La Camomille - Institut KLORANE
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La Camomille - Institut KLORANE
● P r o f e s s e u r I s a b e l l e Fo u r a s t é - Fa c u l t é d e s S c i e n c e s P h a r m a c e u t i q u e s d e To u l o u s e Étude Étude Botanique La Camomille Matricaria recutita L. A steraceae ▲ Fondation d’Entreprise pour la Protection et la Bonne Utilisation du Patrimoine Végétal sommaire 4 5 Introduction Description générale de la plante � � � � � Dénomination scientifique Synonymes Dénominations communes Habitat Description de l'espèce Chamomilla recutita ( L.) Rauschert Description de la partie utilisée � � � Morphologie Anatomie Falsifications Références bibliographiques Introduction L a Matricaire (Matricaria recutita L., syn. Chamomilla recutita (L.) Rauschert) ou Camomille allemande, anciennement dénommée Matricaria chamomilla par Linné, est une herbe annuelle très aromatique, à feuilles glabres, vert sombre et deux fois découpées (bipennatiséquées). Ses capitules comportent, sur un même réceptacle creux et dépourvu de paillettes, des fleurs ligulées blanches et des fleurs tubulées jaunes. La Matricaire, répandue en Afrique du Nord et dans toute l’Europe, est particulièrement abondante dans les steppes hongroises et en Yougoslavie orientale, où elle se développe sur des terres plus ou moins salées. La forte odeur aromatique de la Matricaire lui a permis très vite d’attirer l’attention sur elle et sur ses propriétés médicinales. Elle est si abondante en Grèce, qu’en mars-avril l’atmosphère aux environs de l’Acropole en est toute parfumée. Néanmoins, son histoire est des plus difficiles à suivre en raison des perpétuelles confusions de noms et même d’espèces, entre les genres Anthemis, Parthenium, Chamomilla et Chamaemelum. Asclépiade, au IIe siècle avant Jésus-Christ, faisait déjà grand cas de l’infusion de cette « Camomille ». Dioscoride, au Ier siècle après Jésus-Christ, la recommandait en infusion comme emménagogue, diurétique et cholagogue. Il la dit efficace contre les calculs, les coliques, la flatulence et les maladies du foie. Au siècle suivant, Galien employait la Matricaire contre les courbatures, les douleurs et les fièvres non-inflammatoires. Dès le milieu du XVe siècle, on connaissait et utilisait l’huile essentielle de cette espèce. Aujourd’hui, les capitules floraux de Matricaria recutita L. sont inscrits à la Pharmacopée européenne et sont principalement utilisés comme antispasmodiques et anti-inflammatoires. 4 Description générale de la plante � DÉNOMINATION SCIENTIFIQUE Matricaria recutita, répertoriée pour la première fois par Linné dans « Species plantarum » en 1753, a été placée dans le genre Chamomilla par S.F. Gray et dénommée Chamomilla recutita par Rauschert en 1974 in Folia Geobotanica & Phytotaxonomica bohemoslovaca (Praha), Vol. 9, p. 255. Embranchement : Sous-embranchement : Classe : Sous-Classe : Série : Sous-série : Ordre : Spermatophyta Magnoliophytina = Angiospermae Magnoliatae = Dicotyledoneae Gamopétales Epigynes Isostémones Astérales Famille : Asteraceae Genre : Chamomilla Espèce : Chamomilla recutita (L.) Rauschert 5 Description générale de la plante [suite] � SYNONYMES Anthemis vulgaris Lob. Chamaemelum vulgare Pharm. Chamomilla officinalia K. Koch. Chamomilla vulgaris Gray Chrysanthemum chamomilla Bernh. Leucanthemum chamaemelum Lam. Matricaria bayeri Kanitz Matricaria chamaemilla Hill. Matricaria chamomilla L. Matricaria coronata J. Gay Matricaria courrantiana DC. Matricaria deflexa Gilib. Matricaria kochianum Sch. Bip. Tanacer Matricaria obliqua Dulac Matricaria patens Gilib. Matricaria pusilla Willd. Enum. Hort. Berol Matricaria recutita L. Matricaria salina Schur. Matricaria suaveolens L. Matricaria tenuifolia Salisb. 6 � DÉNOMINATIONS COMMUNES En allemand : En anglais : En arabe : En danois : En espagnol : Badekrant, Echte kamille, Deutsche kamille, Feld kamillen, Kamille, Kamillen blüthen, Mägdeblume, Mutter kamille, Mutter kvant, Romey, Wilde-kamille. Common-chamomile, Feverfew, German-chamomile, Mayweed, Wild-chamomile. Achaonon, Ok’bouane. Matrum. Camomila salvaye, Flor de Santa Anna, Magarza, Magarzuela, Manzanilla bastarda, Manzanilla hedionda, Manzanilla salvaye. En flamand : Germeene-kamille, Kamelle, Moederkruid. En français : Amerelle, Amerolle, Camomèle, Camomille allemande, Camomille commune, Camomille d’Allemagne, Camomille ordinaire, Camomille sauvage, Camomille vraie, Camomille vulgaire, Espargoutte, “Kamilla”, Kamille hongroise, Malherbe, Matricaire, Matricaire camomille, Oeil du Soleil, Petite camomille. En italien : En hollandais : En polonais : En suédois : En turc : Antemide, Camomilla, Camomilla vulgare, Capomilla, Fiore di Santa Anna. Moederkruid. Maruma ziele, Rumianek. Romerskkomi. Maradica. 