant pris trop vite, un coup de freins trop brutal, la proximité d‟un autre cheval étranger, ou tout simplement un animal au caractère nerveux, et c‟est la catastrophe. Ce sont généralement les membres d‟un cheval qui prennent de mauvais coups le cheval s‟érafle contre les rebords en fer du pont ou se cogne genoux et jarrets contre les parois du van en tapant. L‟adage “ mieux vaut prévenir que guérir” est donc plus que jamais de circonstance dans le transport d‟un cheval. Comment le protéger? Il existe sur le marché différentes protections. Toutes ont leur utilité et sont parfaitement adaptées au transport en van. La couverture : Voilà, votre cheval est fin prêt pour le voyage. Par temps frais, pensez à lui mettre une couverture pour le protéger des courants d‟air. Enfin, un filet à foin bien garni le fera agréablement patienter durant le trajet et l‟aidera à dissiper la tension nerveuse. - 145 - Les guêtres de voyage : Il faut les choisir les plus épaisses et enveloppantes possibles afin que le membre entier soit à l‟abri d‟une mauvaise blessure. Celles des antérieures doivent remonter au dessus des articulations des genoux (sinon il faut mettre des genouillères au cas où le cheval tomberait à genoux) et celles des postérieures doivent recouvrir les articulations des jarrets. Certains modèles protègent également les sabots et disposent d‟un renfort spécial au niveau des glomes. A défaut, il faut alors mettre des cloches pour protéger la couronne et le talon. Le protège-queue : est tout aussi indispensable lors d‟un trajet. Le cheval appuie en effet sa croupe contre la porte du van afin de se stabiliser. - 146 - Le frottement peut rapidement lui transformer le haut de la queue en balai brosse ou même l‟irriter. Le protège-queue se fixe par-dessus une bande de queue ou de repos, elle-même enroulée très serrée autour de la partie haute de la queue du cheval. Surfaix : maintient le protège queue Le protège-nuque : évite que le cheval ne s‟assomme ou ne s‟ouvre le crâne s‟il vient à se cabrer à l‟intérieur du van, Il ne s‟agit ni plus ni moins que d‟un rembourrage qui s‟attache sur la têtière du licol. En conclusion, pendant le transport, le cheval n'est pas à l'abri des chocs. L'embarquement et le débarquement comportent également des risques. Il faut donc préserver les parties vulnérables du corps avec des protections de transports. - une couverture (1) met à l'abri du froid et des courants d'air, - un protège-nuque (2) est fixé sur la têtière du licol, - 147 - - le protège-queue (3) sur la partie rigide de la queue assure une protection efficace. Il est maintenu par un surfaix (4), ou une sangle placée autour de l'encolure, - des guêtres de transports (5), ou des bandes de repos protègent les canons. Les protections hautes assurent une meilleure efficacité, - des genouillères (6) mettent les genoux à l'abri des chocs ou d'éventuelles chutes, - enfin, les cloches (7) protègent les couronnes et les glomes. B. Toilettage des chevaux Le maréchal-ferrant est souvent forcé de rendre à un propriétaire le service de tondre ou même de toiletter un cheval en vue d‟une occasion exceptionnelle : présentation à la vente, exhibition ou compétition publique. 1. Tonte La tonte est demandée dans un but médical quand un cheval Ou groupe de chevaux sont en proie aux poux ou à La gale. Mais généralement dans un but de commodité pour faciliter le pansage en hiver, ou d‟esthétique pour rendre plus flatteur l‟aspect de l‟animal. En outre et contrairement à ce - 148 - qu‟on pourrait croire, la tonte procure dans l‟état général une amélioration qui entraîne un gain de poids en muscles et en graisse, à condition que le cheval tondu porte une couverture en dehors des moments les plus intenses de son travail. L‟opération obéit à des règles traditionnelles et très strictes si l‟on ne veut pas ridiculiser l‟animal et son utilisateur. On attend que le poil d‟hiver ait complètement poussé, et on procède en allant de l‟arrière à l‟avant du corps avec une tondeuse mécanique actionnée à la main ou plus commodément une tondeuse électrique montée sur flexible qui permet d‟achever le travail en une heure ou presque. En général, le cheval se prête avec plaisir à la tonte; au cas où il s‟y refuse, on peut lui administrer un tranquillisant, lui mettre par intervalles un tord-nez, ou plus simplement bourrer de petits tampons de coton dans ses oreilles. En fin d‟opération, on décrasse la peau avec des chiffons imbibés de vinaigre puis avec la brosse en soies, et on met en place une couverture dont l‟échancrure antérieure épouse exactement les contours de l‟encolure et du poitrail, avec surfaix matelassé de chaque côté de l‟échine et modérément sanglé. 1.1 Tonte en chasse Destinée à tous les chevaux de selle On pose la selle sur le dos du cheval, on délimite son emplacement soit à la craie, soit par de légers coups de ciseaux, soit en rebroussant les poils avec un doigt. Ensuite on délimite de la même façon une ligne qui prolonge le profil de la corde du jarret et remonte jusqu‟au grasset. Ceci fait, on commence la tonte à partir de la pointe de la fesse, en laissant subsister les poils qui dominent la naissance de la queue et qui doivent dessiner une pointe de 10 cm dirigée vers le sommet de la croupe; on continue de l‟arrière à l‟avant à rebrousse-poil. On contourne l‟emplacement de la selle, on respecte la tête en arrêtant nettement la tondeuse le long du trajet de la sous-gorge et de la têtière. On respecte de même les membres : pour les - 149 - postérieurs, la limite à suivre vient d‟être définie, pour les antérieurs elle suit un angle rentrant entre les deux grosses masses musculaires qui arment l‟ars, le haut du bras et le coude. 1.2 Tonte en manteau ou en sac: Destinée aux chevaux de course au galop. La robe est tondue conformément aux mêmes règles en ce qui concerne les membres et la tête. Ici par contre, on la laisse subsister sur toute la partie supérieure du corps à partir d‟une ligne horizontale qui va de la pointe de la fesse au bas du tiers supérieur de l‟épaule et qui remonte en oblique jusqu‟à la nuque. Tonte totale Destinée aux chevaux de course au trot. Le corps est totalement tondu à l‟exception de la tête, des membres et de la naissance de la queue. - 150 - 2. Toilettage 2.1 Shampooing Les shampooings ne doivent être pratiqués que de temps à autre parce que, même s‟ils nettoient le cheval plus complètement que le pansage ordinaire, ils ternissent la robe s‟ils sont trop fréquents. On emploie différents produits du commerce (I), ou bien on pré- pare comme suit une solution savonneuse: dans un litre d‟eau, mêler 60 à 80 g de savon râpé ou en paillettes, chauffer sans faire bouillir en remuant le mélange puis en y ajoutant une cuillerée à dessert de carbonate de soude; en fin de chauffage, compléter par une cuillerée à café d‟ammoniaque liquide. Au moment de l‟emploi, agiter fortement, savonner, puis rincer généreusement, passer le couteau de chaleur, sécher au pas et mettre une couverture. 