le journal qui ne s`use que si l`on s`insère
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le journal qui ne s`use que si l`on s`insère
? numérique exclusif Telle est l’alternative que le Conseil général du Puy-de-Dôme impose à l’association Exclusif. En clair, le journal ne doit plus laisser de trace papier mais être diffusé sur Internet, sous format numérique. 2 dos s EDITO ier en ExclusiF sur internet ? Se soumettre ou disparaître Exclusif, c’est en dix ans plus de six cents pages, un millier d’articles, 55 stagiaires-reporters, 18 salariés en contrat aidé. C’est aussi et surtout 13 000 exemplaires adressés chaque trimestre à des allocataires du RSA. L’addition, s’il vous plaît : 170 000 euros par an de fonds publics. Aujourd’hui, il est question de réduire cette somme d’un tiers en remplaçant ce journal imprimé par une diffusion numérique, sur Internet. Denis Couderc Le Conseil général, qui subventionne cette action collective d’insertion, a pris là une décision unilatérale fondée sur des motifs exclusivement financiers. Pourtant, des études ont démontré que le numérique générait des coûts parfois ignorés ou mal évalués, que ce soit lors de la transition vers cette nouvelle forme de support ou lors de son exploitation. Encore une fois, c’est un raisonnement pyramidal qui dévale sur la tête des membres de l’association, des rédacteurs professionnels et des lecteurs du journal, sans laisser une once de dialogue. L’association Exclusif n’est pas viscéralement opposée à un support numérisé du journal. D’après une étude statistique, 86 % des allocataires du RSA disposent d’un accès à internet à leur domicile. Cependant il a été constaté que mode d’impression du journal et mode de lecture sont étroitement liés. La question centrale qui domine alors le débat est la suivante : le journal Exclusif sous ce nouveau support conservera-t-il son lectorat ? Les lecteurs sont-ils prêts à troquer le papier contre l’écran ? Loin de là une répugnance aux nouvelles technologies. Nous ne sommes pas non plus des “gutenbergistes” de la première heure, mais tout de même… Et le lecteur dans tout cela ? A-t-il son mot à dire ? Nous pensons que oui, et pour lui permettre de s’exprimer un forum (voir ci-dessous) a été ouvert sur notre site Internet – car nous en avons déjà un… Bernard Voldoire président de l’association Exclusif phm A u printemps 2000, l’agence de presse Par écrit, à Clermont-Ferrand, fut sollicitée par un élu et un “communicant” du Conseil général du Puyde-Dôme. Ils souhaitaient que les journalistes de l’agence accompagnent tout au long d’une manifestation départementale, Les Rencontres de l’Insertion, un groupe de neuf allocataires du RMI : pendant un mois, ils allaient écrire un journal consacré à ces Rencontres et au vaste domaine de l’insertion… Ce sont eux qui décidèrent de le nommer Exclusif. D’abord expérimental, ce journal devient, en 2003, le support d’une action d’insertion permanente, gérée par l’association Exclusif, subventionnée par le Conseil général. Rédigé par des personnes allocataires des minima sociaux, Exclusif est adressé par la poste aux personnes qui perçoivent le RMI dans le Puy-de-Dôme. C’est donc un journal trimestriel réalisé “par et pour” les personnes touchées par l’exclusion. Les responsables – bénévoles de l’association Exclusif ont une conviction : ceux qui subissent l’exclusion ont toute légitimité à parler et se mêler d’insertion sociale, professionnelle et culturelle, pour produire de l’information destinée à leurs “pairs”. Parfois, ils le font même avec une habileté particulière. 14 % de côté… au moins Encadrée par des journalistes, un photographe et une infographiste professionnels, l’équipe de rédaction comprend 14 participants “en insertion” : trois sont salariés en contrat aidé et onze sont “stagiaires”. Pour ces derniers, pas de sélection, ni par l’âge, ni par le niveau scolaire ou professionnel : toute personne au RSA peut venir “s’essayer” au travail de journalisme au sein d’Exclusif. Elle trou- Nous écrire à : Exclusif, 3 rue de la Treille, 63000 Clermont ou sur le site Internet : journal.exclusif.org Pour aller directement sur le forum ouvert sur le site, recopiez le lien suivant : http://journal.exclusif.org/thread.php?lng=fr&pg=671&fid=1&cat=1 vera un accompagnement pour aller en reportage, prendre des notes, faire des photos, rédiger un article… Les stagiaires ne sont pas salariés. Toutefois, ils sont rémunérés sous forme de droits d’auteur pour les articles qu’ils réalisent et qui sont publiés. Aucune chance de partir aux Bahamas avec les piges d’Exclusif : cette rémunération moyenne, cotisations sociales déduites, est de l’ordre de 170 euros par personne et par trimestre. Difficile de traduire cette somme en temps, mais un stagiaire assidu consacre à Exclusif une dizaine d’heures par semaine. Aujourd’hui, le Conseil général envisage la suppression de la version papier du journal et son remplacement par une version numérique. Ceux qui fabriquent Exclusif s’inquiètent et s’interrogent devant cette “dématérialisation”. Plus que projet de développement pour le journal, c’est la solution trouvée par les financeurs pour réaliser des économies. Vous, les lecteurs et lectrices allocataires du RSA, dont un sondage1 dit que vous êtes 86 % à disposer d’un accès à internet à la maison – ce qui pose des questions mais laisse de toutes façons 14 % de côté… Vous qui ne nous lisez peut-être pas toujours, pas souvent, pas du tout mais peut-être que vous y mettez les épluchures de légumes… Vous nous regarderiez, sur internet ? Une étude d’impact montrait en 2006 qu’Exclusif avait trouvé son lectorat. Huit ans plus tard, avec ce projet de “tout numérique”, nous craignons de le perdre. 1. Fait en septembre 2013, avec 300 entretiens téléphoniques avec des allocataires du RSA, par la société Asdo pour le Conseil général du Puy-de-Dôme. « Témoignages N o s l e c t e u r s n e p e r d e n t pa p i e r ! Propos recueillis par Monique Bayol, Jean-David Bouvier, Didier Gouvignon , Marie de Oliveira, Nicolas de Saboulin Exclusif en version papier fait « L’évolution numérique du journal Exclusif partie de mes loisirs. En revenant peut être pertinente. Mais je préfère avoir de mon travail, je me pose devant du papier dans les mains. » (Jonathan) un thé et j’épluche mon courrier, les publicités et je feuillette le journal. C’est le moment tranquille de ma journée. Sur Internet il y a trop de tentations et je suis vite distraite par d’autres choses. À part les titres d’actualité qui m’arrivent dès que j’allume mon ordinateur, je ne lis pas les journaux sur un écran et je ne peux pas emporter l’ordi aux toilettes. (Marion) ” « Exclusif, c’est un journal que je lis en entier. Le support papier est vital pour moi. Il est très important qu’il reste ainsi. S’il disparaît, tous ceux qui n’ont pas accès à Internet, les personnes âgées, les handicapés de la vie seront lésés. Ce journal redonne l’espoir à ceux qui baissent les bras. Quand je lis son contenu je le trouve admirable, je le compare à un phare, un guide qui me tire vers le haut. La preuve qu’il y a de l’espoir et que tout le monde peut rebondir. (Roberte, retraitée abonnée) « Je ne fais confiance qu’à mes yeux et mes oreilles pour m’informer. Je ne reçois plus –anormalement ? – Exclusif depuis des mois, mais je le lis à chacune de ses parutions avant de le