Le placard

Transcription

Le placard
Le placard
Un vaudeville
Arthur Milchior
2012
Le placard de Arthur Milchior http://www.milchior.fr est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas
d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 3.0 France.
http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/3.0/fr/
i
ii
Actes
Jour 1, Soir
Jean-Michel . . . . . . . . .
Jean-Michel, Jean . . . . .
Jean-Michel, Jean, Florian
Jean-Michel . . . . . . . . .
Jean-Michel, Claude . . . .
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Jour 2, Matin
Jean-Michel, Claude . . . . . . . . . .
Jean-Michel, Claude, Marie-Christine
Jean-Michel, Marie-Christine . . . . .
Marie-Christine . . . . . . . . . . . . .
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Jour 2, Soir
Marie-Christine . . . . . . . . . . . .
Marie-Christine, Jean-Michel . . . .
Jean, Jean-Michel, Marie-Christine
Jean-Michel, Jean . . . . . . . . . .
Jean . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Jean, Claude . . . . . . . . . . . . .
Jean, Jean-Michel, Claude . . . . . .
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Jour 3, Matin
Marie-Christine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Marie-Christine, Jean-Michel . . . . . . . . . . . . .
Jean, Jean-Michel, Claude, Marie-Christine . . . . .
Jean, Jean-Michel, Claude, Marie-Christine, Florian
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Personnages
Jean - Ami de Florian, mari de Jean-Michel qui lui ressemble. Maniaque
Claude - L’amant, bel homme, porte des lunettes.
Florian - Auteur de théâtre
Jean-Michel - Le mari de Jean, bourgeois distingué, chocolatier, rigole à ses
blagues. Il porte des lunettes devant l’ordinateur.
Marie-Christine - Femme de ménage de Jean et Jean-Michel
Scene : La scène se passe dans le salon d’un appartement moderne et fonctionnel situé au rez de chaussé. L’amménagement est récent, on peut le signaler
par exemple en y mettant des cartons de déménagement ou des tableaux non
accrochés. Pour aider à suivre le déroulement de la journée, on peut mettre
en fond de scène une horloge qui indiquera au spectateur les changements de
jours et l’heure (matin, après-midi, soir). L’idéal étant que l’horloge puisse se
transformer en ambiance de boite de nuit.
L’entrée se situe au fond côté cour. Au premier plan côté cour se trouve l’entrée
de la chambre du couple. La chambre donne directement accès à la douche. Au
fond côté jardin se trouvent des toilettes. Devant se trouve l’entrée de la cuisine.
Un jardin se trouve côté jardin, au niveau du public. Il pourra être représenté
par une plante verte ou un éclairage vert, un escalier doit y mener, sauf si les
acteurs sont capable de facilement monter sur scène sans 1 .
La seule pièce que l’on voit est le salon. Au milieu, une table avec dessus un
ordinateur portable, et un cable qui court à travers la scène vers les toilettes.
Un interupteur pour allumer/éteindre la lumière du salon se trouve devant
chacune des 4 portes.
Une boule à facette pend discrètement dans sa salle à un endroit sans public,
tel qu’un couloir latéral ou au fond de la salle.
La pièce à été écrite pour être jouée au théâtre de l’ens par la troupe amateur
de l’auteur, les indications ci-dessus pourront avantageusement être remplacé
par une scène plus remplie où les autres pièces seraient visible si le budget le
permet.
1. S’il est totalement impossible de faire monter sur scène par le côté jardin, on remplacera
partout les mots “jardins” par cour et on montera sur scène côté cour.
iii
Jour 1, Soir
1
Jean-Michel
18 heures. À l’ouverture du rideau, Jean-Michel est derrière la table, en tenue décontracté, mais propre sur lui, avec des lunettes. On ne voit que le dos
de l’ordinateur portable. Lorsque le rideau s’ouvre, Jean-Michel est faiblement
éclairé, comme s’il n’y avait que l’écran de l’ordinateur.
Jean-Michel pianote sur l’ordinateur, après quelques secondes, il prend un téléphone portable, compose le numéro.
Jean-Michel – Décroches ! Un temps Allez décr...
Bonjour Claude, c’est moi.
Claude ne voit pas qui c’est, il explique : C’est Jean. Si, Jean-Michel. “Juan”
comme tu disais. Voilà. Comment ça va !
Très bien, merci. Dis moi, j’ai un petit problème. Tu sais que j’ai déménagé ?
Chez moi j’ai un lit pour deux personnes. Légalement, je n’ai pas le droit d’y
dormir tout seul, tu ne veux pas venir m’aider ?
Je rigole, c’est une blague. Mais je voulais savoir si tu voulais venir chez moi
ce soir.
Eh bien, tu viens quand tu veux, Claude, je t’attends bise
Ah, je ne sais pas qui raccroche, eh bien, on dit que c’est toi qui raccroche.
Ah non, tu ne raccroches pas ? C’est moi qui raccroche ? Bruit d’ouverture de
porte. D’accord.
2
Jean-Michel, Jean
Jean rentre, habillé pour une journée froide, Jean-Michel raccroche et se précipite l’air coupable vers l’ordinateur pour changer de fenêtre.
Jean – Il n’est pas là. Il allume la lumière Tu devrais allumer la lumière, c’est
mieux pour tes yeux. Déjà que tu as besoin de lunettes pour lire.
Jean-Michel – Rebonsoir Jean. Tu as raison, je n’y penses pas, c’est tout.
Jean – Rebonsoir JM.
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Jean-Michel – Donc déjà rentré ? Elle était courte la pièce, un quart d’heure,
allez retour à Paris compris.
Jean – Rigole franchement N’importe quoi ! Énervé : Il n’est toujours pas
là ! Il m’énerve Florian a être toujours en retard. Moi je te le dis : on va se
prendre les bouchons sur le périphérique, avec de la chance on arrivera avant
le salut.
Jean-Michel – Vous irez à une autre représentation ! Ce n’est pas la fin du
monde.
Jean – Non, je n’ai pas envie de rater la première de sa pièce ! Depuis le temps
que Florian nous bassine avec sa fameuse il cite : “Dites, vous avez l’heure”.
Jean se coince le dos, les doigts coincés.
Jean-Michel – Tiens, en parlant de “Dites, vous avez l’heure” tu sais ce que
j’ai fait ? Pour rigoler, j’...
Jean – Aille, ouille...
Jean-Michel – Remarque la situation de Jean : Jean, ça va ?
Jean – Ça va passer.
Jean-Michel – Tu devrais pas te mettre dans des états pareils. Tu stresses,
tu te contractes. Forcément tu t’coinces le dos.
Jean – Arrête avec tes leçons !
Jean-Michel – Non mais, Jean comment ferais-tu si je n’étais pas là pour te
masser ! En parlant, Jean-Michel va vers Jean, lui retire son manteau, il hésite
où le poser et le jette par terre.
Jean – Choqué : Eh, mon manteau !
Jean-Michel – Oh ca va ! Je m’occupe de toi là. Et puis, tu veux que je le
mette où.
Jean – Dans le placard par exemple. Ça fait deux semaines qu’on habite ici,
on devrait en avoir un. Surtout que tu étais sensé l’acheter aujourd’hui !
Jean-Michel – Ah non ! Exaspéré : Je t’ai déjà dit que j’irai chercher le
placard demain. Il va masser Jean.
Jean – Oh oui, ça tu me l’a déjà dit.
Jean-Michel – Tu vois.
Jean – Tu me l’a déjà dit hier. Vraiment tu exagères. Il se décoince Ouh, ça
fait du bien. Merci. Bise. N’empêche si ça continue, Florian va être en retard
pour la première de sa pièce !
Jean-Michel – Remarque, ça serait assez ironique pour l’auteur de la pièce
“Dites, vous avez l’heure”, d’arriver en retard à la première.
Jean – C’est malin.
Jean-Michel – D’ailleurs, pour rigoler, j’ai envoyé un cadeau au théâtre !
Jean – Ah bon ?
Jean-Michel – Oui ; je lui ai mis un mot sur la boite. Il cite "Toi qui montes,
je souhaite à ta carrière d’exploser, et la pièce avec ! “Dites, vous avez l’heure”,
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c’est la première fois que tu la montres, alors je t’en offre une !". Et j’ai mis
une montre dans la boite.
Jean – Rigolant : Pourtant tu sais que Florian ne supporte pas tes jeux de
mots...
Jean-Michel – Ça m’amuse. Pause.
Jean – Sinon, ta valise ? Ça en est où ?
Jean-Michel – J’ai fait deux fois plus qu’hier.
Jean – Regard faché Donc zéro. Moi je te dis, tu va partir au congrès du
chocolat en oubliant la moitié de tes affaires !
Jean-Michel – Ça va ! L’avion ne décolle pas avant demain soir ! De toute
façon, ça me fait penser, j’ai aussi envoyé des chocolats au ... sonnerie de
porte.
3
Jean-Michel, Jean, Florian
Jean-Michel va ouvir à Florian, pendant que Jean finit sa phrase pour le public
Jean-Michel – ... pilote de l’avion. C’est incroyable mais je l’ai rencontré par
hasard ce matin.
Florian – Bonjour les gens.
Jean-Michel – Et le Michel. Bonjour Florian.
Florian – Tu dis ?
Jean-Michel – “Bonjour les gens”, parce qu’il y a deux Jean, dont un JeanMichel, donc “Bonjour le Michel”.
Jean – Ne fais pas attention il fait une blague. Salut Flo’ !
Jean-Michel – Tu peux noter mes blagues si tu veux pour ta pièce de théâre.
Florian – Dédaigneux : Merci.
Jean – Je me demandais ce que tu faisais.
Florian – Pardonnez mon retard. Le trac était tellement fort que je n’osais
pas franchir le seuil de mon logis.
Jean-Michel – Mais, je pensais que tu ne jouais pas ce soir ?
Florian – Je ne joue point, c’est pis. Je m’assiérai dans le public.
Jean-Michel – Et alors ?
Florian – Je verrai tout ce qui se passe. Les spectateurs réagiront-ils aux
textes, le suspense les tiendra-t-ils en haleine ? Et si le public s’endort ?
Jean-Michel – Rassure-toi, Florian. Tout va bien se passer.
Florian – Et puis surtout, y aura t-il du monde ? Il se peut que les gens ne
comprennent pas le concept de “Dites, vous avez l’heure”.
Jean-Michel – D’ailleurs, c’est marrant, “Dites, vous avez l’heure”, comme
c’est la première fois que tu montres une pièce !
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4
Florian – Faux rire courtois : ah ah. Je pense qu’il vaut mieux que nous y
allions là.
Jean – Moi, je n’attendais que toi. Il va embrasser Jean-Michel et récupérer
son manteau Bonne nuit JM. Jean et Florian partent
4
Jean-Michel
Jean-Michel retourne chercher le numéro à son ordinateur, et rappel Claude.
L’horloge avance très vite durant l’enregistrement du message de répondeur,
pour s’arrêter à 21 heures.
Jean-Michel – Claude, Claude... il fait le numéro, attend, puis tombe sur le
répondeur. Il récite en même temps que la machine. Bonjour, vous êtes bien
sur le répondeur de – Claude – laissez votre message après le signal sonore.