2.2 Suppression des longs poils Faire disparaître les longs poils parsemés le long des oreilles, des ganaches, de la région du tendon ou groupés en fanon à l‟arrière du boulet. Pour ce faire, utiliser soit des ciseaux de pansage, soit un journal roulé et enflammé, soit et de préférence un brûloir, instrument spécialement conçu à cet effet. Par la même occasion, niveler au couteau les châtaignes et les ergots. En France, on respecte les poils qui se dressent autour des yeux, des naseaux et de la bouche. En Amérique, on les coupe à ras de même qu‟on rase les crins aux ciseaux sur 5 à 10 cm plus en arrière que les oreilles, parfois aussi ceux du toupet de même que ceux qui retombent de la couronne sur le sabot. 2.3 Toilette de la crinière - 151 - Si l‟on n‟a pas décidé de tondre totalement la crinière, il convient de l‟éclaircir et de la régulariser toutes les quelques semaines. L‟usage des ciseaux étant formellement proscrit, on sépare les crins par petites mèches avec la main gauche, on enroule les plus longs autour des doigts de la main droite et on les arrache d‟un coup sec. En fin d‟opération, le bord inférieur de la crinière doit dessiner une courbe gracieuse qui commence 5 cm plus bas que la nuque, retombe 25 cm au-dessous du milieu de la ligne supérieure de l‟encolure et va mourir au garrot. Si la crinière reste en partie rebelle, on en fait 15 à 20 nattes provisoires dont on alourdit l‟extrémité avec autant de perles de fonte qui la forcent à retomber du côté montoir. Pour les exhibitions, on demande parfois de natter la crinière. En ce cas on prépare un nombre traditionnellement impair de petites mèches de crins larges de 5 cm et on en fait des nattes. Quand chaque natte est presque terminée, on y passe un brin de laine noire ou de couleur vive qui est amené jusqu‟à son extrémité inférieure. On enroule la laine au bout de la natte, on l‟y repasse en croix à plusieurs reprises, on retourne l‟extrémité de la natte par-dessous son origine et on ficelle le tout fortement avec ce qu‟il reste du brin de laine. - 152 - 2.4 Toilettage de la queue La queue du cheval est en général portée à tous crins (on dit aussi en balai). On peut pourtant l‟écourter en ce cas on saisit son fouet dans la main gauche et, avec un couteau bien affûté, on le sectionne à un travers de main plus haut que la pointe du jarret. Dans tous les cas, la naissance de la queue doit être tous les quelques jours épilée de la manière suivante faire lever et solidement tenir un antérieur, mettre un tord-nez s‟il le faut, arracher les crins sur les côtés de la naissance de la queue en lui conservant un toit de crins qui s‟avance en ligne droite vers l‟avant régulariser aux ciseaux. Pour différentes épreuves publiques, il est souvent prévu de replier la queue du cheval : après l‟avoir soigneusement peignée, on replie à une ou deux reprises son fouet natté ou non, puis on le fixe sur la partie dure de la queue avec un large lien de caoutchouc, ou on l‟emmaillote dans un bandage bien serré. - 153 - Pour les exhibitions, on préfère que la queue soit nattée « à la française ». A partir du haut de la queue, on prend sur les côtés de petites mèches qu‟on natte les unes aux autres en descendant jusqu‟au bout de son support osseux; à ce niveau, on termine par une grosse natte centrale qu‟on noue avec un brin de laine ou un élastique. On obtient ainsi une sorte de queue de cochon qu‟on ramène par-dessous de bas en haut et qu‟on ficelle à la laine pour ne laisser apparente qu‟une petite boucle de crins tressés. Certains présentateurs demandent en outre que le tout soit emmailloté dans un bandage de couleur blanche. C. Hygiène du pied 1. soins et entretien du sabot : Tels qu'on vient de les décrire, le parage régulier du sabot et une ferrure bien appliquée conservent une forme normale au sabot. Mais à côté de ces mesures périodiques et des soins journaliers de simple propreté, l‟importe encore d'entretenir une humidité normale dans la corne du sabot. A raison - 154 - de 25% dans la paroi, de 30 % dans la sole et de 50¨% dans la fourchette, la corne du sabot du cheval est en effet composée d'une partie d'eau qui contribue à lui garder sa souplesse et sa résistance. Surtout absorbée par la fourchette, l'eau constitutive de la corne s'y conserve grâce à la pellicule que forme le péri op le, au vernis naturel de la paroi et aux poils qui retombent de la couronne. Si cette humidité est insuffisante, la corne se dessèche, durcit, se déforme, provoque une gêne et une souffrance intérieures qui font boiter le cheval, qui contribuent à déclencher et à entretenir l'encastelure (voir page 215 et suivantes) et qui compliquent le travail du maréchal-ferrant. Deux sortes de moyens permettent de la conserver. Moyens naturels Le maréchal-ferrant doit autant que possible respecter les moyens prévus par la nature pour conserver la forme et la bonne qualité de la corne. En conséquence il doit obéir aux principes suivants: 1) Parer la corne et ferrer uniquement quand c'est nécessaire et toujours d'aplomb. On s'est souvent plaint que «la ferrure est un mal nécessaire », et beaucoup d'hommes de cheval pensent que le mieux serait de laisser le cheval nu-pieds chaque fois que son utilisation et les terrains d'exercice le permettent. Occupé ou non, chaque passage de clous dans la corne crée en outre un conduit de dessiccation du sabot. 2) Laisser le pied fort et respecter la sole, ainsi qu'on l'a expliqué dans les pages précédentes. 3) Ne pas attaquer le vernis naturel de la paroi plus haut que les rivets. 4) Laisser aux poils retombant de la couronne assez de longueur pour qu'ils recouvrent et protègent le bourrelet contre la sécheresse et les souillures. ; 5) Assurer le fonctionnement normal dtÎ pied par l'exercice et par l'appui aussi complet que possible de la fourchette sur le sol. - 155 - 6) Par des conseils au propriétaire, permettre de temps à autre au sabot d'absorber de l'humidité en laissant le cheval marcher dans l'eau ou sur un terrain détrempé. Moyens artificiels Certaines habitudes du pansage et du toilettage sont justifiées alors que d'autre ne le sont pas. Toilettage des pieds: Contrairement à des préoccupations traditionnelles de simple beauté, il faut respecter les poils qui retombent sur le bourrelet et le protègent contre les gerçures ou les détériorations, et se borner à émonder ou à passer au brûloir les longs crins du fanon, du boulet et du paturon. Lavage des pieds: Il n'est profitable qu'exécuté à l'éponge car la brosse de chiendent irrite le bourrelet, use et détruit le vernis naturel de la paroi. Graissage des sabots: Sole et fourchette y compris, le sabot ne doit être graissé que de temps à autre (une ou deux fois par semaine) et toujours plus bas que le bourrelet, celui-ci étant irrité ou ramolli par tous les onguents de pied que l'air rancit et rend plus ou moins rapidement nuisibles. Le mazout et les huiles minérales étant néfastes pour la corne, les seuls onguents de pied utilisables sans danger sont à base de graisses ou d'huiles d'origine