La santé mentale: combien ça coûte? - Institut universitaire en santé

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La santé mentale: combien ça coûte? - Institut universitaire en santé
La santé mentale: combien ça coûte?
L’estimation de la performance sanitaire et économique du système de santé. Application à la prévention du suicide et à la prescription inappropriée de psychotropes
HELEN‐MARIA VASILIADIS
PIERRE‐ALEXANDRE DIONNE
17 DÉCEMBRE
COPEP_IUSMM
PLAN
• Indicateurs populationnels de santé mentale et de coût‐efficacité des soins et services de santé
• EXEMPLE 1: Évaluation des coûts et effets associés aux programmes de prévention du suicide
• EXEMPLE 2: Impact de la prescription inappropriée de psychotropes sur les coûts du système de santé.
Un des objectifs d’un système de santé performant et efficient est de fournir des programmes de santé publique et des services adéquats et de qualité à un coût raisonnable pour combler les besoins de santé de la population. https://secure.cihi.ca/free_products/Harmonisation_
des_cadres_relatifs_aux_secteurs_et_aux_organism
es_celui_du_systeme_de_sante.pdf
Cadre de mesure de la performance du système de santé canadien de l’ICIS (novembre 2013)
Institut canadien d’information sur la santé. Cadre de mesure de la performance du système de
santé canadien. Ottawa, ON : ICIS; 2013.
Cadre de mesure PSS de santé canadien de l’ICIS (novembre 2013)
L’état de santé : les problèmes de santé, la fonction humaine et le bien‐être.
La réactivité du système de santé est la capacité du système de santé d’adéquatement répondre aux
besoins et aux attentes de la population
L’optimisation de l’utilisation des ressources est liée à l’état de santé ainsi qu’à la réactivité
et à l’équité du système de santé. *Ce critère constitue une mesure de l’atteinte des trois objectifs
par rapport aux ressources utilisées.
Cadre de mesure de la performance du système de santé canadien de l’ICIS (novembre 2013)
Revenu, Statut social, Éducation, Alphabétisation
Sexe, Origine ethnique
Effets cumulatifs tout au long du parcours de vie d’une personne augmentant sa vulnérabilité ou expositions malsaines
Facteurs intermédiaires
Biologique: génétique, les processus de vieillissement, sexe.
Matériel: quartiers, logement, milieu de travail
Circonstances psychosociales: stress, résilience, soutien social
Comportements: tabagisme, activité physique, alimentation
Facteurs intermédiaires
Facteurs structurels
Biologique: génétique, les processus de vieillissement, sexe.
Matériel: quartiers, logement, milieu de travail
Circonstances psychosociales: stress, résilience, soutien social
Comportements: tabagisme, activité physique, alimentation
X
MALADIE
l’ICIS (novembre 2013)
DIMENSION
DESCRIPTION
DIMENSION
La capacité du
ÉQUITÉ du système de santé
Accès à des système de santé à Répartition équitable de services de offrir une gamme de l’état de santé et de la services de qualité qui santé réactivité du système de EXHAUSTIFS et répond aux besoins santé entre tous les groupes de la population en de QUALITÉ
socioéconomiques
temps opportun, supérieure
équitablement. l’ICIS (novembre 2013)
Accès à des services de santé EXHAUSTIFS et de qualité supérieure
ÉQUITÉ DIMENSION
General Practice and Mental Health Care:
Determinants of Outpatient Service Use
Données: Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes —
Santé mentale et bien‐être ont été utilisées pour les personnes âgées de 18 ans et plus (n = 35 236). Résultats: Les personnes avec un faible revenu étaient moins probables de consulter un psychologue et les personnes moins scolarisés étaient moins susceptibles de consulter un psychologue et autres prestataires de soins de santé, pour leur problème de santé mentale.
Conclusion: ‐Barrières liées à la scolarité et au revenu dans l’utilisation des prestataires spécialisés en psychothérapie.
‐Les politiques devraient donc contribuer à rendre ces services plus accessibles aux personnes défavorisées/vulnérables.
H‐M Vasiliadis; R Tempier; A Lesage; N Kates. Can J Psychiatry. 2009;54(7):468–476.