Une fois votre message enregistré, vous pourrez taper dièse pour le réécouter
ou le modifier. Bip.
Bonjour Claude, c’est Jean-Michel, enfin non, rebonjour. Enfin pas "c’est JeanMichel, non", c’est bien Jean-Michel. Mais on s’est déjà téléphoné tout à l’heure,
donc je ne peux pas dire bonjour, alors rebonjour. Par contre je n’ai pas dit
au revoir, donc je voulais m’excuser – enfin te demander de m’excuser, car on
ne s’excuse pas, ce n’est ni poli ni le sujet. Quoi qu’il en soit, j’ai raccroché
un peu vite, au moment où tu m’avais dit de raccrocher, et, euh... enfin, tu
m’as dit de raccrocher, mais je suppose que je n’étais pas sensé le faire, c’est
classique ça, on dit "oh tu n’as pas raccroché" alors qu’en fait on savait que
l’autre n’allait pas raccrocher, mais c’est le jeu, normalement. Sauf que là j’ai
raccroché, mais j’ai une excuse, il y a mon mari qui est rentré - enfin, ce n’est
pas vraiment mon mari. En aparté : C’est quel touche pour revenir ? Ah oui,
dièse. Il appuye sur la touche dièse. Ouf.
Rebonjour Claude, c’est Jean-Michel, voilà, je suis désolé, j’ai raccroché un peu
vite, mais quelqu’un est arrivé. Tu peux venir quand tu veux, enfin j’espère que
tu viens toujours. Après si tu ne viens pas ce n’est pas la fin du monde, mais
c’est dommage parce que je suis bien avec toi. Enfin, je ne suis pas bien que
avec toi, si tu ne peux pas venir, il y a d’autres personnes sur terre, je pourrai
être bien avec eux 2 . Ou sans queue. Rigole. Enfin ne le prend pas mal, je ne
veux pas être insultant, mais si tu viens, ça me fera quand même un peu plaisir.
Très plaisir !
Dièse Rebonjour Jean-Michel, c’est Claude. À lui même Non, Jean-Michel
c’est moi. Dièse
Rererebonjour Claude, c’est Jean-Michel. Oui, je met trois "re" car on s’est
déjà parlé, et j’ai laissé deux messages sur ton répondeur en disant "Bonjour
Claude", donc ça fait 3. En fait 4 mais je me suis trompé, j’ai dit "Bonjour JeanMichel", alors que Jean-Michel, c’est moi ; de toute façon, tu ne les entendras
pas vu que j’ai appuyé sur dièse. Comme ce que je suis sur le point de faire pour
réenregistrer le message, donc je peux dire ce que je veux tu ne l’entendras pas,
et tagada tsoin tsoin. Dièse
2. prononcer avec queue
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Rebonjour Claude, c’est Jean-Michel, je voulais juste savoir si tu venais toujours
ou pas. Sonnerie de porte. Ah attend ça sonne. Jean-Michel va ouvrir la porte
5
Jean-Michel, Claude
Jean-Michel fait entrer Claude. Pendant toute la scène, Claude parle beaucoup
avec les mains
Claude – Oh bello ciao 3 ! Ils s’embrassent, les lunettes cognent, ils les retirent,
rigolant géné. Ils se réembrassent. Jean-Michel pose les siennes, Claude les
remets. Bonjurno Juan-Miguel !
Jean-Michel – Bonjour Claude, deux secondes, je suis au téléphone avec toi.
Claude – Che ? Ne comprend pas l’histoire du téléphone, retire son manteau
et cherche quoi en faire durant la conversation.
Jean-Michel – Pose ton manteau mets toi à l’aise et je suis à toi. Dièse, au
téléphone. Ne réalisant pas l’absurdité : Rebonjour Claude, c’est Jean-Michel,
je voulais savoir si tu venais ou pas, donc rappelle moi. Pause. Ou en fait,
ne me rappelle pas, puisque tu es là. Donc bise, enfin bye ; enfin rebonjour. Il
raccroche
Claude – Hein ?
Jean-Michel – En fait, je te laissais un message.
Claude – Toujours au premier degré : Et tu me disais quoi ?
Jean-Michel – Je voulais savoir si tu venais.
Claude – Ah.
Jean-Michel – Et alors ? Tu viens ? rigole
Claude – Oui ! Puisque je suis là Juan-Miguel !
Jean-Michel – Claude, c’était du second degré, je rigolais.
Claude – Ah, d’accord. Perdono.
Jean-Michel – Et surtout, appelle moi Jean, ou Juan, c’est plus court.
Claude – D’accord. Où je met mon manteau ?
Jean-Michel – Donne moi ça. Il le prend et le jette en boule sur une chaise
Claude – Merci.
Jean-Michel – De rien. J’oublais, tu n’es jamais venu ici ? Je te fais faire un
tour. Donc, voilà le salon, avec l’entrée.
Claude – Ah très bien... Et ça va ?
Jean-Michel – Oui et toi ? Voilà les toilettes.
Claude – Molto bene. Et la famille, ça va ?
3. Il semblerait que “bella ciao” ne se dise pas en italien, sauf dans la chanson. Donc “bello
ciao” est une première preuve de l’Italien de cuisine
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Jean-Michel – Oui oui. La cuisine, Montrant l’escalier qui mène au public
avec baie vitré sur le jardin 4 .
Claude – Moi, ça va.
Jean-Michel – Tant mieux ! Ca fait plaisir de te voir, ça faisait un bail.
Claude – Ma che ça fait plaisir de te voir aussi ! T’es encore plus beau que la
dernière fois.
Jean-Michel – rigole en le regardant
Claude – Che ?
Jean-Michel – Tes mains. Ça m’amuse de te voir parler avec les mains. Heureusement que t’es pas muet, tu n’aurais jamais assez de deux main pour tout
dire ; aujourd’hui.
Claude – Ah ah ! Prego, donne moi la main. Il lui donne
Jean-Michel – Voilà. Pause. Tiens, tu es muets. Bon, on fait quoi ?
Claude – Tu décides.
Jean-Michel – Et si on allait dans la chambre ?
Claude – Si ! Ils marchent tendrement vers la chambre. Jean-Michel éteint la
lumière en sortant de scène.
4. Comme expliqué dans la note 1 Si le seul accès depuis la salle à la scène est côté jardin,
le mot “jardin” sera remplacé par “cour”.
Jour 2, Matin
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Jean-Michel, Claude
7 heures. La lumière se lèvre progressivement. Sonnerie de réveil alors que la
lumière continue de monter lentement. Le début de la discussion a lieu depuis les coulisses. Jean-Michel et Claude sortent du lit et ont donc une tenue
déshabillée, Claude a une menotte à la cheville et Jean-Michel a les cheveux
en batailles. Claude a totalement perdu son accent. Dans cet acte, tous les
personnages sauf Claude ont changés de vêtements.
Claude – T’as mis le réveil Jean.
Jean-Michel – Oui.
Claude – Mais, ça peut pas attendre
Jean-Michel – Non. Il rentre dans le salon, baille je suis désolé mon chou,
mais va falloir que j’aille travailler.
Claude – T’es vraiment sadique.
Jean-Michel – Tu ne t’en plaignais pas hier soir.
Claude – Jean, je retrouve pas mes lunettes.
Jean-Michel – Tu les as posées à côté du lit.
Claude – Sans mes lunettes, je ne vois même pas le lit.
Jean-Michel – Pour trouver le lit, c’est simple, j’ai du le poser à côté de la
table de nuit.
Claude – Il regarde : Je ne les vois pas.
Jean-Michel – Eh bien mets tes lunettes. Pause. Non je rigolais. Attends, je
prépare le petit déjeuner, et je vais te les chercher.
Claude – Y a quoi pour le petit déjeuner ?
Jean-Michel – Du chocolat, des céréales, des fruits, un gâteau au chocolat,
du lait, du café, du chocolat chaud, du thé...
Claude – Un café, il va me falloir un café ! Et une pomme.
Jean-Michel – Pas de chocolat ?
Claude – Non merci.
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Jean-Michel – Tu as tort, mais, comme tu veux Il va dans la cuisine et
continue de parler. Une pomme et un café, une et un, deux ! Et deux qui font
quatre, je me prend la même chose.
Claude – Merci
Jean-Michel – Je viens de remarquer, Claude, c’est bizarre mais tu n’as plus
d’accent !
Claude – Merde ! Avec un accent étranger, par exemple Québecois Mes en,
tu trouves-tu que j’parle comme un français ?
Jean-Michel – Tu parles québecois maintenant ?
Claude – Avec un autre accent Mais non, je suis pas québecois, qu’est-ce que
tu vas imaginer !
Jean-Michel – Sort un chariot pour le petit déjeuner qu’il apporte devant la
chaise avec le manteau. Le petit déjeuner peut s’adapter au goûts des acteurs,
mais sans chocolat. Il y a deux couverts C’est marrant en tout cas. Sérieusement, tu n’es pas italien ?
Claude – Toujours avec le dernier accent Non, je suis pas italien.
Jean-Michel – Dégageant le manteau et s’asseyant : Ah bon ?
Claude – Je fais ça pour draguer. Arrête avec son accent : L’“étranger de
passage” c’est séduisant.
Jean-Michel – Je n’avais pas réalisé. Montrant une chaise un peu plus loin :
Assied toi.
Claude – Il va chercher la chaise, mets son manteau sur le dossier et s’asseoit
Et sinon, toi, tu fais quoi dans la vie ?
Jean-Michel – Euh... Eh bien hésitant. Puis à part Flûte, je déteste parler
boulot. On a couché ensemble, ma vie privé ça le regarde pas ! à Claude, dans
la vie, je vie.
Claude – Quoi ?
Jean-Michel – C’est un aphorisme...et une blague.
Claude – Ah. Une blague, c’est sensé être drôle !
Jean-Michel – Pas forcément. Par exemple les blagues à tabac !
Claude – Oulah... Non, mais sinon, tu fais quoi comme boulot ?
Jean-Michel – Je fais des bouleaux pubescent !
Claude – C’est quoi ça ?
Jean-Michel – C’est une des deux principales espèces de bouleaux.
Claude – Ah bon ?
Jean-Michel – Oui. L’autre, c’est les bouleaux verruqueux.
Claude – Ah, je ne savais pas. Tu m’appris un truc. Intéressant.
Jean-Michel – Ah oui ?
Claude – Imitant Jean-Michel Je faisais une blague.
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Jean-Michel, Claude, Marie-Christine
Bruit de clef dans la serrure et de porte qu’on ouvre
Jean-Michel – A part Diantre, elle est déjà là ? à Claude. Va dans la cuisine
s’il te plait ?
Claude – Pourquoi ?
Jean-Michel – Ne discute pas, vas-y ! Elle est en avance.
Claude – Quoi ? Tu as une femme ?
Jean-Michel – Oui, de ménage. Jean-Michel pousse Claude dans la cuisine
quand Marie-Christine claque la porte Mais je veux pas qu’elle cafte à mon
mari !
Marie-Christine – Bonjour !
Jean-Michel – Se levant pour aller la saluer, tasse de café à la main : Bonjour
Marie-Christine, vous êtes en avance, non ?
