BULLETIN D`INFORMATION SUR LA SECURITE
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BULLETIN D`INFORMATION SUR LA SECURITE
BULLETIN D’INFORMATION SUR LA SECURITE ALIMENTAIRE ET NUTRITIONNELLE AU SAHEL ET EN AFRIQUE DE L’OUEST Mai 2014 Des précipitations globalement moyennes attendues au cours de la saison avec toutefois des déficits prévus à l’ouest de la région MESSAGES CLÉS Selon les prévisions saisonnières en Afrique de l’ouest (PRESAO) pour la campagne agricole 2014/2015, il est attendu au cours de la période Juillet-Septembre 2014, des cumuls pluviométriques normaux à tendances déficitaires au centre et à l’est du Sahel, et déficitaires à tendances normales à l’ouest de la région. Dans le reste de la région, des chances équiprobables existent pour des cumuls pluviométriques normaux, déficitaires ou excédentaires. Les pluies modérées à fortes enregistrées en fin avril et en mai dans les zones soudaniennes du Sahel ont permis un démarrage précoce des semis par endroits dans le Centre et l’Est du Sahel, particulièrement au Niger. Globalement, les prix des céréales sont relativement stables voire en baisse comparativement au mois écoulé et à la même période en 2013. Toutefois, ils restent supérieurs à la moyenne quinquennale, particulièrement dans le Bassin Est. La situation alimentaire du bétail local est préoccupante dans certaines zones pastorales du Sahel notamment dans le Nord du Burkina, à l’Est et au Nord-Ouest du Niger, dans le Sahel Tchadien et dans la zone pastorale du Mali. La situation alimentaire est globalement satisfaisante dans la région exceptée dans les zones pastorales du Sahel et celle agropastorales au sud du Sahel déficitaires où les ménages pauvres et très pauvres connaissent déjà des difficultés alimentaires du fait de la faiblesse des revenus, et dans les zones d’insécurité civile où ils connaissent en plus une détérioration des moyens d’existence. Il est attendu globalement, une amélioration de la situation dans les zones pastorales à partir de juillet à la faveur de la régénération des pâturages, de l’approvisionnement des plans d’eau de surface, la disponibilité graduelle du lait et la hausse probables des prix des animaux résultant de la demande croissante de viande pendant le Ramadan. SITUATION AGRICOLE Pluviométrie En mai, des pluies modérées à fortes ont intéressé les zones soudaniennes du Sahel, notamment le Sud-Est du Sénégal, le Sud du Mali, le Sud-ouest et Sud-est du Burkina Faso, l’Ouest du Niger et le Sud-est du Tchad où des semis démarrent timidement. Dans les pays côtiers du Golfe de Guinée, la régularité des pluies observée en mars et avril s’est maintenue au cours du mois de mai. Les cumuls saisonniers enregistrés depuis mars indiquent une situation globalement moyenne dans la zone bimodale du Golfe de Guinée à supérieure à la moyenne court terme (2005-2009) dans les parties Nord et les zones soudaniennes du Sahel (Figure 1). Ces bonnes conditions d’humidité ont permis de boucler les derniers semis en mai dans la zone bimodale du Golfe de Guinée et un développement satisfaisant des cultures déjà installées en mars et avril notamment d’igname, de manioc et de maïs. Les prévisions de courtes échéances de la NOAA indiquent des pluies modérées jusqu’en fin mai dans ces zones, ce qui devrait favoriser le développement normal des cultures déjà installées. pluviométriques normaux, déficitaires ou excédentaires au cours de la période juillet-septembre 2014. Toutefois, ces prévisions qui sont réalisées cette année, un mois plus tôt par rapport à la période habituelle (fin mai) ne présentent pas assez de skill. Pour l’instant, ces prévisions ne sont pas très inquiétantes pour la région car la répartition des pluies à l’intérieur de la saison sera déterminante dans l’installation et le développement des cultures. Aussi, le suivi de la mise à jour de ces prévisions au cours de la saison demeure indispensable afin de détecter précocement les anomalies majeures pouvant affecter les productions. Figure 1 : Anomalie du cumul saisonnier en pourcentage du 1er mars au 20 mai 2014 Le 17ème forum de la prévision saisonnière en Afrique de l’ouest (PRESAO) qui s’est tenu à Bamako du 28 avril au 2 mai 2014, donne des indications sur les caractéristiques agro-hydro-climatologiques de la saison 2014/2015. Ainsi, des cumuls pluviométriques proches de la normale 1981-2010, à déficitaires sont attendues sur les zones centre et est du Sahel au cours de la période juillet-septembre 2014, notamment à l’est du Mali, au Burkina Faso, l’ouest et l’est du Niger, la bande