animale. Donner de l'humidité à la corne: Il est souvent utile d'augmenter l'humidité naturelle de la corne quand elle a été desséchée ou parée à fond. Le bain de pieds est pris en rivière (plusieurs heures) ou dans un seau (15 à 30 minutes) plutôt que dans un pédiluve, vaste bain cimenté et toujours trop infecté par les poussières ou les crottins; il doit être aussitôt suivi d'un graissage de la corne pour y emprisonner l'eau qu'elle a absorbée. Les cataplasmes de farine de graine de lin ou de feuilles de mauve bouillies sont également utiles dans le même but: on prépare la pâte avec un peu - 156 - d'eau, on la fait tiédir, on l'étale entre deux linges ou on en remplit un sachet, et on y emmaillote le sabot qui doit en profiter pendant une ou deux heures au moins. La terre glaise délayée remplit plus longuement le même rôle, soit utilisée dans une grosse botte de cuir ou de matière plastique, soit étalée sur le sol du box tout entier ou seulement devant la mangeoire. Enfin le séjour en prairie humide permet à la pince de s'enfoncer, aux talons de s'ouvrir, à la fourchette et à la sole de s'imbiber d'eau en s'assouplissant et en s'évasant; le cheval mis en liberté à la prairie doit être déferré et le pourtour inférieur de ses sabots doit être arrondi à la râpe, de façon que le pied ne se dérobe pas et que les coups de pied éventuels soient moins graves. Nourrir la corne: Quand la corne semble manquer de solidité, par exemple pendant l'entraînement à la course d'endurance, on peut la renforcer par administration d'oligo-éléments et surtout de soufre ajoutés à la ration alimentaire. 2. Matriculage du sabot Dans certaines écuries particulièrement nombreuses, le maréchalferrant est prié de matriculer au feu les chevaux. Pour ce faire, il dispose de marques en fer sculptées à l‟extrémité d‟une longue tige à manche de bois. Après avoir porté au rouge sombre la marque chauffée au charbon de bois, il en imprime le chiffre sur 2 ou 3 mm de profondeur dans la corne de la pince d‟un pied antérieur, 1 cm plus bas que le bourrelet. Bien que les chiffres marqués soient dès lors indélébiles, l‟avalure les fera descendre puis disparaître en quelques mois au bout desquels un nouveau matriculage sera nécessaire. - 157 - D. Entretien de la dentition Les molaires du cheval sont souvent sujettes à deux anomalies, dent de loup et surdents. Dent de loup : La dent de loup est une petite molaire surnuméraire pointue qui peut pousser vers 1 ou 2 ans devant la rangée des molaires supérieures le plus souvent, inférieures plus rarement. Elle réduit les dimensions des barres et provoque de la douleur ainsi que des gestes de défense quand le mors appuie sur elle. On a toujours avantage à l‟arracher de la manière suivante : administrer un tranquillisant, mettre un ouvrebouche , saisir la dent de loup avec une pince quelconque, arracher par un mouvement de traction et de bascule en prenant garde à ne pas casser la dent et à l‟extraire avec sa racine. Enlever l‟ouvre-bouche, rincer la bouche à l‟eau additionnée de sel. Surdents: Le bord interne des molaires inférieures de même que le bord externe des molaires supérieures du cheval se hérissent à tout âge d‟aspérités pointues qui gênent la mastication et blessent les joues et la langue en forçant l‟animal à conserver entre ses joues et ses dents des aliments mal écrasés qui se décomposent avec une odeur répugnante (on dit que le cheval fait magasin). De plus, la présence de grains entiers dans les crottins montre que la digestion n‟en a pas profité et que l‟animal est d‟autant plus exposé à maigrir. Pour remédier à cet incident, il importe de niveler systématiquement les surdents deux fois par an au moins ou plus souvent s‟il le faut, en employant la râpe dentaire et le rabot odontriteur. Mettre un tord-nez à l‟oreille puis un ouvre-bouche. Forcer la tête à s‟étendre horizontalement, faire tenir la langue hors de la bouche du côté opposé à celui où l‟on va opérer. S‟éclairer au besoin avec une lampe électrique tenue par un aide. Placer la râpe sur la rangée des dents à niveler, les user par une série de mouvements de va-et-vient. - 158 - Râpe dentaire et rabot odontriteur Si une surdent est particulièrement dure et volumineuse, la coincer dans l‟ouverture terminale du rabot odontriteur, entre son bord arrondi et le tranchant de son couperet. Attirer vers l‟arrière la partie mobile du manche du rabot, la projeter avec force vers l‟avant afin d‟imprimer un violent élan au tranchant avant du couperet qui sectionnera ou fragmentera la surdent. Procéder inversement pour faire agir le tranchant arrière du couperet. Répéter la manoeuvre à plusieurs reprises. Après avoir raboté les principales aspérités, terminer à la râpe comme précédemment. Laver abondamment la bouche avec de l‟eau additionnée de sel. En cas d‟insuccès, avertir le vétérinaire en vue d‟un traitement moins primitif et plus spécialisé. - 159 - Affections du pied ---------------------------Plan----------------------------1. Tares dures et molles 2. Tendinites 3. Javart 4. Crevasses 5. Crapaud 6. Seimes 7. Fourmilière 8. Maladie naviculaire 9. Faux quartier et pertes de substance du sabot 10. Bleimes 11. Clou de rue 12. Pourriture de la fourchette - 160 - Maladies et accidents du pied Sous indication vétérinaire, le maréchal-ferrant intervient souvent d‟une manière plus ou moins continue à l‟occasion de différentes maladies ou d‟accidents qui portent sur le pied. Parmi les multiples motifs qui justifient les soins du maréchal-ferrant, on ne citera que les plus habituels. 1. Tares dures et molles Elles sont fréquentes chez le cheval. Elle sont causeés, entre autres, par des contusions, le travail intense, les aplombs défectueux, et déséquilibres alimentaires notamment. - 161 - 1.1 Tares dures On les rencontre fréquemment sous la forme de déformations osseuses plus ou moins volumineuses, douloureuses pendant qu‟elles se développent, insensibles quand elles sont calées et devenues tout à fait résistantes sous la pression des doigts. Toutes ces tares provoquent une boiterie pendant les quelques semaines que dure leur édification, puis la démarche redevient normale à moins que la tare gêne les mouvements de l‟articulation contre laquelle elle s‟est établie (c‟est souvent le cas des formes et de l‟éparvin), ou qu‟elle entraîne une boiterie à froid qui disparaît après quelques minutes d‟exercice et d‟échauffement, ou encore que le travail demandé soit trop exigeant. Les principales sont les suivantes: Membre antérieur: Osselets du genou, Suros inter-métacarpien, Soreshin, Osselets du boulet, Formes du paturon, Formes coronaires, Formes cartilagineuses. Membre postérieur: Eparvin du jarret, Jarde et jardon, Suros inter-tarsiens, Soreshin, Osselets du boulet, Formes du paturon, Formes coronaires, Formes cartilagineuses. - 162 - Traitement Mise au repos pendant la durée de la boiterie. Certains utilisateurs insistant en faveur des frictions révulsives et des feux liquides, le maréchalferrant ne s‟y refusera pas puisque ces