passer. Je pense que la presse a besoin de son support papier, surtout Exclusif avec un public précaire, qui, lui, connaît la fracture numérique. Un journal papier, on en parle, on échange, on discute ; sur Internet, je recherche des infos mais je suis seul. Donc, qu’Exclusif reste un journal papier pour qu’il puisse continuer à nourrir nos discussions sociétales. » (Boris, RSA) « Je reçois Exclusif et j’aime mais je ne le consulte jamais numériquement. Je pense qu’Exclusif est, pour le département un bon “zine” intéressant qui traite de sujets assez “couillus” dont les autres journaux n’ont que faire. Si par “erreur” il devenait exclusivement numérique, il perdrait totalement sa fonction première qui est, pour moi, le traitement d’idées, d’infos, de solidarité. Cela ne ferait que couper les gens d’une forme d’infos qu’ils n’ont pas. Oui au papier, non au numérique. » (Karine, RSA) “ phm C’est la presse papier qui m’informe et certains sites alternatifs (Indymédia…). Je lis Exclusif à chacune de ses sorties uniquement sur papier puis je le donne à un ami. Mon abonnement à Exclusif est un acte de soutien. Le tout numérique, cela risquerait d’exclure un peu plus les personnes en situation de précarité car ce journal est un moyen, pour ces dernières, d’avoir un lien social et, aussi, d’être informées. (Sébastien, abonné) Exclusif en format numérique ? « C’est stupide, il va se trouver dans la masse d’informations, je ne le lirai plus ! J’aime avoir le papier dans les mains. » (Marylin, abonnée) ” » « Mes sources d’infos fiables sont les journaux auxquels je suis abonné. Je lis Exclusif dans plusieurs endroits, mais jamais sur Internet, puis je le laisse sur une table d’un lieu public. Exclusif tout numérique ? Je risque de ne plus jamais le lire… » (Stéphan, lecteur occasionnel) « Quand j’ai besoin d’informations, en général je vais plutôt chercher sur le Net une revue de presse sur une info précise. Un truc assez “dégueu” dans le développement journalistique actuel sur Internet, c’est l’ouverture aux commentaires. La proposition écrite n’est plus le fait de journalistes, ce sont des gens “en mode troll” (qui viennent lancer ou alimenter artificiellement une polémique, ndr). Ils mettent la moitié de l’info, en attendant la surenchère. Ces journaux n’ont pas intérêt à l’apaisement qu’apporte une info complète : mieux vaut que ça s’enflamme, parce que ça attire la pub ! En fait, c’est un nouveau mode de survie économique du journalisme, qui aboutit surtout à ce que les journalistes, finalement, n’aient plus d’intérêt économique à aller sur le terrain… Quant à Exclusif, ce serait complètement idiot, avec une diffusion uniquement numérique, d’en priver des gens qui sont déjà assez désinsérés… » (Christophe) « Abonnée volontaire à Exclusif, je le lis à chaque parution et le garde. Jamais sur le Net. S’il passait au tout numérique, je ne le lirais plus du tout. Les fanzines qui sont passés du papier au numérique, je ne les lis plus. Lire sur un ordinateur m’est plus que désagréable. » (Sabrina) « Je trouve plutôt mes infos à la radio et sur certains journaux. Je suis une lectrice assidue d’Exclusif et je le mets de côté après l’avoir fini. Je le lis uniquement sur papier. Je déteste lire sur un ordi, donc les journaux virtuels ne m’intéressent pas. Je pense que les gens n’iront pas voir sur le Net un petit journal comme Exclusif, le tout numérique le tuera. Et même en général, les gens lisent le journal avec le petit déjeuner ou, à midi, avec le café. Ils ne le liront plus s’il faut se connecter ». (Alicia, demandeuse d’emploi) 3 “ Le journal papier, on peut le toucher avec ses mains, tourner les pages. On peut sentir le papier aussi. On peut découper les articles, les garder en souvenir. Le journal papier, on peut le garder, et revenir plus tard dessus. Avec le temps, le papier vieillit, prend une odeur différente : c’est à ce moment que les souvenirs prennent forme, avec le temps. On n’a pas cette sensation, cette réalité avec le journal numérique. Les informations restent virtuelles, elles n’ont pas de forme, pas d’odeur. Je ne peux pas rester longtemps sur écran ; au bout d’un moment, ça fatigue les yeux. Le journal, je le lis plutôt dans des lieux publics. On peut partager les informations directement avec les gens autour. Il y a un échange “en direct”. On peut se faire passer le journal. Je me vois mal faire ça avec un ordinateur ! (Van) ? Florent Moneyron, vice-président du Conseil général du Puy-de-Dôme en charge de l’Insertion, de l’Economie sociale et solidaire 4 dos s ier exclusif en numérique Exclusif : si le support évolue, l’action demeure ! L’insertion : une intention, une volonté, un chantier, un enjeu… pour toute société organisée qui se respecte. Q uand on parle d’insertion, on évoque bien souvent le seul versant économique d’une politique solidaire. Permettre à chacune et à chacun de trouver du travail, un emploi, une place parmi les “actifs”… demeure la finalité ultime des politiques d’insertion mises en œuvre par le Conseil général. Mais elle n’est pas la seule. Cet objectif d’autonomie pour les personnes en situation précaire ne doit pas masquer les impératifs de l’intégration, du logement, de la lutte contre l’exclusion et l’isolement des personnes qui sont sorties du jeu social. Il y a d’autres portes, d’autres voies pour faire sa place au sein de la collectivité, et retrouver une considération qui n’aurait jamais dû faiblir. L’action d’insertion permanente que porte Exclusif depuis plus de 10 ans relève de ces voies souvent inédites, de ces bonnes idées qui peuvent dépasser le stade du projet dans un contexte favorable. Sa per- tinence n’a jamais été démentie depuis lors. Elle a été citée en exemple, saluée par les médias. Exclusif établit un lien unique entre les bénéficiaires du rSa “socle”, qui sont simultanément à l’origine et à l’aboutissement de ce support. Au fil de la décennie écoulée, le journal s’est développé en même temps que bon nombre de médias alternatifs. La pratique quotidienne de ces médias nous est devenue familière, par choix ou par nécessité. Elle constitue un gisement potentiel de lectorat sur la base d’une cible élargie, la précarité n’étant – hélas – pas l’apanage des bénéficiaires du rSa “socle”. L’audience et la prégnance de ces nouveaux médias appellent un renouveau des pratiques éditoriales du journal, qui s’appuient aujourd’hui sur un matériau physique – le papier – afin d’adopter un format qui soit à la fois plus souple et plus dynamique, moins lourd à supporter pour la mise en œuvre de l’action proprement dite et la diffusion du support. C’est assurément un nouveau projet, ce sont de nouveaux métiers et de nombreux questionnements pour les habitués du format initial : le passage au numérique, pour l’essentiel du journal, ne se fera pas d’un claquement de doigts. L’équipe d’Exclusif l’a bien admis, qui a sollicité le soutien d’un Dispositif Local d’Accompagnement (DLA) pour évaluer les coûts et la faisabilité de cette véritable mutation. Le Conseil général sera, bien évidemment, attentif aux résultats de cet accompagnement, qui devait débuter dans les premiers jours du mois de juin. Il ne s’agit pas de fragiliser l’action, mais – bien au contraire – de lui donner les moyens d’assurer sa pérennisation, par-delà l’évolution constante des technologies de la communication. Internet pour tous ? Nicolas de Saboulin et Denis Couderc S elon une étude de l’INSEE en 2012, 78 % des personnes de 15 ans et plus auraient un accès à Internet à leur domicile, et ce serait le cas de 85,7 % des chômeurs. Mais moins de 30 % des personnes questionnées utilisaient Internet pour lire la presse – avec un écart dans l’utilisation générale d’Internet de 20 % entre les ouvriers et les cadres. D’autre part, le Centre d’analyse stratégique1 a publié en 2011 un rapport sur “Le fossé numérique en France”. Il met en évidence le retard de la France, tant pour l’équipement en informatique que pour l’accès à Internet : selon lui, c’est un tiers de la population qui n’a pas d’ordinateur et, bien sûr, n’a pas d’usage d’Internet sinon occasionnel et en dehors du domicile. « Cette fracture correspond non pas à un mais à trois fossés numériques », précise ce dernier rapport : « un fossé générationnel, laissant les personnes âgées en marge » (16,9 % des plus de 75 ans et 40 % des 55-64 ans ont un ordinateur, contre 91 % des 15-24 ans), « et un fossé culturel, qui prive les moins instruits des opportunités de l’outil informatique ». Enfin il existe, à l’évidence, un fossé social : parmi les personnes aux plus faibles revenus, 34 % ont un ordinateur et 28,2 % Internet à domicile (91 % et 87,1 % pour les revenus les plus élevés), et 34 % des jeunes les moins diplômés ne sont pas des utilisateurs réguliers d’Internet. 1. remplacé en 2013 par le Commissariat général à la stratégie et à la prospective, service rattaché au Premier ministre. Sources : www.insee.fr/, http://eduscol.education.fr/ Le Mange disque, fanzine musical « Un truc qui reste » L e Mange disque, c’est la production imprimée en Auvergne d’une bande de copains branchés musique, plutôt rock mais sans exclusive, qui choisissent de transformer leur passion commune en un objet concret. En 2005, ils éditent le n°1 de ce fanzine – pour fan(atic maga)zine –, publication indépendante à parution irrégulière, vendu 4 euros et tiré à 130 exemplaires. « On préfère 130 personnes qui lisent un truc qui reste, plutôt que 5 000 pages vues sur le net, » explique le graphiste Fred Le Falher, un des quatre membres du comité de rédaction. En décembre dernier, le n°13 publie des images de Renaud Monfourny, photographe des Inrockuptibles, un texte du chanteur Dominique A… Belles photos, graphisme soigné, zéro faute d’orthographe : la qualité est au rendez-vous. Fred et son zine, en vente chez Spliff à Clermont (le zine !) Touche de Pif « Un journal chez soi, c’est une approche particulière de l’information, ça arrive là, dispo- nible… On lit les 3 ou 4 infos qu’on cherche ; après, si on a le temps, dans le train, au bistrot ou ailleurs, on va vers ce qu’on n’a pas vu en première lecture. » Evidemment, ça coûte plus cher que le “tout gratuit, tout téléchargeable”. « Mais on préfère ça, explique Fred, le Mange disque c’est fait pour se le prêter, changer de mains, être lu n’importe où, et en même temps ça se garde. Les “unes” des journaux, en particulier, ce sont souvent des images qui restent dans les mémoires, qui rattrapent bien des oublis… » Enseignant en arts appliqués - « ce qui consiste à faire des beaux objets utiles » -, Fred n’ignore pas, bien sûr, l’essor d’Internet. « Les jeunes évoluent de plus en plus vers l’écran, c’est certain, mais ils restent sensibilisés au livre et à l’imprimerie : l’objet, ça parle. Et surtout, entre papier et numérique, l’un ne remplace pas l’autre. » Enfin, petit plus du Mange disque : son cadeau genre Pif gadget, glissé dans la pochette plastique. Vous connaissez beaucoup de journaux numériques qui, comme le n°13, vous offrent un préservatif ? Et d’abord comment ça marcherait, un préservatif numérique ? Papier, numérique… à la bibliothèque de riom communauté À la croisée des chemins ? C’est l’histoire d’une bibliothèque qui marche trop bien, dans des locaux trop petits. A Riom, l’équipe de 17 salariés avance du côté d’Internet et des ressources numériques. « U Marie de Oliveira et Denis Couderc n tiers des familles n’a pas accès à Internet ; et en milieu pénitentiaire, que nous servons aussi, il n’y en a aucun. Mais de toutes façons, on n’arrive déjà pas à évaluer exactement le nombre d’illettrés, alors les “e-illettrés” ! » résume Brigitte Bessot, directrice de la bibliothèque de Riom communauté. Après tout, le développement du numérique ne serait-il pas aussi un moyen d’économiser l’espace trop réduit des locaux de la rue Croizier ? Depuis 2008, le catalogue est disponible sur la Toile : on peut y chercher un ouvrage, réserver, gérer ses délais… « Ce site a créé un premier lien numérique avec nos lecteurs ; et il s’est révélé intéressant pour aller vers un public qu’on ne touchait pas jusque là. On n’est pas très en avance : les espaces publics numériques, ça existe depuis vingt ans, avec du personnel d’accueil. Et nous on n’en a pas, d’abord parce qu’on n’a pas la place. Cela dit, on a quand même pu mettre en place de l’action culturelle, par étapes et en intégrant des outils numériques, et imaginer ainsi un “petit service numérique”(PSN), qui a ouvert en avril. » Cela dans le cadre d’un partenariat prolongé avec la Médiathèque départementale. aller chercher d’autres publics complémentaires mais pas remplaçables. La logique voudrait qu’on n’arrête pas de servir un public pour en servir un autre, et qu’au contraire on aille encore chercher d’autres publics grâce au numérique… » 5 rue Croizier, 63200 Riom, tél. 04 73 64 63 00, http:// Le PSN, qui a pour objectif de “réduire la fracture numérique”, ne bilbiotheque.riom-communaute.fr fonctionnerait pas sans un interlocuteur humain : Christelle Sanial (photo) a été recrutée comme “référent médiations numériques”. Des ordinateurs portables, équipés d’internet, de logiciels adaptés et de ressources numériques sont à la disposition de tout lecteur inscrit, en libre service. « C’est un vrai nouveau service, explique la directrice, que le papier pourrait difficilement concurrencer, et ça fait partie de notre mission sociale, dans la continuité de notre politique de gratuité (voir Exclusif n°30) . » Avec l’ouverture du PSN, sont programmés des ateliers de pratiques en groupes de dix personnes au plus, dont beaucoup de jeunes retraités. Pour compléter ce dispositif, les ressources numériques sont aussi accessibles à distance. « On a déjà 200 inscrits à l’accès gratuit aux ressources en ligne, poursuit Brigitte Bessot. La demande porte surtout là-dessus : musique, livres numériques, en particulier en matière d’autoformation1. » Autres questions en suspens : « Comment combler cette fracture, sinon par beaucoup de médiation ? Pour nos acquisitions, faut-il remplacer le papier par le numérique, chercher une complémentarité ? Pas sûr que ça coûte moins cher… » Restent quelques incontournables : « L’expérience du livre est sensorielle, particulière et fondamentale pour le développement humain. Avec le numérique, ces expériences sont 1. Voir la plateforme d’accès à la formation www.toutapprendre.com 5 Depuis neuf ans, le Mange disque diffuse l’amour de la musique à travers l’Auvergne, en une soixantaine de belles Denis Couderc pages. Passer sur Internet ? Fi donc ! quoi de neuf ? 