Mystère à Versailles - Château de Versailles

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Mystère à Versailles - Château de Versailles
Mystère à Versailles
Collège Jean Mermoz
Classe de 5ème F
92270 BOIS-COLOMBES
Une silhouette vêtue de noir se déplaçait avec agilité dans les ténèbres. Enveloppée dans sa
combinaison, la cambrioleuse se mouvait comme une ombre sur l’ancien domaine de
Louis XIV. Elle s’arrêta un instant au bout du grand canal pour contempler la façade arrière du château
de Versailles et savourer le moment.
Delphine se remit en route. Elle savait parfaitement où elle voulait se rendre : cela faisait des
mois qu’elle travaillait sur les plans du domaine. Elle les connaissait par coeur !
Elle se glissa par une petite fenêtre qu’elle avait remarquée dans une cave du corps central du bâtiment.
De là, elle gagna sans hésiter le cabinet des médailles où elle déroba plusieurs pièces rares qu’elle
rangea dans la poche de son sac à dos. Puis elle se dirigea vers les appartements de la reine par les
corridors secrets dont elle avait minutieusement étudié le plan: elle déboucha dans la chambre de la
reine, par la petite porte à gauche du lit.
La jeune femme gagna la première pièce de service de l’appartement. Elle se planta devant ce
qu’elle convoitait : le portrait de « Marie-Antoinette, reine de France » réalisé par
Louis-Joseph-Sifrède Duplessis. Elle trouvait cette toile fascinante de modernité et sa taille la rendait
facile à transporter. Elle la sortit de son cadre et la plaça dans le tube de protection.
Elle fourra le tout dans son sac et, satisfaite, regagna la chambre de la reine. Elle délaissa les feux à
Sphinx de la cheminée, traversa la pièce à pas de loup et arriva dans la « pièce des nobles ».
Elle passait en revue ce salon quand elle crut entendre un grincement. Elle se figea et tendit
l’oreille ; une seconde fois, elle entendit le grincement, suivi de bruits de pas. Plus de doute, il y avait
quelqu’un !
Affolée, elle chercha du regard un endroit où se cacher. D’abord, elle pensa à la grosse commode mais
elle serait trop facile à découvrir. La panique gagnait à mesure que les pas se rapprochaient. Elle était
pétrifiée à l’idée de se faire arrêter. Soudain, elle aperçut un rat ou une souris qui sortait de derrière le
pare-feu vert de la cheminée. Les bruits provenaient désormais de la pièce d’à côté, alors elle ne
réfléchit plus, se glissa, accroupie, derrière le pare-feu et se colla au fond de la cheminée. Vêtue de noir,
elle espérait être invisible.
Son coeur battait la chamade. Qui était là ? Et pouvait-on savoir qu’elle était ici ? Elle retint sa
respiration et se plaqua du mieux qu’elle put contre le mur glacial du foyer. Elle respirait avec
difficulté, le souffle coupé à l’idée de se faire prendre et de finir en prison. Son coeur s’accéléra lorsque
les pas s’arrêtèrent devant la porte entrouverte de la pièce, alertés par les couinements du rongeur. La
porte grinça quand on la poussa et une lumière parcourut les 4 coins de la pièce. Alors que Delphine
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essayait de se faire encore plus discrète, son talon buta contre quelque chose qui dépassait du mur. Elle
arrêta son geste de peur de signaler sa présence. Mais bientôt, la porte fut refermée et les pas
s’éloignèrent en résonnant. Alors, elle se détendit; son talon enfonça une brique et, sans un bruit, le
mur bougea lentement dans le dos de la voleuse. Sidérée, elle essaya de se calmer avant de regarder
derrière elle. Elle se tourna maladroitement et, stupéfaite, découvrit l’entrée d’une espèce de cabinet de
curiosités.