mesures seront le gage d‟une indisponibilité forcée. En même temps, dans le cas de la forme cartilagineuse, faire un sifflet en talon et parer le pied de façon que le poids porte sur la barre correspondante comme la paroi ne participe plus à l‟appui, elle s‟écartera automatique ment vers le dehors au lieu de se resserrer contre la tare et de faire par conséquent souffrir le pied. 1.2 Tares molles Ce sont des déformations plus ou moins volumineuses, cédant sous la pression des doigts, un peu sensibles au début de leur formation puis insensibles après les quelques semaines nécessaires à leur développement. Les principales sont les suivantes : Membre antérieur: Eponges du coude, Vessigons articulaires et tendineux, Hygroma du genou, Genou couronné, Claquage de la bride carpienne, Claquage du perforant et du perforé, Molettes tendineuses et articulaires du boulet, Hygroma du boulet, Crapaudine. Membre postérieur: Vessigon rotulien, Vessigon calcanéen, Capelet du jarret, - 163 - Vessigon métarsien, Claquage du perforant et du perforé, Molettes tendineuses et articulaires du boulet, Hygroma du boulet. Traitement Il faut mettre l‟animal au travail modéré, appliquer des douches froides et appliquer des pansements à l‟eau blanche et aux astringents. De même, qu‟il ne faut pas hésiter à soulager le malade au moyen d‟un bandage élastique ou au besoin de protecteurs. Que le maréchal-ferrant ne l‟oublie jamais : beaucoup de ces tares sont l‟aboutissement d‟une sollicitation prononcée des surfaces articulaires des membres présentant des défauts d‟aplomb ou soumis à une ferrure maladroitement conçue. Tout comme les vices d‟aplomb, toutes les tares molles et surtout dures commencent souvent à se prononcer dès le plus jeune âge du poulain, dont il importe de surveiller et de parer les sabots avec le même soin que pour les sujets adultes. 2. Tendinites L‟accident porte presque invariablement sur les tendons des membres antérieurs. Il est dû à une distension plus ou moins profonde des fibres tendineuses. La boiterie est très marquée si la distension vient de se produire, moins accusée mais quand même nette quand l‟accident n‟est que la rechute d‟une tendinite ancienne et déjà traitée. Le tendon est déformé « en ventre de truite», chaud et douloureux. Si l‟on ne met pas le malade au repos pendant un temps qui varie entre quelques mois et une année, le tendon ne retrouvera jamais plus ses qualités fonctionnelles. - 164 - - Tendon normal (à gauche) et tendon claqué (à droite) Traitement: Etant donné que l‟effort de tendon survient presque toujours à l‟occasion du travail excessif demandé au cheval de course. La conduite à tenir est la suivante : Mise au repos total, Mettre l‟animal sous anti-inflammatoires Des douches froides régulières et applications d‟astringents En cas de chronicité, on peut prévoir l‟application des points de feu ou du feu liquide. 3. Javart Le terme de « javart » est un mot antique désignant encore aujourd‟hui une plaie de mauvaise nature qui suppure et guérit avec peine. 3.1 Javart encorné Sorte de gros abcès de la couronne. Le cheval boite, sa couronne porte une plaie sensible et tuméfiée qui, par suite de la compression exercée par - 165 - la corne, donne progressivement naissance à une zone de mortification très lente à cicatriser. La surinfection microbienne s‟installe en rendant la guérison encore plus lente. Traitement: Mise au repos, Des bains à la solution sulfate de magnésie à 5%. Sérum antitétanique. Antibiothérapie en cas de surinfection. 3.2 Javart cartilagineux C‟est une atteinte du fibrocartilage complémentaire. A l‟occasion d‟une blessure, d‟une contusion, d‟un clou de rue, d‟une bleime suppurée. Le cheval ne boite pas tout de suite. L‟un des talons est surmonté d‟un engorgement volumineux mais peu douloureux. Le pus provenant de la décomposition du cartilage fait un passage vers la profondeur en détruisant les tissus où il s‟infiltre, ou bien il remonte et déborde au-dessus du bourrelet (on dit qu‟il souffle au poil) sous forme d‟abcès atones qui déchargent un écoulement fétide, guérisse par bourgeonnement mais se renouvellent à répétition un peu plus loin. Sans traitement, la guérison est impossible. Traitement : Mise au repos, Des bains à la solution sulfate de magnésie à 5%. Sérum antitétanique et Antibiothérapie en cas de surinfection. 4. Crevasses Plus fréquentes au niveau des paturons postérieurs que les antérieurs. Les crevasses sont des incidents bénins qui ne deviennent ennuyeux que s‟ils sont négligés. - 166 - Beaucoup de crevasses rebelles du pli du paturon sont liées au chevauchement des talons sous l‟effet d‟une encastelure qu‟il y a lieu de traiter avant tout. La peau délicate et souple devient rouge et douloureuse, suinte un écoulement d‟« humeurs » vite coagulées, se coupe longitudinalement, s‟infecte au contact de la boue et des litières, se boursoufle en marges épaisses, cornées et très sensibles. Le cheval cherche à gratter ses crevasses, frappe le sol sans arrêt et boite en commençant son travail. Traitement: Si la plaie remonte à 1 ou 2 jours seulement, ne pas la frotter à l‟alcool mais la doucher et la sécher soigneusement, la saupoudrer de sulfamides, la recouvrir pendant le repos avec une gaze et un pansement. Si elle est plus ancienne, boursouflée et bordée de croûtes, doucher et sécher en incitant les croûtes à tomber sans que la plaie saigne, étendre une fine couche de pommade aux sulfamides ou aux antibiotiques sans aucun pansement. Traiter s‟il y a lieu les causes et les conséquences directes de l‟encastelure. Conseiller au soigneur d‟enduire de pommade a l‟oxyde de zinc le pli des paturons du cheval qui va travailler dans la boue, et de toujours le sécher soigneusement après la douche en fin de travail. Ferrer en veillant à ne pas risquer l‟encastelure. 5. Crapaud Très visible mais assez rare et n‟entraînant ni boiterie ni mise au repos, le crapaud est une sorte d‟eczéma qui, au niveau des pieds postérieurs et par suite de la malpropreté des litières surtout, évolue d‟abord sous la fourchette et envahit peu à peu toute la sole. La corne se décolle pendant que le tissu velouté se couvre d‟un écoulement grisâtre et nauséabond, puis - 167 - de végétations ou fies irrégulières, répugnantes et de plus en plus étendues en dépit de tout traitement. Traitement ; Long et décevant mais permettant de continuer à employer le malade. Nettoyer et cureter les pieds, mettre les plaies à vif, cautériser à la teinture d‟iode, laisser sécher. Fer à plaque sous pansement très compressif imbibé de médicaments propres à brûler les éléments détériorés (acide picrique, acide salicylique, acide phénique). Suivant indication du vétérinaire, pénicilline en injections intramusculaires et auréomycine en pulvérisations locales. Crapaud 6. Seimes La seime est une fissure qui suit la direction des fibres cornées de la paroi du sabot. Suivant son emplacement, on parle soit de seime en pince soit de seime en quartier. 