centrale du Tchad, le Nord-Est et Nord-Ouest du Nigeria, et le Nord du Benin, du Togo et du Ghana. Dans l’Ouest de la région par contre, les précipitations attendues au cours de la saison pourraient être déficitaires à normales au Sud-Ouest de la Mauritanie, au Sénégal, en Gambie, en Guinée Bissau et en Guinée. Ailleurs dans la région, des chances équiprobables existent pour des cumuls CILSS – FEWS NET Page 1 Bulletin d’Information sur la Sécurité Alimentaire, mai 2014 Source : FEWS NET/USGS – Afrique de l’ouest Situation agricole Les cultures de saison sèche dont celles de maraichage en particulier, sont achevées excepté celle du riz dans les périmètres irrigués où des récoltes moyennes à bonnes sont attendues en juin-juillet 2014. Dans les pays du Sahel, la préparation des champs constitue l’activité agricole dominante avec toutefois un début de semis en mai dans les zones soudaniennes ayant enregistré de bonnes précipitations. Ces semis de céréales (mil, mais et sorgho) sont précoces au Niger (un à deux mois) et normaux à précoces au Burkina Faso. Dans le nord du Nigeria, le démarrage précoce de la saison des pluies a permis aussi une expansion des semis. Toutefois, dans les zones ayant connu des déficits de production importants au cours de la précédente campagne, l’accès à des semences de qualité et en quantité suffisante pourrait constituer une préoccupation pour les ménages pauvres. Situation acridienne/ ennemis des cultures La situation phytosanitaire demeure globalement calme dans la région. La dernière mise à jour de la situation acridienne par la FAO en avril rapporte qu’aucun développement significatif n’est attendu dans la région jusqu’en juin au regard des conditions sèches qui prévalent dans les parties septentrionales du Sahel. Les risques d’invasion pourraient demeurer minimes au cours de la saison d’hivernage jusqu’aux récoltes à partir de septembre. SITUATION PASTORALE La situation alimentaire du bétail demeure préoccupante en raison de la raréfaction des pâturages et de l’insuffisance de points d’eau d’abreuvement dans les zones de déficit de pâturage du Sénégal, Mauritanie, Tchad, Niger, Mali et Burkina Faso. Cette situation se caractérise par une dégradation de l’embonpoint du bétail local (bovins et ovins) qui a débuté depuis mars dans le Nord du Burkina, à l’Est et au NordOuest du Niger, dans le Sahel Tchadien et dans la zone pastorale du Mali. Pour y faire face, les éleveurs ont recours à une alimentation de complémentation constituée par des sous-produits agroindustriels pour lesquels la forte demande entraine une hausse des prix parfois supérieurs à la normale de 20-30 pour cent. En conséquence de ce qui précède, une forte concentration des animaux est observée autour des maigres ressources disponibles avec des risques de graves dégradations de ces dernières. Cette situation est encore plus marquée dans la zone pastorale de Diffa au Niger exacerbée par le conflit armé au Nord-Est du Nigeria. Ces difficultés alimentaires du bétail pourraient être observées jusqu’en fin juin, avant la régénération du pâturage naturel à partir de juillet. C’est pourquoi, un déstockage des animaux fragiles est conseillé pour réduire les charges d’entretien du cheptel. MARCHÉS ET COMMERCE Les marchés ont globalement été bien approvisionnés au cours du mois d’avril dans la région et ce, pour l’ensemble des produits. L’offre a été essentiellement assurée par les commerçants. Les flux transfrontaliers se sont légèrement renforcés comparativement à la période écoulée principalement en ce qui concerne le maïs. Sur les principaux corridors suivis, il a été relevé une hausse de 26 pour cent des exportations du maïs et une baisse d’environ 17pour cent dans les flux transfrontaliers du mil et du sorgho. Les principaux pays exportateurs sont comme d’habitude la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Burkina Faso pour le maïs et le Nigéria et le Burkina Faso pour le mil et le sorgho. En fin avril, une analyse des stocks institutionnels du Burkina Faso, du Mali, de la Mauritanie, du Niger, du Nigeria et du Tchad, montre des niveaux supérieurs à la moyenne des cinq dernières années, excepté au Mali (-38 pour cent) et au Nigeria (-15 pour cent) (Tableau 1). Excepté au Burkina Faso, ces niveaux actuels sont en deçà des niveaux optima recommandés mais traduisent tout de même une situation alimentaire globalement stable dans la région, sans toutefois occulter des zones localisées où les populations connaissent déjà des difficultés. Au niveau des marchés, les commerçants jugent la demande