A la découverte des livres de nature

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A la découverte des livres de nature
Atelier géopoétique du Rhône
A la découverte des livres de nature
Livret réalisé à l’occasion de Manifesterre - Festival Nature Culture de la FRAPNA-Rhône
Novembre 2013
Les pères fondateurs
Littérature de nature
Petite sélection subjective
Jean-Louis Michelot
- L’Amérique du Nord :
vous avez dit "Nature writing" ? Il existe en Amérique du Nord une littérature ancienne et foisonnante
autour de la nature : le "Nature writing".
Je vous propose ici une visite, aussi partielle que subjective, de ce
domaine. Partez à sa rencontre et vous ne serez pas déçus ; il y en a
pour tous les goûts !
Dès le 19ème siècle, les américains découvrirent leur vraie nature et en
firent un élément de leur identité nationale. Emerson construisit une vision
globale et originale de l’univers, dans laquelle la Nature et l’Homme
devaient fonctionner en harmonie. Son ami et voisin de Concord Massachusetts, Thoreau, se retira dans sa cabane au bord de l’étang de
Walden pour penser à la vie et à la communion avec la nature. Refusant
de payer des impôts pour financer une guerre qu’il n’approuvait pas, il
connût la prison en en tira "La désobéissance civile" qui inspira Gandhi
et Martin Luther King.
De son côté, un jeune émigrant, John Muir, découvrait avec
émerveillement les quatre coins de la nature américaine avant de se
lancer dans le combat pour sa sauvegarde – c’est le fondateur du "Sierra
Club", grande association de protection encore très active aujourd’hui.
Lisez ses souvenirs de jeunesse et vous comprendrez !
• Ralph Waldo Emerson. La nature. 1836. Ed Allia. 2009. 94 p.
• John Burroughs. L’art de voir les choses. Pages choisies et traduites par
Joël Cornuault. Ed Fédérop 2007. 133 p.
• John Muir, Souvenirs d’enfance et de jeunesse, Corti, 2004, coll.
Domaine Romantique.
• Muir John. Célébrations de la nature, José Corti, coll. Domaine
Romantique, 2011, 349p.
• Henry David Thoreau. Walden. Préface de Jim Harrison. Le Mot et le
Reste ed., 2013.
• Walt Whitman . Feuilles d’herbe. NRF. Poésie Gallimard. 1855/2007. 759 p.
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Les scientifiques
Les littéraires
Voilà des scientifiques qui savaient observer, s’émerveiller, penser et
écrire ! Rachel Carson fut la première à mettre en lumière le scandale
des pesticides dans "Printemps silencieux" et elle décrivit la mer comme
personne. Aldo Léopold, de son coté a écrit à mon avis le plus grand
livre de réflexion sur la protection de la nature avec son Almanach. A
lire absolument !
Ceux-là, c’est un peu le Nature Writing haut de gamme : des livres
littéraires, poétiques, voire philosophiques et érudits. C’est un peu moins
facile à lire que les précédents, mais ça vaut vraiment le voyage !
• Aldo Leopold. Almanach d’un comté des sables – GF – 1948 / 2000
• Rachel Carson, 1962. Printemps silencieux. Réédition Wilproject.
Domaine sauvage, 2009, 283p.
• Rachel Carson. Cette mer qui nous entoure. Stock. Les livres de nature.
1950. 275 p.
• Barry Lopez . Rêves arctiques. Albin Michel 1987, 401 p.
Les fous du wilderness
Voilà sans doute le Nature writing le plus pur : des récits à la première
personne décrivant l’immersion dans les grands espaces sauvages de
l’ouest américain (le "wilderness"). Dans cette catégorie, Edward Abbey
est le maitre, avec son merveilleux Désert solitaire et un roman drôle
et iconoclaste, Le gang de la clef à molette. L’un des personnages
de ce roman est d’ailleurs inspiré de Doug Peacock, un écrivain haut
en couleur, vétéran du Vietnam et familier des grizzlis. Ce n’est peutêtre pas de la littérature sophistiquée, mais ça déménage et ça aère
l’esprit !
• Edward Abbey , Désert solitaire, , mémoires, Petite bibliothèque Payot,
Paris, 1968 /2006 .
• Edward Abbey. Le gang de la clef à molette – Gallmeister – 2006
• Rick Bass. Le livre de Yaak – Gallmeister – 2007
• Pete Fromm. Indian Creek : un hiver au cœur des Rocheuses. Editions
Gallmeister, Paris, 1993/2006, 266 pages.
• Doug Peacock. Mes années grizzlis – Albin Michel. Terres d’Amérique.
1990/2000, 357 p.
• Annie Dillard. Pèlerinage à Tinker Creek. Christian Bourgeois. Titres 112.
1974 / 2010. 393p.
• Barry Lopez. Le chant de la rivière – Payot – 2001. version Gformat :
Hoebeke – 1999
Ceux qui mettent un peu de nature dans leur littérature
En Amérique, se combinent plus qu’ailleurs littérature de nature
et littérature des hommes. Le célébrissime Jim Harrison a toujours
besoin d’une forêt et d’une rivière à portée de sa plume. Barbara
Kingsolver a vécu en autosuffisance pendant un an dans sa ferme des
Appalaches, et Dan O’Brien élève des bisons pour en vivre et pour faire
vivre l’écosystème de la prairie américaine. Vous pouvez même lui
commander des steaks !