6.1 Causes Sécheresse ou minceur excessive de la corne, encastelure, talons serrés et chevauchés, commotions trop vives du pied contre un terrain trop dur, - 168 - sabot paré de travers, plaies anciennes du bourrelet créant une solution de continuité dans la matrice circulaire de formation de la corne. Plus fréquente aux pieds postérieurs, la seime en pince survient à l‟occasion d‟un démarrage en force où le squelette du pied pousse trop énergiquement contre la paroi. 6.2 Signes En raison de la séparation des tubes parallèles qui constituent la paroi, une fissure fait éclater plus ou moins profondément la corne. En général très sensible, la fente gagne en étendue et en profondeur ses mouvements d‟élasticité ne tardent pas à pincer et faire saigner le podophylle en provoquant la boiterie et en risquant d‟introduire des souillures et des germes d‟infection dans les chairs vives. Nulle au début, la boiterie s‟aggrave de plus en plus par la suite et ne peut disparaître en l‟absence de traitement. Traitement de la seime sans boiterie (A-B-C) ou avec boiterie (D-E) - 169 - Laçage de la seime. 6.3 Traitement Les phases du traitement sont les suivantes, mais on aura auparavant ramolli la corne par 24 heures de bain tiède : 1) Immobilisation des lèvres de la fissure: S‟il n‟y a pas de boiterie, rainure parallèle au bourrelet; longue de 3 cm de part et d‟autre de la seime à deux travers de doigt sous la couronne. Contre la seime en pince, suppression d‟appui, fer couvert en pince avec deux pinçons latéraux; contre la seime quartier ou en talon, sifflet, large amincissement du quartier, fer à planche ou à demi-traverse. Coller à l‟Araldite ou autres substances dont le maintien sera plus sûr si l‟on peut les inclure dans une suture de la fissure, exécutée au moyen de quatre ou six trous percés au foret dans ses lèvres et d‟un laçage de fil métallique. S‟il y a boiterie, parer d‟aplomb, rainures en barre et triangle renversé ou amincissement en V débordant de 3 ou 4 cm le tracé de la seime, suppression d‟appui, fer à deux pinçons latéraux et bridés de part et d‟autre de la seime si elle est en pince. 2) Comblement de la brèche: À condition que le bourrelet n‟ait pas été entamé, l‟avalure reconstituera un sabot normal en quelques mois. En cas - 170 - de vaste délabrement, combler la brèche comme indiqué plus à propos des pertes de substance du sabot. Au préalable, les lèvres de la seime auront été amincies à pellicule en prenant soin de ne pas aller jusqu‟à la rosée. Il est également recommandé que la substance plastique soit recouverte d‟une couche de laine de verre puis d‟un pansement maintenu en place pendant quelques jours. 3) Activation de la pousse de la corne: Une dizaine de frictions de teinture d‟iode pure échelonnées tous les deux jours, ou bien six ou huit pointes de feu superficielles exécutées au cautère ou avec la pointe effilée d‟un clou chauffé au rouge-cerise et disposées en damier sur la surface qui couronne l‟origine de la seime. Grâce à cette série de mesures, la boiterie disparaît très vite et ne reparaît plus, à condition que la suppression d‟appui soit entretenue et que la ferrure appropriée soit conservée. Toutefois le bon état du sabot et de ses aplombs doit être tout particulièrement surveillé car les rechutes sont toujours à craindre avec une corne qui a été une première fois fendue par une seime. 7. Fourmilière La fourmilière est une cavité qui s‟est creusée entre la corne et la chair, au niveau de la linge blanche. Elle peut se former en deux sortes d‟emplacements: • Sous la sole: A la suite d‟une bleime mal soignée ou d‟une forte foulure, le cheval boite, la sole frappée à petits coups rend un son creux à l‟emplacement décollé. Traitement: Amincir la corne pour découvrir complètement la zone décollée. Etoupade goudronnée et fer à plaque. Guérison facile. - 171 - • Sous La Paroi: L‟accident est la conséquence d‟une fourbure ou d‟un étonnement du sabot ou Survient comme une complication d‟une perte de substance ou d‟un faux-quartier. La boiterie n‟est pas obligatoire, et la fourmilière se révèle souvent du seul fait de l‟avalure ou du renouvellement de la ferrure. Traitement: Râper la partie de paroi isolée, parer parallèlement à la fourchette, nettoyer la fourmilière et la remplir d‟une des substances de colmatage. Fer à caractère mince, couvert, avec large pinçon face à la fourmilière. 8. Maladie naviculaire ette maladie extrêmement grave ne s‟attaque sauf exception qu‟aux antérieurs. Le cheval au repos pointe de son antérieur gauche atteint de maladie naviculaire Causes: Conformation défectueuse de paturons droit jointés, ferrures trop légères et insuffisamment amortissantes, parage excessif des talons, encastelure et surtout les détériorations qui gagnent la synoviale et l‟os - 172 - naviculaire. Les surfaces de ce dernier deviennent râpeuses et déchiquettent inexorablement les tissus qui les entourent. Signes: Le cheval boite de plus en plus souvent et de plus en plus bas. La boiterie s‟aggrave après le signe du coin: on lui fait lever l‟antérieur sain et le fait appuyer pendant une minute son pied malade sur un coin de bois à profil triangulaire qui surélève la pince en reportant tout le poids en talons. Au repos, il pointe en reposant seulement par la pince son pied douloureux, très en avant de l‟appui normal. Vive sensibilité des talons si on les serre entre les mors de la pince exploratrice. Une petite molette se forme dans le creux situé entre les deux talons tout en bas du pli du paturon. Traitement: Le fer Corvisier est actuellement utilisé avec succès en Belgique. Fait d‟aluminium et muni de deux pinçons latéraux, il porte le long de la moitié intérieure de sa face inférieure un renfort de plus en plus épais d‟avant en arrière qui, sans alourdir à l‟excès le poids de la ferrure, surélève les talons, reporte en pince la majeure partie des pressions et évite donc la souffrance du le région affectée. Fer Corvisier contre la maladie naviculaire Une application périodique de Hoofpad permet de même d‟alléger en partie le poids qui fait souffrir les parties postérieures du pied en le reportant sur le reste de la sole. - 173 - Le tout dernier recours, c‟est la névrotomie; cette opération consiste en une section nerveuse et, sans remédier au mal lui-même, elle supprime la sensation de souffrance dans la région douloureuse. Trois moyens de soulager les talons 9. Faux quartier et pertes de substance du sabot A la suite d‟un accident ou d‟une opération du pied, une partie de la paroi a disparu du sabot. Seul le podophylle y fabrique un peu de corne molle et de mauvaise qualité le défaut se réparera par avalure si le bourrelet n‟a pas été endommagé, mais dans le cas contraire il sera définitif. Traitement : Le pied ayant été paré avec ménagement et la mauvaise corne ayant été éliminée, deux cas sont possibles selon que la brèche peut être recollée ou qu‟elle doit être comblée. Collage : L‟Araldite qu‟on trouve dans le commerce se présente en emballages de deux tubes, celui du durcisseur et celui de l‟adhésif. Après