Communiqué de presse français

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Communiqué de presse français
Eventails de Chine
Collection Patricia Gorokhoff
26 avril – 29 juillet
Parallèlement à l’exposition Déesses, miniatures et sculptures indiennes, le musée
présente dès le 26 avril les précieux éventails chinois de la Collection Patricia
Gorokhoff offerts à la Fondation Baur en 2011. Produits pour l’exportation aux XVIIIe
et XIXe siècles, ces œuvres façonnées dans des matériaux très divers démontrent
l’extraordinaire inventivité et habileté des artisans chinois qui ont su adapter leur art
traditionnel aux modes et aux goûts des civilisations occidentales.
Commissaire : Monique Crick
L’éventail, miroir de la Chine
Accessoire incontournable de la tenue chinoise, l’éventail existe dès les temps
archaïques. Les premiers spécimens connus datent du IIe siècle avant notre ère,
mais leur degré de sophistication suggère une lignée plus ancienne. À l’origine
rigides, à écran fixe fait de plumes et de soie (bianmian), ils étaient utilisés tant par
les femmes que par les hommes. L’éventail cérémoniel (tuanshan) de même style
était monté sur un long manche. Celui de type plié (zheshan) apparaîtrait durant la
dynastie Tang (618-907) et son usage se généralisera sous la dynastie Song (9601279). Très tôt, ces objets précieux deviennent un support idéal pour des décors
peints auxquels se consacrent les artistes les plus réputés. Importés en Europe par
les Portugais à partir du XVIe siècle, les éventails pliés furent rapidement fabriqués
au goût européen et dès le XVIIIe siècle la Chine en exportait en grande quantité,
ainsi que de simples montures de type brisé. Très à la mode jusqu’au XIXe siècle les
éventails chinois, achetés à Canton et Macao, étaient vendus en Europe et en
Amérique dans des salles de ventes, accompagnés d’étuis brodés ou de boîtes
souvent réalisées en bois laqué. Ils pouvaient de même être produits sur commande
pour des magasins ou des particuliers.
Les plus anciens éventails exportés de Chine étaient réalisés en ivoire repercé, orné
de motifs de style « imari » soulignés d’or. Puis les artisans feront appel à divers
matériaux : filigrane d’argent, écaille, nacre, bambou ou bois laqué, os, corne, bois
de santal, plumes de paon ou d’oie surmontées de duvets de marabout, soie brodée,
papier peint. Les peintres sur éventail pour le marché occidental appartenaient à des
ateliers spécialisés situés à Canton et Macao. Seuls quelques noms de fabricants
sont passés à la postérité : Hoaching, Hipqua, Shongshing, Luenchun et Lunshing à
Canton ainsi que Assan et Vochon à Macao, Hoaching et Shongshing s’étant
également spécialisés dans la confection d’éventails en nacre importée des
Philippines.
Les scènes retraçant la vie domestique, sociale ou cérémonielle - gravées, sculptées
ou peintes - étaient extrêmement populaires en Occident. La réalisation des
somptueuses pièces laquées or sur fond noir pouvait prendre jusqu’à six semaines,
trois à quinze couches de laque étant nécessaires selon la qualité de l’objet. Les
éventails dits « mandarins », « aux cent visages » ou « aux personnages appliqués »
représentent des scènes d’audience, de palais, de jardins animées de personnages
à têtes d’ivoire et vêtements de soie. Deux variantes intéressantes dans cette
catégorie sont l’éventail asymétrique ainsi que le cabriolet composé de deux rangées
de feuilles de papier. Les vues topographiques et de ports - tels Canton, Macao et
Hong Kong - ont été très prisées de même que les scènes pastorales ou
mythologiques peintes dans le style européen. Tombé en désuétude en Europe au
début du XXe siècle, l’éventail reste en Asie un objet utilitaire de fabrication
traditionnelle.

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