Marie-Christine – Oui, je vous prie de m’excuser. Exceptionnellement, je
n’ai pas eu à attendre le bus et en plus ça roulait.
Jean-Michel – Forcément, les transports en communs qui fonctionnent, personne ne pouvait le prévoir.
Marie-Christine – Vous avez bien dormi ?
Jean-Michel – Très bien, mais Jean était à Paris et j’étais seul, bien trop
seul, et vous ?
Marie-Christine – Moi aussi, j’étais seule, je ne sais pas où est passé mon
fiancé. j’ai peur qu’il voie une autre femme.
Jean-Michel – Il ne faut pas dire ça.
Marie-Christine – Mais il m’avait prévenu. Tenez, il m’a dit qu’il serait
d’accord pour que je voie une femme. Qu’avec une femme, ce n’est pas tromper.
Jean-Michel – Je crois que vous avez mal compris.
Marie-Christine – Je vous assure qu’il a dit ça. Et je peux vous dire, moi je
pense que s’il sortait avec une femme, ça serait tromper. Non ?
Jean-Michel – Oui, Marie-Christine.
Marie-Christine – Vous même, vous réagiriez comment si votre mari voyait
une autre femme ?
Jean-Michel – Comment ça une autre femme ?
Marie-Christine – Pardon, je voulais dire une femme.
Jean-Michel – Je ne sais pas comment je réagirais, mais je sais que, moi, je ne
lui ferais jamais le coup d’aller voir une femme en cachette ! Mais je maintiens,
vous aviez mal compris, je vous demandais simplement : avez-vous bien dormi ?
Aparté : que je puisse retourner dans la cuisine et éviter les gaffes !
Marie-Christine – Je sais bien que vous ne verriez pas des femmes, vous êtes
homosexuel. Mais Monsieur pourrait bien voir un homme en cachette.
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Le placard
Jean-Michel – Il pourrait, mais notre couple est basé sur la confiance. Sinon,
on ne s’en sort pas. Remarquez que votre mari aussi pourrait voir un homme.
Marie-Christine – Nous ne sommes pas mariée. Et je ne me fais pas de soucis,
s’il passait la nuit avec un autre homme, ça serait sur la play station.
Jean-Michel – Si vous le dite. Mais je n’ai pas ma réponse : avez vous bien
dormi Marie-Christine ? Aparté : Qu’on en finisse !
Marie-Christine – Ah oui. Il faut dire aussi, j’ai eu tout le lit pour moi.
Jean-Michel – À lui même : Géniale comme idée. A Marie-Christine :
Parlant de ça, allez faire le lit s’il vous plait.
Marie-Christine – Tout de suite monsieur. Elle va dans la chambre
Jean-Michel – À la cuisine Bon, je suis désolé de te chasser, mais je vais
devoir te demander de partir.
Claude – Déjà ?
Jean-Michel – Oui, il ne faut pas qu’on te voit ici. Mon mari est très jaloux,
il ne me le pardonnerait pas.
Claude – Ah parce que tu as un mari ?
Jean-Michel – Oui.
Claude – Eh bien tu as de la chance, moi je n’ai pas d’homme dans ma vie.
Jean-Michel – Bonne chance, mais il faut que tu y ailles.
Claude – Je vais chercher les vêtements dans la chambre et je ...
Jean-Michel – Non non ! A soi Flûte et zut, les vêtements.
Claude – Quoi ?
Jean-Michel – Rien ! Je vais te les chercher, toi tu t’enferme dans les toilettes,
je te les apportes. Il ammène Claude vers les toilettes
Claude – Pense à mes lunettes. Et aussi à un peigne.
Marie-Christine – En sortant de la chambre avec un oreiller fantaisie Vous
m’avez dit quelque chose ?
Jean-Michel – embarassé Désolé, je parlais tout seul. Un temps de reflexion,
puis il pense avoir trouvé une idée de génie. J’ai renversé mon café. Il en
renverse en douce sur le sol. Pourriez-vous l’éponger s’il vous plait ?
Marie-Christine – Comme vous voulez. Elle lance l’oreiler dans la chambre
et se dirige vers les toilettes chercher l’éponge tandis que Jean-Michel va dans
sa chambre chercher les vêtements
Jean-Michel – Pose la tasse sur le chariot puis va dans la chambre. À part :
Vite, les vêtements.
Marie-Christine – Ah tiens, les toilettes sont occupés.
chambre. Monsieur, les toilettes sont occupées.
Elle va vers la
Jean-Michel – Inquiet, tentant de faire comme si de rien n’était. Si vous le
dites.
Marie-Christine – Mais vous êtes tout seul ici ?
Jean-Michel – Mais oui, bien sûr Marie-Christine que je suis tout seul ici !
Le placard
11
Marie-Christine – Alors ça doit être vous qui y êtes. Vous me prévenez quand
vous êtes sorti des toilettes, que je suis puisse aller chercher l’éponge ?
Jean-Michel – Ne comprennant pas Quoi ? Mais je suis pas aux toilettes...
Ah, oui. Il y a des éponges dans la cuisine.
Marie-Christine – Très bien. Elle y va.
Jean-Michel – Jean-Michel parle doucement à travers la porte des toilettes
C’est bon, voilà tes habits.
Claude – Il les récupère T’es vraiment bizarre toi.
Marie-Christine – Depuis la cuisine : Qu’est-ce que vous dites ?
Jean-Michel – A Marie-Christine Rien, Marie-Christine, rien. Doucement
à Claude : Moins fort !
Claude – Aparté : Cette voix me dit quelque chose.
Marie-Christine – Sort avec une éponge et voit la porte des toilettes ouvertes,
Claude est caché : Ah, c’est bon, je peux aller chercher l’éponge.
Jean-Michel – Mais vous en avez déjà une ?
Marie-Christine – Ah oui c’est vrai. Elle va éponger. Vous êtes rentré dans
les toilettes pour pouvoir tourner le loquet pour ouvrir la porte, c’est ça ?
Jean-Michel – On va dire que oui.
Marie-Christine – Je n’y aurai pas pensé.
Claude – Doucement : Jean-Michel, les menottes. Je n’ai pas la clef pour
ouvrir la menotte !
Jean-Michel – Je vais les chercher dans la chambre, je reviens.
Claude – Et moi ?
Jean-Michel – Tu refermes la porte et tu m’attends. Je reviens dès qu’elle
est dans la cuisine.
Claude – Et pense à mes lunettes, et à un peigne !
Jean-Michel – Je n’ai pas trouvé tes lunettes. Et tu as vraiment besoin d’un
peigne ?
Claude – Je ne peux pas sortir comme ça, tu as vu la tête de mes cheveux ?
Jean-Michel – Tu veux dires les cheveux de ta tête ? Ça ira. Je reviens. Il
retourne dans la chambre.
Marie-Christine – Elle a fini d’éponger et veut aller aux toilettes avec
l’éponge humide. La porte est fermé, elle retourne voir Jean-Michel : Monsieur, c’est de nouveau fermé. Vous pouvez retourner aux toilettes, s’il vous
plaît ?
Jean-Michel – Pourquoi ?
Marie-Christine – Pour ouvrir le locquet de l’intérieur pour pouvoir rentrer ?
Jean-Michel – Retournant dans le salon Marie-Christine, vous dites n’importe quoi. Si c’est fermé je ne peux pas rentrer à l’intérieur.
Marie-Christine – Mais vous avez ouvert tout à l’heure ?
Le placard
12
Jean-Michel – Jamais de la vie. Il va vers les toilettes avec la clef à la main
Et allez mettre l’éponge dans la cuisine.
Marie-Christine – D’accord.
Jean-Michel – Doucement à travers la porte. Claude, je lui ai dit de mettre
l’éponge dans la cuisine, je te fais signe quand elle y est, tu vas vers la sortie
et tu t’en vas !
Jean – Et la clef ?
Jean-Michel – Je te la glisse sous la porte. Il tente de la glisser doucement
sous la porte.
Marie-Christine – Ah, mais vous avez servi le petit déjeuner pour deux ?
C’est trop aimable, je vous remercie.
Jean-Michel – Hein, mais pas du tout.
Marie-Christine – Il y a deux tasses et deux assiettes, c’est bien pour deux.
Et je pensais que vous étiez seul.
Jean-Michel – Ah si, pour deux, parfaitement. Mais votre éponge, vous ne la
mettez pas en cuisine ? À Claude : Claude, prépare toi !
Marie-Christine – Si. Elle lance l’éponge en cuisine et se pose pour le petit
déjeuner et dans le même mouvement voit la clef passant sous la porte
Jean-Michel – Claude. Raté !
Marie-Christine – Attendez, je vais vous aider à récupérer la clef. Elle se
dirige vers lui et attrape la clef
Jean-Michel – Quoi ?
Marie-Christine – Vous avez fait tomber la clef à travers la serrure pour
pouvoir la récupérer et pouvoir ouvrir. Comme dans les films. Mais là vous
alliez l’enfoncer sous la porte.
Jean-Michel – Mais enfin Marie-Christine, il n’y a pas de serrure.
Marie-Christine – Ah oui. Mais alors pourquoi est-ce qu’il y a une clef des
toilettes alors ?
Jean-Michel – Parce que ce n’est pas la clef des toilettes ?
Marie-Christine – C’est la clef de quoi ?
Jean-Michel – Euh, je ne sais plus. Pause. Et votre petit déjeuner ?
Marie-Christine – Ah oui. Vous venez ? Vous aussi n’avez pas fini votre petit
déjeuner. Elle pause la clef sur la table tire la chaise et voit le manteau
Jean-Michel – J’arrive.
Marie-Christine – Tiens, vous avez un nouveau manteau ?
Jean-Michel – Tout en parlant il s’asseoit commence à se servir et récupère
la clef en douce. Ah non, c’est à Jean.
Marie-Christine – Vous ne mangez rien ?
Jean-Michel – Non, en fait, je n’ai plus faim. Dites, je compte acheter un
placard tout à l’heure. J’aimerai votre avis, je le met où ?
Marie-Christine – Comme ça, c’est dur à dire.
Le placard
13
Jean-Michel – Attendez, je vais chercher un morceau de bois pour nous faire
une idée. Il va chercher dans sa chambre une grande planche Selon vous on le
met où ? Ici Il est allé cacher la porte des toilettes ce n’est pas mal. A Claude :
Sors et cache toi derrière la planche.
Claude – Quoi ?
Marie-Christine – Ça va bloquer la porte des toilettes.
Jean-Michel – Comme dans Fort Boyard Sors ! Claude sort et reste caché
derrière la planche. Reste caché je m’occupe de tout. A Marie-Christine. Ou
alors on peut la mettre là bas. Il bouge la planche vers la porte et Claude suit.
Marie-Christine – Indifférente : Si vous voulez. Je reviens, je vais juste
ranger la vaiselles en cuisine. Elle y va.
Jean-Michel – Elle est partie ! C’était bien la peine de s’en faire. Il laisse
tomber la planche pour aller chercher le manteau qu’il lui apporte. Tiens, vas-y.
Claude – Et mes lunettes ?
Jean-Michel – Je ne sais pas où elles sont, tu n’en as pas d’autres ?
Claude – Si, chez moi !
Jean-Michel – Et bien tu prendras l’autre paire, je te rendrai les tiennes un
autre jour.