Il existe de très nombreux polars et thrillers qui se passent dans la nature,
dont le livre de Ron Rash, Séréna, l’histoire d’une terrible exploitante sans
scrupule de la forêt primaire américaine. Et même un livre emblématique
de la contre-culture américaine donne une grande place à la rarissime
grue blanche d’Amérique ; lisez "Même les cow-girls…" et vous verrez la
protection des oiseaux d’un œil nouveau !
• Jim Harrison. 1985. Théorie et pratique des rivières. 10/18 Domaine
étranger. 1994. 125 p.
• Jim Harrison. Un bon jour pour mourir – 1018 – 2003
• Barbara Kingsolver. Un jardin dans les Appalaches – Rivages – 2008
• Jim Lynch, 2005. A marée basse. Le livre de poche. 347 p.
• Dan O’Brien, Les Bisons du Cœur-Brisé, Éd Au diable Vauvert, 2007,
363 p.
• Ron Rash. Séréna. Editions du Masque. 2008/2011. 404 p.
• Tom Robbins. Même les cow-girls ont du vague à l’âme. Gallmeister –
Totem. 454 p. 1976/2010.
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Et pour les jeunes ?
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Je ne sais pas trop s’il existe un Nature Writing pour les jeunes…
Voilà quelques idées. "La rencontre" raconte l’histoire incroyable
et émouvante d’un enfant recueilli par une famille de blaireaux. Eric
Collier nous emmène dans sa vie de trappeur écolo, protégeant les
castors pour leur rôle écologique. Grey Owl fut un drôle de personnage,
mystificateur (un faux indien !) mais auteur à l’immense succès de livres
sur la nature et les animaux.
Même si le "Nature writing" est un genre très américain, il existe partout
à travers le monde des auteurs qui placent la nature au cœur de leur
œuvre… Voilà quelques idées de lectures, du grand classique au plus
confidentiel.
• Allan W. Eckert. La rencontre. L’histoire véridique de Ben Mac Donald.
Hachette jeunesse. 2001.
• Jack London. L’appel sauvage (The Call of the Wild = L’appel de la
forêt). Phébus Libretto. 2003, 142 p.
• Eric Collier. La rivière des castors. J’ai lu documents. 1961, 371 p.
• Grey Owl. L’arbre. 1937/2010. Editions Souffles. Collection Arbres de
vie. 56 p.
En France, en Europe et ailleurs…
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Les grands anciens
Il fut un temps où les intellectuels, les Lumières, les érudits étaient aussi
naturalistes, ce qui donna de bien belles pages. Et puis un temps où
les grands observateurs savaient manier le beau langage. Inconnu
en France il y a peu, Histoires naturelles de Selborne est le deuxième
livre le plus réédité en Angleterre (après la bible) ! Et puis, Elisée Reclus,
géographe, aventurier et révolutionnaire, qui nous fait découvrir de
façon passionnante, écologiste et humaniste, le cycle de l’eau, de la
source à la mer. Dans cette rubrique, on pourrait bien sûr ajouter Buffon
et Darwin.
• Jules Michelet. 1858. L’oiseau. 41p. Petite bibliothèque savante. Librairie
La Brèche, Bergerac. 2001.
• Jean-Henri Fabre, 1980. Promenades entomologiques. FM / La
Découverte. 298 p.
• Elisée Reclus. Histoire d’un ruisseau. Actes sud / Babel. 1869 / 1995.
213 p.
• Gilbert White. Histoire naturelle de Selborne. 1789. Traduit de l’anglais
par Nicole Mallet. 2011. Edition Le Mot et le Reste. 353p.
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Les voyageurs
Ceux qui nous font rire
Certains écrivains voyageurs sont partis à la rencontre du monde et de
ses habitants, mais aussi à la découverte du « grand dehors ». On pourra
trouver de belles pages chez Nicolas Bouvier ou Bruce Chatwin.
Et lorsque le plus grand écrivain français s’est épris de l’Afrique et de ses
éléphants, il a produit, c’est logique, "Les racines du ciel", le plus grand
roman écologiste de notre langue !
Voilà une bonne nouvelle : il existe des écrivains jubilatoires qui nous
font voyager à la rencontre des grands espaces et de leur faune, nous
émerveiller et surtout nous amuser avec des histoires incongrues, fictives
ou plus ou moins réelles. Si vous ne les connaissez pas, courez découvrir
les "racontars" de Jorn Riel – aventures d’une bande de chasseurs de
renards groenlandais ; les mémoires (enjolivées ?) de Gerald Durell
et Redmond O’Hanlon à la recherche des animaux extraordinaires
à sauvegarder ; Kenneth Cook confronté aux mille désagréments de
la terrible faune du bush australien. Ou Arto Paasilina et ses histoires
cocasses, qui se passent dans la société des hommes, mais jamais loin
de la forêt finlandaise.
