FICHE SUPPORT Leçon 12: L`Occident en modèle réduit
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FICHE SUPPORT Leçon 12: L'Occident en modèle réduit Séquence 5: Le melting pot inachevé Dans cette société banalisée, où les divisions sont prégnantes et à bien des égards croissantes, il existe des points de convergence dont le moindre n’est pas celui de la nécessaire défense du pays contre ses ennemis : c’est le consensus sécuritaire. On en donnera une illustration : le consensus politique autour de la barrière de séparation (Gader a Afrada), le fameux « mur ». La barrière de séparation israélienne est construite par Israël depuis 2002, avec pour objectif la protection de la population israélienne contre les attentats : il s’agit d’empêcher physiquement toute intrusion de terroristes sur le territoire israélien. Cette construction, longue de plus de 730 km, a une portée politique évidente, car elle inclut de facto dans le territoire israélien plusieurs grands blocs de colonies israéliennes de Cisjordanie1. L’idée vient de loin : depuis les années quatre-vingt-dix, des personnalités politiques de droite comme de gauche (cf. Itzhak Rabin et le gouvernement travailliste 1992-1995) défendaient l'idée d'une séparation physique d'avec les Palestiniens. Les attentats qui firent plus de 1 000 morts israéliens pendant la seconde intifada convainquirent Ariel Sharon, de mener à bien le projet : il s’agissait de rendre hermétique la ligne verte de 1949, mais aussi de défendre les blocs d'implantations juives situées à l'est de Jérusalem au-delà de cette non-frontière (Ariel, Goush Etzion, Givat Ze'ev, Maale Adumim …). Des sections de la barrière sont construites sur des terres confisquées à des Palestiniens. Le 30 juin 2004, la Cour Suprême d'Israël a constaté une violation des droits des Palestiniens et exigé la redéfinition du tracé sur une trentaine de kilomètres. Mais la Cour suprême, dans la même décision, a validé la construction de ce mur comme mesure de sécurité que le gouvernement est en droit de prendre pour protéger ses citoyens. Chaque kilomètre coûte environ 10 millions de shekels. Les 730 kilomètres dont la construction s’achève coûteraient donc au total près de 1,5 milliard d’euros, ou 2 milliards de dollars. Dans la société israélienne, un véritable consensus s’est constitué pour préserver cette barrière présentée comme une mesure temporaire qu'Israël s'est vu forcée de prendre afin 1 L'Assemblée générale des Nations unies a adopté, le 21 octobre 2003, une résolution condamnant la construction de ce « mur » empiétant sur le « territoire palestinien occupé ». de lutter contre le massacre de civils. Cette stabilisation de l’environnement sécuritaire à un prix politique : une dégradation de l’image d’Israël dans le monde. Mais les Israéliens attribuent à cette barrière de sécurité bien des vertus : sécurité, protection de l’économie, invisibilité de ‘l’Autre’ … Comme l’écrit un journaliste du Monde : Effacer "l'autre". Minimiser ses nuisances. Mettre la violence à distance. La politique entreprise par Israël depuis la première Intifada, cette époque où l'illusion d'une occupation "éclairée" s'est effondrée, a porté ses fruits. Barrière de séparation, check-points, routes réservées aux colons, refoulement des travailleurs : tout concourt à évincer la figure du Palestinien de l'univers israélien. Même ceux qui comptent des amis de l'autre côté de la barrière ou n'auraient pas peur de s'y rendre sont désormais dissuadés de le faire : une amende prohibitive est infligée à tout Israélien surpris dans une zone autonome palestinienne. L'époque des causeries avec les maraîchers de Kalkiliya et les vendeurs de meubles de Bidya, deux localités de Cisjordanie qui drainaient les classes moyennes de Tel-Aviv en mal de shopping bon marché, appartient à un passé révolu. »2 Le gouvernement israélien a souvent déclaré qu'il pourrait détruire la barrière et reprendre des négociations avec l'Autorité palestinienne lorsque le terrorisme aura cessé. Mais plus personne n’y croit. Illustration Séquence 5 Illustration 1 Photo du "mur" (Gader a Afrada) 2 Benjamin Barthe, A Tel-Aviv, la paix peut attendre, LE MONDE, 29.11.2007.