La psychiatrie confrontée à ses limites - Psydoc

Transcription

La psychiatrie confrontée à ses limites - Psydoc
Mercredi 22 décembre 2004
Mot clé
La psychiatrie confrontée à ses limites
sur le site
dans les archives
Meuse: exhumation d'une femme
tuée alors que Fourniret était dans la
région
[11h41]
PAR JEAN-PIERRE OLIÉ* et HENRI LÔO**
[22 décembre 2004]
International
Etats-Unis 2004
Politique
France
Sciences & Santé
Débats & Opinions
Éducation
Culture & Spectacles
Télévision
Portraits
Football
Sports
Monde - France
Entreprises
High-tech
Médias & publicité
Votre argent
Décideurs
Bourse
Finances
Auto & Moto
Au masculin
La psychiatrie est une discipline médicale qui fascine et inquiète. C'est une
discipline fascinante parce que les pathologies du comportement et de la vie
psychique concernent ce qui est en nous le plus humain : nos façons de vouloir,
Chirac accueillera les ex- otages
Malbrunot et Chesnot à Villacoublay
penser, décider, agir ou aimer. Cette fascination explique que l'avis des
psychiatres soit souvent sollicité, y compris en des domaines bien au-delà de leurs [11h39]
compétences : éducation, déviances sociales, gestion de l'entreprise, animations
de groupes et bien d'autres sujets.
Les deux journalistes ex- otages en
Irak en route pour Paris
[11h36]
La psychiatrie est inquiétante, parce qu'elle s'adresse à ce qui est le plus
angoissant : la perte de la raison, avec ce qu'elle engendre de souffrances et aussi
de menaces pour nous et notre environnement. Or l'épidémiologie moderne
Ukraine: Iouchtchenko entend
indique que plus d'un tiers de la population du globe a souffert, souffre ou
réserver sa première visite à Moscou
souffrira de troubles psychiatriques : dépressions (15% de la population), troubles [11h32]
anxieux mais aussi schizophrénies (1% de la population), autres troubles délirants
ou encore abus ou dépendances à des substances (alcool en tout premier lieu),
Toutes les dépêches
© AFP
démences par maladie dégénérative (Alzheimer) ou vasculaire...
Les progrès de la connaissance permettent d'affirmer l'existence de conditions de
vulnérabilité déterminées par des caractéristiques innées (génétiques) et ou
précocement acquises durant l'enfance. Les psychiatres ont donc beaucoup
d'espaces à explorer, à étudier et à comprendre : est-il vraiment nécessaire qu'ils
prennent de leur temps pour d'autres questions que celle qui leur revient par
définition : reconnaître et traiter la maladie mentale ?
Ils peuvent laisser à d'autres ce que précisément d'autres peuvent faire aussi bien
ou mieux qu'eux : abord psychologique des maladies somatiques, aspects psychoéducatifs de l'enfant et de l'adolescent, définition des conditions sociales,
familiales ou professionnelles pour une qualité et une hygiène de vie
souhaitables...
Des psychologues, des éducateurs, des sociologues savent mieux que les
psychiatres répondre à ces questions.
Mode & Beauté
Cuisine & Vins
Maison & Jardin
Voyages
Loisirs & Week-end
Multimédia
Figaro Magazine
Madame Figaro
Figaro Entreprises
Figaroscope
Figaro Etudiant
Figaro Littéraire
France-Amérique
Emploi
NEC annonce le 1er lecteur de DVD
toutes générations et de CD
[11h41]
Diverses voix se sont élevées pour dénoncer le niveau élevé de morbidité
psychiatrique dans les prisons françaises : plus de 50% des détenus relèvent de
soins psychiatriques en raison des symptômes psychotiques anxieux ou dépressifs
graves. Les psychiatres prêtant leur concours à l'autorité judiciaire considèrent
parfois opportun de déclarer responsables des délirants et des schizophrènes : en
dix ans, le nombre de mis en examen classés irresponsables a été divisé par dix.