Claude – Mais je vois rien sans mes lunettes
Jean-Michel – Tu réussira à rentrer chez toi. Bise. Passe une bonne journée.
Jean-Michel pousse Claude dehors une fois sortie il lance les menottes à JeanMichel, et Jean-Michel claque la porte.
8
Jean-Michel, Marie-Christine
Marie-Christine – Sortant effrayée de la cuisine. Ça va ?
Jean-Michel – Oui, très bien, oui oui.
Marie-Christine – J’ai entendu la porte ?
Jean-Michel – Hein. Ah non. C’était moi. Pause. Je partais.
Marie-Christine – Si je peux me permettre, Monsieur a oublié de s’habiller.
Jean-Michel – Vous avez raison. J’y vais. Il retourne dans sa chambre et
parle depuis les coulisses en s’habillant
Marie-Christine – Après, je ne sais pas si c’est important quand vous fabriquez du chocolat.
Jean-Michel – Si, si ! Je fais un métier sérieux. Un chef chocolatier ne peut
pas se permettre d’arriver n’importe comment dans sa boutique.
Marie-Christine – Ah oui ?
Jean-Michel – D’autant que ce soir, je m’en vais au congrès européen du chocolat. Comme l’année dernière j’ai été élu meilleur jeune chocolatier européen,
cette année c’est à moi de remettre le prix !
Le placard
14
Marie-Christine – Quel est ce prix ?
Jean-Michel – Un joli diplôme, un petit chèque. Et le plus important la
jalousie de tous mes confrères.
Marie-Christine – Ah, la jalousie ; ça ne mange pas de pain.
Jean-Michel – Ni de chocolat. D’ailleurs, vous avez bien pensé à envoyer le
chocolat, il y a deux jours, au pilote de l’avion que je prend ce soir.
Marie-Christine – C’est envoyé monsieur.
Jean-Michel – Et la montre est partie au théâtre ?
Marie-Christine – Oui monsieur.
Jean-Michel – Parce que vous savez, c’est la première fois qu’il montre sa
pièce !
Marie-Christine – Et alors ?
Jean-Michel – Rien. C’était une blague. D’ailleurs, je me suis demandé. Un
italien muet, deux mains ça lui suffit pour tout dire, aujourd’hui ?
Marie-Christine – Je ne sais pas. Quel rapport ?
Jean-Michel – Aucun. Jean-Michel sort de la chambre en parlant, habillé
Mais c’est tout de même étonnant qu’il soit passé dans ma boutique 3 jours
avant que je prenne son avion.
Marie-Christine – Qui ça ?
Jean-Michel – Le pilote. On a discuté, et j’ai découvert qu’il conduisait l’avion
pour le congrès que je prendrai ce soir. Et comme il hésitait sur le chocolat a
acheter, j’ai décidé de lui faire la surprise de lui envoyer un de mes meilleurs
chocolat.
Marie-Christine – Du chocolat ça fait toujours plaisir.
Jean-Michel – Et puis surtout, pour le remercier de m’avoir fait passer en
première classe, ce n’est pas cher ! D’ailleurs, vous me ferez ma valise pour trois
jours de voyages s’il vous plaît.
Marie-Christine – Très bien.
Jean-Michel – À jeudi, je rentre tard ce soir je pense que vous serez déjà
partie. Il sort et claque la porte en ayant toujours la menotte à la main.
9
Marie-Christine
Marie-Christine – Soliloque en rangeant le désordre Il était bizarre JeanMichel ce matin. La porte des toilettes qui était coincé, la clef sans serrure,
le petit déjeuner à deux, la menotte dans sa main, le lit totalement défait, le
manteau qui n’est pas du tout du style de Jean... Tiens, où est le manteau ? On
pourrait presque se demander Pause. En fait je ne sais pas ce qu’on pourrait se
demander, Avec conviction : mais on pourrait se le demander ! Et maintenant,
la valise ! Elle va dans la chambre la faire.
Jour 2, Soir
10
Marie-Christine
17 heures 50. Claude rentre discrétement au fond du théâtre dans un costume
différent. Il s’asseoit avec le public. Il est habillé de manière “normale” mais
qui dissimule son visage.
Marie-Christine – Rentrant dans le salon : Déjà 18 heures ! Mon dieu, je
n’ai vraiment pas vu le temps passer ! Bon, je pense que je vais y aller, monsieur
n’est pas là, ma fille, mais ce n’est pas grave, je continuerai demain.
11
Marie-Christine, Jean-Michel
Jean-Michel rentre avec un carton de placard à monter. En pratique les parties
telles que les poignées pourront être monté à l’avance pour simplifier le montage
sur scène et l’on pourra supprimer des éléments tels que les pieds. Le metteur
en scène peut placer des gags visuels ici.
Jean-Michel – Et voilà ! Il ouvre la boite et met tout par terre À l’attaque.
Marie-Christine – Bonjour Monsieur.
Jean-Michel – Rebonjour Marie-Christine.
Marie-Christine – Il est presque 18 heures, j’allais partir.
Jean-Michel – Ah, bonne soirée.
Marie-Christine – Comme je suis arrivé en avance, vous comprenez.
Jean-Michel – Il n’y a pas de problème.
Marie-Christine – Mais si vous avez besoin d’un coup de main !
Jean-Michel – Vous n’êtes pas forcée, je peux me débrouiller. Et puis Jean
devrait arriver bientôt.
Marie-Christine – Comme vous voulez. Elle va prendre et lire le mode
d’emploi.
Jean-Michel – Commençant à retirer son manteau. C’est pas tout, où est-ce
que je met ce manteau ? Je ne peux pas le ranger dans le placard, il faut d’abord
15
Le placard
16
que je le monte. Mais je ne vais pas tout de même pas monter le placard avec
mon manteau il faut d’abord que je le range, mais pour ça il faut d’abord avoir
le placard, et pour ça il faut que je range le manteau, et pour ça... je vais le
jeter sur le lit comme d’habitude. Il va dans la chambre, le lancer sur le lit.
Ah, les lunettes de Claude ! Il ressort avec elles à la main et va vers le placard
Heureusement que Jean n’est pas tombé dessus, il aurait posé des questions.
Là, dans ma poche, comme ça je ne les perdrai pas. Bon, comment ça se monte
tout ça ?
Marie-Christine – Comme ça, j’ai le mode d’emploi.
Jean-Michel – Merci Marie-Christine. Vous pouvez y aller, Jean devrait être
rentré. Pause. En coulisse, comme s’il rappelait à l’acteur qu’il devait rentrer
sur scène : Jean devrait être rentré. Bon, en fait, je crois qu’il ne nous reste
plus qu’à meubler.
12
Jean, Jean-Michel, Marie-Christine
Bruit de porte qui s’ouvre et se ferme, Jean arrive avec une trace de chocolat
sur la joue, que Jean-Michel ne voit pas tout de suite.
Jean – Salut chéri.
Jean-Michel – Ah, salut mon chou.
Jean – Entrant sur scène Ah génial, tu as acheté le placard ?
Jean-Michel – Ah non, c’est un kayak. Mais je peux te dire, pour avancer, je
rame !
Marie-Christine – C’est pour ça que je ne comprenais pas le mode d’emploi !
Jean – Nous allons nous débrouiller, je vous remercie Marie-Christine.
Marie-Christine – Eh bien dans ce cas je vais y aller. Bonne soirée à vous.
À Jean : Ah, j’oubliais, Monsieur, j’ai beaucoup aimé votre nouveau manteau !
Bonne soirée et à demain. Claquement de porte.
13
Jean-Michel, Jean
Jean-Michel – Aparté : L’imbécile !
Jean – De quoi est-ce qu’elle parle ?
Jean-Michel – Je ne sais pas du tout. Je lui demanderai demain matin.
Aparté : Sauf que demain matin, je serai parti ; il n’aura pas la réponse !
Jean – Tu as fini ta valise ?
Jean-Michel – Oui mon chou. D’ailleurs, je finis le placard et j’y vais.
Jean – Génial. Tu veux un coup de main ? Il va l’aider sans attendre la
réponse
Le placard
17
Jean-Michel – Alors, c’était com... C’est quoi ça Il montre la tache
Jean – Regarde et prélève. Ah oui. Un peu de chocolat.
Jean-Michel – Tu m’as trompé ? T’as pris du chocolat d’un autre ?
Jean – Mais non chéri, ce n’est pas ce que tu crois.
Jean-Michel – Tu sais, on n’est pas au cinéma. Ce n’est pas bon signe quand
on dit à son mari "Chéri, ce n’est pas ce que tu crois".
Jean – Mais enfin, je ne t’ai pas trompé. Il se coince le dos. Ce n’est que du
chocolat.
Jean-Michel – Non, ça n’est jamais "Que du chocolat".
Jean – Et puis c’est Florian qui me l’a passé, il m’a dit que ça venait de chez
toi !
Jean-Michel – Parce que tu vas me faire croire que Florian est parti avec du
chocolat ?
Jean – Oui, c’est toi qui lui a donné, hier.
Jean-Michel – Eh bien, c’est bizarre, parce que je ne me rappelle pas du tout
lui avoir donné de chocolat.
Jean – En tout cas c’est ce qu’il m’a dit.
Jean-Michel – Et tu l’as cru ?
Jean – Oui, bien sûr, c’est un ami. Tu ne veux quand même pas que je mette
sa parole en doute ?
Jean-Michel – Et il était comment ce chocolat ?
Jean – Maintenant que tu me le dis, c’est vrai qu’il n’était pas vraiment bon.
En fait, ils étaient même vraiment quelconques. Je suis désolé chéri je n’ai pas
fait attention.
Jean-Michel – Bon, tu ne savais pas, je t’excuse – pour cette fois. Mais s’il
te plaît, va laver la tâche de cet affront !
Jean – Merci. Mais je ne peux pas marcher là, je me suis coincé le dos.
Jean-Michel – Allant masser Jean : Ne bouges pas. Et dire que quand je
t’ai rencontré, je pensais que c’était juste une excuse pour avoir des massages.
Jean – Non, j’ai vraiment le dos coincé !
Jean-Michel – Je sais. Mais ce n’est pas parce que je te masse que je ne t’en
veux plus !
Jean – Ça va mieux, merci. Je vais laver la tache. Il va se laver dans n’importe
quelle pièce.
Jean-Michel – Et c’était comment “Dites, vous avez l’heure” ?
Jean – Franchement, c’était nul. L’histoire était incompréhensible, le décor
inexistant... Les acteurs pas vraiment sexy. Bruit de robinet
Jean-Michel – Oh, dommage.
Jean – Et puis des tas de référence incompréhensible. Ou alors il faut une
culture que je n’ai pas. Il revient dans le salon aider avec le placard.
Le placard
18
Jean-Michel – Tu sais comment est Florian, c’est du Théâtre.
Jean – Tu l’as dit. Tiens, regarde le programme de “Dites, vous avez l’heure”.
Il le sort de sa poche et lit : Une pièce sur le temps qui passe et la condition
humaine face à l’inconnu de la mort, et des tortures psychiques dans lesquelles
se débattent nos individualités face à l’inéluctable 5 .
Jean-Michel – Ah oui, ça fait mal.