avoir décapé la corne à la toile d‟émeri, on dépose dans une soucoupe l‟adhésif et le durcisseur à parties égales, on les mélange jusqu‟à obtention d‟une pâte qui n‟est ni corrosive ni toxique ni sensible à la chaleur ou à l‟humidité. On étend ce mélange sur les faces à recoller, on serre le sabot avec un bandage provisoire, et le tout se durcit parfaitement en dix heures environ. - 174 - Le Téchnovit se présente en deux flacons, l‟un de liquide (80 ou 500 cc), l‟autre de poudre (100 ou 1.000 g). Après avoir soigneusement nettoyé, dégraissé et gratté la corne avec une râpe, on dépose dans une soucoupe trois ou quatre parties de liquide puis cinq parties de poudre, on les mélange avec une spatule de bois ou de métal jusqu‟à obtention d‟une pâte inerte qui est bien tolérée mais inflammable. Au besoin après les avoir armées d‟un laçage exécuté au foret avec du fil métallique, on applique sur les faces à recoller cette pâte qui reste malléable tant qu‟elle n‟a pas durci en 4 minutes dans la chaleur ou en 10 à 15 minutes dans le froid et qui, non collante, indéformable et extrêmement tenace, peut ensuite être sciée, fraisée, perforée ou rechargée d‟un nouvel apport de pâte fraîche. Comblement : Si le collage est impossible, diverses matières plastiques modernes permettent de combler les pertes de substance du sabot. Entre autres, on peut employer la résine. Nettoyer à l‟essence de térébenthine ou à l‟éther le vide à combler, laisser sécher; se munir de laine de verre; faire une pâte en mélangeant la résine et le durcisseur, en enduire les faces intérieures de la cavité, combler celle-ci avec la laine de verre, recouvrir avec le restant de la pâte, envelopper d‟un papier d‟aluminium pour usages culinaires, laisser sécher 10 minutes, attendre 1 ou 2 heures pour brocher les clous. On peut également combler les brèches de la corne avec le Soloplast (2) utilisé soit sous forme de résine qu‟on peut encore renforcer par addition de fibre de verre, soit sous forme de ciment à deux composants qui, semblable à du mastic, se laisse limer après solidification. L‟emploi de certaines substances plastiques pour coller ou combler les brèches du sabot s‟accompagne d‟un fort dégagement de chaleur locale avec risque de brûlure par catalyse chimique du produit. Dans le cas de ces substances, il convient par conséquent de réserver une certaine couche de - 175 - corne protégeant les parties vives du pied, donc d‟amincir leur futur emplacement en allant jusqu‟à la pellicule et non jusqu‟à la rosée. 10. Bleimes La bleime est une meurtrissure de l‟un ou des deux talons. Elle se produit le plus souvent en talon interne des antérieurs, surtout si le pied est plat, comble, encastelé, à talons bas ou faibles, maladroitement ferré. C‟est la conséquence d‟un caillou pris entre le fer et la sole, des aspérités d‟un terrain particulièrement dur et rocheux, d‟une ferrure qui protège insuffisamment les talons, et aussi des pressions exercées vers le bas et l‟arrière par un os du pied dont les apophyses rétrossales sont anormalement développées. L‟effet des mors de la pince exploratrice fait sursauter l‟animal. La bleime est sèche quand la corne est simplement colorée en jaune et pointillée de sang ; peu grave, elle fait rarement boiter. Elle est humide puis hémorragique quand la corne est légèrement décollée par infiltration de sang entre le sabot et les parties vivantes du pied à ce degré, elle fait boiter mais guérit grâce à quelques soins simples. Elle est suppurée quand son ancienneté a permis la formation d‟un pus qui décolle plus ou moins largement la sole, qui diffuse plus ou moins loin sous elle et qui se signale par des plages de corne noirâtre en dedans de la ligne blanche; à ce degré elle fait fortement boiter mais elle guérit sans peine si elle est diligemment traitée. Traitement 1) Si le cheval ne boite pas: Amincir à la rénette la corne anormalement colorée et ses alentours, qui doivent finir par céder quand on y presse de l‟ongle. Fer à garniture débordant la paroi et le talon bleimeux, éponge très couverte. - 176 - 2) Si le cheval boite: Mettre au repos, parer à fond le talon meurtri, l‟amincir parfaitement à la rénette en donnant issue au sang infiltré et en prévoyant un sifflet sous le talon douloureux. Etoupade goudronnée, maintenue par un fer à éponge couverte. Bains de pied, sérum antitétanique. Fer à une éponge amincie, puis fer à planche ou à traverse épargnant soigneusement la région de la bleime. Au besoin, fer à queue d‟aronde modifié ou non. 3) Si la suppuration s’est établie: Mise au repos, bains de pied prolongés et gros pansement à l‟anglaise avec la solution sulfate de magnésie à 5%; sérum antitétanique. Bourrelet Stromsholm 11. Clou de rue Cette expression est employée pour toutes les plaies qui perforent la surface plantaire du sabot, quelle qu‟en soit la cause (pointes de métal ou de bois, tessons de bouteille, débris divers etc.). La boiterie est immédiate et accusée, le cavalier remarque la présence du corps étranger et l‟arrache aussitôt : à ce moment, il faut qu‟il note avec soin son point d‟implantation afin de pouvoir le reconnaître lors du traitement. La gravité de l‟atteinte varie l‟emplacement de la piqûre : la zone située entre la pointe de la fourchette et celle de la lacune médiane se prête à des délabrements profonds, durables et très dangereux, tandis que le reste de - 177 - la sole et de la fourchette entraîne de moindres dangers. Dans tous les cas, la boiterie cesse après extraction du corps étranger mais reparaîtra et s‟aggravera implacablement si la blessure n‟est pas correctement soignée. Traitement Aussitôt que possible, retirer le corps étranger dans sa totalité. Amincir très largement la corne autour du point de pénétration, mettre un pansement de coton imbibé d‟essence de térébenthine et maintenu en place par un fer à plaque mobile. Sérum antitétanique. Bien soignée, la plaie guérira en 8 ou 10 jours, même si le cheval continue à travailler. Si la boiterie persiste et s‟aggrave au-delà de ce délai et si le renouvellement du pansement montre la présence de pus, mettre au repos et avertir le vétérinaire car il faut redouter des troubles très graves en profondeur. 