7 Description générale de la plante [suite] � HABITAT Originaire des régions méditerranéennes, la Matricaire est ubiquitaire en Europe. On la trouve assez communément en France, en Suisse et en Belgique ; elle est assez rare dans les Ardennes. Elle s’est répandue, depuis des siècles, dans toute l’Europe, notamment dans les steppes hongroises et les steppes de la Yougoslavie orientale. Hors d’Europe, on peut la rencontrer en Sibérie, Mongolie, Asie centrale, en Asie tempérée et du Sud-ouest, en Afrique du Nord, dans les îles Canaries. Elle est même naturalisée dans l’Amérique du Nord. En France, la Matricaire est une plante commune en général, mais de répartition inégale. Par exemple, elle est assez irrégulièrement distribuée dans l’Ouest ; on en rencontre peu en Normandie. Elle prospère dans les régions telles que le Tarn ou en Dauphiné ; par contre, elle est rare dans l’Aveyron, dans une grande partie du bassin du Rhône, en Provence, dans les Alpes-Maritimes et en Dordogne. Elle est très rare dans l’Hérault et manque totalement dans le Cantal et dans la partie haute de la Corrèze. Cette plante peut s’élever à une assez grande altitude dans les champs des montagnes ou au voisinage des habitations des villages situés à environ 1000 m. Mais on la retrouve, en tant que plante cultivée, aussi bien en Suisse, en Hongrie, en Saxe, en Hollande (à Noordwyk), qu’en Australie où elle fut implantée. 8 � DESCRIPTION DE L'ESPÈCE Chamomilla recutita (L.) Rauschert La Matricaire est une plante herbacée annuelle, aromatique, à odeur prononcée de Camomille et à saveur amère. La plante forme de petites touffes rameuses de 20 à 60 cm de hauteur, glabres, à tiges dressées, ne portant pas de racines adventives à sa base. La racine principale est pivotante, mince, développée et n’exhalant pas d’odeur fétide. Les tiges, dressées sur 20 à 60 cm, sont très ramifiées, surtout dans leurs parties supérieures. Les feuilles moyennes et inférieures sont deux fois divisées : les divisions sont étroites (n’ayant guère qu’un demi-millimètre de largeur) et allongées ; les supérieures sont seulement une fois divisées. Les divisions sont sans sillon longitudinal sur leur face inférieure. L’inflorescence est un corymbe de capitules terminaux, isolé sur chaque ramification. Les capitules, à fleurs extérieures en languettes blanches, se voient depuis le mois de mai jusqu’au mois d’octobre et ont un diamètre de 2 cm environ. Tout d’abord, l’involucre est constitué par 3 assises de bractées lancéolées, scarieuses, obtuses au sommet, blanchâtres sur leurs bords, verdâtres au centre. Elles sont assez inégales. Le réceptacle est bombé et creux. Les fleurs marginales, toujours femelles, au nombre de 12 à 18, sont constituées par un calice à 5 sépales, concrescents entre eux par leur base mais se terminant, à leur sommet, en un bourrelet épaissi. 9 Description générale de la plante [suite] La corolle blanche, ligulée, à 3 dents, est parcourue par des nervures parallèles. Elle entoure un ovaire uniloculaire infère, surmonté d’un style court à 2 stigmates très petits, recourbés en dehors. Les fleurs du centre sont hermaphrodites, constituées par un calice très petit, à 5 sépales concrescents entre eux, se terminant au sommet en un petit bourrelet. La corolle jaune, tubulée, est à 5 pétales concrescents entre eux en un tube évasé au sommet, en entonnoir. Les 5 étamines, à filets libres, à anthères soudées en un tube dans lequel passe le style, sont insérées sur la corolle. L’ovaire est uniloculaire, surmonté d’un style à 2 stigmates papilleux. Il comprend 2 carpelles à placentation pariétale, renfermant chacun un seul ovule anatrope dressé. L’inflorescence de la Matricaire retient le regard. En effet, les languettes blanches du capitule se rabattent vers le sol peu de temps après la floraison, si bien que chaque capitule fait figure de parapluie entrouvert. Les fruits, tous semblables, sont des akènes jaune blanchâtre, en cône renversé, ne dépassant pas 1 mm de longueur, légèrement arqués. Ils portent 5 côtes du côté interne et n’en porte aucune du côté externe. Ils sont surmontés d’une couronne membraneuse courte et oblique. Les fruits n’ont pas d’aigrette à leur sommet. La graine est sans albumen et l’embryon est petit. 