Journal no 8 - Direction N`tolo

Transcription

Journal no 8 - Direction N`tolo
Direction N’tolo
Journal N° 8 - Février 2009
Noël à N’tolo - Une fête réussie
Nous avions commencé l’année
2008 au Cameroun, fêtant l’entrée dans la nouvelle année dans
un foyer fraîchement inauguré.
Un an plus tard, nous pouvons
prendre la mesure des effets que
ce voyage aura eu sur notre association. L’entrée dans la nouvelle
année est l’occasion de considérer le chemin parcouru et les
projets accomplis.
Mais c’est aussi envisager la suite, les projets d’une envergure
de plus en plus importante, avec
un regard nouveau.
Nous vous proposons donc, dans
cette nouvelle formule de notre
journal, un aperçu détaillé des
projets en cours et à venir, un
retour sur notre histoire, complété d’un bilan de l’année 2008,
ainsi que différents éclairages et
réflexions que nous inspirent nos
liens avec le Cameroun.
Pascal Briod
Dans ce journal ...
Nouvelles du foyer culturel 2
Bibliothèque à Ebone
2
Projets moustiquaires
3
Microcrédit
4
Nouvelles de FARESO
5
L’histoire de Petit Njoume
5
Marché de Noël à Givrins
6
Rétrospectives
6
Rapport d’activités
6
Fenêtre sur ...
7
Instant Photo
7
Réflexion
8
Suite au décès d’un membre de la famille de Laurence, de nombreuses personnes ont fait un don en faveur de Direction N’tolo. Nous avons longuement
réfléchi à la manière d’utiliser ces dons…
et nous avions vraiment envie qu’ils
soient destinés à un événement précis et
non pas dispersés dans divers petits projets. Les fêtes de fin d’année approchant,
nous avions alors décidé d’offrir une fête
de Noël aux habitants du village de N’tolo.
Cette fête, ce fut avant tout celles des habitants de N’tolo… Nous avons émis cette proposition,
et ce sont eux qui ont pris les choses en main : de la préparation du budget qu’ils nous ont soumis, jusqu’au choix des cadeaux pour les enfants ou du menu du repas, en passant par la sélection des morceaux de musique pour la « soirée dansante » ! Dans ce petit village parfois bien
tiraillé par des querelles de voisinage, c’est alors un véritable esprit de collaboration qui s’est
installé.
C’est ainsi que le 24 décembre 2008, les festivités ont commencé avec un match de foot opposant les jeunes de N’tolo à ceux du village voisin.
La partie religieuse de la fête a également été
interprétée à leur manière. Puis vint l’heure de la
distribution des cadeaux, à chaque enfant du
village. Nous pouvons imaginer à distance leurs
yeux tout pétillants à la découverte de ces
jouets, qui avaient été emballés et décorés de
ficelle. Au téléphone le lendemain de la fête,
une petite fille nous a confié : « c’était la première fois que j’ai reçu un cadeau dans du papier ». La journée a continué avec un repas : bâtons de manioc, macabot, banane plantain,
poisson séché, poulet sauce arachide… et tout cela accompagné d’une boisson par personne.
La fête fut belle et la soirée longue, tous les échos que nous avons reçus nous le confirment!
Merci à tous ceux qui nous ont permis d’offrir ce moment de joie et de détente à ce village.
Projections de films - 22 et 29 mars
Pour vous tenir directement au courant des projets menés au Cameroun et de l’évolution de notre association
en Suisse, nous vous proposons deux rencontres, le 22
mars à Nyon et le 29 mars à Pully. Nous commencerons
par projeter les images tournées lors de notre voyage en
hiver 2007-08, film que les participants à notre dernier
repas de soutien ont déjà vu. Nous passerons ensuite à
un bref retour sur l’année 2008 et les perspectives pour
2009. Après cela, vous pourrez visionner un nouveau
film, tourné par Laurence cet été, qui permet de mieux
comprendre la structure de FARESO et les projets que
nous soutenons sur place. Nous nous réjouissons de vous
y retrouver!
15h00: Film de voyage
16h00: Apéro
16h30: Retour sur 2008 et
perspectives 2009
17h00: Film sur nos projets
Sentez-vous libre de venir
pour n’importe quelle partie du programme!
1
PROGRAMME
EDITO
NOUVELLES DU CAMEROUN
Des nouvelles du foyer de N’tolo
Nous sommes ravis de voir que
durant ces derniers mois, le
foyer financé par Direction
Le foyer culturel
dont nous avons
financé la construction est utilisé pour
de nombreuses et
diverses activités.
