COLLEGE 6 CLASSE DE 6ème 3 – TITRE DE LA NOUVELLE

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COLLEGE 6 CLASSE DE 6ème 3 – TITRE DE LA NOUVELLE
COLLEGE 6
CLASSE DE 6ème 3 – TITRE DE LA NOUVELLE : «Chromus et l’invention
extraordinaire»
Il y a de cela bien longtemps, les couleurs n’existaient pas. Dans les jardins, les
fleurs déclinaient toutes les nuances possibles de gris. Les coccinelles étaient
grises à pois noirs. Dans la savane, tous les tigres avec leurs rayures noires étaient
blancs. Les lions balançaient leur crinière grise avec majesté. Les girafes au long cou
portaient des petites taches noires. Les enfants du monde entier, vêtus de noir et de
blanc de la tête aux pieds, semblaient porter l’uniforme. Les façades des maisons et
les vitrines des magasins affichaient la gamme complète des gris. Dans une
chaumière aux murs blanchis et à colombages gris foncé vivait un magicien nommé
Chromus.
Un jour, à la fin de l'hiver, Chromus, vêtu d'une longue cape noire étoilée qui
le protégeait du froid et de l'humidité, s'ennuyait dans sa bibliothèque.
Soudain le mouvement d’une souris sortit de sa torpeur l'homme à la cape
étoilée. Celui-ci prit aussitôt la décision de chasser l’animal.
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Le rongeur, pour lui échapper, se faufilait entre les volumes poussiéreux. Le magicien,
quant à lui, s'acharnait à le retrouver, déplaçant les livres un à un. Dans son impatience,
il renversa toute une rangée : les livres dans leur chute assommèrent la souris. Affolé,
Chromus se précipita pour ramasser ses précieux ouvrages et en vérifier l'état. Il les
saisit avec soin et les feuilleta méticuleusement avant de les remettre à leur place.
Au bout d'une longue heure passée à reconstituer le rayonnage détruit, il
découvrit tout à coup un très vieux grimoire qu'il ne se souvenait pas avoir remarqué
auparavant. Le vieux manuscrit avait le format d'un dictionnaire et sa couverture
craquelée était ornée d'un portrait. Notre magicien s'intéressa alors au titre qui était
rédigé en latin mais qu'il traduisit sans difficulté : « Formules magiques pour
magicien expérimenté ». Tout excité, il s'empressa d'ouvrir le grimoire pour en examiner le
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contenu. Les pages étaient gondolées à cause de l'humidité et tachées par les moisissures.
Il remarqua avec regret que certaines avaient été grignotées. Il fut même surpris de
constater que l'une d'elles était vierge. Envahi par la lassitude, il referma lentement le
grimoire.
Il se rendit compte alors, que le portrait de la couverture était celui-de son
grand-père qui se mit immédiatement à protester et lui ordonna de retourner à la
page 314. Intrigué, Chromus obtempéra.
Il soupira de dépit, persuadé que cette page était sans intérêt, mais, comme par
magie,
son
souffle
ré véla
une
f ormule
intitulée
«
De
coloribus
».
Malheureusement celle-ci était incomplète : il manquait en effet un morceau de la page.
Mais le magicien s'aperçut bien vite que la souris tenait entre ses pattes un minuscule
morceau de papier. D'un geste brusque, il s'en saisit, réanimant l'animal qui en
profita pour s'échapper. Le bout de papier correspondait exactement à la partie
manquante ! Il put donc déchiffrer la formule à voix haute et réunir les différents
ingrédients, ainsi que tout le matériel nécessaire, puis il procéda aux différents
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mélanges en respectant scrupuleusement les étapes. Malgré tout, rien ne se produisit
dans la marmite, à son grand désespoir.
A ce moment-là, son aïeul prit de nouveau la parole et lui avoua qu'il n'avait luimême jamais abouti à quoi que ce soit avec cette formule. Pourtant il l'exhorta à ne pas se
décourager et à se creuser les méninges. Déterminé, le magicien fit preuve d'une
concentration extrême. Avec l'effort, des gouttes de sueur perlaient sur son front et il
se grattait la tête. Sans qu'il s'en rende compte, l'un de ses cheveux tomba
malencontreusement dans le chaudron. La potion entra alors en ébullition et commença à
dégager une odeur désagréable. Ébahi, il se hâta de diviser la mixture qu'il transvasa
dans trois récipients : il espérait ainsi que la chance allait enfin lui sourire puisque le
trois était son chiffre fétiche. Peu à peu l'odeur se propagea dans la bibliothèque et
rendit l'atmosphère irrespirable, l'obligeant à quitter les lieux.