encore faible en avril, comparativement à l’offre. Cette situation est confirmée par les prix des céréales qui sont restés pratiquement stables à tous les niveaux par rapport au mois précédent sauf dans les zones déficitaires du Tchad, de la Mauritanie et du Niger où les prix sont en hausse suite l’augmentation de la demande (épuisement des stocks paysans et début de soudure précoce). Il a été enregistré même des baisses sur certains marchés suivis... En effet, 40 pour cent ; 45 pour cent ; 38 pour cent des marchés suivis au cours de ce mois ont enregistré des baisses de prix comparativement au mois de mars, respectivement pour le maïs, le mil et le sorgho. Par ailleurs, 33 pour cent ; 38 pour cent ; 49 pour cent des marchés suivis ont enregistré une hausse des prix respectivement pour le maïs, le mil et le sorgho. Au regard de la période (début de la de soudure), la proportion importante des marchés ayant enregistré des baisses CILSS – FEWS NET corrobore la bonne disponibilité des produits. Aussi, le déroulement normal de la saison dans les zones bimodales du Golfe de Guinée et l’installation précoce de la saison dans certaines parties du Sahel contribuent à réduire les spéculations des commerçants et à accroitre l’offre commercialisable par ces derniers. Comparativement à la moyenne des cinq dernières années, le mois d’avril enregistre une stabilité du prix du maïs et des hausses moyennes de 5 pour cent pour le mil et le sorgho.. En ce qui concerne les produits de rentre, les prix du niébé connaissent une stabilité au Bénin et au Sénégal par contre une baisse significative (14 pour cent) est enregistrée au Niger. Concernant, l’arachide au Sénégal les prix sont restés également stable (+5 pour cent). L’analyse des prix des produits vivriers au mois d’avril fait ressortir une évolution vers la normalisation des prix du sorgho et du mil surtout au niveau du Bassin Est, où la hausse moyenne des prix de ces deux spéculations par rapport à la moyenne des cinq dernières est de 9 pour cent contre 14 pour cent le mois passé. Concernant, le bétail, les prix sont restés globalement stables, voire à la baisse comparativement au mois précèdent et à la même période de 2013 au Niger et au Burkina Faso. Toutefois, par rapport à la moyenne des cinq dernières années, les prix du bétail sont globalement en hausse de 15 à 25 pour cent au regard de la demande soutenue dans les pays côtiers. La hausse est plus notable au niveau des ovins. Mais les termes d’échanges sont en nette dégradation selon les tendances saisonnières et sont en défaveur des éleveurs. En perspective, les marchés continueront de fonctionner normalement avec une légère hausse probable des prix découlant de l’augmentation de la demande des ménages pendant le Ramadan qui débutera en fin juin, la période de soudure (juin-août) qui coïncide avec d’intenses travaux champêtre. Le prix des animaux pourrait aussi connaitre une hausse du fait de l’augmentation de la demande en viande et de la régénération des points d’eau et des pâturages qui limiteront l’offre par les ménages. Page 2 Bulletin d’Information sur la Sécurité Alimentaire, mai 2014 Tableau 1 : Comparaison des niveaux des stocks institutionnels (nationaux) au 30 avril 2014 par rapport à la moyenne des 5 dernières années. Pays Niger Mali Burkina Faso Type de stock institutionnel Stocks de sécurité nationale disponible au 30 avril 2014 (tonnes) Stocks de sécurité nationale moyens des 5 dernières années au 30 avril 2014 (tonnes) Niveau optimal annuel recommandé Comparaison stock au 30 avril 2014/ moyenne des 5 dernières années (pour cent) Réserve alimentaire stratégique 30 000 NA Stock national 31 335 20 000 150 000 (100 000T en stock physique et 50 000T en stock financier) 57 Stock d'intervention 2 737,38 20 659,78 25 000 -87 Stock national 22 734.2 20 534,7 35 000 11 67 Stock d'intervention 10 000 6 000 10 000 Stock national de sécurité 35 000 32 000 35 000 9 Tchad - 37 403 32,557 50 000 15 Nigeria - 45 000 52 925,8 75 000 -15 Mauritania - 10 000 6 000 20 000 67 Source : Pays et FEWS NET, Mai 2014 Figures 1 et 2 : Variation des prix moyens mensuels du maïs et du mil/sorgho en avril 2014 par rapport à la moyenne quinquennale SITUATION NUTRITIONNELLE Les taux d’admission des enfants malnutries aigües présentent une variation saisonnière dans les pays du Sahel, avec une forte augmentation entre mai et octobre. L’analyse des données d’admission des malnutris aigues modérés fait ressortir des tendances non négligeables. On note une baisse au Burkina entre février et avril liée à