N'tolo dans le village a servi à
différentes occasions : mariage, tournoi de foot, fête de
Noël, distribution des moustiquaires, congrès de Génération
Action, réunion des autorités
etc… Après notre visite en décembre 2007, nous avions laissé un foyer en plein chantier.
Laurence, lors de son séjour en
été 2008, a constaté que le
plafond avait été terminé et les
murs crépis. Par contre, des
tensions se sont fait sentir lors
de son séjour. En effet, nous
avons remarqué que nous
n'avions pas entièrement respecté la hiérarchie du village :
jamais les clefs du foyer n'ont
été remises à sa majesté le
chef de N'tolo. Dès lors, il ne
s'est pas senti impliqué dans
cette structure et aucun règlement d'usage n'a été élaboré,
chacun désirant y appliquer
des règles différentes. Des dis-
cordes sont apparues au sujet
de l'éventuelle location du
foyer ou de l'utilisation du matériel (chaises…) ainsi que de la
consommation
d'électricité
qui, pour l'instant, est prise sur
la maison voisine. C'est pourquoi nous avons voulu réparer
cette erreur et une petite cérémonie a été organisée durant
le séjour de Laurence pour
remettre officiellement les
clefs au chef du village. Nous
espérons désormais qu'ils parviendront à se mettre d'accord
sur l'utilisation de la salle, afin
que cet édifice reste un lieu de
rencontre entre les villageois
et non une source de tensions.
Salle de consultation de manuels au lycée d’Ebone
Comme mentionné dans le
numéro précédant de notre
journal, le lycée d'Ebone nous
a rapporté que près de trois
quarts des élèves n'ont pas de
Le lycée d’Ebone qui
bénéficie déjà d’une
aide de notre part
par le biais de l’Association des Parents d’Elèves devrait se voir doter
d’une salle de
consultation de
manuels.
2
manuels scolaires, faute de
moyens financiers. Comme ce
lycée est fréquenté par des
jeunes de N'tolo que nous soutenons et que l'éducation fait
partie de nos préoccupations,
nous avons voulu agir et faire
face à ce problème.
Pour cela, nous avons réfléchi
à différents systèmes, notamment au prêt de manuels, mais
la meilleure solution nous a
semblé être une salle de
consultation des manuels, si-
tuée dans le lycée même. Notre projet serait d'aménager
une salle de classe et d'y mettre à disposition les manuels
des matières principales. Pour
avoir accès à cette salle, les
élèves devront s'inscrire et
payer une cotisation annuelle
symbolique (2.5 CHF), permettant de cibler les élèves véritablement intéressés par cette
opportunité et ne profitant pas
simplement de la gratuité du
service. A l'heure actuelle, 157
élèves sur 800 ont déjà montré
un intérêt à cette salle. Un système de contrôle des arrivées
et des sorties ainsi que la présentation du reçu de paiement
de la cotisation seraient des
moyens d'éviter les abus. Un
effectif maximum sera également fixé, afin que les conditions de travail soient les meilleures possible. Pour encadrer
les jeunes et répondre à leurs
questions, un professeur du
lycée sera présent pendant les
heures d'ouverture.
Nous avons donc envoyé un
dossier présentant notre projet
au Proviseur, qui ne nous a
répondu que trois mois plus
tard. Ce manque de rapidité,
ainsi que le flou dans certaines
informations demandées, nous
ont gênés, mais le sérieux avec
lequel notre projet a été pris
en considération nous a par
contre enthousiasmés. En effet, un règlement de la salle a
déjà été établi et un professeur
a été nommé comme personne
de référence. Nous espérons
ainsi que la communication
sera plus efficace, car mener à
bien un projet à distance nécessite une communication
optimale. Il nous reste encore
des décisions importantes à
prendre, notamment concernant le local à utiliser, une salle
qu'il faudra sûrement rénover.
En effet, le Proviseur nous a
écrit : « La mise a disposition
d'une salle est la preuve de
notre engagement en faveur
du projet. Construite en matériaux définitifs, celle-ci n'a ni
fenêtre, ni plafond et ses murs
ne sont ni peints ni crépis. Les
installations électriques et sanitaires ne sont pas réalisées de
même que le sol non revêtu ».
Nous vous tiendrons au courant de l'avancée du projet
dans les prochains numéros.
NOUVELLES DU CAMEROUN
Le congrès de Génération Action à N’tolo
Le 6 décembre dernier s'est
déroulé, à N'tolo, le Congrès de
Génération Action. Ce grand
rendez-vous réunissant tout le
village au foyer a été l'occasion,
pour le groupe de jeunes ressortissants de N'tolo, de présenter ses projets parmi lesquels certains sont réalisés avec
notre collaboration.