Elle examina la petite pièce : des bibliothèques couvraient les 4 murs. L’endroit tenait
également du laboratoire et était curieusement baigné d’une lumière douce. Les reliures des livres,
manifestement vieux de plusieurs siècles, voisinaient avec des rouleaux de parchemins antiques, du
matériel d’écriture, des flacons au contenu mystérieux. Des alambics, des balances, des creusets, un
petit brasero trônaient sur une longue table en bois. Des collections recouvertes de décennies de
poussière complétaient l’atmosphère étrange du lieu. Il ne semblait pas y avoir de danger. La voleuse
entra. Mais aussitôt, la trappe se referma. Prise au piège, elle avala sa salive, respira un grand coup et se
dit que si elle avait pu entrer, elle pourrait ressortir. C’est alors qu’elle vit, dans un renfoncement, un
squelette étendu sur un lit tout en or et aux 4 coins duquel se trouvaient de grands candélabres.
Intriguée, elle s’approcha et découvrit une petite clé d’argent, en forme d’étoile, dans la main droite du
mort.
Elle n’était certainement pas là pour rien, c’était peut-être même la clé d’un trésor ! Elle s’en saisit.
Puis, elle se mit à passer méthodiquement en revue la pièce pour trouver un coffre, une porte,
n’importe quelle serrure qui correspondrait à la clé ; Elle essaya de bouger des livres pour voir si cela
n’ouvrirait pas une cache … Au bout de plusieurs heures, elle s’arrêta, au bord de la crise de nerfs. Elle
était coincée là, elle devait trouver une solution !
Elle parvint à retrouver son calme en faisant le vide dans son esprit. Une intuition la poussa à
retourner au lit d’or. Après avoir tourné autour quelques instants, elle s’empara d’un des chandeliers et
le souleva. Rien ne se produisit. Elle fit de même avec le deuxième. Rien.
Mais au troisième, un bruit sourd se fit entendre et une dalle coulissa juste sous le lit.
Delphine s’accroupit et se trouva en haut d’une volée de marches. Dévorée de curiosité, elle posa un
pied sur la première.
***
Neuf heures, enfin ! Il attendait depuis une heure et demi ! Le château ouvrait ses portes pour
accueillir ses visiteurs. Olivier passa la grille d’honneur avec émotion et s’arrêta un instant au milieu de
la cour d’honneur pour admirer la grandeur de ce château doré.
Passionné d’histoire et de mythologie, il était persuadé que ce serait le clou de ses vacances. Il tourna
sur sa gauche pour aller acheter son billet puis entra. Il avait envie de commencer par l’extérieur. Il alla
directement à la galerie des glaces (un incontournable !) et sortit du château pour prendre l’air et
profiter des spacieux jardins verdoyants.
Il s’arrêta devant le parterre d’eau et admira les deux bassins qui contenaient 4 statues chacun.
Il lut dans son guide qu’elles représentaient les fleuves de France. Il avança de quelques dizaines de
mètres et s’arrêta encore en haut de l’escalier qui surplombe le bassin de Latone.
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Une des maîtresses de Jupiter, si sa mémoire était bonne… Il s’adossa à la rambarde qui bordait
l’escalier pour chercher dans son guide les explications la concernant. Mais alors qu’il était plongé dans
sa lecture, il entendit :
-
« Savez-vous ce qui a été volé, Jean-Pierre ? »
C’était un homme qui murmurait, d’une voix pleine de colère.
-
« Non, je ne sais pas encore bien, Monsieur le conservateur », répondit Jean-Pierre à voix
basse, « je n’ai pas fait l’inventaire du cabinet. Tout ce qu’on sait, c’est que la toile vient des
appartements de la reine, qu’on a entendu du bruit dans la pièce des nobles et après, plus rien !
Il s’est volatilisé ! »
Les voix venaient d’en-dessous ; Olivier ne bougea pas mais tendit l’oreille en continuant à faire
semblant de lire :
-
« C’est bizarre quand même…Il faudrait prévenir la police, non ? » dit Jean-Pierre.
« Mais enfin, réfléchissez! La police en ferait toute une histoire ! La presse s’en mêlerait ! Et
puis quel scandale pour moi ! Même pas fichu de protéger mon musée !
Et ce n’est pas la première fois ! Non, il faut mener une enquête discrète ! » dit le conservateur
excédé.
Olivier eut un sourire et laissa tomber son livre par dessus la rambarde. Les deux hommes
sursautèrent, levèrent les yeux, et se figèrent en réalisant qu’on les avait probablement entendus.