Accès à des services de santé exhaustifs et de QUALITÉ supérieure
ÉQUITÉ DIMENSION
l’ICIS (novembre 2013)
DIMENSION: Services axés sur les personnes
INDICATEURS DE SANTÉ MENTALE
DESCRIPTION
‐Services intégrés et  Référence aux services de SM coordonnés qui favorisent spécialisés
l’expérience de la continuité  Hospitalisation répétée en raison de chez les patients problème de SM
 Réadmission dans les 30 jours pour
problème de SM
‐Les options de traitement  % personnes déclarant que sont expliquées au patient
professionnel a expliqué les options ‐Les préférences des patients de traitement; a considéré leurs en ce qui concerne leur préférences de traitement
traitement sont prises en  % personnes ayant des besoins considération
perçus de santé mentale non
comblés
l’ICIS (novembre 2013)
Health Rep. 2013 Sep 18;24(9):3‐9.
Perceived need for mental health care in Canada: Results from the 2012 Canadian Community Health Survey‐Mental Health.
Sunderland A1, Findlay LC.
“Abstract
DATA AND METHODS: Using data from the 2012 Canadian Community Health Survey‐Mental Health, this article describes the prevalence of perceived MHC needs for information, medication, counselling and other services. The degree to which each type of need was met is explored. Associations between risk factors for having MHC needs and the extent to which needs were met are investigated.
RESULTS: In 2012, an estimated 17% of the population aged 15 or older reported having had an MHC need in the past 12 months. Two‐thirds (67%) reported that their need was met; for another 21%, the need was partially met; and for 12%, the need was unmet. The most commonly reported need was for counselling, which was also the least likely to be met.”
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24258361
DIMENSION: Services sécuritaires
DESCRIPTION
INDICATEURS DE SANTÉ MENTALE
 Présence de prescriptions contre‐
Minimiser les risques indiquées chez les personnes âgées. associés à une intervention EX: Pourcentage de personnes avec:
‐ Un usage prolongée de benzodiazépines (critères de Beers),
‐ Usage de BZD de longue durée
‐ Prescription d’antipsychotiques
l’ICIS (novembre 2013)
DIMENSION: Services pertinents et efficaces
DESCRIPTION
INDICATEURS DE SANTÉ MENTALE
Toujours en vue d’atteindre l’équilibre entre les risques et les avantages.
‐Est‐ce que les services de  Pertinence: Traitement basé sur des santé rendus correspondent données probantes, lignes aux besoins en santé directrices cliniques
mentale de la population?
‐Dans quelle mesure les services de santé sont efficaces?
 L’incidence, la prévalence et la durée des épisodes des troubles mentaux  Changement dans le statut de santé mentale et physique perçu, la qualité de vie liée à la santé
l’ICIS (novembre 2013)
DIMENSION: Prestation efficiente des services
DESCRIPTION
INDICATEURS DE SANTÉ MENTALE
Atteindre maximum de  Le coût moyen par épisode de TSM?
résultats pour une quantité  Le coût moyen par année de vie donnée ou pour le minimum sauvée?
d’investissement  Le coût moyen par QALY gagnée (ADVPQ)?
l’ICIS (novembre 2013)
Mesure de la performance du système de santé mentale
DIMENSION Indicateurs de santé mentale
Accès à des  Accès aux soins de santé mentale:
services de utilisation des services de SM pour cas santé exhaustifs prévalent et incident
et de qualité  Hospitalisation/urgence à la suite d’une supérieure
blessure auto‐infligée
 Taux de mortalité par suicide
http://www.mentalhealthcommission.ca/Francais/tracer‐la‐voie‐de‐l%E2%80%99avenir‐
indicateurs‐de‐la‐sant%C3%A9‐mentale‐pour‐le‐canada
http://repertoiredesindica
teurs.icis.ca/pages/viewpa
ge.action?pageId=786437
International Review of Psychiatry, August 2015; 27(4): 264–275
Routine outcome measurement in Australia
PHILIP BURGESS 1 , JANE PIRKIS 2 & TIM COOMBS 3
1 Queensland Centre for Mental Health Research, School of Population Health, University of Queensland, Brisbane, Queensland, 2 Centre for Mental Health, Melbourne School of Population and Global Health, University of Melbourne, Melbourne, Victoria, 3 New South Wales Institute of Psychiatry, Parramatta, New South Wales, Australia
Abstract
Australia has been implementing routine outcome measurement in its specialized public sector mental health services for over a decade. It uses a range of clinician‐rated and consumer‐rated measures that are administered at set times during episodes of inpatient, ambulatory and community residential episodes of care. Routine outcome measurement is now embedded in service delivery, and data are made available in a variety of ways to different audiences. These data are used by policy‐makers and planners to inform decisions about system‐wide reforms, by service managers to monitor quality and effectiveness, and by clinicians to guide clinical decision‐making and to promote dialogue with consumers.