Tout d'abord, Génération Action a désiré profiter de ce moment privilégié pour mettre en
place un atelier de prévention
contre le paludisme, s'inscrivant
dans notre projet commun de
distribution de moustiquaires
aux villageois.
D'autre part, le concept du microcrédit ainsi que la mise en
route du projet nommé
«Crédit.com» (voir l'article «Un
pas en avant pour Crédit.com»)
y ont également été évoqués,
ce qui constitue un premier pas
dans le domaine.
D’autre part, ce Congrès était
l'occasion de raffermir les liens
entre les jeunes du village partis
pour Douala – en les personnes
des membres de Génération
Action – et les habitants de
N'tolo. Un repas a été organisé
au foyer, ainsi que différentes
activités culturelles.
Génération Action est un partenaire très apprécié de Direction
N'tolo, entre autre pour sa fiabilité et son efficacité mais aussi
pour les bons contacts humains
que nous entretenons avec ses
membres. C'est pourquoi nous
avons décidé de soutenir financièrement cette réunion néces-
saire au fonctionnement de leur
association Nous ne pouvons
que répéter que nous nous réjouissons d'une telle collaboration et que nous souhaitons
pleine réussite à ce groupe dans
les projets qu'il mène avec et
sans nous.
Danger, un de
nos interlocuteurs principaux
de Génération
Action.
Le projet « Stop aux piqûres de moustiques »
Le 6 décembre 2008, dans le
foyer culturel de N'tolo, s'est
déroulé un atelier de prévention et de lutte contre le paludisme.
Nous vous l'exposions déjà
dans nos précédents journaux ;
le projet de distribution de
moustiquaires, mené avec la
collaboration de l'association
camerounaise Génération Action, a commencé au mois de
mai de l'année passée par une
distribution d'une centaine de
moustiquaires imprégnées aux
habitants du village de N'tolo
grâce au soutien du club de
tennis suisse JoTo.
Ce projet de lutte contre le paludisme est important car la
malaria est l'une des plus grandes causes de mortalité au Cameroun, alors que l'utilisation
d'une moustiquaire imprégnée
diminue fortement les risques
de tomber malade. Mais après
cette distribution, les membres
de Génération Action ainsi que
Laurence, lors de son voyage
cet été, ont découvert qu'une
partie
des
moustiquaires
n'étaient pas ou mal utilisées et
que certains foyers n'en étaient
pas encore dotés.
Nous avons donc décidé, en
accord avec Génération Action,
de réitérer cette action pour
compléter la première distribution tout en proposant une
meilleure sensibilisation avec
l'aide d'un médecin. C'est donc
au courant du mois de décembre qu'une journée de prévention a été organisée par Génération Action avec l'aide du Dr.
Hans Mossi, médecin à l'hôpital
de Nkongsamba. Dans un premier temps, le docteur a présenté avec l'aide d'un projecteur les dangers du paludisme,
ses manifestations chez l'homme et les protections à mettre
en place contre la maladie. Ensuite, la parole a été donnée à
l'assistance pour les différentes
questions. Nous pensons avoir
ainsi mieux préparé la population à cette action grâce à cet
atelier, ce qui avait manqué lors
de la première distribution.
Cette journée, qui a rassemblé
les habitants de la région du
village de N'tolo, a été très positive, car la population a réellement pris connaissance des
risques de la maladie, et les
moustiquaires distribuées seront sûrement mieux utilisées à
l'avenir. Le troisième acte de
cette lutte contre le paludisme
est la distribution de nouvelles
moustiquaires, demandées uniquement par les personnes
présentes après avoir suivi
l'atelier. C'est ainsi qu'une liste
de 80 nouvelles moustiquaires
nous a été transmise, comprenant une demande de 10 moustiquaires pour les jeunes enfants de l'orphelinat de N'tolo,
ainsi que pour le centre de santé. Grâce à cela, les femmes
enceintes recevront une moustiquaire lors des consultations
prénatales.
Cette distribution, qui aura lieu
ces prochains mois, sera accompagnée d'une nouvelle sensibilisation et d'une aide de la
part des jeunes du village pour
l'installation des moustiquaires.
On distingue des
indication de prévention du paludisme, projetées
sur un drap, avec
comme dernier
point: « utiliser
les moustiquaires
imprégnées »
3
NOUVELLES DU CAMEROUN
Un pas en avant pour Credit.com
Les projets d’élevage et d’agriculture représenteront sans doute la
majorité des projets bénéficiant de
cette structure de
microcrédit.