l’insuffisance de dépistage actif au cours du 1er trimestre. La dégradation de la situation alimentaire et l’insuffisance du dispositif de prise en charge de la malnutrition aigüe modérée en Mauritanie, a conduit depuis janvier à une augmentation significative des cas. Au Mali, les admissions sont aussi en augmentation comparées à celles de la même période de l’année passée à cause de la redynamisation du dispositif de prise en charge et de l'efficacité du système dépistage. Au Niger, il est noté une baisse significative des admissions liée à la mauvaise complétude des données (70 pour cent en 2014 contre 94 pour cent en 2013) à partir du mois d’avril par rapport à la même période en 2013. Les tendances des admissions des malnutris aigues sévères sont en augmentation depuis le mois de février au Mali, en Mauritanie et au Tchad. Avec l’installation effective de la soudure, si les conditions de prise en charge actuelle se maintiennent, la situation nutritionnelle déjà en stress depuis février risquerait de se dégrader pour être en crise entre mai et septembre 2014 dans la plupart des pays du Sahel (Niger, Mali, Tchad et Mauritanie). SITUATION ALIMENTAIRE ET PERSPECTIVES La situation alimentaire demeure globalement satisfaisante dans la région en cette période du mois de mai du fait des niveaux moyens des stocks ménages, de l’approvisionnement quasi-normale des marchés ainsi que la relative stabilité voire la baisse des prix par rapport à l’an dernier. Les stratégies habituelles développées par les ménages notamment la vente de la main d’œuvre agricole, de volaille et produits animaux, de produits CILSS – FEWS NET forestiers ligneux et non ligneux, les revenus de la migration saisonnière permettront à la majorité d’entre eux au Sahel de vivre une période de soudure normale entre juin et début septembre. Cependant, la détérioration significative de la situation alimentaire des ménages pauvres et très pauvres signalée en avril dernier dans les zones ayant enregistré des productions inferieures à la moyenne au Tchad, au Niger, au Mali, en Page 3 Bulletin d’Information sur la Sécurité Alimentaire, mai 2014 Mauritanie et au Burkina Faso, pourrait s’aggraver au cours de la période de soudure (juin- août). Ces ménages dont les stocks se sont épuisés deux mois avant la période habituelle ont été précocement dépendants du marché (depuis janvier/février pour certains). L’augmentation croissante de la demande de consommation des ménages pendant les travaux champêtres et le Ramadan entraineront une hausse des prix qui pourrait limiter l’accès aux aliments de base à ces derniers qui devront dans le même temps faire face aux dépenses d’intrants agricoles. Cette situation pourrait être davantage préoccupante dans le Nord-Est du Nigeria avec l’aggravation de l’insécurité civile, l’accroissement des déplacés avec pour corollaire une perte des moyens d’existence et une baisse des capacités productives pour la saison qui démarre. Par endroits, comme au Mali, les appuis humanitaires en cours préservent les ménages de l’adoption de stratégies négatives comme la réduction du nombre des repas. Cependant, dans les zones en phase crise au Tchad, au Nigeria et en Mauritanie, les ménages pauvres connaitront des déficits alimentaires entre juin et la fin de la période de soudure en août. Dans les zones pastorales déficitaires du Sahel où les ménages pauvres et très pauvres connaissent déjà des difficultés alimentaires, il est attendu une amélioration de la situation à partir de Juillet à la faveur de la régénération des pâturages, de l’apparition des plans d’eau de surface et de l’augmentation graduelle de la disponibilité laitière qui sera renforcée par les retours d’animaux transhumants. Les prix des animaux qui sont à leurs plus bas niveaux pourraient se stabiliser en juillet et même entamer leur hausse du fait de l’augmentation de la demande de viande pendant le ramadan. Dans les zones du Golfe de Guinée, les ménages pauvres connaissent une soudure normale qui a débuté en avril et prendra fin en juillet avec les premières récoltes constituées principalement de maïs, de légumineuses et aussi de riz de haute terre et de légumes dans certaines zones. On assistera alors à une amélioration des disponibilités alimentaire auprès des ménages ainsi qu’à une augmentation de revenu liée à la vente d’une partie des récoltes, de la main d’œuvre agricole, des produits de cueillette, de chasse et de la pêche. Le saviez-vous, La réunion restreinte du PREGEC, se tiendra à Ndjamena au Tchad, du 18 au 19 juin 2014 CILSS – FEWS NET Page 4