10 Description de la partie utilisée � MO RPH OLOG IE Les bractées de l’involucre sont obovales à lancéolées ; leur bord est scarieux, gris-brun. Le réceptacle, de forme essentiellement conique, est creux et sans paillettes. La corolle des fleurons ligulés est constituée, à la base, par un tube jaune clair à jaune-brun, prolongé par une languette blanche ovale et allongée. La corolle des fleurons tubulés est jaune et s’élargit vers le haut où elle se divise en 5 pointes ; sa base est colorée en brun-jaune à brun. Chamomilla recutita (L.) Rauschert Drogue : Capitules séchés 11 Description de la partie utilisée [suite] � ANATOMIE L’épiderme externe des bractées de l’involucre montre un bord scarieux à une seule assise de cellules allongées radialement, et une partie centrale à tissu chlorophyllien, recouvert de cellules épidermiques allongées, à parois latérales sinueuses, avec des stomates et des poils sécréteurs. Autour du faisceau libéro-ligneux se trouvent de nombreuses cellules scléreuses allongées, ponctuées, à lumen assez large. La corolle des fleurons ligulés et des fleurons tubulés, vue de face, présente des cellules isodiamétriques ou allongées, à parois plus ou moins onduleuses, avec quelques poils glanduleux. La partie supérieure de l’épiderme des fleurons ligulés est faite de cellules papilleuses, à cuticule striée à partir du sommet. Dans le mésophylle se trouvent parfois des macles d’oxalate de calcium très petites. Il est parcouru sur toute sa longueur par 4 nervures principales, accompagnées parfois de 1 à 2 autres nervures, moins longues, disposées parallèlement aux premières. Les 2 nervures principales médianes se dédoublent chacune près du sommet et s’anastomosent, 2 à 2 entre elles et avec les nervures latérales, en formant 3 arcs au niveau des 3 dents terminales de la languette. Les ovaires des 2 sortes de fleurs, de forme ovale à sphérique, ont à leur base une couronne scléreuse, haute d’une rangée de cellules et un épiderme formé de cellules allongées, à parois onduleuses, entre lesquelles sont insérés des poils sécréteurs. Les ovaires contiennent de nombreuses et très petites macles d’oxalate de calcium. Dans les fleurons tubulés, la partie inférieure des filets staminaux est entourée de cellules à parois épaissies. Les cellules épidermiques des extrémités des 2 stigmates sont fortement papilleuses. Les grains de pollen, d’un diamètre de 30 µm environ, sont triangulaires, arrondis, à exine brièvement échinulée ; ils présentent 3 pores germinatifs. 12 ▼ Poil tecteur ▼ Poil sécréteur Chamomilla recutita (L.) Rauschert Épidermes 13 Description de la partie utilisée [suite] � FALSIFICATIONS La Matricaire est souvent substituée par : • la Camomille romaine (Anthemis nobilis L.) à réceptacle plein, convexe puis conique, couvert de paillettes et à fleurs blanches toutes ligulées ; • la Grande camomille (Chrysanthenum parthenium Bernh.) à réceptacle plat, portant une rangée externe de fleurs à ligules blanches ; • la Matricaire discoïde (Matricaire discoidea D.C.) sans fleur ligulée ; • la Matricaire inodore (Matricaria inodora L.) à réceptacle plat, peu aromatique ; • la Camomille des champs (Anthemis arvensis L.) à réceptacle plein très conique, portant des paillettes, à odeur faible et désagréable ; • la Marguerite des champs (Leucanthemum vulgare L.) à fleurs trois fois plus grandes que celles de la Camomille ordinaire. 14 Références bibliographiques BELLAKHDAR J. (1997) - La pharmacopée marocaine traditionnelle - Ed. Ibis Press, p. 200. BEZANGER L, BEAUQUESNE L. et al. 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Wissenscaftliche Verlagsgesellschaft, 1989, p. 174. Etude botanique “La Camomille” Professeur Isabelle Fourasté Faculté des Sciences Pharmaceutiques de Toulouse Janvier 2007 - Réalisation et impression : Art & Caractère Lavaur 15 Code : 452316 - 01-2007 - ART&CARACTERE ▲ Fondation d’Entreprise pour la Protection et la Bonne Utilisation du Patrimoine Végétal 15, Rue Théron-Périé - 81106 CASTRES CEDEX Pierre Fabre