• Karen Blixen. La ferme africaine. 1937. Gallimard. 1986. 332 p.
• W.H. Hudson Un flâneur en Patagonie. Petite Bibliothèque Payot.
2002.
• Peter Matthiessen. Le léopard des neiges. Imaginaire Gallimard.
1978.
• R.L. Stevenson Voyage avec un âne à travers les Cévennes. 1879.
Racines d’Oc. Seilc. 193p.
• Romain Gary. Les racines du ciel. 1956. Gallimard 1972
Les écrivains du terroir « naturel »
Les écrivains qui sentent bon la chasse, la nature et la tradition, ce
n’est pas mon fort, mais quand ce sont de grands écrivains et de vrais
amoureux du monde sauvage, ça donne de bien beaux textes. Essayez
Malicroix et vous découvrirez une Camargue que vous ne soupçonniez
pas.
• Maurice Genevoix. Bestiaire (3 volumes). Plon.
• Henri Bosco. L’enfant et la rivière. Folio. 1953. 155 p.
• Henri Bosco. Malicroix. 1948. Gallimard, 382 p.
• Jean Giono. L’homme qui plantait des arbres. 1953.
• Jean Giono. Que ma joie demeure. 1936. Grasset.
• Kenneth Cook La vengeance du wombat. Et autres histoires du bush.
Autrement (Editions). 157 p.
• Gerald Durell, 1992. Le aye-aye et moi. Petite bibliothèque Payot.
238 p.
• Gerald Durell. Ma famille et autres animaux. Gallmeister. 1956 / 2007.
263 p.
• O’Hanlon Redmond. Au cœur de Bornéo. Petite bibliothèque Payot /
voyageurs. 1984/1988. 316 p.
• Arto Paasilinna. Le lièvre de Vatanen. Folio, 2006.
• Luis Sepulveda , Daniel Mordzinski. Dernières nouvelles du sud. Métailié.
2012. 182 p.
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Les naturalistes
Les poètes
Il existe des tas de documentaires très doctes et forts bien faits sur la
vie des animaux et de la nature ; je n’ai rien à vous apprendre à leur
sujet. Voilà simplement quelques textes qui dépassent le documentaire
et l’essai pour se placer du côté des lettres. Apprendre, faire réfléchir…
mais aussi raconter, passionner et jouer avec les mots et la langue.
En France, les véritables écrivains de nature sont… les poètes ! Rimbaud,
Baudelaire, Hugo, Lamartine, Verlaine, René Char… ils ont tous tiré de
la nature des vers merveilleux. Il faut bien sûr citer aussi Saint-John Perse,
monument national de la poésie (prix Nobel), diplomate, mais aussi
ornithologue passionné et auteur d’un fameux "Oiseaux". Un poème en
prose : les lettres de Gourgounel de Kenneth White, racontant à leur
façon la découverte de l’Ardèche profonde par un néorural écossais.
Mais la plus belle et la plus naturaliste des poésies se trouve peut-être
bien dans les haïkus des grands anciens : Basho, Issa, Buson, à l’œil et à
la sensibilité à nulle autre pareille.
• Robert Hainard. Le miracle d’être. Sang de la terre. Science et Nature.
La pensée écologique. 1946-1997. 189 p.
• Jünger Ernst. Chasses subtiles. Christian Bourgois 1969/1980. 449 p.
• Konrad Lorentz. Il parlait avec les mammifères, les oiseaux et les
poissons. Flammarion. 1968.
• François Terrasson. En finir avec la nature. Le lien ou l’absence de
lien avec la nature. Voilà le point crucial ! Sang de la Terre. La pensée
écologique. 2008. 318p.
• Kenneth White. Lettres de Gourgounel. Les cahiers rouges, Grasset.
1966/2004. 148 p.
• Saint-John Perse, 1962. Oiseaux.
• Maurice Coyaud. Fourmis sans ombre. Le livre du haïku. Phébus –
Libretto. 1978. 302p.
Les inclassables
Je ne sais pas où les ranger, mais je ne voudrais pas les oublier…
Julien Gracq, autre monument national, qui décrit avec une plume et
une acuité extraordinaires ses promenades sur les grands chemins, ou
le long d’une rivière discrète et mystérieuse… Et Samivel, très (trop ?)
connu pour ses peintures alpines, et dont l’"Œil émerveillé" est l’une des
plus fines des balades à travers l’univers des émotions que nous offre
le monde naturel (du Grand nord au pré d’à côté, en passant par les
fonds marins…).
• Gracq Julien. Carnets du grand chemin. José Corti. 1992. 308p
• Gracq Julien. Les eaux étroites. José Corti. 1976. 75p.
• Samivel, L’Œil émerveillé ou la Nature comme spectacle. Essai, Albin
Michel 1976 réédité. 2002. 238p.
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Livret réalisé par :
L'Atelier géopoétique du Rhône : geopoetiquedurhone.org
La FRAPNA Rhône : www.frapna-rhone.org
Crédits photo :
Cédric Bonvoisin, Elise Cruypenynck, Olivier Grunewald, Jean-Louis Michelot.

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