F.SCHUBERT: Quatuor en ré mineur D 810 « La Jeune Fille et la Mort

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F.SCHUBERT: Quatuor en ré mineur D 810 « La Jeune Fille et la Mort
F.S C HU BER T: Q uatuor en ré mineur D 810 « La J eune F ille et la M ort » en
quatre mouvements
Allegro- Andante con moto- S cherzo: Allegro M olto - P res to
Le Q uatuor en ré mineur de S chubert es t peut être l’ œ uvre la plus célèbre de
toute la mus ique de chambre pour cordes . La rais on de ce s uccès vient s ans doute de
l’ impres s ion de puis s ance dés es pérée qui s e dégage de la compos ition et qui ne
ces s e de produire s on effet s ur l’ auditeur. S chubert n’ es t pas ici le plus fin (s i on
compare avec ces moments boulevers ants que s ont le quatuor en la mineur, le
quintette à deux violoncelles ou, s urtout, les dernières s onates pour piano et les
derniers cycles de Lieder) mais il touche jus te avec une pas s ion plus violente qu’ à
l’ accoutumée. Le titre de ce quatuor, en lui même tout un programme, provient d’ un
lied du même nom qui raconte la rencontre entre une jeune fille et la M ort qui
cherche à l’ entraîner en la ras s urant. S chubert compos a s on œ uvre en 1824 et
n’ arriva pas à trouver d’ éditeur pour la partition qui ne fut jamais imprimée de s on
vivant (il mourut quatre ans plus tard).
L’ Allegro initial donne le ton avec s on rythme heurté blanche pointée triolet
d’ où s e dégage immédiatement une impres s ion de violence et d’ effondrement.
Admirable es t d’ ailleurs la manière avec laquelle le compos iteur enchaîne
immédiatement avec une s équence plaintive qui s us pend l’ atmos phère jus qu’ au
départ du drame à la mes ure 15. Celui ci monte d’ abord en puis s ance s ur le thème
des deux violons s outenus par le rythme obs es s ionnel des triolets aux bas s es puis
ens uite dans le dialogue entre le premier violon et le violoncelle, au des s us des
battues du s econd violon et de l’ alto, dialogue qui ramène le rythme initial dans uns
s orte de délire de violence. U n pont, majeur, énoncé au premier violon cherche à
détendre l’ atmos phère et amène après une courte paus e le deuxième thème aux deux
violons à la tierce au-des s us du bouillonnement de l’ alto et du violoncelle. S chubert
va alors commencer à développer s on thème en fais ant bas culer la tonalité vers le
mode mineur jus qu’ à de grands traits de doubles -croches qui fus ent d’ un ins trument
à l’ autre. N ouvelle tentative du s econd thème (cette fois au s econd violon et au
violoncelle) et nouvelle interruption brutale s uivie d’ appels dés es pérés s ur le même
thème minoris é concluent l’ expos ition. Le développement proprement dit va
reprendre les idées précédentes en les exas pérant jus qu’ à une clas s ique réexpos ition
s uivie d’ une coda heurtée qui s ’ achève dans un recueillement pathétique.
O n comprend que le thème génial de s on Lied ait été
pour S chubert
l’ occas ion d’ une ins piration aus s i fulgurante. Centre de gravité émotionnel de
l’ œ uvre, le s econd mouvement es t une douloureus e s ucces s ion de variations qui
alternent atmos phères tragiques et lumineus es , mélancoliques et dés es pérées . U ne
des réus s ites du compos iteur es t de ne pas avoir hés ité à faire éclater s on
merveilleux thème au rythme pres que hiératique dans des s équences mouvantes et
heurtées . Ains i, la première variation, gigantes que broderie du premier violon audes s us des battues du s econd violon et de l’ alto et des pizzicati du violoncelle, ou la
variation centrale s accadée en croche/deux doubles croches , ains i bien s ûr que le
moment de folie qu’ es t la dernière variation, magnifiquement ponctuée par une page
d’ une rare émotion qui conclut le mouvement dans une paix d’ agonie.
Le court S cherzo, violent et incis if es t la première référence à l’ imagerie
traditionnelle de la M ort « violoneus e » avec s on caractère de bourrée grinç ante et
ironique. Le contras te es t magnifique avec la grâce très viennois e du Trio agrémentée
des traits cis elés et délicats du premier violon.
Enfin, la dans e macabre, volontairement gros s ière et menaç ante où la mort,
victorieus e entraîne s a proie avec elle. Bergman, dans la s cène finale du S eptième
S ceau s aura s e rappeler de ce mouvement impres s ionnant et de l’ unis s on mordant
d’ où s e dégage l’ atmos phère angois s ante d’ un tourbillon qui balaie tout s ur s on
pas s age: la peur es t nue et le temps des pas s ions es t révolu.

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