12. Pourriture de la fourchette Suite à un mauvais entretien du sabot et un manque d‟hygiène, la corne de la lacune médiane de la fourchette échauffée se décolle légèrement en laissant sourdre un liquide épais, grisâtre et malodorant. Si l‟échauffement est négligé, le décollement s‟étend, la fourchette pourrie tombe par morceaux - 178 - et le crapaud peut faire son apparition. Aucune mise au repos n‟est nécessaire. Traitement Conseiller à l‟utilisateur de curer plus régulièrement les lacunes et de prévoir une meilleure litière, faite si possible de copeaux de bois. Le cas échéant, faire tomber la corne décollée, dégager très largement les lacunes, laver et sécher puis y enfoncer et y faire demeurer des étoupades ou du coton imbibés de formol ou solution sulfate de cuivre à 10%. S‟il y a pourriture, même traitement complété par un même pansement sous fer à plaque ou à éclisses. Après guérison, goudronner la fourchette et veiller à son nettoyage quotidien. - 179 - Actes médicaux élémentaires ----------------------------Plan--------------------------------1. Contention Contention du poulain et du poney Couchage du cheval 2. Injections 3. Hémostase 4. Pansement et bandage 5. cautérisation - 180 - Actes médicaux élémentaires 1. Contention du cheval 1.1 contention du poulain et du poney Pour des soins d‟infirmerie, des injections ou même des sutures, on est contraint d‟immobiliser l‟animal. Ici encore, la patience et la douceur sont à préférer car le cheval n‟oublie jamais la souffrance qui a accompagné une première fois l‟approche du tord-nez ou même d‟une blouse blanche. La chose est encore plus importante pour le foal qu‟il faut savoir immobiliser comme le montre la figure ci-contre sans peser sur ses côtes et son sternum trop fragiles et sans l‟éloigner de sa mère. Contention du foal Quant au poney, le mieux est de le prendre par le licol, de saisir la queue après l‟avoir fait passer entre ses cuisses, et de le tirer à soi en s‟arc-boutant contre un genou afin de l‟immobiliser un instant ou en cas de besoin de le coucher dans la paille. - 181 - Contention du poney 1.2 Couchage du cheval Le maréchal-ferrant est l‟aide traditionnel du vétérinaire qui doit coucher le cheval en vue d‟une opération. En principe, l‟animal aura été tranquillisé, mais il convient quand même de veiller à son immobilisation pendant l‟intervention elle-même puis pendant le réveil souvent tumultueux qui y succède. Mesures préliminaires: le cheval déferré, tondu ou rasé aux emplacements désignés, à jeun pendant les 24 heures qui précèdent l‟opération, lit de paille préparé et recouvert d‟une bâche au moins, matériels rassemblés et vérifiés, deux ou trois aides convoqués. Procédé classique: Le cheval est amené au ras du grand côté du lit de paille. La capote est mise, l‟antérieur opposé au lit de paille est levé. Les entravons sont fixés aux paturons, anneau tourné vers le ventre, boucle et ardillon en dehors, entravon à vis sur l‟antérieur levé. Le lac est présenté, le dernier anneau de sa chaîne est fixé à la vis, la corde est passée dans les anneaux des trois autres entravons puis ramenée dans l‟anneau de celui qui porte la vis et finalement dirigée perpendiculairement à l‟animal. Une plate-longe est doucement glissée en ceinture à la hauteur du passage des sangles, ses deux extrémités sont rassemblées en torsade - 182 - dirigée par-dessus le lit de paille dans le sens opposé à celui du lac. En plus de l‟aide qui tient le bridon, un deuxième saisit la queue, un troisième prend le bout de la plate-longe, et le maréchal-ferrant prend le lac en mains. Il fait reposer à terre l‟antérieur qu‟on avait levé. En tirant le lac doucement vers lui, il force les quatre pieds à se rapprocher le plus possible les uns des autres, puis il commande un, deux, trois. A trois, il tend énergiquement le lac tandis que les aides tirent le cheval par la queue, par la tête et par la plate-longe en le faisant basculer sur le côté contre le lit de paille. Dès que le cheval est couché, la clé de blocage est passée dans l‟un des premiers anneaux de la chaîne afin de limiter l‟écartement des pieds, la tête et la queue sont maintenues dans une extension aussi grande que possible. La plate-longe est doucement dégagée puis fixée à l‟un des sabots antérieurs qu‟on libère de son entravon et qu‟on amène de force au ras du sol vers l‟avant de l‟animal, afin d‟empêcher celui-ci de s‟arc-bouter sur ses quatre entravons dans un effort symétrique qui lui ferait risquer la Fracture de la colonne vertébrale. Au cours de l‟opération, le vétérinaire ordonne les mesures de position nécessaires à son intervention. En fin d‟opération, la vis du premier entravon est dévissée, la platelonge et le lac sont ainsi libérés et doucement retirés, les entravons sont enlevés en prenant soin de rester en dehors des réactions du cheval, la capote est débouclée. La queue est ensuite lâchée, la tête et l‟encolure sont tirées et au besoin poussées vers le haut, quelques gifles sont s‟il le Faut administrées sur les oreilles, et le cheval se relève de lui-même. S‟il est encore endormi, il est de même désentravé et simplement surveillé en attendant qu‟il se relève après une période de réveil et de mouvements désordonnés. Dans les deux cas il est bouchonné, séché et soutenu pour le ramener dans un box généreusement garni de litière. - 183 - Entravon à vis Couchage du cheval Autres procédés: Ils sont utiles s‟il s‟agit d‟un sujet trop fluet pour pouvoir porter des entravons. a) Méthode française: une première plate-longe fixe les deux paturons antérieurs puis est amenée vers l‟arrière entre les membres postérieurs. Une deuxième plate-longe fixe les deux paturons postérieurs puis est amenée vers l‟avant entre les membres antérieurs. Une troisième plate-longe est passée comme précédemment en ceinture puis tendue de côté. Simultanément tendues, les trois plates-longes déséquilibrent l‟animal et le forcent à se coucher sur le côté, après quoi on noue ensemble les deux premières et on supprime la troisième. Le reste du couchage et du relever se passe dans les mêmes conditions que plus haut. - 184 - Méthode française sans entravons b) Méthode américaine: une première plate-longe est nouée lâchement autour de l‟encolure, passée sous l‟un des paturons postérieurs qu‟on aura entouré d‟un gros matelassage elle est ramenée vers l‟avant pour soulever le pied de 40 à 50 cm puis elle est nouée à sa partie qui entoure l‟encolure. Une deuxième plate-longe est attachée à la première au niveau de l‟encolure, passée sous l‟autre postérieur dûment matelassé au préalable, ramenée en avant pour coulisser autour de la première sur l‟autre face de l‟encolure elle est progressivement tendue jusqu‟à ce que le cheval prenne la position du chien assis et dès ce moment elle est attachée à la plate-longe d‟encolure. Ceci fait, il suffit de saisir la tête du cheval et de l‟abaisser de force pour que l‟animal se couche de tout son long. Tandis qu‟un aide la maintient au sol, le maréchal-ferrant attache l‟un à l‟autre l‟antérieur et le postérieur d‟un même côté au moyen d‟une cordelette, puis il sait de même pour l‟autre côté avec une deuxième cordelette. Pour permettre au cheval de se relever, les deux cordelettes puis la plate-longe d‟encolure sont tour à tour dénouées. L‟animal s‟étant relevé, on lui lève un antérieur et on le débarrasse de tous ses liens. - 185 - Méthode américaine sans entravons 2. Les injections Les médicaments destinés aux grands animaux sont de plus en plus administrés par injection. Comparativement à la prise par la bouche, l‟efficacité est plus sûre, l‟absorption est obligatoire, le médicament agit plus vite, la répartition est plus égale dans le corps, le procédé est plus facile. Il existe trois sortes d‟injections sous-cutanée, intramusculaire et intraveineuse. 