le journal qui ne s`use que si l`on s`insère

Transcription

le journal qui ne s`use que si l`on s`insère
?
numérique
exclusif
Telle est l’alternative que le Conseil général du Puy-de-Dôme impose à l’association Exclusif. En clair, le journal ne doit plus
laisser de trace papier mais être diffusé sur
Internet, sous format numérique.
2
dos
s
EDITO
ier
en
ExclusiF sur internet ?
Se soumettre
ou disparaître
Exclusif, c’est en dix ans plus de six cents pages, un millier d’articles, 55 stagiaires-reporters,
18 salariés en contrat aidé. C’est aussi et surtout 13 000 exemplaires adressés chaque trimestre
à des allocataires du RSA. L’addition, s’il vous plaît : 170 000 euros par an de fonds publics. Aujourd’hui, il est question de réduire cette somme d’un tiers en remplaçant ce journal imprimé
par une diffusion numérique, sur Internet.
Denis Couderc
Le Conseil général, qui subventionne cette
action collective d’insertion, a pris là une
décision unilatérale fondée sur des motifs
exclusivement financiers. Pourtant, des
études ont démontré que le numérique
générait des coûts parfois ignorés ou mal
évalués, que ce soit lors de la transition
vers cette nouvelle forme de support ou
lors de son exploitation.
Encore une fois, c’est un raisonnement
pyramidal qui dévale sur la tête des
membres de l’association, des rédacteurs
professionnels et des lecteurs du journal,
sans laisser une once de dialogue.
L’association Exclusif n’est pas viscéralement opposée à un support numérisé
du journal. D’après une étude statistique,
86 % des allocataires du RSA disposent
d’un accès à internet à leur domicile.
Cependant il a été constaté que mode
d’impression du journal et mode de lecture sont étroitement liés. La question
centrale qui domine alors le débat est
la suivante : le journal Exclusif sous ce
nouveau support conservera-t-il son
lectorat ? Les lecteurs sont-ils prêts à
troquer le papier contre l’écran ?
Loin de là une répugnance aux nouvelles
technologies. Nous ne sommes pas non
plus des “gutenbergistes” de la première
heure, mais tout de même… Et le lecteur dans tout cela ? A-t-il son mot à
dire ? Nous pensons que oui, et pour lui
permettre de s’exprimer un forum (voir
ci-dessous) a été ouvert sur notre site
Internet – car nous en avons déjà un…
Bernard Voldoire
président de l’association Exclusif
phm
A
u printemps 2000,
l’agence de presse
Par écrit, à Clermont-Ferrand, fut
sollicitée par un
élu et un “communicant” du Conseil général du Puyde-Dôme. Ils souhaitaient que
les journalistes de l’agence accompagnent tout au long d’une
manifestation départementale,
Les Rencontres de l’Insertion, un
groupe de neuf allocataires du
RMI : pendant un mois, ils allaient
écrire un journal consacré à ces
Rencontres et au vaste domaine
de l’insertion… Ce sont eux qui
décidèrent de le nommer Exclusif.
D’abord expérimental, ce journal
devient, en 2003, le support d’une
action d’insertion permanente,
gérée par l’association Exclusif,
subventionnée par le Conseil général. Rédigé par des personnes
allocataires des minima sociaux,
Exclusif est adressé par la poste
aux personnes qui perçoivent le
RMI dans le Puy-de-Dôme. C’est
donc un journal trimestriel réalisé
“par et pour” les personnes touchées par l’exclusion.
Les responsables – bénévoles de l’association Exclusif ont une
conviction : ceux qui subissent
l’exclusion ont toute légitimité à
parler et se mêler d’insertion sociale, professionnelle et culturelle,
pour produire de l’information
destinée à leurs “pairs”. Parfois, ils
le font même avec une habileté
particulière.
14 % de côté… au moins
Encadrée par des journalistes, un
photographe et une infographiste
professionnels, l’équipe de rédaction comprend 14 participants
“en insertion” : trois sont salariés
en contrat aidé et onze sont “stagiaires”. Pour ces derniers, pas de
sélection, ni par l’âge, ni par le
niveau scolaire ou professionnel :
toute personne au RSA peut venir
“s’essayer” au travail de journalisme au sein d’Exclusif. Elle trou-
Nous écrire à : Exclusif, 3 rue de la Treille, 63000 Clermont ou sur le site Internet : journal.exclusif.org
Pour aller directement sur le forum ouvert sur le site, recopiez le lien suivant :
http://journal.exclusif.org/thread.php?lng=fr&pg=671&fid=1&cat=1
vera un accompagnement pour
aller en reportage, prendre des
notes, faire des photos, rédiger
un article…
Les stagiaires ne sont pas salariés.
Toutefois, ils sont rémunérés sous
forme de droits d’auteur pour les
articles qu’ils réalisent et qui sont
publiés. Aucune chance de partir aux Bahamas avec les piges
d’Exclusif : cette rémunération
moyenne, cotisations sociales déduites, est de l’ordre de 170 euros
par personne et par trimestre.
Difficile de traduire cette somme
en temps, mais un stagiaire assidu
consacre à Exclusif une dizaine
d’heures par semaine.
Aujourd’hui, le Conseil général
envisage la suppression de la version papier du journal et son remplacement par une version numérique. Ceux qui fabriquent Exclusif
s’inquiètent et s’interrogent devant cette “dématérialisation”. Plus
que projet de développement
pour le journal, c’est la solution
trouvée par les financeurs pour
réaliser des économies.
Vous, les lecteurs et lectrices allocataires du RSA, dont un sondage1
dit que vous êtes 86 % à disposer
d’un accès à internet à la maison – ce qui pose des questions
mais laisse de toutes façons 14 %
de côté… Vous qui ne nous lisez
peut-être pas toujours, pas souvent, pas du tout mais peut-être
que vous y mettez les épluchures
de légumes… Vous nous regarderiez, sur internet ?
Une étude d’impact montrait en
2006 qu’Exclusif avait trouvé son
lectorat. Huit ans plus tard, avec
ce projet de “tout numérique”,
nous craignons de le perdre.
1. Fait en septembre 2013, avec 300
entretiens téléphoniques avec des allocataires du RSA, par la société Asdo pour
le Conseil général du Puy-de-Dôme.
«
Témoignages
N o s l e c t e u r s n e p e r d e n t pa p i e r !
Propos recueillis par Monique Bayol, Jean-David Bouvier, Didier Gouvignon , Marie de Oliveira, Nicolas de Saboulin
Exclusif en version papier fait « L’évolution numérique du journal Exclusif
partie de mes loisirs. En revenant
peut être pertinente. Mais je préfère avoir
de mon travail, je me pose devant
du papier dans les mains. » (Jonathan)
un thé et j’épluche mon courrier,
les publicités et je feuillette le
journal. C’est le moment tranquille de ma journée. Sur Internet il y a trop de tentations et
je suis vite distraite par d’autres
choses. À part les titres d’actualité qui m’arrivent dès que
j’allume mon ordinateur, je ne
lis pas les journaux sur un écran
et je ne peux pas emporter l’ordi
aux toilettes.
(Marion)
”
« Exclusif, c’est un journal que je lis en
entier. Le support papier est vital pour
moi. Il est très important qu’il reste
ainsi. S’il disparaît, tous ceux qui n’ont
pas accès à Internet, les personnes
âgées, les handicapés de la vie seront
lésés. Ce journal redonne l’espoir à
ceux qui baissent les bras. Quand je
lis son contenu je le trouve admirable,
je le compare à un phare, un guide qui
me tire vers le haut. La preuve qu’il y a
de l’espoir et que tout le monde peut
rebondir. (Roberte, retraitée abonnée)
« Je ne fais confiance qu’à mes yeux et mes oreilles pour
m’informer. Je ne reçois plus –anormalement ? – Exclusif
depuis des mois, mais je le lis à chacune de ses parutions
avant de le passer. Je pense que la presse a besoin de son
support papier, surtout Exclusif avec un public précaire, qui,
lui, connaît la fracture numérique. Un journal papier, on en
parle, on échange, on discute ; sur Internet, je recherche des
infos mais je suis seul. Donc, qu’Exclusif reste un journal
papier pour qu’il puisse continuer à nourrir nos discussions
sociétales. » (Boris, RSA)
« Je reçois Exclusif et j’aime mais
je ne le consulte jamais numériquement. Je pense qu’Exclusif
est, pour le département un bon
“zine” intéressant qui traite de
sujets assez “couillus” dont les
autres journaux n’ont que faire.