Le conservateur reprit son sang-froid le premier et ramassa le livre alors que le visiteur les rejoignait. Il
les remercia et leur avoua qu’il avait surpris leur conversation. Il leur annonça qu’il était détective
privé ! Et qu’il considérerait comme un honneur de leur proposer ses services pour retrouver le voleur.
Après que le conservateur lui eût expliqué la situation, il proposa de se mettre sur le champ au travail.
Finies les vacances !
***
Le détective voulait commencer par se faire une idée générale du domaine. Il alla jusqu’au tapis
vert, qu’il trouva splendide, avec sa vue sur le grand canal, son grand parterre central de pelouse et, de
chaque côté, une longue allée ornée de déesses grecques et romaines.
Il prit celle de droite et tourna au premier croisement pour aboutit au bassin de Flore avec ses quatre
amours. Il contourna la fontaine et continua tout droit par l’obélisque, jusqu’à l’allée qui menait au
grand Trianon. Il fit un détour par les jardins à la française pour admirer leurs parterres géométriques
bordés d’une haie vivace avant de rejoindre le majestueux grand canal.
Là, il s’arrêta, sous le charme de l’endroit : le canal était époustouflant. Il savait que c’était le
plus vaste point d’eau du domaine. De nombreux visiteurs venaient admirer les magnifiques statues
tout autour et regarder le reflet du ciel dans l’eau bleue du bassin en croix. Il décida de rester là pour
déjeuner et réfléchir un peu à toute cette histoire. Il mangea assis sur l’herbe, les yeux rivés sur l’eau qui
scintillait au soleil de midi. C’était envoûtant…
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Il se mit à effeuiller une pâquerette en se demandant si l’étendue d’eau ne cachait pas aussi quelque
mystère…
Le détective décida ensuite d’aller faire un tour au hameau de la reine. Il repassa par les deux
Trianon, vit le théâtre et la chapelle ainsi que le temple d’Amour et la grotte et arriva dans une sorte de
petit « village » autour d’un bel étang. Il fut étonné par la taille des maisonnettes comparées au château
mais son attention fut surtout attirée par la ferme et le nombre incroyable de variétés de légumes qui
poussaient, soutenus par des tuteurs, dans le petit potager.
Alors qu’il flânait entre les parterres, un homme s’approcha d’Olivier et l’invita à entrer dans la
maison des gardes. A l’intérieur, il se présenta :
- « C’est le conservateur qui m’envoie. Il m’a mis dans la confidence : il pense que le vol est lié à une
légende qui remonte aux racines du domaine et que je détiens certaines informations qui pourraient
vous être utiles. Dans ma famille, nous sommes gardiens au château de père en fils depuis des
générations. Le premier de mes ancêtres à avoir travaillé ici était contemporain de Louis XIV. Je
connais toutes les histoires du château. La légende prétend qu’un secret y est caché depuis la
construction. Et que ce secret permettrait de faire disparaître du monde tous les maux qui le
rongent… »
***
L'escalier s'assombrissait rapidement. Delphine s'arrêta et sortit une lampe de son sac avant de
continuer sa route. Elle marcha pendant une éternité. Elle n’avait pas mangé depuis la veille au soir,
elle n’avait pas dormi. La descente était interminable. Soudain, l’escalier présenta un bout de rampe.
Epuisée, elle s’appuya dessus. Alors, la marche sur laquelle elle se trouvait s'écroula et elle tomba dans
un trou. Elle s'évanouit sous le choc.
A son réveil, elle se trouvait dans un endroit sombre. Elle eut l’éphémère impression d’avoir rêvé mais
le contact dur du sol froid la rappela à la réalité peu à peu. Elle reprit ses esprits, chercha sa lampe à
tâtons, la ralluma et découvrit autour d'elle une pièce occupée seulement par deux statues de marbre
blanc représentant des amantes de Jupiter : Io et Europe. Ces statues regardaient un point fixe au
centre de la pièce : un clavecin datant de l'époque de Louis XIV.
Intriguée, elle se dirigea vers l'instrument et l'observa. Elle tourna autour du clavecin en
tentant de chercher ce qui attirait le regard des statues. Ne trouvant pas, elle s’assit pour voir ce qui se
passerait si elle jouait un morceau : aucune note ne se fit entendre !