Jean – Mais tu dis pas à Florian que je t’ai dit ça.
Jean-Michel – Non, bien sûr. Je lui dirai que tu m’as dit que ça t’a plus.
Sinon il va être totalement dévasté le pauvre.
Jean – Le pire, c’était un spectateur qui est intervenu, il a crié “Il est dans le
placard”, ça a tellement surpris l’actrice qu’elle n’a pas su quoi faire.
Jean-Michel – Bon dieu. Ça n’a pas gâché le spectacle ?
Jean – Au contraire c’est le truc le plus drôle qui se soit passé.
Jean-Michel – Et sinon il a reçu mon cadeau ?
Jean – Comme si c’était une évidence puisqu’il pense que le chocolat est son
cadeau. Ben oui. C’est clair ! Mais c’était pas la peine. Parlant du placard :
Voilà, c’est fini.
Jean-Michel – On lève à 3. 1, 2, 3. Ils lévent le placard et vont la placer
Jean-Michel et Jean – Et voilà ! Jean accroche son manteau et passe son
temps à ranger des vêtements.
Jean-Michel – Jean, il reste une vis.
Jean – Elle va où ?
Jean-Michel – Justement je ne sais pas.
Jean – Éspérons que ça tiendra.
Jean-Michel – Je suppose. Après tout, ce n’est visiblement pas un vis caché.
Jean – Bien trouvé !
Jean-Michel – Eh bien, il va falloir y aller. Merci de ton coup de main.
Jean – De rien. Et surtout, amuse toi bien au congrès du chocolat.
Jean-Michel – Merci. Il va chercher sa valise dans sa chambre et revient immédiatement dans le salon. Je stresse, j’étais meilleur chocolatier junior d’Europe. Est-ce que je vais enfin réussir à avoir le prix du meilleur chocolatier
d’europe ?
Jean – Tu sais, je t’aimerai toujours même si quelqu’un te bat.
Jean-Michel – Je sais chéri, je sais. Merci. Eh bien passe une bonne soirée
sans moi. Ne fais pas de bêtise et ne te couche pas trop tard. Bise puis il s’en
va.
Jean – Oui chéri. Bon voyage.
Jean-Michel – Merci !
Jean – Et je serai bien sage. Bruit de porte qui claque.
5. Merci à Rachel pour cette merveilleuse description.
Le placard
14
19
Jean
Jean – En parlant il va chercher des chemises, pantalons et manteaux déjà
sur des ceintres dans sa chambre pour les accrocher dans le placard. Depuis le
temps que j’en rêve, les vêtement peuvent enfin aller dans le placard, j’en avais
marre que tous les vêtements restent chiffonné dans leurs boites. Pause. En
plus, c’est paradoxale, car JM déteste sortir en boite. D’ailleurs, il est parti
c’est l’occasion d’aller en boite. Jean se change en costume sexy (qui peut-être
sous le costume normal) en dansant seul.
15
Jean, Claude
Changement de lumière progressif vers une ambiance “boite”, éclairage de la
boule à facette, et musique dansante qui monte. Si possible l’horloge est remplacé par des motifs bougeant. Florian, Marie-Christine et Jean-Michel peuvent
servir de danseurs pouvu que leurs visages soient cachés au public.
Jean – descend dans le public et danse parmi eux. Le son se baisse quand
il parle au public. Il va voir un spectateur. Voici un exemple de dialogue : Eh
salut !
Maxime – Salut !
Jean – Ça va ?
Maxime – Oui.
Jean – intéressé.
Maxime – Géné : euh, pas trop.
Jean – Tant pis. Il s’en va vers Claude, un projecteur est braqué sur lui,
il danse sans conviction en regardant son téléphone portable. Claude a pris
l’accent espagnol et une paire de lunette différente. Salut !
Claude – Hola, que tal !
Jean – Ça va ?
Claude – Si, et toi ?
Jean – Ça va. Il le regarde danser et danse avec : Sexy !
Claude – Gracia.
Jean – Tu veux faire un paris ?
Claude – Si ?
Jean – Je parie que tu n’accepteras pas de rentrer avec moi ce soir. Alors ?
On part ensemble ?
Claude – Oui. Et t’as perdu ! Il rammasse son manteau.
Jean – Et moi je trouve que j’ai quand même gagné ! Il prend Claude par
la main et le rammène jusqu’à chez lui, sur scène Mets toi à l’aise. Si Jean-
Le placard
20
Michel et Marie-Christine dansaient, ils retournent en coulisse, Florian reste
dans le public.
Claude – Gracias. Il retire son manteau et veut le poser sur une chaise Como
te llama ?
Jean – Jean. Il va prendre le manteau et l’accrocher dans le placard. Je vais
le ranger, il y a un placard, j’aime pas qu’on laisse trainer les affaires.
Claude – Muy bien. Tout le mundo est pas comme ça. En posant les lunettes
sur la table : Tu te recuerde, je les poses aqui, je sais a dondé elle sont para
manana ! Pause. C’est muy bizarre, j’ai une impression de déjà vu.
Jean – Ah, moi pas du tout. Un aussi beau mec, je m’en souviendrais.
Claude – Merci, je disais pas ça pour toi !
Jean – Vexé : Je te remercie !
Claude – J’ai l’impression d’être déjà venu ici.
Jean – Ça arrive parfois. C’est un petit appartement classique, de l’ikéa dans
le plus pur style début de 21ème siècle. Et si on allait dans la chambre ?
Claude – Viene, querido mio ! Il va vers la chambre avant même qu’on lui
indique.
Jean – C’est par là. Ah, bonne intuition !
On entend du bruit dans les coulisses, l’acte se prépare, les protagonistes commencent à se déshabiller
Claude – Si !
Jean – Déshabille-toi ! Tu vas voir.
Claude – Che ?
Jean – C’est bizarre, je ne trouve pas les menottes.
Claude – Juan.
Jean – Ah attends.
Claude – Si ?
Jean – pardon, faut que j’aille au... Je reviens. Claude cours à travers le salon,
pantalon sur les cuisse, jusqu’aux toilettes où il s’enferme.
Claude – Où j’ai mis mes lunettes ? Claude, à moitié nu, va au salon avec son
téléphone portable qu’il ne peut pas lire. Il s’en sert pour s’éclairer et chercher
ses lunettes à tatons. Je les ai posé sur la table, elles doivent pas être loin.
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Jean, Jean-Michel, Claude
Jean-Michel rentre chez lui en tirant sa valise de dos, il ne voit pas Claude.
Claude bourré, fatigué et sans lunettes, confond Jean-Michel et Jean et ne
réalise pas que ce n’est pas la personne qu’il a rencontré en boite.
Claude – Tu étais sorti Juan ?
Jean-Michel – Effroi AH !
Le placard
21
Claude – Che ?
Jean-Michel – Claude, qu’est-ce que tu fais là ?
Claude – Nada ! J’ai juste olvidado mes lunettes en el salon.
Jean-Michel – Arrête avec cet accent ! Je te les aurais rapportées, tu n’étais
pas forcé de venir les chercher.
Claude – No importa ! C’était pas loin !
Jean-Michel – Quand bien même, et Jean ?
Claude – C’est pas toi Juan ?
Jean-Michel – Oui aussi. Mais l’autre homme qui habite ici. Il n’a rien dit ‽
Claude – J’ai vu personne d’autre aqui.
Jean-Michel – Et arrête avec ton accent, ce n’est pas le moment.
Claude – Comment tu sais que c’est un faux.
Jean-Michel – Il arrête. C’est pas le moment je te dis. Comment es-tu rentré
dans le salon.
Claude – Je suis passé par la porte 6 . Y a pas de quoi en faire une histoire.
Jean-Michel – A lui même. Mais où est Jean ? À Claude : Bon, s’il te plaît,
rends moi un service, va te cacher dans les toilettes, le temps que je comprenne
ce qui se passe.
Claude – J’y vais. Mais je maintient ce que je disais tout à l’heure : j’ai
vraiment un sentiment de déjà vu. C’est fermé !
Jean-Michel – Moins fort. Aparté : Bon ben maintenant, je sais où est Jean.
À Claude : Alors va dans la cuisine s’il te plait ! Il y va
Claude – Exaspéré : Parti comme c’est parti, je me fais un café et j’y vais
moi.
Jean-Michel – Jean ?
Jean – Jean-Michel ! Qu’est-ce que tu fais là ?
Jean-Michel – L’avion a été annulé.
Jean – C’est pas vrai !
Jean-Michel – Si. Tu me crois si tu veux, ils ont reçu un colis avec des menaces
de bombes. Alors ils ont annulés le vol !
Jean – Tu aurais du me prévenir chéri. Et toi, ça va ?
Jean-Michel – Oui ça va. Je n’étais pas dans l’avion, ce que je me dis c’est
qu’au moins je n’ai pas explosé. Et je t’ai laissé un message sur le portable,
mais tu ne répondais pas.
Jean – Ah, je suis désolé pour toi, attends, je sors. Chasse d’eau, bruit d’évier.
Il sort en secouant les mains mouillées. C’est toi qui a voulu rentrer aux toilettes ?
Jean-Michel – Bien sûr ? Effrayé à l’idée que Jean sache que Claude est là
Qui d’autre est-ce que ça pourrait être ?
6. Pour Claude cela représente la porte de la chambre, pour Jean-Michel celle de l’entrée
Le placard
22
Jean – Oui, après tout, qui d’autre.
Jean-Michel et Jean – en aparté Ouf, il ne sait pas que Claude est là !
Jean-Michel – Tu mets la valise dans la chambre s’il te plait ? Je vais me
faire une tisane. Il retire son manteau, et le jette par terre à côté de la valise.
Jean – Oui ! Je vais tout de suite la mettre dans la chambre.
Jean-Michel et Jean – Bruit d’eau qui bout dans la cuisine. Ils tournent
tous les deux la tête vers la cuisine, puis regardent l’autre. Quoi ? Rien.
Jean – Tu n’voulais pas aller au toilettes ? Tu dois être épuisé, je vais te faire
ta tisane.
Jean-Michel – Non, c’est bon. Je m’en occupe.
Jean – Et moi ça me ferait plaisir chéri.
Jean-Michel – Écoute, déjà tout à l’heure, tu es rentré avec du chocolat sur la
joue, qui venait même pas de ma boutique. Alors tu me laisses me débrouiller.
Jean – Mais je te dis que Florian m’avait affirmé que c’était ton chocolat.
Jean-Michel – Écoute, je peux me faire une tisane tout seul, va porter la
valise dans la chambre.
Jean – Prenant la valise et la faisant rouler bruyamant jusqu’à la chambre. Il
parle à Claude qu’il croit dans la chambre Claude, il va falloir que tu y ailles,
je suis désolé, mon mari est rentré ! Aparté : Et moi, ce n’est vraiment pas le
moment pour que mon dos me lâche !
Jean-Michel – Claude ! Il sort de la cuisine, sans son téléphone Ça ne va
pas de faire du bruit. Je t’ai dit de te cacher !
Claude – Je me fais un café, c’est tout.
Jean-Michel – C’est ça ! Et où sont tes vêtements ?
Claude – Dans la chambre.
Jean-Michel – Bon, je vais te les chercher, mais toi reste caché, en haussant
le ton et par pitié pas un bruit.