Si par “erreur” il devenait exclusivement numérique, il perdrait
totalement sa fonction première
qui est, pour moi, le traitement
d’idées, d’infos, de solidarité.
Cela ne ferait que couper les
gens d’une forme d’infos qu’ils
n’ont pas. Oui au papier, non au
numérique. » (Karine, RSA)
“
phm
C’est la presse papier qui m’informe et certains sites
alternatifs (Indymédia…). Je lis Exclusif à chacune
de ses sorties uniquement sur papier puis je le donne
à un ami. Mon abonnement à Exclusif est un acte de
soutien. Le tout numérique, cela risquerait d’exclure
un peu plus les personnes en situation de précarité car
ce journal est un moyen, pour ces dernières, d’avoir
un lien social et, aussi, d’être informées. (Sébastien, abonné)
Exclusif en format numérique ? « C’est stupide, il va
se trouver dans la masse
d’informations, je ne le lirai
plus ! J’aime avoir le papier
dans les mains. » (Marylin,
abonnée)
”
»
« Mes sources d’infos fiables
sont les journaux auxquels je
suis abonné. Je lis Exclusif dans
plusieurs endroits, mais jamais
sur Internet, puis je le laisse sur
une table d’un lieu public. Exclusif
tout numérique ? Je risque de ne
plus jamais le lire… » (Stéphan,
lecteur occasionnel)
« Quand j’ai besoin d’informations, en général je vais plutôt chercher sur le Net une
revue de presse sur une info précise. Un
truc assez “dégueu” dans le développement
journalistique actuel sur Internet, c’est l’ouverture aux commentaires. La proposition
écrite n’est plus le fait de journalistes, ce
sont des gens “en mode troll” (qui viennent
lancer ou alimenter artificiellement une polémique, ndr). Ils mettent la moitié de l’info,
en attendant la surenchère. Ces journaux
n’ont pas intérêt à l’apaisement qu’apporte
une info complète : mieux vaut que ça
s’enflamme, parce que ça attire la pub !
En fait, c’est un nouveau mode de survie
économique du journalisme, qui aboutit
surtout à ce que les journalistes, finalement,
n’aient plus d’intérêt économique à aller
sur le terrain… Quant à Exclusif, ce serait
complètement idiot, avec une diffusion
uniquement numérique, d’en priver des
gens qui sont déjà assez désinsérés… »
(Christophe)
« Abonnée volontaire à Exclusif, je
le lis à chaque parution et le garde.
Jamais sur le Net. S’il passait au tout
numérique, je ne le lirais plus du
tout. Les fanzines qui sont passés
du papier au numérique, je ne les
lis plus. Lire sur un ordinateur m’est
plus que désagréable. » (Sabrina)
« Je trouve plutôt mes infos à la radio et sur certains journaux. Je suis une
lectrice assidue d’Exclusif et je le mets de côté après l’avoir fini. Je le lis uniquement sur papier. Je déteste lire sur un ordi, donc les journaux virtuels
ne m’intéressent pas. Je pense que les gens n’iront pas voir sur le Net un
petit journal comme Exclusif, le tout numérique le tuera. Et même en général, les gens lisent le journal avec le petit déjeuner ou, à midi, avec le café.
Ils ne le liront plus s’il faut se connecter ». (Alicia, demandeuse d’emploi)
3
“
Le journal papier, on peut le toucher avec ses mains, tourner les pages. On peut sentir le papier aussi. On peut
découper les articles, les garder en souvenir. Le journal papier, on peut le garder, et revenir plus tard dessus.
Avec le temps, le papier vieillit, prend une odeur différente : c’est à ce moment que les souvenirs prennent
forme, avec le temps. On n’a pas cette sensation, cette réalité avec le journal numérique. Les informations
restent virtuelles, elles n’ont pas de forme, pas d’odeur. Je ne peux pas rester longtemps sur écran ; au bout
d’un moment, ça fatigue les yeux. Le journal, je le lis plutôt dans des lieux publics. On peut partager les informations directement avec les gens autour. Il y a un échange “en direct”. On peut se faire passer le journal.
Je me vois mal faire ça avec un ordinateur ! (Van)
?
Florent Moneyron, vice-président du Conseil général du Puy-de-Dôme en charge de l’Insertion, de l’Economie sociale et solidaire
4
dos
s
ier
exclusif
en
numérique
Exclusif : si le support évolue, l’action demeure !
L’insertion : une intention, une volonté, un chantier, un enjeu… pour toute
société organisée qui se respecte.
Q
uand on parle d’insertion,
on évoque bien souvent
le seul versant économique d’une politique
solidaire. Permettre à
chacune et à chacun de
trouver du travail, un emploi, une place
parmi les “actifs”… demeure la finalité
ultime des politiques d’insertion mises
en œuvre par le Conseil général. Mais elle
n’est pas la seule. Cet objectif d’autonomie
pour les personnes en situation précaire
ne doit pas masquer les impératifs de l’intégration, du logement, de la lutte contre
l’exclusion et l’isolement des personnes
qui sont sorties du jeu social. Il y a d’autres
portes, d’autres voies pour faire sa place
au sein de la collectivité, et retrouver une
considération qui n’aurait jamais dû faiblir.
L’action d’insertion permanente que porte
Exclusif depuis plus de 10 ans relève de
ces voies souvent inédites, de ces bonnes
idées qui peuvent dépasser le stade du
projet dans un contexte favorable. Sa per-
tinence n’a jamais été démentie depuis
lors. Elle a été citée en exemple, saluée par
les médias. Exclusif établit un lien unique
entre les bénéficiaires du rSa “socle”, qui
sont simultanément à l’origine et à l’aboutissement de ce support.
Au fil de la décennie écoulée, le journal
s’est développé en même temps que bon
nombre de médias alternatifs. La pratique
quotidienne de ces médias nous est devenue familière, par choix ou par nécessité.
Elle constitue un gisement potentiel de
lectorat sur la base d’une cible élargie, la
précarité n’étant – hélas – pas l’apanage
des bénéficiaires du rSa “socle”.
L’audience et la prégnance de ces nouveaux médias appellent un renouveau
des pratiques éditoriales du journal, qui
s’appuient aujourd’hui sur un matériau
physique – le papier – afin d’adopter un
format qui soit à la fois plus souple et plus
dynamique, moins lourd à supporter pour
la mise en œuvre de l’action proprement
dite et la diffusion du support.
C’est assurément un nouveau projet, ce
sont de nouveaux métiers et de nombreux
questionnements pour les habitués du format initial : le passage au numérique, pour
l’essentiel du journal, ne se fera pas d’un
claquement de doigts. L’équipe d’Exclusif
l’a bien admis, qui a sollicité le soutien
d’un Dispositif Local d’Accompagnement
(DLA) pour évaluer les coûts et la faisabilité
de cette véritable mutation. Le Conseil
général sera, bien évidemment, attentif
aux résultats de cet accompagnement, qui
devait débuter dans les premiers jours du
mois de juin. Il ne s’agit pas de fragiliser
l’action, mais – bien au contraire – de lui
donner les moyens d’assurer sa pérennisation, par-delà l’évolution constante des
technologies de la communication.
Internet pour tous ?