Cela n'est ni l'effet d'un progrès thérapeutique à mettre sur le compte de la
psychiatrie, ni le résultat d'une décision réglementaire. Les psychiatres renoncent
ainsi à leur vocation initiale d'accompagner et soigner ceux qui souffrent de
troubles psychiatriques : ils les laissent aller en prison avec des arguments aussi
peu crédibles que la possibilité de soins psychiatriques au sein de la prison ou
encore l'utilité de responsabiliser les malades psychiatriques. Les responsabiliser :
oui. Les punir, en revanche, n'est pas acceptable ! Y a-t-il une ignorance de la
clinique psychiatrique ou de la réalité de la maladie mentale ?
Poi nt avant l ’ouverture
Les stats françaises en ligne de mire.
08:33
CAC 40
NM
€/$
3 802,13
649,16
1,3389
WAVECOM
CASINO GUI
AVENIR TEL
EUROTUNNEL
INFOGRAMES
UBI SOFT E
+4,65
+3,37
+3,27
-4,00
-3,39
-2,11
%
%
%
%
%
%
Sanofi -Aventi s rembourse une
l i gne de crédi t à court terme
[11:50]
Ioukos : Pouti ne souti ent l es
enchères controversées et ouvre
l a porte aux Chi noi s.
[11:40]
Toute la bourse
Ce dérapage progressif est l'indicateur d'une perte de repères simples : la
psychopathologie ne peut se comprendre en la confondant avec la psychologie ;
l'accompagnement et le traitement des troubles psychiatriques relèvent en réalité
de compétences médicales et paramédicales spécifiques ; l'expert ne peut être
5,40
58,20
2,21
0,24
1,14
22,76
+0,85 %
-0,03 %
+0,19 %
LA UNE DU JOUR
© Firstinvest
Carnet du Jour
Rechercher
Séries
Droits
La Solitaire
Portes d'Afrique
Trophée Golf
Conférences
Fête du livre
Forums
Internet mobile
Edition vocale
Programme TV
Météo
Jeux & invitations
Culture-Quiz
Votre personnalité
impunément juge et partie : le médecin expert – également médecin hospitalier –
oriente vers la prison s'il anticipe la difficulté d'une éventuelle prise en charge en
raison d'une pénurie de moyens sanitaires, vraie ou supposée.
Les malades psychiatriques malheureux auteurs d'un acte médico-légal sont ceux
qui nécessitent le plus d'aide et d'attention : avant tout autre, ils doivent être
placés dans des structures hospitalières capables de faire face à leurs troubles et
de leur apporter les thérapeutiques nécessaires.
Ceclan conduit à la question : quid des moyens psychia triques ? Des progrès très
importants ont été réalisés au cours des cinquante dernières années : ils ne
doivent pas masquer les limites de la psychiatrie, qui ne doit point trop fasciner.
Parlons des limites. Le diagnostic psychiatrique demeure exclusivement clinique,
ne pouvant être confirmé ou infirmé par des examens complémentaires, sanguins
ou radiologiques par exemple.
Il existe bien des anomalies contemporaines des troubles psychiques : hypo ou
hyper-activité de certaines zones cérébrales, en imagerie cérébrale ; anomalies
électrophysiologiques, neuroendocriniennes... lors de troubles dépressifs ou
délirants par exemple. Cela atteste qu'il s'agit bien de maladies pour lesquelles
existent des indices susceptibles de valider le diagnostic de maladie psychiatrique.
Mais ces anomalies objectives ne sont pas encore au rang de données
paracliniques utilisables en routine. Par contre, les psychiatres ont établi des
critères diagnostiques cliniques, auxquels il est normal aujourd'hui de se référer.
Comment comprendre que l'autorité judiciaire ne demande pas à ses experts
psychiatres de se référer aux critères diagnostiques reconnus par l'Organisation
mondiale de la santé ?
Who's Who
Les rédactions
Les publications
Club abonnés
Nous contacter
Mentions légales
Autre limite : en psychiatrie, les thérapeutiques demeurent davantage
symptomatiques que physiopathologiques. Qu'est-ce à dire ? Que l'efficacité des
médicaments ou des psychothérapies n'apporte pas la preuve que l'on agit sur la
cause du trouble. Pour le moment, on ne sait que mesurer les effets des
traitements sur les symptômes et non pas sur les mécanismes des maladies.