Dans notre journal du mois de
novembre dernier, nous vous
décrivions un projet d'un style
nouveau ; la création d'un
fonds de microcrédit. Depuis
lors, des progrès ont été
réalisés sur cette voie, main
dans la main
avec Génération
Action,
cette
association de
jeunes originaires de N'tolo,
basée à Douala.
Si l'impulsion a
tout d'abord été
donnée
par
Direction N'tolo
lorsqu'elle a fait
connaître son
envie de mener
à bien un tel projet, le premier
pas a été fait pour sa part par
Génération Action. En effet, au
mois de septembre, nous
avons reçu un e-mail contenant une ébauche de statuts
pour ce projet baptisé
« Crédit.com », rédigée par le
groupe de jeunes camerounais. Les bases de ces statuts
correspondaient en grande
partie à nos attentes et c'est
pourquoi nous les avons reprises et retravaillées en partie,
selon ce que nous pensions
être le but du projet et suivant
ce que nous avons appris par la
lecture d'articles sur le sujet.
Dans les grandes lignes, Crédit.com vise des projets dans
un périmètre relativement
restreint autour de N'tolo, notamment dans les domaines de
l'agriculture et de l'artisanat.
Les conditions générales sont
que le projet soit considéré
comme viable, lucratif et respectueux d'autrui et de l'environnement. Dans un premier
temps, les bénéficiaires d'un
prêt seront des personnes de
confiance, des connaissances
fiables des membres de Génération Action, non dans un but
de discrimination, mais afin
que nous démarrions avec des
réussites et que nous puissions
faire les quelques ajustements
nécessaires sans trop de difficulté.
Pour obtenir un prêt, la personne qui le demande doit
disposer du quart de son budget. Si c'est le cas, Crédit.com
mettra à sa disposition les trois
quarts restants. De manière
générale, les sommes prêtées
seront remboursées à hauteur
de la moitié, et de 30% pour
des prêts inférieurs à 500
francs suisses. Notre but est en
effet de soutenir les efforts
constructifs de personnes entreprenantes et en aucun cas
de faire du profit. L'entier du
projet étant basé sur la
confiance, les prêts ne sont pas
soumis à des intérêts et les
remboursements seront échelonnés d'un commun accord.
Par ailleurs, Crédit.com met un
point d'honneur à ce que les
femmes soient particulière-
ment encouragées à participer
et à entreprendre des projets
qui les valorisent au sein de la
société.
Aujourd'hui, alors que les statuts ont été acceptés par Génération Action et par Direction N'tolo, de solides bases
sont enfin jetées. La campagne
pour faire connaître le projet
débute ces jours. Elle a pour
but d'informer la population
de N'tolo et des alentours avec
précision de notre projet, afin
que tout un chacun en ait
connaissance. Cette opération
de « publicité » est menée par
des membres de Génération
Action ; ces derniers utilisent
des affichettes, des flyers et
pratiquent le porte à porte
dans le village de N'tolo.
Bien que nous ayons déjà suivi
d'autres projets ressemblant à
ceux visés par Crédit.com, notre but est de commencer avec
quelque trois ou quatre projets
au cours d'une première période. Cette relative prudence
nous permettra de nous familiariser avec les problèmes que
nous rencontrerons immanquablement.
Lancer un nouveau projet représente toujours un pari et
celui-ci en est un, plus que tout
autre. Mais nous espérons
sincèrement que de la bonne
volonté de chacun puisse
émerger une structure qui
élargira le champ des opportunités des villageois de N'tolo.
Yeux de Bœuf, des perles du Cameroun
4
Lors de notre voyage en décembre 2007 au bord de la
mer à Limbé, nous avons trouvé des graines, nommées sur
place des "Yeux de boeuf".
Notre tante a eu l'idée d'en
acheter une grande quantité,
de les percer d'un petit trou et
de les ramener en Suisse. Ainsi, on peut fabriquer de magnifiques bijoux et autres décorations. Un magasin spécialisé
dans la vente au détails de
perles (Magasin Bead Box, rue
Haldimand 6, à Lausanne) s'est
montré intéressé par ces graines. Nous lui avons ainsi fourni
1500 pièces qui sont en vente
dans leur magasin. L'argent
ainsi récolté a été envoyé à
Jocanto, le responsable de
FARESO. Il est libre d'utiliser
cette somme selon ses priorités et ses besoins du moment.
NOUVELLES DU CAMEROUN
La vie à FARESO
La vie suit son cours à FARESO,
qui se prépare au début de la
saison des cultures vivrières. En
effet, le centre possède maintenant de nouveaux terrains
qu'il s'agit d'exploiter au mieux.
Contribuant à rendre la structure autonome financièrement,
l'élevage de poulets apporte
quelques bénéfices à chaque
volée de nouveaux poussins.