Nicolas de Saboulin et Denis Couderc
S
elon une étude de l’INSEE en 2012, 78 %
des personnes de 15 ans et plus auraient
un accès à Internet à leur domicile, et ce
serait le cas de 85,7 % des chômeurs. Mais
moins de 30 % des personnes questionnées utilisaient Internet pour lire la presse
– avec un écart dans l’utilisation générale d’Internet
de 20 % entre les ouvriers et les cadres.
D’autre part, le Centre d’analyse stratégique1 a publié en 2011 un rapport sur “Le fossé numérique en
France”. Il met en évidence le retard de la France, tant
pour l’équipement en informatique que pour l’accès
à Internet : selon lui, c’est un tiers de la population
qui n’a pas d’ordinateur et, bien sûr, n’a pas d’usage
d’Internet sinon occasionnel et en dehors du domicile.
« Cette fracture correspond non pas à un mais à trois
fossés numériques », précise ce dernier rapport : « un
fossé générationnel, laissant les personnes âgées en
marge » (16,9 % des plus de 75 ans et 40 % des 55-64
ans ont un ordinateur, contre 91 % des 15-24 ans), «
et un fossé culturel, qui prive les moins instruits des
opportunités de l’outil informatique ». Enfin il existe,
à l’évidence, un fossé social : parmi les personnes aux
plus faibles revenus, 34 % ont un ordinateur et 28,2 %
Internet à domicile (91 % et 87,1 % pour les revenus
les plus élevés), et 34 % des jeunes les moins diplômés
ne sont pas des utilisateurs réguliers d’Internet.
1. remplacé en 2013 par le Commissariat général à la stratégie
et à la prospective, service rattaché au Premier ministre.
Sources : www.insee.fr/, http://eduscol.education.fr/
Le Mange disque, fanzine musical
« Un truc qui reste »
L
e Mange disque, c’est la production
imprimée en Auvergne d’une bande
de copains branchés musique, plutôt
rock mais sans exclusive, qui choisissent de transformer leur passion
commune en un objet concret. En
2005, ils éditent le n°1 de ce fanzine – pour
fan(atic maga)zine –, publication indépendante
à parution irrégulière, vendu 4 euros et tiré à
130 exemplaires. « On préfère 130 personnes qui
lisent un truc qui reste, plutôt que 5 000 pages
vues sur le net, » explique le graphiste Fred Le
Falher, un des quatre membres du comité de
rédaction. En décembre dernier, le n°13 publie
des images de Renaud Monfourny, photographe
des Inrockuptibles, un texte du chanteur Dominique A… Belles photos, graphisme soigné,
zéro faute d’orthographe : la qualité est au
rendez-vous.
Fred et
son zine,
en vente
chez Spliff
à Clermont
(le zine !)
Touche de Pif
« Un journal chez soi, c’est une approche particulière de l’information, ça arrive là, dispo-
nible… On lit les 3 ou 4 infos qu’on cherche ;
après, si on a le temps, dans le train, au bistrot
ou ailleurs, on va vers ce qu’on n’a pas vu en première lecture. » Evidemment, ça coûte plus cher
que le “tout gratuit, tout téléchargeable”. « Mais
on préfère ça, explique Fred, le Mange disque
c’est fait pour se le prêter, changer de mains,
être lu n’importe où, et en même temps ça se
garde. Les “unes” des journaux, en particulier,
ce sont souvent des images qui restent dans les
mémoires, qui rattrapent bien des oublis… »
Enseignant en arts appliqués - « ce qui consiste
à faire des beaux objets utiles » -, Fred n’ignore
pas, bien sûr, l’essor d’Internet. « Les jeunes
évoluent de plus en plus vers l’écran, c’est certain, mais ils restent sensibilisés au livre et à
l’imprimerie : l’objet, ça parle. Et surtout, entre
papier et numérique, l’un ne remplace pas
l’autre. » Enfin, petit plus du Mange disque :
son cadeau genre Pif gadget, glissé dans la
pochette plastique. Vous connaissez beaucoup
de journaux numériques qui, comme le n°13,
vous offrent un préservatif ? Et d’abord comment
ça marcherait, un préservatif numérique ?
Papier, numérique… à la bibliothèque de riom communauté
À la croisée des chemins ?
C’est l’histoire d’une bibliothèque
qui marche trop bien, dans des locaux trop petits. A Riom, l’équipe de
17 salariés avance du côté d’Internet et des ressources numériques.
« U
Marie de Oliveira et Denis Couderc
n tiers des familles n’a pas accès à Internet ; et en milieu pénitentiaire, que nous servons aussi, il n’y en a aucun. Mais de toutes
façons, on n’arrive déjà pas à évaluer exactement le nombre
d’illettrés, alors les “e-illettrés” ! » résume Brigitte Bessot, directrice de la bibliothèque de Riom communauté. Après tout, le
développement du numérique ne serait-il pas aussi un moyen
d’économiser l’espace trop réduit des locaux de la rue Croizier ?
Depuis 2008, le catalogue est disponible sur la Toile : on peut y
chercher un ouvrage, réserver, gérer ses délais… « Ce site a créé
un premier lien numérique avec nos lecteurs ; et il s’est révélé
intéressant pour aller vers un public qu’on ne touchait pas jusque
là. On n’est pas très en avance : les espaces publics numériques,
ça existe depuis vingt ans, avec du personnel d’accueil. Et nous
on n’en a pas, d’abord parce qu’on n’a pas la place. Cela dit, on a
quand même pu mettre en place de l’action culturelle, par étapes
et en intégrant des outils numériques, et imaginer ainsi un “petit
service numérique”(PSN), qui a ouvert en avril. » Cela dans le cadre
d’un partenariat prolongé avec la Médiathèque départementale.
aller chercher d’autres publics
complémentaires mais pas remplaçables. La logique voudrait
qu’on n’arrête pas de servir un public pour en servir un autre, et
qu’au contraire on aille encore chercher d’autres publics grâce au
numérique… »
5 rue Croizier, 63200 Riom, tél. 04 73 64 63 00, http://
Le PSN, qui a pour objectif de “réduire la fracture numérique”, ne bilbiotheque.riom-communaute.fr
fonctionnerait pas sans un interlocuteur humain : Christelle Sanial
(photo) a été recrutée comme “référent médiations numériques”.
Des ordinateurs portables, équipés d’internet, de logiciels adaptés
et de ressources numériques sont à la disposition de tout lecteur
inscrit, en libre service. « C’est un vrai nouveau service, explique
la directrice, que le papier pourrait difficilement concurrencer, et
ça fait partie de notre mission sociale, dans la continuité de notre
politique de gratuité (voir Exclusif n°30) . » Avec l’ouverture du
PSN, sont programmés des ateliers de pratiques en groupes de dix
personnes au plus, dont beaucoup de jeunes retraités.
Pour compléter ce dispositif, les ressources numériques sont aussi
accessibles à distance. « On a déjà 200 inscrits à l’accès gratuit aux
ressources en ligne, poursuit Brigitte Bessot. La demande porte
surtout là-dessus : musique, livres numériques, en particulier
en matière d’autoformation1. » Autres questions en suspens :
« Comment combler cette fracture, sinon par beaucoup de médiation ? Pour nos acquisitions, faut-il remplacer le papier par le
numérique, chercher une complémentarité ? Pas sûr que ça coûte
moins cher… » Restent quelques incontournables : « L’expérience
du livre est sensorielle, particulière et fondamentale pour le développement humain. Avec le numérique, ces expériences sont 1. Voir la plateforme d’accès à la formation www.toutapprendre.com
5
Depuis neuf ans, le Mange disque diffuse l’amour de la musique à travers l’Auvergne, en une soixantaine de belles
Denis Couderc
pages. Passer sur Internet ? Fi donc !
quoi de neuf ?
6
« O
n est très bien, à travailler
dehors, en pleine nature ;
bien sûr, on dépend du
temps qu’il fait », dit John.