Prescripteurs et psychothérapeutes doivent donc faire preuve d'humilité et,
surtout, accepter qu'on exige d'eux la preuve des résultats de leurs
thérapeutiques.
Des médicaments, des stratégies psychothérapiques ont prouvé leur efficacité
pour soulager dépressions, troubles anxieux, confusions mentales, schizophrénies,
toxicomanies, démences... À ce jour, aucun résultat n'est acquis pour un éventuel
traitement médical des délinquants sexuels : la psychiatrie ne peut donc garantir
le suivi de tels désordres. Cela met l'accent sur une nécessité : l'information du
public.
Il est troublant que la communauté des psychiatres soit silencieuse lorsque sont
évoquées les conditions de bon usage des antidépresseurs, ou encore lorsque tel
ou tel psychiatre annonce connaître la façon de traiter tel ou tel désordre du
comportement, alors que nous n'avons aucune donnée scientifique ou
consensuelle. Ou encore lorsque telle ou telle personnalité remet en cause la
manière de traiter une anorexie mentale, une dépression, une schizophrénie.
Comme toute spécialité médicale, la psychiatrie doit annoncer ses progrès en
matière de connaissances ou de thérapeutiques et en défendre la pertinence.
La psychiatrie est riche de ses diversités. Elle le restera si elle sort de son silence
pour donner des informations qui peuvent alors être débattues. Sinon, la
fascination et l'inquiétude continueront à prendre le pas sur la raison, qui veut que
les professionnels de la psychiatrie fassent leur travail selon des règles
suffisamment explicites et codifiées pour être évolutives, c'est-à-dire génératrices
d'avancées au profit des malades.
La fréquence des affections psychiatriques justifie enfin de poser la question des
modalités de prévention. Notre société doit progresser : ce n'est pas une «tarte à
la crème» de dire que davantage de lien social, d'humanité participent à
l'harmonie et l'équilibre de chacun. Les psychiatres ont à entrer dans ce débat. Ils
le feront avec d'autant plus de pertinence qu'ils auront d'abord accompli leur
mission et fait partager leurs connaissances. Sinon, ils seront usurpateurs de
savoirs qu'ils n'ont pas ou qu'ils n'ont plus.
*Professeur de psychiatrie à la Faculté de médecine Paris-V, chef de service à
l'hôpital Sainte-Anne, Paris, membre du Conseil scientifique de la Fédération
RECHERCHE
Recherchez un article dans nos
archives payantes, sur le thème
"Débats & Opinions".
Mot Clé
LA UNE ECO DU JOUR
LETTRE D'INFORMATION
Recevez tous les matins par
courrier électronique les titres
du Figaro.fr
Votre email
EN DÉPÊCHES
DOSSIER
Un sujet à la loupe
PEOPLE
L'actualité des gens célèbres
INSOLITE
Les nouvelles inattendues
LES PHOTOS DU JOUR
L'actualité en images
française de psychiatrie.
** Professeur de psychiatrie à la Faculté de médecine Paris-V, médecin consultant
à l'hôpital Sainte-Anne, Paris.
Besoin d'un coup de pouce pour les fêtes ?
123credit.com vous offre un crédit simple et rapide : demande en ligne, avis
immédiat et contrat imprimé chez vous.
COFIDIS - Votre partenaire financement
Besoin d'argent ? Rapidement ? Demandez un crédit jusqu'à 21 500EUR pour financer
tous vos projets.
Votre crédit avec la Banque Covefi
Un besoin d'argent : découvrez la solution adaptée à votre projet.
Les outils
Imprimer
Envoyer ce lien à un ami
Acquérir les droits pour cet article
Rechercher un article
Les biographies du Who's Who
Dans la même rubrique
La psychiatrie confrontée à ses limites
La relégation d'une discipline hospitalière en question
Rompre le tragique isolement de la Russie
Assurance-maladie : une réforme trop complexe
Une politique de Gribouille
Sauvons le zoo de Vincennes
«Label» et la bête
La culpabilité de l'Occident
Le granit humaniste de Jacques Chirac
Droits de reproduction et de diffusion réservés © lefigaro.fr 2003.
Le Figaro est membre du réseau EDA et de INADAILY.