Notre soutien à FARESO avait
commencé en 1998 par le financement
des
petitsdéjeuners pour les jeunes de
FARESO. D'ailleurs, pour les
anciens du centre, nous som-
mes toujours les « enfants des
petits-déjeuners ». C'est une
action qui nous tient à cœur et
dont les résidents de FARESO
bénéficient encore à ce jour,
tout comme l'aide scolaire,
sous forme de cours privés.
Jocanto doit faire face à des
problèmes de discipline avec
ses jeunes. Il a en effet été
confronté à diverses désobéissances au règlement interne,
notamment au couvre-feu et à
des fugues plus ou moins définitives. Il est toujours décevant
de voir des jeunes tourner ainsi
le dos à cette main que leur
tend Jocanto, mais ce dernier
reste réaliste et s’attend à ce
que les excursions des jeunes
tournent court. Il s'applique à
soutenir ceux qui sont prêts à
travailler et à l'écouter.
L’histoire de Petit Njoume
Décembre 2007, nous sommes
à N’tolo, et nous voyons chaque jour avancer la construction du foyer culturel que nous
avons financé depuis la Suisse.
Nous voyons des jeunes du
village et des alentours s’affairer afin de finir dans les temps
pour l’inauguration. Et parmi
ces jeunes, il y a Petit Njoume,
habitant de N’tolo. C’est lui
qu’on voit toujours s’agiter de
tous les côtés, montant sur les
échelles et travaillant d’arrache
pied pour respecter les délais.
En mars 2008, Petit est victime
d’un accident de moto. Il souffre d’une fracture à la cheville,
qui sera mal soignée à l’hôpital
de la ville voisine, N’kongsamba. Plusieurs mois s’écoulent et
les douleurs s’intensifient.
Nous sommes alertés de la situation par un ami, qui nous
décrit la difficulté que Petit a
pour se déplacer : il traverse le
village avec peine, aidé d’une
béquille. Il ne peut plus travailler et peine à nourrir sa femme
et sa fille, âgée alors d’un an. Il
avait monté un projet de culture de piments, auquel nous
avions participé financièrement, et toute sa culture se
retrouve sans soins. On nous
parle d’une opération possible,
mais à un prix qui lui est inac-
cessible. Et nous nous retrouvons de notre côté avec un
choix lourd, un pouvoir que
nous ne voulons pas avoir, une
position que nous ne voulons
pas occuper… À nous de décider, si oui ou non, Direction
N’tolo va financer l’opération
de ce jeune homme. Nous sommes persuadés de l’urgence et
de la précarité de la situation,
mais nous avons toujours évité
de mettre sur place une aide à
titre uniquement personnel.
Cette action irait contre les
principes habituels avec lesquels nous avons décidé de
monter notre projet, mais nous
nous rendons vite compte que
nous ne pouvons pas rester
insensibles à la situation, nous
protégeant derrière nos habitudes. Il n’est pas possible de
justifier un refus, surtout après
les liens que nous avons créés
avec lui lors de notre séjour.
C’est ainsi que nous avons décidé de débloquer une somme
de 1700 CHF pour financer l’opération de sa cheville.
En juillet 2008, Laurence est à
N’tolo ; l’opération a eu lieu au
mois de juin. Petit vient d’enlever son plâtre et peut désormais se déplacer librement,
même s’il boîte encore. Les
douleurs se font plus rares et
l’espoir renaît. Il est désormais
papa d’une deuxième petite
fille née le jour-même de l’opération. Il lui reste
encore un long
chemin à parcourir : savoir ménager son pied pour
ne pas trop le fragiliser, tout en
remettant en place un nouveau
projet de culture
pour subvenir aux
besoins de sa petite famille.
De cette histoire,
nous
pensons
avoir
beaucoup
appris. Nous n’avions encore jamais été confrontés à une telle
situation. La décision de l’aider fut
unanime, mais elle nous a placés dans une position que nous
n’affectionnons pas : d’un seul
clic sur le site de la gestion du
compte de l’association nous
pouvions décider si cet homme
allait marcher à nouveau. Nous
avons eu beaucoup de mal à
supporter ce « pouvoir » et
nous avons dû finir par apprivoiser cette situation et ses
enjeux avant de prendre une
décision…
Petit et sa béquille
5
NOUVELLES DE SUISSE
Marché de Noël à Givrins
Nous avons déjà parlé à plusieurs reprises des activités
Un jeune de l’école
de Givrins, tenant un
stand.
que nous menons avec les élèves de l’école de Givrins. Nous
nous sommes rendus plusieurs
fois dans leurs classes, afin de
leur montrer le film du voyage,
des photos ou encore discuter
avec Landry lors de sa venue
en septembre dernier.
beaucoup de peine pour organiser cette vente, et nous sommes touchés qu’ils aient choisi
de la faire en faveur de notre
association.