Pour Jean-François Petoton,
qui s’occupe des chantiers
agricoles de l’ADSEA (voir Exclusif n°21) et l’a orienté
vers cette activité, « ces jeunes hommes se sont bien
impliqués dans ce travail parce qu’il y a une liberté qui
leur convient. » En effet, ils ne se contentent pas de
faire les vendanges, tâche qui, dans notre région, est
déjà largement mécanisée. Salariés saisonniers de trois
vignerons, ces jeunes gens du voyage ont appris d’eux,
en trois années et avec l’aide de Jean-François pour les
aspects théoriques, les techniques de taille de la vigne
– les deux plus courantes ici sont la taille en cordon de
Royat et la taille Guyot –, ainsi que beaucoup des ficelles
de ce travail noble de l’agriculture.
C’est un long apprentissage sur le terrain, plus qu’il n’y
paraît, mais « Benoît (le patron du jour, ndr) explique
bien ». La taille est le plus long des travaux du vigneron, de
fin novembre à fin mars. Et il est délicat, avant l’ébourgeon-
En France, depuis la légalisation de la contraception et de l’avortement, les femmes peuvent
vivre leur sexualité indépendamment de leurs projets de grossesse. Pourtant, elles sont
encore 230 0 00 à subir une IVG chaque année.
Contraception : apprendre et choisir
plus de 2000 consultations gynéco au service de santé universitaire
Pas de profil-type
Avec chaque première pilule, la jeune femme se voit
prescrire une pilule du lendemain qu’elle aura en réserve.
Les infirmières savent que les copines se dépannent
quelquefois entre elles. Le plus difficile pour Agnès et
Virginie, ce sont les lendemains de soirées arrosées,
quand certaines jeunes filles viennent avec un risque de
grossesse ou d’Infections sexuellement transmissibles
(IST). Certaines fois, elles ne se souviennent plus si elles
ont eu des relations sexuelles et avec qui. L’alcoolisation
rapide et massive est un des problèmes les plus graves
auquel le SSU doit faire face.
Quand il y a un choix d’interruption de grossesse, le
SSU peut prescrire une IVG médicamenteuse. Mais les
médecins s’assurent pour cela que la jeune fille ne sera
pas seule pour l’expulsion du fœtus et qu’elle supportera
Service Santé Université, campus des Cézeaux (04 73 40 70
22) ; UFR STAPS (04 73 40 75 43) ; UFR Lettres, langues et
sciences humaines (04 73 34 66 00) ; cité universitaire Dolet
(04 73 34 97 20)
cette épreuve. Dans le cas contraire, et même si la jeune
fille est dans les délais, ils peuvent préférer la renvoyer
auprès d’un hôpital. Il n’y pas de profil-type de l’IVG :
c’est le résultat d’une absence ou d’un accident de
contraception, de soirées alcoolisées… Cela n’a rien
à voir avec la profusion d’informations à disposition.
C’est un « incident dans un moment de vie », marquant
pour la jeune fille : si pratiquement aucune étudiante
ne demande à consulter un psychiatre ou un psychologue au moment de l’IVG, nombreuses sont celles qui
éprouvent le besoin d’en parler plus tard, quelquefois
des années après. 7
« Q
uand une jeune fille se présente, quelle que soit la
demande, on aborde avec elle un panel de sujets comme
l’état de santé général, le tabagisme et la contraception »,
expliquent Agnès Lafont et Virginie Lavin, infirmières au
Service Santé Université (SSU). Ce dernier a reçu l’an
dernier près de 6 700 étudiants en consultation, dont
un tiers en gynécologie.
Ici, les consultations sont gratuites ; 95 % de celles
concernant la contraception sont féminines. Les demandes portent autant sur une première contraception que sur son renouvellement. Pour la majorité des
étudiantes, contraception est synonyme de pilule. Mais
l’usage de l’implant ou du stérilet augmente car de plus
en plus de jeunes femmes ne veulent plus entendre parler
de pilule et d’hormones. C’est un mouvement qu’Agnès
Lafont et Virginie Lavin rapprochent d’un phénomène
plus général de recherche du naturel. Malgré tout, le
préservatif reste mal aimé, et des deux sexes.
Les infirmières écoutent toutes les demandes ; pour
elles l’important est « d’essayer de trouver la meilleure
contraception pour chaque personne ». L’essentiel est
qu’elle s’approprie des connaissances et qu’elle fasse
ensuite son choix. Pour cela, il faut quelquefois partir
de très loin et revoir les bases de l’anatomie : malgré
les cours au collège ou Internet, de très nombreuses
jeunes filles méconnaissent leur propre corps. « Même
des étudiantes en médecine ! » Les infirmières doivent
aussi se battre contre l’idée de norme, tant du corps que
des pratiques sexuelles.
Sabine Carénou
principales lois
La loi du 28 décembre 1967, dite loi Neuwirth, autorise la
contraception et supprime des dispositions législatives antérieures qui l’interdisaient. La loi du 17 janvier 1975, dite loi
Veil, autorise l’interruption volontaire de grossesse en France
et fixe les grands principes régissant sa pratique. La loi du 31
décembre 1982, dite loi Roudy, accorde le remboursement
de l’IVG par la Sécurité sociale. La loi du 13 décembre 2000
ne soumet plus à prescription obligatoire les médicaments
ayant pour but la contraception d’urgence qui ne sont pas
susceptibles de présenter un danger pour la santé.
phm
mourir d’avorter
N
Marie de Oliveira
icole a aujourd’hui 81 ans ; elle est la mère de quatre enfants « dont trois conçus en trois
ans et trois semaines ». C’était avant la loi Neuwirth sur la contraception. « Si j’avais pu,
je ne les aurais pas eus d’affilée. Les grossesses qui se succédaient, c’était la hantise de
toutes les femmes. » Nicole n’a pas avorté, peut-être parce qu’elle a vu sa belle-sœur Josette
en mourir. Elle se souvient : « Elle est morte chez elle en 1965, à 35 ans, des suites d’un avortement clandestin pratiqué par une faiseuse d’ange. » C’était le dixième avortement d’une
funeste série qui avait commencé quinze plus tôt, après la naissance de son deuxième enfant.
Nicole a entendu Josette dire à maintes reprises : « J’y laisserai ma peau, mais je n’en veux
plus d’autre. » À l’époque, personne ne savait s’y prendre : « On parlait d’aiguilles à tricoter,
c’était du bricolage, ça ne pouvait que se terminer mal. » Avant de mourir, Josette avait été
hospitalisée plusieurs fois en urgence pour des hémorragies et des infections. « Il m’est arrivé
d’aller la voir à l’hôpital, elle était brûlante ! » Josette avait toujours caché ses grossesses à son
entourage, c’était un sujet tabou. Après son décès, son mari fut convoqué et entendu par la
gendarmerie. Dans la famille ce fut un drame : « Mon frère n’en parlait jamais, il s’est replié sur
lui-même, il a délaissé ses enfants qui se sont éloignés de lui. »
À partir de la loi Veil, les femmes ont pu subir des IVG en sécurité. Nicole se souvient de la
réaction de sa nièce : « Elle était contente et répétait : si Maman était encore là ! ». Une maman
qui a payé le prix fort pour une liberté que, depuis cette loi, sa fille connaît.
Les sanctions financières
8
quoi de neuf ?
nous revenons sur les équipes pluridisciplinaires du rsa, dont la fonction pose de nombreuses questions et sus
Quelles équipes pluridisciplinaires ?
Jean-Louis Borie, avocat et Camille Rigal, avocate stagiaire, éclairent les zones d’ombre du texte de
loi concernant les équipes pluridisciplinaires du RSA. en particulier sur le mode de représentation
des allocataires… très variable à travers la France !