2.1 Précautions communes Sans couper les poils, lisser la peau avec une gaze imbibée d‟alcool pour aseptiser le lieu d‟injection avant de planter l‟aiguille. Si la solution est contenue dans un flacon de plusieurs doses fermé au caoutchouc, frotter le bouchon avec une gaze imbibée d‟alcool, le traverser avec l‟aiguille adaptée à la seringue, pousser le piston jusqu‟à la graduation voulue, puis le laisser remonter de lui-même en aspirant la solution. Retirer la seringue avec l‟aiguille. La stérilité des aiguilles et des seringues à injection est d‟une importance capitale non seulement le défaut de stérilisation peut provoquer des phlébites, des abcès et des nécroses musculaires, mais encore il peut - 186 - disséminer dans tout un élevage des maladies telles que l‟anémie infectieuse du cheval par exemple. 2.2 Injection sous-cutanée Sur une face de l‟encolure ou, de préférence au niveau du poitrail, faire un pli de la peau entre le pouce et l‟index gauches. Avec la main droite, enfoncer l‟aiguille à la base de ce pli, monter l‟aiguille sur la seringue chargée de la solution à injecter, pousser le piston. Retirer ensuite l‟aiguille et la seringue, tamponner avec une gaze imbibée d‟alcool. Changer d‟emplacement s‟il faut renouveler l‟injection. La solution injectée forme sous la peau un petit amas qui disparaît par passage dans le sang circulant à son niveau. 2.3 Injection intramusculaire De préférence dans les muscles du poitrail, implanter l‟aiguille brusquement, profondément, perpendiculairement à la peau tendue entre le pouce et l‟index gauches. Pousser le piston comme précédemment mais avec plus de force. Retirer l‟aiguille et la seringue en appuyant fortement les doigts gauches sur la zone d‟implantation. 2.4 Injection intraveineuse En pressant le pouce gauche contre la gouttière jugulaire on bloque la circulation qui va gonfler la veine en quelques secondes. Prendre l‟aiguille entre le pouce et l‟index droits, l‟enfoncer d‟un même coup sous la peau et - 187 - dans la veine, laisser couler un peu de sang pour être sûr de sa bonne implantation. Adapter la seringue, aspirer un peu de sang, débloquer la veine tout en poussant lentement le piston. La seringue s‟étant vidée, retirer l‟aiguille en même temps que la seringue. Lisser le poil avec une gaze imbibée d‟alcool. 3. Hémostase Assurer une hémostase, c‟est arrêter le sang qui s‟écoule d‟une plaie ou d‟un vaisseau sanguin rupturé. Le sang s‟échappe d‟une artère rupturée par saccades avec une couleur rouge intense; il s‟écoule d‟une veine sous la forme d‟une nappe d‟inondation rouge sombre. Dans les deux cas, il importe d‟arrêter au plus vite l‟hémorragie en appliquant un garrot ou en exécutant une ligature. Le Garrot : Autour d‟une extrémité qui saigne, serrer un garrot d‟Esmarck, un tube de caoutchouc ou même un lien de fortune avec bâton de serrage, qu‟on installe un peu plus haut que la plaie. Ne pas laisser en place plus d‟une ou deux heures, durée qui permet de traiter plus définitivement l‟accident. - 188 - Ligature: Comprimer très fortement la plaie, relâcher et repérer l‟endroit d‟où le sang s‟écoule; pincer cet endroit avec la pince hémostatique, recommencer si le sang continue à couler. Dès que s‟arrête la principale hémorragie, soulever doucement la pince en même temps que le vaisseau qui s‟allonge alors en pédicule, entourer ce dernier avec un fil placé entre les chairs et le bout de la pince, serrer et nouer le fil, enlever la pince, tamponner à la teinture d‟iode. 4. Pansement et bandage 4.1 Matériels de pansement Paquets de coton hydrophile ou de coton cardé réservé aux rembourrages et n‟absorbant pas l‟humidité; gaze à pansement en compresses ou en nappes; compresses de tulle gras, qui n‟adhèrent pas aux plaies; paquets de filasse de chanvre pour pansements de pieds et capitonnage de fers à plaques ou à éclisses; bandes de gaze ou en crêpe de diverses largeurs; ruban de chaterton pour pansements du sabot. - 189 - 4.2 Pansements Les pansements ont pour but de protéger des plaies ou de combattre l‟inflammation. Les pansements peuvent être secs ou humides. Pansements sec: Sur une plaie bien nettoyée et saupoudrée de sulfamides, appliquer une gaze stérilisée ou un tulle gras, puis une ou plusieurs couches de coton hydrophile, ensuite une ou deux bandes déroulées en remontant de bas en haut contrairement au sens de l‟apport de sang venu du coeur, et en laissant déborder une faible épaisseur de coton aux deux extrémités du bandage. - 190 - Enlever le pansement au bout de 7 à 8 jours si tout reste normal. Surveiller pendant ce temps la température et si les alentours du pansement se tuméfient. Ce pansement classique est de plus en plus fréquemment remplacé par l‟application de tissus ou de bandes adhésifs tout préparés. S‟il s‟agit d‟un pansement de la partie haute d‟un membre, l‟échafauder sur un ou deux premiers bandages de support. Pansement humide: Sur un territoire douloureux et déformé par l‟oedème sans qu‟il y ait trace de blessure de la peau, le pansement humide sert à adoucir la souffrance et à refroidir la zone congestionnée, en cas d‟entorse par exemple. Appliquer une épaisse couche de coton hydrophile puis des bandes déroulées comme plus haut. Vaseliner les articulations situées plus bas que le pansement afin que l‟humidité qui va s‟en écouler ne provoque pas de crevasses. Maintenir le pansement constamment humide par des douches en pluie ou des arrosages fréquents à l‟eau froide, pure ou additionnée d‟acétate de plomb à 20 g par litre. Continuer le traitement jusqu‟à disparition de l‟engorgement. 5. Révulsion Pratiquer une révulsion, c‟est provoquer délibérément une inflammation destinée à contre-battre celle créée par l‟infection ou l‟altération intérieure des tissus. Le médicament, appelé révulsif, peut être liquide ou pâteux. Révulsifs liquides : Tous à base de substances irritantes, ils sont connus dans la pratique sous le nom d‟embrocations, de blisters ou de feux liquides. Principalement utilisés en cas de distension (tendons chauffés, entorses etc.), ou de déformations commençantes (mollettes et vessigons, formes, hygroma du genou etc.), l‟essentiel est de savoir comment les appliquer correctement. - 191 - Agiter le contenant, y tremper un pinceau un peu dur, badigeonner simplement sans qu‟on ait coupé les poils. Reprendre le traitement une ou deux fois à intervalle de 15 jours s‟il n‟a amené aucune amélioration. Révulsifs pâteux: Très nombreux également, leur forme habituelle est l‟onguent vésicatoire. Le traitement est appliqué comme suit : Couper les poils, entourer de vaseline le secteur à traiter. Avec une spatule, y étaler une fine couche d‟onguent. Vaseliner le pli des articulations situées plus bas, de même que la face interne du membre opposé s‟il risque de se brûler au contact de la friction. Mettre un collier à chapelet, attacher court. Au bout de 8 jours, la peau s‟étant couverte de cloques suintantes puis de croûtes sèches et écailleuses, l‟enduire de vaseline et attendre que les croûtes tombent d‟elles-mêmes. - 192 -