Claude – En chuchottant et en allant aux toilettes : D’accord ! Pour gagner
du temps, Claude peut commencer à s’habiller dès maintenant, pourvu qu’il y
ait deux exemplaires identiques de ses habits du 2ème jours.
Jean – sortant de la chambre, en aparté Où est est passé Claude ? J’espère
qu’il s’est caché. À Jean-Michel : Tu me parles ?
Jean-Michel – Euh non, non, je parlais tout seul. Je vais aller ranger mes
affaires.
Jean – Toi, tu vas ranger. Je crois que c’est une de tes meilleures blagues.
Jean-Michel – Allant dans sa chambre : Merci.
Jean – Claude ? Il fait le tour de l’appartement en passant par les toilettes
avant d’aller à la cuisine Claude ?
Claude – Oui Jean ?
Jean – Ah tu es là.
Claude – Oui !
Le placard
23
Jean – Très bien. Restes-y, je vais chercher tes vêtement et tu vas partir.
Claude – Je sais, tu me l’as déjà dit !
Jean – J’ai jamais dit ça.
Claude – Mais si, à l’instant.
Jean – N’importe quoi ! Et va te cacher dans les toilettes, c’est plus sûr !
Claude y va.
Claude – Je suis désolé de te dire ça, Jean, mais tu as de vrais problèmes de
mémoire. Ça va bien ?
Jean – Oui, ça va. D’ailleurs, tu n’as plus l’accent espagnol, comment ça se
fait ?
Claude – Faudrait savoir, je pensais que t’aimais pas.
Jean – Bien sûr que j’aime ça, c’est sexy, et puis on ne perd pas un accent
comme ça. Bon j’y vais, ne bouges pas.
Claude – Ok.
Jean – Aparté : Ouh, mon dos ! Il claudique vers la chambre et croise JeanMichel qui en sort pour aller vers la cuisine, cachant les vêtements. Sinon, ça
va, pas trop déçu ?
Jean-Michel – Ça va. Le non-voyage n’était pas trop fatiguant, et quelque
part, je me dis que je suis content d’être toujours en vie, c’est mieux que la
bombe. Bon, je vais aller me faire ma tisane.
Jean – Tu m’en fais une en même temps s’il te plaît. Bise, puis il le regarde
aller en cuisine, Jean-Michel ne peut donc pas aller vers les toilettes. Puis il
va dans la chambre. Bon, ses vêtements. Aïe !
Jean-Michel – Claude ? Il est passé où ? Ressortant de la cuisine sans les
vêtements. Claude tu es où ?
Claude – Là !
Jean-Michel – Qu’est-ce que tu fiches au toilettes ? Claude, j’ai dû laisser tes
vêtements dans la cuisine. Je te dis quand tu peux aller te rhabiller !
Claude – Et pourquoi tu me les apportes pas ici ?
Jean-Michel – Parce que je voulais pas les garder avec moi, je savais pas où
tu étais.
Jean – Ressortant de la chambre bredouille, en aparté : C’est bizarre, je ne
retrouve pas les vêtements. À Jean-Michel Avec un peu de sucre la tisane s’il
te plait. Tu peux aller t’en occuper ?
Jean-Michel – Bien sûr, je m’en charge. Il retourne dans la cuisine, pensant
chercher les vêtements.
Jean – Claude, je suis désolé, je ne trouve pas tes vêtements.
Claude – Ah bon ? Ils ne sont pas dans la cuisine ?
Jean-Michel – Sort de la cuisine avec les vêtements Cl... Il voit Jean pas
loin et retourne dans la cuisine
Jean – Quoi ? Mais tu t’étais déshabillé dans la chambre, non ?
Le placard
24
Claude – Oui, mais tu les as apporté dans la cuisine !
Jean – Tu dis n’importe quoi Claude. Il va vers la cuisine.
Jean-Michel – Il croise Jean, deux tasses à la main : Et voilà ta tisane.
Jean – Ah, merci beaucoup. Tu peux me la poser dans la chambre s’il te plait ?
Jean-Michel – Oui, bien sûr. Ça va Jean ?
Jean – Oui, pourquoi ?
Jean-Michel – Tu as l’air d’avoir mal au dos. Je te connais, ça veut dire que
quelque chose te stresse ?
Jean – Il s’énerve au fur et à mesure. Non, tu rigoles. Qu’est-ce qui pourrait
me stresser ? Je ne suis pas stressé. Je n’ai absolument aucune raison d’être
stressé. On est là, à la maison, tous les deux, seuls, en tête à tête. Tout va
parfaitement bien !
Jean-Michel – Jean, Jean. Tu n’es pas forcé de me cacher des choses.
Jean – Mais je ne te caches rien. Qu’est-ce que tu veux que je te cache ?
Jean-Michel – Tu peux me le dire si tu as eu peur à cause de cette histoire
de bombe dans l’avion.
Jean – Non, ce n’est pas ç... Oui, l’idée qu’on ait pu t’exploser, c’est ça, ça
me fait peur.
Jean-Michel – Je vais te dire, Jean. Ça me touche ! Il va l’embrasser, et
tenter de l’enlacer avec ses deux tasses.
Jean – Aouille. t’as tasse m’a brûlé le dos.
Jean-Michel – Excuse-moi.
Jean – Il se redresse Ah ? Ça va mieux.
Jean-Michel – Rigole : C’est bon à savoir pour la prochaine fois.
Jean – Oui, mais je préfère un massage. Tu vas mettre la tasse dans la chambre
s’il te plait.
Jean-Michel – Oui.
Jean – Et surtout tu n’en renverses pas sur le lit.
Jean-Michel – Pas de risque, c’est une tisane, pas un thé.
Jean – Quel rapport ?
Jean-Michel – Au bout du lit, il y a un t.
Jean – Rire forcé. Puis à Claude : Tu ne bouges pas. Il court dans la cuisine,
récupère les vêtements, et les apporte aux toilettes. Heureusement que JeanMichel ne les as pas vus. À Claude Ouvre, je te passe les vêtements.
Claude – Mais tu m’as dit d’aller m’habiller à la cuisine.
Jean – Jamais de la vie !
Claude – T’as de vrais problèmes de mémoire tu sais.
Jean – Et toi tu te répètes, tu l’as déjà dit.
Jean-Michel – Depuis la chambre : Jean !
Le placard
25
Jean – Oui ?
Jean-Michel – Ta tasse est sur la table de nuit.
Jean – Merci. Doucement à Claude : Je reviens. Il va dans la chambre : Et
merde.
Jean-Michel – Ressortant avec une seule tasse, qu’il boit ostensiblement.
Une fois Jean-Michel dans la chambre il fonce à la cuisine, en sort et va voir
Claude. Je ne trouve plus les vêtement.
Claude – C’est moi qui les ai.
Jean-Michel – Comment ça ?
Claude – Oui, je suis habillé.
Jean-Michel – Claude, je t’avais dit de ne pas sortir des toilettes.
Claude – Mais je ne suis pas sorti.
Jean-Michel – Alors comment tu as pu t’habiller ?
Claude – En enfilant les vêtements que tu m’as rapportés.
Jean-Michel – Tu délires, je ne t’ai jamais rapporté tes vêtements.
Claude – C’est bien ce que je disais, Juan, t’as vraiment des gros problèmes
de mémoires !
Jean-Michel – Mais tu ne m’as jamais dit que j’avais des problèmes de mémoire.
Claude – Ça prouve bien ce que je dis !
Jean-Michel – Claude, si j’étais sujet aux problèmes de mémoires, tu ne crois
pas que je serai le premier à le savoir ?
Jean – Non. Justement.
Jean-Michel – Tu as raison. Et bien si tu es habillé, sors.
Claude – Il sort. Il faudrait savoir.
Jean-Michel – Et maintenant tu t’en vas. Claude va vers la table où étaient
les lunettes. Qu’est-ce que tu fais.
Claude – Je vais chercher mes lunettes.
Jean-Michel – Sortant les lunettes de la veille : Tiens, elles sont là !
Claude – Mais c’est pas mes lunettes.
Jean-Michel – Bien sûr que si. Elles ne sont pas à moi et je suis le seul à
porter des lunettes dans cette maison !
Claude – Ah oui ! J’aurais juré être arrivé avec l’autre paire.
Jean-Michel – Dépêche toi. Je vais retenir... l’autre.
Jean – Sortant de la chambre, il est intercepté par Jean-Michel qui le repousse
sensuellement dans la chambre. Chéri... Il éteint la lumière sur l’interrupteur
de la chambre
Claude – Il va vers la sortie. Flûte, mon portable. Il allume la lumière, va
chercher le portable dans la cuisine.
Jean-Michel – Tiens, la lumière a buggé.
Le placard
26
Jean – Ah oui. Il l’éteint.
Claude – Le voilà. Il sort de la cuisine, portable à la main. Les yeux fixé sur
le téléphone, il se prend la table et trouve la sortie. Pendans ce temps, Jean et
Jean-Michel essayent de cacher la présence de Claude à l’autre.
Claude – Bye. Il claque la porte
Jean – Eh bien, ils font du bruit les voisins !
Jean-Michel – Ah oui, les voisins. Attends, je vais poser ma tasse et je reviens.
Il rallume, va en cuisine mais fait un détour par les toilettes Claude ? Claude ?
En aparté Génial, il est parti
Jean – Tu viens chéri. Il l’attire sensuellement dans la chambre pour lui faire
penser à autre chose
Jean-Michel – J’arrive. Il joue le même jeu dans le même but.
Jean –
Après 10 secondes : sonnerie de porte. Et merde !
Jean-Michel – Qu’est-ce qu’il y a ? Tu attends quelqu’un ?
Jean – Non, et toi ?
Jean-Michel – Non, je vais voir.
Jean – Laisse, j’y vais.
Jean-Michel – Ce n’est pas grave, je suis encore habillé moi. Je vais y aller.
C’est sûrement un voisin.
Jean – Probablement. Ils partent tous les deux en même temps ouvrir la
porte.
Claude – Rentre brusquement dans le salon. Oui, désolé, j’ai oublié mon
manteau dans le placard.
Jean-Michel et Jean – Quoi ? Pause. Chéri, je peux tout t’expliquer. Pause.
Quoi ? Qu’est-ce que tu dois expliquer ? Pause. Non rien. Pause. Si, vas-y, je
t’écoute.
Claude – Dites, depuis quand vous êtes deux.
Jean-Michel et Jean – Mon mari.
Claude – Mais alors : j’ai couché avec qui ?
Jean-Michel – Avec moi
Jean – En même temps que Jean-Michel, parlant de Claude : Presque avec
moi... Quoi Jean-Michel, tu as couché avec lui.
Jean-Michel – Oui. Mais chéri, c’est ce que tu crois.
Jean – Ah ah, très drôle !
Jean-Michel – Merci !
Jean – De rien ! Donc comme ça tu m’as trompé. J’en reviens pas, toi qui
m’avait toujours parlé de fidélité.
Jean-Michel – Oui, mais c’est une chaine d’avoir une haute-fidélité.
Jean – Arrête avec tes jeux de mots ! Tu crois que c’est le moment ? Alors que
j’apprend que tu m’as trompé ?