Didier Gouvignon et Denis Couderc
L
es lois votées sont, en général, complétées et précisées par des décrets ou
des arrêtés ministériels. Celle sur le RSA
ne l’est pas sur ce point de la représentation des allocataires sur lequel elle a
été accompagnée de simples circulaires. « Elles
sont un point de vue de l’administration sur les
modalités de la mise en place de la loi, pas un
rajout à celle-ci, » précise Me Borie. « En clair, les
décisions sur la manière dont sont représentés
les allocataires du RSA sont dans les mains du
président de chaque Conseil général. »
C’est pourquoi, dans chaque département,
cette représentation est organisée de façon
différente et même très variable. Dans notre
dernier numéro, nous avons présenté celles
en cours dans le Cantal et le Puy-de-Dôme,
bien distinctes. La Haute-Loire procède d’une
façon encore différente : après un tirage au sort
(en 2011) et des réunions d’information, les
personnes intéressées se sont fait connaître et
ont été mandatées pour deux ans par le Conseil
général ; un deuxième mandat a commencé en
juin 2014. Actuellement, un “groupe ressources”
est en cours de constitution, qui pourrait fournir
de nouveaux représentants, car ils se font plus
rares. Dans l’Allier, un “groupe ressources” est
constitué d’allocataires du RSA. Parmi eux, des
personnes sont désignées pour participer aux
équipes pluridisciplinaires, et d’autres pour
évaluer les dispositifs d’insertion. Quant aux
premières, le règlement intérieur prévoit la
participation de deux représentants relevant
du territoire de l’EP (2 titulaires, 2 suppléants).
Mais en réalité, on n’en est encore qu’au stade
du projet : cette représentation doit se concrétiser prochainement.
Contestation possible… mais motivée !
Que ce soit pour une sanction sur le RSA ou une
autre décision (de réorientation, par exemple),
« l‘avis de l’EP n’est que consultatif, » insistent les
deux juristes. La décision est toujours prise en fin
de compte par le président du Conseil général.
Ces décisions peuvent être contestées par les
personnes intéressées lorsqu’elles n’en sont
pas satisfaites, en saisissant le Tribunal adminis-
tratif, comme il est précisé sur les documents
qu’elles reçoivent. Mais encore faut-il avoir des
arguments.
Certaines irrégularités peuvent apparaître,
comme l’absence de ce fameux représentant
des allocataires RSA, ou encore dans l’envoi de la
convocation à l’EP : « En droit, c’est l’expéditeur
qui doit prouver son envoi et pas le contraire. »
Donc l’accusé de réception semble obligatoire
avant de sanctionner quelqu’un pour ne pas
s’être présenté à une EP.
La sanction peut donc, dans ces cas, être contestée en saisissant le tribunal, ce qui ne suspend
pas la décision, sauf si en parallèle le tribunal est
saisi en “référé suspension” « Mais il faut motiver
le dossier et constituer un mémoire, sinon on
a toutes les chances de se ramasser, » précise
l’homme de loi : « je conseille vivement de se
faire assister par un avocat, en demandant une
aide juridictionnelle (gratuité). On peut trouver
un avocat auprès de l’Ordre des avocats1. Pour
un combat égal ! » Avec 100 euros en moins sur
son RSA, cette aide sera d’autant plus facilement
accordée au “bénéficiaire” sanctionné.
1. 16 place de l’Etoile, tél. 04 73 37 39 04, www.barreau-clermont.avocat.fr/
Légitimité ?
Denis Couderc
Les pages des n° 40 et 41 d’Exclusif abordant le sujet des équipes pluridisciplinaires du RSA ont suscité
beaucoup de réactions. De ce fait, l’association AC ! 63 a évité de répondre à notre nouvelle demande
d’interview. Le Conseil général nous a communiqué les informations chiffrées que nous sollicitions :
jusqu’en février 2014, 436 convocations au total avaient été envoyées. Elles avaient abouti à 198
sanctions de retrait de 100 euros sur le RSA.
À notre avis, ce sujet mérite une réflexion approfondie, à laquelle nous avons donc consacré ces deux
pages. Sur le fond, certaines questions se posent :
Est-ce qu’une sanction financière (ou la menace de…) à l’égard d’une personne allocataire du RSA est
un outil social et pédagogique légitime, d’une part, et efficace d’autre part, pour stimuler son insertion ?
Alors que la plupart des citoyens – y compris les scolaires, c’est-à-dire des mineurs – élisent leurs
représentants dans différentes instances, depuis le conseil de classe jusqu’à l’Assemblée nationale,
est-il vraiment inconcevable que les allocataires du RSA fassent de même pour les EP ? Est-il légitime
que des “représentants” ne soient en rien désignés par les soi-disant “représentés”… qui, dans notre
département, sont plus de dix mille personnes ?
phm
Quinquennat
LA politique des Vil-e-s
10
quoi de neuf ?
En face de la gare clermontoise, le squat de l’Hôtel des Vil-e-s fonctionne depuis 2009 au rythme
de ses activités culturelles, artistiques et sociales. Retour sur un état d’esprit qui explique
cette longévité… et qui a dû résister aux balles.
Julien Landeau
C
onvivialité matinale autour d’un
café, dans la cour de l’Hôtel des
Vil-e-s (Hdv) : on sent l’effervescence du printemps qui arrive,
même si ce jour-là quelques
nuages contrarient le travail du
soleil. Cécile, Christophe et Maryla, habitants
ou acteurs du lieu, décrivent l’évolution de
l’ancienne auberge de Jeunesse devenue squat
(voir Exclusif n°31).
En cinq ans, l’organisation s’est rodée mais se
perfectionne encore. Pour les habitants, la vie
commune en squat reste une expérience où
chacun apprend de l’autre. L’équilibre entre
chaumière douillette et ouverture au public est
une alchimie importante : il peut être difficile de
partager son espace vital avec les événements
tels que des concerts ou des expositions. Plus
encore lorsque, le 17 janvier, des coups de
feu sont tirés depuis la rue lors d’un concert
de soutien à deux étudiantes demandeuses
d’asile, faisant deux blessés…
« Le “noyau dur” de l’Hdv, c’est d’abord une
quinzaine de personnes qui “s’autologent” ici.
L’idée, c’est un squatt qui ne se referme pas sur
lui-même : quelles que soient les activités qui
s’y passent, on ne se ferme pas. » Ils mettent
à disposition des pièces pour que des artistes
puissent travailler, comme tout récemment
une compagnie de cirque toulousaine. Danse,
arts plastiques, musique… On élargit même les
activités au bricolage de vélos, avec un atelier
prévu à cet effet.
Orchestre sans chef
L’habitation, la culture… le dépannage aussi.
« Comment laisser les gens galérer dans la
rue ? » Du coup, les dortoirs de l’ancienne auberge de jeunesse se sont transformés en lieu
d’accueil pour les personnes en mal de logement. Quand le 115 annonce au téléphone qu’il
n’y a pas de place dans les centres d’hébergement d’urgence, certaines trouvent ici une porte
D
ans la nuit du réveillon du 1er janvier 2012, suite
à une altercation avec eux, Wissam El Yamni est
interpellé par des policiers dans le quartier de la
Gauthière. Plus tard dans la nuit, il est conduit par
ces derniers à l’hôpital ; après 9 jours de coma, il y
meurt à l’âge de 30 ans.
Le quartier connaît des troubles dès les jours suivant l’interpellation.
Pendant plusieurs nuits, des hélicoptères patrouillent au dessus de
la Gauthière, l’éclairent à coups de projecteur (voir Exclusif n° 34, 35
ouverte. Même avant la crise de l’hébergement
d’urgence, début septembre, l’Hdv a souvent
été une roue de secours. Il arrive aussi que des
touristes arrivent à Clermont-Ferrand pensant
trouver là une… auberge de jeunesse, et certains restent pour se reposer quelques nuits.