Philip Burgess, Jane Pirkis & Tim Coombs (2015) Routine outcome measurement in
Australia, International Review of Psychiatry, 27:4, 264-275
Table 1. Descriptive characteristics of outcome measures. Outcome measure Health of the Nation Outcome Scales for Children and adolescents HoNOSCA Adults Older adults CGAS SDQ HoNOS LSP‐16 MHI BASIS‐32 K‐10+ HoNOS65+ LSP‐16 MHI BASIS‐32® K‐10+ Children and Adolescents Children ’ s Global Assessment Scale
Strengths and Diffi culties Questionnaire
Health of the Nation Outcome Scales
Life Skills Profile Mental Health Inventory Behavior and Symptom Identifi cation Scale 32 Kessler‐10, psychological distress Health of the Nation Outcome Scales 65 Life Skills Profile Mental Health Inventory Behavior and Symptom Identifi cation Scale 32 Kessler‐10, psychological distress Rater Clinician Overarching constructs Range of behavioural, symptomatic, social and impairment domains Clinician Dysfunction Consumer and/ or parBehaviours, emotions and Clinician Mental health and social functioning Clinician Disability Consumer Psychological distress and well‐being Consumer Symptom and problem diffi culty Consumer Non‐specific psychological distress Clinician Mental health and social functioning Clinician Disability Consumer Psychological distress and well‐being Consumer Symptom and problem diffi culty Consumer Non‐specific psychological distress ENJEUX DE LA SANTÉ MENTALE
LA SANTÉ MENTALE IMPACT ÉCONOMIQUE IMPORTANT
Au Canada, le fardeau économique de la maladie mentale a considérablement augmenté pour atteindre 52 milliards $ en 2006:
‐ 20,3 milliards $ en raison de perte de qualité de vie; ‐ 23,6 milliards $ en raison de perte de productivité professionnelle et des décès prématurés dus au suicide; et ‐ 7,7 milliards $ en raison des frais médicaux et pharmaceutiques (Jacobs et coll., IHE 2010). Il faut aussi considérer que les troubles de santé mentale ont un impact important sur la qualité de vie de la famille des personnes touchées par la maladie mentale ce qui engendre des coûts intangibles difficiles à mesurer (OMS, 2000).
L’efficience
« L’évaluation de l’efficience fait partie intégrante du processus décisionnel des décideurs du domaine de la santé d’où l’importance de fournir des données probantes favorisant le développement de politiques de santé adéquates pour un meilleur mode de délivrance des services de santé et une allocation adéquate des ressources (Contandriopoulos, 2005). »
Trois types d’efficience : technique, productive et allocative. • L’efficience technique: la relation entre les ressources investies (capital ou heures de travail) et l’impact sur la santé. EX: si une dose d’antipsychotique est aussi efficace à 5 mg qu’à 10 mg, on peut conclure que la dose moins élevée est techniquement plus efficiente. • L’efficience productive: maximisation de l’impact d’un service sur la santé pour un niveau d’investissement/coût donné. EX. l’efficience du système de santé serait améliorée si on diminuait:
‐ le coût moyen du traitement d’un épisode de dépression; ‐ les taux de réadmission en améliorant l’accessibilité et la coordination des services communautaires.
• L’efficience allocative réfère à l’évaluation du financement et la distribution des ressources dans différents programmes et régions pour maximiser le niveau de bien‐être et de santé des communautés et la société en général.
Palmer S, Torgeson DJ. Definitions of efficiency. BMJ 1999;318:1136.
ENJEUX ET DÉFIS POUR LA SANTÉ MENTALE
L’efficience est l’un des aspects les moins étudiés dans la performance des services en santé mentale (Lagomasino, 2010). Selon l'Institut national de la santé mentale américain (NIMH, 2009), malgré la hausse des coûts au cours des 20 dernières années, l’efficience des services offerts en santé mentale ne s’est pas améliorée. Selon l’Institut de médecine: L’efficience = réduire le gaspillage dans le système de soins
Ceci, en améliorant la qualité des soins de santé en adressant la: SOUS, SUR‐ et MAUVAISE utilisation des services de santé.
L’évaluation de l’efficience dans le domaine de la santé d’une intervention ou d’un programme: « …nécessite une bonne connaissance de ses effets directs, secondaires, ainsi que de la structure de financement de l’intervention et de l’épidémiologie de la maladie concernée»
L’évaluation économique dans le domaine de la santé a pour but de fournir des données probantes pour permettre une meilleure allocation des ressources et favoriser l’accès à de meilleurs traitements pour une plus grande proportion d’individus.