6 « O n est très bien, à travailler dehors, en pleine nature ; bien sûr, on dépend du temps qu’il fait », dit John. Pour Jean-François Petoton, qui s’occupe des chantiers agricoles de l’ADSEA (voir Exclusif n°21) et l’a orienté vers cette activité, « ces jeunes hommes se sont bien impliqués dans ce travail parce qu’il y a une liberté qui leur convient. » En effet, ils ne se contentent pas de faire les vendanges, tâche qui, dans notre région, est déjà largement mécanisée. Salariés saisonniers de trois vignerons, ces jeunes gens du voyage ont appris d’eux, en trois années et avec l’aide de Jean-François pour les aspects théoriques, les techniques de taille de la vigne – les deux plus courantes ici sont la taille en cordon de Royat et la taille Guyot –, ainsi que beaucoup des ficelles de ce travail noble de l’agriculture. C’est un long apprentissage sur le terrain, plus qu’il n’y paraît, mais « Benoît (le patron du jour, ndr) explique bien ». La taille est le plus long des travaux du vigneron, de fin novembre à fin mars. Et il est délicat, avant l’ébourgeon- En France, depuis la légalisation de la contraception et de l’avortement, les femmes peuvent vivre leur sexualité indépendamment de leurs projets de grossesse. Pourtant, elles sont encore 230 0 00 à subir une IVG chaque année. Contraception : apprendre et choisir plus de 2000 consultations gynéco au service de santé universitaire Pas de profil-type Avec chaque première pilule, la jeune femme se voit prescrire une pilule du lendemain qu’elle aura en réserve. Les infirmières savent que les copines se dépannent quelquefois entre elles. Le plus difficile pour Agnès et Virginie, ce sont les lendemains de soirées arrosées, quand certaines jeunes filles viennent avec un risque de grossesse ou d’Infections sexuellement transmissibles (IST). Certaines fois, elles ne se souviennent plus si elles ont eu des relations sexuelles et avec qui. L’alcoolisation rapide et massive est un des problèmes les plus graves auquel le SSU doit faire face. Quand il y a un choix d’interruption de grossesse, le SSU peut prescrire une IVG médicamenteuse. Mais les médecins s’assurent pour cela que la jeune fille ne sera pas seule pour l’expulsion du fœtus et qu’elle supportera Service Santé Université, campus des Cézeaux (04 73 40 70 22) ; UFR STAPS (04 73 40 75 43) ; UFR Lettres, langues et sciences humaines (04 73 34 66 00) ; cité universitaire Dolet (04 73 34 97 20) cette épreuve. Dans le cas contraire, et même si la jeune fille est dans les délais, ils peuvent préférer la renvoyer auprès d’un hôpital. Il n’y pas de profil-type de l’IVG : c’est le résultat d’une absence ou d’un accident de contraception, de soirées alcoolisées… Cela n’a rien à voir avec la profusion d’informations à disposition. C’est un « incident dans un moment de vie », marquant pour la jeune fille : si pratiquement aucune étudiante ne demande à consulter un psychiatre ou un psychologue au moment de l’IVG, nombreuses sont celles qui éprouvent le besoin d’en parler plus tard, quelquefois des années après. 7 « Q uand une jeune fille se présente, quelle que soit la demande, on aborde avec elle un panel de sujets comme l’état de santé général, le tabagisme et la contraception », expliquent Agnès Lafont et Virginie Lavin, infirmières au Service Santé Université (SSU). Ce dernier a reçu l’an dernier près de 6 700 étudiants en consultation, dont un tiers en gynécologie. Ici, les consultations sont gratuites ; 95 % de celles concernant la contraception sont féminines. Les demandes portent autant sur une première contraception que sur son renouvellement. Pour la majorité des étudiantes, contraception est synonyme de pilule. Mais l’usage de l’implant ou du stérilet augmente car de plus en plus de jeunes femmes ne veulent plus entendre parler de pilule et d’hormones. C’est un mouvement qu’Agnès Lafont et Virginie Lavin rapprochent d’un phénomène plus général de recherche du naturel. Malgré tout, le préservatif reste mal aimé, et des deux sexes. Les infirmières écoutent toutes les demandes ; pour elles l’important est « d’essayer de trouver la meilleure contraception pour chaque personne ». L’essentiel est qu’elle s’approprie des connaissances et qu’elle fasse ensuite son choix. Pour cela, il faut quelquefois partir de très loin et revoir les bases de l’anatomie : malgré les cours au collège ou Internet, de très nombreuses jeunes filles méconnaissent leur propre corps. « Même des étudiantes en médecine ! » Les infirmières doivent aussi se battre contre l’idée de norme, tant du corps que des pratiques sexuelles. Sabine Carénou principales lois La loi du 28 décembre 1967, dite loi Neuwirth, autorise la contraception et supprime des dispositions législatives antérieures qui l’interdisaient. La loi du 17 janvier 1975, dite loi Veil, autorise l’interruption volontaire de grossesse en France et fixe les grands principes régissant sa pratique. La loi du 31 décembre 1982, dite loi Roudy, accorde le remboursement de l’IVG par la Sécurité sociale. La loi du 13 décembre 2000 ne soumet plus à prescription obligatoire les médicaments ayant pour but la contraception d’urgence qui ne sont pas susceptibles de présenter un danger pour la santé. phm mourir d’avorter N Marie de Oliveira icole a aujourd’hui 81 ans ; elle est la mère de quatre enfants « dont trois conçus en trois ans et trois semaines ». C’était avant la loi Neuwirth sur la contraception. « Si j’avais pu, je ne les aurais pas eus d’affilée. Les grossesses qui se succédaient, c’était la hantise de toutes les femmes. » Nicole n’a pas avorté, peut-être parce qu’elle a vu sa belle-sœur Josette en mourir. Elle se souvient : « Elle est morte chez elle en 1965, à 35 ans, des suites d’un avortement clandestin pratiqué par une faiseuse d’ange. » C’était le dixième avortement d’une funeste série qui avait commencé quinze plus tôt, après la naissance de son deuxième enfant. Nicole a entendu Josette dire à maintes reprises : « J’y laisserai ma peau, mais je n’en veux plus d’autre. » À l’époque, personne ne savait s’y prendre : « On parlait d’aiguilles à tricoter, c’était du bricolage, ça ne pouvait que se terminer mal. » Avant de mourir, Josette avait été hospitalisée plusieurs fois en urgence pour des hémorragies et des infections. « Il m’est arrivé d’aller la voir à l’hôpital, elle était brûlante ! » Josette avait toujours caché ses grossesses à son entourage, c’était un sujet tabou. Après son décès, son mari fut convoqué et entendu par la gendarmerie. Dans la famille ce fut un drame : « Mon frère n’en parlait jamais, il s’est replié sur lui-même, il a délaissé ses enfants qui se sont éloignés de lui. » À partir de la loi Veil, les femmes ont pu subir des IVG en sécurité. Nicole se souvient de la réaction de sa nièce : « Elle était contente et répétait : si Maman était encore là ! ». Une maman qui a payé le prix fort pour une liberté que, depuis cette loi, sa fille connaît. Les sanctions financières 8 quoi de neuf ? nous revenons sur les équipes pluridisciplinaires du rsa, dont la fonction pose de nombreuses questions et sus Quelles équipes pluridisciplinaires ? Jean-Louis Borie, avocat et Camille Rigal, avocate stagiaire, éclairent les zones d’ombre du texte de loi concernant les équipes pluridisciplinaires du RSA. en particulier sur le mode de représentation des allocataires… très variable à travers la France ! Didier Gouvignon et Denis Couderc L es lois votées sont, en général, complétées et précisées par des décrets ou des arrêtés ministériels. Celle sur le RSA ne l’est pas