« Il n’est pas toujours facile d’accueillir chez
soi des gens qu’on ne connaît pas », mais les
rapports se forment dans le respect des règles
de vie, « en autogestion ». Le principe est que
personne ne subisse pour les autres, donc
que chacun participe aux corvées. Ce n’est
pas toujours facile, mais une collectivité est
semblable à un orchestre, celle-ci sans chef, où
chaque musicien joue d’un instrument selon
son savoir-faire.
La vie ce n’est pas du cinéma, on y est tous à
la fois acteurs, réalisateurs et scénaristes. On
a l’habitude que la culture se fasse aussi tirer
dessus au sens figuré. Ici, elle se vit, se construit,
se partage et traverse les âges, depuis déjà
cinq ans…
Accompagner des personnes au chômage pour qu’elles apprennent différents métiers et obtiennent
un Certificat de qualification professionnelle, c’est ce que s’efforce de réaliser l’association Inserfac.
Jean-François Murol
forte proportion d’hommes ; la moyenne d’âge est de 43 ans – de
20 à 59, dont certains sont handicapés physiques. Et tous sont en
général des gens de bonne volonté », affirme Eric Gardarin. À la fin
du contrat, un Certificat de qualification professionnelle (CQP) peut
être validé par un jury – extérieur à Inserfac pour éviter le favoritisme.
Ce CQP peut faciliter la recherche d’un emploi. En effet, près de la
moitié des salariés en insertion trouve un travail ou une formation
après leur passage à Inserfac.
Bon anniversaire Fatmir !
D
epuis une vingtaine d’années un contrat unit la mairie
de Royat et l’association Inserfac. Eric Gardarin, chargé
du service espaces verts de la commune, s’occupe
depuis 2002 de trouver des chantiers d’insertion
pour cette association. Les employés, tous issus du
chômage, y travaillent durant une année, parfois
renouvelable.
Au nombre de huit, plus un encadrant, ils effectuent différents
travaux : manutention, menuiserie, charpente, maçonnerie, peinture, dallage et entretien d’espaces verts. Exception : l’électricité
et la plomberie reviennent à des ouvriers qualifiés. « Les travaux
physiques ne sont pas trop faits pour les femmes, donc il y a une
De haut en bas
et de gauche
à droite :
dans le parc
thermal, Robert
en pleine action, puis
Eric Gardarin et
Daniel ;
Lioma, Bruno
et Jonathan
En 2013, le chantier d’insertion a notamment restauré des salles
et des appartements de la ville, réalisé un escalier quart-de-rond
à côté du square de la Taillerie et dix jardinières en bois pour que
les enfants des écoles maternelles fassent pousser leur premiers
légumes, fruits ou fleurs. Certains des salariés ont bien voulu s’exprimer pour Exclusif.
Jonathan, le plus jeune (28 ans), prépare un projet d’encadrant.
« J’étais isolateur projeteur ; un soir, à trois minutes de la fin, j’ai fait
une chute de plusieurs mètres. Après cet accident dont je me suis
sorti miraculeusement, ma boite n’a pas voulu me reprendre. » Eric,
48 ans : « J’ai vécu de petits boulots à la Réunion, mais là-bas la vie
est chère ; je suis parti voici sept ans, j’espère trouver du travail après
mon passage à Inserfac. » Fatmir, 42 ans, marié et trois enfants, est
venu du Kosovo : « Pendant 12 ans j’étais tapissier ; et aujourd’hui (19
mars) c’est mon anniversaire. » Bruno, 33 ans : « Depuis novembre
2012 je travaille ici, pour un salaire de 834 euros. Quand je suis
arrivé ici, je n’avais aucune expérience, j’ai appris plein de choses,
j’ai mis un pied dans l’activité en douceur. Quant à l’avenir, j’ai un
projet dans le social. »
Tous s’accordent pour affirmer qu’il règne une bonne ambiance
au sein de l’équipe. Thierry, 30 ans, encadrant : « Charpentier de
métier, à la suite de problème de santé, j’ai travaillé sur un chantier
d’insertion, puis suivi une formation d’encadrant technique. Je pense
continuer ; j’ai une expérience sociale et le contact facile avec les
stagiaires, ça me plaît ». Richard, 37 ans, accompagnateur social, aide
les personnes pour les démarches administratives. « Auparavant,
j’ai travaillé 12 ans dans la grande distribution puis j’en ai eu marre,
j’ai suivi une formation de conseiller en insertion. J’aime le contact
avec les personnes, les rapports humains. »
11
c a n to n
d u
une cure d’insertion à Royat
canton s ’aime
t i t r e
Inserfac
créactif
12
U
ne partie des anciens
salariés des Volcans
a sauvé la librairie
clermontoise en
difficulté, promise
à la disparition faute
de repreneur. Le 18 août, après un
intense travail pour regarnir les
rayons, les 12 sociétaires de la Société coopérative et participative
(Scop) et 19 salariés accueillaient
de nouveau les clients après des
mois difficiles sur fond de rideau
baissé. La première semaine d’ouverture a attiré un monde fou,
« au-delà des espérances » se réjouit Maxime Lotier, l’un des deux
co-gérants. « Avec 950 clients par
jour, c’est comme si on était tous
les jours samedi. Et ils nous félicitent, nous encouragent, nous
expliquent qu’ils ont attendu… »
Les relations avec les fournisseurs
sont également excellentes. « Bien
sûr, nous étions un gros client ces
dernières années, mais on nous
accorde de belles remises et des
échéances exceptionnelles. Nos
fournisseurs y croient aussi fort
que nous. » Car malgré les embûches, les 12 sociétaires n’ont
cessé de voir dans cette entreprise
qu’ils connaissent bien un lieu nécessaire… et viable.
« On sait ce qui n’a pas marché
auparavant, expliquent Rosa Da
Costa et André Hébrard. On aura
une autre vision des choses. On ne
peut plus dissocier le commerce
classique d’internet : site, blog,
réseaux sociaux… Jusqu’ici on
faisait de la pub pour un site qui
n’apportait rien à la librairie. On
va développer le livre d’occasion,
le disque vinyl, les fournitures
pour les beaux-arts. On veut aussi ménager plus de convivialité,
avec une machine à boissons par
exemple, pour que les gens aient
envie de rester. » Ils ont rencontré
beaucoup d’acteurs culturels, avec
l’ambition d’en devenir un et de
tisser des partenariats avec les
salles de spectacle, la Comédie…
« Chaud au cœur »
Ce souhait de « revenir aux fondamentaux d’une librairie humaine
et vivante » était commun à tous
ces collègues. « On s’est redécouvert, s’étonne André. Je trouve
chez certains une motivation que
je ne soupçonnais pas. C’est une
belle aventure collective. »
« Quand on voit, note Rosa, comment le collectif est mis à mal
dans le monde du travail… Une
3
collègue dit que pendant toutes
ces années, on a été lobotomisés, infantilisés. Et en quelques
semaines, on a préparé un profil
d’entreprise : ça prouve les capacités que peuvent déployer des
salariés. »
Aux yeux d’Arnoult Boissau, de
l’UR Scop (voir ci-contre), « le statut de Scop est tout à fait adapté.
» Il fallait 1,4 million d’euros pour
racheter le stock. Les associés
en apportent 300 000 avec leurs
indemnités de licenciement et
de chômage. Le reste vient de
l’association les Amis des Volcans
(80 000), d’organismes de l’économie sociale et solidaire (380 000),
du Conseil régional (70 000), du
Centre national du livre et de l’Association pour le développement
de la librairie de création (150 000,
en prêt), et de deux banques (200
000, en emprunts). Elles n’avaient
pas de raisons de renâcler : les
associés sont motivés à 300 %,
livres jeunesse : le 1er à vapeurs, un
livres
livre gonflé aux “prouts”. Couleurs chaudes
pour troubles intestinaux, effets inattendus et
poétiques : « prout de cantatrice, panique en coulisses ». Les enfants adorent Prout de pompier, de Noé
Carlain, Anna-Laura Cantone, éditions Sarbacane,
dès 3 ans.