Elle se glissa alors sous le clavecin : sous le clavier étaient dissimulés sept barillets gravés de lettres ! Elle
tourna le premier barillet qui, soudain, se bloqua. Elle fit alors de même avec tous les barillets jusqu'à
ce qu’une combinaison apparaisse : « Panakéia ». Elle n'avait aucune idée de ce que cela pouvait être.
Mais elle recopia le mot sur sa main.
Alors qu'elle écrivait, une petite trappe s'ouvrit à côté du mécanisme, un parchemin en tomba et une
porte s’ouvrit. Elle ramassa le petit papier et sortit sans attendre. Dans le nouveau souterrain, elle lut :
« IN.CELLA.UNIVERSALE.MEDICAMENTUM.INVENIET.PHOEBI.POSTERA».
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Que voulait dire ce charabia ? Elle roula le parchemin, le fourra dans sa poche et avança dans le
nouveau souterrain. Elle n’avait plus la moindre notion du temps, elle était fatiguée, découragée.
Soudain sa lampe éclaira une porte au bout du couloir qui, contre toute attente, s’ouvrit sans difficulté.
Delphine cligna des yeux dans le soleil couchant : elle avait passé toute la journée dans les souterrains !
Le château était sans doute fermé ! Et elle avait parcouru un sacré chemin : elle se trouvait derrière le
réchauffoir, au hameau de la reine !
La première urgence était de changer de tenue avant de croiser quelqu’un et de trouver un
endroit où se cacher ; elle se dirigea vers la maison des gardes, un coin discret du domaine.
***
Le gardien était parti depuis longtemps. Olivier sortit de la maison en se demandant quoi faire
de ces informations. Perdu dans ses pensées, il ne vit pas arriver Delphine de derrière une haie. Ils se
rentrèrent dedans, le sac de la jeune femme tomba, s’ouvrit et laissa entrevoir les médailles dérobées la
veille. Son costume noir ne laissait aucun doute : le voleur se tenait devant le détective !
Delphine partit en courant. Olivier se précipita à sa poursuite et se jeta sur elle. Elle tenta de se
dégager mais comprit vite qu’elle n’aurait pas le dessus. En une fraction de seconde, elle décida de lui
révéler ce qu’elle savait : il serait peut-être tenté de s’allier à elle ?
Après tout, il y avait certainement un trésor à la clé !
Olivier hésita un instant puis lui fit promettre de ne pas s’enfuir. Ce que lui avait raconté le gardien
avait mis son instinct de détective en alerte. Il voulait savoir le fin mot de l’histoire et cette fille avait
des informations.
Il la lâcha, ils se présentèrent et Delphine lui raconta tout : son projet de voler à
Versailles, la cachette derrière la cheminée, son aventure souterraine. Elle lui montra aussi la clé
d’argent si particulière.
Olivier l’avait écoutée avec la plus grande attention. Il décida lui aussi de révéler qui il était vraiment et
ce qu’il avait appris. Ils décidèrent alors de faire équipe. Mais ils n’avaient pas de piste…
Olivier demanda à Delphine de voir le parchemin. C’était du latin ! Il sentit l’excitation le
gagner ; il traduisit sans peine: “Dans le coffre, les descendants d’Apollon trouveront le remède
universel.” Abasourdi, il murmura: “La panacée…” Delphine, saisie, lui montra alors sur sa main le
code du clavecin: “panakéia”.
Après un long silence, Olivier reprit la parole. Il expliqua qu’Apollon avait de multiples
fonctions. Dieu de la lumière et de l’harmonie, il présidait aux oracles, aux arts et aux sciences; il était
aussi le dieu de la jeunesse éternelle et de la médecine car sa chevelure produisait une substance
parfumée, remède absolu et universel : la panacée. Il ajouta que leurs deux prénoms étaient
étroitement liés au dieu: L’Olivier était l’un des symboles végétaux du dieu et “Delphine” venait du
même mot que “Delphes”, le plus grand sanctuaire d’Apollon… Ils pouvaient donc être les
“descendants” de la prophétie!