Cette fois, ce sont eux qui se
sont mis à l’action ! Ils ont préparé des bricolages, cartes de
vœux, décorations de Noël et
des biscuits, qu’ils ont vendus
lors du traditionnel marché de
Noël de leur école, ayant décidé de verser les bénéfices à
notre association.
Nous sommes ravis de voir que
ces enfants se sont donnés
En remerciement, chaque classe a reçu un calendrier avec
des photos des enfants de
N’tolo, afin qu’ils aient une
image réelle des autres jeunes
qu’ils ont ainsi soutenus ! Un
grand merci à toutes les maîtresses de l’établissement qui
ont organisé ce marché, ainsi
qu’à Mme Mertens qui est
notre interlocutrice à l’école !
Retour sur les débuts de notre association
Le graphique que nous vous
proposons ci-dessous retrace
un pan de l'histoire de notre
association, qui fête ses onze
ans cette année. Cette longévité, gage de crédibilité et de
stabilité, nous étonne encore.
Nous prenons plaisir à nous
pencher sur nos tout premiers
journaux, sur notre manière de
fonctionner naïve et enfantine
des premières années et, lorsque l'on constate le chemin
accompli, nous ressentons une
indéniable fierté.
Si les premiers mots griffonnés
à l'âge de dix ans sont émouvants, les statistiques de nos
récoltes de fonds depuis le
début de notre action sont,
elles aussi, intéressantes.
Nous avons récolté 180 francs
en 1998, puis presque 500
francs l’année suivante, et passions la barre symbolique des
1000 francs en 2000. Aujourd'hui, le budget annuel de notre association tourne en général autour de 20'000 francs!
Bien que les chiffres concernant les premières années de
notre action soient assez ap-
Bilan 2008
L'année 2008 nous a permis de récolter plus de 30'000 francs,
surfant sur la vague provoquée par notre voyage. À noter que
dans cette somme est comprise une contribution importante et
exceptionnelle du Gymnase de Nyon (15'000frs), que nous remercions tout particulièrement. Cette somme sera consacrée à des
projets dans le cadre de l’éducation.
Nous avons ainsi pu envisager de nombreuses actions, dont certaines ne sont encore qu’en phase d'élaboration ou de test, comme
le projet de microcrédit. C'est un total de plus de 9'000 francs que
nous avons envoyé au Cameroun, à nos différents interlocuteurs;
pour plus de la moitié à FARESO, une bonne partie dans le cadre
de nos partenariats avec Génération Action et le reste à l’APE.
Argent récolté de 1998 à 2009
6
proximatifs, il est très intéressant de mettre tout cela en
perspective.
L’évolution de nos moyens
nous a permis au fil des ans de
soutenir de plus en plus de
projets et d’ampleur croissante. Nous continuons à envoyer
de l'argent pour les petitsdéjeuners, premier projet à
forte symbolique, mais cette
action fait partie d'un éventail
aujourd'hui beaucoup plus
large.
Notre voyage fut bien sûr l'occasion d'élaborer et de lancer
de nombreux projets. Dans la
structure de FARESO d'abord,
avec l'élevage de poulets, les
cultures vivrières et l'atelier
Sida, puis une aide à l'APE,
l'association des parents d'élèves du lycée d'Ebone, et enfin
de nombreux partenariats avec
Génération Action.
FENETRE SUR ... La communication entre
un patient et son médecin
La communication est la base d’une consultation médicale, le
moyen d’échanger, de parler, le lien qui unit un médecin et
son patient. Dès les premières années d’études de médecine
en Suisse, on nous parle de cette communication, de ses diverses formes, de ses multiples visages, mais surtout on ne cesse
de nous illustrer son importance. Lors d’un séjour au Cameroun, j’ai participé à une campagne de santé durant laquelle
nous nous rendions dans des zones reculées en milieu rural
pour organiser des consultations médicales gratuites, avec
distribution de médicaments. Parmi l’extraordinaire richesse
de mes découvertes, je pense que le thème de la communication m’a particulièrement interpellée. Voici quelques exemples des surprises que j’ai rencontrées et des anecdotes que
j’ai vécues.
Premier constat : le sexe reste un sujet tabou. Typiquement,
on ne dira jamais à une femme: « Avez-vous encore des relations sexuelles? » la question étant
bien trop directe, même dans le
cabinet d'un médecin, dans lequel
chez nous la question serait acceptée par la plupart des patientes.