Le placard
27
Claude – Euh...
Jean-Michel – Oui, et d’ailleurs toi, t’es gonflé. Bravo le respect de l’intimité. Tu m’engueules quand j’emprunte ta brosse à dent, et maintenant tu
m’empruntes mon amant ?
Jean – Mais ça n’a rien à voir !
Claude – Eh, je ne suis pas un objet.
Jean-Michel et Jean – On ne t’as rien demandé.
Jean – Donc comme ça, tu savais qu’il était là, et tu m’as tout caché !
Jean-Michel – Je te signales que tu as fait exactement la même chose que
moi. Aparté : Il exagère quand même !
Claude – C’est beau, un vieux couple qui finit par se ressembler !
Jean-Michel – Tu as toujours sû qu’il était là ? Aparté : Je n’y crois pas !
Jean – Bien sûr que je savais qu’il était là, tu penses qu’il est rentré comment ?
Jean-Michel – Il m’a dit qu’il a trouvé la porte ouverte, qu’il venait pour ses
lunettes, c’est tout. Aparté : En même temps c’était bizarre l’explication de
Claude.
Jean – C’est aimable, tu trouves que je ne vaux pas plus que des lunettes.
Jean-Michel – Mais je n’ai jamais dit ça ! C’est lui qui avait oublié ses lunettes
ici, c’est tout.
Jean – Tu peux m’expliquer pourquoi ces lunettes auraient été ici.
Jean-Michel – Parce qu’on a couché ensemble hier et qu’il avait perdu ses
lunettes ?
Jean – Et tu dis ça comme ça, “parce qu’on a couché ensemble”, comme si
c’était banal.
Jean-Michel – Tu veux que je dise ça comment ?
Jean – Ce n’est pas la question. Donc, vraiment, tu m’as trompé ?
Claude – Tu sais, tu allais faire pareil.
Jean-Michel – J’allais le dire. Aparté De quoi il se mêle lui ?
Claude – À Jean : Dis moi Jean ? Il parle tout le temps tout seul ton mari ?
Jean – Oui. Il fait des apartés, il croit qu’on ne l’entends pas, on s’y habitue.
Jean-Michel – Ah ? Parce que vous m’entendez ? Et puis ce n’est pas la
question. Tu allais me tromper !
Jean – Tu vois JM c’est toute la différence entre toi et moi. Toi tu m’as trompé.
Moi j’allais le faire. Je n’ai pas eu le temps !
Jean-Michel – Ah, parce que tu veux le faire ? Longue pause, échange de
regard des deux
Jean – Oui. pourquoi pas ?
Jean-Michel – Très bien, allons y ! Il sort les menottes, les passe à Claude
et le tire vers la chambre
Jean – Ah, c’est toi qui les avais !
Le placard
28
Claude – Et on ne me demande pas mon avis ?
Jean-Michel et Jean – Non. Ils rigolent
Claude – Ça vallait le coup de me rhabiller.
Jean – En plus, t’es bien tombé, tu vas voir, il connait quelques trucs...
Claude – Je sais déjà.
Jean-Michel – Et tu vas voir Jean, en dessous il est à croquer. Tu es un peu
ma reine, Claude.
Jour 3, Matin
17
Marie-Christine
7 heures 30. La lumière se relève. Marie-Christine rentre, elle constate que
la porte de la chambre est fermée.
Marie-Christine – Tiens, ce n’est pas courant ça, monsieur dort encore. Bon,
et bien ça sera la cuisine en premier. Et puis un bon café pour commencer. Elle
y va.
18
Marie-Christine, Jean-Michel
Marie-Christine est en cuisine, on entend l’eau bouillir après quelques secondes.
Jean-Michel – Sortant de la chambre en peignoir. Il va à son ordinateur.
Alors les emails. Tiens, un email d’Air France. “Nous nous excusons pour le
désagrément. Une plainte au pénal aura lieu, vous serez remboursez” note en
bas de page : “Dès que le coupable sera condamné”. Bien sûr.
Marie-Christine – Sort avec un balais et une tasse de café qu’elle boit. Ouh,
c’est chaud !
Jean-Michel – La remarque : Bonjour Marie-Christine.
Marie-Christine – Tiens, vous êtes là ?
Jean-Michel – Non, c’est mon fantôme. Il y a eu une bombe dans l’avion !
Marie-Christine – Sincèrement effrayée : Ah !
Jean-Michel – Je rigole. Mais l’avion n’a pas pu partir, justement, à cause
d’une menace de bombe.
Marie-Christine – C’est dommage.
Jean-Michel – Oui. Si j’avais su, je ne vous aurais pas fait envoyer de chocolat
au pilote.
Marie-Christine – Si monsieur avait su, on l’aurait accusé de complicité avec
le terroriste.
29
Le placard
30
Jean-Michel – Aussi. Vu comme ça... Ça m’énerve. Ce n’est pour les chocolats. C’est la première fois que je rate le congrès européen du chocolat. Là, je
regardais ce que la presse en disait.
Marie-Christine – Vous pensez que la presse parle du congrès du chocolat ?
Jean-Michel – Non, je parlais de la menace de bombe. Il lit et cite “Menace de
bombe chez air France, les autorités n’ont pas souhaité faire de commentaires.
Une source proche du dossier parle d’un colis piégé.”
Marie-Christine – Ça fait peur. C’est grave pour votre congrès ?
Jean-Michel – Oui ! C’était la dernière fois que je pouvais me vanter devant
mes confrère de mon prix de meilleur chocolatier d’europe junior !
Marie-Christine – Je suis désolé pour vous monsieur.
Jean-Michel – Vous n’y êtes pour rien. Ce n’est tout de même pas vous qui
avez envoyé la bombe.
Marie-Christine – Monsieur n’y pense pas !
Jean-Michel – Marie-Christine, je le sais bien. Et de toutes façon, c’est fait,
c’est fait. Par contre, je voulais me faire un café, et c’est pas fait, c’est pas fait.
Allez me le faire s’il vous plait.
Marie-Christine – Elle y va. Tout de suite monsieur, l’eau est déjà chaude.
Jean-Michel – Mais sinon, c’était très... intéressant de rentrer chez moi.
Marie-Christine – De la cuisine : C’est à dire ?
19
Jean, Jean-Michel, Claude, Marie-Christine
Jean – En peignoire, sortant de la chambre avec Claude habillé comme la
veille : Bonjour Jean-Michel.
Jean-Michel – Tiens, en parlant du loup. Bonjour Jean-Michel, bonjour...
En aparté : C’est quoi son nom, déjà ?
Claude – Bonjour. Bien dormi ?
Jean-Michel – Oui, et toi ? Un café Jean ? À Claude : un café ?
Claude – Oui s’il te plait.
Jean – Pareil.
Jean-Michel – Marie-Christine, faites trois café s’il vous plait. Vous vous en
faites un si vous voulez 7 .
Marie-Christine – Non merci, j’en ai déjà pris un.
Jean – Merci Marie-Christine.
Marie-Christine arrive dans le salon à reculons en tirant le chariot avec le début du petit déjeuner et deux tasses. Claude aperçoit sa femme. La disposition
doit être tel qu’il ne peut plus retourner dans la chambre sans passer devant sa
7. Ici, Marie-Christine doit penser que le troisème est pour elle et non pas pour Claude.
Le placard
31
femme, il va donc se cacher dans le placard. Jean-Michel les yeux sur l’ordinateur ne remarque rien, de même pour Jean qui va chercher sa tasse.
Jean-Michel – Marie-Christine, j’avais dit trois tasses.
Marie-Christine – Merci monsieur, mais je m’étais déjà pris un café.
Jean-Michel – Ça tombe bien, ce n’était pas pour vous, c’était pour monsieur.
Il montre du doigt son emplacement d’avant
Marie-Christine – Donc il y a quelqu’un d’autre ? J’avais bien cru reconnaitre
une troisième voix.
Jean-Michel – Oui il y a... Il est passé où ?
Jean – Claude ? Il est parti par là, je n’ai pas compris.
Jean-Michel – Claude, c’est ça. Je connaissais son nom ! À Claude : Claude,
pas besoin de te cacher de la femme de ménage. Cette fois Jean sait tout.
Marie-Christine – Claude, c’est quand même pas... Il est où ?
Jean – Je ne sais pas justement.
Florian – Depuis le public : Il est dans le placard !
Marie-Christine – Elle regarde Florian dans le public, surprise. Merci. Elle
va ouvrir la porte du placard
Claude – Argh, chérie !
Jean-Michel et Jean – Allant vers le placard voir ce qui se passe : Quoi ‽
Claude – Je peux tout 8 expliquer.
Jean-Michel – Prenant la vis en trop du placard Alors explique moi ce qu’on
doit faire de cette vis.
Jean – Chéri, je crois que c’est pas le moment !
Marie-Christine – Au couple Mais qu’est-ce qu’il fait là ? Vous vous connaisez ?
Jean – Parce que vous, vous vous connaissez ? Florian se dirige de sa place
vers la scène, ou il fait semblant de sonner à une nouvelle porte. On entend
une sonnerie différente de celle de la porte principale.
20
Jean, Jean-Michel, Claude, Marie-Christine, Florian
Jean-Michel – Marie-Christine pourriez vous allez ouvrir à la porte du jardin ?
Marie-Christine – Non monsieur !
Jean-Michel – Jean, tu y vas ?
Jean – Ah non, je veux voir la suite !
Jean-Michel – Claude, tu ne veux pas aller ouvrir par hasard ?
Claude – C’est pas chez moi ici.
8. Ne pas faire la liaison pour qu’on sache qu’il n’a pas dit “tout t’expliquer”.
Le placard
32
Jean-Michel – Très bien. Jean-Michel, tu veux bien aller ouvrir s’il te plait ?
Jean-Michel – Mais volontier Jean-Michel.
Jean-Michel – Merci Jean-Michel. Il va ouvrir Ah bonjour Florian.
Florian – Bonjour Jean-Michel. J’ai fait un détour, ça ne te dérange pas ?
Jean-Michel – Mais tu as tout à fait le droit de rentrer côté jardin 9 .
Florian – Salut Claude, bonjour madame, bonjour... monsieur ?
Claude et Marie-Christine – Bonjour !
Florian – Je dérange là, non ?
Jean-Michel – Non
Marie-Christine – Oui
Florian – Je peux repasser plus tard sinon.
Jean-Michel – Très volontier, il a froissé mes vêtements.
Florian – Quoi ?
Jean-Michel – Oui, en entrant dans le placard il a froissé mes vêtements,
donc il faudra repasser.
Florian – Mais qu’est-ce que monsieur – Monsieur ? – fait dans le placard ?
Marie-Christine – C’est Claude, et j’aimerai savoir ce qu’il fait ici.
Jean – Ça, c’est simple. Il a dormi ici cette nuit.
Marie-Christine – Il a “dormi” ? Ici ? Mais il a fait quoi exactement ?
Jean-Michel – Marie-Christine, je suis désolé de vous dire ça, mais je crois
que vous oubliez votre place. Il me semble que ces détails ne vous concernent
pas. Mais vous, comment vous vous connaissez ?
Marie-Christine – C’est mon fiancé.
Jean-Michel et Jean – Ah, d’accord.