***
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Ils décidèrent de rester cachés puis, vers minuit, ils regagnèrent la cour d’honneur : il fallait
bien commencer quelque part, or c’était l’entrée du domaine. Le détective alla se planter au milieu, fit
du regard le tour de la façade décorée de bustes d’empereurs romains, examina le sol, puis, découragé,
alla s’adosser à la première statue de droite. Un déclic se fit entendre!
Il se retourna le souffle coupé : des yeux de rubis scintillants pointaient vers un deuxième buste! Il
appela Delphine, lui montra sa trouvaille et ils répétèrent l'opération de buste en buste jusqu'au
dernier. Celui-ci s’écrasa à leurs pieds et se brisa. Au milieu des débris, se trouvait un vieux parchemin
très ancien avec un énorme cachet de cire verte. La jeune femme l'ouvrit et découvrit un plan des
jardins de Versailles.
C'était un ouvrage tracé très finement à la plume. En bas, à droite, se trouvaient deux
signatures de grande taille qu’Olivier reconnut : c’étaient les signatures de Louis XIV et de Le Nôtre, le
grand jardinier qui avait dessiné les jardins. En examinant le plan, Olivier remarqua une minuscule
lyre. L’instrument d’Apollon! Ils étaient sur la bonne voie !
Il montra sa découverte à Delphine, qui compara mentalement cette partie du plan avec ceux qu’elle
avait mémorisés pour son vol. Son visage s’éclaira: le plan avait été caché pour une bonne raison….il
contenait une partie de jardin que les plans modernes ne connaissaient pas !
Le binôme partit vers l’emplacement qu'indiquait la lyre et tomba sur une haute haie de
lauriers, totalement impénétrable. Le laurier, un autre symbole d’Apollon!
A force de chercher un moyen d’entrer, l’oeil affuté de Delphine finit par repérer une dalle à demi
enfouie sous la végétation sur laquelle une lyre minuscule était gravée. Au centre de l’instrument, il y
avait une petite étoile! Quand ils tournèrent la clé dans la serrure, la dalle libéra un passage. Les
coéquipiers s’y engouffrèrent et ressortirent de l'autre coté de la haie, dans un jardin merveilleux : des
parterres de fleurs sauvages et des cerisiers fleuris le rendaient magnifique. De doux chants d’oiseaux et
des sources se faisaient entendre. Le soleil d'été perçait parmi le feuillage épais des arbres. De ce côté de
la haie, il faisait grand jour!
Il régnait dans le jardin une atmosphère de calme et d’éternité. Emerveillés, ils avancèrent dans
l’allée qui s’ouvrait devant eux et, au centre du jardin, ils découvrirent un arbre gigantesque, couvert de
fruits d’or. Ils se regardèrent sans y croire : le jardin des Héspérides !
Intimidés, ils se prirent la main pour continuer. Derrière l’arbre, ils découvrirent une statue de
Flore et Apollon sur une grande plaque de marbre. Dans l’oeil du Dieu, une autre petite étoile.
Delphine introduisit la clé, la statue glissa sur son socle et dévoila un grand seau suspendu à une poulie
au-dessus d’un trou. Delphine monta dans le seau et Olivier la fit descendre. En bas, elle trouva un
coffre avec une nouvelle serrure en étoile. Elle agita la corde et il la remonta avec sa découverte. Ils
hésitèrent un instant au moment de soulever le couvercle puis se lancèrent : une fiole emplie d’une
substance dorée reposait sur une soierie très précieuse et très ancienne. Quand ils la débouchèrent, un
parfum extraordinaire s’en échappa…
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Mes parents ont rebouché le flacon et sont partis. Ils n’ont jamais pu retrouver l’entrée du jardin secret.
Plus tard, ils ont découvert, tissée dans l’étoffe de soie, l’histoire du jardin et de son mystère. On avait
chargé Louis XIV de protéger le secret jusqu’à leur arrivée. Quant à eux, ils devaient transmettre la
fiole à leur fille. Moi.
Le jour de mes 18 ans, je dois verser la panacée dans le grand canal du château de Versailles.
Alors, les statues du jardin libéreront les divinités qu’elles retiennent captives depuis des millénaires et
l’âge d’or renaîtra sur terre.
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