Un jour dans un village reculé, je
participais aux consultations avec
un jeune médecin camerounais et
je l’ai entendu dire à une femme:
« Tu fais encore la chose de la
vie? ». Quand je l’ai entendu poser
cette question, je me suis demandée ce qu'il sous-entendait et ce
n'est qu’après la réponse de la patiente que j'ai fini par comprendre !
C'est une communication et une manière de décrire les symptômes et les événements de nos vies très surprenantes, avec
des moyens parfois détournés, usant de sous-entendus très
subtils, tout en restant très imagés. Les questions sont parfois
directes ou alors au contraire totalement détournées, selon le
sujet abordé. Les réponses sont courtes, discrètes ou murmurées. Le vocabulaire est très vulgarisé afin d'être compris de
tous. Par exemple, on m’a un jour conseillé de ne jamais dire :
« Souffrez-vous d’allergies?». Intriguée, je n’ai pas compris
pourquoi c’était un terme à éviter. Alors Hulain, jeune médecin camerounais, m’a proposé de m’illustrer ce problème avec
le prochain patient. Pendant la consultation du malade, Hulain
lui a demandé s’il souffrait d’allergies et le patient nous a répondu négativement, sûr de lui, avec un grand sourire. Après
l’avoir ausculté, Hulain lui a demandé à nouveau : « Est-ce qu'il
y a un médicament qui te dérange dans le corps ou sur la peau
quand tu le prends? ». A cette question, l’homme lui a répondu très sérieusement: « Oui, quand je prends la quinine (un
anti-malarique), après ça me fait les boutons sur la peau ». Cet
homme ignorait tout simplement ce qu’était une allergie, mais
je n’aurais jamais imaginé tourner la question ainsi, et pourtant il le fallait si on désirait obtenir une réponse valable. Voilà
comment en une seule question, un médecin formé sous nos
latitudes serait passé à côté de ce problème, en y ayant pourtant pensé! Un autre exemple de vulgarisation, au sujet du
type de douleur: « C'est une douleur qui était tout le temps
dans toi, ou bien ça va, ça vient, ça va faire un tour dehors et
ça revient? ». Des qualificatifs bien éloignés de nos lancées,
douleur fulgurante, sourde, aiguë et autres….
Cette communication, bien que comique à découvrir, me dérange dans certains aspects. Elle me dérange justement car ce
que je découvre ici ne correspond pas à ma définition de la
communication, où deux personnes échangent et se transmettent des informations. Je vois au Cameroun un médecin poser
des questions, beaucoup de questions, et des patients répondre, souvent avec quelques mots à peine, à part quelques mamas qui nous racontent leur vie, leurs projets, leur rêves, le
nom de leurs quinze petits-fils, la date du mariage du dernier
neveu ou le nombre de tubercules de manioc qu’elles ont déterrés de leurs champs durant la matinée… Mais je ne vois ni
un échange ni l’établissement d’une relation, qui sont pourtant pour moi les fondements même de la communication.
J’ai donc découvert un autre visage de la communication au
Cameroun. Un visage qui reste très
scientifique, au risque d’oublier parfois qu'en face de nous le patient,
avant d'être une maladie, est un être
humain. Mais un visage que je me
suis efforcée d’observer sous toutes
ses facettes, avant de parvenir à découvrir ce qui fait sa force. C’est après
mon retour en Suisse, en repensant
aux heures de consultations auxquelles j’ai assisté, que j’ai finir par réaliser la justesse et l’adaptation dont pouvaient faire preuve ces
jeunes médecins dans leur manière de parler aux patients. Ils
connaissent leur pays, ses coutumes, ses habitudes et sa population. Quant une vieille personne entrait, ils engageaient
directement la conversation en dialecte local afin d’être sûrs
d’être compris. Quand une jeune fille s’asseyait en face de
nous, ils pouvaient reconnaître aux cicatrices de scarification
traditionnelle sur son visage à quelle tribu elle appartenait et
ainsi savoir si la polygamie était fréquente dans ces populations, prescrivant alors par exemple les traitements contre les
IST à tout le « ménage » et demandant aux autres femmes de
venir également se faire consulter. Quand une femme susurrait un « non » étranglé à la question « avez-vous déjà subi un
avortement », ils savaient que cette réponse voulait en fait
dire oui, l’avortement étant illégal au Cameroun. Quand une
maman nous affirmait que son enfant suivait déjà un traitement chez un « ami », ils pensaient directement à la sorcellerie… Autant d’exemples qui illustrent l’importance de la
connaissance de la culture dans laquelle on travaille. C’est
alors que j’ai réalisé combien nous pouvions être surpris par
l’expérience du visage que prend la communication dans d’autres pays. Mais qu’au final, c’était à moi d’accepter que cette
communication était en lien et en adéquation avec leur culture, et surtout efficace dans ce milieu, celui que j’étais venue
découvrir.