Pour éviter l'asphyxie et celle de son grand-père, il s'empara de son grimoire et
se réfugia dans le jardin, après avoir pris soin d'ouvrir les fenêtres. Là, il respira à pleins
poumons pour s'oxygéner et c'est alors qu'il perçut la fragrance des fleurs : le printemps
avait bel et bien commencé ! Il prit le temps d'admirer ses plates bandes avant de
constituer un bouquet qui pourrait embaumer la bibliothèque. Il cueillit des fleurs
de différentes variétés : jonquilles, roses et jacinthes.
De retour à l'intérieur, il répartit les fleurs dans chaque flacon pour atténuer
l'odeur nauséabonde de la potion. Le parfum se diffusa dans la pièce mais les fleurs ne
résistèrent pas longtemps au liquide dans lequel elles avaient été plongées et perdirent
peu à peu leur fraîcheur. Il entendit alors un bruit de bouillonnement et observa que la
potion changeait d'aspect. Que se passait-il donc ? Il n'avait jamais vu une chose
pareille ! Émerveillé, il resta quelques instants bouche bée, puis, muni d'une loupe, il
s'approcha des flacons avec curiosité pour examiner leur contenu : il fut presque effrayé
par ce phénomène incroyable !
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Chromus s'inspira du titre même de la formule pour donner un nom à cette découverte
extraordinaire : “les couleurs” ! Son grand -père manifesta son enthousiasme en
poussant des cris de joie et il félicita son petit fils, ravi qu'il ait réussi là où lui-même avait
autrefois échoué.
Chromus, qui portait désormais bien son nom, appela "jaune" la couleur
née de la jonquille et décida de cueillir ses fleurs préférées pour les tremper dans la
potion jaune. Il les choisit tout spécialement parce qu'elles exhalaient une odeur
plaisante et pénétrante : les boutons d'or, les roses, les tulipes. Il nomma "bleu" la
couleur qui venait de la jacinthe. Il choisit cette teinte pour colorer les choses qu'il trouvait
les plus belles. Prudemment, le magicien trempa sa baguette dans le flacon bleu et, en
les aspergeant, il teinta les étoiles qui constellaient sa cape ainsi que la vaste étendue
du ciel et de la mer. Il appela enfin "rouge" la couleur engendrée par la rose. Il privilégia
tous les fruits qu'il adorait : les fraises, les pommes, les tomates, les cerises, la grenade,
la groseille. Il en raffolait car il les trouvait juteux, sucrés et délicieux. Tous rougirent
instantanément.
L'enchanteur prit conscience du trésor immense qu'il détenait dans sa
bibliothèque mais ne résista pas à quelques expériences supplémentaires : il essaya
quelques mélanges dans les tubes à essai et obtint le vert en associant le bleu et le
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jaune, puis la couleur orange en alliant le rouge et le jaune. Il qualifia les trois
premières nuances, révélées par les fleurs, de “couleurs primaires”. Avec toutes les
combinaisons possibles, la palette des couleurs semblait maintenant infinie ! Ce fut
ensuite pour lui un jeu d'enfant de donner une couleur à tout ce qui l'entourait, ce qu'il fit
avec beaucoup d'empressement et de créativité. Il préféra toutefois laisser à la souris sa
couleur initiale pour se souvenir éternellement que c'était grâce à elle qu'il avait
découvert le grimoire de son grand-père. Elle resterait en même temps le symbole d'un
passé bientôt révolu.
Le magicien des couleurs éprouva le désir intense de partager avec ses amis
sa découverte qu'il ne pouvait garder secrète plus longtemps.
C'est pourquoi il prépara des lots de fioles hermétiquement fermées qu'il
emballa solidement. Il y joignit quelques recommandations destinées aux magiciens des
différents continents qui seraient bientôt capables, en plongeant délicatement leur baguette
dans les différents flacons, de changer le monde. Et ces derniers ne s'en privèrent pas !
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