(Drummond, 2005; ACMTS‐CADTH, 2006). Coûts et bénéfices des stratégies populationnelles de prévention du suicide au Québec
Co‐Chercheurs:  Alain Lesage, Université de Montréal
 Eric Latimer, McGill University
 Monique Séguin, Université du Québec en Outaouais
Collaborateur,  Collaboration de la direction de santé mentale du MSSS
QUESTIONS pour servir aux décideurs
Comment mettre en évidence la priorité à accorder à la prévention du suicide? Quelles sont les modalités, les plus opérationnalisées et démontrées efficaces, comme prévention du suicide à mettre en place?
Quelles interventions prioriser? Les coûts et les bénéfices associés? Contexte
La province de Québec a toujours affiché un des plus hauts taux de suicide ajustés selon l'âge dans les pays occidentaux:
21,1 par 100 000 hommes et 6,4 par 100 000 femmes pour un taux général de 13,7 personnes par 100 000 habitants en 2010 [LÉGARÉ G, GAGNÉ M, ST‐LAURENT D. La mortalité par Suicide au Québec : 1981 à 2010. Institut national de santé publique du Québec. 2013]
Taux de suicide entre 2000‐2007 (Statistique Canada, 2009, CANSIM Table 102‐0563.)
Both Sexes
Canada
Males
Females
10.90
17.04
4.96
Alberta
13.13
19.81
6.41
British Columbia
9.73
14.95
4.68
Manitoba
12.04
18.04
6.13
New Brunswick
11.95
19.78
4.38
Newfoundland and Labrador
8.54
14.75
2.54
Northwest Territories
18.66
32.35
4.99
Nova Scotia
9.29
15.58
3.34
Nunavut
71.00
113.69
26.26
Ontario
7.86
12.16
3.80
Prince Edward Island
8.86
14.94
3.01
Quebec
15.20
24.05
6.53
Saskatchewan
11.46
17.83
5.19
Yukon
15.30
26.84
3.91
CONTEXTE/PROBLÈME Au Canada et au Québec, l’implantation des plans d’action en santé mentale était limitée par un financement de transition insuffisant à celui recommandé par l’enquête sénatoriale canadienne (Kirby et Keon, 2006).
En 2004, le fédéral a transféré 41 milliards $ aux provinces, mais très peu a été investi en santé mentale: seulement, 6,1% des dépenses de santé publique étaient pour la santé mentale.
En 2011, Vogel a souligné le manque de financement cohérent pour la prévention du suicide au Canada.
Loi C‐300: Cadre fédéral pour la loi sur la prévention du suicide
Ce cadre fédéral servira comme guide dans six domaines clés:
 Améliorer la sensibilisation du public sur le suicide;
 Disséminer l’information sur le suicide et sa prévention;
 Rendre disponible au public les statistiques existantes sur le suicide et ses facteurs de risque;
 Promouvoir la collaboration et l'échange de connaissances entre les différents domaines, secteurs, régions et territoires;  Définir les meilleures pratiques pour la prévention du suicide; et
 Promouvoir l'utilisation de la recherche et les pratiques fondées sur des données probantes pour la prévention du suicide.
Nuremberg Alliance against Depression (NAD) trial (Hegerl et al., 2006) European Alliance Against Depression: Optimizing Suicide Prevention Programs and their Implementation (Hegerl et al., 2009)
Formation des médecins de famille pour détecter et traiter la dépression
Sensibilisation de la population à la dépression et son traitement possible, campagne d’anti‐stigmatisation Sessions de formation sur la dépression et le suicide, et ajout d’animateurs communautaires parmi les intervenants de première ligne Groupes d’entraide pour les personnes ayant fait une tentative de suicide et leurs proches

Aujourd’hui, l’EAAD inclut une 5e stratégie
a. restriction de l’accès à certains moyens dont les ponts: installer barrières plus hautes
b. encourager la prescription d’antidépresseurs qui sont moins létaux à hautes doses
Accroître la détection et le traitement de la dépression comme stratégie de prévention du suicide La dépression majeure est une maladie très répandue: ◦ La prévalence annuelle se situe autour de 5% ◦ La prévalence à vie autour de 20% La dépression est caractérisée par des épisodes transitoires et chroniques qui ont un impact important sur:
◦ La qualité de vie et la morbidité
◦ Le risque de tentative de suicide et la mortalité
Les études utilisant la méthode de l’autopsie psychologique montrent que plus de 90% des cas de suicide présentent un trouble de santé mentale (Lonnqvist & Koskenvuo, 1988, Cavanagh et al., 2003)
Accroître la détection et le traitement de la dépression comme stratégie de prévention du suicide Du point de vue SANTÉ PUBLIQUE: Quel est le risque attribuable à la dépression (anxio‐dépressifs)?