Jean-Michel – Ça vous concerne. Pause. À Claude : Tu ne m’avais pas dit
que tu étais célibataire ?
Marie-Christine – Parce qu’en plus, tu mens ?
Claude – Mais non chérie. Je lui ai juste dit que je n’avais pas d’homme dans
ma vie !
Jean – Mais Claude ? Tu es bi ?
Claude – Mais bien sûr que non.
Marie-Christine – Claude, je te connais, t’es en train de mentir.
Jean-Michel – C’est un bi qui nie ?
Claude – Jean. Ferme la ! En sortant du placard Marie-Christine, oui, je suis
bi.
Jean – Honnêtement, je ne m’en serai jamais douté.
Marie-Christine – Moi non plus. Chéri, je m’attendai pas à ce coming-out.
9. Si le seul accès est côté cour, se réferer à la note 1
Le placard
33
Jean-Michel – Surtout en sortant du placard 10 !
Florian – Attendez, vous n’allez pas me dire que vous mettez l’amant dans le
placard pour le cacher de la femme de ménage !
Marie-Christine – On dirait une mauvaise pièce de théâtre.
Florian – Outré, comme si on parlait du sien Je vous remercie !
Marie-Christine – Quoi ?
Florian – Rien Marie-Christine. Florian : on ne parlait pas de ta pièce.
Marie-Christine – Je demande le divorce !
Claude – À qui ?
Marie-Christine – À qui ? Mais à toi bien sûr !
Claude – Mais chérie, tu ne peux pas me faire ça.
Marie-Christine – Ah bon ? Et pourquoi je ne peux pas ?
Claude – D’une part, parce qu’on n’est même pas marié !
Marie-Christine – Ah oui, zut. Alors on va régler ça, est-ce que tu veux
m’épouser ?
Jean-Michel et Jean – Et nous alors ?
Marie-Christine – Je ne vais pas vous épouser !
Jean-Michel – Mais vous ne lui en voulez pas d’avoir couché avec nous ?
Marie-Christine – Si quand même. À Claude : Qu’est-ce qu’ils ont de plus
que moi ?
Claude – Chérie, ce qu’ils ont de plus que toi... c’est génant là.
Jean-Michel – Une pomme d’adam.
Marie-Christine – D’accord. Et Claude, c’est quoi l’autre part ?
Claude – Comment cela ?
Marie-Christine – Tu as commencé ta phrase en disant "Et d’une part",
alors il y a une autre part.
Jean-Michel – Si vous voulez une autre part, il me reste du gâteau au chocolat.
Jean – Chéri, c’est pas le moment.
Marie-Christine – Volontiers, je vais le chercher, vous en voulez ? Elle va à
la cuisine. Claude, tu viens, il faut qu’on discute !
Jean-Michel – Vous m’en apporterez une part s’il vous plait.
Claude – Je vais t’aider chérie.
Jean – Halluciné par ce changement de sujet, aparté : Qu’est-ce qui se passe ?
À Marie-Christine : Pour moi aussi ! Au point où on en est.
Jean-Michel – On en est à quel point ? Florian, tu en prends ?
Florian – Non merci, j’ai reçu une abondance de ton chocolat.
10. Merci à Nathanaël pour cette blague qui s’impose
Le placard
34
Jean – La demande de divorce, tu as oublié ?
Jean-Michel – Ah oui. Pause. Comment ça mon chocolat ?
Florian – Oui, j’ai reçu une boite de chocolat impressionnante hier au théâtre.
Il n’y a que toi pour me faire ça.
Jean-Michel – Non. Enfin, je t’ai envoyé un cadeau, mais pas de chocolat.
Florian – Bizarre. D’ailleurs, n’étais-tu point sensé être à la réunion de tes
copains qui font du chocolat ?
Jean-Michel – Le “congrès européen du chocolat”. Si, mais à cause d’une
alerte à la bombe, l’avion n’est pas parti. D’ailleurs je vais voir si la presse a
des nouvelles. Il retourne à son ordinateur
Marie-Christine – Revenant avec 3 parts de gâteau au chocolat : Et voilà.
Elle apporte une part à Michel Tenez
Jean-Michel – Merci.
Claude – La suivant avec 2 parts : Et la suite. Il apporte une part à Jean :
Et voilà mi Juan.
Jean – Vous vous êtes réconcilié ?
Claude – Oui, je te raconterai !
Marie-Christine – Apportant une part à Florian : Monsieur.
Florian – Non merci, je ne goûte pas le gâteau au chocolat.
Marie-Christine – C’est ennuyeux, j’ai une part en trop. Quelqu’un la veut ?
Apercevant un spectateur des premiers rangs : Tenez monsieur. Faites attention,
c’est mauvais pour la ligne. Mais vous le savez, c’est dangereux de se mettre
au premier rang au théâtre.
Jean – Marie-Christine, si vous cassez le 4ème mur de l’appartement c’est
vous qui balayerez la poussière !
Jean – Ça va Florian ?
Florian – Je suis surpris. Ça fait des années que je suis dans le théâtre, c’est
la première fois que j’ai vu le 4ème mur cassé devant moi.
Marie-Christine – Pardon monsieur. Au spectateur Vous penserez à me
rendre l’assiette, sinon on va encore me réprimander.
Jean-Michel – Écoutez, il y a eu des nouvelles de l’aéroport.
Jean – Raconte !
Jean-Michel – Il lit Plus de peur que de mal à l’aéroport. Bla bla bla.
Le pilote a reçu un colis tictacant qui l’a effrayé. Il était accompgné d’un
message de menace incompréhensible : "Toi qui montes, je souhaite à ta carrière
d’exploser, et la pièce avec ! “Dites, vous avez l’heure”, c’est la première fois
que tu la montres, alors je t’en offre une !". Arrête de lire : Dites moi, MarieChristine, ça ne vous rappelle rien ?
Marie-Christine – Si. C’est marrant ça. Le terroriste a copié votre idée de
message.
Jean-Michel – Marie-Christine, vous n’auriez pas par hasard, échangé les
deux colis ?
Le placard
35
Marie-Christine – Oh je ne pense pas monsieur, j’ai bien envoyé le chocolat
au théâtre et la montre à l’aéroport.
Jean-Michel – Énervé : C’était le contraire. À cause de vous mon avion a
été annulé et je n’ai pas pu partir ! Aparté : Ce qui explique pourquoi Florian
aurait eu mon chocolat au théâtre.
Marie-Christine – Alors je suis désolé monsieur.
Jean-Michel – Oui, vous pouvez l’être. Je n’ose imaginer pas combien ça a
dû couter à la compagnie aérienne. Et puis surtout j’ai râté le congrés européen
des chocolatier.
Florian – Donc le chocolat, c’était bien de toi ?
Jean-Michel – Il semblerait.
Jean – Et après ça, tu m’accusait de t’avoir trompé hier !
Claude – Juan, tu l’as bien trompé.
Jean – Tu vois bien que non.
Claude – Je suis bien placé pour le savoir.
Marie-Christine – Claude, je suis là !
Claude – Pardon chérie.
Jean – Quand je dis, "je l’ai trompé", pour lui ça veut dire que j’ai mangé du
chocolat de quelqu’un d’autre. Il est chocolatier.
Jean-Michel – C’est ça, Jean, vas-y, raconte ma vie privée à mes amants.
Jean – JM, c’est pas grave non plus. Et puis tu vois, c’était bien ton chocolat !
Jean-Michel – Alors pourquoi tu m’as répondu qu’ils étaient, je te cite, "pas
vraiment bons. En fait, [qu’]ils étaient même vraiment quelconques" !
Jean – Je rigolais.
Jean-Michel – Tu sais bien que je rigole pas avec mon chocolat. Je ne supporterai pas qu’on dise que mon chocolat soit "pas vraiment bon" !
Jean – Mais je ne savais pas que c’était ton chocolat.
Jean-Michel – Justement, ça fait plus de deux ans qu’on est ensemble, tu
aurais du savoir, ce n’est pas un chocolat comme les autres !
Jean – Chéri, je dois t’avouer un truc, je n’ai jamais été capable de faire la
différence entre un chocolat noir et un autre.
Claude – Entre un 30 pourcent et un 80 pourcent, ça se sent quand même.
Jean-Michel – Arrêtez de dire des horreurs. 30 pourcent ce n’est pas du
chocolat noir !
Claude – D’accord, si tu veux, c’est pas important non plus.
Jean-Michel – Non mais ça va ! Le chocolat c’est ma passion, c’est mon
métier, c’est toute ma vie. Je ne peux pas rester avec quelqu’un qui traite le
chocolat comme sa première chaussette. Tournant le dos à Jean, il boude Et
toi Florian, ça va ? Ça c’est passé comment ta première dimanche ?
Florian – Très bien, en majorité le public a adoré, c’était formidable. On est
programmé pour l’année prochaine. Mais, Jean ne t’as pas raconté ?
Le placard
36
Jean – Comment ça tu ne peux pas vivre... Tu ne vas pas me quitter.
Jean-Michel – Ignorant Jean : Si, et je vais être honnête ce qui est exceptionnel dans cette maison.
Jean – Non mais JM, ça ne va pas !
Jean-Michel – Il m’a dit “Franchement, c’était nul. L’histoire était incompréhensible, le décor inexistant... Les acteurs pas vraiment sexy.”
Florian – Indifférent : Et ensuite ?
Jean – Mais j’ai jamais dit ça, tu déformes mes propos ! Et ...
Jean-Michel – Et après il s’est lavé les mains par hygiène et il m’a dit de ne
pas te répéter ça.
Florian – Soit. C’est on ne peut plus clair et je m’y attendais. Jean n’est pas
du tout dans le public intellectuel visé, sans vouloir t’offenser.
Jean – Là je ne sais pas comment je dois le prendre.
Florian – Tu vis bien trop au jour le jour pour pouvoir assimiler toute la
profondeur de l’absurde horreur causée par le combat que notre individualité
livrée à la face de l’inéluctable.
Jean – A l’assemblée : Ça recommence. Qu’est-ce qu’il dit ?
Marie-Christine – Je crois qu’il a dit qu’il croit au destin.
Florian – C’est une manière intéressante de voir les choses, ce n’est pas exactement mon propos – je vous mettrai une invitation pour ma pièce, vous comprendrez mieux.
Marie-Christine – Merci beaucoup, je viendrai. Avec plaisir !
Jean-Michel – Avec plaisir ? Tant qu’à choisir, allez-y avec Claude.
Florian – Et rassurez-vous : avec moi, il n’y pas de jeux de mots. Mais,
subsidiairement, mon propos était : ce n’est pas grave si tu n’as pas apprécié.
Jean – Vraiment ?
Florian – Oui, je suis capable d’accepter la critique sur mon art, moi. Regard
appuyé sur Jean-Michel
Jean-Michel – Mais je suis parfaitement capable d’accepter la critique moi
aussi !
Florian – Alors que tu disais ne plus pouvoir vivre avec lui ?
Jean-Michel – Très bien, je retire. Mais je garde les jeux de mots.
Florian – Pourquoi pas. Ça ne va pas vous empêcher d’être heureux. Et j’ai
même envie de dire. Moralité : Ils se marrèrent et eurent beaucoup d’enfant.
Noir.

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