sur ce point de la représentation des allocataires sur lequel elle a été accompagnée de simples circulaires. « Elles sont un point de vue de l’administration sur les modalités de la mise en place de la loi, pas un rajout à celle-ci, » précise Me Borie. « En clair, les décisions sur la manière dont sont représentés les allocataires du RSA sont dans les mains du président de chaque Conseil général. » C’est pourquoi, dans chaque département, cette représentation est organisée de façon différente et même très variable. Dans notre dernier numéro, nous avons présenté celles en cours dans le Cantal et le Puy-de-Dôme, bien distinctes. La Haute-Loire procède d’une façon encore différente : après un tirage au sort (en 2011) et des réunions d’information, les personnes intéressées se sont fait connaître et ont été mandatées pour deux ans par le Conseil général ; un deuxième mandat a commencé en juin 2014. Actuellement, un “groupe ressources” est en cours de constitution, qui pourrait fournir de nouveaux représentants, car ils se font plus rares. Dans l’Allier, un “groupe ressources” est constitué d’allocataires du RSA. Parmi eux, des personnes sont désignées pour participer aux équipes pluridisciplinaires, et d’autres pour évaluer les dispositifs d’insertion. Quant aux premières, le règlement intérieur prévoit la participation de deux représentants relevant du territoire de l’EP (2 titulaires, 2 suppléants). Mais en réalité, on n’en est encore qu’au stade du projet : cette représentation doit se concrétiser prochainement. Contestation possible… mais motivée ! Que ce soit pour une sanction sur le RSA ou une autre décision (de réorientation, par exemple), « l‘avis de l’EP n’est que consultatif, » insistent les deux juristes. La décision est toujours prise en fin de compte par le président du Conseil général. Ces décisions peuvent être contestées par les personnes intéressées lorsqu’elles n’en sont pas satisfaites, en saisissant le Tribunal adminis- tratif, comme il est précisé sur les documents qu’elles reçoivent. Mais encore faut-il avoir des arguments. Certaines irrégularités peuvent apparaître, comme l’absence de ce fameux représentant des allocataires RSA, ou encore dans l’envoi de la convocation à l’EP : « En droit, c’est l’expéditeur qui doit prouver son envoi et pas le contraire. » Donc l’accusé de réception semble obligatoire avant de sanctionner quelqu’un pour ne pas s’être présenté à une EP. La sanction peut donc, dans ces cas, être contestée en saisissant le tribunal, ce qui ne suspend pas la décision, sauf si en parallèle le tribunal est saisi en “référé suspension” « Mais il faut motiver le dossier et constituer un mémoire, sinon on a toutes les chances de se ramasser, » précise l’homme de loi : « je conseille vivement de se faire assister par un avocat, en demandant une aide juridictionnelle (gratuité). On peut trouver un avocat auprès de l’Ordre des avocats1. Pour un combat égal ! » Avec 100 euros en moins sur son RSA, cette aide sera d’autant plus facilement accordée au “bénéficiaire” sanctionné. 1. 16 place de l’Etoile, tél. 04 73 37 39 04, www.barreau-clermont.avocat.fr/ Légitimité ? Denis Couderc Les pages des n° 40 et 41 d’Exclusif abordant le sujet des équipes pluridisciplinaires du RSA ont suscité beaucoup de réactions. De ce fait, l’association AC ! 63 a évité de répondre à notre nouvelle demande d’interview. Le Conseil général nous a communiqué les informations chiffrées que nous sollicitions : jusqu’en février 2014, 436 convocations au total avaient été envoyées. Elles avaient abouti à 198 sanctions de retrait de 100 euros sur le RSA. À notre avis, ce sujet mérite une réflexion approfondie, à laquelle nous avons donc consacré ces deux pages. Sur le fond, certaines questions se posent : Est-ce qu’une sanction financière (ou la menace de…) à l’égard d’une personne allocataire du RSA est un outil social et pédagogique légitime, d’une part, et efficace d’autre part, pour stimuler son insertion ? Alors que la plupart des citoyens – y compris les scolaires, c’est-à-dire des mineurs – élisent leurs représentants dans différentes instances, depuis le conseil de classe jusqu’à l’Assemblée nationale, est-il vraiment inconcevable que les allocataires du RSA fassent de même pour les EP ? Est-il légitime que des “représentants” ne soient en rien désignés par les soi-disant “représentés”… qui, dans notre département, sont plus de dix mille personnes ? phm Quinquennat LA politique des Vil-e-s 10 quoi de neuf ? En face de la gare clermontoise, le squat de l’Hôtel des Vil-e-s fonctionne depuis 2009 au rythme de ses activités culturelles, artistiques et sociales. Retour sur un état d’esprit qui explique cette longévité… et qui a dû résister aux balles. Julien Landeau C onvivialité matinale autour d’un café, dans la cour de l’Hôtel des Vil-e-s (Hdv) : on sent l’effervescence du printemps qui arrive, même si ce jour-là quelques nuages contrarient le travail du soleil. Cécile, Christophe et Maryla, habitants ou acteurs du lieu, décrivent l’évolution de l’ancienne auberge de Jeunesse devenue squat (voir Exclusif n°31). En cinq ans, l’organisation s’est rodée mais se perfectionne encore. Pour les habitants, la vie commune en squat reste une expérience où chacun apprend de l’autre. L’équilibre entre chaumière douillette et ouverture au public est une alchimie importante : il peut être difficile de partager son espace vital avec les événements tels que des concerts ou des expositions. Plus encore lorsque, le 17 janvier, des coups de feu sont tirés depuis la rue lors d’un concert de soutien à deux étudiantes demandeuses d’asile, faisant deux blessés… « Le “noyau dur” de l’Hdv, c’est d’abord une quinzaine de personnes qui “s’autologent” ici. L’idée, c’est un squatt qui ne se referme pas sur lui-même : quelles que soient les activités qui s’y passent, on ne se ferme pas. » Ils mettent à disposition des pièces pour que des artistes puissent travailler, comme tout récemment une compagnie de cirque toulousaine. Danse, arts plastiques, musique… On élargit même les activités au bricolage de vélos, avec un atelier prévu à cet effet. Orchestre sans chef L’habitation, la culture… le dépannage aussi. « Comment laisser les gens galérer dans la rue ? » Du coup, les dortoirs de l’ancienne auberge de jeunesse se sont transformés en lieu d’accueil pour les personnes en mal de logement. Quand le 115 annonce au téléphone qu’il n’y a pas de place dans les centres d’hébergement d’urgence, certaines trouvent ici une porte D ans la nuit du réveillon du 1er janvier 2012, suite à une altercation avec eux, Wissam El Yamni est interpellé par des policiers dans le quartier de la Gauthière. Plus tard dans la nuit, il est conduit par ces derniers à l’hôpital ; après 9 jours de coma, il y meurt à l’âge de 30 ans. Le quartier connaît des troubles dès les jours suivant l’interpellation. Pendant plusieurs nuits, des hélicoptères patrouillent au dessus de la Gauthière, l’éclairent à coups de projecteur (voir Exclusif n° 34, 35 ouverte. Même avant la crise de l’hébergement d’urgence, début septembre, l’Hdv a souvent été une roue de secours. Il arrive aussi que des touristes arrivent à Clermont-Ferrand pensant trouver là une… auberge de jeunesse, et certains restent pour se reposer quelques nuits. « Il n’est pas toujours facile d’accueillir chez soi des gens qu’on ne connaît pas », mais les rapports se forment dans le respect des règles de vie, « en autogestion ». Le principe est que personne ne subisse pour les autres, donc que chacun participe aux corvées. Ce n’est pas toujours facile, mais une collectivité est semblable à un orchestre, celle-ci sans chef, où chaque musicien joue d’un instrument selon son savoir-faire. La vie ce n’est pas du cinéma, on y est tous à la fois acteurs, réalisateurs et scénaristes. On a l’habitude que la culture se fasse aussi tirer dessus au sens figuré. Ici, elle se vit, se construit, se partage et traverse les âges, depuis déjà cinq ans… Accompagner des personnes au chômage pour qu’elles apprennent différents métiers et obtiennent un Certificat de qualification professionnelle, c’est ce que s’efforce de réaliser l’association Inserfac. Jean-François Murol forte proportion d’hommes ; la moyenne d’âge est de 43 ans – de 20 à 59, dont certains sont handicapés physiques. Et tous sont en général des gens de bonne volonté », affirme Eric Gardarin. À la fin du contrat, un Certificat de qualification professionnelle (CQP) peut être validé par un jury – extérieur à Inserfac pour éviter le favoritisme. Ce CQP peut faciliter la recherche d’un emploi. En effet, près de la moitié des salariés en insertion trouve un travail ou une formation après leur passage à Inserfac. Bon anniversaire Fatmir ! D epuis une vingtaine d’années un contrat unit la mairie de Royat et l’association Inserfac. Eric Gardarin, chargé du service espaces verts de la commune, s’occupe depuis 2002 de trouver des chantiers d’insertion pour cette association. Les employés, tous issus du chômage, y travaillent durant une année, parfois renouvelable. Au nombre de huit, plus un encadrant, ils effectuent différents travaux : manutention, menuiserie, charpente, maçonnerie, peinture, dallage et entretien d’espaces verts. Exception : l’électricité et la plomberie reviennent à des ouvriers qualifiés. « Les travaux physiques ne sont pas trop faits pour les femmes, donc il y a une De haut en bas et de gauche à droite : dans le parc thermal, Robert en pleine action, puis Eric Gardarin et Daniel ; Lioma, Bruno et Jonathan En 2013, le chantier d’insertion a notamment restauré des salles et des appartements de la ville, réalisé un escalier quart-de-rond à côté du square de la Taillerie et dix jardinières en bois pour que les enfants des écoles maternelles fassent pousser leur premiers légumes, fruits ou fleurs. Certains des salariés ont bien voulu s’exprimer pour Exclusif. Jonathan, le plus jeune (28 ans), prépare un projet d’encadrant. « J’étais isolateur projeteur ; un soir, à trois minutes de la fin, j’ai fait une chute de plusieurs mètres. Après cet accident dont je me suis sorti miraculeusement, ma boite n’a pas voulu me reprendre. » Eric, 48 ans : « J’ai vécu de petits boulots à la Réunion, mais là-bas la vie est chère ; je suis parti voici sept ans, j’espère trouver du travail après mon passage à Inserfac. » Fatmir, 42 ans, marié et trois enfants, est venu du Kosovo : « Pendant 12 ans j’étais tapissier ; et aujourd’hui (19 mars) c’est mon anniversaire. » Bruno, 33 ans : « Depuis novembre 2012 je travaille ici, pour un salaire de 834 euros. Quand je suis arrivé ici, je n’avais aucune expérience, j’ai appris plein de choses, j’ai mis un pied dans l’activité en douceur. Quant à l’avenir, j’ai un projet dans le social. » Tous s’accordent pour affirmer qu’il règne une bonne ambiance au sein de l’équipe. Thierry, 30 ans, encadrant : « Charpentier de métier, à la suite de problème de santé, j’ai travaillé sur un chantier d’insertion, puis suivi une formation d’encadrant technique. Je pense continuer ; j’ai une expérience sociale et le contact facile avec les stagiaires, ça me plaît ». Richard, 37 ans, accompagnateur social, aide les personnes pour les démarches administratives. « Auparavant, j’ai travaillé 12 ans dans la grande distribution puis j’en ai eu marre, j’ai suivi une formation de conseiller en insertion. J’aime le contact avec les personnes, les rapports humains. » 11 c a n to n d u une cure d’insertion à Royat canton s ’aime t i t r e Inserfac créactif 12 U ne partie des anciens salariés des Volcans a sauvé la librairie clermontoise en difficulté, promise à la disparition faute de repreneur. Le 18 août, après un intense travail pour regarnir les rayons, les 12 sociétaires de la Société coopérative et participative (Scop) et 19 salariés accueillaient de nouveau les clients après des mois difficiles sur fond de rideau baissé. La première semaine d’ouverture a attiré un monde fou, « au-delà des espérances » se réjouit Maxime Lotier, l’un des deux co-gérants. « Avec 950 clients par jour, c’est comme si on était tous les jours samedi. Et ils nous félicitent, nous encouragent, nous expliquent qu’ils ont attendu… » Les relations avec les fournisseurs sont également excellentes. « Bien sûr, nous étions un gros client ces dernières années, mais on nous accorde de belles remises et des échéances exceptionnelles. Nos fournisseurs y croient aussi fort que nous. » Car malgré les embûches, les 12 sociétaires n’ont cessé de voir dans cette entreprise qu’ils connaissent bien un lieu nécessaire… et viable. « On sait ce qui n’a pas marché auparavant, expliquent Rosa Da Costa et André Hébrard. On aura une autre vision des choses. On ne peut plus dissocier le commerce classique d’internet : site, blog, réseaux sociaux… Jusqu’ici on faisait de la pub pour un site qui n’apportait rien à la librairie. On va développer le livre d’occasion, le disque vinyl, les fournitures pour les beaux-arts. On veut aussi ménager plus de convivialité, avec une machine à boissons par exemple, pour que les gens aient envie de rester. » Ils ont rencontré beaucoup d’acteurs culturels, avec l’ambition d’en devenir un et de tisser des partenariats avec les salles de spectacle, la Comédie… « Chaud au cœur » Ce souhait de « revenir aux fondamentaux d’une librairie humaine et vivante » était commun à tous ces collègues. « On s’est redécouvert, s’étonne André. Je trouve chez certains une motivation que je ne soupçonnais pas. C’est une belle aventure collective. » « Quand on voit, note Rosa, comment le collectif est mis à mal dans le monde du travail… Une 3 collègue dit que pendant toutes ces années, on a été lobotomisés, infantilisés. Et en quelques semaines, on a préparé un profil d’entreprise : ça prouve les capacités que peuvent déployer des salariés. » Aux yeux d’Arnoult Boissau, de l’UR Scop (voir ci-contre), « le statut de Scop est tout à fait adapté. » Il fallait 1,4 million d’euros pour racheter le stock. Les associés en apportent 300 000 avec leurs indemnités de licenciement et de chômage. Le reste vient de l’association les Amis des Volcans (80 000), d’organismes de l’économie sociale et solidaire (380 000), du Conseil régional (70 000), du Centre national du livre et de l’Association pour le développement de la librairie de création (150 000, en prêt), et de deux banques (200 000, en emprunts). Elles n’avaient pas de raisons de renâcler : les associés sont motivés à 300 %, livres jeunesse : le 1er à vapeurs, un livres livre gonflé aux “prouts”. Couleurs chaudes pour troubles intestinaux, effets inattendus et poétiques : « prout de cantatrice, panique en coulisses ». Les enfants adorent Prout de pompier, de Noé Carlain, Anna-Laura Cantone, éditions Sarbacane, dès 