La fraction attribuable populationnelle des troubles mentaux et toxicomanies au suicide se situe entre 47 et 74% et entre 30% et 57% pour les troubles affectifs dont la dépression, l’anxiété et trouble bipolaire (Cavannagh et al., 2003)
DONC, jusqu’à près de 60% des CAS de SUICIDE ÉVITÉS
si on détecte et traite les troubles anxio‐dépressifs
Accroître la détection et le traitement des personnes à risque de suicide Les études populationnelles montrent:
Que la majorité ‐ 60% ‐ des personnes avec troubles mentaux courants et de toxicomanies ne consultent pas pour leur trouble de santé mentale (Lesage et al., 2006)
Parmi les 40%, la majorité consulte des services de santé de première ligne et consulte un médecin généraliste
◦ Par contre, seule la moitié sont détectés et reçoivent un traitement pour la dépression et l’anxiété (Willhelm et al., 2008)
Accroître la détection et le traitement des personnes à risque de suicide Notre étude (2015) portant sur une cohorte décédée par suicide en 2007 au Québec a montré, dans l’année précédant la date du suicide:
 82% avaient consulté en médecine  49% avaient étaient admis en urgence
29% étaient hospitalisés. Parmi les personnes admises, 29,5% et 75,3% sont décédés dans le mois suivant leur congé de l’urgence et de l’hôpital.
Conclusion: le fait d’assurer des soins de suivi après le congé est associé à un retard de l’acte permettant plus de temps pour intervenir et la possibilité pour la prévention du suicide.
OBJECTIFS
Établir le coût d’un décès par suicide au Québec utilisant une perspective sociétale Établir le coût pour le Québec à implanter une stratégie populationnelle de réduction du suicide, étant déjà évaluée dans la littérature, à ce qui se fait déjà au Québec (Ex: ‘Neuremberg
Alliance against Depression Trial’) Établir le rendement économique potentiel si cette stratégie multimodale était implantée
MÉTHODES
Données populationnelles sur la santé mentale et le suicide: ◦ Enquêtes populationnelles épidémiologiques
◦ Données de l’INSPQ, RAMQ, MSSS Coûts ◦ Selon la perspective du système de santé et sociétale
◦ Les coûts de l’implantation du programme ont été capturés dans des rapports publiés et des entrevues avec des experts et décideurs
Analyses
◦ Les coûts associés au programme par suicide évité ◦ Analyses incrémentales
◦ RCED: Le coût associé à une année de vie sauvée (Coûts programme – Coûts Statu quo) / (Années de vie perdues avec pgm –
Années de vie perdues sans programme)
◦ RCUD: Le coût associé à une année de vie pondérée par la qualité de vie
(Coûts programme – Coûts Statu quo) / (QALY avec pgm – QALY sans pgm)
◦ Analyses de sensibilité déterministe et probabiliste RÉSULTATS/DISCUSSION
COÛTS ANNUELS ASSOCIÉS À L’IMPLANTATION DE PROGRAMMES DE PRÉVENTION DU SUICIDE MULTIMODAUX
Sensibilisation de la population à la dépression et son traitement possible, campagne d’anti‐stigmatisation Formation des médecins de famille pour détecter et traiter la dépression (atteindre 25% des MF/omnipraticiens): ‐ 170 $ per 3‐hour block during annual conference or through internet; Salary for coordinator and overhead costs
Session de formation sur la dépression et le suicide, et ajout d’animateurs communautaires parmi les intervenants de première ligne:
Formation de sentinelle (32 000)
Formation de professionnels (7 000)
Suivi étroit post tentative ou crise suicidaire, agent de liaison
1,5 full time equivalents*50% in each of the 117 EDs in Qc
Soins professionnels aux endeuillés
The health agency fills this mission with 4 FTE therapists
1 530 000 $ 6,4%
541 650 $ 2,3%
2 656 000 $
1 750 000 $ 18,4%
9 363 276 $ 39,0% 8 141 367 $ 33,9%
23 982 293 $ 100%
Groupe d’entraide pour les personnes ayant fait une tentative de suicide et leurs proches
GESTION d’une POSTVENTION 117 urgences au Québec, tous doivent avoir infirmière de liaison pour personne ayant fait Suivi étroit post tentative ou une tentative de suicide ou sont à haut risque crise suicidaire
de suicide
Les guides de bonnes pratiques
pour la prévention du suicide
mentionnent que pour les
personnes suicidaires se rendant
à l’urgence, la continuité des
services est nécessaire. Les
guides font appel à un agent de
liaison et où il y aura évaluation
d’un spécialiste en santé mentale
dans les 24 heures.