Le 2e à initiales : dans Le Géant et le Gigot, les
habitants de la forêt mangent les aliments à leur
initiale : le bûcheron des betteraves, la poule de la
pizza et le rat de la raclette… on vous dit pas tout.
ils s’entendent bien. Et la librairie
compte sur la clientèle des médiathèques et des collectivités, 20
% de son ancien chiffre d’affaires.
Elle bénéficie également d’un capital sympathie auprès d’un public
très mobilisé. « Le site des Amis
des Volcans a reçu 6 000 visiteurs
en six semaines, dit Rosa. On a
reçu des dons et beaucoup de
courriers de soutien, ça fait chaud
au cœur. » Une souscription a facilement réuni le double des 20 000
euros espérés. Outre une baisse du
loyer (de 305 à 236 000 euros/an),
les charges diminuent aussi des
170 000 euros versés auparavant à
la plate-forme du groupe Chapitre.
Par la suite, « l’idée n’est pas d’accumuler les bénéfices » insiste
Rosa. Ils seront équitablement répartis entre les salariés - qui pourraient devenir un jour associés -,
les associés et le capital. Associés
et salariés sont tous au niveau
de la con96 Sment r jourlèqu collec9
De Christian Oster, Illustrations d’Audrey Poussier,
l’École des Loisirs, à partir de 7 ans.
Le 3e à contrepied, les Anticontes de fées revisitent Le Chaperon rouge, Barbe-bleue et La Belle
au bois dormant. Mais en y changeant un seul
mot… ça dégage ! Dessins drôles, parsemés de
transgressions, en toute précision ludique, absurde
et jubilatoire. À L’École des Loisirs, dès 7 ans.
A lire sur journal.exclusif.org
Scops en stock
Les salariés d’une Scop ne subissent pas la pression des actionnaires puisqu’ils sont aussi les actionnaires.
A
u quotidien, une société coopérative
et participative – ou Scop – ressemble dans son fonctionnement
à une entreprise classique : un organigramme, des salariés munis d’un
contrat de travail, un gérant qui dirige. Mais
elle est particulière car les salariés sont aussi
sociétaires, c’est-à-dire qu’ils ont participé au
capital. Avec cette casquette, ils se réunissent en
assemblée générale annuelle, pour demander
des comptes au gérant sur l’exercice écoulé et
décider des grandes orientations pour l’avenir.
Dans cette assemblée, chaque personne dispose d’une voix pour voter les décisions. En cela
son fonctionnement est démocratique. Mais «
il ne faut pas confondre avec l’autogestion »
souligne Arnoult Boissau, directeur de l’Union
régionale des Scop et Scic d’Auvergne.
Autre particularité de la Scop, le partage des
bénéfices : « Sa “carte génétique” prévoit qu’une
partie des bénéfices revient aux salariés et une
autre va aux réserves de l’entreprise, pour assurer son indépendance. Il n’y a pas d’obligation
de rémunérer les parts sociales. »
Une Scop embauche des salariés si elle le souhaite. Ils ont naturellement vocation à devenir
associés. « Tout salarié embauché peut frapper
à la porte du sociétariat, sans que ce soit automatique. » Une Scop qui ne jouerait pas le jeu
risque son statut. Et les avantages qui vont avec,
comme la fiscalité avantageuse ou l’accès pour
le dirigeant à un statut de salarié, et au bénéfice
d’une couverture chômage.
Révolution culturelle
L’Auvergne compte 66 coopératives. Cinquante
sont des Scop, les autres des Scic (Sociétés
coopératives d’intérêt collectif ) – au sociétariat desquelles peuvent figurer bénéficiaires,
collectivités publiques, associations – ou des
CAE (Coopératives d’activités et d’emploi), statut
protecteur pour les entrepreneurs individuels
qui démarrent.
Certaines comptent des dizaines de salariés-associés, comme Fontanille Scop, au Puy-en-Velay.
À 46, ils ont repris en décembre 2012 cette
manufacture de dentelles, bande élastique
et tissus techniques qui était en liquidation
judiciaire. Elle a redémarré avec des salariés
particulièrement impliqués dans le développement de leur entreprise.
« Toutes les entreprises en difficulté ne sont pas
sauvables, et toutes celles qui le sont n’ont pas
vocation à devenir des Scop » estime Arnoult
Boissau. Mais il remarque que cette forme juridique pourrait être utile dans la région. « Je
crois que dans le réseau des PME familiales, il y
aura des successions possibles en Scop. Nous
manquons d’entreprises de taille intermédiaire.
D’autre part, il est nécessaire que les centres
de décision des entreprises demeurent localement. Ça nécessite une révolution culturelle, en
particulier pour que les gens n’aient plus peur
d’entreprendre. »
Union régionale des Scop et Scic d’Auvergne,
10 rue Henri Becquerel BP 123, 63110 Beaumont,
tél. 04 73 26 20 37 , www.scop-auvergne.coop
Code Couleurs dans le vert
Romain
D u c h e r,
Eric Marguin,
Marion
Rozé et
(assise)
Françoise
Desmartin
Les trois fondateurs de
l’agence de communication Code Couleurs, de
Vic-le-Comte, ont choisi
pour leur entreprise une
forme juridique qui en
garantit le fonctionnement démocratique.
Jean-David Bouvier et Christophe Grand
I
ls sont logés dans la petite
zone d’activité de Vic-leComte, au premier étage
d’un petit bâtiment aux allures de cabane, avec sa vêture de bois. Ils travaillent
dans une même pièce meublée
de quatre bureaux, d’autant
d’ordinateurs, d’une minuscule
table ronde pour offrir le thé
aux visiteurs de passage. C’est
tout. Serait-ce le modèle de
l’entreprise (post-dématérialisation) de demain ?
« Nous sommes une agence
de communication, expliquent
Marion Rozé et Françoise Desmartin, deux des trois fondateurs de Code Couleurs. Nous
créons des logos et des chartes
graphiques, développons des
sites web, imaginons des supports imprimés, plaquettes,
catalogues… » L’agence travaille beaucoup avec Inter-
net mais les jeunes associés
aiment le contact direct avec
leurs clients. Ils se déplacent et
reçoivent autant que possible.
connus à Appuy Créateurs
Cette entreprise, née en janvier 2013, est singulière dans
son statut : il s’agit d’une Scop,
Société coopérative et participative, dans laquelle les trois
associés ont un pouvoir égal.
Elle fonctionne selon une philosophie commune aux trois
associés. « On n’est pas là pour
s’enrichir mais pour que l’entreprise soit pérenne et qu’on soit
satisfait du travail fait. On est
d’accord sur la répartition des
bénéfices, personne ne pilote
plus que les autres », explique
Marion, qui précise que son
titre de gérante n’est qu’une
formalité administrative.
Tous les trois se sont rencontrés
à Appuy Créateurs, une coopérative d’activités et d’emploi
(CAE) qui accompagne des
jeunes créateurs d’activité
dans leur projet. Elle en compte
une centaine parmi lesquels les
créateurs de Code Couleurs ont
trouvé l’essentiel de leurs premiers clients. « Nous n’avons
pas créé Code Couleurs à partir
de rien. Nous avons bénéficié
de la solidarité au sein d’Appuy
Créateurs ».
L’agence, depuis sa création, a
trouvé des projets importants
en Alsace et en Picardie. Un
salarié vient même d’être embauché.
Code Couleurs, Zac Les Meules, Vic-le-Comte (63),
tél. 09 72 44 54 67, www.agence-codecouleurs.fr
Appuy Créateurs, tél. 04 73 93 02 29, www.
appuy-createurs.fr/
13
Christophe Grand
quoi de neuf ?