3 ans. Le 2e à initiales : dans Le Géant et le Gigot, les habitants de la forêt mangent les aliments à leur initiale : le bûcheron des betteraves, la poule de la pizza et le rat de la raclette… on vous dit pas tout. ils s’entendent bien. Et la librairie compte sur la clientèle des médiathèques et des collectivités, 20 % de son ancien chiffre d’affaires. Elle bénéficie également d’un capital sympathie auprès d’un public très mobilisé. « Le site des Amis des Volcans a reçu 6 000 visiteurs en six semaines, dit Rosa. On a reçu des dons et beaucoup de courriers de soutien, ça fait chaud au cœur. » Une souscription a facilement réuni le double des 20 000 euros espérés. Outre une baisse du loyer (de 305 à 236 000 euros/an), les charges diminuent aussi des 170 000 euros versés auparavant à la plate-forme du groupe Chapitre. Par la suite, « l’idée n’est pas d’accumuler les bénéfices » insiste Rosa. Ils seront équitablement répartis entre les salariés - qui pourraient devenir un jour associés -, les associés et le capital. Associés et salariés sont tous au niveau de la con96 Sment r jourlèqu collec9 De Christian Oster, Illustrations d’Audrey Poussier, l’École des Loisirs, à partir de 7 ans. Le 3e à contrepied, les Anticontes de fées revisitent Le Chaperon rouge, Barbe-bleue et La Belle au bois dormant. Mais en y changeant un seul mot… ça dégage ! Dessins drôles, parsemés de transgressions, en toute précision ludique, absurde et jubilatoire. À L’École des Loisirs, dès 7 ans. A lire sur journal.exclusif.org Scops en stock Les salariés d’une Scop ne subissent pas la pression des actionnaires puisqu’ils sont aussi les actionnaires. A u quotidien, une société coopérative et participative – ou Scop – ressemble dans son fonctionnement à une entreprise classique : un organigramme, des salariés munis d’un contrat de travail, un gérant qui dirige. Mais elle est particulière car les salariés sont aussi sociétaires, c’est-à-dire qu’ils ont participé au capital. Avec cette casquette, ils se réunissent en assemblée générale annuelle, pour demander des comptes au gérant sur l’exercice écoulé et décider des grandes orientations pour l’avenir. Dans cette assemblée, chaque personne dispose d’une voix pour voter les décisions. En cela son fonctionnement est démocratique. Mais « il ne faut pas confondre avec l’autogestion » souligne Arnoult Boissau, directeur de l’Union régionale des Scop et Scic d’Auvergne. Autre particularité de la Scop, le partage des bénéfices : « Sa “carte génétique” prévoit qu’une partie des bénéfices revient aux salariés et une autre va aux réserves de l’entreprise, pour assurer son indépendance. Il n’y a pas d’obligation de rémunérer les parts sociales. » Une Scop embauche des salariés si elle le souhaite. Ils ont naturellement vocation à devenir associés. « Tout salarié embauché peut frapper à la porte du sociétariat, sans que ce soit automatique. » Une Scop qui ne jouerait pas le jeu risque son statut. Et les avantages qui vont avec, comme la fiscalité avantageuse ou l’accès pour le dirigeant à un statut de salarié, et au bénéfice d’une couverture chômage. Révolution culturelle L’Auvergne compte 66 coopératives. Cinquante sont des Scop, les autres des Scic (Sociétés coopératives d’intérêt collectif ) – au sociétariat desquelles peuvent figurer bénéficiaires, collectivités publiques, associations – ou des CAE (Coopératives d’activités et d’emploi), statut protecteur pour les entrepreneurs individuels qui démarrent. Certaines comptent des dizaines de salariés-associés, comme Fontanille Scop, au Puy-en-Velay. À 46, ils ont repris en décembre 2012 cette manufacture de dentelles, bande élastique et tissus techniques qui était en liquidation judiciaire. Elle a redémarré avec des salariés particulièrement impliqués dans le développement de leur entreprise. « Toutes les entreprises en difficulté ne sont pas sauvables, et toutes celles qui le sont n’ont pas vocation à devenir des Scop » estime Arnoult Boissau. Mais il remarque que cette forme juridique pourrait être utile dans la région. « Je crois que dans le réseau des PME familiales, il y aura des successions possibles en Scop. Nous manquons d’entreprises de taille intermédiaire. D’autre part, il est nécessaire que les centres de décision des entreprises demeurent localement. Ça nécessite une révolution culturelle, en particulier pour que les gens n’aient plus peur d’entreprendre. » Union régionale des Scop et Scic d’Auvergne, 10 rue Henri Becquerel BP 123, 63110 Beaumont, tél. 04 73 26 20 37 , www.scop-auvergne.coop Code Couleurs dans le vert Romain D u c h e r, Eric Marguin, Marion Rozé et (assise) Françoise Desmartin Les trois fondateurs de l’agence de communication Code Couleurs, de Vic-le-Comte, ont choisi pour leur entreprise une forme juridique qui en garantit le fonctionnement démocratique. Jean-David Bouvier et Christophe Grand I ls sont logés dans la petite zone d’activité de Vic-leComte, au premier étage d’un petit bâtiment aux allures de cabane, avec sa vêture de bois. Ils travaillent dans une même pièce meublée de quatre bureaux, d’autant d’ordinateurs, d’une minuscule table ronde pour offrir le thé aux visiteurs de passage. C’est tout. Serait-ce le modèle de l’entreprise (post-dématérialisation) de demain ? « Nous sommes une agence de communication, expliquent Marion Rozé et Françoise Desmartin, deux des trois fondateurs de Code Couleurs. Nous créons des logos et des chartes graphiques, développons des sites web, imaginons des supports imprimés, plaquettes, catalogues… » L’agence travaille beaucoup avec Inter- net mais les jeunes associés aiment le contact direct avec leurs clients. Ils se déplacent et reçoivent autant que possible. connus à Appuy Créateurs Cette entreprise, née en janvier 2013, est singulière dans son statut : il s’agit d’une Scop, Société coopérative et participative, dans laquelle les trois associés ont un pouvoir égal. Elle fonctionne selon une philosophie commune aux trois associés. « On n’est pas là pour s’enrichir mais pour que l’entreprise soit pérenne et qu’on soit satisfait du travail fait. On est d’accord sur la répartition des bénéfices, personne ne pilote plus que les autres », explique Marion, qui précise que son titre de gérante n’est qu’une formalité administrative. Tous les trois se sont rencontrés à Appuy Créateurs, une coopérative d’activités et d’emploi (CAE) qui accompagne des jeunes créateurs d’activité dans leur projet. Elle en compte une centaine parmi lesquels les créateurs de Code Couleurs ont trouvé l’essentiel de leurs premiers clients. « Nous n’avons pas créé Code Couleurs à partir de rien. Nous avons bénéficié de la solidarité au sein d’Appuy Créateurs ». L’agence, depuis sa création, a trouvé des projets importants en Alsace et en Picardie. Un salarié vient même d’être embauché. Code Couleurs, Zac Les Meules, Vic-le-Comte (63), tél. 09 72 44 54 67, www.agence-codecouleurs.fr Appuy Créateurs, tél. 04 73 93 02 29, www. appuy-createurs.fr/ 13 Christophe Grand quoi de neuf ? 