1,5 ETC infirmière liaison*50% urgence psychiatrique=crise suicidaire + santé mentale
50,75 h * 1,5 ETC * 50% = 38 h / sem
* 30$/h + 35% bénéfices sociaux=
80 028$ salaire annuel
80 028*117 urgences = 9 363 276 / AN
Soins professionnels aux endeuillés
CSSS Laval: ressource régionale suicide de Laval
4 intervenants temps complet comme référence
Le RRS de Laval accomplit sa mission Salaire moyen = 55 000$ + 35% bénéfices
auprès
des
endeuillés
avec
6
intervenants à temps partiel = Montant total des salaires dans toutes les équivalant à 4 temps complet.
régions = 8 141 367$
Ce sont des travailleurs sociaux et des Le nombre d’intervenants nécessaire dans psychologues avec des formations en chaque région a été extrapolé en fonction suicidologie.
des taux de suicides dans chaque région. Coût du programme
Au Québec, le coût annuel du programme correspond à 3 $ par personne ce qui revient à 300 000 $ /100 000 habitants.
Vs : En Europe, les coûts du programme de prévention du suicide multimodal ont été estimés à 200 000 € /100 000 habitants. __________________________________________________
Pour mettre cela en perspective, les dépenses publiques per capita pour la santé mentale et la toxicomanie en 2003‐2004 étaient de:
 172 $ (138 $ ‐ 204 $)
 152 $ en Ontario et 164 $ au Québec
Les effets potentiels du Programme de Nuremberg si implanté au Québec
•Réduction dans les actes suicidaires: ◦ Diminution dans les tentatives de suicide : 27% (18% ‐ 36%) ◦ Diminution dans le nombre de suicide: 16% (11% ‐ 25%). Réf: Hegerl et al. Eur Arch Psychiatry Clin Neurosc 2010; 260:401‐406
Székely et al. (2013) ont observé des taux de suicide plus faibles de près de 56% dans la ville de Szolnok (NAD trial) en comparaison du taux observé pour toute la Hongrie.
•Augmentation des cas de dépression dépistés et traités dans la population
◦ Des études en Australie ont montré une augmentation de 7% allant jusqu’à 10%, 6 mois plus tard
Réf: Naismith SL, Hickie IB et al., Medical Journal of Australia, 2001;175:S42
Potential impact of multimodal suicide prevention program on the number of suicidal acts and potential life years lost in Quebec
Quebec
NAD program,
Events after Reduction**
Average
Lower limit
reduction
reduction
4981
5595
898
951
693
734
Higher limit
reduction
4367
802
619
Status Quo in 2007
Suicide attempts
6823
Adult Suicides
1069
Suicide <65years
825
Person life years losta,b
Discounted at 3%
21296
17432
19166
16308
Not discounted
35234
29597
31358
26426
Discounted at 5%
16504
14658
14883
13611
Lost productivity up to 65 yearsc
Discounted at 3%
14544
13608
13970
11756
Not discounted
20747
19711
20395
17163
Discounted at 5%
11995
11139
11379
9577
aAssuming an average expected lifespan of 78.3 years for males and 83 years for females.
bNAD program reduction in events: # Suicide attempts: 27% (18% to 36%); # Suicides: 16%
(11% to 25%).
cWeighted for employment rate of individuals with depression
Cost estimates used in models
Average ($)
Health care costs:
Past year health care costs: Depression
Past year health care costs: Suicide cases
Past year health care costs: Suicide attempters
Past year health care costs: Healthy adults (i.e. non depressed and non suicidal cases)
Autopsy et coroner
Therapy for bereaved individuals Other societal costs
Police investigation
Funeral services Lower limit($) Upper limit ($)
3 461 7 879 2 709
1 745 4 424
42 880 13 502 1 938 43 564 2 595
2 032
3 318
3 053 232 3 053 ‐
3 053 696 3 719 9 702 744 4 402 44 628 11 402 Coûts reliés à une visite à l'urgence (centre d’activités)
A visit to the emergency department was retained once a patient was registered and this was valued on the basis of the visit. The average cost per visit included: ‐ costs for the management and care of patients (ex. salaries of personnel, medical and office supplies, instruments) = $125.10 per visit;
‐ pharmacy costs = $51.02 per visit;
‐ medical laboratory = $23.85 per visit ;
‐ medical imagery costs = $6.82 per visit; ‐ other costs such as administration, laundry, hygiene and housekeeping = $63.83 per visit;
‐ an additional 10% for overhead costs not described here (Rosenheck et al.).
