Le sens de la vie - FPMA Yvelines Fahazavana

Transcription

Le sens de la vie - FPMA Yvelines Fahazavana
Le sens de la vie
Quelle est la plus grande richesse ? L'argent ? Les biens divers et variés ou...
l'amitié avec le Seigneur et entre les hommes ?
Le sens de la vie.
A la Radio comme à la TV, on a beaucoup parlé, ces dernières années, de la
"question du sens". Jusqu'à l’écœurement. Au-delà de la mode, essayons de
voir ce qui se cache sous les mots. Le contraire du sens est le non-sens, c'est-àdire l'absurde ; ce que Qohéleth appelle "vanité" (1ère lecture), mot qui signifie
vide et absence. Au contraire, est sensé ce qui parle à l'esprit, ce qui apporte
lumière et intelligence. Cependant, quand nous disons que la vie a un sens, nous
signifions quelque chose de plus : notre existence est route, elle part d'un lieu et
nous conduit vers un but, une "fin" que nous ne pouvons connaître totalement
puisqu'elle n'est pas encore là. Précisons qu'il s'agit là d'une vue de foi : pour
beaucoup, la vie ne va nulle part, sinon à la mort. L'activité anxieuse dont parle
la première lecture n'est alors que "sursis à la mort", comme disait Sartre. Alors,
en attendant ce "rien", pourquoi ne pas se livrer à cet "appétit de jouissance »
dont parle Paul (2e lecture) ? Fais tout ce qui te plaira, cueille tout ce que la vie
te propose aujourd'hui. Cède à tes pulsions instantanées ; et surtout ne pense pas
aux retombées possibles: "Mangeons et buvons car demain nous mourrons" (1
Cor 15,32, citation d'Isaïe 22,13). Telle est la philosophie des "insensés", des
privés de sens, dans les livres de Sagesse. Elle est largement partagée à notre
époque, sous couvert de spontanéité, de sincérité, etc.
La soif de sécurité.
Cette introduction sur le sens de la vie peut donner à la lecture de notre évangile
un arrière-fond susceptible de la libérer d'une interprétation trop moralisante. La
question en effet est de savoir ce que nous cherchons dans la vie, où va notre
désir profond, si nous marchons vers quelque chose ou vers nulle part. Le reste,
les décisions particulières, les comportements, les habitudes prises dépendent de
la réponse que nous donnons à cette question. Que voulons-nous ? Et, ayant reçu
l'Évangile, que sommes-nous autorisés à vouloir, à désirer, à espérer ? En dehors
de la fuite dans l'instant qui a été épinglée dans le premier paragraphe, et que
Pascal appelle "divertissement", l'un des problèmes majeurs des hommes est la
sécurité. Sécurité en tous sens : il faut que je sois sûr de moi, de ma valeur, ce
qui sera confirmé par ma réussite et par le regard d'admiration ou d'envie que les
autres porteront sur moi. Leurre, car dans ces domaines rien n'est jamais
solidement acquis : il y faut sans cesse de nouvelles "preuves", toujours plus de
richesses, toujours plus de considération. Mais surtout la sécurité apportée par le
compte en banque, l'immobilier ou le prestige est illusoire, car rien de tout cela
ne peut nous faire échapper à la mort. "Insensé, cette nuit même on te
redemande ta vie", et rien de ce que tu as accumulé ne peut être donné en
échange. Toute sécurité est fausse si elle ne garantit pas la vie elle-même.
L'amitié vaut plus que les richesses.
"Je suis la voie, la vérité et la vie", dit Jésus (Jn 14,6). La voie, le chemin avec
un sens pour la marche. La vérité, c'est-à-dire la solidité et la fidélité sur
lesquelles on peut s'appuyer sans craindre d'être lâchés au moment décisif, alors
que les "valeurs" accumulées ne pourront plus rien pour nous. La vie, cela
justement que les richesses acquises ne peuvent garantir. On peut se demander
pourquoi Luc a mis à la suite l'épisode de l'héritage à partager et la Parabole de
l'homme qui met sa sécurité dans ses réserves. Certes la conclusion est la même
pour les deux textes : la vie ne dépend pas de l'avoir, mais il y a des nuances.
Dans le premier texte, il apparaît que suivre le Christ sur la voie qu'il ouvre,
dans la sécurité donnée par la foi, en la fidélité de Dieu, vers une vie
indestructible, ne nous habilite pas à décider des partages nécessaires, ni à la
gestion du politique, de l'économique, du social. Même si nous avons à
promouvoir la charité et la justice en tous domaine nous avons dépassé
l'idéologie d'un État chrétien : "Qui m'a établi pour être votre juge ou pour
faire vos partages?", dit Jésus. Quant à la Parabole, elle oppose amasser des
richesses pour soi-même à être riche en vue de Dieu. Plutôt que de voir là une
pieuse, et plate, opposition entre richesses matérielles et richesses spirituelles,
j'interprète volontiers ces lignes à la lumière de Lc 16,9: "Faites-vous des amis
avec l'argent trompeur (...) pour qu'ils vous reçoivent un jour dans les tentes
éternelles.