14 naturel”, portes ouvertes Infos : www.journeesdupatrimoine.culture.fr/ 6 septembre Fête de l’ortie et du miel Saint-Ignat Infos : 04 73 63 85 42 et courrriel [email protected] Jusqu’au 28 septembre Horizons Land art dans le Sancy : 11 créations “grandeur nature” à découvrir dans le massif. Infos : www.horizons-sancy. com/ 20 et 21 septembre Journées du patrimoine : “Patrimoine culturel, patrimoine Samedis 27/09, 18/10, 22/11 Soirées à la Lampisterie, Bayard, Brassac-les-Mines : Kebous (rock français), puis Pan ! (danse contemporaine), puis Triorigami (musique classique, harpe et basson) Infos : prix 6 à 12 euros au choix ; 04 73 54 96 87, lalampisterie.blogspot.com, [email protected] Jusqu’au 30 septembre Exposition de Kim En Joong Arts plastiques Issoire, 19 rue du Palais. Infos : 04 73 55 35 59 et [email protected] Jusqu’au 19 octobre Hubert Le Gall, design en liberté Expo à Riom, musée Mandet, 14 rue de l’Hôtel-de-Ville. Infos : 04 73 38 18 53, www. facebook.com/MuseeMandet 2 et 3 octobre Festival Musiques trad. Lempdes, Espace 2Deuche J 2 : Le Trottoir d’en face, 8 cuivres et guitares acoustiques V 3 : Les Modigan’s, trio féminin, et O Suite du dossier du n°41 : les médiateurs Passeurs de culturE On les appelle “médiateurs culturels” : Chargés de faciliter le contact entre l’œuvre, les savoirs, le patrimoine et le public, ils sont aujourd’hui très présents, Sans pour autant bénéficier d’une véritable reconnaissance. « F avoriser l’accès des gens à la culture. » C’est ainsi que Natacha Sauzion, médiatrice culturelle au Centre Ressources Illettrisme (CRI), s’efforce de définir le métier de médiateur culturel. Car si son apport est désormais une évidence pour les acteurs de la culture, ses contours paraissent incertains. En bref, une profession jugée utile mais mal cadrée. « En ce qui me concerne, j’ai pour mission de développer le livre et la lecture dans les centres de formation et auprès des petits dans le cadre de la lutte contre l’illettrisme. » Pour cette jeune femme de 26 ans en CUI, la tâche est claire : par quels moyens peut-elle amener des publics éloignés du livre à la lecture et, au-delà, à s’ouvrir plus largement à la culture ? « Il s’agit en fait de rétablir un équilibre essentiel : chacun a droit à cette culture » rappelle-t-elle. ©Boissau Publics divers, approches variées 7 8 9 a b c d e f g h HORIZONTALEMENT A- www. B- Les lecteurs d’Exclusif ne veulent pas le dire à leur journal. C- Un support incontournable pour votre publication préférée – Pratique pour faire le tour d’un cercle. D- Court dans le Loiret – Très fashion pour aller au bal en pantoufles, au temps de Cendrillon. E- Bougeant. F- La mienne – Pas le meilleur moyen pour faire du tourisme à Paris. Demie jupe pour une danseuse. G- Adorée. H- Aristide, à une lettre près – Otorhinolaryngologie. I - On peut être fagoté comme celui de pique – Essayas. VERTICALEMENT 1- Fera un journal sur papier. 2- Symbole chimique de l’or – Vieilles habitudes. 3- Frapper ou emprunter – Un département qui manque d’« r ». 4- Publièrent, sur papier bien sûr ! 5- Colère en vrac – Col des Pyrénées. 6- Fine sur la feuille. 7- Dupé – Fleuve que seuls connaissent les cruciverbistes ! – Eructation. 8- Picolera (se). 9- Les journaux qui le sont, sont-ils vraiment des journaux ? SOLUTIONS DES MOTS CROISÉS Ici se cachent les mots employés dans la grille ci-dessus pi nervure RN ovin ma ecot testas mente va rer clave veneree laine virtuels AIRE aa Au Proposés par Mo.B. sec ailier taper i remuant editerent dopa 6 ans us ruant papier campagnes eu 5 nagee rot PIECES 4 internet ds adieu tu imprimera contras osa ruet IF 3 orl pintera fo 2 rie fade LICENCIES journal as vair 1 Dans ses ateliers, Natacha propose d’autres façons d’aborder le livre, loin des habitudes scolaires. Elle s’efforce d’en faire une passerelle, parce qu’il demeure « un bon moyen pour motiver et redonner l’envie d’apprendre ». Même à ceux pour qui la lecture est souvent associée à l’école et l’échec. La médiation servirait ici « à provoquer la rencontre », qu’elle soit directe (lien avec le public) ou non (développement de projets et mise en relation des acteurs culturels porteurs de ces projets). Parmi ses contacts, nombreux sont les professionnels du livre, bien sûr, mais également les structures sociales. Autres cas de figure, autres stratégies pour Élise Plumey et Jean-Paul Dupuy, médiateurs (au statut de fonctionnaires) au musée Mandet de Riom . Ici, il s’agit d’abord d’amener des publics différents à une meilleure approche des œuvres, en composant avec des contraintes qui ne sont pas les mêmes selon les classes d’âge. « Les enfants, par exemple, n’ont souvent aucune référence artistique et il faut leur apporter des bases tout en tenant compte du contenu des programmes scolaires, afin de conserver une certaine cohérence » explique Jean-Paul. La mission implique, dans l’idéal, un échange avec les professeurs, même si le temps manque souvent. De fait, l’organisation des actions n’est pas toujours simple. « On doit en permanence s’adapter aux rythmes scolaires » souligne Élise. Une difficulté incontournable car les élèves représentent une part importante du public du musée. Alors les médiateurs multiplient les approches : collaboration avec des artistes, mise en place d’outils dans les classes… Jean-Paul détaille : « On utilise les collections du musée pour rebondir vers d’autres sujets, comme la littérature par exemple. Avec les petits, on privilégie la simplicité, on cherche à être ludique. » Même s’ils apprécient les possibilités offertes par la structure, Élise et Jean-Paul constatent un resserrement des budgets qui sonne comme un non-sens. « On veut recevoir toujours plus de classes au musée pour glaner plus de subventions. Et dans le même temps, nos moyens se réduisent. » bulletin d’abonnement Votre choix Abonnement simple = 1 an, 4 numéros : 10 € Abonnement multiple = 5 exemplaires des 4 numéros : 20 € Règlement par chèque à retourner à Exclusif, 3 rue de laTreille, 63000 Clermont-Ferrand Vos coordonnées Nom Adresse Diffusion gratuite pour certains allocataires du RSA, financée par le Conseil général du Puy-de-Dôme est édité par l’association Exclusif avec le soutien du Conseil général du Puy-de-Dôme, de l’État et de ses abonnés. 3, rue de la Treille, 63 000 Clermont-Ferrand, tél. 04 73 91 34 16 Courriel du journal : [email protected] Site : http://journal.exclusif.org Directeur de publication : Yves Armandet Webmaster : Christophe Blaize Rédaction en chef : agence Par écrit : Michel Bresson, Denis Couderc, Corinne Dupasquier, Christophe Grand, Florence Plane Rédaction et photos : Sébastien Juillard, Bruno Michaud et Valérie Peyrac, avec Monique Bayol, Jean-David Bouvier, Sabine Carénou, Marie de Oliveira, Nicolas de Saboulin, Didier Gouvignon, Julien Landeau, Marc Leclerc, Jean-François Murol, Mickaël Peauger et Anaïs Pommier. Merci à Rémi Boissau, photographe, et à Ricky (idée du dessin p. 2) Illustrations : Pierre-Henri Malartre Impression et routage : De Bussac, groupe Drouin Tirage : 13 000 ex. - Dépôt légal : septembre 2014 Commission paritaire : en cours N° ISSN : 1762-4568 15 Sébastien Juillard « U n jour, une cliente m’a demandé une “baguette solidaire”. J’ai été séduite tout de suite par ce concept, que j’applique depuis le mois de janvier. Je note le nombre de baguettes offertes sur une ardoise et les donne aux clients dans la misère qui en font la demande. » Sonia, gérante du dépôt de pain L’instant gourmand à Cournon1 n’a pas attendu cette nouve2</< e351 spurn 2(exprimer sagérn351r)80.42(osi)10.1(e351 10.12. )E12.2(e</< -5( )]tj 0 tc 0.0139tw t*([ o)9.(ollabo)80.4(e n)80.e351 guli350r)20.(eme)9(t ga)8()12.(ecles d]tj /span</< actualtext<FEFF00452>> bDc ( cr