http://msssa4.msss.gouv.qc.ca/fr/document/d26ngest.nsf/lca2?openview&Count=500
Cost estimates used in models
Average ($) Lower limit($) Upper limit $)
Indirect costs related to Lost productivity:
Friction cost method: average replacement value 3 months (range 1 and 12 months) Human capital approach – loss up to 65 years (discounted at 3%) Cost of short term disability Absenteeism and presenteeism costs 9 644 3 215
38 576 624 545
492 438
759 616
17 734 2 260 15 840 ‐
19 628 26 110 Coûts et effets indirects : Il s’agit en quelque sorte des conséquences indirectes d’une intervention ou d’une maladie, notamment les coûts associés à la mortalité prématurée et à la perte de productivité. L’absentéisme au travail résultant d’une condition médicale entraînera une perte de productivité sur le marché du travail. Cette perte de productivité peut être transformée en valeur monétaire selon les méthodes du capital humain ou du coût de friction (Drummond et al., 2005). La méthode du capital humain permet d’accorder une valeur monétaire à la perte de productivité en quantifiant le nombre d’heures d’absence au travail, tandis que la méthode du coût de friction évalue uniquement le nombre d’heures d’absence au travail avant qu’un autre employé remplace l’individu concerné. Les coûts reliés à un suicide
Coût annuel moyen est de 24 928 $ (9 956 $ à 102 701 $)
[comprenant: les coûts des services de santé, coroner, enquête
policière, et service funéraire]. En incluant les coûts de perte de productivité : 34 572 $ (13 170 $ à 141 277 $) lorsqu’on utilise la méthode de friction 593 927 $ (473 569 $ à 716 985 $) lorsqu’on utilise la méthode du capital humain (taux d’actualisation de 3%) L’analyse de coût‐efficacité différentielle associée avec l’implantation du programme multimodal
Le coût moyen pour un suicide évité s’élève à 55 123$
Les analyses de sensibilité nous montrent:
‐ % de la population traitée avec la dépression: 7% à 1%; $269,564/suicide évité
‐ Diminue les effets du programme sur les actes suicidaires à 18% et 11%: 161 420$ /suicide évité
‐ En considérant les valeurs extrêmes pour chaque variable (tableau): 223 643$ /suicide évité jusqu‘à des économies de 2 418 264$ /suicide évité
Le coût moyen pour une année de vie sauvée s’élève à 3 979$
(taux d’actualisation de 3%) Les analyses de sensibilité, en considérant les valeurs extrêmes:
‐ 4 120$ / année de vie sauvée jusqu’à des économies de 146 216$/ année de vie sauvée 2007 année
Suic attempts
suicide
suicide <65years
Satt for FCM <65 years
7,879.00 $ 13,502.00 $ 3,053.00 $ 3,719.00 $ 9,702.00 $ 232.00 $ Past year HC costs SUICIDE
Suicide attempts
Autopsy
police investigation
funeral services NAD aux endeuillés
cost of suicide
24,928.00 $ Replacement ‐ 3 M (SA 1M to 12M) ‐adj empl rate 71%
9,644.05 $ Lost productivity ‐ Annual salary for < 65 52,211.05 $ Lost productivity ‐ Annual salary for < 65 with 0,71 adjustement
38,576.19 $ productive years of life lost disc at 3% (mean age 46 (40 ‐ 51)): mean years discounted lost
17.94
692,056.78 $ 14.75
568,998.75 $ 11.63
448,641.05 $ SQ_Years Lost productivity ‐ up to 65 years, employ weights 3%
14544
NAD Years _ Lost productivity ‐ up to 65, empl weights 3%
13608
Treat 7% more depressed cases Treat 10% more depressed cases Short Term Dis Benefits of treated cases 7% treated
17,734.41 $ Short Term Dis Benefits of treated cases 10% treated
0.71*0.03*0.76*$17,734.41 (95% CI: $15,840 ‐ $19,628)
Tx 7%=Decreased costs loss in productivity, presenteism absenteism
2,260.00 $ Tx 10%=Decreased costs in loss productivity, presenteism absenteism
costs due to life years saved = HC cost healty
2595.75
3% Status Quo LY lost‐ HC COSTS SAVED
21296
3% NAD LY LY lost HC COSTS SAVED
17432
NAD program‐campagne /annual
NAD program‐FORMATION MF 8180
NAD PROGRAM‐FORMATION SENTINELLE 32k
NAD program‐Form interventants 7K