Laurence Thévoz
INSTANT
PHOTO
Nous ne sommes pas partis au Cameroun pour y découvrir ses paysages ou la beauté de sa nature; mais
plutôt pour y rencontrer ses habitants, sans doute la vraie richesse de
ce pays.
La nature y est pourtant magnifique :
ici les chutes d'Ekom nous offrent
une atmosphère à couper le souffle.
Loin de la pollution de la ville ou de
l'agitation du village, la beauté de la
nature, le relief, le bruit de l'eau permettent de s'extirper un instant
d'une réalité pas toujours facile à
vivre et de prendre le recul nécessaire pour l'assimiler.
L’aide du Nord, la cause du sousdéveloppement du Sud ?
REFLEXION
CONTACT
Les relations qui lient le Nord et le Sud, qu’elles soient aide au
développement, aide internationale ou aide humanitaire, se
basent bien souvent sur un rapport de force inégal.
Ces termes expriment tous un déséquilibre, qu'ils ne font
peut-être en définitive qu'accentuer. On peut en effet facilement être critique et sceptique face à cette aide intercontinentale. Pour certains simplement inutile, pour d'autres,
considérée comme néfaste, elle est même accusée d’être la
cause du sous-développement. Elle ne ferait qu'entretenir un
rapport de dépendance des pays du Sud envers ceux du Nord,
freinant l'esprit d'entreprise et entravant le développement.
De plus, elle est souvent mal dirigée, ne touchant que l’élite et
les fonctionnaires et très peu le reste de la population. Les
aides internationales seraient même un moyen pour l'Occident d'asseoir sa domination sur les pays du Sud en les maintenant dans une pauvreté, qui lui est finalement bien utile. Les
membres de l’élite à la tête des Etats du Sud, souvent maintenus en place par le Nord, n'ont donc pas intérêt à œuvrer au
développement de leurs pays et au bien-être de la population.
Sans prendre au pied de la lettre cette thèse du complot international et ce tableau sombre de l'aide internationale, il faut
toutefois garder un esprit critique face aux bonnes actions
qu'on nous vend bien souvent.
L'on pourrait se dire que c'est uniquement l'aide à grande
échelle qui pose problème, en raison d'un contrôle difficile et
d'un passage obligé par les gouvernements qui empêche l'aide
d'atteindre sa cible. Mais l'aide à l'échelle locale ne s'affranchit
pas complètement des paradoxes de la solidarité intercontinentale.
Site internet : www.direction-ntolo.com
Une bonne intention peut parfois avoir des conséquences négatives. Une récolte d'habits d'occasions dans un pays du
Nord, acheminés et vendus à des prix défiant toute concurrence sur les marchés africains peut par exemple ruiner les artisans locaux.
Ces aberrations et ces paradoxes ne doivent pas nous pousser
à ne rien faire, à fermer les yeux devant les inégalités de ce
monde, mais à faire mieux, en ouvrant grands les yeux et les
oreilles pour comprendre au mieux ceux que l'on soutient.
Je crois qu'il faut agir en gardant la dose d'utopie nécessaire à
toute action de solidarité mais en y ajoutant pragmatisme et
humilité lors de la mise sur pied de projets concrets. C'est ce
que nous nous efforçons de faire dans nos relations avec les
Camerounais que nous soutenons. Nous nous plaçons sur un
pied d'égalité et collaborons à l'élaboration de projets, ne
cherchant pas à imposer nos idées préconçues. Nous cherchons également à tout prix à éviter de rendre les personnes
que nous aidons dépendantes et préférons les projets qui ont
pour but de les rendre économiquement plus autonomes.
Plutôt que d'aller dans le sens de la victimisation et de la déresponsabilisation de nos interlocuteurs camerounais, nous
visons à favoriser et soutenir leur esprit d'initiative et d'entreprise.
Sans prétendre éviter tous les pièges de l'aide
au développement, nous sommes conscients qu'ils existent, et
avons la conviction que le peu que nous pouvons faire, il faut
le faire!
Pascal Briod
Adresse email : [email protected]
Compte postal : 17-520072-5 1279 Chavannes-de-Bogis
Adresse et téléphone région Lausanne: Pascal Briod, C.F.Ramuz 51, 1009 Pully 076 220 23 10
Adresse et téléphone région Nyon: Laurence Thévoz, Champs Blancs 72, 1279 Chavannes-de-Bogis 079 694 90 05

Documents pareils