14
naturel”, portes ouvertes
Infos : www.journeesdupatrimoine.culture.fr/
6 septembre
Fête de l’ortie et du miel
Saint-Ignat
Infos : 04 73 63 85 42
et courrriel [email protected]
Jusqu’au 28 septembre
Horizons
Land art dans le Sancy : 11
créations “grandeur nature” à
découvrir dans le massif.
Infos : www.horizons-sancy.
com/
20 et 21 septembre
Journées du patrimoine : “Patrimoine culturel, patrimoine
Samedis 27/09, 18/10, 22/11
Soirées à la Lampisterie,
Bayard, Brassac-les-Mines :
Kebous (rock français), puis
Pan ! (danse contemporaine),
puis Triorigami (musique
classique, harpe et basson)
Infos : prix 6 à 12 euros au
choix ; 04 73 54 96 87, lalampisterie.blogspot.com, [email protected]
Jusqu’au 30 septembre
Exposition de Kim En Joong
Arts plastiques
Issoire, 19 rue du Palais.
Infos : 04 73 55 35 59 et [email protected]
Jusqu’au 19 octobre
Hubert Le Gall, design en
liberté
Expo à Riom, musée Mandet,
14 rue de l’Hôtel-de-Ville.
Infos : 04 73 38 18 53, www.
facebook.com/MuseeMandet
2 et 3 octobre
Festival Musiques trad.
Lempdes, Espace 2Deuche
J 2 : Le Trottoir d’en face, 8
cuivres et guitares acoustiques
V 3 : Les Modigan’s, trio féminin, et O
Suite du dossier du n°41 : les médiateurs
Passeurs de culturE
On les appelle “médiateurs culturels” : Chargés de faciliter le contact entre l’œuvre, les savoirs, le patrimoine et le
public, ils sont aujourd’hui très présents, Sans pour autant bénéficier d’une véritable reconnaissance.
« F
avoriser l’accès des gens à la culture. »
C’est ainsi que Natacha Sauzion, médiatrice
culturelle au Centre Ressources Illettrisme
(CRI), s’efforce de définir le métier de
médiateur culturel. Car si son apport est
désormais une évidence pour les acteurs
de la culture, ses contours paraissent incertains. En bref, une profession
jugée utile mais mal cadrée.
« En ce qui me concerne, j’ai pour mission de développer le livre et la
lecture dans les centres de formation et auprès des petits dans le cadre
de la lutte contre l’illettrisme. » Pour cette jeune femme de 26 ans en
CUI, la tâche est claire : par quels moyens peut-elle amener des publics
éloignés du livre à la lecture et, au-delà, à s’ouvrir plus largement à la
culture ? « Il s’agit en fait de rétablir un équilibre essentiel : chacun a
droit à cette culture » rappelle-t-elle.
©Boissau
Publics divers, approches variées
7
8
9
a
b
c
d
e
f
g
h
HORIZONTALEMENT
A- www.
B- Les lecteurs d’Exclusif ne veulent pas le dire à leur journal.
C- Un support incontournable pour votre publication préférée –
Pratique pour faire le tour d’un cercle.
D- Court dans le Loiret – Très fashion pour aller au bal en pantoufles,
au temps de Cendrillon.
E- Bougeant.
F- La mienne – Pas le meilleur moyen pour faire du tourisme à Paris.
Demie jupe pour une danseuse.
G- Adorée.
H- Aristide, à une lettre près – Otorhinolaryngologie.
I - On peut être fagoté comme celui de pique – Essayas.
VERTICALEMENT
1- Fera un journal sur papier.
2- Symbole chimique de l’or – Vieilles habitudes.
3- Frapper ou emprunter – Un département qui manque d’« r ».
4- Publièrent, sur papier bien sûr !
5- Colère en vrac – Col des Pyrénées.
6- Fine sur la feuille.
7- Dupé – Fleuve que seuls connaissent les cruciverbistes ! – Eructation.
8- Picolera (se).
9- Les journaux qui le sont, sont-ils vraiment des journaux ?
SOLUTIONS DES MOTS CROISÉS Ici se cachent les mots employés dans la grille ci-dessus
pi
nervure
RN
ovin
ma
ecot
testas
mente
va
rer
clave
veneree
laine
virtuels
AIRE
aa
Au
Proposés par Mo.B.
sec
ailier
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remuant
editerent
dopa
6
ans
us
ruant
papier
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Dans ses ateliers, Natacha propose d’autres façons d’aborder le livre,
loin des habitudes scolaires. Elle s’efforce d’en faire une passerelle,
parce qu’il demeure « un bon moyen pour motiver et redonner l’envie d’apprendre ». Même à ceux pour qui la lecture est souvent
associée à l’école et l’échec. La médiation servirait ici « à provoquer
la rencontre », qu’elle soit directe (lien avec le public) ou non (développement de projets et mise en relation des acteurs culturels
porteurs de ces projets). Parmi ses contacts, nombreux sont les
professionnels du livre, bien sûr, mais également les structures sociales.
Autres cas de figure, autres stratégies pour Élise Plumey et Jean-Paul
Dupuy, médiateurs (au statut de fonctionnaires) au musée Mandet de
Riom . Ici, il s’agit d’abord d’amener des publics différents à une meilleure approche des œuvres, en composant avec des contraintes qui ne
sont pas les mêmes selon les classes d’âge. « Les enfants, par exemple,
n’ont souvent aucune référence artistique et il faut leur apporter des
bases tout en tenant compte du contenu des programmes scolaires,
afin de conserver une certaine cohérence » explique Jean-Paul.
La mission implique, dans l’idéal, un échange avec les professeurs,
même si le temps manque souvent. De fait, l’organisation des actions
n’est pas toujours simple. « On doit en permanence s’adapter aux
rythmes scolaires » souligne Élise. Une difficulté incontournable car
les élèves représentent une part importante du public du musée.
Alors les médiateurs multiplient les approches : collaboration avec des
artistes, mise en place d’outils dans les classes… Jean-Paul détaille
: « On utilise les collections du musée pour rebondir vers d’autres
sujets, comme la littérature par exemple. Avec les petits, on privilégie
la simplicité, on cherche à être ludique. »
Même s’ils apprécient les possibilités offertes par la structure, Élise
et Jean-Paul constatent un resserrement des budgets qui sonne
comme un non-sens. « On veut recevoir toujours plus de classes au
musée pour glaner plus de subventions. Et dans le même temps, nos
moyens se réduisent. »
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Site : http://journal.exclusif.org
Directeur de publication : Yves Armandet
Webmaster : Christophe Blaize
Rédaction en chef : agence Par écrit : Michel Bresson, Denis
Couderc, Corinne Dupasquier, Christophe Grand, Florence Plane
Rédaction et photos : Sébastien Juillard, Bruno Michaud
et Valérie Peyrac, avec Monique Bayol, Jean-David Bouvier,
Sabine Carénou, Marie de Oliveira, Nicolas de Saboulin, Didier
Gouvignon, Julien Landeau, Marc Leclerc, Jean-François Murol,
Mickaël Peauger et Anaïs Pommier.
Merci à Rémi Boissau, photographe, et à Ricky (idée du dessin p. 2)
Illustrations : Pierre-Henri Malartre
Impression et routage : De Bussac, groupe Drouin
Tirage : 13 000 ex. - Dépôt légal : septembre 2014
Commission paritaire : en cours
N° ISSN : 1762-4568
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Sébastien Juillard
« U
n jour, une cliente m’a demandé une
“baguette solidaire”. J’ai été séduite
tout de suite par ce concept, que
j’applique depuis le mois de janvier.
Je note le nombre de baguettes
offertes sur une ardoise et les donne
aux clients dans la misère qui en font la demande. » Sonia, gérante
du dépôt de pain L’instant gourmand à Cournon1 n’a pas attendu
cette nouve2</< e351 spurn 2(exprimer sagérn351r)80.42(osi)10.1(e351 10.12. )E12.2(e</< -5( )]tj
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