NAD POSTVENTION tentative_crise URGENCE/Annual
NAD Soins professionnels aux endeuillés /Annual
cost per averted suicide
average
Status Quo
6823
1069
825
5117
8,789,321.21 $ 91,243,694.08 $ 554,821.69 $ 3,975,611.00 $ 10,371,438.00 $ 111,603.60 $ 115,046,489.58 $ NAD
4981
898
693
3736
7,383,029.81 $ 66,511,046.97 $ 466,050.22 $ 3,339,513.24 $ 8,712,007.92 $ 86,411,648.16 $ 7,956,338.44 $ 6,683,324.29 $ 716,984.79 $ 593,926.75 $ 473,569.05 $ 561,052,054.55 $ 524,944,744.11 $ 58,144,800.00 $ 83,064,000.00 $ 4,823,021.77 $ 37,968,000.00 $ 55,279,092.00 $ 123,002,828.02 $ 55,122.87 $ 45,249,114.00 $ 1,530,000.00 $ 541,650.00 $ 2,656,000.00 $ 1,750,000.00 $ 9,363,276.00 $ 8,141,367.00 $ 132,431,043.68 $ Choose Life program ‐ Écosse
Gouvernement écossais (2006) : pour un investissement annuel de 6,01 millions £ dans le programme Choose Life, 5 vies devaient être sauvés pour que le programme se paye lui‐même.
Au Québec, 40,4 vies devraient être sauvées pour que le programme se paye lui‐même.
La différence peut s’expliquer en partie par l'augmentation des coûts du programme du système de santé depuis 2006 et l'évaluation d'une année de vie sauvée qui était plus conservatrice dans notre étude.
Les analyses de sensibilité probabilistes (RCUD, Simulations de Monte Carlo)
Le programme de prévention du suicide multimodal était dominant: ◦ C.‐à‐d. cela coûte moins cher et cela produit plus de QALY ◦ Considérant que comme société on a une volonté de payer 50 000 $ / QALY, le programme était recommandé 70% des fois
For the PSA, 10,000 Monte Carlo simulation samples with 1000 trials. Markov cohort analyses and
Monte Carlo simulations for PSA were carried out with TreeAge Pro Software (2012).
LIMITES
Les données proviennent de diverses sources publiées (internationales, nationales, provinciales) et donc les résultats ne peuvent être extrapolés à d'autres contextes de système de santé. Le choix de méthodes pour évaluer les pertes de productivité tel que la méthode de friction versus l'approche du capital humain a une influence importante sur les résultats. Les résultats sont basés sur l’existence du programme de prévention du suicide dans son ensemble: Il est difficile d'évaluer les effets sur la réduction des taux de suicide attribuable à chaque modalité des programmes de prévention. Les études futures peuvent se concentrer à savoir si les résultats des programmes de suicide sont spécifiques ou synergiques et plus efficaces pour quels sous‐groupes de la population: militaire et civile, sexe, âge, etc.
CONCLUSION
Les programmes de prévention du suicide sont rentables et peuvent entraîner d’importantes économies de coûts, pour le système de soins de santé et la société en général, en raison de l’amélioration de la qualité de vie de la population et de la réduction des années de vie perdues –
suicides évités – potentielle.
MERCI POUR VOTRE ATTENTION
RÉFÉRENCES Cadre de mesure de la performance du système de santé mentale
•CIHI. Cadre de mesure de la performance du système de santé canadien. Novembre 2013.
•CIHI. Health Indicator. 2011. Available at www.cihi.ca
•Australian Health Ministers Advisory Council Mental Health Standing Committee. Key
Performance Indicators for Australian Public Mental Health Services ‐ Second Edition,
2011. ISBN: 978‐1‐74241‐431‐7. Online ISBN: 978‐1‐74241‐‐432‐4.
•Smith P.C., Mossialos E., Papanicolas I., Leatherman S (eds). Performance Measurement
for Health System Improvement: Experiences, Challenges and Prospects. Cambridge:
Cambridge University Press, 2010.
•Kelley E. and Hurst J. Health Care Quality Indicators Project. Conceptual Framework Paper.
Organization for Economic Co‐operation and Development; 2006.
•Champagne F., Contandriopoulos A. D., Touché J., Béland F., and Nguyen H. Un Cadre
D’Évaluation De La Performance Des Systèmes De Santé : Le Modèle EGIPSS. Montreal:
Université de Montréal; 2005.